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Henry James
Le Siège de Londres
et cinq autres nouvelles
volume 3
« L’Angleterre »
Minos
La Différence
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UN PÈLERIN PASSIONNÉ
I
Ayant l’intention de m’embarquer pour l’Amérique au
début du mois de juin, je décidai de passer les six semaines
qui me restaient en Angleterre, dont j’avais beaucoup rêvé et
dont je ne connaissais encore rien. J’avais conçu en Italie et
en France une nette préférence pour les vieilles auberges, estimant que ce qu’elles coûtaient parfois au corps malmené,
elles le remboursaient à l’esprit enchanté. À mon arrivée à
Londres, par conséquent, je m’installai dans certaine antique
hôtellerie loin à l’est de Temple Bar, au fond de ce que je
dénommais la cité johnsonienne. Là, le premier soir de mon
séjour, je descendis dans le petit coffee-room et commandai
mon dîner au génie du décorum, en la personne du serveur
solitaire. À peine avais-je franchi le seuil de cette salle que je
sentis que je fauchais le premier andain dans le blé doré de
mes « impressions » britanniques. Le coffee-room du RedLion, comme tant d’autres lieux et objets que j’étais destiné à
voir en Angleterre, semblait avoir attendu pendant de longues années, avec juste cette souffrance robuste que le temps
imprime sur le visage, que je vienne le contempler, ravi mais
non surpris.
La préparation latente de l’esprit américain aux traits
même les plus délectables de la vie anglaise était un fait que
je n’avais jamais vraiment éprouvé jusqu’au bout. Ses racines sont si profondément enfouies dans le sol vierge de notre
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culture de base que, sans quelque grande expérience bouleversante, il est difficile de dire exactement où, quand et comment il a commencé. Il fait que la joie que procure l’Angleterre
à un Américain est une émotion plus fatale et plus sacrée que
celle que procure, disons, l’Italie ou l’Espagne. J’avais vu le
coffee-room du Red-Lion des années auparavant, à la maison
– à Saragossa, dans l’Illinois – dans des livres, dans des visions, dans des rêves, dans Dickens, dans Smollett, et Boswell.
Il était petit, et subdivisé en six compartiments exigus par
une série de panneaux verticaux en acajou, un peu plus hauts
que la taille d’un homme, munis de chaque côté d’un étroit
rebord sans coussins, que la vieille Angleterre appelait un
siège. Dans chacun de ces casiers conçus pour dîner se trouvait une petite table, qui en pleine saison était censée accueillir
les nombreux représentants du quadruple appétit britannique.
Mais la pleine saison était terminée à jamais pour le RedLion. Il n’était plein que de souvenirs, de fantômes et d’atmosphère. Autour de la salle courait, à hauteur de poitrine,
un magnifique lambris d’acajou, tellement assombri par le
temps, et tellement poli par des frictions sans répit, qu’en
contemplant un moment sa brillante noirceur je pouvais imaginer distinguer les reflets persistants d’une assemblée de
gentlemen en perruque et en habit court, arrivant à peine
d’York par la diligence. Sur les murs jaune sombre, recouverts par les vapeurs du charbon anglais, du mouton anglais,
du whisky écossais, étaient accrochées une douzaine de gravures mélancoliques, estompées par l’âge – le cheval gagnant
du Derby de 1807, la banque d’Angleterre, sa Majesté la
Reine. Sur le sol était étendu un tapis turc – aussi vieux, presque, que l’acajou, que la banque d’Angleterre, que la Reine –
sur lequel le serveur avait laissé tellement de traces massives
de suie et renversé tellement de gouttes de bière que les
brillants ateliers de Smyrne ne l’auraient certainement pas
reconnu. Dire que je commandai mon dîner à cet être supé-
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rieur représente fort mal l’entreprise, étant donné qu’ayant
rêvé d’agneau et d’épinards, et d’une charlotte russe, je me
trouvai en pénitence devant une côtelette de mouton et un
gâteau de riz. Appuyant mes pieds à la traverse de ma petite
table de chêne, j’opposai à la séparation d’acajou derrière
moi cette vigoureuse résistance dorsale qui exprime la vieille
idée anglaise du repos. Le solide panneau refusa même de
craquer ; mais mes pauvres articulations Yankee pallièrent
cette déficience.
