(2015). An introduction to the work of Florence

Transcription

(2015). An introduction to the work of Florence
Florence Jung
[email protected]
XXII
Text Rosalie Schweiker
Schweiker, R. (2015). An introduction to the work of Florence Jung. [Unpublished manuscript].
XXI
Text Sophie Lapalu
Lapalu, S. (2015). Jung36. Marges, 21, pp. 146-147. Paris: Presses universitaires de Vincennes.
XX a/b
Text Madeleine Amsler
Amsler, M. (2015). Florence Jung, Jung41. In Twisting Crash. [Exhibition text].
Geneva: LeCommun, BAC.
XIX a/b
Text Séverine Fromaigeat
Fromaigeat, S. (2015). L’art de Florence Jung est une énigme. In Stipendium Vordemberge-Gildewart.
[Exhibition text]. Biel/Bienne: Centre Pasquart.
XVIII
Text Madeleine Amsler
Amsler, M. (2015). Devine ce que je vois. Le Phare, 21, p. 6.
XVII
Text Alice Henkes
Henkes, A. (2015). Kunst wie geschmiert. AC-Zeitung, p. 3. Bern: BKG.
XVI Text Helen Hirsch
Hirsch, H. (2015). Förderpreis: Florence Jung. In Jurybericht AC-Stipendium 2015. [Exhibition text].
Thun: Kunstmuseum.
XV
Text Sophie Lapalu
Lapalu, S. (2015, March 6). À la recherche de Florence Jung. Le Quotidien de l’Art, pp. 10–11.
XIV
Text Isaline Vuille
Vuille, I. (2015, March 5). Artiste sous couverture. Le Courrier, p. 12.
XIII
Text Juliette Zeller
Zeller, J. (2015). Les court-circuits de Florence Jung. Article60, 3, pp. 12–14.
XII
Text Camille Paulhan
Paulhan, C. (2015). Que l’on m’excuse de commencer ce texte sur l’exposition de Florence Jung à Circuit
en évoquant un autre lieu d’art que je connais bien. Lausanne: Circuit.
XI a/b
Text Sophie Lapalu
Lapalu, S. (2014). Je n’ai pas trouvé le féminin d’imposteur. Rien n’est vrai, tout est permis, pp. 3–4 and
16–17. Geneva: Piano Nobile.
X
Text Agnieszka Sosnowska
Sosnowska, A. (2014). Zur Ausstellung Vanishing Point trägt Florence Jung mit der Performance jung34 bei. In Vanishing Point. [Exhibition text]. Basel: Ausstellungsraum Klingental.
IX Text MAC/VAL
Musée d’art contemporain du Val-de-Marne. (2014). Florence Jung. In Que s’est-il passé ? [Exhibition text].
Vitry-sur-Seine: MAC/VAL.
VIII
Text Madeleine Amsler
Amsler, M. (2013). Luky Luke tire plus vite que son ombre. In Staging Point II. [Exhibition text].
Geneva: Piano Nobile.
VII a/b Text Anja Wernicke
Wernicke, A. (2013, September 28). Performancepreis Schweiz 2013 – Florence Jung: jung24.
Retrieved March 23, 2016, from http://performanceartaward.ch/inhalt/download/2013_FlorenceJung_AnjaWernicke_D.pdf [DE] http://performanceartaward.ch/inhalt/download/2013_FlorenceJung_AnjaWernicke_F.pdf [FR]
VI a
Text Gioia Dal Molin
Dal Molin, G. (2013). Florence Jung fertigt keine bleibenden künstlerischen Werke, keine Skulpturen,
keine Gemälde. [Unpublished typescript].
VI b Text Aoife Rosenmeyer
Rosenmeyer, A. (2013). I don’t think I’ve ever experienced Florence Jung’s work. [Unpublished typescript]. V
Text Andreas Vogel
Vogel, A.(2013). Die Ausstellung Werk- und Atelierstipendien 2013 beginnt mit einer das Format
sowohl kritisierenden. In Werk- und Atelierstipendien der Stadt Zürich. [Exhibition text]. Zurich:
Kulturförderung der Stadt Zurich.
IV Text Sébastien Gokalp
Gokalp, S. (2013). La rumeur désinvolte. In 58e Salon de Montrouge, p. 129. Montrouge:
Salon de Montrouge.
III Florence Jung and Nicolas Leuba
Jung, F. and Leuba, N. (2013). jung&leuba. Novembre Magazine, 7, pp. 179, 318, 336.
