Ossian. Poesies galliques
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Ossian. Poesies galliques
O'^'k '. . /• -' O s s I A N. POESIES GAELIQUES EN VERS FRANÇAIS. OSSIAN. POESIES GAELIQUES EN VERS FKANÇAIS. PAR BAOUR-LORMIAN. A PARIS, DE L'IMPRIMERIE DE A.U P. DIDOT L AINE, LOUVRE, GALERIES, II" 3. f^OO A JOSEPH-DESPAZE. Vous place : n'occupez aucune grande mais vous avez tre Satires ; cevez ce travail gnage de de fait les Qua- vous aimez Ossian; mon mon amitié. comme un estime et , un re- témoitribut DISCOURS PRÉLIMINAIRE. JLi E hymnes d'un chantre sauvage s se sont conservés jusqu'à nous. Quinze siècles ont respecté ce te , monument, mais majestueux , irrégulier sans dou- mais hardi comme la nature du Nord. Les Français lisent Ossian ils admirent son génie brut fortes lui , sa touche sombre ; et cependant reprochent des incohérences titions. Qu'en faut second traducteur , rien ce , me ils des répé- -il conclure contre ? : ses couleurs , son semble. Les chants du Barde étoient encore inconnus parmi nous lorsque Letourneur les publia. Cet écrivain dut les offrir à notre nation dans leur état primitif, qu'il les avoit reçus comme une mine ploiter tout ; il qu'il entière , ou du moins dut les falloit tels considérer d'abord ex- pour séparer ensuite DISCOURS 8 du l'alliage métal. Mais ce qui fut plume une utile fidélité sous sa ma n'eût été de , part qu'une aveugle condescendance. Aussi pas n'ai-je choisis il ; le même plan. conserva tout et je tâche d'atténuer ses défauts, sans difier en rien ses Malgré traits Mes encore. , mo- caractéristiques. beaucoup de gens, certains cela, littérateurs sur-tout fait Il et je , voulut faire connoître Ossian il ; sur travaillé traduisit, et j'imite penseront que , j'ai trop vers, cités à leur tribunal, n'y seront pas plus heureux que la prose de Letourneur. Ils désordre la de m'en de et affliger. y trouveront aussi du monotonie. Je suis loin Mon modèle n'eût plus été lui, si j'avois totalement fait disparoître ses imperfections. Elles sont inhérentes à son ou- vrage qui ; elles tiennent aux lieux les virent naître. arts et séparé du reste au milieu des frimas du chaos. les ; les et pertes ses qu'il aux climats du monde chante pour ainsi dire , , , La nature qui fre sans cesse à , Ossian, étranger aux l'environne yeux des monts fait dans les of- stéri- combats PRELIMINAIRE. son anie affligent sans cesse que ce qu'il voit il , 9 et : il ne peint n'exprime que ce qu'il sent. Détruisez l'uniforraité, l'irrégularité ses tableaux ; de sa morale poète de du < « ; de maximes simples vous aurez presque un et cour d'Auguste un philosophe , dix -huitième siècle. Dans « « la ajoutez aux ne ce cas falloit pas reproduire à l'oublier çoit perdoit rien me diront ses détracteurs , le , : ou paroit injuste et très ; , il on commen- notre littérature n'y peu de chose Tout ». dans cette assertion je : y répondre par quelques détails cinq ans d'examen m'en donnent peut-être le vais ; droit. Sans doute Ossia7i se répète. Mais ne nous répétons-nous pas dans nos poésies descriptives ? nos sites champêtres n'y sont -ils pas éternellement mis à contribution controns-nous pas à chaque page les troupeaux, zon , la les ruisseaux, le ? les n'y ren- bergers zéphyr, le ga- rose? Et, puisque nous tolérons ces peintures , qui certes n'ont pas pour elles le charme de la nouveauté , jiourquoi ne pardon DISCOURS lO nerions-nous pas au poète écossois ses torrents ses neiges , , dise la prévention ses bruyères genres n'a pas tous ? Quoi qu'eu premier de ces deux le , les avantages. L'un re- yeux l'autre , ce que nous n'avons jamais vu celui là procure aux sens des émotions douces celuitrace ce qui est sous nos ; - : ; ci l'ame élevé , lutter contre le vicissitudes de il la fortifie malheur si le il la l'habitue à prépare aux vie par le spectacle la <lésordre des éléments. que , il , Observons barde emploie les du' d'ailleurs mêmes images plus souvent que les peintres français raconte aussi beaucoup plus qu'eux , , il et brise l'uniformité de ses descriptions par la variété de ses récits. Lorsqu'il a ses chants les objets le touche il évoque périls , il , rassemblé dans inanimés dont l'attrait ou dont l'horreur l'épouvante les héros énumere , il les suit leurs exploits au sein des , il raconte de quelle manière leur valeur a succombé, et se poète montre , ainsi et historien. tour - à - tour peintre D'un autre côté faut d'ordre se feroit peut-être le , dé- moins sen- PRELIMINAIRE. tir dans ses ouvrages, , II M. Macpherson, nord de l'Ecosse en. et les isles Ebri- n'eût recueilli dans la bouche des mon- visitant le des si tagnards tout ce qui sembloit au premier coup-d'œil porter l'empreinte de l'Homère écossois. Plusieurs journalistes étrangers reprochèrent dans lui temps le tenté de croire qu'ils n'eurent pas tort qu'on examine de près rope doit à fait la collection ses recherches. le et l'on seroit ; Non, , lors- que l'Eu- celui qui a Minona, Carthon, Témora, Lor?na etc., ne peut être auteur de Catloda et , de Fingal. Ces derniers poèmes sont un long tissu d'incohérences idées se lient sont bien ménagées progressive. le barde et ; comme On dans les faits , en premiers naturelle. ou qu'on lui ait attribué Il les les les transitions marche analysant en main méthode , , l'intérêt suit la , voit tient toujours ses successeurs les le fil , que de la faut nécessairement, ou que quelques essais de ses propres chants aient subi de grandes altérations ; ce qui est encore plus présumable après une durée de quinze siècles. Quoiqu'il en soit, ses détrac- DISCOURS xa t€urs veulent faire entendre qu'il ne sait ja- mais ni d'où che est celle pas outrer l'éloge sian étonne à ges , il , va; et sa mar- aussi sûre que de nos bons auteurs. En un mot on le où vient, ni il souvent aussi directe par la outre le mais ; par la fois blâme : pompe la grandeur des sentiments charme des ne veux je qu'Oj- je dois dire des ima- attentivement ses tableaux, on s'oublie transporte dans voit le les par et , Lorsqu'on examine fictions. , on contrées qu'il habita mont escarpé , pin solitaire le , la , se ou som- bre forêt; on entend l'aboiement du dogue, le cri rent , de l'aigle ; on marche au fracas du tor- aux lueurs de avec l'illusion finit pas avoir lu : il la la tempête ; et , quand peinture, on ne croit semble qu'on Quoi de plus pur que sa ait rêvé. morale ? Quel hé- ros de l'antiquité l'emporte sur lui en affections louables Que fait mes , rier ? - il , en dévouement magnanime lorsqu'un roi , lai offre sa fille éprise Il aonce à surprend le secret ses droits; et, ? sauvé par ses ard'un autre guer- de celle-ci, re- quoique sensible à ses PRÉLIMINAIRE. au brave attraits, l'unit nemi qui le défioit , abattu? au lieu de tend ma la l'étranger superbe est-il donner lui Mathos main. 1^ qu'elle aime. L'en- mort, la avec l'épouse qu'il a ravie en violant , arme Fingal d'un front l'hospitalité ? vère , il prête des accents terribles cuse , il lui lui il rentre- 1- il dans Sel- il épouvante meurtrier de son , il fils accable , le ; il sé- ac- ravisseur. l'assassin Le de son cher demande - 1 - il ]îar l'organe de du palais des vents? aux soupirs de son ombre plaintive il oublie ses Oscar lui , Cathmor , attentats et fait Il , l'entrée chanter son ne croit jamais que la droit de s'étendre au-delà prise l'humanité tant que dans les rils et , , ait le du tombeau. Il la piété, presque au- quoiqu'il se joue des pé- , ne connoisse qu'une gloire tions de paix. les Il la , hymnes , il com- guerre par des proposi- prévient l'effusion du sang moyens compatibles avec de son caractère Ses , funèbre. courage. Quoique sa vie s'écoule le combats mence toujours par tous la foi hymne vengeance et la trempe de lorsqu'il les ses composa , la fierté mœurs. durent DISCOURS 14 inspirer la vertu de nos jours : ils la suppo- sent dans ceux qui se plaisent à les lire ; et un héros qui aimât Ossian comme Alexandre aimoit Homère je répondrois savois si je , même par cela de Les Dieux de nation la bonté de son cœur. Grèce ont la de s'est lassée vieilli trouver les , ; de l'imagiles ad- mirer par-tout sous leurs innombrables for- mes. La mythologie à'Odin révolte peuples du Nord; horreur à son T'^axhalla où le même , palais effroyable destin des guerriers est de se ranger en bataille , de se tailler en pièces pour s'égorger de nouveau, bière forte dans le , et de renaître de boire tions est d'accoutumer la aux et but que se il n'a pas besoin l'homme en éternel cela de constituer état de le qu'atteint en effet la mythologie A'Ossiaji. Mais pour fic- périls et de forti- valeur. Tel est aussi propose d'atteindre la crâne sanglant d'un en- nemi. Le seul avantage de ces horribles fier les ne peuvent songer sans ils guerre; aucune goutte de sang ne rougit son palais aérien servent leurs boucliers ; et les héros n'y con- leurs lances qu'en PRELIMINAIRE. jiiéinoire de leurs combats phes s'y réconcilient ; ils et l!> de leurs triom- avec ceux qu'ils ont jadis détestés et combattus tous ils y retrouvent ; de leurs affections. Le dirai- les objets je? sous le rapport mythologique Ossian ne l'emporte pas seulement sur Odin, encore être mis en parallèle avec Les Grecs puisèrent leurs esprit; Ossian trouva les fictions leurs Dieux ; Grecs. dans leur siennes dans son cœur. Ses Ombres durent avoir sur d'ici-bas plus de peut il les les choses pouvoir que n'en obtinrent elles y tenoient par des raj)- ports plus directs; elles s'y rattachoient par des nœuds plus forts. nuage, appelant son Un fils père , du haut d'un aux exploits, sa propre vie donnant pour exemple et lui , étoit Mars agitant son panache d'or. Quelque belle que fût Vénus elle ne pouvoit aux yeux d'un amant sans doute mieux écouté que , , égaler les charmes d'une amante. D'ailleurs les divinités du paganisme ne sous des traits connus en partie : il étoit vrais attributs ; même ils ; il s'offroient falloit les difficile varioient à de pas deviner saisir leurs l'infini ; cha- DISCOURS l6 que poëte son goût les modifioit selon ; personnages célestes l'origine des voit son caprice ou on mettoit en problème jusqu'à comment concilier leurs servir l'un sans déplaire à l'autre roit lequel étoit le plus de Jupiter lequel ou de Vulcain sa, et on igno- : vénérable du Ciel ou étoit le plus vil , on ne : passions de Mercure laquelle étoit la plus chaste , de Minerve ou de Diane. Les Dieux du se- cond ordre n'inspiroient que peu de crainte; les demi - Dieux que peu de respect , ; tous prenoient part aux foiblesses , aux passions hu- maines; et, l'homme comme gie dans ce hésitoit , conflit , dans ce chaos, incertain de ses de leurs droits. Combien du barde est plus la devoirs mytholo- simple, plus naturelle, plus consolante sur -tout! Qu'est l'Elysée, par exemple, auprès du palais noit-on d'avance les êtres aérien.-' Con- qu'on y trouvera ? Prévoit-on d'une manière positive les décisions de Minos? non, sans doute; tude arrête un la objet aimé consolation; et , l'incerti- quand on perd on peut craindre de le perdre pour toujours. Trois juges infernaux pro- PRELIMINAIRE. noncent sur ici au contraire, ce sont là, les I7 de les destinées l'autre vie; vivants qui rè- glent l'avenir des morts. Celui qui fut brave généreux, hospitalier, peut quitter sans effroi; son hymne funèbre ses amis le reverront, ront pas de seiller , ou plutôt le voir. II va devenir leur con- et radieux , tantôt menaçant sur qu'il leur les le de toutes leur ap- entouré d'éclairs , char des tempêtes. Les leçons donnera seront d'autant plus pratiqua sous leurs yeux. Voilà les la , compliqué , faci- qu'il les plus belle conceptions fabuleuses. n'offre rien de elle Il porté sur un nuage d'autant plus douces à suivre , chanté, ne cesse- ils leur régulateur suprême. paroîtra tantôt satisfait assis est , la terre rien de Elle vague ; nous donne pour guides ceux que nous avons chéris, pour modèles ceux que nous avons admirés: cun dans ce monde, un elle n'impose à l'homme au- effort surnaturel ; elle le et lui fait rend meilleur jouer dans l'autre rôle presque divin. La térêt position à^Ossian ajoute encore à l'in- de ses poèmes. Les ténèbres qu'il peint DISCOURS PRÉLIMINAIRE. l8 l'entourent de leurs horreurs, il perdu tous Il il est ayeugle; a pris part aux combats qu'il chante; n'a ses amis ; Malvina seule que son bras pour voix pour comme consoler. le père, malheurs comme Il fils. le il a lui reste. soutenir, que sa gémit comme frère Le souvenir de ses se mêle sans cesse au souvenir de ses exploits. Le passé le présent l'accablent. humide de pleurs chacun de un sanglot. Aussi n'est-ce pas à Sa harpe ses sons est l'esprit , , , est c'est , au cœur à le juger. HYMNE DU JL' o MBRE à Des temps évanouis peine voile la Se retrace dans SOIR. cieux les : splendeur éclipsée ma pensée, Et m'inspire des chants dignes de mes aïeux. Tout repose, ou se tait.... Les harpes suspendues Languissent détendues. d'un héros que Dernier fils Mes pas silencieux se traînent dans Selrna^ palais des Fingal rois! asyle des enflamma. Selmn (i) j conquêtes, n'invite plus l'étranger à tes fêtes; Tes murs harmonieux, par Ne la gloire retentissent plus la mousse couverts, du doux bruit des concerts. Les braves ont vécu; Fingal même succombe Autour de moi tout dort du sommeil de Et je ne puis mourir! et ma : tombe., la plaintive voix Dit aux siècles futurs nos antiques exploits ! Quand la Reine des nuits ne brille point encore. Quand sous l'obscurité la fleur se décolore. Que les vapeurs du soir, comme un nuage épais. Enveloppent De mon les monts, les lacs, et les forêts. génie éteint le flambeau se rallume : POESIES D'OSSIAN. 20 Le besoin de chanter m'embrase me consume. et La tendre Mali>ina, charme de mes viens jours. De sou bras attentif Elle guide Il prête le secours destin alors s'adoucit Une puissante C'est la voix la rigueur voix vient réveiller du passé... Les je les recueille, et Eternisent le Non, du nom O et mes chants favorables ils ne sont point l'image. mélodieux, ils enchantent Ses accords amoureux Mahnna, toi concerts vagabonds. ! réjouissent les monts. que le Barde implore. : charmante, accours; viens ranimer encore Les feux de mou ; , ses doigts Prête l'oreille à ses accents Fille les les airs. Liuha^ quej'aime ton rivage Quand la veuve d'Oscar, sous Anime la harpe sonore Aimable faits brillants; de mille chefs vaillants. ruisseau fangeux terre de ; mémorables siècles Ces chants qui de Littha rappellent Doux : mon cœur Se pressent sous mes yeux, chargés de Soudain : sous un chêne au mobile feuillage. s'assied De mon me Ossian au pied du roc sauvage; génie affoibli par les ans. OINA. n'étois point encore appesanti par l'âge Je Fingal arme Mes mon bras : rapides vaisseaux, Voguent .lallois vers Inistore : commande et soudain sous un ciel sans nuage. il ; aux lueurs de Cathlin du vieux M«/or dissiper les (2). alarmes: La guerre rugissoit au bord de ses torrents; Une étroite amitié, Aux armes de J'arrive Et, a me Fils : du '< < que respectoient les ans. père avoit uni ses armes. reconnoit l'étendard des héros; tendant « c. il mon la roi de Quel main, il Morven , m'adresse ces mots: sur mes vertes collines esprit a guidé tes pas? Chef du sauvage Ullin (3) et des plaines voisines; Dnnthalmon de ma fille adoroit les appas : Je nai pu l'accorder à son impatience; « Nos pères étoient ennemis (4). ses ordres soumis, « Mais dix mille guerriers, à « Sur nos bords malheureuxpromenent i< Seul, privé des secours qui .