Tandis que j’attendais ma côtelette, entra dans la salle
une personne que je supposai être mon unique compagnon
d’hôtel. Il semblait, comme moi-même, s’être résigné aux
propositions du menu ; la table de l’autre côté de mon panneau était préparée pour le recevoir. Il s’approcha du feu, lui
présenta son dos, consulta sa montre, et jeta apparemment un
regard vers la fenêtre, mais en réalité vers moi. C’était un
homme d’un peu moins qu’un âge moyen et d’un peu plus
qu’une taille moyenne, quoiqu’on ne l’eût pas vraiment dit
jeune ni grand. Il était surtout remarquable par sa maigreur
excessive. Ses cheveux, très rares au sommet de sa tête, étaient
noirs, courts et fins. Ses yeux étaient d’un gris pâle et trouble,
en désaccord, peut-être, avec ses cheveux et ses sourcils sombres, mais pas tout à fait sans harmonie avec son teint blême
et bilieux. Son nez était délicat, aquilin ; au-dessous pendait
une fine et seyante moustache noire. Sa bouche, son menton
étaient minces, et d’un contour incertain ; sans doute pas vulgaire, mais faible ; et de fait, une faiblesse de gentleman,
froide, fatale, semblait exprimée par sa personne modérée.
Son œil était agité et désapprobateur ; toute sa physionomie,
sa façon de se balancer de tout son poids en marchant, l’affaissement sans esprit de sa tête, parlaient d’un épuisement
dans les desseins, d’une volonté relâchée. Sa tenue était nette
et soignée, avec une allure de demi-deuil. Je me décidai sur
trois points : il n’était pas marié, il était malade, et il n’était
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pas anglais. Le serveur s’approcha de lui, et ils murmurèrent
un moment sur un ton à peine audible. J’entendis les mots
« clairet », « sherry », avec une inflexion hésitante, et finalement « bière », avec une douce affirmation. Peut-être était-ce
un Russe déchu ; il me rappelait un certain type de Russes
que j’avais rencontré sur le Continent. Tandis que je pesais
ces hypothèses – car vous voyez que j’étais intéressé – apparut un petit homme animé, avec des cheveux brun-roux, un
nez vulgaire, un œil bleu perçant, et une barbe rousse, limitée
à sa mâchoire. Mon Russe impécunieux était toujours au milieu du tapis, son doux regard perdu dans le vague ; l’autre
s’avança vers lui, et de son parapluie donna un petit coup
badin sur la surface concave de son gilet mélancolique.
« Un penny et demi que je devine vos pensées, monsieur ! » dit le nouveau venu.
Son compagnon poussa une exclamation, ouvrit de grands
yeux, puis posa les deux mains sur ses épaules. L’autre tourna
vers moi un regard aigu, et me jaugea un instant. Je découvris
dans ce feu ardent que c’était un œil américain ; et, comme il
s’apprêtait avec son ami à s’asseoir à la table voisine de la
mienne, il sortit de la poche de son pardessus, en un aveu qui
me dispensait presque de l’avoir vu, trois journaux de New
York, qu’il posa près de son assiette. Mes compagnons entamèrent leur dîner, et je me rendis compte que, sans aucune
indiscrétion de ma part, une grande partie de leur conversation
passait par-dessus notre séparation, et mêlait sa saveur à celle
de mon repas frugal. Parfois ils baissaient le ton, comme pour
parler en secret ; mais, çà et là, j’entendais assez distinctement
une phrase pour devenir fort curieux du contenu de l’ensemble, et, de fait, pour réussir à le deviner enfin. Les deux voix
étaient perchées sur une clef que je n’avais pas oubliée, toutes
deux natives de notre atmosphère transatlantique ; elles semblaient tomber au milieu des tons assourdis du dialecte environnant comme des grincements de crécelle au milieu de
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roulements de tambour. C’étaient des voix américaines, mais
avec toutefois une différence ; et je n’eus aucune hésitation à
assigner la plus légère et la plus douce d’entre elles au pâle et
mince gentleman, que décidément je préférais à son camarade.
Ce dernier se mit à le questionner sur son voyage.
« Horrible, horrible ! J’ai été mortellement malade dès
l’heure où j’ai quitté New York.
– À vrai dire, vous avez l’air considérablement diminué,
déclara son ami.
– Diminué ! J’ai été au bord de la tombe. Je n’ai pas dormi
six heures en trois semaines. »
Cela fut dit avec une grande gravité.
« J’ai fait cette traversée pour la dernière fois, ajouta-t-il.
– Que diable dites-vous ? Vous avez l’intention de rester
ici pour toujours ?
– Ici ou ailleurs... Ce sera probablement un bref toujours. »
Il y eut un silence ; après quoi :
« Vous êtes le même joyeux luron, Searle ! Vous allez
mourir demain, hein ?
– Je le souhaite presque.
– Vous n’êtes pas amoureux de l’Angleterre, alors ? J’ai
entendu dire au pays que vous vous habilliez, que vous parliez, que vous agissiez comme un Anglais. Mais je connais
les Anglais, et je vous connais. Vous n’êtes pas l’un d’entre
eux, Searle, pas vous. Vous allez vous effondrer ici, mon
vieux ; vous allez vous effondrer, aussi vrai que je m’appelle
Simmons. »
À la suite de cela, j’entendis un brusque cliquetis, comme
la chute d’un couteau et d’une fourchette.
