(Jean Sarkozy, m\351moires qui ...)

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Jean Sarkozy, mémoires qui flashent. Extraits
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30/11/2009 À 00H00
Jean Sarkozy, mémoires qui flashent.
Extraits
GRAND ANGLE
Jean Sarkozy au conseil général des Hauts-de-Seine, après son élection comme administrateur de l'Etablissement public d'aménagement
de la Défense (Epad) (© AFP photo AFP)
«Pour obtenir ma licence, je passerai devant les urnes»
«Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de Neuilly. C’était d’abord une idée vague ; mais à force
de m’y promener légitimement sur mon scooter, c’est devenu une petite idée ; et puis, quand j’ai
commencé les pare-brisages, c’est devenu ma petite idée. Je veux dire, la mienne, à moi, vraiment.
C’est cette idée que je veux incarner. Je veux qu’on me juge pour mes actes, quand je distribue des
tracts par exemple, et pas pour ce qui est écrit dessus. Je ne veux pas qu’on pense que je suis pressé
dans l’urgence, mais "passionné", comme l’était Jean Jaurès avant que des rues portent son nom. J’ai fait
ce choix exigeant de mener de front mon engagement politique, mes responsabilités d’élu légitime et
mes études. Pour obtenir ma licence, je passerai devant les urnes, comme tout le monde : c’est la loi de
la République. On a dit, on a écrit, on a déversé sur moi un tombereau d’insanités. Eh bien, je les ai
écoutées, ces insanités ; je les ai lues ; je les ai regardées, avec beaucoup d’attention, avec beaucoup de
respect. Je respecte profondément les personnes qui profèrent des insanités sur moi ; mais j’attends en
retour qu’elles aussi, elles respectent cette personne qui est la mienne : ni plus ni moins. J’espère, à
travers ces mémoires, rétablir quelques vérités simples sur mon parcours, sur mon combat, sur mes
moyens de locomotion. C’est un livre que j’ai longtemps mûri : l’idée m’en est venue quand j’avais 3 ans
et demi, pendant que mon père cassait des cailloux en Allemagne, du 9 au 16 novembre 1989.
Simplement, pour le publier, j’ai attendu de savoir écrire et d’être légitime - parce que moi, je ne veux
pas du soupçon.»
Pp. 11-12.
«J’aimais beaucoup "l’Ecole des fans"»
«Petit, je regardais régulièrement à la télévision l’École des fans, avec le gros monsieur rigolo qui faisait
parler les petits. J’aimais beaucoup cette émission : je me reconnaissais dans ces enfants qui ne savent
pas mentir et qui chantent très mal (mais ce n’était pas grave). J’avais demandé à mes parents de
m’inscrire, légitimement et sans passe-droit, pour le jour où Didier Barbelivien serait invité ; mais ils ont
refusé. Alors, je me rattrapais en songe. Dans ce rêve, donc, je participais légitimement à l’émission.
Voilà ce qui s’y passait : c’était très court. Le gros monsieur rigolo me demandait :
"- Alors, mon bonhomme, qu’est-ce qu’il fait, ton papa ?
- Il bouge", je répondais.
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Il y avait des rires dans la salle.
"- C’est merveilleux ! s’exclamait le gros monsieur. Les enfants sont merveilleux. Tu as bien de la
chance, mon bonhomme, d’avoir un papa qui bouge. Sinon, qu’est-ce qu’il fait d’autre ?
- Il nique ta femme", je répondais.»
Pp. 34-35.
«J’ai sacrifié ma chevelure, mon scooter, ma liberté»
«Papa se tortillait sur son siège.
"- Je comprends ton impatience, mais ton temps n’était peut-être pas venu[de prendre la présidence de
l’Epad, ndlr].
- Il risquait pas de venir, avec les brêles dont tu m’entoures !
- Là, c’est faux, a dit papa. On t’a fait une super com.
- Tu te fous de moi ? Regarde-moi, papa. Non, par ici, je suis ici, regarde-moi vraiment. Tu vois la
gueule qu’il m’a faite, Christophe Lambert ? Pendant que tu promènes tes pectoraux au Cap Nègre ? J’ai
l’air d’un chef des ventes à France Télécom : c’est pas la modestie que j’exprime, c’est le suicide au
travail. Il vendait quoi, Lambert, dans son autre vie : des fauteuils monte-escalier ? Et ma coupe de
gland, tu l’as bien vue, ma coupe de gland ? Elle est signée Cofano, à ton avis ? Et mes lunettes
Optic 2000 ? J’ai donné de ma personne, moi. J’ai sacrifié ma chevelure, mon scooter, ma fierté. Je me
suis tapé l’autre flan de Charon qui me serinait que la politique, c’est pas une élection de Chippendale.