II Text Daniel Morgenthaler
Morgenthaler, D. (2012). Wenn jemand Ihre künstlerische Arbeit überschwänglich lobt, sollten Sie
vorsichtig sein. In Nach dem Spiel is vor dem Spiel, p. 10. Zurich: Helmhaus.
I
Text Gioia Dal Molin
Dal Molin, G. (2012). Florence Jung’s creative strategy is subtle and blurs the boundaries between work
and viewers. In ZHdK master degree show, p. 14. Zurich: ZHdK. XXII
XXI
XX a/b
XIX a/b
XVIII
XVII
XVI
XV
XIV
ARTICLE 60 – N°3
XIII
FÉVRIER 2015
POSTER
LES
LES
COURT-CIRCUITS
COURT-CIRCUITS
DE FLORENCE JUNG
DE FLORENCE JUNG
« Il a fallu une époque de profonde décadence de la vie
sociale pour que l’art soit enfermé dans les cages des
musées. Maintenant, il a pour champ d’action la vie
entière », énonçait l’historien de l’art Nikolaï Taraboukine
en 1922. Florence Jung l’a pris au pied de la lettre. Et de se
«promener
Il a fallu dans
une époque
de profonde
de la vie
le paysage
artistique décadence
pour le modifier
de
sociale
pour
que l’art
soit enfermé
dans un
les terrorisme
cages des
l’intérieur,
le pirater
subtilement,
effectuer
musées.
il aquasi-silencieux
pour champ d’action
la vie
délicat, unMaintenant,
détournement
mais salvateur
entière
», énonçait
de Florence
l’art Nikolaï
Taraboukine
pour autant
qu’on l’historien
sache le voir.
Jung
est de ceux
en
Florenceles
Jung
l’a prisetau
pied
de la d’en
lettre.garder
Et de se
qui1922.
ont compris
enjeux,
ont
décidé
le
promener
dans
le paysage
pour le modifier
de
« jeu ». Jouer
semble
être unartistique
trait fondamental
de son tral’intérieur,
le pirater
vail : jouer et
déjouer.subtilement, effectuer un terrorisme
délicat,
quasi-silencieux
salvateur
Avec un
unedétournement
réflexion riche
et intelligente,mais
l’artiste
rend
pour
qu’on
le voir. Florence
Jung estgrattant
de ceux
ainsi autant
à l’art ce
qui sache
lui appartient
: de la légèreté,
qui
ont compris
les enjeux, et ont
décidé
d’en garder
le
les couches
de faux-semblants
et de
fausseté,
les déta«chants
jeu ». Jouer
semble
être unettrait
fondamental
son trapour les
manipuler,
ridiculiser
le côtédeemplâtré
vail
et de
déjouer.
d’un: jouer
monde
l’art qui, à l’image d’un mur trop souvent
Avec aune
réflexion
et intelligente,
l’artiste
rend
repeint,
perdu
toute sariche
simplicité
et sa rugosité
naturelle.
ainsi
à l’art
qui luiinstitutionnels,
appartient : de elle
la légèreté,
grattant
Loin
des ce
carcans
fait en sorte
de
les
couchesledespectateur
faux-semblants
et de fausseté,
les détaconfronter
et les artistes
à leur réalité
et à
chants
pour les
manipuler,
ridiculiser
le côté
leurs propos,
à leur
identitéetconstruite
selon
des emplâtré
schémas
d’un
monde
de l’art
qui,
à l’image
d’un
mur tropdes
souvent
parfois
sclérosés,
pour
faire
ressortir
le ridicule
situarepeint,
perdu toute
simplicité
et sa rugosité
tions. Learésultat
reste sa
souvent
confidentiel,
voirenaturelle.
invisible,
Loinsont
desceux
carcans
institutionnels,
elle faitdeenl’existence
sorte de
et peu
qui peuvent
avoir conscience
confronter
spectateur
etd’y
les avoir
artistes
à leurderéalité
et à
même d’unelepièce
à moins
regardé
plus près.
leurs
propos, à leur
identitéde
construite
desun
schémas
Qui remarquera
la présence
fermièresselon
portant
discret
parfois
pourd’un
fairemusée
ressortir
le ridicule
parfumsclérosés,
au vernissage
jurassien
des des
arts,situad’un
tions.
Le àrésultat
reste proposant
souvent confidentiel,
voire
invisible,
vendeur
la sauvette
des souvenirs
estampillés
et
peu sont
ceux
quiles
peuvent
conscience
de l’existence
Monte
Verita
dans
rues deavoir
Locarno
et Lugano
?
même
d’uneréalité
pièce àest
moins
d’y avoir
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de plusPhilip
près.