« Vraiment, vous êtes une créature d’un genre délicat,
Simmons ! J’ai erré toute la journée dans cette maudite cité,
prêt à pleurer de nostalgie, d’écœurement, de toutes sortes
possibles de malaises, et pensant, faute de mieux, que vous
prononceriez quelque syllabe d’encouragement et de récon-
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fort, que vous me donneriez quelque rayon d’espoir. M’effondrer ? Ne suis-je pas déjà effondré ? Je ne peux pas sombrer davantage, à moins de sombrer dans ma tombe. »
Mr Simmons parut avoir chancelé un instant sous cette
explosion de passion. Mais, juste après :
« Ne criez pas, Searle ! l’entendis-je dire. N’oubliez pas
le serveur. Je suis devenu suffisamment anglais pour cela.
Pour l’amour du ciel, ne nous laissons pas aller aux sentiments ! Les sentiments ne vous serviront à rien ici. Il vaut
mieux entrer dans le vif du sujet. Dites-moi en trois mots ce
que vous attendez de moi. »
J’entendis un autre mouvement, comme si le pauvre
Searle s’était affaissé dans son siège.
« Ma parole, Simmons, vous êtes inconcevable ! Vous
avez reçu ma lettre ?
– Oui, j’ai reçu votre lettre. Jamais de la vie je n’ai été
autant navré de recevoir quelque chose. »
À cette déclaration, Mr Searle grogna un juron, qu’il était
peut-être bon que j’eusse mal entendu.
« John Simmons, s’écria-t-il, quel démon s’empare de
vous ? Allez-vous me trahir ici, dans un pays étranger, vous
révéler un faux ami, une brute sans cœur ?
– Continuez, mon vieux, dit le robuste Simmons. Déversez tout. J’attendrai que vous ayez fini. Votre bière est très
mauvaise, lança-t-il au serveur. Donnez-m’en une autre.
– Pour l’amour de Dieu, expliquez-vous ! » cria Searle.
Il y eut un silence, au bout duquel j’entendis Mr Simmons
reposer sa chope vide avec emphase.
« Pauvre garçon morbide, reprit-il, je ne veux rien dire
qui vous fasse mal. Je vous plains. Mais vous devez me permettre de dire que vous avez agi comme un sacré idiot ! »
Mr Searle sembla avoir dû faire un effort pour se ressaisir.
« Ayez donc la bonté de m’expliquer quel était le sens de
votre propre lettre.
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– J’ai moi-même été idiot d’écrire cette lettre. C’est la
faute de mon infernale gentillesse active. J’aurais bien mieux
fait de vous laisser tranquille. Pour vous dire la simple vérité,
je n’ai jamais été autant horrifié de ma vie, que lorsque j’ai
découvert qu’au vu de cette lettre vous êtes venu ici chercher
votre fortune.
– Qu’espériez-vous que je fasse ?
– J’espérais que vous attendriez patiemment que j’aie fait
davantage d’investigations et que je vous écrive de nouveau.
– Et vous avez fait davantage d’investigations, à présent ?
– Des investigations ? J’ai fait des assauts !
– Et vous découvrez que je n’ai aucun droit ?
– Aucun droit qu’on puisse appeler un droit. J’ai cru
d’abord que vous en aviez un fameux. J’avoue que l’idée m’est
venue...
– Grâce à votre absurde bienveillance ! »
Mr Simmons sembla un moment éprouver des difficultés à avaler.
« Votre bière est imbuvable, dit-il au serveur. Donnezmoi du cognac. Allons, Searle, reprit-il, ne me défiez pas dans
l’art des débats, sinon je vais vous remettre à votre place. La
gentillesse, comme je l’ai dit, était une partie de l’affaire. La
réflexion que si je menais la chose à bien, cela ferait une jolie
plume à mon chapeau et pas mal de pennies dans ma bourse,
était une autre partie de l’affaire. Et la satisfaction de voir un
pauvre rien du tout de Yankee marcher tête haute dans un
vieux domaine anglais y faisait beaucoup. Ma parole, Searle,
quand j’y pense, je souhaite de tout mon cœur que, génie
fantasque comme vous êtes, vous y ayez droit, pour la simple
beauté de la chose ! Peu m’importe ce que vous ferez de cette
maudite propriété si vous l’obtenez. Je pourrais vous la laisser traiter à la façon Yankee... la jeter par les fenêtres, comme
on dit ici. J’aimerais vous voir la piétiner et jeter sa poussière
sacrée en plein dans leurs visages.
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– Vous ne me connaissez pas, Simmons ! dit Searle pour
toute réponse à cette amère bénédiction.
