Traitements biologiques
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Traitements biologiques
Traitements biologiques Dérouter les messagers moléculaires TRAITEMENTS BIOLOGIQUES Une des avenues les plus prometteuses issues de la recherche sur les maladies inflammatoires de l’intestin (qui comprennent la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse - nous les appellerons MII pour faire plus court) réside dans le domaine des traitements biologiques. Aussi connus sous le nom de biothérapie, les produits biologiques sont des médicaments qui ont été formulés pour cibler une activité spécifique du système immunitaire sans perturber les autres fonctions vitales. Pour vraiment comprendre le fonctionnement des traitements biologiques, il faut revenir sur les notions de système immunitaire et d’inflammation. INFLAMMATION, IMMUNITÉ ET MII Le mot « inflammation » est beaucoup utilisé, surtout si vous souffrez d’une MII. Mais de quoi s’agit-il en fait? L’inflammation est la réponse normale et naturelle de l’organisme à des facteurs comme les blessures, les infections (p. ex. celles causées par les bactéries et les virus), certains types de stress, la douleur, etc., bref, vous comprenez le principe. N’importe lequel de ces éléments déclencheurs produira une activité inflammatoire au site de la blessure, ainsi que dans votre système vasculaire (veines, artères, circulation sanguine) et votre système immunitaire. Lorsque l’inflammation se manifeste (peu importe la raison), les cellules présentes dans la zone considérée libèrent des substances chimiques appelées cytokines qui agissent comme un appel d’urgence 911. Surnommées les « messagers moléculaires », les cytokines transmettent des signaux pour aider l’organisme à composer avec la blessure au site considéré. Il s'ensuit, dans la zone, de l'enflure qui entraîne de la douleur et de la chaleur; c’est ce qu’on appelle l’inflammation. L’inflammation, à court terme, est nécessaire et essentielle afin que le site de la blessure puisse éliminer les tissus endommagés, se protéger contre d’autres blessures et se guérir. Pour des raisons que nous ne comprenons pas encore complètement, le système immunitaire n’arrive parfois pas à « éteindre » sa fonction après sa première réponse initiale. Une fois que la fonction est activée, elle refuse de se désactiver et la réponse inflammatoire, qui était à l’origine essentielle à la décomposition du tissu endommagé et à son élimination, se détraque et commence à attaquer les tissus sains. L’état qui en résulte est une affection connue sous le nom de maladie d’origine immunologique. Les MII, l'arthrite rhumatoïde et la sclérose en plaques, entre autres, sont des maladies de ce type. Les symptômes des MII sont associés à une inflammation continue dans le tube digestif et dans sa paroi interne. Des douleurs abdominales, de la diarrhée, des nausées, des vomissements et de la fatigue sont signe que le système immunitaire est détraqué et qu’il attaque du tissu sain. MÉDICAMENTS ANTI-INFLAMMATOIRES Plusieurs médicaments contre les MII sont prescrits pour maîtriser l’inflammation. On les appelle donc médicaments anti-inflammatoires. On peut les classer dans cinq types, ou catégories : 1. AMINOSALICYLATES • Généralement prescrits pour les attaques bénignes de MII • Aident à réduire le risque de récidive chez les personnes atteintes de colite ulcéreuse 2. GLUCOCORTICOÏDES (STÉROÏDES) • Prescrits pour les attaques allant de modérées à graves • Ne sont pas utilisés pendant de longues périodes ou pour la prévention des récidives 3. IMMUNOSUPPRESSEURS ET IMMUNOMODULATEURS • Utilisés pour les traitements de longue durée et pour aider à réduire l’utilisation des stéroïdes • Aident à prévenir les poussées actives de la maladie de Crohn • Inhibent la réponse immunitaire dans l’ensemble de l’organisme 4. ANTIBIOTIQUES • Parfois utilisés comme traitement principal à l’intention des patients atteints de la maladie de Crohn • Prescrits lorsqu’un patient souffre d’un abcès, de fistules ou d’une infection 5. TRAITEMENTS BIOLOGIQUES Nous aborderons les traitements biologiques en détail à la section suivante. Si vous désirez avoir plus d’informations sur les autres catégories de médicaments antiinflammatoires mentionnés plus haut, veuillez vous reporter à notre brochure intitulée : Santé sur ordonnance — La médication et les maladies inflammatoires de l’intestin. FONCTIONNEMENT DES TRAITEMENTS BIOLOGIQUES? Les médicaments biologiques approuvés actuellement pour