< J'ai « Mais tous, fermant « Ont oublie Malor au jour de l'infortune. voulu réveiller la foi de me la vengeance. furent promis, mes amis; l'oreille à ma voix importune, POESIES 22 — K Et « Ne Tesmauxmesoiitconnus;je vieuslessoulager, « de sei-vir mon Lias a Qui R J'ai .< Il .. Le « Tes secours, « Mais cause glorieuse se dissipe et fuit à l'aspect promis à Fingal de du danger. la bords témoins de jeta sur ces Tu : veiller sur ta tète encor du jour où se souvient « c ta qu'Ossian soit une ombre trompeuse crois point tes le lis : tempête splendeur. ta présents charmèrent sa douleur: asseoir à ta fête ; sa reconnoissance égale sa valeur. De Trevinor dans mes mains tu vois briller l'épée Si j'en crois ma fougueuse ardeur, Ton attente, Malor^ ne sera point trompée, Des guerriers de Morven]e connois le pouvoir : « « — « < c< Fils Tu d'un roi généreux, appui de « '.< CI mon ame un doux fais luire à Ta voix console ma : la foiblesse rayon d'espoir tristesse : ; Tel daigne nous parler l'orageux Cruthloda (5) Lorsque, resplendissant des feux du météore, hoda^ •< Sa voix vient réjouir les vallons du « Et « Cependant « Commence « Viens t'asseoir dans mes tours, noble enfant des concerts». « fait taire les Déjà Je le suis. la vents sur les rocs d'Jnistore l'aigle altier abandonne (6). les airs; nuit taciturne, voilée, à parcourir sa carrière étoilée. A ma vue Oïna se présente: D O s s ' A I L'abattement se peint dans ses Et sous ses doigts la N. traits 23 douloureux, harpe obéissante Pousse des soupirs langoureux. un Ses yeux d'azur, que voile sinistre Roulent, chargés d'amour, de Tels deux astres du soir brillent dans Ou telles nuage, tristesse et de pleurs nous voyons, au pied du roc sauvage, Les larmes du matin qui tremblent sur Le roi des jours s'apprètoit à Sur l'horizon Que Des La ; le feuillage. les fleurs. répandre ses nouvelles clartés. j'écoutois encor sa voix naïve et tendre. cris tumultueux soudain se font entendre; bataille et la mort grondent de tous côtés : Dnntlialmon contre nous s'avançoit dans la plaine. Je vole; et de mon œil, enflammé par la haine, S'échappent à En la fois et la foudre Veulent coirvrir leur chef: Le vieux roi satisfait me il et l'éclair. un rempart de vain mille guerriers, sous tombe, fer, et je l'enchaîu». presse dans ses bras : « Ossian^ me « Sans emporter « Ma fille doit payer « Sa beauté, sa candeur, son aimable innocence, « >< « dit-il, le tu ne partiras pas prix de ce ta que tu noble vaillance fis pour nous Réjouiront l'ame de son époux. Je te la donne... Au : ; lever de l'aurore Qu'elle vogue avec toi sur l'orageuse mer. POESIES a4 « Pour ton bonheur que puis-je « De mes Pour la seconde fois sur le encore? sommeil me Frappent hérissée; Des sanglots douloureux fuit... mon » plaine glacée la La nuit sombre descend, de frimas Mais faire trésors accepte le plus cher. oreille attentive: C'est Oîna-, solitaire et plaintive, Qui dans l'ombre chante « Objet de mon ses feux. unique amour, cœur rempli d'alarmes, « Sur ton rocher désert, « Peut-être, de l'aurore implorant le retour, le « Loin de moi tu verses des larmes. « Hélas! tes vœux sont superflus. « L'aurore renaîtra plus touchante et plus belle « Mais ses jeunes rayons ne demeure me « Dans « Monts escarpés, sombres la paternelle. forêts, « Solitaires vallons, noirs rochers, a Vous ne me « verrez plus de c< Poursuivre « O ma harpe, Adoucis les les ; trouveront plus doux ombrage», mes rapides traits chevreuils sauvages. qui tant de tourments de fois mon ame éperdue, D' O s s Repose désormais dans Elle se tait. Belle « « De C'est à Que d'elle je m'élance.... moi de sécher les pleurs couler une injuste puissance fait Morven le l'ille : barbare plaisir Qui me Fils « éveilla le désir; Mais j'entends une voix sévère crie: Ossian^ respecte le malheur! d'un héros, sois digne de ton père, Etouffe une coupable ardeur. '< Tes larmes, Oïna, n'auront point été vaines: « Je ceàekDunthalnion tous mes droits sans retour. Du ! des rois, ta beauté languissante Dans mon cœur un moment « ». presser dans leurs bras nue vierge tremblante Il i< des rois, lui dis-je, appaise tes douleurs; Loin des chefs de « i Soudain près 0/««, n » AN. Silencieuse et détendue « " I l'asyle guerrier à ces mots ma main brise les chaînes. Pourquoi, dis-je à Malor^ rompre ces noeuds d'amour? Dunthalmon avec gloire a fait briller sa lance; Si vos aïeux d'une auguste alliance Rompirent jadis Maintenant de la haine Et vuident à longs Daus les liens, ils traits la ne sont plus la proie. coupe de la joie leurs palais aériens (7), NOTES D'OINA. (i) Sehna, nom du palais Mon'cn^ et père à'Ossian. Calhlin (2) nom ^ de de Fingat l'étoile du soir chez les Calédoniens. Voici, d'après Macplterson étoiles principales de ces peuples roi de •, , les sept CaumathoTi : , Rayon oblique Uloicho. Guide nocturne; Cathlin, Rayon des flots; Tète de l'ours ; Colderna , ; Reldurath , Etoile du crépuscule de la colline ; Tonthena , Météore (3) Ancien nom (4) Lorsque les ancêtres Berthin ; , Feu des vagues. ÙLnVUhter^ partie de l'Irlande. de deux guerriers avoipnt été désunis, leurs descendants liéritoient de leur baine; elle se perpétuoit jusqu'aux géuérations les plus reculées ment : les liens indissolubles. de l'amitié étoient égale- Deux Calédoniens troient-ils dans la mêlée; été divisés, il n'en s'engageât entre l'alloit si se rencon- leurs aïeux avoient pas davantage pour qu'il eux un combat opiniâtre et mortel. Si au contraire l'intelligence avoit régné entre leur lamille une , ils écbaugeoient leurs armes, éternelle amitié. et se juroient NOTES (5) (6) Inistore étoit (7) DO IN A. 27 Criuhloda^ un des aieux de Malor. une des Orcades. Les Calédoniens croyoient que tons ceux qui S'étoient distingués par leur bravoure ou leur ver- tu habitoient après leur mort un palais de nuages ; y conservoient tous leurs goûts , et s'y livroient aux mêmes plaisirs qu'ils avoient connus durant ils leur vie comme et ; paux , armés la li'nn arc un chasse étoit des princi- de nç/ge, ou d'une lance de 'Vapeur ^ Us poursuivoient, dans les vastes plaines firmament, des chevreuils de inéLeores gliers du et des san- de brouillards. Là s'éteignoit tout sentiment de haine ; les habitants du palais aérien apparois- soient quelquefois à leurs enfants et à leurs amis ils les tempêtes d'ailleurs , troubloient les mers aucun pouvoir sur divisés en se ; disposoient à leur gré des éléments , déchaînoient bons et les mais n'avoient ; hommes mauvais esprits ; les : ils étoient premiers ne montroient qu'aux rayons d'un jour pur, sur bord des ruisseaux, ou dans les riantes vallées : le les seconds, au contraire, ne paroissoient qu'environnés déclairs , orageuses. au bruit du tonnerre , et dans les nuits V/V.-^*^'W ^*-'X.'V/»>^.^^ DARTHULA, SUJET. Cromnal roi à'Etha eut trois fils Nathos Ardan et Morar. Ils attaquèrent Calrbar, usurpateur , , , , , de l'Irlande , Darthula fille , de Caïrbar dans plusieurs combats. de Colla, roi de ÏUlster, mais elle vit Nathos trois frères se rage ; mais ils aimée étoit l'aima et s'enfuit , vaisseau sur les lui. côtes avec son armée. défendirent long-temps avec cou- succombèrent enfin sous furent massacrés. L'infortunée le , Une tempête rejeta leur mêmes où Caïrbar campoit avec Les : et le défirent nombre le Darthula se corps de son cher Nathos. OSSIAN. f I LL E du ciel , qne j'aime tes appas Et l'éclat virginal dont ton front se couronne Dans Des les plaines d'azur où s'impriment ! pas astres de la nuit la foule t'environne. Les nuages obscurs s'éclairent de Par tes toi l'air est tes feux , et perça sur ; plus doux, la nature plus belle. Les vents n'osent troubler ton cours silencieux. POESIES D'OSSIAN. Que fais-tu loin de Enveloppe ton globe Vas-tu, Dans l'asyle de la douleur Reine aimable des nuits, connois-tu Maintenant Ton , ? plaintive, gémissante, beauté languissante ta rebelle cache à nos yeux et le comme Ossian^ Ensevelir 29 nous quand une ombre ? le malheur ? revêtu de toute sa lumière , char voluptueux roule au-dessus des monts Prolonge, s'il se peut, le cours de : ta carrière, Et verse sur les mers tes paisibles rayons. NatJtos de l'Océan ouvre A ses côtés Les trois fils sont humide ; le sein Ardan et Morar. Cromnal d'une course de Se dérobent aux traits rapide du puissant Cdirhar. Quelle est cette jeune étrangère Qui des mers auprès d'eux brave les flots bruyants Ses longs cheveux en boucles ondoyants Flottent sur sa C'est taille légère Darthula l'amante de NatJios , De Caïrbar elle fuit la Et ses regards où : tendresse se peiut la tristesse Errent lauguissamment sur son jeune héros. O douleur ! les vents infidèles Couple charmant , abusent votre espoir. Ces monts chargés de glaces éternelles, Ces ruisseaux que vos yeux viennent d'appercevoir 3. I* POESIES 3o Ne mouillent point Etlia d'une onde fugitive. Les tours de Càirbar pèsent sur cette rive ; Vous retombez en son pouvoir. Tous qui déçûtes leur attente , Vents du midi, que faisiez-vous alors? Pourquoi sur nos Dépouiller le chardon de paisibles bords sa robe piquante .' Que n'aUiez-vous enfler les voiles de Nathos? Que ne présentiez-vous à sa vue empressée Et le Oh toit paternel sa , jeune valeur et les riants s'étoit tant coteaux exercée ? Qu'aisément, 6 Nathos^ tu maîtrisas le cœui De la jeune beauté qui Ton te suit et t'implore! visage avoit la douceur Des premiers rayons de Ta chevelure L'aile effaçoit du coibeau l'aurore ; en noirceur à'Inistore Le gazouillement des ruisseaux. Le doux murmure du zéphyre Qui L'air se joue entre pur que le les roseaux, chasseur respire Assis le soir au bord des eaux , Sur les sens avoient moins d'empire Que les sons flatteurs de ta voix. Mais quand dans les combats tu poursuivois Tu ressemblois à la mer irritée les rois DO s SI AN. Dont les vents orageux troublent Au bruit fut ainsi vaste sein que la foule épouvantée. te vit Darthnla Tranquille au palais de ses pères D'un feu soudain elle brûla O fille de les ses paupières... vents ont trompé tes vœux Colla , tu t'égares dans l'ombre Arrêtez, vents jaloux; silence , ; ; Des pleurs d'amour mouillèrent Mais ; dé tes armes d'airain S'enfuyoit des héros Ce 3i le ; ! vague sombre ; Laissez-moi recueillir ses accents douloureux. Darthcla. Quelle clarté lutte avec les ténèbres .•' Nathos les torrents écumeux ? Revois-je Etha ? ces tours funèbres , Entends-je de Sont-ce les tours de mes aïeux Eh quoi Nathos me répond ! .•• par des larmes Où sommes-nous ? NATno s. Auprès de Cdirhar Dans A ses états : la nuit et le hasard de nouveaux périls vont exposer Non, Darthnla ^ tes charmes. cette foible clarté N'éclaire point la salle de nos fêtes, (i) POESIES 32 Nous revoyons TJllin^ noir séjour des tempêtes: Voilà de Caïrbar le palais détesté. Ardan , Morar mes jeunes , Descendez avec moi ; Qui nous dérobe aux De Toi, fureurs meurtrières homicide guerrier. cet Darthula , que ton cœur s'abandonne Au doux A l'ombre espoir ; t'est il encor permis : de ce roc, loin de nos ennemis Repose en paix , Il frères cherchons quelque sentier mon glaive t'environne. dit, et part. Seule avec ses Son amante s'assied sur la douleurs mousse sauvage Et ses beaux yeux se remplissent de pleurs. Tremblante au bruit des Elle promené au flots grondants sur loin ses regards inquiets Nathos d'une voix douce Elle appelle le rivage : et tendre Mais Nathos ne peut plus l'entendre , Ses cris ne vont frapper que les rochers muets. « Pâle , craintive , délaissée » Je veille dans l'horreur d'une profonde nuit. i. J'ai « Oh que ! mon ame est oppressée et mon amant me besoin de secours, Il me fuit ! où donc peut-il être? .'.... fuit ! ; D O ' s s Quel cliarme impérieux « Nathos , Je suis seule « , I A N. liàte-toi de paroître mon reviens dissiper Déjà bourdonne 33 loin de le retient la tempête Où Hélas trouver <t O ! un où reposer ma tête ! effroi. ; Les vents séditieux se heurtent dans « moi ? les airs asyle en ces climats déserts lune , écarte les orages : ? ? ; Astres silencieux , que vos pâles rayons « Brillent à travers les Guidez mes pas errants sur « Pourquoi ! cime des monts. Mais l'amour vers moi C'est lui, j'entends ses pas « nuages la le ramené cette terreur soudaine Chef d'£f/!<2, quelle ; au loin retentissants. ? crainte a passé dans tes sens? Nathos revint morne et farouche Quelques soupirs s'échappoient de La haine allumoit ses regards La pâleur couvroit son visage sa ; bouche : Tel se plonge au sein des brouillards Le soleil vaincu par l'orago. : ; \ POESIES 34 Darthula. O mon héros! j'attendois ton retour Tu le sais ; contrainte à Sans parents , sans appui , je : la fuite que ton amour. n'ai A quel affreux destin les combats m'ont réduite Un silence éternel règne dans Selama. (2) La tombe Il s'est éteint dévoré a le , mon père feu qui l'anima ! ; ; Et ce vieillard n'est plus qu'une froide poussière. Les voiles de Les flots la nuit embrassoient l'univers; tumultueux , appaisés par les ombres , Rampoient au pié des rocs que la mousse a couverts Et les hiboux cachés dans leurs Troubloient seuls par leurs Assise sur les Je songeois Qui à tours de mon loin de Quand soudain Se présente retraites sombres cris le silence des airs : mon palais antique frère , au généreux Colrnar, nous combattoit Caïrhar , à mon mes yeux , pâle , mélancolique père; un glaive arme sa , main. Et de fréquents soupirs s'élèvent de son sein. « Darthula ^ me « Ton dit-il , ma famille est éteinte ; frère infortuné vient de perdre le jour; « Mais d'un coup plus amer « Et c'est encor sur toi ma vieillesse est atteinte, mon amour. que gémit D O ' s s I A 35 N. « Caîrbar triomphant, suivi de son armée, « S'avance vers ces lieux, et nous porte des « Qu'il vienne, je l'attends Pourra venger Prends ce casque , Demain, dès que le ( ma arme-toi fers. valeur ranimée maux que nous avons a « les ; du soufferts. glaive de tes pères jour aura sur les bruyères « De « Suivis de nos guerriers nous irons au combat. ses premiers rayons versé le Le jour paroît. Mon bras Et le charge mon armure, sous un lourd bouclier, ma noire chevelure; père m'ouvre le chemin Quelques braves glacés par D'un pas éclat, poids d'un casque d'acier Presse Mon .Te fléchit doux : l'âge tardif et lent suivent leur souverain. Tous nos jeunes guerriers, trahis par leur courage, Naguère étoient tombés dans un climat Leurs pères affoiblis s'avancent La lance pesé Et les zéphyrs , lointain: hors d'haleine ; à leurs bras languissants portés sur une aile incertaine Frémisssent dans leurs cheveux blancs. a « Témoins de ma Leur dit Colla « Vous m'avez vu « Daps les périls , triste vieillesse plus terrible et plus jadis sous fier un rempart de sanglants signaler mon fer adresse. ; POESIES 36 Hélas a ! ils sont passés ces jours de Comme moi vons <i ma valeur : pleurez vos forces éclipsées « Jours de gloire présents à nos « Que votre souvenir réveille notre ardeur Il dit, et tirant ; pensées tristes ! son épée Colla s'élance furieux. Soudain d'un bruit confus notre Nous avançons, et bientôt à oreille est frappée : nos yeux S'offrent mille guerriers en ordre dans la plaine. Déjà la fureur et Ont donné haine la le signal affreux. Mais pourquoi retracer ces moments douloureux Percé d'un Je volois trait mortel je vis tomber mon père recueillir l'ame de ce vieillard .