– Je serais très heureux de penser que je ne vous connais pas, Searle. Je n’ai pas été pour peu dans vos ennuis.
J’ai consulté de force trois hommes de premier plan. Ils ont
souri à l’idée. J’aurais aimé que vous voyiez le sourire négatif d’une de ces grosses têtes londoniennes. Si votre titre
était écrit en lettres de feu, il n’aurait pas supporté le souffle
d’une grimace de ce genre. J’ai sondé en personne le notaire de votre distingué parent. Il paraissait s’être d’une certaine manière prévenu ou armé d’avance. Il semble que votre
frère George, il y a une vingtaine d’années, ait tâté le terrain. Ainsi vous ne pouvez même pas revendiquer la gloire
de les avoir effrayés.
– Je n’ai jamais effrayé personne, dit Searle. Je ne vais pas
commencer aujourd’hui. J’aborderai le sujet en gentleman.
– Eh bien, si vous voulez tant que cela agir en gentleman,
vous avez là une occasion majeure. Supportez votre déception en gentleman. »
J’avais fini mon dîner, et je commençais à être vivement
intéressé par les droits mystérieux de Mr Searle ; tellement
intéressé qu’il était contrariant d’entendre ses émotions reflétées dans sa voix sans les observer sur son visage. Je quittai ma place, m’approchai du feu, pris le journal du soir, et fis
de son écran un poste d’observation.
L’avocat Simmons entreprenait de choisir une belle côtelette dans le plat – entreprise qui consistait à piquer et
farfouiller beaucoup avec sa propre fourchette. Mon compatriote désillusionné avait repoussé son assiette ; il appuyait
ses coudes sur la table, en frottant tristement de ses mains
ses tempes douloureuses. Son compagnon le fixa un moment, avec une sorte de tendresse, me sembla-t-il ; mais je
me demandai si c’était sous l’action de la pitié ou de la bière
et du cognac. Alors, me prenant, je pense, pour un imposant
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autochtone, il déclara, par égard pour moi, à voix basse et
sur un ton quelque peu pompeux :
« Je vous dirai, Searle, que, dans ce pays, c’est l’inestimable privilège d’un citoyen loyal, quelle que soit la pression de ses joies ou de ses peines, de mettre un point d’honneur
à avaler son dîner. »
Searle repoussa un peu plus loin son assiette, avec dégoût.
« Tout peut arriver, maintenant, dit-il. Je m’en soucie
comme d’une guigne.
– Vous devriez vous en soucier. Prenez une autre côtelette, et vous devrez vous en soucier. Buvez un cognac. Suivez mon conseil. »
Searle lui jeta un regard, d’entre ses deux mains.
« J’ai assez suivi vos conseils ! dit-il.
– Suivez-les encore un peu, dit plus doucement Simmons,
et je ne vous ennuierai pas davantage. Qu’avez-vous l’intention de faire ?
– Rien.
– Oh, allons !
– Rien, rien, rien !
– Rien d’autre que de mourir de faim ? Où en sont vos
finances ?
– Pourquoi me demandez-vous cela ? Je m’en moque.
– Mon cher ami, si vous voulez me pousser à vous proposer vingt livres, vous vous y prenez bien maladroitement.
Vous venez de dire que je ne vous connaissais pas. C’est très
possible ! Il n’y a peut-être pas une énorme différence entre
vous connaître et ne pas vous connaître. En tout cas, vous ne
me connaissez pas. Je voudrais que vous rentriez chez vous.
– Je ne rentrerai pas chez moi ! J’ai traversé l’océan pour
la dernière fois.
– Que se passe-t-il ? Avez-vous peur ?
– Oui, j’ai peur ! “Je te remercie, Juif, de m’apprendre ce
mot !”
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– Vous avez plus peur de partir que de rester ?
– Je ne vais pas rester, je vais mourir.
– En êtes-vous tellement sûr ?
– On peut toujours être sûr de ça. »
Mr Simmons sursauta et ouvrit de grands yeux.
« Ma parole, dit-il, on dirait que la Mort a fixé le jour !
– Nous l’avons fixé entre nous. »
C’en était trop, même pour la morale facile de Mr Simmons.
« Écoutez, Searle, je suis moins sourcilleux qu’un autre,
mais si vous vous mettez à blasphémer, alors je m’en lave les
mains. Si vous consentez à rentrer avec moi par le vapeur du
23, je paie votre retour. Et plus que ça, je paierai votre note de
vin. »
Searle réfléchit.
« Je crois que je n’ai jamais rien décidé de ma vie, dit-il,
mais j’ai le net sentiment d’avoir décidé ceci : je reste ici jusqu’au moment de m’en aller pour un monde plus nouveau
que notre pauvre vieux Nouveau Monde. C’est un étrange
sentiment... il me plaît assez ! Que ferais-je au pays ?