le traitement des MII au Canada sont formulés pour cibler l’activité des cytokines, les messagers moléculaires du système immunitaire. Dans les cas des MII, les cytokines qui envoient un signal d’inflammation à court terme n’arrêtent jamais de transmettre des signaux d’alerte. En conséquence, une inflammation continue, ou chronique, survient et les tissus du tube digestif sont endommagés. Les traitements biologiques « parlent » à ces cytokines; ils les persuadent d’arrêter leur activité destructrice pour qu’ainsi la blessure puisse guérir. En termes plus techniques, une des cytokines, appelée facteur de nécrose tumorale alpha (ou TNF-alpha), joue un rôle essentiel dans le déclenchement de l’inflammation chez les personnes atteintes d’une MII. Les traitements biologiques bloquent lesdits signaux; ces médicaments sont donc, de manière non étonnante, connus sous le nom de traitements anti-TNF. Il existe d’autres types, ou catégories, de médicaments biologiques qui ciblent différentes activités de la réponse immunitaire et qui visent à atténuer l’inflammation, mais l’utilisation de ces traitements n’a pas été approuvée au Canada. Nous le mentionnons, car vous avez peut-être lu sur Internet des articles parlant d’autres traitements biologiques et aimeriez obtenir de l’information crédible à ce sujet. (Reportez-vous à la section « Ce que l’avenir me réserve » pour plus de détails.) TRAITEMENTS BIOLOGIQUES APPROUVÉSN Le tableau suivant décrit les différents traitements biologiques anti-TNF utilisés au Canada pour le traitement des MII, ainsi que leur méthode d’administration spécifique. NOM Nom générique : Adalimumab Nom commercial Humira Nom générique : Infliximab Nom commercial Remicade UTILISATION ADMINISTRATION Utilisé pour le traitement de la maladie de Crohn de modérée à grave chez les adultes. Il est également employé par les personnes qui n’ont pas bien répondu aux autres traitements. Par injection sous-cutanée Utilisé pour le traitement de la maladie de Crohn de modérée à grave chez les adultes, et pour le traitement de la maladie de Crohn chez les adultes qui présentent des fistules. Il est aussi employé pour le traitement de la colite ulcéreuse de modérée à grave chez les adultes et les enfants. *L’innocuité et l’efficacité de ce médicament n’ont pas été établies dans le cas des enfants de moins de 9 ans atteints de la maladie de Crohn et dans le cas des enfants de moins de 6 ans atteints de la colite ulcéreuse. Il est en outre utilisé chez les patients qui n’ont pas bien répondu aux autres traitements. Par voie intraveineuse COMMENT PRENDRE CES MÉDICAMENTS L’adalimumab peut être autoadministré par injection sous-cutanée, au moyen d’un dispositif d’injection semblable à l’EpiPen utilisé par les personnes qui souffrent d’allergies aux piqûres d’abeilles, ou d’une seringue pré-remplie, toutes les deux semaines. Si les patients le souhaitent, ils peuvent contacter le programme de soutien aux patients PROGRESS pour prendre rendez-vous avec une infirmière qui fera l’injection ou pour recevoir une formation à l’emplacement de leur choix. L’adalimumab doit être conservé au frais. Exceptionnellement, par exemple au cours d’un voyage, le médicament peut être conservé à la température ambiante (25 °C) pendant 14 jours maximum. Le produit doit être utilisé dans les 14 jours même s’il est remis au réfrigérateur, sinon vous devez le jeter. Les perfusions d’infliximab sont, la plupart du temps, administrées à une clinique BIOADVANCE sous la supervision d’une infirmière. Le dosage est fondé sur le poids du patient; ainsi, la dose varie d’un patient à l’autre. Une fois que le patient entame la thérapie d’entretien, les séances de perfusion par intraveineuse ont lieu environ toutes les huit semaines, chaque séance durant environ deux heures. Si vous prévoyez voyager pendant une période prolongée, votre coordonnateur BIOADVANCE peut vous aider à trouver une clinique dans la région où vous vous rendrez et vous aider à faire les arrangements nécessaires. Il vous est conseillé d’avoir une discussion ouverte avec votre médecin lorsque vient le temps de déterminer le traitement biologique le plus approprié pour vous et votre état. Il n’est pas conseillé de changer de traitement biologique si celui que vous prenez fonctionne bien dans votre cas; ainsi, il vaut mieux commencer par le traitement le plus approprié pour vous dès le début. Des programmes de soutien aux patients offrant différents degrés d’options de service sont également