L`avortement des bovins, problème de troupeau
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L`avortement des bovins, problème de troupeau
C O N S E I L 3.00 / 22 L’avortement des bovins, problème de troupeau Pour l’éleveur, les avortements engendrent des pertes financières importantes. Malgré de grandes investigations des vétérinaires, seule la cause d’une petite proportion des avortements est connue. Le virus BVD et Neospora caninum, parasite unicellulaire, en sont les principaux facteurs en Suisse. Des interventions précipitées coûtent cher et aboutissent rarement aux résultats escomptés. Quelques conseils pratiques sont toutefois explicités ci-dessous. L’avortement, en raison des coûts directs et indirects qu’il engendre, cause à l’éleveur des pertes économiques très importantes: de Fr. 500.– à Fr. 3500.– par cas. En moyenne suisse, quelque 2 à 5% des vaches portantes avortent. L’avortement devient un problème de troupeau lorsque plus de 10% des vaches de l’exploitation ou au moins 2 vaches par année avortent. Définir les causes exactes de ce phénomène est difficile. En Suisse, l’analyse d’office, imposée et financée par l’Etat, est principalement effectuée dans le but d’exclure les maladies épizootiques à déclaration obligatoire. En font partie l’IBR, la brucellose (Bang) et la rickettsiose. La première car elle engendre des pertes économiques importantes, les deux dernières parce qu’elles sont transmissibles à l’être humain. Notre département a examiné 550 exploitations où les avortements étaient fréquents. Les examens comportaient des analyses approfondies au laboratoire ainsi que l’étude de l’évolution de la santé (anamnèse) des animaux. Un diagnostic individuel a pu être effectué dans 50% des cas étudiés. Pour seulement 30% des Fœtus et arrière-faix cas, des causes ont pu être définies pour l’ensemble du troupeau. Il apparaît que le virus BVD ou diarrhée virale bovine et la néosporose seraient actuellement les causes les plus fréquentes des avortements en Suisse. Il n’est pas à exclure que deux ou plusieurs agents pathogènes soient nécessaires simultanément ou consécutivement, pour causer un avortement. Le genre de stabulation semble également avoir une influence décisive. La mise à l’alpage combinée à l’engraissement de veaux pose des problèmes supplémentaires. Dans les deux cas, de jeunes animaux ayant été en contact avec d’autres trou- Avorton avec malformations, définitivement infecté par le virus BVD Les causes suivantes ont pu être relevées Causes infectieuses Virus Bactéries BVD Actinomyces pyogenes (Bovine Virus Diarrhea) Autres agents infectieux Rickettsiose Causes non infectieuses Carence en sélénium (Coxiella burnetii) Streptocoques Néospores Malformations E. coli divers champignons Mycotoxines (Aspergillus sp.) Leptospires (L. australis, L. grippotyphosa) Haemophilus somnus Listeriose (L. monocytogenes) Salmonelles Clostridies métaux lourds peaux arrivent dans l’étable et peuvent transmettre des agents pathogènes aux animaux portants sensibles. Outre l’avortement, le virus BVD induit chez les bovins le retour en chaleurs, la mort des veaux nouveau-nés et la MD-VD (mucosal disease-virus diarrhea) ou diarrhée virale bovine avec lésion des muqueuses, maladie incurable à l’issue souvent fatale. Le but de l’assainissement d’un troupeau du virus BVD est d’éliminer les porteurs permanents de ce virus, afin d’éviter qu’ils n’infectent les animaux sensibles, ce qui mène toujours à des pertes dues aux maladies mentionnées ci-dessus. Pour clarifier l’éventuelle existence du virus BVD dans une étable, il faut qu’il y ait des suspicions qui laissent conclure à la présence du virus. En principe, la présence de l’agent pathogène devrait être prouvée au moins une fois dans le troupeau. La néosporose est une maladie bovine causée par une infection du parasite unicellulaire Neospora canimnum. Les pertes économiques chez les bovins sont principalement engendrées par des avortements qui surviennent entre le 4e et 6e mois de gestation ainsi que par la perte de jeunes animaux. Les animaux infectés ne montrent souvent pas de symptômes cliniques, occasionnellement on constate une température élevée pendant une brève période. Lorsqu’on peut prouver la présence d’anticorps au Neospora, l’agent pathogène est souvent également présent dans l’organisme. Au contraire, l’animal porteur d’anticorps au virus BVD n’élimine généralement pas le virus. Cela signifie qu’un animal porteur d’anticorps au Neospora doit être considéré comme infecté. Il n’existe actuellement aucun traitement efficace contre la néosporose chez les bovins. Les mesures d’hygiène cou- 3.00 / 23 rantes sont indiquées en