« Notre
criblée
de fuites
», disait
Qui
remarquera
la présence
de fermières
portant
unen
discret
K. Dick,
romancier
américain,
et Florence
Jung
proparfum
vernissage
d’un
musée jurassien
des arts,
d’un
fite pouraus’y
immiscer
et l’arranger.
Elle met
en place
vendeur
à la sauvette
proposant
des souvenirs
des situations
faussement
habituelles,
et ne estampillés
révèle que
Monte
Verita
les rues de
et Lugano
?
rarement
ses dans
impostures,
ne Locarno
donne pas
de justification,
« Notre pas,
réalité
est criblée
de aux
fuites
», disait
Philip
n’explique
laissant
le visiteur
prises
avec sa
perK.
Dick,son
romancier
Florence
proception,
ressenti américain,
et son vécu.etCar
le but iciJung
n’estenpas
de
fite
pour
s’y immiscer
et l’arranger.
Elle
met propose
en place:
mettre
l’accent
sur la pièce,
mais sur ce
qu’elle
des
situations
habituelles,
et ne révèle
que
ses œuvres
sontfaussement
des pistes pour
voir, et surtout
pour perrarement
impostures,
donnemais
pas de
cevoir l’artses
autrement.
Ellene
aiguille,
ne justification,
désigne pas,
n’
explique
laissant
le visiteur
auxles
prises
avec saetperprenant
le pas,
rôle de
l’enfant
qui agence
situations
fait
ception,
sonpersonnages,
ressenti et sondont
vécu.
le but
ici n’est
de
avancer les
lesCar
jouets
n’ont
pas àpas
avoir
mettre
l’accent
sur mécène,
la pièce,tantôt
mais sur
ce qu’elle
propose
conscience.
Tantôt
metteur
en scène,
mais:
ses
œuvresà sont
des pistes
pour voir,
surtout pour
perrarement
la « place
de l’artiste
», elleet détourne
les rôles
cevoir
l’artde
autrement.
et les jeux
pouvoir. Elle aiguille, mais ne désigne pas,
prenant
le rôle de l’enfant
quiactrices
agence les
fait
En demandant
ainsi à des
de situations
séduire lesetvisiavancer
dont les jouets
n’ont pas
à avoir
teurs en les
sonpersonnages,
nom, leur susurrant
des chansons
d’amour,
conscience.
mécène, tantôt
scène,
mais
ou une autreTantôt
fois, dialoguant
avecmetteur
le publicend’un
vernisrarement
la « place
de l’artiste
», elle détourne
rôles
sage pour àtenter
d’orienter
leur jugement
sur lesles
œuvres
et les jeux de pouvoir.
En demandant ainsi à des actrices de séduire les visi-
exposées, elle pointe le pouvoir contagieux du goût légitime et les rapports d’influence du jeu social qui entoure
la célébration de l’art. En offrant un prix à chaque participant du salon de Montrouge, grâce aux fonds récoltés par
la location de son propre stand, elle remet en question la
exposées,
elleprix,
pointe
le pouvoir contagieux
du goût mais
légivaleur de ces
le bien-fondé
de leur attribution,
time
les rapports
d’influence
du jeu social
entoure
aussi et
le système
concurrentiel
lui-même,
pris àqui
contre-jeu.
la célébration
l’art.
Enélément
offrant un
prix à les
chaque
particiComme unde
tout
petit
grippant
rouages
mal
pant
salon
de Montrouge,
grâce
aux fonds
récoltéspour
par
huilésdudu
système,
elle engage
parfois
des acteurs
la
location
de son propre
ellepublic,
remet des
en question
prendre
physiquement
la stand,
place du
curateursla;
valeur
de ces
prix, le
bien-fondé
de leurplace,
attribution,
mais
leur laisse
même
occuper
sa propre
puisqu’elle
aussi
le système
lui-même,
pris
contre-jeu.
demeure
jusqu’àconcurrentiel
présent invisible
au sein
deàses
propres
Comme
un le
tout
petit
élément
les rouages
mala
œuvres.
Pour
Prix
Suisse
de lagrippant
performance,
qu’elle
huilés
du système,
engage
parfois
des performeuse
acteurs pour
remporté,
Florenceelle
Jung
demande
à une
prendre
la place
du public,
freak quiphysiquement
se plante des lames
dans
les jouesdes
et curateurs
des serin-;
leur
même
occuper
sa propre
place,nepuisqu’elle
gues laisse
dans les
bras, de
se produire
à sa place,
révélant à
demeure
jusqu’àl’imposture
présent invisible
sein
de ses propres
aucun moment
au jury.au
Les
mécanismes
sont
œuvres.