• : ; Mes mains alloient fermer sa sanglante paupière Quand je vois accourir le sombre Ca'irlar. A mon aspect Brille une joie en son œil farouche homicide et sur son front livide ; me parler de son barbare amour, Dans mon propre palais il me traîne expirante; Il ose Le reste t'est Et j'appelois Lorsque Tu parus ïu parus connu. Je maudissois la mort à mes le jour. désirs trop lente brillant d'ardeur, de gloire, et de beauté, tout-à-coup à : Caîrbar Et s'enfuit devant mon œil enchanté ; vit resplendir ta lance, toi comme un chevreuil léger. D'OS s Mais qui peut encor I AN. 37 t'affliger ? Avons-nous, cher Nat/ios, perdu toute espérance? Nathos. Je crains peu les combats. A peine en mon printemps^ Je ni'embrasois des feux de la victoire ; héros, rempli de leur mémoire, Fils des Je brùlois d'égaler leurs exploits éclatants Et Ce que la guerre étoit pour l'astre du jour est pour les frais vallons Quand au midi couronné de rayons n y verse un torrent de flamme. , , O souvenirs Plus d'une 6 ! fois stériles regrets dans les ; mon ame , ! champs du carnage J 'a vois lancé d'inévitables traits, Avant que mon jeune courage Eût d'un joug tyrannique affranchi Tes doux que attraits aussi Qui tremble dans Mais le Envelopper l'astre O Darthula ! les Le les cieuj: nuage approche , et tes attraits au miheu de pur qui me luit. ma tendresse. palais de ton père est encor loin de Du Mes frères, la nuit. va, d'un sombre voile. vents ont déçu Nous sommes seuls, exposés au nous ; courroux ravisseur de ta jeunesse. il est vrai, , la brillante étoile secondant mes efforts, 4 POESIES 38 Au péril de leurs jours vont défendre tes charmes Mais que pourront nos foibles armes Contre tant de guerriers défenseurs de ces bords A R D A N. Nathos, notre J'ai vu flotter d'Erin reconnu J'ai la perte est certaine. (3) le puissant étendard; voix de Cdirbar : Ses guerriers veillent dans la plaine. A la lueur des rapides éclairs Yois rouler leur phalange sombre. Vois briller leurs dix mille fers. N AT H os. Va, je les vois, et n'en crains pas le O mer àHUllin (4) Pourquoi précipiter .' tes ondes furieuses Pourquoi déployez-vous vos Enfants de nombre. avec tant de fracas l'air et ailes .' orageuses, des frimas .* Pensez-vous que vos vains éclats Sur ce roc aride et sauvage De Nat/ios enchaînent Non, il n'est retenu les pas."" que par son seul courage Par l'espoir glorieux d'effacer son outrage Ou !1 se de périr dans les combats. couvre, à ces mots, de l'airain homicide; , ? ; DO s s I A N. 39 La lance paternelle arme son bras nerreux; Un casque Et « la étincelant embrasse ses Morar, dit le héros dans ; du rocher les flancs Serpente une grotte profonde « Mon amante peut de ses jours que , mon bras me ta foi réponde. Et « Se refuse à servir « Si je dois Morar ^ Va du si « haine Dis-lui, Que Nat/ios n Qu'il est « Il pour calmer ; mon palais misère ses regrets Sur « les : ; , expirant songeoit à son vieux père mort accablé, mais non pas abattu Que, même à Et toi, lorsque gazons De son flétris , ; , son heure dernière, n'a point démenti son sang et sa vertu « : l'arène, Cromnal adoucir la " « ma tomber sur embarque-toi; regagne triste à l'ennemi mal affermi « , ; s'y cacher. Pour nous , Ardan^ marchons ( « , « Va « < cheveux fureur se peint dans son œil intrépide. le dans éclat stérile et : sombre automne, les bois dépouillés , monotone «Viendra frapper tes yeux de pleurs toujours mouillés. tt K Convie te « Darthula à tes , dans nos tours antiques banquets les filles des héros ; Et que leurs voix mélancoliques Eternisent le nom du malheureux Natkos. POESIES 4o « Mais plus henreux harpe sonore si la « Sons les doigts d' Ossian (5) pleuroit en mon honneur ; « Mon « ombre, alors errante au sein d'un météore, S'enivreroit de joie et de bonheur. » Os SI AN. Nous étions cette nuit dans la salle des fêtes Et, tandis Se mèloient les ; qu'au bruit des torrents soupirs des fantômes errants Nous, du roi de Morven nous chantions les conquêtes. Soudain un vent impétueux Arrache un son de mort Fingal (6) à pâlit.... l'effroi ma harpe plaintive. qui le captive Perce dans ces mots douloureux B Un héros « La harpe de « Que de de ; tristes accords s'élèvent sur sa tombe .1 Ossian pleure son destin. Il se tait. Cache le Son front plus Commence > » tranquille trouble de son cœur. Cependant j'obéis, < : Morven en ce moment succombe mon fils ne gémit point en vain et ma harpe docile ce chant de douleur : Penchez-vous du sein des nuages Ombres pâles de nos aïeux. ! : D O s s ' A I N. « Ecartez de vous les orages , « La teneur , feux " "Voyez d'un regard favorable « Celui qui meurt en ce « Et que votre main secourable « Ouvre pour « Déployez " Trempez son « A sang le lui le , et les moment firmament sa robe légère glaive : ; ! ; nébuleux ; son char biillant de lumière « Attelez des coursiers fougueux •< A l'heure où .< Dans un repos déhcieux^ le : sommeil nous plonge du songe c< Qu'y, vienne sur « Réjouir nos cœurs et nos yeux. l'aile » Cependant, sur les bords d'une mer courroucée L'intrépide Nathos Darthula^ près de Garde un morne veiiloit lui, silence Le jour renaît enfin; Découvre Chacun , à leurs regards fierté maux : affaissée et cache sa terreur. un essaim de héros armure brillante : ; brandit deux javelots. Tel qu'un vaste rocher qui Dn milieu pâle d'horreur sa clarté vacillante est revêtu d'une Chacun avec , sous ses commande à la plaine. des guerriers s'élève Caïrbar; A- POESIES 4* Sa voix gronde, Dans un son œil, enflammé par la et orbite affreux roule un ATHo Tu ne peux l'objet de , s. Viens, chef de Tèmora^ descends sur Ose me disputer lialae affreux regard. mon amour le rivage ; : l'obtenir qu'en m'arrachant le jour. Viens , nous sommes tous deux affamés de carnage. Jadis , tu me Quand, aux fuyois palpitant de frayeur mon plaines à'Etha^ je guidois Maintenant je suis seul; D'un nouveau ta armée prudente valeur feu s'est allumée. CA ï R B A R. Jeune présomptueux, modère cette ardeur: Crois-tu que Cairbar^ dégradant son épée, La trempe dans Le nom de tes le sang d'un guerrier inconnu aienx ne m'est point parvenu; La terre de leur gloire Sont-ils Aux murs a-t-elle été frappée.' montés au rang des rois.' de leurs palais des armes attachées, Par leur bras redoutable aux héros arrachées, Rappellent-elles leurs exploits ? Nathos rougit ; et Tombe une larme: de son œil humide il fait briller son fer... Ses frères, plus prompts que l'éclair, ? ; D O s s ' A I 45 N. Déjà se sont armés de leur glaive homicide : Caïrbar^ de meurtres avide, Donne l'affreux signal; les dards sifflent dans Percés, couverts de sang, Sur Nalhos et ses l'air... deux frère» rougi tombent décolorés; le sable La mort Tels a fermé leurs paupières : de fraîches eaux entourés , Au haut d'un mont croissent trois jeunes chênes Le voyageur, arrêté dans D'un Mais la œil surpris les Nuit à son char mesure tous trois. tempêtes. attelé les Les Autans font mugir leurs effrayantes voix Les chênes, battus à Et courbant sous ; la fois. vents leurs orgueilleuses têtes, les Roulent au pied du mont dont ils furent les rois. Darthula muette, immobile, L'œil morne, Dans sa fureur les cheveux épars. sourde Promené par-tout Mais bientôt Un dard ses et tranquille, ses regards. genoux est caché fléchissent dans sa main Elle le plonge dans son sein. Et des flots de douleur son ame vain.... est déchirée, Et sur sa victime expirée Il se penche , et : ; de sang en jailUssent. Caïrbar accourt, mais en De remords, ; les plaines, maudit le barbare destin. POESIES D'OSSIAN. 44 O s SI AN. Tu n'es La tombe De plus, 6 beauté charmante te dévore... l'aimable Nathos Un presse la jeune amante. Honneur de Sélama^ sous Tu ne toucheras plus Un ! sommeil éternel la le toit paternel harpe frémissante. deuil lugubre et solemnel Voile A'Vllin gémissante. la rive Objet de l'amour des héros Quand t'échapperas-tu de l'étroite demeure? J amais, sans doute, hélas L'instant où doit Quand le soleil, finir Qui peut connoître l'heure vainqueur de Viendra dorer Il te ! ton funeste repos ? retrouvera, sous le la la nuit orageuse, haut des monts. pierre fangeuse, Pâle, froide, insensible au feu de ses rayons. Releve-toi Déjà le , fiUe adorée La Du parfum noirs hivers fleur, fraîchement colorée. matinal embaume au Prends ton arc Va : doux printemps succède aux : le loin les airs. chasseur s'éveille ; percer de tes traits le chevreuil bondissant.... Mais contre lui Près de toi détendu ton arc est impuissant , dans la tombe il ; sommeille. ; NOTES. (i) que Aucun peuple n'a porté plus loin l'hospitalité anciens Ecossais les chaque souverain avoit : dans son palais une salle des fêtes; tous gers y étoient admis sans chantoient et jonoient de l'étranger, ils la les étran- distinction. Les Bardes harpe. S'ils connoissoient ne manquoient jamais de célébrer ses exploits et ceux de ses ancêtres. La fête duroit trois jours, pendant lesquels ses hôtes. Dans ces le chef ignoroit chmats où, le nom comme nous de l'avons déjà observé, la haine des familles étoit héréditaire, cette découverte auroit été souvent funeste à l'étran- ger reçu : aussi Ossian, en parlant d'un roi barbare, ajoute-t-il qu'il demandoit son nom à l'étranger. (2) Palais qu'habitoit (3) Darthula dans VUlster. Erin , ancien nom de l'Irlande. (4) Ancien nom (5) Aucun guerrier n'étoit reçu dans le palais de nuages que les de VUltonie. Bardes n'eussent chanté son hymne NOTES. 46 vœux ponr funèbre. IVathos, prêta périr, forme des Hn'Ossian chante la sienne. On ne peut concevoir quelle étoit l'influence des Bardes chez les habitants du Nord, que leurs hymnes et le fanatisme de valeur inspiroient. Venez nous voir combattre, leur « di- soient les rois prêts à livrer une bataille, et chantez- nous ». C'est par eux que la Gaule, lande et l'Ecosse, se défendirent si la Germanie. Romains; et lorsque, dans Edouard tenta la conquête du pays de Galles, les put l'asservir mais il l'Ir- long-temps contre neuvième le siècle, il ne qu'en faisant massacrer tous les Bardes : ne put anéantir leurs chants, qui perpétuèrent dans ces contrées la haine du vainqueur et l'amour de l'indépendance. Les .Scaldes chez les Scandinaves aussi étoient nourris dans les le dispensateurs de l'immortahlé culte sanglant d'Oelin^ leurs désordonnés sont pleins d'une éloquence rude rouche : on n'y retrouve point ; poèmes et fa- mélancoUe tou- cette chante, cette loyauté presque chevaleresque qui font le charme des vers d'Ossian. Mais que sont devenus les poèmes de ces Scaldes, Norvégiens et .Suédois? peut-être sont-ils ensevelis sous les murs d'Offensée^ ou dans célèbres jadis par les Les les campagnes d'fjpsal^ si temples qu'on y avoit bâtis en l'honneur d'Or/ in. Saxons avoient aussi leurs Bardes. Charle- magne , par les soins d'Eginhard , avoit recueilli NOTES. plusieurs de leurs ouvrages lés, et comme un 47 les siècles se : sont écou- torrent rapide en ont emporté les débris. Lorsqu'un guerrier célèbre (6) grand péril, les son lugubre et étoit exposé à un harpes rendoient d'elles-mêmes un prophétique : souvent aieux du guerrier en pinçoient les les cordes. ombres des Les Bardes alors commençoient un chant de mort, dont étoit si salutaire, leurs palais que les l'effet fantômes retournoient dans pour y recevoir avec empressement revêtir de ses armes fantastiques le héros décédé. et CHANT DE FINGAL. SUR LA RUINE DE BALCLUTHA. xliLLE n'est plus cette Dont la cité superbe splendeur remplissoit nos déserts ; Le sommet de dans ses tours s'élançoit Et maintenant Le deuil, elle le désespoir, les cris Habitent son morne rivage J'ai les airs, languit sous l'herbe; vu moi-même Par-tout croît la : ses débris: mousse sauvage; Par-tout an souffle des Autans Frémit le chardon solitaire. Quelques chênes encor vivants Versent une ombre funéraire Sur l'écume des noirs torrent*. Bardes, prenez vos harpes douloureuses; Entonnez De les chants de la mort : ces héros éteints plaignez le triste sort, Et consolez leurs ombres malheureuse». Us sont tombés nous tomberons comme eux. : POESIES D'OSSIAK. Quelle 49 fatale erreur t'enlraîne. Homme foible et présomptueux? Pourquoi ces palais fastueux? Le temps, dans Traverse sa course incertaine, vœux. tes soins et tes Aujourd'hui, rayonnant de joie, Du haut de Ton F,t de ta plaine Du tes superbes tours regard au loin se déploie, immense embrasse voile des Demain les contours ; sombres années tu dormiras couvert; Et dans ces tours abandonnées Sifflera le P> raves Dans les vent du désert. guerriers, combats ces où sont vos pères? astres ont brillé ; Et maintenant, ombres légères. De sa splendeur leur front est dépouillé. Le bruit seul de leur renommée Nous atteste qu'ils Leur gloire cependant ont vécu est par-tout : imprimée. Et leur bras a toujours vaincu. Puisqu'il faut succomber, laissons Brillons après la Ainsi, l'astre Dans mort d'un du jour, éclat ceint d'un l'occident, lointain et un nom célèbre: lumineux: voUe funèbre. nébuleux S POESIES D'OSSIAN. 5o Laisse encore après lui la trace de ses feux. Vers leur déclin mes jours se précipitent ; Déjà mon bras est affoibli: Mais je ue tombe point dans l'ombre de l'oubli; Du palais Mes aïeux O mou père! O errant qu'ils habitent se penchent vers moi... Comfial! je Ainsi chante Fingal. vais munir Dans uu profond à toi. silence, Sur nos harpes courbés, nous écoutions Moins douce est au chasseur, L'haleine du zéphyr qui dans Fingal, tu souriois Que ton front étoit de voix : l'air se balance. comme anx jours de l'hymen pur! Que ta voix étoit fiere! Mais tu n'eus point de Fils sa ami des bois, fidèle Comhal, rival, ô mon père! roi puissant de Morvcit. : MINONA, SUJET. Minona , iCAnir, fille sionnément Swaran où Ton devoit ordre à les , roi de fils du Duvrnnna Swaran de aimoit pas- , Le jour Fingal envoya roi à'Inistore. unir ëtoit fixé quand se rendre à Morven pour l'ac- compagner dans une expédition. Swaran obéit, mais il promit à Minona que , s'il survivoit à cette entreprise , il sur-le-champ reviendroit , et fixa même le jour de son retour; d'un autre côté Anir, accompa- gné de son Lathmon fut obligé de partir pou Minona resta seule dans le palais de î\% guerre, et la Elle avoit autrefois dédaigné l'amour Duvranna. Duromath , souverain de amant méprisé mon , l- , enleva profita de l'absence à^Anir Minona, et la conduisit et de Lath- dans son Le poème commence au moment où Swaran à Duvranna , et n'y Aux rives du couchant, La lune ne versoit qu'une Et le vent de minuit le palais de Latlimon: pâle, silencieuse, clarté siffloit dans douteuse. le vallou. isle. arrive trouve plus son amante. J_i'oBscuRiTÉ couvroit de de Tromaton. Cet l'isle POESIES .Sa L'intrépide S%varan s'avance dans la plaine: Auprès de Minona sa flamme ramené. le Mais quel morne silence habite son palais ! Sur les monts, sou s les eaux, dans les airs, tout sommeille Et la Du Rappelle-toi l'instant, « '< heure de paix, l'oreille. ! •( " à cette Que fais-tu , mou amour quel obstacle jaloux Aux regards de Swaran peut te cacher encore <( « voix d'une amante, héros empressé ne frappe point si cruel et si ?