premier lieu. Les vaches en phase puerpérale devraient être isolées, tant que s’écoulent les lochies. Le fourrage devrait être protégé de la contamination par des excréments de carnivores. Une expérience effectuée en 1998, a démontré que les chiens constituaient un des principaux hôtes potentiels. Sur les exploitations ayant un chien, voire celles où des chiens ont un accès répété, la néosporose est plus fréquente. Le fourrage qui est administré aux animaux d’élevage devrait par conséquent être protégé de manière à ce qu’aucun chien n’y dépose ses excréments. L’élimination du chien de l’exploitation ou la lutte contre les chiens du voisinage semble moins réaliste. En outre, les animaux séropositifs, devraient être éliminés à l’occasion. Cela signifie que les résultats des animaux séropositifs devraient être pris en considération lors de la planification à plus long terme. Le Neospora est principalement transmis de manière vertica- le, c’est à dire de la mère au veau. Les veaux peuvent ainsi à nouveau être porteurs de Neospora. Les symptômes cliniques du virus BVD et de la néosporose sont similaires. En comparaison avec le virus BVD, la néosporose induit des taux d’avortement plus élevés et sur une plus longue durée, à l’échelle du troupeau. Les symptômes telles les diarrhées sont moins apparentes pour la néosporose que pour le virus BVD. Dans la pratique il est important que l’agriculteur ait recours suffisamment tôt au vétérinaire s’il suspecte des problèmes d’avortement s’étendant au troupeau entier. En complément des examens prescrits par la loi, nous conseillons la procédure suivante: Une analyse de l’ensemble du troupeau, sans indications cliniques laissant supposer un agent pathogène, n’est pas, d’un point de vue financier, supportable pour l’exploitant. Les chances de découvrir l’origine des avortements ne peuvent être augmentées pour autant. Lorsque plusieurs avortements surviennent au cours d’une période relativement restreinte, il est important que l’agriculteur conserve un des fœtus et l’arrière-faix au froid mais non congelés et qu’il les transmette au vétérinaire pour des analyses approfondies. Dr méd. vét. M. Hässig, Département pour la reproduction de l’Université de Zurich, Hôpital vétérinaire, Winterthurerstr. 260, 8057 Zurich Avortement du aux champignons 1. S’assurer que le problème des avortements s’étend réellement au troupeau entier et qu’il ne concerne pas uniquement des animaux individuels de manière répétée. Est-ce que 10 % de toutes les vaches portantes de l’exploitation ont avorté au cours d’une année? Dans les petits cheptels, y a-t-il eu au moins deux avortements? 2. Au moins un fœtus doit être envoyé pour analyse par le vétérinaire de l’exploitation dans un laboratoire spécialisé. En premier lieu, l’analyse doit définir s’il s’agit d’un avortement du à une infection. Puis il s’agit d’examiner si les agents pathogènes cités ci-dessus peuvent être décelés dans le fœtus. 3. S’il n’est pas possible d’examiner directement un fœtus, on conseille d’effectuer une prise de sang à toutes les vaches qui ont avorté, puis à un groupe témoin de même envergure. 4. Analyser les échantillons de sang en vue de détecter la présence éventuelle des principaux inducteurs d’avortement. La recherche de IBR et Brucella abortus est obligatoire lors d’avortements répétés après 3 mois de gestation. 5. Etablissement d’une anamnèse élargie par le vétérinaire. 6. Définir la suite de la procédure en fonction des résultats de la dissection ou des examens sérologiques. 7.1. Si la dissection ou les analyses sérologiques ne fournissent aucun indice sur la cause des avortements, le spectre des analyses peut être élargi. Les analyses complémentaires sont cependant liées à des coûts supplémentaires et ne mènent pas toujours aux résultats souhaités. Souvent il vaut la peine de patienter et d’envoyer un nouvel avorton pour analyse. 7.2. En cas de suspicion du virus BVD: effectuer une prise de sang pour 5 à 10 génisses avant la première insémination. Si plus de 50% des génisses présentent des anticorps au BVD, on peut conclure que le virus BVD circule dans le troupeau et qu’une analyse de l’ensemble du cheptel est indiquée. 7.3. Lors de suspicion de Neospora, l’idéal, d’un point de vue vétérinaire, serait d’examiner l’ensemble du troupeau. Pour des raisons financières cela n’est pas toujours possible. Dans tous les cas, il convient d’analyser les vaches ayant avorté et celles qui ont des problèmes de fécondité ainsi que toutes leurs ascendantes et descendantes femelles, afin de détecter d’éventuels anticorps au Neospora. 8. Analyses systématiques du troupeau en cas de suspicion fondée. C O N S E I L