AKRO - Culture

Transcription

AKRO - Culture
Dans mon ordinateur
( Akro / O. Strivet / Noza / D.Makerz )
Le rapport entre les hommes est régi par la pomme
Nous sommes tous soumis à la loi des pentiums
Avertis sur claviers Azerty de mails qu’on gomme
Nous sommes tous rentrés dans la norme
Plus les messages s’échangent moins on dialogue
Plus on y passe du temps et plus il nous absorbe
Hypnotisés, visés par l’écran
L’amplitude est mondiale et chaque jour elle s’étend
J’ai peur que ma fille en maternelle
Comprenne moins bien le français que l’HTML
J’écris ce truc à titre personnel
Car je crains que l’objet dépasse nos besoins réels
La dépendance, chaque jour elle me frôle
Certains meurent de faim, pris dans des jeux de rôle
Je suis libre, mais je suis comme en prison
Depuis qu’il est entré dans ma maison
Où est mon cash ? Dans ton ordinateur
Le temps qui passe ? Dans ton ordinateur
Mes rêves, mes joies ? Dans ton ordinateur
Le sexe, le strass ? Dans ton ordinateur
Où sont tous mes potes ? Dans ton ordinateur
Nos souvenirs de gosses ? Dans ton ordinateur
Mon sens des valeurs dans mon ordinateur
Ma femme, mon beurre dans mon ordinateur
Facebook, Myspace, MSN, Skype
Twitter, Google, Clubs sur Hi 5
Crée ton mot de passe et tu deviens rentable
Car la pub s’affichera même sur ton portable
Cobaye, cobaye, il faut que tu répondes
L’absence est mal perçue dans ce virtuel monde
Accepte, envoie, transmet, remplace
Rajoute-moi dans tes amis avant qu’on ne t’efface
J’ai la gerbe car le temps file
J’ai l’impression qu’ il se faufile
et s’enfuit dans mon sans fil
Des I pod au digipass, trop de codes, plus de place
Pour l’être humain et ses anciennes paperasses
Faut nous voir, avec ma partenaire
Chacun sur son laptop pendant la soirée entière
Il a tout avalé, la musique et les mœurs
Mon ordinateur…
Où est mon cash ? Dans ton ordinateur
Le temps qui passe ? Dans ton ordinateur
Mes rêves, mes joies ? Dans ton ordinateur
Le sexe, le strass ? Dans ton ordinateur
Où sont tous mes potes ? Dans ton ordinateur
Nos souvenirs de gosses ? Dans ton ordinateur
Mon sens des valeurs dans mon ordinateur
Ma femme, mon beurre dans mon ordinateur
Qui dit machine dit usine
Divertissement, asservissement
Qui dit chat pubère dit victime
Sur la web cam en sous vêtements
Qui dit M.S.N dit simpliste
Langage codé, orthographe nulle
Réduction de l’expression et puis la pensée capitule
Alors on pense…
Bon Bob ( Akro / Orfeo / O. Strivet )
On nous élève en bons Bob, mais où va le globe ?
Nos valeurs se disloquent, l’honneur ? Sans réciproque
Carte de crédit sous la gorge, pour te faire parler
Plus tu dépenses plus tu es, plus tu penses, moins tu fais
Le club est restreint, mais allez vas-y rentre
On joue à cache-cache avec ton cash, tes actions en descente
Tu purges jusqu’en décembre, puis Joyeux Noel
Achète ta dinde sur E Bay, cette fois et elle ne manquera pas de sel
Dans mon escarcelle c’est le Congo et ses parcelles
J’achète en petites coupures un beau futur qu’on me promet
Ma vie est chancelante comme une chaussure trop grande
Mais j’aime cette vie d’artiste qui m’évite la folie ambiante
A chacun son truc, à chacun son initiative
Le marché du bénef laisse ses fils traîner sur la rive
Intervention tardive des banques à la dérive
La dépression guette même l’employé du mois, putain, c’est la crise !
Hey Bob, es-tu un bon Bob ?
Entre nous, Bob ? Es-tu un vrai Bob ?
Connais-tu ton score ? Es-tu toujours au top ?
Fais-tu du cash quand on t’attache derrière ton laptop ?
Moi c’est la boom box qui m’a boosté non stop
Moi c’est le hip hop qui m’a donné des potes
Si t’as les poches vides, tu restes mon poto
Si t’es sans job fixe, tu restes mon poto
On nous élève en bons élèves, mais où sont nos rêves ?
Vivons nous en tant qu’humains où comme putain de relève ?