^ doux, Où l'honneur m'entraîna sur les mers d'Inistore : Ta beauté des destins accusa le courroux; Je vis, à mon départ, tes yeux noyés de larmes ; Ton beau « sein palpita de terreur et < Ta •< Et tu ne parois point pour chanter défaillante voix Il dit. m'exprima Mais du palais les De le la flétris. désertes. les voiïtes douleur, an loin, semble pousser luit : sur la Le malheureux Swaran De mon retonr portes sont ouvertes: Nord, mugissant sous Nulle clarté ne ; tes alarmes... Le seuil est tout jonché de feuillages Et d'amour les cris. roche glacée s'assied triste et rêveur. noirs pressentiments roulent dans sa pensée. Et des projets confus se heurtent dans son cœur. Cependant le sommeil des peines Vient redoubler encor Et d'un songe, trois le tumulte qu'il endure et l'horreur; fois, l'épouvantable augur* ! i> D O s s ' Dans revoit Il I voile ses Ses noirs cheveux épars sont le N. Minona^ que son ame Un nuage de pleurs Et A 55 ses sens épeidus fait passer la terreur. sang à longs idolâtre: yeux charmants le ; jouet des vents, rougit son sein d'albâtre. flots •> Il dort sur son rocher l'objet de mes amours « Il dort ! et Minona^ ; qu'il avoit tant chérie, « Par des M Eveille-toi, Stvaran... Une mer en « Autour de Tromaton précipite ses eaux; '< Là, dans un antre obscur, image des tombeaux, impuissants l'appelle cris à ma tristesse en proie. Duromath y veille à mes côtés « Je <i Mais l'affreux « De son barbare amour ton amante « iSwflraw, viens veille, je languis, à Soudain le me ravir à ses feux détestés. comme Sivaran frémit, il Furieux, il s'éveille en frappe l'orient obscur il ; et les agite Enfin, de son éclat firmament Pour la le : le lenteur de l'aurore... premier rayon sur Voit bondir fer attache les yeux; la le » l'éclair. son vents et les ombres Son désespoir maudit Et : est la proie... vent rugit dans les feuillages sombres Et l'aimable fantôme a fui Sur son secours. furie vaisseau troisième fois, Sous une armure d'or les flots se du guerrier du le dore. écumeux d'IriisCore. sein de l'océan Roi du jour s'élance, 5. ; P O E S 54 Quand aux yenx inquiets r E S du farouche Swaran Sur une mer d'azur Tromaton Minona^ sur la rive se balance. exbale ses douleurs A l'aspect du guerrier, à l'éclat de La honte, la pudeur, décolorent ses ses : armes, charmes, un ruisseau de pleurs. Swaran, l'effroi de mon amante? Et de ses yeux baissés coule « D'où « Lit-elle a N'es-tu pas un rayon dont naît, lui dit sur mon front la haine ou le la clarté trépas? charmante mes pas? i< Sur ces bords inconnus vient « Est-ce « Déjà , sûr de punir ses complots inhumains < « un vil éclairer étranger qui cause tes alarmes? Mon glaive impatient frémit entre mes mains. Réponds, fille d'v^/i/r... Ne vois-tu point mes larmes Min ON A. Ah que ! Qui sur n'ai-je le vécu comme la fleur des champs roc désert naît et meurt inconnue A peine seize fois des volages printemps Mon œil sur nos forêts vit la robe étendue Et O la tombe déjà s'ouvre douleur! ô remords! Mais peut-être, sensible Peut-être, déplorant ; pour m'engloutir! Ma Des larmes des héros ne ! cendre dédaignée sera point baignée à mon mon ! vif repentir. crime involontaire. ? D O s s ' A I Mon amant, quelquefois, dans Donnera des regrets à la Rassure-toi Swaran peut S Où Je donc : mort. Mais à ton ravisseur O mon R A N. te venger d'un traître: se cache-t-il? qu'il est lent à paroitre! le vois déjà Cède nuit solitaire d^Anir. fille WA 55 N. la si mon foible bras une indigne unique amour prends ! victoire, pitié de ma gloire, Et qu'elle m'accompagne au-delà du trépas mon tombeau Elevé sur la : roche escarpée; Et, lorsque d'un esquif tes yeux verront les mâts, Cours aux enfants des mers confier Qu'ils la portent soudain au triste Et, qu'instruit de L'ame de mon mon sort, M Non : à et épée; malheureux vieillard, retour à toute heure occupée. N'attache plus sur l'onde Et ta veux, ce mon Coldannrd I un avide regard. N o N A. tn crois l'emporter en courage! mourir aussi je borne Nous dormirons mon tous deux dans le orgueil même ; cercueil. Mon cœur n'est point formé d'une roche sauvage. Et mon ame n'est point comme ces flots errants Qui, bercés par le calme ou gonflés par l'orage. POESIES 56 A travers les écueils roulent indifférents. mon ame Va, déjà de la tienne est rivale : Tombons, moucher S waran^ percés des mêmes traits. de Isle Tromaton , isle ne quitterai point .Te à jamais fatale ! tes sanglantes forêts. Mon frère (i) combattoit en de lointains rivages: mon palais je veillois tristement; Seule dans noir aquilon, précurseur des orages, Et le A travers les sapins murmuroit sourdement. Près de moi tout-à-coup des armes retentissent; Le fer frappe le fer, et les coursiers hennissent.... Dans mon cœur à ce bruit se glisse O mon héros! mes yeux vont enfin Won, Duromath Son l'affreux glaive dégouttoit sein de ses vaisseaux Que pouvoit se présente à contre lui il les flots : ma vue : pitié pour mes cris, m'entraîne éperdue. la foible Je t'appelois en vain... Mais Qui fend espoir te revoir... du sang de mes amis; Sans respect pour mon nom, sans Au un doux Minona? c'est lui... roulants d'une Le voilà mer enflammée. Regarde; apperçois-tu son innombrable armée.' Fuis, malheureux guerrier, ce barbare tyran. WAR Moi, fuir A. N. devant ses pas! moi, céder sans combattre Qu'il ose abandonner l'orageux Océan ; ! D O s s ' I A Sj N. Et ce fer paternel à mes pieds va l'abattre La crainte est étrangère à l'anie de : Swaran, mon amour, dans cette grotte obscure: amis, compagnons de mon sort, Toi, descends, Vous, iideles Que Dnromath expie nne coupable injure. Et que vos arcs vengeurs fassent voler Il Minona dit; et la mort. sous une voûte sombre S'enfonce. Les soupirs n'agitent plus son cœur; Un aimable incarnat succède à sa pâleur : Tel luit un long éclair qui serpente dans l'ombre. Dnromath La colère cependant s'avançoit à grands pas ridoit : son sinistre visage; Et, sous de noirs sourcils, messagers du Rouloient ses yeux de sang allumés par trépas, la rage. " Etrangers, leur dit-il, les vents tumultueux « Vous X Ou « D'arracber de mes bras une beauté « Minona pour mon isle » Mon cœur s'épanouit à sa « Jeune « Voudrois-tu « Oui mais reverras tu ont-ils dans la nuit poussés sur cette rive.' bien nourrissez- vous et foible rival, me est un présomptueux captive.'' astre serein ; douce lumière. d'une beauté si clierc priver? est-ce là ton dessein.' ; S As-tu donc oublié l'esjjoir vy le iils le palais AR de ton père? A w. de Coldanard'l t POESIES 58 Ne plus du jour où te souvient-il mon épée Te chassoit devant moi comme un chevreuil fuyard , Que le dogue poursuit sur la roche escarpée? En vain mille guerriers veillent autour de toi: Mon amante, bientôt à Dans le palais Aussi prompt que Le lâche Diiromath Swaran échappée, tes fers à'Anir va rentrer avec moi. l'éclair, à ces fuit le suit, l'atteint, le Et son sang de mots s'élance. il dans ses bataillons. perce de sa lance; plaine inonde les sillons. la Ses timides soldats à cet aspect funeste Se dispersent, poussant de lamentables Morven en poursuivent Les flèches de Et bientôt le Mais quel repose à ; Le grand cœur de s'approche, Et d'une voix il l'antre favorable des hasards. frappé ses regards! soupire étendu sur Et de son sein percé « l'abri triste spectacle a Un jeune homme Il : rivage est purgé d'ennemis. Sivaran court aussitôt vers Où Minona cris le reste le Swaran lui tend émue il le sable, sang coule à longs flots. frémit à ses sanglots: une main secourable prononce ces mots : Compte, jeune inconnu, surmes soins tu télaires: Il Ton ame peut encor se livrer à 1 Je connois « Ma main les l'espoir ; vertus des plantes salutaires (2) ; sur plus d'un brave essaya leur pouvoir. D O s s I A N, 5i) n Swaran fut payé par la reconnoissance. Oh qu'il me seroit doux de calmer ta souffrance « Quel climat < Sans doute « Et ! — « « « K c< Ils ! fut témoin de tes premiers exploits? tes aïeux brilloient parmi les rois? Oui, répond l'inconnu, mes aïeux sont célèbres: rougiront, hélas ! de me donner des pleurs; Ma gloire a disparu dans ces déserts funèbres, Comme un rayon du jour au milieu des vapeurs. Aux bords de Diivranna^ sur ces rochers antiques, ' Que < S'élève le temps couronna de lugubres sapins, un vieux palais dont les torrents voisins « Réfléchissent au loin les tours mélancoliques « Là « Va... Remets-lui ce casque, et l'instruis de ma mort. mon frère EUe dit; et m'attend, inquiet de Swaran que touche mon ; sort.... sa prière... Minona.... Quel moment! Elle avoit revêtu Au fond de son asyle une armure guerrière, Et parmi les soldats « O « Dit-elle « Je n'ai plus, je fils elle avoit combattu. de Coldanard! point dindigne foiblesse, : le trépas s'empare de le sais, mes sens. de droits à ta tendresse; mes douloureux « Mais daigne « Une tempête affreuse a battu ma jeunesse. Que n'ai -je pu rester aux murs de Duçranna! Sensible à mon amour, Anir dans sa vieillesse Auroit béai du moins l'heureuse Minona. » « « » recueillir accents. -> POESIES D'OSSIAN. €o Elle expire. Swaran dans l'étroite demeure Ensevelit son corps glacé par le trépas Sur la Mais tombe attaché, durant la : trois jours il pleure. guerre l'appelle en de nouveaux climats : Mon'en ; nous vîmes sa tristesse. Ma voix (3), de Minona célébrant la beauté, Il regagna Fit luire dans son ame un rayon d'alégresse; Cependant, En les soupirs de son cœur agité trabissoient souvent la blessure profonde. Ainsi, lorsque Quand un Dans le le soleil calme a reconquis nouveau vient les airs, éclairer le monde, lointain encor brillent quelques éclair*. NOTES. (i) (2) Minona raconte ques counoissoient res son enlèvement. La plupart des guerriers de ces temps héroï- que la la propriété des plantes salutai- nature prodigue aux montagnes du Nord de l'Ecosse. Fingal sur-tout se rendit célèbre par ses connoissances médicinales. (3) C'est Ossi'an qui parle. HYMNE AU Invincible Quelle main, Dans héros, roi du les plaines de l'air te ta Nul astre dans les cieux Les filles la monde du jour, et couvrant d'une pompeuse armure te Et sema d'un or pur de SOLEIL. marqua ton séjour, blonde chevelure? ne marche ton nuit à ton éclat pâlissent rival ; ; La lune devant toi fuit d'un pas inégal Et ses rayons douteux dans les flots s'engloutisseui Sous l'effort redoublé de l'âge et des Autans Tombent le chêne antique et le pin solitaire Le mont même , le mont accablé par les ans ; , Incline sous leur poids sa tête séculaire Mais les siècles jaloux respectent Un printemps éternel sourit à Tu traverses l'espace en ta ta : beauté; jeunesse; monarque indomté. Et l'azur lumineux t'environne sans cesse Quand Quand la les tempête éclate et rugit : les airs, vents font rouler au milieu des éclaira Le char retentissant qui porte ToQ dans disque ouvre la le tonnerre nue, et console la terre. POESIES Hélas Ne D' O S S I A N. depuis long-temps tes rayons glorieux viennent plus frapper Je ne Tu ! te Terrai ma débile paupière plus, soit que, dans verses sur la plaine un océan de feux , Soit que, vers l'occident, le cortège des Accompagne tes , ombres pas, ou que les vagues sombres T'enferment dans Mais peut-être ! ta carrière d'une humide prison le sein ô Soleil , ! tu n'as qu'une saison Peut-être, succombant sous le ; fardeau des âges, Un jour tu subiras notre commun destin Tu seras insensible à la voix du matin , Et tu l'endormiras au milieu des nuaget. : CARTHON. U s Clessamor, roi des vallées , E T. de Lora, fut jeté par une tem- Reuthamir, pête à Balclutîta. reçut chez lui J roi de cette donna en mariage et lui sa ville, le JMoïna. fille Un chef étranger, qui en étoit épris, insulta C/ewa/wor. Les deux rivaux se battirent le : tirer à Morven samor avoit laissée enceinte, s'enfuir et , et de se re. Moina que près de Fingal. nommé Carthon thon chef fut tué; mais ses Clessamor de guerriers forcèrent , donna le C/es- jour à un fils mourut peu de temps après. Car- encore dans l'enfance lorsque Conihal, étoit père de Fingal, prit et brûla la ville de Balclutha. du carnage par les soins d'un Barde mais , quand il fut en âge de porter les armes, il Carthon fidèle ; fut sauvé résolut de venger le qui depuis Voilà où la malheur de mort de commence sa patrie sur Comhal l'action régnoit à qui a quitté sa retraite pour féliciter uouvelle expédition dont il Fingal, Morven. du poème: Clessamor, est sorti Fingal sur la vainqueur se met , malgré son grand âge , au nombre des guerriers du roi de Morven «onnojtrc , : il combat contre son et lui donne la mort. fils Carthon sans le CARTHON. Xjvènements Qu'à votre souvenir des siècles écoulés, Barde se le réveille. Tes ruisseaux, 6 Lora, plaisent à Et rendent la vigueur à mes sens mon oreille, accablés. Malvina^ (i) vois ce mont couronné de bruyère D'où pendent trois pins sourcilleux Qui versent en tout temps une ombre funéraire A leur pied les vents Caressent Et le la fleur amoureux matinale vallon silencieux Respire, en souriant, le parfum qu'elle exhale. Entre ces rocs que Un la mousse a voilés couple belliqueux sommeille. Evénements des Qu'à votre souvenir siècles écoulés le Environné de Quel héros Barde , se réveilla (î). ses guerriers , traverse la plaine ? L» paix semble adoucir ses regards meurtrier» 6. : POESIES 66 Ils ne respirent plus la haine; Calme comme un rayon du Qui luit Ou comme un roi des airs Enchaîne Il dont l'aimable pouvoir bruyants orages les revient glorieux des rives C'est le roi de soir à travers les nuages Mon'en; c'est du Balva. Fingal^ c'est mon père. Mille flambeaux (3) brillants d'une vive lumière Eclaii'ent à sa voix les La coupe de la jt)ie Eveille dans nos coeurs , voûtes de Selma. à la ronde vidée les transports les plus doux. « Pourquoi donc C/e55flwor « Dit Fingal; de douleur son ame possédée a S'endort dans « Mais « Teluncoursier fougueux, queles vents avertissent, '< Ses yeux lancen t le silence et je le vois.... « a il poiut avec nous? dans l'oisiveté r vient d'un pas