proposés par les sociétés pharmaceutiques qui fabriquent les traitements biologiques. Ces programmes comprennent une vaste gamme de mesures de soutien, y compris des services de coordination des injections ou des perfusions et la recherche d’options de remboursement de ces médicaments. EFFETS SECONDAIRES Nous ne voulons pas simplifier exagérément la situation, mais vous devriez être conscient qu’il y a des avantages et des risques reliés à la prise de chaque médicament. Du côté des avantages se situent les effets positifs qui visent à vous aider à mieux vivre avec votre MII. Du côté des risques se trouvent les effets secondaires que vous pourriez éprouver, qui sont indésirables, mais qui ne sont pas nécessairement imprévisibles. Lorsque vient le temps de prescrire un médicament, il faut évaluer soigneusement les avantages qu’il procure par rapport aux risques dont il est assorti. Si vous sentez que les effets secondaires sont difficiles à supporter et l’emportent sur les bienfaits du médicament, vous devriez en parler à votre médecin et convenir avec lui d’un autre dosage. Un équilibre doit être atteint pour que vous puissiez maîtriser vos symptômes tout en ayant une qualité de vie acceptable. Toutefois, n’arrêtez pas la prise de vos médicaments avant d’avoir consulté votre médecin et d’avoir discuté avec lui d’autres options, car cela pourrait entraîner des poussées actives de votre maladie. Les anti-TNP présentent un bon profil d’innocuité, mais comme tout médicament, ils peuvent causer des effets secondaires chez certains patients. En voici des exemples : • • • • • • • des rougeurs, des enflures, des ecchymoses et/ou des irritations au site d’injection ou de ponction intraveineuse; des éruptions cutanées sur d’autres parties du corps; des maux de tête; des infections des voies respiratoires supérieures; des frissons, de la fièvre et des douleurs musculaires; des nausées. des diarrhées. MISES EN GARDE La prise des médicaments anti-TNF a été associée à un risque minime, mais d’une gravité certaine. Ces médicaments peuvent activer une infection tuberculeuse concomitante chez les patients qui les prennent. En conséquence, les patients ne doivent pas commencer à prendre ces médicaments sans avoir subi un test pour la tuberculose, car si vous souffrez d’une tuberculose latente, les traitements biologiques pourraient potentiellement réactiver la maladie. Étant donné que les médicaments anti-TNF affaiblissent vos réactions immunitaires, des cas d’infections, dont certains graves, ont été signalés par des personnes prenant de tels médicaments. Si vous éprouvez tout symptôme associé à une infection générale comme de la fièvre, de la fatigue ou une toux, vous devriez communiquer avec votre médecin. Les personnes souffrant du VIH, du SIDA, de leucémie, d’un lymphome ou d’une insuffisance cardiaque, ou encore qui ont subi une greffe d’organes, ne sont généralement pas considérées comme de bons candidats pour la prise de médicaments anti-TNF. Dans de rares cas, les personnes qui prennent ces traitements biologiques ont contracté des maladies du sang, des maladies du système nerveux et un cancer du système lymphatique (lymphome). Même si ces cas sont extrêmement rares, ils surviennent toutefois plus fréquemment chez les patients prenant ces médicaments que dans la population générale. Par exemple, de quatre à six patients sur 10 000 ont contracté un lymphome en prenant un médicament anti-TNF comparativement à deux ou trois personnes sur 10 000 qui ne prenaient pas ces médicaments. QUE NOUS RÉSERVE L’AVENIR? Les chercheurs trouvent constamment de meilleures façons de traiter les MII. En fait, de nouveaux produits biologiques pour le traitement de la colite ulcéreuse et de la maladie de Crohn font actuellement l’objet d’une enquête ainsi que d’un examen par Santé Canada. Non seulement les chercheurs découvrent-ils de nouvelles approches thérapeutiques, mais en plus, ils s’affairent également à trouver de meilleures façons d’employer les médicaments déjà utilisés pour combattre la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse. Voici deux nouvelles approches actuellement utilisées pour le soin des patients : 1. INTENSITÉ DÉGRESSIVE PAR RAPPORT À INTENSITÉ PROGRESSIVE L’approche conventionnelle à l’égard de la prise en charge des MII consiste à utiliser des aminosalicylates et des stéroïdes comme première ligne de défense. Si l’effet de ces deux médicaments n’est pas concluant, la prise d’un médicament plus puissant, en l’occurrence