I. L`année sacerdotale concerne-t-elle les consacrés - monastere

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I. L`année sacerdotale concerne-t-elle les consacrés - monastere
L’ANNÉE SACERDOTALE
PLAN :
I.
II.
III.
I.
L’année sacerdotale concerne-t-elle les consacrés ?
Quelles sont les grâces qui nous sont promises en cette année sacerdotale ?
Quelle part singulière d’intercession les consacrés offrent-ils aux prêtres
- par leur vœu de pauvreté
- par leur vœu de chasteté
- par leur vœu d’obéissance ?
L’ANNEE SACERDOTALE CONCERNE-T-ELLE LES CONSACRÉS ?
Simple considération très évidente : l’année sacerdotale va s’achever !
= annonce du ministère sacerdotal qui s’achèvera à la fin des temps, quand il aura terminé sa mission.
 Notons bien que le caractère sacerdotal qui marque chaque prêtre au jour de son ordination est ETERNEL.
Cependant l’exercice de ce service prendra fin à la Parousie, un petit peu comme un échafaudage qu’on
enlève une fois la cathédrale édifiée.
 Nous voyons par là que le sacerdoce ministériel appartient à l’ordre de la fonction et non à celui des fins.
Ecoutons Jean-Paul II dans Pastores dabo vobis :
« Le prêtre est placé non seulement dans l’Eglise, mais aussi FACE à l’Eglise… JESUS est l’Epoux
véritable qui se tient devant l’Eglise, la nourrit et en prend soin par le don de sa vie pour elle. Le prêtre est
appelé à être l’image vivante de JESUS Christ, époux de l’Eglise. »
 Le fait tout anodin que l’année sacerdotale prenne fin doit attirer notre regard sur cette cathédrale qui est le
sacerdoce commun des fidèles,
c’est-à-dire le Sacrifice Spirituel Eternel qui monte vers Dieu du cœur des Saints. Nous percevons ainsi
que le plus grand n’est pas celui qui sert, mais celui qui est servi.
Le plus beau n’est pas l’échafaudage (pourtant indispensable), mais la cathédrale !
Le cardinal Journet écrit :
« Les vraies grandeurs chrétiennes ne sont pas celles de la hiérarchie, mais les grandeurs de
sainteté. »
EXEMPLE : Le bienheureux Charles de Foucauld ne voulait pas devenir prêtre, par humilité, jusqu’au
jour où il a vécu au service des Clarisses de Nazareth, dont il devint un familier : « La vue de ces 2 maisons de
Clarisses très bien dirigées a fait faire beaucoup de chemin à mon esprit. », écrit-il. La beauté de la vie
consacrée va le conduire au sacerdoce. Mère Elisabeth du Calvaire (supérieure des Clarisses de Jérusalem)
parviendra à le convaincre que choisir “la dernière place” implique le sacerdoce.
« Une recherche de l’humilité qui écarterait le sacerdoce ne serait pas bonne, car elle écarterait de
l’imitation de Notre-Seigneur qui est la “seule voie”. Il n’y a donc pas pour moi à m’arrêter à la plus grande
bassesse de ma condition actuelle pour y rester, ni à craindre ce que le sacerdoce a d’élevé pour le repousser,
mais je dois mette l’humilité là où Notre-Seigneur l’a mise, la pratiquer comme Il l’a pratiquée, et pour cela
la pratiquer dans le sacerdoce, à son exemple. » (Lettre à l’Abbé Henri Huvelin, 26 avril 1900)
Oui, cette année sacerdotale nous concerne !
CONCLUSION : Cette Année sacerdotale doit nous enraciner en cette vérité :
Nous ne sommes pas les plus actifs, mais nous devons être les plus intimement unis à Dieu par l’accueil
des sacrements.
En accueillant la grâce des sacrements, la vie consacrée apprend à éviter le piège du pélagianisme,
vieille hérésie monastique, qui pense conquérir la sainteté par ses propres forces.
II.
QUELLES SONT LES GRACES QUI NOUS SONT PROMISES EN CETTE ANNÉE
SACERDOTALE ?