– Mais vous avez dit à l’instant que vous aviez la nostalgie du pays.
– Je l’avais, en effet... l’espace d’un matin. Mais n’ai-je
pas eu toute ma vie la nostalgie de l’Europe ? Et maintenant
qu’elle est entre mes mains, vais-je la relâcher ? Je vous suis
très reconnaissant de votre offre. Mais j’ai assez pour l’instant. J’ai sur moi l’équivalent d’environ quarante livres en or
britannique et de la même somme, disons, en vitalité Yankee.
L’ensemble durera autant que moi ! Quand il sera épuisé, ma
tête reposera dans quelque cimetière anglais, près d’un clocher couvert de lierre, sous un if anglais. »
J’avais ainsi jusque là distinctement suivi le dialogue ;
mais, à ce point précis, le patron entra et, me priant de l’excuser, suggéra que le n° 12, une chambre de première catégorie, venant d’être libéré, cela lui ferait plaisir que je etc. Le
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sort du n° 12 ayant été décrété, je reportai mon attention sur
mes amis. Ils s’étaient levés ; Simmons avait mis son pardessus ; il lustrait son chapeau noir usé avec sa serviette.
« Avez-vous l’intention de visiter les lieux ? demanda-t-il.
– Peut-être. J’en ai tellement rêvé que j’aimerais les voir.
– Allez-vous rencontrer Mr Searle ?
– Dieu m’en garde !
– Une idée m’est venue, poursuivit Simmons avec le séduisant sourire de Méphistophélès jouant un tour. Il y a une
miss Searle, sœur du vieil homme.
– Et alors ? dit l’autre en fronçant les sourcils.
– Eh bien, mon vieux ! Supposez qu’au lieu de mourir,
vous vous mariiez ! »
Mr Searle haussa les épaules en silence. Simmons lui
donna une tape sur l’estomac.
« Enrobez-moi d’abord un peu ces côtes saillantes ! »
Le pauvre gentleman devint cramoisi, et ses yeux s’emplirent de larmes.
« Vous êtes une sale brute », dit-il.
La scène était pathétique. Je fus empêché d’en voir la
conclusion par la réapparition du patron, au sujet du n° 12. Il
insista pour que j’allasse inspecter les lieux. Une demi-heure
plus tard, je cahotais dans un cab en direction de Covent Garden, où j’entendis Mme Bosio dans le Barbier de Séville. À
mon retour de l’opéra, j’entrai dans le coffee-room, en espérant vaguement pouvoir jeter un autre coup d’œil sur
Mr Searle. Je ne fus pas déçu. Je le trouvai assis devant le
feu, le menton sur la poitrine, plongé dans la stupeur miséricordieuse d’un sommeil tardif. Je l’observai un moment. Son
visage, pâle et affiné dans la faible lumière de la lampe, me
frappa par son air de délicatesse impuissante, désemparée.
On dit que la fortune vient en dormant. Debout devant lui, je
me sentais assez bienfaisant pour être la fortune du pauvre
Mr Searle. En m’en allant, j’aperçus au milieu des ombres
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des petites stalles que j’ai décrites le serveur solitaire toujours en habit, veillant en somnolant sur mon ami, et laissant
un moment de côté le fardeau de son service. Je m’attardai un
instant à la porte de la vieille cour de l’auberge où, autrefois,
les diligences et les chaises de poste manœuvraient et se déchargeaient. Au-dessus de l’enclos des galeries supérieures,
d’où des pensionnaires nonchalants, des femmes de chambre
chiffonnées, et toute la domesticité pittoresque d’une antique
taverne avaient dû contempler les grandes entrées et les grandes sorties du petit drame des voyages, je distinguai le scintillement rougeâtre et lointain des constellations londoniennes.
Au pied de l’escalier, enchâssée dans la niche lumineuse de
son bar bien installé, la patronne sommeillait comme une idole
parmi ses cuivres et ses plats votifs.
Le lendemain matin, ne trouvant pas dans le coffee-room
l’objet innocent de ma bienveillante curiosité, j’appris du serveur qu’il s’était fait monter son petit déjeuner au lit. Je n’étais
pas encore prêt à le poursuivre dans cet asile. Je passai la
matinée à courir dans Londres, essentiellement pour des affaires, mais glanant au passage plus d’une vive impression de
son énorme intérêt métropolitain. Sous les noirs et les gris
maussades de ce vénérable monde civique, l’esprit américain
affamé détecte les couleurs magiques des associations. Toutefois, comme l’après-midi approchait, mon cœur impatient
se mit à exiger de la verdure ; c’était aux prairies anglaises
que j’avais surtout rêvé. Réfléchissant aux célébrités périphériques, je me décidai pour Hampton Court. La journée
était d’autant plus propice qu’elle répandait juste cette lumière diffuse et subaquatique qui s’étend si tendrement sur le
paysage anglais.