des immunosuppresseurs, est conseillée. Si les résultats se font toujours attendre, il faut passer de nouveau à une puissance supérieure, en l’occurrence des traitements biologiques. Dans l’approche à intensité dégressive, un patient répondant à des critères particuliers commence par les traitements biologiques et les immunosuppresseurs dès le début de sa thérapie plutôt qu’en dernier recours. On mène actuellement des recherches visant à déterminer si cette façon de faire est plus efficace pour la santé à court et à long terme du patient atteint d’une MII. Si votre médecin est d’avis qu’une approche à intensité dégressive serait adaptée à votre situation, sachez que la couverture à l’égard des traitements biologiques varie d’un régime d’assurance-médicaments à l’autre au Canada. Adressez-vous à votre assureur ou votre spécialiste en matière de remboursement de frais médicaux pour connaître les exigences de votre régime d’assurance-médicaments et pour savoir si les médicaments associés à une approche à intensité dégressive seront couverts. 2. TRAITEMENT COMBINÉ Une autre idée intéressante de traitement qui est actuellement à l’étude consiste à combiner les immunosuppresseurs et les traitements biologiques. Chez certains patients, cette combinaison semble offrir une efficacité supérieure à celle que procurerait la prise de l’un ou l’autre de ces médicaments, seul. Nous voulons insister sur le fait que ces deux approches sont envisageables uniquement dans le cas de patients ayant fait l’objet d’un processus de sélection rigoureux et répondant à certains critères. Discutez avec votre gastroentérologue pour en savoir plus. 3. MÉDICAMENTS BIOLOGIQUES QUI NE SONT PAS APPROUVÉS POUR LE TRAITEMENT DES MII AU CANADA Un médicament biologique anti-TNF approuvé au Canada pour le traitement de l’arthrite rhumatoïde, mais non des MII, est le Certolizumab Pegol. Il est toutefois approuvé aux É. U. pour le traitement d’une maladie de Crohn de modérée à grave chez les adultes; il se peut donc que vous en entendiez parler de temps à autre. Les inhibiteurs du trafic leucocytaire, ou inhibiteurs sélectifs des molécules d’adhésion, constituent une autre catégorie de traitements biologiques. Ces traitements tentent de bloquer la voie qu’empruntent les cellules inflammatoires pour se rendre aux sites d’inflammation. Différentes approches en la matière sont actuellement à l’étude. Le natalizumab est l’un de ces traitements et il est approuvé aux États-Unis. Il est approuvé au Canada pour le traitement de la sclérose en plaques, mais pas des MII. NOUS SOMMES LÀ POUR VOUS La Fondation canadienne des maladies inflammatoires de l'intestin (FCMII) espère que cette brochure sur les traitements biologiques vous a été utile et qu’elle vous a éclairé sur les subtilités de cette génération de médicaments contre les MII relativement nouvelle. Comme vous l’avez vu, les médicaments biologiques offrent une toute nouvelle façon de traiter l’inflammation chronique dont souffrent les personnes atteintes de la maladie de Crohn et de la colite ulcéreuse. Nous avons espoir que les recherches en cours, qui offrent toujours de meilleures façons de traiter les MII, aboutiront un jour à la découverte d’un traitement curatif. En attendant, la FCMII organise des colloques éducatifs dans l’ensemble du pays pour vous renseigner sur une variété de sujets reliés aux MII. Vous pouvez obtenir plus de détails sur la FCMII et sur nos colloques éducatifs en visitant notre site au fcmii.ca et en vous inscrivant à notre bulletin électronique gratuit à l’adresse www.fcmii.ca/cran. Cette brochure est produite grâce à une subvention sans restrictions pour l’éducation de : La Fondation canadienne des maladies inflammatoires de l'intestin aimerait remercier Joan Heatherington, infirmière praticienne autorisée (EP), MN, spécialisée dans le domaine des maladies inflammatoires de l’intestin de l’Alberta Health Services et membre de l’ACNP, le Dr Anthony Otley, M.D., du Centre de soins de santé IWK, et le Dr Remo Panaccione, M.D., de l’Université de Calgary, pour l’expertise et les commentaires qu’ils ont partagés avec nous au cours de la rédaction de la présente brochure. www.fcmii.ca/Contacteznous 1 800 387-1479 Téléphone : 416 920-5035 Sans frais : 1 800 387-1479 Courriel : [email protected] No d’enregistrement d’organisme de bienfaisance : 11883 1486 RR 0001 Mars 2013 Fondation canadienne des maladies inflammatoires de l'intestin 600-60 St. Clair Avenue East, Toronto, ON M4T 1N5