Lors de l’Angelus du 28 juin 2009, Benoît XVI nous donnait la raison de cette Année sacerdotale :
« Elle vise contribuer à promouvoir l’engagement de renouveau intérieur de tous les prêtres en vue d’un
témoignage évangélique plus fort et plus incisif dans le monde d’aujourd’hui. »
Lors de son ordination, le prêtre reçoit le caractère éternel qui le configure au Christ Prêtre : ce sceau
sacramentel est comme le réceptacle de 2 grâces sacramentelles propres aux prêtres et reçues autant que le sujet
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n’y met pas obstacle. Notre Saint-Père désire que, en cette année sacerdotale, se produise l’effusion de ces deux
grâces sacramentelles, en l’âme de tous les prêtres.
Quelles sont ces deux grâces sacramentelles ?
 La grâce d’instrument met en œuvre dans l’âme du prêtre toutes les vertus d’effacement de soi-même, et, en ce
même temps, d’affirmation du Christ par son représentant.
 La grâce de service est une manière singulière de participer à la sainteté du Christ en tant qu’il s’est fait
serviteur de tous.
Se mettre au service de la sainteté des autres nous rend saints nous-mêmes.
Cette grâce de service comprend le zèle missionnaire pour le salut des âmes.
 Nous n’avons pas le caractère sacerdotal, mais nous devons demander ces grâces pour nous-mêmes afin de
susciter la faim spirituelle des prêtres.
EXEMPLE : Pensons à l’image de Moïse frappant le rocher : il est désaltéré par l’eau et non par son
pouvoir personnel de frapper le rocher d’où jaillit l’eau.
 Dieu veut normalement que le cœur du prêtre soit le premier à bénéficier de ces grâces parce qu’Il bonifie en
premier lieu les instruments dont il use.
III
PRETRES
QUELLE PART SINGULIERE D’INTERCESSION LES CONSACRES OFFRENT-ILS AUX
1) PAR LEUR VŒU DE PAUVRETÉ
Notre vœu de pauvreté n’est pas un engagement à la misère, mais le fait d’user de peu de choses en
commun, et donc de ne pas posséder par soi, mais au sein de la communauté. Le Bien commun passe ainsi avant
mon bien propre : le vœu est au service de la vertu de pauvreté de cœur, selon laquelle on ne s’appartient plus
soi-même et on est donné aux autres.
«Le signe que nous avons vraiment prié, que nous avons rencontré le Christ, est que nous sommes
POUR LES AUTRES. C’est ainsi que doit être un prêtre. » (Benoît XVI, 22 février 2007, aux prêtres de Rome)
« Le prêtre n’est pas prêtre pour lui, il est POUR VOUS » (saint Curé d’Ars)
Vivre notre vœu de pauvreté suscite des vocations sacerdotales et des âmes POUR LES AUTRES.
EXEMPLE :
- En 1946, un étudiant Chinois, François Houang, faisait ses études en France et vint travailler l’été dans une
ferme, près de Soissons, pour se faire quelques sous et manger à sa faim. La fermière lui raconta la débâcle, deux
ans auparavant : notre armée en déroute recule devant l’adversaire ; harassés des soldats français se présentent au
village. La fermière les reçoit, les fait manger et leur offre le gîte pour la nuit. Le lendemain matin, ils sont partis
en volant les objets les plus précieux de la maison. Le jeune Chinois, un peu ironique, s’exclame : - “On n’a pas
idée laisser venir chez soi des inconnus !” – Je les ai reçus et j’ai partagé comme si c’était le Christ en personne.”
Le jeune Chinois s’est converti et est devenu prêtre à la suite de cet exemple de dépossession de soi et de mise en
commun pour JESUS.
2) PAR LEUR VŒU DE CHASTETÉ
Par le sacrement de mariage, les époux puisent en leur conjoint le support attentionné et l’écoute des
préoccupations de leur cœur. Nous, consacrés, nous proclamons que toute âme est l’épouse du verbe : en JESUS
seul s’épanche notre cœur. Nos angoisses et nos joies ne trouvent écho que dans le CŒUR de Dieu, et quel
écho ! Toute l’efficacité de notre prière réside en cette chasteté, « source de fécondité dans le monde”
(Presbyterorum Ordinis, § 16, Vatican II).