précipité... Sent de loin ses Agile, n'est-il lîers l'éclair, ses compagnons ; longs crins se hérissent ; du sommet des monts accourt, et ses pieds sur les rocs retentissent. « Il « Salut à Clessamor. Fils des braves « Ne viens-tu » — Roi de Mor^en^ mon cœurjouit de , pourquoi pas t'asseoir à mes nocturnes fêtes « Mais un foible « Ils vieillard , ne sont plus ces jours tes que pourroit-il pour et ? conquêtes ; toi de gloire et d'ivresse , .'' D O ' « Ces jours où Moïna, s s A I N. 67 aimable des rois fille « Vit Clessamor pour « Et lui donna sa naïve tendresse. « — Raconte-nous la première fois premières amours tes , : " Au bord " A d'éternels ennuis « Dis-nous quels noirs chagrins en on t troublé le cours. de tes ruisseaux , accablé de tristesse tu livres tes vieux jours Clessamor. Le zéphyr A l'éclat Soudain dans mes voiles souffloit mon vaisseau Et fendoit les mers trompeur des les étoiles; vents troublent les airs., gronde, La tempête s'élève, Et, le front allumé d'éclairs. Un noir esprit tourmente l'onde ; Battu des flots, jouet des vents. Enfin de Balcltu/i a j'ahorde ReiUhamir par des le rivage. soins touchants mon naufrage. Moina : L'amour descendit dans mon ame Elle fut sensible à ma flamme Et son père me la donna. Me consola de Je vis sa fille Mais un chef étranger brùloit aussi pour H arrive au palais; et son orgueil jaloux ; elle; , ; POESIES 6S Empoisonne le cours de l'ardeur Nous combattons De ses guerriers Des Mais Et soudain moi-même mon le flot Moïna il esquif sur la plus belle. tombe sous mes coups mon glaive ruissellent; après de longs efforts la : armes étinoelent. les de sang sous flots je cède Je lance ; ; mer azurée. mugissant m'éloigne de ces bords. sur la rive, inquiète, éplorée, Ses noirs cheveux épars, son sein mouillé de pleurs, M'apparoit; mais les vents emportent ses douleurs, Et je fuis, entraîné par l'onde impitoyable. Hélas! depuis ce jour tristement mémorable, Mes yeux n'ont point revu Elle dort, m'a-t-on dit, Elle dort; et Du la belle souvent son ombre gémissante sein des brouillards entr'ouverts Vient m'attrister; semblable à Quand la Epouvante « Dit la lune naissante neige en flocons tombe du haut des airs, Et que des vents du Nord « Moïna: aux murs de Balclntha; la fureur rugissante les bois déserts. Pleurons cette beauté chérie, mon père des ans le fleuve s'est Moïna repose sans vie... " Balclntha même a disparu. : accru ; << Le matin cependant nous trouve dans >> la joie; D'OS SI AN. Auos yeux Le firmament sourit à Et O 69- satisfaits l'horizon se déploie, l'éclat d'un jour pur, calme s'assied sur son trône d'azur. le surprise! soudain la mer gronde, s'allume. Et roule en bouillonnant ses flots blanchis d'écunle; De l'abyme s'élève une sombre vapeur; Elle a pris d'un vieillard Déjà de tous ses le vêtement trompeur; démêle traits l'œil Bientôt c'est un géant, c'est Il nous montre ce prodige Les héros de : sur nous fond en gouttes de sang. et Témoin de aieul forme; qui tremble dans son flanc. le trait Se dissout, De son la un fantôme énorme , et le cœur plein d'alarmes, Tremnor (4) Fingal revêt les armes. Morven^ l'œil attaché sur lui, Iminobiles,.muets, partagent son ennui; Dans ses traits menaçants chacun croit voir la guerre, Et dans ses yeux l'éclair, messager du tonnerre: Les dogues, pénétrés d'une secrète horreur. Par de longs aboiements annoncent leur terreur (5) Les lîUes de Selma, d'épouvante glacées, Ne roulent dans leur sein que de sombres pensées Et nous, prêts à combattre, Nous attendons du « O mes héros Il Et la « Une ombre , à vaincre résolus, roi les ordres absolus dit- il, un orage mort en courroux plane sur notre protectrice a : s'apprête, prévu le tête danger j : ; : POESIES 70 « La mer roule en ses flancs le superbe étranger ; « Remplissez vos carquois de flèches meurtrières, « Détachez de ces murs Il >< Du armes de vos pères les (G) pesant boucher chargez vos bras nerveux, Et qu'un casque d'airain presse vos noirs cheveux. Des cris se font Par le flot entendre : écumant sur nos bords Triomphante, elle fuit •' une foule ennemie est vomie; l'empire des écueils : Tel qu'un cerf entouré de rapides chevreuils, Tel s'élève Carthon; ses armes frémissantes Sous des '< O étoiles d'or brillent resplendissantes. Carril^ dit Fingal^^ va, sors de mon palais, '< Et porte à ce guerrier des paroles de paix ; « Dis-lui que les combats plaisent à nos courages, « Que nos fers, de héros, « Mais que le a S'en retourne chargé de présents glorieux « M ont peuplé les nuages; brave, admis à nos bantpiets joyeux, ; Tremnor le pouvoir me seconde, Et qu'au bruit de mon nom tremblent les rois du monde (7 Dis-lui que de Carril part en chantant; et mon père rêveur De loin sur l'ennemi jette un œil de douleur. « Que ta démarche est noble, enfont du mont sauvage un « La lance entre « a Ta jeunesse est un chêne au front audacieux, Qui supporte la voûte où reposent les cieux 3 Mais cet arbre superbe, atteint dans tes mains est feu qui ravage; : sa raeint^ ! ) D o ' s s I A 7» ri. Bientôt de ses débris va joncher « la colline; Ta belle éponse en pleurs vainement sut les eaux D'un regard inquiet cherchera tes vaisseaux. » «1 a Déjà près de Carthon messager le fidèle Entonnoit fièrement son iiymne solemnelle. « Clief des braves, salut <t Quel fantôme de « Regarde autour de < Sous Jusque dans ces climats pu guider tes pas.' toi ces collines désertes ces pierres, de deuil et de Dorment d'un I ! gloire a : mousse couvertes, roi puissant les foibles ennemis. Ah! plutôt dans 5e/ma que tes braves admis.... » Moi répond le héros moi guerrier sans audace, K — « O >( fêtes Selma que j'aille prendre place! Morven! connois-tu bien mon cœur.' de Barde de Va dans ix , , Aux >i celui du lâche éveiller ta terreur: mon enfance ma lance.' de Comhal furieux Sais-tu bien que la guerre éleva 1 Et que . « '< ' le sang des rois a coulé sur Eh quoi donc ? sous les coups vu Balcliuha s'abymer dans les feux, Et j'irois, trahissant ma race glorieuse, J'aurois « Partager de son « Et j'irois de < Avec le fils la fils la fête injurieuse! paix serrer les doux d'un roi fléau de tous liens les miens! pouvois comprendre •< J'étois bien jeune alors, et ne « D'où naissoient tous les pleurs que je voyois répandre « En voyant nos ajnis s'enfuir de toutes parts, POESIES 72 « Une innocente joie auimoit mes « J'ainiois à regards; contempler ces flammes meurtrières « Qui dcToroient « Mais quand les murs élevés par l'âge eut enfin éclairé mes pères mes « Quand je « La ronce serpenter autour de nos murailles, « Et « Des héros décédés plaignant la vis du : esprits, palais les informes débris, pierre couvrir le « Furieux, j'appelai « Mes soupirs « Et « Ne la champ des funérailles, le triste sort, vengeance ou la mort; éclatoient au lever de l'aurore, « me retrouvoit encore me disois-je tout bas; Et le lils de Comhal ne me verra-t-il pas ? Il me verra bientôt. Va, fuis de ma présence, O Barde Tout mon cœur frémit d'impatience « D'une guerre sans « Et je n'offre à ton roi que « t< la nuit dans les pleurs ! Il : combattrai-je point? fin j'allume le la : flambeau, paix du tombeau. > yeux quelques larmes jaillissent dit, et de ses : Mille fers à sa voix dans les airs resplendissent. Et de loin au combat il appelle Fingal. moi-même un jeune rival « Dois-je attaquer « Dit « J'arrache avant le soir cette fleur matinale? « Quelle honte pour moi « Plaçoient cette victoire au rang des « Si pour vaincre mon père, et faut-il si que, d'une main si les .^ fatale, Bardes futurs un guerrier foible faits et sans obscurs ! renommée "D'OS SI AN. s Ils disoient que 73 Fin gai eux besoin d'une armée. hauteur, a Je ne marcherai point; debout sur « Je serai du combat tranquille spectateur; Œ Mais « Sur « Amis , ma lance Carillon triomphe, alors, prenant si lui, tel qu'un torrent à grand bruit je m'élance. lequel de vous marchera L'intrépide Connais Connal aux Attaque l'étranger et Cathol la le suit; Digne ami de Qu'attends-tu mesure Carthon mon Dans un repos , père oisif tu ? le , le la le premier .'' flancs d'acier. plaine ; renverse, et l'enchaîne. illustre Clessamor , sommeUles encor; destin à nos vœux est contraire.... "Va, terrasse l'orgueil d'un jeune téméraire. Mais Clessamor se levé, S'arrête. Il marche. Cependant et L'audacieux Carthon sur le rocher pendant voit de loin, à travers la poussière. S'avancer fièrement son nouvel adversaire soupire « Tremperai-je mes mains dans « Se « Carthon ne 3 Ah mon cœur CI Et ses cheveux blanchis commandent dit-il ! , et sur lui jetant à lui même : ; un long regard Il le : sang d'un vieillard? affamé de carnage, doit-il rien aux vertus de son âge? malgré moi s'émeut à son aspect, le respect. Mais déjà Clessamor d'un bras nerveux encore 7 POESIES 74 Le frappe , « « (I n et fait gémir son armure sonore, Que me veux-tu , vieillard ? ton invincible roi Ne peut-il m'opposer d'autres guerriers que toi ? Ou n'as-tu point de fils Couvre d'un bouclier dont l'ardente jeunesse ta débile vieUlesse ? « Quel est tonnom, ton rang? puis-je sans déshonneur •1 Sur un chef inconnu — < " « '< « signaler Jeune présomptueux , je ma fureur ? me ferai connoître; Mais apprends qu'un héros, qui te vau t bien peut-être Du plus beau sang des rois illustre rejeton , A l'ennemi jamais ne révéla son nom Ces lieux sont pleins encor de mon antique gloire : ma mémoire ; n Le Barde a Cède, ou , sans m'accabler d'un reproche insultant, << Donne-moi Ils à l'avenir portera le trépas, que ma combattent. Can/zo«, que : douleur attend. la pitié « modère. Semble craindre en frappant de frapper son vieux père; Enfin de Clessamor le fer vole en éclats Déjà pour l'enchaîner Carthon levé Mais le vieillard, le : bras honteux d'une semblable injure. Le perce d'un poignard caché sous son armure. Fingal a vu tomber Clessamor Du sommet du Cro?nla, furieux, pâlissant il ; descend. D'OS L'armée à son aspect Tel, avant que s I AN. s'arrête tout déchiré l'éclair ait ;•> émue : nue, la Quand un tonnerre sourd résonne au haut des monts ^ Le chasseur inquiet tremble dans Le roi de Balclutha , qui les vallons. se soutient à Voit accourir Fingal enflammé par Appuyé Il sur le Jeune héros, <i Tu meurs .> « •< ft ; dit-il, mon triomphe , s'apprête : ; mais tes aïeux dans leurs palais mouvants : Cède au « roi de Morven ; tu le peux sans foiblesse. Es-tu donc ce guerrier, fameux par tan t d'exploits. Et cet astre de mort qui consume les rois.' un aigle aux ailes étendues Moins terrible un torrent du mont voisin des Moins rapide Ah ! que est n'ai-je péri sous ton bras redouté mon nom Bardes lointains « Par « Mais je meurs inconnu , 'i Et le glaive — < ; front toujours serein Vont te revoir porté sur les ailes des vents; Qu'un sort si glorieux dissipe ta tristesse — « le , haine de son sang Fingal troublé s'arrête tt « , peine l'attend avec joie, et le glaive à la main. A l'aspect « roc la « les du foible a terminé Va Carlhon àoit , Emporte la gloire laisser cet espoir: les fils ma un seroit nues, ! chanté ; m'est ravie vie. brillant souvenirs de l'avenir. POESIES ^6 harpe avertis de . Par X A leurs u A « Ils Sur Il la fiers ta gloire immortelle descendants t'offriront ponr modèle l'heure où, fatignés de la longueur des nuits, rediront les les traits faits des temps évanouis. de CartJionhriUe un rayon de joie; mort qui vient sourit à la saisir sa proie. S'avance d'un pas lent vers Fingal attristé , Et remet en ses mains son glaive ensanglanté, conserve cette épée, o Conserve, •1 FoLble et vil instrument de lui dit-il, ma trompée gloire 4 Que « D'un chant injurieux ne me poursuivent « J'ai brillé « Mais de quels pleurs amers u Quel long deuil va régner sur « Et combien va gémir léponx de Il expire à ces mots Tombe Jette tes Bardes du moins par-delà cri : ma mort sera les pas. douloureux, et vie; suivie Moina! » le sable. reconnoît sanglant meurt en l'embrassant. Trois jours entiers à leur fin déplorable Nous donnâmes de justes Trois jours entiers En la pleurs; harpe lamentable funèbres accords exprima nos douleurs. Fille ! bords du Lora^ Clessamor, sur fils , le : trépas pour m'éteindre au matin delà près de son un le du grand Toscar, au pied de cette roche D O ' S'élève leur Un noir s s I A N. tombeau , du chasseur respecté ; Amtôme en interdit l'approche: Et quand de son char argenté La lune épanche une clarté douteuse, De Moïna l'Ombre mystérieuse Y vient gémir en liberté. NOTES. (i) à La plupart des poèmes d'Ossian sont adressas Mah'ina. EUe et avoit ëtoit fille éponsé Oscar, de Toscar^ roi de VUhter, fils d'Ossian. Ce Barde cé- lèbre devint aveugle sur la fin de ses jours. Mali>ina ne l'abandonna point : elle le conduisoit par-tout , ap- prenoit par cœur ses ouvrages, et les chantoit en compagnant de la prodiguoit à ce vieillard, prouvent, ci, pherson, que le la reconnoissance de celui- comme l'observe judicieusement AfrtCla noblesse des sentiments n'est point partage exclusif des peuples (2) civilisés. Ossi'an termine quelquefois sa première stro- phe par (3) s'ac- harpe. Les soins touchants qu'elle les deux vers qui l'ont commencée. C'étoient sans doute des flambeaux de cire qui faisoient partie du butin que les Calédoniens avoient rapporté d'une province romaine. (4) Trcmnorent deux fils, Trathal, et Com/ial père de Fingal. Fingal eut à son tour cinq enfants, Fergus.) Ryno , Fillan.^ Ossian, et la belle Bosmina, NOTES. (5) On croyoit que les 79 animaux voyoient bres des morts: aujourd'hui même, dans les les Om- mon- tagnes d'Ecosse, lorsqu'un animal tressaille subite- ment sans aucune cause apparente, ce mouvement (6) ter les le peuple attribue à l'apparition d'un fantôme. Lorsqu'un guerrier n'étoit plus en âge de porarmes, il Rien n'égaloit les attachoit le aux murs de son palais. respect religieux que ses enfants avoient pour elles; et ce n'étoit que dans les occasions importantes qn'ils escient s'en revêtir. {7) Les Romains. COMBAT DEFINGAL DU FANTOME DE LODA. ^/ u v N D reviendra ma brillante jeunesse ? Resplendissant sous mes armes d'airain, Quand iral-je aux combats déployer mon adresse, Et de tous ses forfaits punir un souverain? O Sehna! je revois tes riantes collines : Fijigal s'offre à mes yeux entouré des héros Qui reviennent vainqueurs des nations Mon Ils chantent ses exploits, La force de son bras Et voisines. père est an milieu des Bardes mes rivaux: le roi sa craint douce bienfaisance, même par les morts; de Mori>en^ appuyé sur sa lance. Ecoute en souriant leurs belliqueux accords. Quels regards Que ses yeux Mais, hélas! il lancoit étoient il aux jours de doux au sa colère sortir des n'est plus, ce guerrier tutélaire; L'œil ne peut retrouver l'empreinte de ses pas Sur sa î combats tombe, que voile ; une mousse ondoyante, ! POESIES D'OSSIAN. 