Pour
le continuent
Prix Suissede
detourner.
la performance, qu’elle a
mis à mal,
mais
remporté,
Florence Jung
demande
à une
performeuse
Aucun imbroglio
pourtant
ici ; son
travail
est plutôt
freak
qui se plante
des lamesretrouvée.
dans les joues
et des
un
symbole
de la simplicité
Ancrée
desserindeux
gues dans
de se
à sa place,
ne révélant
pieds
dansles
labras,
réalité,
elleproduire
est ce genre
d’artiste
qui vousà
aucun
moment l’imposture
au jury.jouer
Les mécanismes
sont
fait
comprendre
que vous pouvez
avec les convenmis à de
mal,
mais
continuent
tourner.de nouvelles règles.
tions
l’art
et de
la vie voiredeinventer
Aucun imbroglio
pourtant
ici ; son
Remettant
en question
les priorités,
elle travail
proposeestunplutôt
open
un
de la simplicité
retrouvée.auAncrée
deux
barsymbole
aux visiteurs
d’une exposition
centredes
d’art
de
pieds
danssi,laetréalité,
elle est
ceassument
genre d’artiste
qui vous
Neuchâtel
seulement
si, ils
totalement
leur
fait
comprendre
que vous
jouer
avec les
choix
du social plutôt
que pouvez
de l’art en
portant
un conventampon
tions
de l’art et de
voireOu
inventer
de elle
nouvelles
règles.
bien distinctif
surlalavie
main.
encore,
kidnappe
le
Remettant
enexposition
question les
priorités,pour
elle propose
open
public d’une
parisienne
une nuitun
improbar
visiteurs
d’uneLorraine,
exposition
au les
centre
d’art deà
viséeaux
dans
la campagne
pour
confronter
Neuchâtel
si, et seulement
si, ils assument
totalementainsi
leur
l’esprit d’aventure
qu’ils revendiquent,
transformant
choix
du social en
plutôt
que de
l’art ens’ils
portant
un tampon
les spectateurs
acteurs,
comme
vivaient
à l’intébien
sur la
main. Car
Ou Florence
encore, elle
kidnappe
le
rieur distinctif
d’un énorme
roman.
Jung
ne donne
public
exposition
parisienne
une nuit
pas und’une
contenu
fictif à ses
œuvres,pour
son travail
estimprojustevisée
la campagne
ment dans
d’inventer
la réalité.Lorraine, pour les confronter à
l’esprit
d’aventure
revendiquent,
transformant
A la façon
d’un qu’ils
magicien
qui dévoilerait
les secretsainsi
des
les
spectateurs
en acteurs,
s’ilsmais
vivaient
à l’inté-à
tours
les plus connus
de sacomme
profession
seulement
rieur
d’unsauraient
énorme vraiment
roman. Car
Florence
Jung ne
donne
ceux qui
regarder,
Florence
Jung
utipas
unrumeur,
contenudes
fictif
à ses œuvres,
son travaille est
justelise la
scénarios,
des impostures,
risque
et
ment
d’inventer
réalité.
le bluff.
Puisque la
dans
l’art l’on peut parfois avoir le sentiA laque
façon
qui dévoilerait
les secrets
des
ment
toutd’un
a étémagicien
fait et démontré,
elle décide
qu’il peut
tours
les plusdeconnus
de sa
mais seulement
être l’heure
démonter
et profession
de reconstruire.
Par le secretà
ceux
sauraient
vraiment
regarder,
Jung
utiet unequi
pointe
de tricherie
calculée,
elleFlorence
s’immisce
dans
le
lise
la rumeur,
scénarios,
des impostures, le risque et
système
de l’artdes
et le
re-programme.
le bluff.
dansetl’art
l’on peut
parfois
avoir lede
sentiBien Puisque
que légères
souvent
drôles,
certaines
ses
ment
tout a été
fait et démontré,
elle décide
qu’illepeut
piècesque
touchent
néanmoins
au sens politique
: c’est
cas
être l’heureparodie
de démonter
et de reconstruire.
Paroccidenle secret
lorsqu’elle
l’opportunisme
des artistes
et uneexposants
pointe deàtricherie
calculée,
elle s’immisce
dans le
taux
la Biennale
de Shanghai,
en engageant
système de l’art et le re-programme.
