Presse écrite portugaise : focus hebdomadaire (du 3 au 10 mai 2012)

Transcription

Presse écrite portugaise : focus hebdomadaire (du 3 au 10 mai 2012)
Presse écrite portugaise : focus hebdomadaire
(du 3 au 10 mai 2012)
Sélection, sous forme de résumés synthétiques, de deux ou trois sujets majeurs de l’actualité (politique, économique, sociale,
culturelle) traités par les principaux titres de la presse écrite portugaise.
I – Une opération commerciale menée le 1er mai dernier par la chaîne de distribution
portugaise « Pingo Doce », dont le propriétaire est l’une des plus grosses fortunes du
pays, continue de faire l’actualité. Un sujet qui comporte tous les ingrédients de la crise
vécue par les Portugais.
Dès le 2 mai, de nombreux éditoriaux ont dénoncé avec véhémence l’opération commerciale
sans précédent menée par « Pingo Doce », alors que l’entreprise avait déjà provoqué une
polémique quelques temps auparavant pour avoir transféré son siège aux Pays-Bas et ainsi
baisser sa charge fiscale. Consistant à vendre à moitié prix les produits alimentaires et
d’entretien à partir de 100 euros d’achat, et ce le 1er mai, jour de la fête du travail, très suivie
par les syndicats qui avaient appelé avec succès à manifester, l’opération a eu un impact qui a
dépassé les attentes de l’entreprise. Plusieurs interventions policières ont été nécessaires dans
des magasins pris d’assaut et quelques blessés ont été à déplorer. La plupart des
établissements, rapidement en rupture de stocks ont dû fermer leurs portes bien avant l’heure
prévue.
Outre l’ouverture d’une enquête administrative pour soupçon de dumping illégal sur quelques
produits, la presse s’est rapidement intéressée à l’impact sur les producteurs, victimes des prix
bas imposés par la chaîne, certains journaux dénonçant une manœuvre de diversion destinée à
minimiser l’importance de la fête du travail. Si les salariés n’ont pas eu vraiment le choix et
ont dû répondre présents ce jour là ou à défaut faire grève, un comble le 1er mai, comme le
souligne l’éditorial du Publico du 2 mai, « les cadres de l’entreprise ont refusé de répondre
aux journalistes pour cause de jour férié ». Et de conclure « le fait que cette opération ait été
la « nouvelle » d’hier, journée du 1er mai, en dit long du Portugal que nous sommes, pendant
ces jours difficiles. »
Le directeur du Jornal de negocios dénonce dans son éditorial virulent du 8 mai une opération
de « marketing misérable », précisant que l’entreprise a dû le faire à perte et qu’elle aurait par
conséquent « acheté le marché ». Car la concurrence n’est pas en reste, Lidl par exemple
faisant des promotions qui, cumulées revient à une baisse de 33%, souligne le journal. La
guerre entre les distributeurs est féroce et « Pingo Doce » a décidé de passer à des méthodes
de prédateur qui ne correspondent pas à la philosophie du fondateur du groupe, selon le
journal. Et si le comportement des clients est rationnel, le résultat lui est désastreux. « La
violence qu’on n’a pas vue dans les rues s’est manifestée dans la confusion et l’obsession des
queues des supermarchés », le directeur concluant que cette journée « fut une humiliation,
comme dans le Roi Lear de Shakespeare : ceci est la plaie de notre temps, quand les fous
guident les aveugles. » La démonstration est faite que le pays est dans un piteux état.
Quant à l’entreprise, compte tenu du travail important exigé de ses employés, elle a décidé de
les payer avec une augmentation de 500%, contre 300% l’année dernière (mais l’opération
avait eu beaucoup moins de succès), et de leur offrir la même promotion durant toute la
semaine, alors que ceux qui ont fait grève n’en bénéficient pas. Pour Miguel Sousa Tavares,
l’une des meilleures plumes au service de l’hebdomadaire Expresso, « Si la droite croit en la
charité (…), le PDG ferait tout de même mieux de payer un peu plus ses salariés. Enfin,
plusieurs journaux donnent la parole aux producteurs qui dénoncent des prix toujours plus bas
pour des marges scandaleuses, « les supermarchés gagnent jusqu’à 80% » (Correio da manha
du 5 mai) alors que « Pingo Doce » a déjà fait savoir que l’effort commercial de l’entreprise,
estimé à plus de 15 millions d’euros par les médias, serait répercuté en partie à la source.
II – Les élections en Grèce. Bien que couvertes dans une moindre mesure - en
concurrence avec l’élection présidentielle française - celles-ci ont tout de même donné
lieu à plusieurs titres et analyses.
Ainsi le Diario de noticias titre le 7 « les Grecs ont voté pour dire qu’ils en avaient marre de
l’austérité », alors que pour le Correio da manha « La Grèce plonge dans l’incertitude ».
Dans sa tribune quotidienne sur la politique européenne, la journaliste Teresa de Sousa du
Publico écrit le 8 que « Merkel a perdu les élections en France et en Grèce. Sa stratégie pour
gérer la crise est pénalisée. Le couple Merkozy, c’est du passé. Il ne laisse pas de bons
souvenirs. S’il a réussi à éviter la mort de l’euro, il n’a pas résolu la crise. » Pour la
journaliste, qui intitule sa tribune « le retour de la politique », un nouveau compromis
politique entre la France et l’Allemagne est possible et souhaitable, en étant plus inclusif,
celui-ci donnera un nouveau sens à l’austérité et aux réformes. Et de citer Mario Draghi qui
résume ce qu’il conviendrait de faire urgemment : « les leaders européens doivent s’entendre
sur ce qu’ils veulent que l’Europe soit dans dix ans. Et ensuite, agir en conformité. La
politique est de retour. Il est déjà presque trop tard. » Le même journal, dans son édition du
6 mai faisait sa une avec une photo montrant une marée de drapeaux grecs avec pour titre « la
crise aux votes », soulignant combien les législatives grecques seront décisives pour l’euro et
l’Europe. Et dans son supplément P2, c’est un reportage sur le retour des Grecs à la campagne
pour échapper à la crise que le journal met en exergue avec ce titre « la Grèce, un pays qui
fuit la crise. »
III – Conseil de la globalisation. Sous le patronage du Président de la République, le
Premier ministre a réuni le 4 mai à Lisbonne « 24 des plus brillants Portugais du monde
des entreprises internationales et nationales dont leur valeur totale réunie pèse trois fois le
PIB national » précise le journal économique, Jornal de negocios.
16 idées pour aider le pays à aborder le futur proche feront l’objet d’une publication d’ici
l’été. Une des conclusions, rapporte le journal est que « le Portugal est un pays qui a quelques
défis à relever mais qui est plein d’opportunités », ce que le Président de la commission
européenne, invité également, a souligné, insistant sur la capacité des Portugais à surmonter
les obstacles. Le journal i rapporte que l’amélioration de l’image du Portugal à l’étranger
prendra tout de même plusieurs années, alors que le Président de la République prévoit une
« inversion de la tendance économique » au prochain semestre.
L’un des objectifs était également d’étudier le rôle de la diaspora dans le développement du
pays. Toutefois, cette question était consubstantielle à celle de l’image à l’étranger qu’il
véhiculait. Sans amélioration de l’investissement étranger, point de salut, et le Président de la
République en a profité également pour rappeler qu’une bonne cohésion politique et sociale
était fondamentale pour le regard extérieur.

Documents pareils