8i Le chevreuil dn désert paît l'herbe verdoyante. Souvent pour J'y traîne la toucher de mes tremblantes mains ma doulear et mes pas incertains. Approche, Malvina; d'une douce lumière Les phosphores du soir rempUssent mes forêts. Asseyons-nous tous deux sur la pâle bruyère; Par des hymnes tous deux endormons nos regrets. Apporte de Sehna Unis ta voix la lé-gere à harpe secourable; mes tristes accents : Le Barde va chanter un combat mémorable.... Vois ce qu'étoit Fingal à L'ombre voiloit et les Tout reposoit dans la fleur monts les de ses ans. et les plaines ; camps ennemis ; Les casques d'or des guerriers endormis mourant des chênes. Etinceloient au feu Mon père seul, consumé de chagrin. Au doux sommeil se déroboit encore, Et promenoit son regard incertain Sur les débris du palais à'Inistore. Déjà Cathlin sur un lit S'étoit assis, et sourioit Dans A sa les détours de la de frimas au monde. forêt profonde lueur Fingal porte ses pas Soudain les : vents se heurtent et mugissent POESIES »2 Du firmament les clartés s'obscurcissent, Et, du milieu d'un nuage entr'ouvert, Fond De à grand bruit un fantôme homicide, feux, de sang, et de terreur couvert Un glaive ardent arme sa main livide L'éclair jailUt de ses yeux irrités : ; ; La mort s'étend sur son visage pâle. Et de sa voix sépulcrale les accents Grondent au loin par l'écho ¥ingal sourit répétés. à cette horrible vue ; Et, s'avançact vers le spectre jaloux: « FUs de la a Et sur tes .1 « « a Pourquoi Te Nuit, retourne dans vents échappe à sous t'offrir ta flattois-tu d'intimider ta mon nue, courroux; forme hideuse ? mon cœur? Que peut, dis-moi, ta lance nébuleuse, Ton arc de neige et ton glaive imposteur ? , •i Jouet des vents tu roules daus l'espace, « Et tu croirois m'inspirer quelque « Fantôme vain, fuis, et dérobe-toi " Au châtiment mon bras — c< « « ! « dont te effroi... menace. Ignores-tu qu'en ces bois révérés Un peuple entier se prosterne et m'implore Dois-je quitter l'enceinte où l'on m'adore, Où tout fléchit sous mes ordres sacrés.' A mes accents les tempêtes rugissent; : D'O Mon j« s s I A N. 83 souffle exhale et la guerre et la mort « Des nations mes mains règlent « Et devant moi leurs rois s'eTanouissent ; « Tandis qu'assis sur B Enseveli dans une paix profonde, mon le sort, trône d'azur, monde « J'entends gronder a Flottant sous • Et laisse-moi poursuivre mes desseins. « orages du les moi comme un brouillard obscur. Repose donc sur ton trône mobile, « Fi nga l iamais « Va, contre troubla-t-il ton asyle? lui tes efforts seront vains. « De En « Fingal connoît « Epargne-lui l'horreur de ton aspect. « — n l'ennemi les tribus menaçantes voyant frémissent de respect le tes Roi de Morven^ regagne ta patrie; J'appaiserai les vents impétueux: M Embarque-toi; des • Mon bras n Ton " Depuis long-temps je flots moment le roi En ce :: Et mon •< Fuis donc, ou crains L'Ombre, tumultueux puissant calmera adversaire est il veille assiège ma la furie. de Sora : sur sa gloire; Lora^ secours lui promet à ces : armes impuissantes; n e ; la victoire. trop juste fureur. mots, penchant sa tête « informe, Contre Fingal pousse une lance énorme : 84 POESIES D'OSSIAN. Mais le héros rappelle sa valeur ; Il fait briller Frappe, son glaive redoutable, et l'acier perce le corps trompeur. L'Ombre vaincue en jette un Roule dans l'air sa cri d'horreur. masse épouvantable, Et se dissout en humide vapeur. COMALA. POEME DRAMATIQUE. SUJET. à la veille d'épouser la belle Fingarétoit qu'on vint En une lui annoncer colline même s'il , et lui Comala , lors- l'invasion d'un roi étranger. combat partant pour le il son amante sur laissa promit de venir survivoit à la bataille. Il la rejoindre le soir vainquit, et envoya Hidallan à Comala pour lui annoncer son retour. Celui-ci, pour se venger des dédains de Comala, lui dit que Fingal Fingal a péri dans le arrive, et Un moment combat. Comala meurt de joie. BOSMIN A. JjA.'Nuit descend; ses voiles Enveloppent sombres les flots glacés Et les fantômes courroucés De cris sonrds remplissent les Ce sont des présages de mort Un Il roi compte tombe, sa dernière ombres. : heure trahi par le sort, ; après POESIES Au fond de Comala , l'étroite fille demeure. des héros Viens t'associer à nos larmes Il : goûte l'éternel repos Celui qu'avoient soumis tes charmes. Hélas ! avant la fin du jour, Fingal^ resplendissant de gloire, Devoit offrir à Les premiers Mais la ton amour fruits de sa victoire nuit a voilé les cieux ; ; Vingal ne paroit point encore Comala^ beaux yeux. levé tes Et vois briller ce météore Fingal est Comala, parmi ( ses aïeux. s" adressant au torrent. ) Enfant des monts et des tempêtes Pourquoi rouler des .Sur tes flots sanglants Ont-ils suspendu leurs conquêtes.' Dort-il O mon héros indomté lune , perce le fais luire ? nuage Qui couvre ton globe Et .'' bords nos guerriers tremblants argenté sur ce rivage ITne favorable clarté. DO s s Chef des Brillant Humide des HiDALLAN, ( à travers la traîner envojé par Fiugal pour annon à Comala. ma douleur cbefs ont mordu la ) amere! regrets, 6 cris superflus Nos Le nue pleurs du matin. cer son retour Où 8: ma vue comme un rayon serein Qui serpente O AN. I rois, parois à ! poussière : roi des boucliers n'est plus, C o M A L A. Quel monarque a perdu la vie .* Avoit-il la vive blancheur Ou des frimas de la prairie, Ou du cygne amour du chasseur ? , Son œil étoit-il intrépide ? Et dans les combats meurtriers Sa lancé , comme un feu Consumoit-eUe rapide les guerriers ? H I D A L A N , [feignant de ne pas I. Oh! que l'entendre. ) n'entends-je son amante, Assise au pied du roc désert. Appeler d'une voix touchan te - POESIES L'aimaLle guerrier qu'elle perd Fils du printemps , zéphyr Soulevé l'or ! folâtre de ses cheveux; Découvre-moi son sein d'alhâtrc Et l'humide azur de ses yeux. COM AL A. Fingal dort d'un sommeil Réponds, sinistre paisible . messager; Celui qui bravoit le danger N'est-il plus qu'une ombre insensible HlDALLAIf. Oui, le chef du peuple est tombé: Ses guerriers mesurent Aux la plaine ; rigueurs d'une mort prochaine Le hasard seul m'a dérobé. CoMA Que par-tout la L A. mort t'environne, Transfuge de nos étendarts, Qui, du trouble où je m'abandonne^ Repais tes avides regards ! Qu'une amante désespérée, lémoin de ton juste trépas. '. D O s s ' Sur I A 89 N. tombe déshonorée ta Pleure et meurtrisse ses appas. Barbare, ton récit coupable Comble l'horreur de mon Sans destin Pourroit être encore incertain Un : malheur qui m'accable toi le ; un rocher, un nuage, Auroient pu séduire mes yeux. arbre, Et m'offrir la trompeuse image De mon héros victorieux. BOSMIN A. Quel drapeau dans l'air se déploie ? Quel bruit entends-je sur An'en? Comalaf Voici les renais à Fin Dépositaires de Bardes , la joie, braves de Morven, G AI.. la gloire, commencez vos concerts ; Et que les chants de la victoire Retentissent dans ces déserts, O Comala, fille charmante, Viens applaudir à mes exploits ; Sors de tes rochers, Que j'entende ta mon amante, douce voix. POESIES go C o M A. L A , ( croyant parler à l'Ombre de Fingal. > Emporte-moi dans Ombre chère à si tes nuages, mon amour. Fin GAI.. Fingal des vents N'habite pas Il a revu le et des orages noir séjour; l'objet qu'il aime, n le presse contre son cœur Comala reviens à toi-même , Et souris à Fingal vainqueur. Comala. C'est mon héros. Touche son . . . ma main invincible tremblau!»^ main ; Voilà ses traits, son front serein, Et sa chevelure flottante Au souffle des vents Mais quoi ! . . mes . du matin. forces s'affoiblissent .... Je cède à l'excès du bonheur ; Et déjà mes yeux s'obscurcissent Chargés d'une noire vapeur. HlDAH-AH. Elle expire . . . . O douleur tardive ! D'O s s I A . Pourquoi d'une amante craintive Ai-je éveUlé le désespoir ? Mes yeux ne pourront plus Foroer la biche fugitive Et nul dans le la voir ; calme du soir N'écoutera sa voix plaintive. Fi If G A. !.. Jeune homme aux farouches regards Eloigne-toi, fuis ma présence; Abandonne mes étendards. la honte du silence Va languir parmi les vieillards. Vous, Bardes, chantez cette belle; Et dans Chantez au bord de ce torrent ; Et qu'une plainte solemnelle Console ce fantôme errant. Comala repose sans vie ; Ses yeux sont éteints pour jamais Le trépas, d'une ombre ennemie. Enveloppe Quand O la ses doux rouvriras-tu attraits. ta paupière plus belle des beautés Quand viendras-tu sur la ? bruyère ; , (i) POESIES D O ' S S I A N. Presser les daims épouvantés? Aussitôt que Aura bruni Oli ! la nuit obscure l'azur des cieux, reviens enchanter nos yeux. Laissant flotter à l'aventure Les plis du voile nébuleux Qui va le servir de parure. NOTE (i) Les rois n'infligeoient à leurs sujets aucune peine capitale. Fingal, désespéré de la mort de Co- niala victime d'un faux rapport, se contente de bannir Hidallan. De tous les affronts c'étoit le plus pour un guerrier peu y survivoient; plusieurs se donnoient la mort, ou la dcmandoient à sensible : leurs pères. La cause de ce désespoir découloit de croyance où ils étoient par son chef devoit, avant d'être reçue dans nuages , la que l'ame d'un guerrier banni gémir plusieurs siècles bourbeux, ou dans des plaines les au bord des torrents arides. LA MORT D'HIDALLAN. L)v palais de Morven pour Hicfallan furieux, Franchissant l'œil les torrents, les Regagnoit tout pensif Durant Et déjà Quand l'asyle trois jours entiers le soleil, Faisoit de les jamais exilé morue, il , éclievelé, rochers , les bruyères, de ses pères. erra sur les monts; couronné de rayons pourpre et d'or resplendir l'étendue, tours du Bal\>a s'offrirent à sa vue. moment Son père en ce Respiroit fraîcheur et la sous un rhêne voisin l'air pur du matin ; Ses yeux depuis long-tempg étoient voilés par l'âge ; Seul an Lord du ruisseau, dans son désert sauvage. songeoit à son Il Et des Soudain Le II- à sou espoir de ses vieux ans, fils, siècles passés il oreille murmuroitles chants. un bruit confus résonne vieillard attentif et se tait, et frissonne: pressent le retour de son fils bien aimé. Lamok. Entends-je à'Hidallnn le pas accoutumé.^ POESIES Ou bien n'est-ce Qui près de moi Mon lîls, me Et ne Mais si , D O ' S S A I N. (,5 qu'une ombre errante, fugitive, s'arrête et gémit sur reste-t-il que ta gloire et tn vis encor, qu'as-tu rive? la du Carron , as-tu péri sur les bords fait ton nom ? de nos braves ? Ont-ils perdu le jour? hélas! sont-ils esclaves? Jadis , Tu me avec paix regagnant la tes foyers. ramenois au bruit des boucliers. les H Mon père, les Vivent pour héros les De gloire.... il Le destin I si DAL A N. I. chers à combats , et se ta mémoire couvrent de gloire n'en est plus pour ton me condamne à fils malheureux: languir dans ces lieux Tandis que, loin de moi, plus prompt que Le fer Ah ! brille sanglant sur l'aile de la le tonnerre guerre. lorsque les périls invitoient les héros, Tes aïeux s'indignoient des douceurs du repos. Regarde cette tombe on sommeille Chargé d'ans et de gloire il N'entends-tu pas sa voix qui a Que fais-tu loin de moi? mon père finit sa carrière me crie : tes destins « ; : O mon fils sont remplis POESIES y6 « Viensjoindre Tombe Germalon de Dans ton ta dépouille à , ma tombe cendre honorée me recevoir sein désormais peux-tu mon Hidallan, orgueil, a tralii : y révérée si ? son devoir. HlDALLAN. Roi du somire Balva^ Ah ! le Ne me même courage n'afflige et mon ame; point m'anime et m'enflamme Vois quel est Fingal, de Charge de mon destin, et connois sa rigueur. Comala cette pleurant la mort fatale, mort ma tendresse rivale. me défend la gloire et dérobe aux combats Par un ordre jaloux ma jeunesse et mon bras Il , « Retourne, « Va cours te dessécher aux bords de tt CI : reproche point une molle langueur; m'a-t-il dit, retourne dans , : tes plaines ; tes fontaines Comme un sapin vieilli dont la neige Vers la terre ont courbé les et les vents rameaux languissants. Lai Lorsque mes yeux en pleurs, du sommet des nuages. Tomberont sur ce« bords témoins de mes outrages, Naissez, épais brouillards, fils de l'obscurité. D O ' s s I A Et cachez Hidallan à son père H un jenne Plains Mais pour ces D A I. L A N. guerrier que son chef déshonore. ma lance en de nouveaux climats? monts , couronnés par d'éternels frimas , Si je poursuis le daim, la biche aux pieds rapides, Branno^û Luath^ mes dogues Si Forcent le sanglier Souriras-tu, Et, le De tes cœur intrépides, dans ses retranchements. mon père, à ces amusements. satisfait , le front brillant de joie. tremblantes mains toucheras-tu L Aux murs Le 91 ! consoler que puis-je faire encore? te Dois-je porter Sur 1 N. irrité fer de Prends , A. M o R. de ce palais bâti par mes aïeux Germalon va s'offrira mon fils, prends ce fer Hidallan ma proie ? obéit. « , tes yeux. et l'apporte à ton père. Près de cette onde claire, vieillard, et sous le « Ditencorle « Dans son « Guide mes pas M Toi, dont l'œilnébulenx chêne épais, asyle étroit ton aïeul dort en paix; ». A peine il en touche la pierre veille sur cette terre. : POESIES D'OSSIAN. 98 GermaloUf du haut du firmament o Illustre « Contemple « Comme sa honte, hélas! Il dit, ta famille à son dernier moment. sa douleur est extrême. frappe son fils, et se frappe lui-même. > lW/». »/*/».