Bien que légères et souvent drôles, certaines de ses
17
de jeunes occidentales qui proposent au public de tester
Opium, le parfum interdit en Chine, devenu ici un symbole ironique de la récupération d’une cause. C’est encore
le cas lorsqu’elle donne à entendre des chants de femmes
immigrées des Balkans dans les rues de Berne pour palde
occidentales
au lapublic
de tester
lierjeunes
au silence
habituel qui
queproposent
leur impose
barrière
de la
Opium,
le parfum
en remettre
Chine, devenu
ici situation
un symlangue. Ici
encore, interdit
il s’agit de
la vie en
bole
ironique
de le
la récupération
d’une cause.
et d’en
montrer
ridicule, de mettre
le doigtC’est
sur encore
ce qui
le
cas lorsqu’elle
donne à entendre des chants de femmes
pourrait
être autrement.
immigrées
des Balkans
dansparaître
les ruespeu
de Berne
pour palSes œuvres
pourraient
accessibles
car
lier
au silence discrètes.
habituel que
leursiimpose
barrière de la
radicalement
Mais,
ce n’estla effectivement
langue.
Ici encore,
il s’agitqui
deimporte,
remettreimpossible
la vie en situation
pas l’esthétique
formelle
cepenet
d’en
montrer ces
le ridicule,
de mettre
doigt
sur cepur
qui:
dant
d’aborder
pièces sous
l’angleledu
concept
pourrait
êtreréside
autrement.
leur intérêt
dans leur réalisation, leur confrontaSesavec
œuvres
pourraient paraître peu accessibles car
tion
la réalité.
radicalement
discrètes.
si ce n’est
effectivement
Florence Jung
inventeMais,
ses propres
règles
pour corpas
l’esthétique
formelle
importe,
cepenrompre
l’art et son
travailqui
constitue
uneimpossible
nouvelle concepdant
d’aborderprenant
ces pièces
sous l’angle
du concept d’un
pur :
tion artistique,
la forme
d’un court-circuit,
leur
intérêt
leur
réalisation,
leur confrontabug qui
ne réside
détruitdans
rien,
mais
nous procure
la petite
tion
avec le
la petit
réalité.
secousse,
décrochage, le petit moment de dysfoncFlorence parfois
Jung invente
ses propres
pour cortionnement
nécessaire
pour querègles
nos cerveaux
se
rompre l’art et ce
sonqui
travail
constitue
une nouvelle
réapproprient
se déroule
et remettent
tousconceples élétion artistique,
la forme
d’un
d’un
ments,
enfin, enprenant
place dans
l’ordre
descourt-circuit,
choses.
bugL’exposition
qui ne détruit
rien, mais
nous
procure
personnelle
que lui
offre
Circuitlaà petite
partir
secousse,
le petit
le petit
moment
dysfoncdu
14 février
seradécrochage,
encore une fois
l’occasion
de de
s’immerger
tionnement
nécessaire
pour que
cerveaux
se
dans l’une deparfois
ces situations
imaginées
parnos
Florence
Jung,
réapproprient
ce qui
se déroule
et remettent
les diséléoù il faudra saisir
et décoder
les indices
laisséstous
à notre
ments,
place dans l’ordre
positionenfin,
pouren
la compréhension
dedes
sonchoses.
univers qui n’est,
L’exposition
lui offre Circuit à partir
finalement,
rienpersonnelle
d’autre que que
le nôtre.
du 14 février sera encore une fois l’occasion de s’immerger
dans l’une de
ces situations imaginées par Florence Jung,
JULIETTE
ZELLER
où il faudra saisir et décoder les indices laissés à notre disposition pour la compréhension de son univers qui n’est,
finalement, rien d’autre que le nôtre.
JULIETTE ZELLER
XII
Que l’on m’excuse
de commencer ce
texte sur l’exposition
de Florence Jung à
Circuit en évoquant
un autre lieu d’art
que je connais bien :
il s’agit de l’espace Louis Vuitton, confortablement installé au dernier étage de l’immeuble
qui accueille une des enseignes de la boutique
de luxe sur les Champs-Élysées. À chacune de
mes visites, l’hôte ou l’hôtesse qui m’escortait
vers la sortie au sein de l’ascenseur confiné
d’Olafur Eliasson se voyait systématiquement
opposer une réponse négative à la question
obligatoire « Voulez-vous ressortir par la boutique ? ». Donc, je ressortais toujours par l’entrée
de l’espace d’art, comme si de rien n’était,
et comme si les étalages de sacs et autres bibelots
griffés, situés derrière la cloison, n’existaient
pas. Je me vantais même n’avoir jamais mis le
pied dans la boutique. Puis vint un jour où, pour
une fois, je n’étais plus seule dans l’ascenseur.