Au bout d’une heure, j’étais à me promener à travers les
pièces innombrables du grand château. Elles se suivent l’une
l’autre en une série infinie, sans grande variété d’intérêt ou
d’aspect, mais avec une sorte de monotonie royale, et une
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belle saveur spécifique. Elles correspondent très exactement
à des heures diverses. On passe des grandes peintures et des
grands lambris des chambres à coucher, penderies, antichambres, salons, salles du conseil, aux appartements du roi, de la
reine, du prince, jusqu’à avoir l’impression de progresser à
travers les heures et les étapes fixes de quelque pompeuse
journée monarchique. D’un côté se trouvent les vieilles tapisseries monumentales, les vastes lits à baldaquin froids et
ternis, la zone où le roi était dévêtu étant attestée par une
balustrade dorée, et les grandes cheminées béantes et sculptées, où les courtisans en attente ont dû réchauffer leurs chevilles fatiguées ; de l’autre côté, dans de profonds recoins,
les immenses fenêtres, les embrasures encadrées et drapées
où le souverain chuchotait et les favoris souriaient, en regardant à l’extérieur les jardins en terrasse et les clairières
brumeuses de Bushey Park. Les murs sombres sont sévèrement décorés de sombres portraits de personnes attachées à
la Cour et à l’État, plus particulièrement de divers membres
de l’entourage* d’allure hollandaise de Guillaume d’Orange,
restaurateur du palais ; et d’une bonne quantité, aussi, de modèles à gorge de lys de Lely et de Kneller. La tonalité d’ensemble de cet intérieur longuement étiré est immensément
terne, prosaïque, et triste. Les teintes de toutes choses ont
sombré dans un brun froid et mélancolique, et le grand vide
palatial ne semble pas avoir de plus solide locataire qu’une
sorte d’âcreté glaciale et odorante. Je paraissais être l’unique
visiteur. J’entrais en communion sans partage avec le génie
formel de l’endroit. Pauvres rois mortels ! vaines illusions de
la royauté ! Cela, ou quelque chose de ce genre, formait le
contenu de mes réflexions murmurées. Elles furent soudain
interrompues par la vue d’une personne contemplant dévote1. Les expressions en italique suivies d’un astérisque sont en français
dans le texte.
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ment une comtesse minaudière de sir Peter Lely. En entendant mes pas, cette personne tourna la tête, et je reconnus
mon compagnon de l’auberge du Red-Lion. Je fus apparemment tout autant reconnu ; dans son regard, je discernai un
désir d’ouverture. Voyant bientôt que j’avais un catalogue, il
me demanda le titre du portrait. Comme je le lui indiquai, il
me demanda timidement si cette dame me plaisait.
« Eh bien, dis-je sans doute pas assez timidement, j’avoue
qu’elle me paraît d’une exécution plutôt superficielle. »
Il resta silencieux, et un peu mortifié, je pense. Comme
nous nous éloignions, il glissa de côté un regard d’adieu à sa
coquine de bergère. Se trouver face à face avec lui était ressentir vivement qu’il était faible et intéressant. Nous parlâmes de notre auberge, de Londres, du château ; il exprimait
abondamment ses pensées, mais il semblait se débattre sous
le poids de la dépression. Son esprit était assez simple, sans
grande culture, supposai-je, mais avec une certaine grâce innée qui attirait. Je présageai que je trouverais en lui un véritable Américain, plein de cette fusion déconcertante de
raffinement et de crudité qui caractérise l’esprit Yankee. Ses
perceptions, je le devinai, étaient délicates ; ses opinions probablement frustes. Comme je lui dis que moi aussi j’étais américain, il s’arrêta net et sembla envahi par l’émotion : alors,
glissant en silence son bras sous le mien, il me permit de le
guider à travers le reste du palais, jusqu’aux jardins. Une vaste
terrasse de gravier s’étend devant le rez-de-chaussée du château, au soleil de l’après-midi. Une partie de l’édifice est réservée à une série d’appartements privés, occupés par des
pensionnaires de l’État, à des dames dans le besoin bénéficiant des générosités de la Reine, et autres personnes méritantes. Plusieurs de ces appartements jouissent d’un petit jardin
privé ; et, çà et là, entre leurs murs couverts de verdure, on a
un aperçu de ces sombres placards horticoles. Mon compagnon et moi fîmes de nombreuses allées et venues sur ce spa-
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cieux niveau, jetant un regard sur l’antique géométrie du jardin bas et sur la tapisserie massive des vignes et des fleurs
qui emmitoufle les fondations rouges et énormes. Je songeai
à diverses images de la distinction du vieux monde, qui, jadis
et naguère, avait dû arpenter cette antique terrasse et y éprouver la quiétude protectrice du palais solennel. Au travers d’un
grillage fermant un des petits jardins privés, nous vîmes une
vieille dame avec une mantille noire sur la tête, une carafe
d’eau dans une main et une béquille dans l’autre, s’avancer,
suivie par trois petits chiens et un chat, pour arroser une plante.