« LORMA. SUJET. Fingal à son retour , d'Irlande d'où Swaran donna une fête à tous d'inviter Maronnai et Mathos , il avoit chassé ses héros , : il oublia deux chefs qui ne Tavoient point accompagné dans son expédition. conçurent un vif ressentiment de cet oubli Ils et pas- , sèrent au service A^Erragon l'ennemi déclaré de Fingal et roi d'un canton de la Scandinavie appelé Sora. La valeur de Mathos lui acquit bientôt une grande réputation dans Sora ; et Lorma femme d'JS'rragon conçut pour lui une violente passion. Il trouva les moyens de s'évader avec elle et de revenir auprès , , , , , , de Fingal fit , qui demeuroit alors à une descente en Ecosse par Gaul, fils de Morni positions de paix que thos fut tué par Lorma après avoir rejeté Fingal Erragon Se/ma. Erragon dans le combat et fut tué ; pro- les lui avoit offertes. son rival Ma- et l'infortunée mourut de douleur. l^NFAWT Les , , doux sons de Ils se de ta la roche isolée (i), voix réjouissent mêlent au bruit flatteur mon cœur; POESIES 100 Du ruisseau qui baigne clair la vallée ; Solitaire étranger, sur ces gazons flétris. Un moment Là s'élève , que ton œil s'arrête: une tombe au miben des débris Que du sommet des monts a roulés la tempête; Là tu dors, Erragon^ cbef des rois belliqueux De Et l'éclat de ton nom Sora n'est : plus frappée. des ans a noirci ton épée la rouille Dans le palais de tes aïeux; Un long deuil de tes mers attriste les rivages. O toi, pour les combats, pour la gloire nourri^ "Vaillant cliet'de Sur Swaran ces étoit Sora^ comment as-tu péri bords lointains vaincu ; F/«gfl/ Revoyoient de Selma Mon père A remplir satisfait tous ses les et sauvages? et ses guerriers murs bospitaliers. nous commande une vœux cbacun fête : de nous s'apprête; Nous tendons l'arc fatal le trait obéissant Va percer dans les bois le chevreuil bondissant ; Et tous vers le palais, Nous revenons, chargés d'une Les Bardes au banquet invitent Deux Un ; pleins d'orgueil et de joie, seuls sont oubliés. sanglante proie. les héros Maronnai et : Mat/tos. farouche dépit dans leurs yeux étincelle Sinistres, à travers la joie universelle ». j^ D'O Ils Qui pèsent sur les flots L'aquilon est muet, Mais « le SI A s N. loi deux btouillards errants s'élèvent, pareils à azurés et riants : sans nuage ; le ciel est vieux nautonnier tremble et prévoit l'orage. Partons, dit Maronnai y que nos légers vaisseaux a Fendent des mers du Nord " Mathos^ on nous les turbulentes eaux : oublie, et des chefs de l'armée a Nous ne partageons point « Du superbe Fingal quittons la fête les accoutumée. étendards : « Erragon nous appelle à de nouveaux hasards; Son palais retentit des chants de la victoire: « Viens, et dans ses combats allons chercher la gloire. « Ils De Et voguent , et bieiitôt arrivent à présents et d'honneurs les vit, Erragon les combla, sous ses lois, par d'éclatants services Lui rendre chaque jour les destins Mais du jeune Mathos la De > Sora : l'aimable Lorma Epouse à' Erragon^ Brilloit comme plus propices. grâce et la valeur surent toucher Lorma la fleur que le cœur. dans son aurore le printemps colore ; Ses yeux charmants rouloient dans les feux de l'amour: Assise chaque soir au sommet d'une tour, Elle s'entretenoit des peines de son ame : Lasse enfin de combattre une amoureuse flamme. Elle fait à Mathos le Et du palais des rois plus ils doux des aveux; s'éloignent tous deux: 9- POESIES I02 Tous deux gagnent Moryew. Les regards de mon père S'allument à l'instant d'un feu sombre et sévère: Mathos^ « Infidèle « D'appaiser la lui dit-il, est-ce à fureur d'un époux et Erragon défendre moi d'un roi? « Dois-je contre « Et briser dans ses mains « Injuste ravisseur, qui voudra désormais « Recevoir mes guerriers an sein de son palais? « Retourne dans « Déplorer « « tes bois, la ces murailles, lance des batailles? va dans leur solitude ton ingratitude et ta faute et : Tu rallumes la guerre en ces tristes climats. O mon père! ô Tremnorl des ombres du trépas '< Tois quelle « Au est de ton fils la milieu des combats j'ai fatale vieillesse passé : ma jeunesse; nouveau, M Faut-il, hélas! faut-il combattre de « Etmarcherdanslesang jusqu'auxbords dutombeau? « O Morven! l'avenir se « Je vois sur mon découvre palais la à ma vue ; tempête étendue « En écraser les murs si long-temps glorieux. Quand la mort de mes fils aura fermé les yeux, Une race timide, habitant ce rivage, « Y « Et de tous mes exploits « Ne « X trouvera mon nom consacré d'âge en âge,. le brillant paroitra qu'un songe aux souvenir siècles à venir. » Erragon cependant, enflammé de furie j D'OSSIAN. A la hâte Il io3 rassemble une foule aguerrie: s'embarque avec elle, et déjà nos forêts S'offrent à ses regards farouches et distraits; A peine de Il députe à Selma Morven Tous nos jeunes Chassoient dans le Barde de guerriers en ce vieux le Entre dans le palais Erragon >t Son Barde vous « Prends, « « " (( les Narmor^ « B fatal ses amis fidèles. Se rappeloit près d'eux « moment ces hardis vieillards, nos illustres modèles, Lorsque « la terre, guerre. la désert, éloignés de Fingal. Ce héros, entouré de De touchent ses pieds le : « antiques combats. précipitant ses pas. Braves guerriers, aux armes à sa suite entraîne les alarmes lui appelle aux combats meurtriers. répond Fingal^ les superbes coursiers Que nous avons conquis sur les maîtres du monde Et que de mes projets ton zèle me réponde. Ma fille, ! ; ; tu suivras ce généreux vieillard: Va trouver Erragon^ et dis-lui de ma part Que , s'il vient se placer au banquet de ton père, Nous serrerons les nœuds dune amitié sincère; Dis-lui que de Mathos les trésors souverains, peut les désirer, vont passer dans ses mains; « S'il « Dis-lui qu'en mon palais « Et que l'âge a glacé notre antique vaillance, Il se tait. Bosmina, nous sommes sans défense, vers le camp ennemi » POESIES I04 S'avance front calme et d'un pas affermi; le Sa main droite soutient une coupe dorée, Dans Sa Sur Et A elle gauche étincelle une flèche acérée en un moment attachent tous son aimable aspect Roi, lui dit « Qui Et la paix : épais le feuillage tours silencieuses reposer tes armes belliqueuses. Si les trésors des rois « Du j II te < yeux; lui-même. est consolé Selma les voile de laisse les douleur extrême Rosrnina^^e t'apporte « « sa Viens t'asseoir avec nous sous « : beauté, son souris gracieux, sombre Erragon de le « « sa taille, sa peuvent généreux Mathos accepte donne cent chars, cent Cent rapides faucons, cent flatter tes sens, présents les : cuirasses légères, belles étrangères, Cent superbes coursiers accoutumés au frein, " Cent dogues a ux flancs noirs,et cent casques d'airaiu: .< D'or " Brilleront à Sora dans » Ou pour ton cœur, plein de justes regrets^ et de diamants dix coupes radieuses bien, si tes fêtes joyeuses ; mêmes « Une « A « Mais qu'une pai^ durable à ce prix « A « Que lui-même infidèle ton — « amour Fille fléchir épouse a bientôt les Lorma attraits, sera rendue : soit conclue. » aimable des rois, lui répond l'étranger, sous Fiiigal penses-tu m'engager.^ à mes pieds dépose ses richesses. D O Qu'il ine cède « s s A I deux monts, io5 N. et joigne à ces largesses 1 Les armes qu'autrefois portèrent ses aïeux « Mon armée à — ce prix Erragon^ « " A « De « Regarde, dit abandonne ; ces lieux. ma sœur avec nn lier sonrire, de pareils traités Fingnl ne peut souscrire. l'ennemi jamais et vois la Elle dit, et retourne il ne reçut mort prête au palais de la loi à : fondre sur mon toi. » père. Firigal^ en la voyant taciturne et sévère. Se levé furieux, prend sou armure d'or. Et couvre ses cheveux du casque de Tremnor. Quand Le il porte la soleil à regret Un nuage main à sa lance fatale verse une clarté pâle. sanglant des cieux voile l'azur. Mille ombres, se penchant surleur brouillard obscnr, Présagent le trépas de cent guerriers célèbres. Et semblent murmurer des chants sourds Une Le gaieté terrible zèle anime nos vieillards et funèbres: ; belliqueux brille dans leurs regards; Tous, songeant aux beaux jours de leur adolescence^ Autour de leur vieux Ils roi se pressent marchent. Mais soudain Annoncent Oscar le est le les en silence : dogues aboyants retour des chasseurs triomphants. premier; Gaiil Fergits et S'élancent sur les pas , du Néini vient après eux; il Dermide guerrier intrépide : porte dans ses mains POESIES io6 La dépouilk d'un cerf hôte des monts Toisins. Ossian les suivoit En songeant au : il imprévu J^otre aspect Lui-même du combat fait il Rayonnent trois sourire Fingal: donne dune Mille glaives, brillant Et son ame. est pensif; passé, s'attendrit et s'enflamme. le signal; affreuse lumière, à la fois sur la verte bruyère ; Bardes plaintifs, commençant leurs concerts. Du chant de épouvantent la bataille L'étendard de Morven dans les les airs. cieux se déploie Assis sur la colUne, et palpitant de joie, Mon père Et, fier Mais le suit de l'œil ses enfants cor retentit, et le combat s'engage Le farouche Erragon Des est donc Gaul A à' Helas ! il est il soutient l'effort. promené la mort. : Erragon le sable tombé Sora., dans tes , sauglanle poussière.*" ton amant a vécu. son glaive homicide Le jette sur O la Lorma; s'avançoit alors Au-devant seul il ce guerrier qui s'offre à sa colère. Et mord en expirant Pleure, belle : s'enivre de carnage; Morven tribus de Et sur nos bataillons Quel généreux, de leur valeur, se sent renaître en eux. il voit aussitôt il . . Mathos vaincu il oppose s'élance; sa lance. et lui perce le cœur. ce superbe vainqueur murs quelle morne ! tristesse! : D'O s s I A N. 107 Ton roi bouillant d'ardeur, de gloire, et de jeunesse, Ne te défendra plus contre tes ennemis.... dort sur 1 1 La auprès de ses amis la colline victoire à sa mort ne : fut plus indécise. Près d'un cliène enflammé languissamment assise, Lorma veilloit alors au palais de Matlios : Elle attend le retour de l'aimable béros. Sur la plaine déjà la nuit est descendue; La cascade du mont Le zépbyr En mots est s'arrête muet; et suspendue; Lorma dans les pleurs entrecoupés exhale ses douleurs « Mailios ne revient pas « Peuplent de son palais « .Aimable et beau chasseur, qui peut te ; : crainte la tristesse et la la solitaire enceinte « Hélas " Le cerf, que poursuivoient « T'aura-t-U entraîné par-delà nos bruyères.' u Les étoiles du soir s'élèvent sur « Pourquoi n'entends-je pas « Descends, ô Elle dit ! , avec le soir tu devois revenir mon amour! et se tait : sur la : retenir.'' ! tes flèches meurtrières, tes les monts. dogues vagabonds? descends de ta colline, roche voisine Un fantôme De poussière et de sang ses cheveux sont souillés; Son bras se montre agite encore Il s'arrête, à ses yeux effrayés un tronçon de ; sa lance soupire, et s'éloigne wi silence. : n POESIES io8 Lonna comprit que Mathos alors n'étoit plus: Pâle, d'un œil avide, et les sens éperdus, Le long de la bruyère lOmbre elle suit errante. J'entendis les sanglots de sa voix déchirante; Tel murmure un zéphyr D'un antre solitaire à travers le ou d'un sombre Jusqu'au champ de bataUle enfin EUe trouve Mathos étendu sur gazon vallon. elle se traîne: l'arène.... La mort deux jours après termina ses douleurs : Les Bardes attendris chantèrent ses malheurs. Tous les ans, quand l'automne et l'humide froidure Dépouillent Les filles de les coteaux de leur fraîche verdure, Morven pleurent cette beauté. Solitaire habitant de ce roc écarté (2), Tu foules une terre Chante ces morts , Quand la en batailles féconde la gloire et la reine des nuits, Luira dans la commençant et bcUe encor, Tu l'entendras Et redemande à briller. caverne où tu dois sommeiller. Sur un rayon tremblant que Rêveuse, : splendeur du mond« gémir; elle aux vents Lonna descendue, se présente à ta vue : pleure toujours, l'objet de ses amours. NOTES (i) Ossian adresse ce poème à un des premiers missionnaires chrétiens qui furent envoyés en Ecosse. On les appeloit cause de (2) Culdées^ c'est-à-dire solitaires, à la vie retirée qu'ils Le poëte parle au poëme. nienoient. solitaire à qui il a adressé ce MINVANE. V haut d'un roc, voisin des mers, JL) Solitaire, triste, Mirn'ane^ sur muette, les flots amers, Egaroit sa vue inquiète: Elle apperçut tous nos guerriers. Couverts de leurs armes brillantes Du Ils sein des combats meurtriers revoloient vers leurs amantes. Mais Rino n'est point avec eux, Rino que Minvaiie idolâtre : Des pleurs obscurcissent Elle frappe yeux: son sein d'albâtre. Et de ses cris trouble Couché sur < ses la les cienx : verte prairie, mon invincible amant? a Dort-il n Le bras qui « Etoit t II n'est l'étendit sans vie donc un bras bien puissant :< Zéphyrs , qui frémissez encore '< Dans . ! plus celui que j'adore. les flots de mes longs cheveux, Zéphyrs, interrompez vos jeux; POESIES DOSSIAN. < Cessez de parler à < Le doux langage des < < :i la rose plaisirs A mes pleurs mêlez vos Loin de moi mon amant Où sont dogues vigilants, ses repose. Son bouclier impénétrable, < Son < Hélas !< Ses armes roulent au hasard i< Peut-être ^ De " > arc, ses traits étincelants? ! peut-être sur le sable honorable Réjouit son affreux regard. Cher Rino , la voix de l'Aurore Ne « La < D'un J'en pur l'horizon a Jeune chasseur , éveille-loi Prends ton arc , et <i ; un vainqueur implacable cette dépouille K « ; soupirs ; te dira-t-elle jamais : nuit rentre dans son palais; Dans les forêts se dore répands : l'effroi que je colore. « FiUe du jour, cache « L'ami de n Les cerfs bondissent sur sa tombe, « Ils c( « '^ tes feux : Minvane succombe ; foulent son arc paresseux. Mon héros, dors en assurance; Ton sommeil Dans un sera respecté religieux silence ; POESIES D'OSSIAN. « Je vais m'étendre à ton côté « An sommet blanchi des « Demain mes •< agiles Me demanderont : montagnes compagnes à Téclio ; compté ma dernière « J'aurai n Et dans son obscure demeure « Je dormirai près de Rino. » lieore, EYELINA, FRAGMENT DU POEME DE FINGAL. -M A L V C'iTOiT la I N A un songe voix d'Oscar... rarement dans Son Ombre vient me consoler... Je lui parlois... Le jour détruit ce Et je sens que mon ame doux mensonge. est prête à s'envoler. Le fantôme d'Oscar remonte dans sa nue ; Sa robe ^e vapeurs , flottante au gré des vents Sous Et les l'or Tu feux du soleil resplendit à ma vue, de l'étranger brille en ses plis mouvants. vis, mon cher Oscar ^ dans ce cœur qui t'adore Mes larmes coulent dans la nuit 3Ies larmes coulent à l'aurore , Mes larmes, quand le jour s'enfuit. Demandent à couler encore. Hélas! comme un jeune arbrisseau Qu'un zéphyr matinal balance Sur l'onde pure du ruisseau, en présence. .le fleurissois Le souffle brùlaat de la ta mort ; POESIES ii4 A desséché mon verd feuillage Mes compagnes plaignent Et les ennuis de mon En vain pour réjouir Leur main sur la veuvage : mon coeur harpe Ces accords blessent : mon sort voltige... ma douleur; Tout m'importune, tout m'afflige. Os SI AN. Ta voix s'est fait entendre à mon cœur agité Oui , le cœur du vieillard répond à ta tendresse. Quand notre ame est en paix, il est dans la tristesse ; Une secrète et douce volupté ; Mais un chagrin profond lentement nous consume. O ma fille! des maux, que souffre ta beauté, Puissent mes chants adoucir l'amertume ! Nous goûtions dans Selma les charmes du repos Autour d'un chêne en feu nous écoutions mon père : Racontant les combats des antiques héros; Et près de lui Fillan , mon jeune frère, Poussoit, à ce récit, de belliqueux sanglots Mon fils, lui dit le roi, j'aime J'ai vu briller ta lance, et ta : noble audace; ton père joyeux S'est enorgueilli de sa race ; Sois l'égal de Tremnor^ Dès son enfance ce chef de nos aïeux instruit à la victoire; D'O Son glaive renommé Il s'éteignit Mais la s s veilla I A N. ii5 sur nos climats ; enfin dans les combats harpe guerrière éternise sa ; gloire. J'avois ton âge et presque ta beauté Quand à mes yeux, plus Plus blanche que Ou le lis Pour le embaumé que Morven première la fraîche Je traversois que l'aurore, cygne au plumage argenté. la forêt de voit éclore, Eçélina: fois s'offrit Cona ; Quelques braves suivoient ton père: Un cri plaintif, parti Glace mon cœur de de bruyère la surprise et d'effroi ; Nous approchons Evélina tremblante Me reconnoit, et s'avance vers moi; : Sa chevelure, au gré des vents errante. Voile à demi son sein mouillé de pleurs, de beauté, d'oii naissent tes douleurs.'' a Fille " Quel dessein Il conduit dans ce bois solitaire Fingal de pour l'infortune un est — te Instruis .< « la et tes .