Deux visiteurs s’étaient greffés au voyage, et
trépignaient à l’idée de ressortir de l’exposition
via la boutique après un séjour dans le noir
de la cabine d’ascenseur. Comme j’étais
de toute évidence en minorité — l’hôtesse
me fit savoir qu’elle se devait de demeurer
neutre — je dus me plier à ce souhait. Difficile
de décrire ici l’intérieur de la fameuse boutique, mais me revint rapidement la première
phrase d’Yves Michaud dans son essai L’art
à l’état gazeux : « C’est fou ce que le monde est
2
beau »1. Je n’ai absolument aucun souvenir
des sacs (alors même que c’était bien là le but),
en revanche me revient une sensation confuse
face à cet étalage de vitrines clinquantes,
sourires cosmétiques et luminosité accrue par
un abus certain des surfaces réfléchissantes.
Comme cliché du genre, on n’aurait guère fait
mieux, mais enfin, je n’invente rien. Mes attentes
en termes de kitsch, d’absence de poussière et
de monotonie ne furent pas contrariées, à ma
grande déception.
Sans doute, dans ma lutte pour trouver la
sortie, ai-je croisé des sacs semblables à ceux
que présente aujourd’hui Florence Jung au
sein de Circuit, dans une immense structure
tapageuse2. Il est également probable que
ce jour-là, je ne me suis pas arrêtée pour les
1
Yves Michaud, L’art à l’état gazeux. Essai sur le triomphe de
l’esthétique, Paris, éd. Hachette, 2003, p. 7.
2
Certains visiteurs se diront peut-être qu’à défaut de
voir des objets réalisés par Florence Jung dans l’exposition, la
structure rouge vif a peut-être été patiemment dessinée et
assemblée par elle. Las, l’artiste a encore une fois doucement
échappé aux contraintes que sa condition « d’artiste » devrait lui
imposer. Un designer, Lucas Uhlmann, a été dûment mandaté
pour concevoir et réaliser le tout.
3
regarder, ne faisant pas plus la différence
entre deux sacs Vuitton de modèles différents
(et a fortiori entre un modèle Vuitton et sa
copie contrefaçonnée) qu’entre deux mous de
veau, l’un de bonne qualité, l’autre médiocre.
Lorsque Florence Jung m’a contactée en prévision de cette exposition, elle a précisé : « Mes
pièces ne se situent pas dans le domaine visuel ».
En bonne historienne d’art, et habituée à
utiliser mes yeux avant de brandir mon stylo,
je me suis alors bêtement demandé dans quel
domaine pouvait bien se situer son œuvre.
Ce qui nous ramène aux mous de veau ou,
si l’on préfère, aux sacs Vuitton.
Je ne sais s’il se trouvera au cours de l’exposition des visiteurs suffisamment aguerris pour
avoir envie d’observer de plus près les sacs
exposés. J’espère en secret qu’au moins l’un
d’entre eux aura l’envie de les scruter à l’aide
d’une loupe (mais toujours derrière la vitrine,
un rien autoritaire). Florence Jung avait toutefois raison de me prévenir : en effet, son travail
n’a rien à voir avec le visuel. La contemplation
est définitivement refoulée hors des murs. Je
suis même à peu près sûre que rien ne viendra
vraiment documenter cette exposition quelque
4
peu ostentatoire de sacs Vuitton, si ce n’est une
forme de rumeur ou de bruissement discret.
Le travail de Florence Jung me rappelle lointainement celui d’un artiste confidentiel, Günter
Saree, qui en 1970 réserva un billet d’avion
(en charter) pour le mot « idée » en direction
de Majorque, fit enregistrer l’Océan Atlantique
comme résident munichois et deux ans plus
tard proposa d’anesthésier des visiteurs de la
documenta 5 au risque de leur faire perdre
la vie3. Mais les rumeurs non documentées de
Florence Jung sont loin d’être tragiques comme
celles de Saree, qui alla jusqu’à réussir à mythifier sa propre mort ; tout au plus sont-elles
empreintes d’une ironie douce en regard de
la brutalité des financements et des modes de
légitimation de l’art contemporain. Comme
paradigme d’une première exposition personnelle exemplaire de « jeune artiste », on pourrait
difficilement dire que Florence Jung a dérogé
à la règle, avec ses objets présentés dans un
white cube comme dans un écrin. Mais elle l’a
3
Je renvoie à l’excellent article d’Irmeline Lebeer sur
cet artiste rare, « Günter Saree : vivre sa mort », L’art vivant
n° 54, décembre 1974 — janvier 1975.
5
légèrement détourné au point de retourner la
proposition sur elle-même, image parfaite et
glacée de ce qu’on attend de son stéréotype.