Tout ça pour me faire saborder par cette bande de nuls ? Tu veux qu’on parle de l’agenda que m’avaient
mitonné Solère et Louvrier ? Foire aux fromages d’Antony ! Barbecue avec les Putéoliens ! Aïoli avec
les Balnéolais ! Ah, j’étais crédible ! J’étais légitime, pour refonder l’aménagement de la Défense ! Tu les
sors d’où, ces deux huîtres ?
- Ben, c’est sympa, l’aïoli, a dit papa. C’est le terrain, l’aïoli."»
Pp. 132-133.
«Enfin mûr pour faire mes preuves dans le truc professionnel responsable, là»
«Ce qui s’est passé, c’est qu’après six mois d’études intensives, j’ai téléphoné à l’oncle Nathan [oncle de
Jessica Sebaoun-Darty, l’épouse de Jean Sarkozy, ndlr] :
"- Oncle Nathan, j’ai beaucoup réfléchi, beaucoup bûché. Je crois que je suis enfin mûr pour faire mes
preuves dans le truc professionnel responsable, là.
- Un métier, mon petit Jean : ça s’appelle un métier."
L’oncle Nathan est venu me chercher dans une camionnette Darty. On a franchi la frontière et il m’a
emmené dans leur magasin de Montreuil. Là, il m’a fait enfiler une vareuse, il m’a planté devant les
sèche-linge et il est allé se promener, l’air de rien, du côté des cafetières, pour écouter comment je me
débrouillais. Je sentais que je jouais mon va-tout : j’étais à bloc ! Un couple s’est approché. Ils ont
commencé à regarder les étiquettes ; moi, j’ai pensé à Jessica et je me suis lancé.
"- Je peux vous renseigner ?"
La femme m’a regardé d’un air surpris.
"- Ils les prennent au berceau ?" qu’elle a murmuré.
Je lui ai fait mon gentil sourire, celui qui marche bien.
"- Vous savez, je ne suis pas le porte-drapeau de la jeunesse clairvoyante. Simplement, je connais un
peu les sèche-linge. Je les connais un peu parce que je les aime, et comme je les aime, eh bien, moi,
j’essaye de les démonter, tout simplement. Et puis après, j’essaye - modestement sur le terrain - de
conseiller les gens comme vous.
- Ah bon", a dit la femme.
L’homme a tendu le doigt vers un sèche-linge.
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"- C’est un modèle à condensation, ça ? C’est quoi, la différence avec le modèle à évacuation ?
- Je vais vous l’expliquer très simplement, monsieur, parce que je crois que c’est important que tout le
monde comprenne bien pour se déterminer en conscience. Le sèche-linge à évacuation, ce qu’il propose,
c’est de consommer plein d’énergie et de vous renvoyer toute la vapeur dans la figure : voilà. Alors, pour
le constructeur, c’est peut-être une solution commode. Mais moi, monsieur, ce n’est pas ma conception
du sèche-linge ; ce n’est pas le combat que je mène.
- Ah bon, a dit la femme.
- Le sèche-linge à condensation, lui, il fait le choix exigeant de concilier votre linge, votre figure et notre
énergie, en recueillant l’humidité dans un bac ou bien vers un tuyau de vidange. Voilà. Alors, forcément,
ça coûte plus cher. Forcément, on n’en change pas d’un claquement de doigts. Mais laissez-moi vous
demander : est-ce qu’acheter un sèche-linge, ce n’est pas aussi se projeter un petit peu dans le futur ?
A-t-on le droit de se dire, quand on achète un sèche-linge : après moi, le déluge ? […]
Ceux qui vous promettent qu’on peut sécher plus en payant moins, eh bien, ils ne vous disent pas la
vérité. […] Est-ce que c’est un crime de vouloir le meilleur ? Est-ce que c’est un crime, dans ce pays, de
faire preuve d’un peu d’ambition ? D’essayer de s’en sortir, à la force du poignet ? Quand on a travaillé
très dur, qu’on a économisé pendant des années, est-ce que c’est un crime de vouloir offrir à ses enfants,
qui s’entassent dans un appartement malsain, un linge vraiment sec ? D’assurer la sécurité de son foyer,
avec un appareil silencieux qui ne rendra pas fous les voisins ? Je vais vous dire, madame. Ce sèchelinge, il a un programme très simple, un programme de bon sens : c’est de sécher votre linge, tout votre
linge, pour toute votre famille. Pas une chaussette ne sera laissée en chemin, madame, pas un slip. Cet
appareil, il est lisible, il est crédible, il est légitime.»
Pp. 108-112.
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