Elle avait une opinion, imaginai-je, sur les vertus de la Queen
Caroline. Il y a dans la vie peu de sensations aussi exquises
que celle de se trouver avec un compatriote dans un pays
étranger et d’absorber jusqu’au fond de la conscience la saveur nouvelle de l’air et le pittoresque tonique des choses. Ce
goût commun pour la couleur locale fait de deux inconnus
des camarades. Mon compagnon paraissait oppressé par une
vague stupeur. Il jetait sur la scène un regard ébahi, appuyé,
inquisiteur, et doucement renfrogné. Son attention amusée
semblait lui faire du mal. Il proposa enfin que nous dînions
dans les environs et que nous prenions le dernier train pour
Londres. Nous traversâmes les jardins jusqu’au village voisin, où nous trouvâmes une excellente auberge. Mr Searle s’assit à table sans apparemment manifester de grand intérêt pour
le repas mais, prenant peu à peu du cœur à l’ouvrage, il déclara au bout d’une demi-heure que pour la première fois depuis un mois il se sentait de l’appétit.
« Vous êtes souffrant ? demandai-je.
– Oui, répondit-il, désespérément souffrant ! »
Le petit village de Hampton Court se serre près de la
vaste entrée de Bushey Park. Après que nous eûmes dîné,
nous longeâmes la perspective voilée de la grande allée de
marronniers. Il y a une grande émotion, familière à tout voyageur intelligent, dans l’accomplissement par l’esprit, avec une
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grande palpitation passionnée, de la synthèse magique de ses
impressions. On ressent l’Angleterre ; on ressent l’Italie. La
réflexion instantanée est extraordinairement poignante. Je
l’avais éprouvée de temps en temps en Italie, et je lui avais
ouvert mon âme comme à l’Esprit Saint. Depuis mon arrivée
en Angleterre, j’attendais qu’elle arrive. Une bouteille d’excellent bourgogne au dîner avait peut-être déverrouillé les
portes des sens ; elle arrivait maintenant d’un pas conquérant. Le décor autour de moi était exactement l’Angleterre de
mes rêves. Loin devant nous, parmi les teintes profondes des
floraisons de ses jardins réguliers, le château rouge sombre,
avec ses crêtes rigides et ses fenêtres vacantes, semblait parler d’un passé fier et splendide ; le petit village niché entre le
parc et le palais, autour d’une pelouse communale, avec sa
taverne d’un bon ton, son église au clocher couvert de lierre,
son presbytère, offrait à mon imagination moderne le vague
aspect d’un hameau féodal. C’était dans cette lumière sombre et composite que j’avais lu toute prose anglaise ; c’était
cet air doux et moite qu’avaient exhalé les vers des poètes
anglais ; ces larges arpents de gazon trempé de pluie honoraient un millier de morts d’une vénérable sépulture.
« Eh bien, dis-je à mon ami, je pense qu’il n’y a aucun
doute sur le fait que ce soit là l’Angleterre. On peut l’aimer
ou non, mais elle est manifeste ! Aucune évidence plus intense ni plus opiniâtre ne peut s’imposer à un touriste réceptif. Cela me serre la gorge ! »
Searle se taisait. Je le regardai ; il leva les yeux vers le
ciel, comme s’il attendait quelque signe des éléments.
« À moi aussi, dit-il, elle s’impose ! »
Puis, avec un sourire forcé :
« Dieu me donne la force de la supporter !
– Ô monde puissant, m’écriai-je, de comporter à la fois
une Italie si rare et une Angleterre si vaillante !
– Pour ne rien dire de l’Amérique, ajouta Searle.
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– Oh, répondis-je, l’Amérique est un monde à elle seule !
– Vous avez sur moi l’avantage, reprit mon compagnon
après une pause, de venir à tout cela avec un œil éduqué.
Vous connaissez déjà l’ancien. Je ne l’ai jamais connu que
par ouï-dire. J’ai toujours imaginé que je l’aimerais. Chez
moi, à ma petite façon, voyez-vous, j’ai tâché de m’en tenir à
l’ancien. Je dois être conservateur par nature. Les gens, chez
moi... peu de gens... me traitaient de snob.
– Je ne crois pas que vous soyez snob, me récriai-je. Vous
avez l’air trop aimable. »
Il sourit mélancoliquement.