Une dernière remarque en forme d’interrogation
concernant le travail de Florence Jung, qui se
développe au moment où la fondation Vuitton
vient d’être inaugurée à côté de Paris dans
un bâtiment tape-à-l’œil révélant les vitrines
rouges de l’artiste comme une version low cost
de l’enrobage décoratif. Florence Jung pourraitelle à l’avenir être collectionnée par la fondation
Vuitton ? On pourrait répondre avec malice
que le mécénat de luxe cherchant à tout prix à
faire oublier son fond de commerce maroquinier
par l’achat d’œuvres — une sorte de art washing
permettant judicieusement de défiscaliser
certains revenus — il serait bien en peine face à
ces propositions. La parodie du mécénat d’art,
dénoncé en son temps par Hans Haacke avec
un certain moralisme, est ici plus dépassionnée.
Vuitton rachetant des sacs Vuitton ? Délicieux
paradoxe. Et pourquoi pas imaginer la marque,
mue par un incohérent souci de transparence,
décrochant de sa fondation ses Stella et ses
Richter, pour leur substituer ce qu’elle sait et
aime vendre avant tout ?
6
Il est bien évident que le « coefficient d’art » de
Marcel Duchamp4 se situe ici moins dans le sac
lui-même que dans les potentialités mises en
branle par une telle exposition, bien impertinente en ces temps où le président d’un grand
centre d’art parisien n’hésite pas à parler « d’art
de la conversation » ou de « compagnonnage »
avec les « marques »5. Alors, ce n’est plus pour
reprendre les mots de Jules Verne, « Regarde de
tous tes yeux, regarde », mais plutôt : « Use bien
de ton cerveau ». Et jusqu’à la corde, encore.
Camille Paulhan
4
Marcel Duchamp, « Le processus créatif », 1957,
reproduit dans Duchamp du signe, Paris, éd. Flammarion, 1994,
p. 189.
5
Jean de Loisy cité par Martine Robert, « L’art, nouvelle
âme du luxe ? », Les Échos, 14 février 2014, et par Valérie Abrial,
« Quand le Palais de Tokyo prend des allures de start-up »,
La Tribune, 20 juin 2014.
7
Camille Paulhan est historienne et critique d’art,
elle vit et travaille entre Paris et Bayonne.
Florence Jung
Circuit, centre d’art contemporain, Lausanne
Du 15 février au 14 mars 2015
XI a
XI b
X
IX
VIII
VII a
VII b
VI a
It’s all in the detail / Florence Jung
[Unveröffentlicht]
Florence Jung fertigt keine bleibenden künstlerischen Werke, keine Skulpturen, keine Gemälde, sondern sie
arrangiert subtile, ephemere Interventionen im öffentlichen oder im halböffentlichen Raum. Hierfür braucht
sie keine Wand und keinen Sockel, keine Farbe und keine Leinwand. Ihr künstlerisches Material sind vielmehr
die orts- und kontextspezifischen Geschichten, die Gerüchte, Regeln oder Vorstellungen.
Für die Ausstellung im Kunsthaus Baselland greift Florence Jung gezielt auf die mitunter ebenso konstruierten,
wie identitätsstiftenden Animositäten zwischen den beiden Basler Kantonen und ihren Kunstinstitutionen
zurück. Dem Gerücht folgend, das gekränkte Kunsthaus Baselland habe für It is all in the detail. gezielt
mit der konkurrierenden Zürcher Hochschule der Künste zusammengespannt, weil ihm die Hochschule für
Gestaltung und Kunst Basel die Zusammenarbeit verweigerte, will Florence Jung diese Verbitterung im
wahrsten Sinne des Wortes wegwaschen. So instruiert sie eine Gruppe von Zürcher Jugendlichen, in nächtlichen Aktionen die Kunsthausfassade mit einer Mischung aus einem baselstädtischen und einem basellandschaftlichen Bier reinzuwaschen.
Während Florence Jung für die eben beschriebene Arbeit jung21 bestimmte ortsspezifische Vorkommnisse
fruchtbar macht, greift sie in anderen Aktionen gezielt die kunstsystemimmanenten Bedingungen auf. So
instruiert sie für jung13 (2012) eine Schauspielerin, das Vernissage Publikum anlässlich der Diplomausstellung der Zürcher Kunsthochschule negativ beziehungsweise positiv zu beeinflussen; in jung17 (2012)
bietet sie den Besucherinnen und Besuchern des Centre d’art de Neuchâtel an, durch das Verzichten auf den
Ausstellungsbesuch freien Zugang zur Museumsbar zu erhalten. Die anlässlich einer Ausstellung im Zürcher
Helmhaus durchgeführte Intervention jung18 (2012) verweist auf die Funktionsweisen und Blickregimes
einer Ausstellungsinstitution. Die Sicherheitsangestellten seien, so wird informiert, in Detektiv- und Spionagetechniken ausgebildet; das (vermeintlich) beobachtete Ausstellungspublikum beobachtet nun seinerseits
das Aufsichtspersonal.