 En vivant authentiquement notre vœu de chasteté, nous rappelons aux prêtres qu’ils doivent vivre leur
ministère non comme une fonction, mais comme une consécration. Notre responsabilité est lourde, ainsi que le
rappelait Notre-Seigneur à sainte Faustine : « C’est pour SANCTIFIER le monde que j’ai suscité les couvents.
C’est d’eux que doit jaillir une ardente flamme d’Amour et de sacrifice. S’ils ne se convertissent pas et ne
brûlent plus de la flamme du premier amour, je les ferai disparaître de ce monde. Les grands péchés du
monde blessent mon CŒUR quasi superficiellement, mais les péchés de l’âme choisie transpercent mon
CŒUR. » PJ, n. 73).
EXEMPLE : En 1869, Mgr Ketteler discutait avec un autre Evêque et racontait sa conversion et son appel
au sacerdoce. Il était étudiant en droit et aspirait à une carrière dans le monde, quand, un soir, il vit le Christ lui
montrant son CŒUR et, devant le Christ, une sœur agenouillée qui levait les mains en geste d’imploration.
JESUS dit au jeune-homme : “Elle PRIE sans cesse pour toi !” Profondément bouleversé, il se retira dans un
monastère et y suivit les exercices spirituels puis discerna l’appel de Dieu au sacerdoce. Le lendemain, Mgr
Ketteler visitait un couvent de religieuses et, en distribuant la communion, il devint blême tout-à-coup en donnant
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la communion à une sœur qui ne s’aperçut de rien. Puis il acheva la messe “tranquillement”. Lors du petitdéjeuner qui suivit, il demanda à la supérieure de rencontrer toutes les sœurs … - “Sont-elles toutes ici ?” –
“Non, effectivement, il en manque une qui s’occupe de l’étable d’une façon tellement exemplaire qu’elle en
oublie parfois le reste.” - “Je désire connaître cette sœur et je demande à rester seul avec elle.”
“Me connaissez-vous ?” - “Je n’ai jamais vu votre Excellence.” “Avez-vous prié ou fait l’offrande de bonnes
actions pour moi ?” - “Je n’en ai pas conscience, parce que j’ignorais votre existence ;” - “Quelle est la dévotion
que vous aimez pratiquer le plus ?” – “Le Sacré-CŒUR de JESUS. A l’école, Monsieur le Curé nous avait appris
qu’il fallait prier pour les autres comme on le fait pour sa famille. Comme Dieu seul sait qui en a particulièrement
besoin, le mieux est d’offrir prières et souffrances et besogne qui coûte, au CŒUR Sacré de JESUS, en faisant
confiance à sa Sagesse.” – “Quel âge avez-vous ?” – “33 ans.” – “Quelle est votre date de naissance ?” La sœur
lui donne la date de sa conversion ! Mgr Ketteler ne lui dit rien d’autre et la bénit.
 Dieu, par anticipation, avait accueilli sa prière et avait prévu que le jour de sa naissance coïnciderait
avec le jour de la conversion de Mgr Ketteler.
3) PAR LEUR VŒU D’OBÉISSANCE
Par notre vœu d’obéissance nous livrons le plus précieux de nous-mêmes : notre volonté
propre, notre autonomie. En obéissant au supérieur, nous avons la certitude pratique d’être et de faire exactement
ce que JESUS veut de nous. Nous sommes mystiquement l’instrument de JESUS Christ, comme le prêtre est
sacramentellement l’instrument du Christ-Prêtre
du sacerdoce de JESUS.
Normalement, c’est la cause principale qui a l’initiative de l’action et de l’utilisation de l’instrument,
mais dans le cas du prêtre, c’est l’instrument !
Le sacerdoce de JESUS intervient chaque fois que le prêtre décide de poser une action sacramentelle.
« Oh ! que le prêtre est quelque chose de grand ! S’il se comprenait, il mourrait. Dieu lui
obéit : il dit deux mots et Notre-Seigneur descend du Ciel à sa voix et se renferme dans une petite hostie ! »
(saint curé d’Ars, cité par B XVI dans la Lettre aux prêtres)
Parallèlement, devant l’obéissance de Dieu à son prêtre, le prêtre est appelé à une obéissance amoureuse
au Christ et à l’Eglise.