« Nous y voilà ! dit-il. C’est la vieille histoire ! Je suis
aimable ! Je sais ce que cela signifie ! Je suis trop stupide
même pour être snob ! Si je l’étais, je serais probablement
venu plus tôt à l’étranger... avant... avant... »
Il s’arrêta, et son menton tomba tristement sur sa poitrine.
La bouteille de bourgogne avait délié sa langue. Je sentis
qu’apprendre son histoire n’était qu’une question de temps.
Quelque chose me disait que j’avais gagné sa confiance et
qu’il allait se livrer.
« Avant que vous n’ayez perdu votre santé, repris-je.
– Avant que je n’aie perdu ma santé, répondit-il, et mes
biens... le peu que j’avais. Et mon ambition. Et mon estime
pour moi-même.
– Allons ! dis-je. Vous allez retrouver tout cela. Ce climat anglais tonique va vous remettre en forme en un mois. Et
avec le retour de la santé, le reste reviendra. »
Il resta songeur, les yeux fixés au loin sur le château.
« Tout s’en est allé trop loin... en particulier mon estime personnelle ! J’aimerais être un vieux monsieur distingué, pensionné ici dans un appartement du palais, et passant
mes journées à errer dans ces lieux classiques. J’irai chaque
matin, au lever du soleil, dans cette longue galerie où sont
exposées les jolies femmes de Lely... je sais que vous les
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méprisez !... à marcher de long en large en leur faisant des
compliments. Pauvres créatures précieuses et abandonnées !
Tellement flattées et courtisées en leur temps, tellement négligées de nos jours ! Offrant leurs épaules, leurs frisettes et
leurs sourires à cette inexorable solitude ! »
Je tapotai le dos de mon ami.
« Vous serez bientôt de nouveau vous-même », dis-je.
Juste à ce moment, apparut au petit galop dans l’étroite
clairière de l’allée une jeune fille sur un beau cheval noir –
une de ces ravissantes élégantes en fleur, au maintien et à
l’équipement parfaits, qui forment pour des yeux américains
le plus charmant incident dans un décor anglais. Elle avait
distancé sa suivante, et, arrivant à notre niveau, elle tourna
légèrement sur sa selle, et baissa les yeux sur nous. Dans le
mouvement, elle laissa tomber son fouet. Retenant son cheval, elle jeta vers le sol un regard d’inquiétude féminine.
« Voici quelque chose de mieux qu’un Lely », dis-je.
Searle se précipita, ramassa le fouet et, ôtant son chapeau
avec un air de dévouement, le tendit à la jeune fille. Palpitante
et rougissante, elle se pencha, le prit avec un doux murmure de
gratitude, et aussitôt après se remit à bondir sur le gazon élastique. Lorsque Searle tourna de nouveau son visage vers moi, je
vis qu’il était enflammé d’une violente rougeur.
« Je doute que vous soyez venu trop tard à l’étranger »,
dis-je en riant.
À courte distance de l’endroit où nous nous tenions se
trouvait un vieux banc de pierre. Nous allâmes nous y asseoir
et contemplâmes la brume légère qui tournait à un or sombre
dans les rayons du soleil du soir.
« Nous devrions penser au train de retour pour Londres,
je suppose, dis-je enfin.
– Oh, au diable le train ! dit Searle.
– Volontiers ! Il ne saurait y avoir de meilleur endroit que
celui-ci pour éprouver la magie d’un crépuscule anglais. »
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DU MÊME AUTEUR aux éditions de la différence
ŒUVRES COMPLÈTES
1. Nouvelles, 1864-1875, 1990 ; 2e éd. 2010.
2. Nouvelles, 1876-1888, 1992.
3. Nouvelles, 1888-1896, 2008.
4. Nouvelles, 1896-1910, 2009.
MINOS
« Reverberator », roman, 2003.
Une vie à Londres, roman, 2003.
L’Autre Maison, roman, 2005.
Heures italiennes, chroniques, 2006.
Esquisses parisiennes, chroniques, 2006.
Le Sens du passé, roman, 2007.
La Scène américaine, chroniques, 2008.
INTÉGRALE DES NOUVELLES EN 12 VOLUMES / MINOS
traduit de l’anglais, organisé et présenté par Jean Pavans
1. « La France », La Maîtresse de M. Briseux, 2010.
2. « L’Italie », Les Papiers d’Aspern, 2010.
3. « L’Angleterre », Le Siège de Londres, 2011.
4. « L’Amérique », Une tournée de visites, 2011.
5. « Affaires transatlantiques », Le Point de vue, 2011.
6. « La vie littéraire », Le Motif dans le tapis, 2011.
© SNELA La Différence, 30, rue Ramponeau, 75020 Paris, 2011.
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