Aus kunsthistorischer Perspektive entziehen sich die unbetitelten, streng durchnummerierten Arbeiten einer
eindeutigen Kategorisierung, sind mal Performances, mal Happenings. Florence Jung schafft mit ihrer künstlerischen Strategie eine präzise Versuchsanordnung, der tatsächliche Verlauf ist jedoch unvorhersehbar und
gründet nicht nur auf dem Agieren der einzelnen Akteure, sondern auch auf der Einbindung des Publikums.
In diesem Kontext ist das Wissen beziehungsweise das Nicht-Wissen der Betrachterin, des Betrachters ein
entscheidender Faktor. Während manche Interventionen einer strikten Geheimhaltung unterliegen und
gezielt auf die feine Verschiebung herkömmlicher Regeln oder Codes setzen, spielen andere Aktionen bewusst
mit dem Aspekt der irreführenden Information oder greifen kursierende Gerüchte und Halbwahrheiten auf.
Gemeinsam ist den Arbeiten, dass ihnen das Flüchtige, das Vergängliche anhaftet und sie undokumentiert
bleiben. Ihre Nachhaltigkeit erfahren sie primär in der Weitererzählung: Das Darüber-Sprechen wird zum
genuinen Bestandteil der Arbeit. Diese diskursive Form aktiviert die subjektive Ebene der Rezeption und
befragt letztlich nicht nur den Werkstatus, sondern auch die Strukturen des Kunstsystems schlechthin.
Gioia Dal Molin, 2013
VI b
It’s all in the detail / Florence Jung
[Unpublished]
I don’t think I’ve ever experienced Florence Jung’s work. I may have, but I can’t be sure and I don’t want to
be presumptuous. I cannot check the pictures – there aren’t any. But it seems likely that I was observed by the
plainclothes security the artist had trained in surveillance in order to realise the work jung18 (2012) for the
Helmhaus exhibition «Nach dem Spiel ist vor dem Spiel». Maybe one of the actors instructed to influence public
opinion regarding Jung’s 2012 MFA degree exhibition positively or negatively – for the works jung13(1) and
jung13(2) respectively – approached me and struck up a conversation. I probably thought they were being pushy
and gauche, not versed in the aloof manner of the art professional. Had I been at another exhibition I could
have been approached by a young woman who would have sung a love song quietly in my ear, for jung16 (2012).
Had I gone to hear Jung’s talk about her work at the offspace Dienstgebäude I could have encountered an
imposter, a serious Chinese woman adopting authorship of Jung’s work for jung19 (2013). «I created condescension, contempt and exasperation,» said the actress, in character, though not all interactions are negative –
delight and laughter result too. Jung supplies her players with considered rules of interaction, but allows room
for manoeuvre, so the engagement is very much of the moment and entirely ephemeral. Not only does Jung
confound our expectations of perceptible (and ideally saleable) art objects, she even coopts her audience into
the realisation of her work. There is an expectation of how an artist should act today too: frantic networking;
painstaking documentation; selfpromotion whenever possible, but Jung declines that role, using these opportunities to propose alternative models.
Jung’s gossamer work exists in the art world but resists being swallowed up too easily by the art market, it
even resists being noted for the art record. Its currency is the intangible stuff of crossing glances, gut instinct
and curiosity. And, in the work she proposes for the Kunsthaus Baselland, loyalty, rivalry and maybe even
appeasement. jung21 is inspired by what Jung understands as enmity between the Kunsthaus Baselland and
the art school in the neighbouring Canton of Basel City, which led to the Kunsthaus hosting this exhibition
from a further flung art school. During the exhibition, teenagers from Zurich will visit in the night, in secret,
and shoot a blend of two beers, i.e. «Warteck Pic» (from the Canton of Basel City) and «em Basler sy Bier»
(from Basel-Landschaft) at the façade of the Kunsthaus with powerful water pistols. This attack of sorts
should leave a lingering, bitter aroma. Could this acrid assault to visitors’ noses bring reconciliation between
the neighbouring cantons?
Aoife Rosenmeyer
V
IV
III
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