« On ne peut pas s’approcher chaque jour du Seigneur, prononcer les terribles et merveilleuses
paroles : Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang ; on ne peut pas prendre entre ses mains le Corps et le Sang
du Seigneur, sans se laisser saisir par lui, sans se laisser conquérir par son pouvoir d’attraction, sans
permettre que son Amour infini nous transforme intérieurement. » (Benoît XVI, 9 juin 2009)
Nous, consacrés, à chaque fois que nous vivons notre vœu d’obéissance, l’Amour infini nous transforme
intérieurement (“Un religieux est toujours heureux, parce qu’il ne s’appartient pas”, disait le Père Abbé du
Barroux, Dom Gérard), mais les âmes sacerdotales le sont également : d’instruments sacramentels, ils deviennent
spirituellement davantage, justement par ces grâces d’obéissance.
EXEMPLE : l’obéissance sacerdotale du Père Géréon Goldmann (cf. Un Franciscain chez les SS)
Non seulement sa vie est étonnante (toute une aventure pour son ordination sacerdotale !), mais
admirons chez lui, le fait qu’il ne cesse de se porter volontaire :
- comme aumônier du camp de discipline des prisonniers allemands de Ksar El Soutz, au Maroc, où règne la plus
grande hostilité envers le ministère sacerdotal (il a frôlé la mort).
- comme malade atteint de pneumonie, il accueille la souffrance avec beaucoup de patience.
- comme missionnaire au Japon, dans l’unique presbytère catholique de Tokyo : apostolat rayonnant, reconstruit
l’église Sainte-Elisabeth, fonde des maisons de repos pour veuves et orphelins dans sa paroisse, organise l’aide
au logement pour les familles (fait bâtir un immeuble !), fonde une maison paroissiale et même un institut de
musique sacrée et de liturgie à Tokyo !
D’où provient cette obéissance sacerdotale aux inspirations du saint-Esprit ?
Le petit Karl Godmann servait tous les matins la messe chez des Sœurs. Le 26 octobre 1924, sa maman
mourut, et Sœur Solana, la sacristine, le console en lui promettant d’être sa mère. Avec la permission de sa
supérieure, elle fait un pacte : elle s’engage à PRIER et à faire PRIER pendant 20 ans pour que cet enfant
devienne un bon prêtre. Elle consigne dans un cahier toute prière et sacrifices qu’elle accomplit ou fiat accomplir
par d’autres, pour Karl Goldmann.
Et il n’y a pas que Sœur Solana ! Revenu en Allemagne, il emmène des jeunes en pèlerinage et s’arrête
dans un couvent en Suisse. La Sœur portière apprend son nom et crie partout où elle passe : “Le Père Géréon est
là !” Plusieurs années auparavant, la supérieure avait reçu du Maroc une lettre d’un prêtre qui suppliait la
communauté de faire violence au Ciel pour sauver un jeune religieux allemand injustement condamné à mort.
Avec la permission de la supérieure, Sœur Véronique avait accepté de faire offrande d’elle-même. Devenue
paralysée, elle avait demandé la grâce, avant de mourir, de voir le prêtre bénéficiaire de son sacrifice.
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CONCLUSION :
Cette Année sacerdotale nous concerne :
 Nous sommes appelés à une plus grande sainteté par la réception fervente des sacrements.
 Nous devons demander des grâces d’instrument, c’est-à-dire d’effacement de nous-mêmes pour ne donner que
JESUS.
et des grâces de service, par lesquelles nous percevrons combien faire le bonheur des
autres constitue notre bonheur ; demandons le zèle pour le salut des âmes.
 Enfin, l’esprit de pauvreté, que nous recevons en vivant notre vœu de pauvreté, suscite des vocations
d’hommes-POUR-LES-AUTRES, des âmes sacerdotales dépossédées d’elles-mêmes.
Notre vœu de chasteté doit entretenir la flamme du premier amour en nos cœurs et ainsi témoigner auprès des
prêtres que le service du Seigneur n’est pas seulement une fonction, mais une consécration.
En étant fidèles à notre vœu d’obéissance, nous obtenons pour le sacerdoce l’obéissance amoureuse aux
inspirations du Saint Esprit et donc à l’Eglise.
Sœur Roseline de la Sainte Espérance – Petite Sœur de la CONSOLATION - Draguignan
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