De la crèche à l’université dur de percer la plaie
D’espérer être appelé, beaucoup de talents sous apnée
La publicité dirige, marketing oblige
L’objet a planté le désir et ce dernier a besoin d’élixirs
Un masque de cire fige nos émotions
Se mettre à nu est un danger pour espérer une promotion
La société développe plus l’enveloppe que le courrier
T’étonnes pas si ton cancer provient d’une bouffe avariée
Tu chies du plastique, malaxes du mastic
Fumes un tabac plombé et un shit trop chimique
Un pic dans leurs statistiques, voilà ce que tu deviens
De plus en plus formaté, donc de moins en moins humain
Tu leur as tout donné, ton temps, tes vacances, tes enfants même ton cinoche
Good job Bob !
Hey Bob, es-tu un bon Bob ?
Entre nous, Bob ? Es-tu un vrai Bob ?
Connais-tu ton score ? Es-tu toujours au top ?
Fais-tu du cash quand on t’attache derrière ton laptop ?
Moi c’est la boom box qui m’a boosté non stop
Moi c’est le hip hop qui m’a donné des potes
Si t’as les poches vides, tu restes mon poto
Si t’es sans job fixe, tu restes mon poto
Sur sa chaise il dodeline, monsieur Bob dodeline
Les dossiers forment des piles que monsieur Bob analyse
Pour faire face à la crise monsieur Bob réalise
Un tas d’heures supplémentaires qui le bloquent à l’usine
Loin de sa cuisine madame Bob dodeline
A l’arrière d’une berline, un autre homme la caline
C’est qu’elle manque de sexe dans sa routine
Quand les Desperate Housewives déteignent sur sa rétine
Deux enfants plus tard les voilà dans l’abime
Le divorce est prononcé et Monsieur Bob déprime
Dans sa tête les souvenirs s’impriment
Les photos de son bureau deviennent amères, difficiles
Si bien qu’un jour en rentrant du boulot
Après s’être envoyé une douzaine de bouteilles au goulot
Il commet l’irréparable, le couteau était sur la table
Ses enfants lui rappellent sa femme et c’est le drame, nooonn Bob
Tous coupables
(Akro / Dj Mig One)
Les mecs deviennent dingues face au papier
En manque de pèze 24h sur 16, ne restent que 8 heures pour rêver
Dans mes poches c’est le crash boursier
Mes actions quotidiennes sont quasi les mêmes que celles d’un student
J’ai grandi à Bruxelles Ouest, ce n’est pas le Wild Wild West
Mais la mondialisation nous a tous rendus modestes
Lâche du leste, combien de potos se molestent
Le cerveau pour boucler enfin la fin du mois sans stress ?
J’ai vendu des voitures d’occase, travaillé dans des coins crades
Des jours durant afin de pouvoir financer mes raps
L’indépendance se paie comptant, sans compter ni voir gonfler
Ce compte en banque qui reste à découvert si souvent
C’est pourtant dans le manque de pèze que je pèse
Que mon niveau créatif est à son pic, qu’il m’élève
Chacun ses rêves et ses moyens pour y accéder
L’or est dans tes mains mais comme moi tu te perds dans la ruée
Tous coupables, tous coupables, tous coupables
On change d’attitude face à la monnaie
Et pourtant Dieu seul sait si on est
Tous capables, tous capables, tous capables
De revenir en arrière et de replacer
L’être humain avant le papier
Vu de là-bas, notre système social c’est l’eldorado
Et vu d’ici certains condamnent tous ces départs en radeau
Il se fait tard sur le détroit de Gibraltar
Mais les lois de Berlusconi n’ont pourtant pas refroidi Boubakar
Avec d’autres gamins des rues il se rue sur des camions
Prêt à s’écraser sous leurs roues pour gagner ce trip en cargo
Dans l’embargo depuis sa naissance il veut changer de peau
Quitte à y laisser la sienne et parfaire le bonheur d’un autre
De galères en sacrifices, d’arrestations en récidives
Il passe la frontière, si fier de sa prérogative
Une fois en Europe il écope d’un statut de paria
Car dans nos centres on les concentre à l’abri des médias
Qu’ils soient âgés de 3 ans et demi, maladifs, peu nourris
Leurs conditions font honte à nos démocraties
Putain de ruée vers l’or qui souvent encore
Rime avec retour forcé, poings menottés à l’aéroport
Tous coupables, tous coupables, tous coupables
On change d’attitude face à la monnaie
Et pourtant Dieu seul sait si on est
Tous capables, tous capables, tous capables
De revenir en arrière et de replacer
L’être humain avant le papier