•* ; astre tutélaire» C'ief des combats, toi i< Toi dont « D'un « Tu « Mille guerriers brillèrent le malheurs que Morven révère^ Barde a consacré le nom , roi puissant à qui je fus bien chère vois en moi le dernier rejeton: pour mes charmes. POESIES ii6 « Et « Plus d'une fois virent couler leurs larmes " Le noir Bolbar m'apperçut les A fuir de mon palais — « Fille m'aima et son amour m'a contrainte. Qu'il vienne ce sombre guerrier; « A l'abri mers , les Bientôt dans de à ces le mon bouclier. mots je , lointain, « promené ma vue comme une Le vent du nord mugit dans sa ; épaisse nue, S'avance de Bolbar l'esquif audacieux ; voUe étendue, Et son poids ouvre au loin un siUon écumeux Noble étranger, enfant de Il la Dis-je à Bolbar^ Selma De mon retour on prépare Viens écouter nos chants, Le traître bande l'arc fatal .... brille de feux; la fête : et t'asseoir à me répond par un : tempête, nos jeux. affreux sourire ; soudain le trait siffle Eçélina chancelle, tombe, expire « Applaudis-toi du sang qu'a répandu .( i. est aisé Il Mais : ; de l'océan, repose-toi sans crainte « Sur Croma rochers du sourcilleux « 1 e bras d'immoler une femme de Fingnl sait punir ta main ; : l'assassin. » Nous combattons; la rage qui m'enflamme En ma faveur fait pencher le destin ; D O ' s s I Bolbar vaincu roale dans Il A la N. poussière: ose ni'adresser une lâche prière; Mais sans pitié je lui perce le sein; Et de son corps, gisant sur la bruyère, Laigle des monts vient repaître sa faim. LATHMON. U s Lathmon fils , l'absence de de Fingal qui , une descente dans le colline, et fait prisonnier étoit en Irlande Il pour , faire s'avança jus- Selma. Mais comme il étoit Fingal arriva Lathmon se sur le point de l'assiéger une T. prince breton, profita de pays de Morven. qu'à la Tue du palais de retira sur E J Nuath, : où il fut surpris par Ossian et pendant par Gaul la nuit, , fils de Morni. Le poème commence au moment ou Fingal paroît sur la côte. \J Selma dans tes murs quelle effrayante paix! Aucun son de tes bois ne trouble le silence En des climats lointains Fingal levé sa lance. ^ ; Et le Les deuUet filles de la crainte habitent son palais Morven ont devancé l'aurore : ; Leurs yeux mouillés de pleurs s'égarent sur les eaux. Mais le fils . . de Conihal ne paroît point encore, Le vent du nord mugit, et retient ses vaisseaux. Quel est ce noir torrent qui descend des montagnes Et roule avec fracas ses flots tumultueux? POESIES DOSSIAN. C'est 119 Lalhmon ; son armée inonde nos campagnes. Et porte vers Sebna ses Ivre d'un fol espoir, pas impétueux : s'arme pour abattre il connu des nations L'orgueil de ce palais : Les braves sont absents; contre ces bataillons Les vierges de l'huis, Selma doivent-elles combattre? superbe étranger, fuis.... sur les flots lointains Vois-tu se déployer nos voiles ondoyantes? Fin gai, vainqueur des flots, des vents, et des destins, Ramené sur nos bords ses cobortes vaillantes. Nous entrons dans la baie: 0«s/fl« furieux Monte sur la colline, et son œil intrépide Voit rouler dans la plaine une foule homicide Trois fois son bouclier rend A ce son imprévu la : un son belliqueux ; bicbe épouvantée S'enfuit, en bondissant, vers sa grotte écartée; L'ennemi m'envisage Du parois à ses .le , Qui pesé sur Assis en ce aspect fatal lui le signal; yeux comme un sombre nuage moment Monii s'entretenoit Gaiil, son mon pour les airs et recelé l'orage. Et le front appuyé sur Ils et péril qui l'attend est fils, près du ruisseau joyeux, un bâton noueux, des batailles antiques. écoutoit ses récits héroïques charment son oreille^, et ; remplissent son cœur D'un n^lange nouveau de respect et d'ardeur; P I20 Souvent, dans Il se levé, et ses Mais le vieillard Mon S TE S de son jeune courage, mains font voler entend Son ame reconnoît « O E les transports fils, dit-il le le feuillage; son du bouclier; ce signal meurtrier: à Gaiil^ la guerre se réveille, < Et des accents de mort ont frappé « Fingal 'I est mon Ces armes qui jadis semoient par-tout l'effroi, « Ces armes, monuments des jours de •< Et toi, « oreille. de retour: va, cours, apporte-moi ma puissance; mon jeune fils, toi, ma seule espérance, Qui du nom paternel dois soutenir l'éclat « Prends une armure « il/orni fut des guerriers et la gloire et l'exemple, « Aussi, vois de quel œil sa tribu CI De ma vieillesse , et vole à au loin les ton premier combat. le contemple pas sont honorés ! : « Je m'avance; d'amour, de respect pénétrés, « Tous " A mes cheveux blanchis leurs hommages s'adressent, « Et chacun de ton père attend un seul regard. Gaul les jeunes héros autour de moi s'empressent s'éloigne et revient S'est revêtu d'acier Succombe sous Il le ; : » le débile vieillard mais sa main défaillante poids de sa lance brUlante marche vers Fingal; Ganlhù : prête son bras. Et, guide vigilant, conduit ses foibles pas. DO Mon s s père à leur aspect a Noble chef de Strumon^ « Courbé sous « Tu « I A N. 121 laisse éclater sa joie l'appareil faut-il que je voie te d'un guerrier menaçantf briUois autrefois comme nu astre naissant Qui chasse les brouillards flottants sur mes collines , « Et dore d'un feu pur « Le moment du repos est arrivé pour « Ton peuple conserve lui o Cependant, bon « C'est assez de — « : « Si te bénit les ; campagnes voisines. vieillard, je - toi : son roi : rends grâce à ton zèle : Fingal pour punir un rebelle. mon bras a perdu sa vigueur mon antique valeur son fourreau retirer mon épée, Roi de Morveiu, ; par fois rappelant , « Je veux de « Elle résiste, hélas a Mais , Fingal^ pour mon fils elle brille auj ourd'hui « A son premier combat « Je « Ah du nom « « l'ai ! à ma force trompée il vu s'enflammer au a ; besoin d'appui récit de ma gloire Morni périsse la mémoire Et puisse l'ennemi, de ma vue alarmé, Dire, Voilà de Gaul le père renommé ! ; ; de : ! ! — « Roi de Strumon^ ton fils mérite ma tendresse; a Fingal d'un bouclier couvrira « Toi, tranquille à Selma, loin des combats sanglants, sa jeunesse ; POESIES 122 « Viens goûter cette paix que t'imposent « Par les mâles accords de " Mes Bardes charmeront ton àme noble et entrent. Ils Sur Morven Les rois se sont ans : fiere. sombre nuit descend la d'un chêne brûlant assis près ornement de nos XJllin chante; sa voix, Du les harpe guerrière la : ; fêtes, père de Fingal célèbre les conquêtes. Soudain Morni frissonne, Lance un regard Le chant cesse; et son œil et irrité au Barde épouvanté, terrible Fingal: (i) Quelle sombre tristesse « De ces heureux moments vient troubler l'alégresse ? « Si la haine autrefois divisa « Ils •- nos aieux, commandent ensemble aux vents séditieux. » Oubhons, à Morni « La paix • Oui, répond " « Combien de fois j'ai vu son courage bouillant, Comme un feu destructeur,consumer les phalanges! « Ce héros disparu a » a joint ^ leurs antiques querelles nos coeurs, demeurons-lui le vieillard revit ; : luleles. ton père éloit vaillant dans les ; louanges; Moi-même j'ai donné des larmes à sa mort. De hathmon cependant sachons tromper l'effort « Ossian, « Observez tous et toi Gaul, sur la coUine sombre ses pas à la faveur de l'ombre. ; D' O s s I A N. 123 a Et sur-tout modérez votre rcssen liment « La jennesse Il se tait ; est fougueuse nous partons une : Tremble encor dans les Déjà nous entendions Quand, Gaiil la me main sur son dit, et s'égare aisément. » clarté légère cieux, les : et luit sur la fougère. pas de l'ennemi, fer qui brilloit à demi, emporté par l'ardeur qui l'enflamme, mon ame ? « Pourquoi, fds de Fingal, sens-je brûler B D'où peuvent naître en moi ces transports inconnus? « Dans le « Je sens trembler mon cœur, mes forces s'affoiblissent sable à regret mes pas sont retenus ; « Et d'un voile jaloux mes regards s'obscurcissent. « Ossian, dis-le-moi, près d'un a Le cœur du brave « Quelle gloire pour nous, pour i^/w^a/, pour mon père, « Sil'étrangersurpris... « « péril certain ainsi tremble-t-il dans son sein .'' — Quecetteardeurm'estcliere! O mon ami! notre ame en secret se confond A la témérité si le succès répond, : « Noos nous couvrons tous deux d'une gloire immortelle « Et quand « Nos pères , il est vrai nous donneroient des pleurs, « Mais « Ilsdiroient: « Leur nom la mort seroit le prix de notre zèle, , un secret « orgueil viendroit enfler leurs cœurs Sinos fds dorment sons ; cette pierre seul de \Iorven doit illustrer la terre ». : POESIES 124 « Eh! pourquoi du tombeau « La mort « Le lâche en vain « Et de ses bras sanglants l'entoure dans aimfe le brave la fuit Je m'élance à ces mots Uû déjà et craint ; elle nous occuper? de le frapper Gaiil marche sur mes pas : et sans chaleur, me sépare ma lance fidèle, franchir le torrent, qui Lorsque le jeune Gatil: M : endormie. versoicut qu'une pâle et mourante lueur. Déjà je m'appuyois sur « elle étoit feux de son camp, sans force les Pour « ; torrent, dont les bords sont couverts de frimas, Tranquille et sans défense We » sa fuite. Roule et serpente autour de l'armée ennemie Et : vole à sa suite, d'elle, Ossian que fais-tu? « , Ne va point démentir ton sang et ta vertu Que de ton bouclier le bruit se fasse entendre, Que l'ennemi s'éveille et puisse se défendre. » Je ; me rends à ses vœux : de l'homicide airain Le son retentissant frappe Tout s'éveille à la fois, l'air ; et soudain tout frémit, tout s'agite; L'étranger au hasard court et se précipite; 11 croit dans sa terreur que Morven l'a surpris, Délibère, s'égare; et nous, poussant des cris. No us frappons. Sous mes coups le lier Cre/no/' chancelle Nenni tombe, et se perd dans lu nuit éternelle; ; DO s s Et toi, Tu fonds sur En vain, pour échapper à Donthormo Ta Et A 125 N. , guerrier foible et craintif; ta juste colère, nu chêne antique gravit contre Il I de Alorni, ton bras n'est point oisif, fils et solitaire, lance le poursuit, pénètre dans son flanc. le tronc du Mais l'aurore vieil arbre est rougi de son sang. se levé; à sa clarté mourante L'étranger se rallie, et perd son épouvante: Lathmon nous a « apperçoit, et pâlit de fureur: Hé quoi deux seuls guerriers ont semé la terreur Hé quoi, dans notre sangleurs mains se sont trempées! ! ! eux briller dix mille épées? « Dois-je faire contre " Et, tandis que leur bras a vaincu sans secours, « Dirai-je à « Non, je combattrai mes tribus de terminer leurs jours ? seul: Ossiari, plein d'audace, des rois, est digne de sa race « Ossian, « Sulmatk, va « Connoît depuis long-temps et « Qu'à l'heure du combat nul « Qu'ilattenddansla plaine, etquesa lance estprête. fils J'accepte le trouver, et dis-lai que le défi: sa gloire effroi : Lathmon et son nom ne l'arrête, nous combattons; » l'éclair Est moins prompt dans les cieux qu'en nos mains n'est le fe Sous De les coups redoublés nos cuirasses gémissent; nos casques d'airain mille flammes jailhssent; Tout ce que peut l'adresse, et la ruse, et l'ardeur, I POESIES a6 Et force la du bras, D O S S ' et l'audace I A N. du cœur, Nous l'employons déjà nos lances De leurs éclats brillants parsèment : meurtrières les bruyères; Ainsi que deux Esprits sur leurs troncs mouvants Se lancent la tempête, et la foudre, et les vents, Ainsi nous nous portons atteinte sur atteinte: De notre sang mêlé déjà la terre est teinte Lathmon enfin, Lathmon doit subir le trépas, Un tronçon de ma lance embarrasse ses pas II tombe; mon épée est déjà sur sa tète, Quand du fils de Morni le bras puissant m'arrête. : ; un Lat/iinoTi]ette sur nous Et nous prenant la main : « regard attendri; Couple auguste et chéri, (1 Nous « Eli « Vous épargnez « Autant que vos exploits j'admire vos vertus. — « '< ! dit-il, sans rougir je cède qui peut effacer Viens , le l'éclat la victoire; de votre gloire? sang des guerriers abattus ; lui dis-je ; Fingal à Selma nous appelle ; Serre avec lui les noeuds d'une paix éternelle; « Du « Et jamais ses enfants n'ont vaincu qu'à regret. sang, qu'il voit couler, il gémit en secret^ NOTE (i) gnoit ne Ullin avoit mal choisi son sujet quen chantant les exploits réveillât dans l'ame de Fingal anciennes querelle*. : Morni crai- de Coinlial^ le le Barde souvenir de leurs LA MORT D'OSCAR FILS DE CARUTH , , ET DE DERMIDE FILS DE DIARAN. , SUJET. Caruth père , Ôl Oscar, raconte Dermide, son ami. Il ne et ce la mort de son fils faut pas confondre cet , et de Osca r les héros de même nom dont il est Témora comme nous en avons averti Derrnide avec question dans , dans une note sur cédent. 11 n'est pas comme le premier chant du poème pré- sûr que celui-ci soit à'Ossian n'est pas sans mérite mais , qu'il ne déparera point ce recueil. il louRQDOi Pourquoi de rouvrir la , source de mes larmes ? mon Oscar me demander le Fils d'y^/pin, tu le sais, sa jeunesse, ses N'ont pu O mon le dérober au glaive de la sort.' charmes mort. unique amour! ma douleur paternelle Vainement de ton nom ; nous croyons attendrit ces forêts; POESIES Tout D O ' S S I A N. couvre à mes yeux d'une ombre se 129 universelle... Je ne vis que par mes regrets. Il s'est Quand Comme De son éteint l'orage le roi comme un astre timide nocturne éclate sur les , monts; du jour, quand un brouillard liumide bouclier d'or nous cacbe les rayons Et moi , de mon palais lugubre Comme un chêne vieilli, dont : et solitaire le Nord en furear Déjjouille et fait rouler la tète octogénaire, Je me flétris sous L'herbe des champs Le brave Tu éclair bras à l'ennemi Mais toi, malheur. vit et meurt inconnue : n'a jamais partagé son destin; Sa lance est un Son le qui déchire la nue, donne un trépas mon cher Oscar ^ certain : tu succombes sans gloire; n'as point dans ta chute entraîné l'ennemi, Et ton glaive fameux, pour dernière victoire. Fume du sang de ton ami. Dermide^ Oscar, dès leur plus tendre enfance Etoient unis par les plus tendres noeuds Age, beauté, grâce, douceur, Peine, plaisir, tout fut égal entre eux: Dans les : vaillance, combats leur lance dévorante POESIES ï3o Embrasoit les rois renversés Tels roulent deux torrents dont la : course écumante Précipite le deuil, le trouLle, l'épouvante A travers les rocs fracassés. Dargo tomba sous leur épce, Dargo qui jamais n'avoit fui : Sa de larmes trempée, fille, Demeuroit seule et sans appui : Elle étoit innocente et belle, Belle comme le jour naissant. comme la fleur nouvelle Fraîche An parfum doux et ravissant; Ses beaux yeux étoient deux étoiles Qui tremblent au milieu des Ou rayonnent parmi airs les voiles Des brouillards hôles des déserts. Les deux héros soupirèrent pour Ou la elle : posséder ou mourir; Voilà leur vœu. Mais N/'iia fut rebelle A l'aimable Dermide Elle adora mon fils , : Oscar eut son désir; quoique sa Fumât encor du sang d'un père Eh! qui peut de Enchaîne-t-on « Oscar ^ sa vaillante infortuné... flamme accuser une amante? un cœur lui dit main vers un autre entraîné? Dermide^ abrège ma souffrance ; D O s s ' I A N. i3i Ta connois mes tourments; tu sais que dans mon cœai o « De « Mon ami, prends — — te ravir A' /«a je garde l'espérance ton glaive, et donnant mort Oscar : mon malheur. « Qu'en it Eh! quelautrequ'Oicardoit mepriverdujour? te « Possède sans <i Trappe, éteins dans — finis Ah « rival la la se beauté qui t'adore mon sang un plutôt combattons, et puisse ! M Dcrtnide ^ défends-toi; songe, songe •< Que ; la victoire du sang de mon ami! Ne fer ! criminel amour. « point rougir ce déshonore à ta gloire; par l'amour ton bras soit affermi ». Leurs fers bi illent soudain... Mais Dermide succombe. Oscar près du torrent bourbeux Dépose Une Il < va trouver Tiens, EUe X I la tombe. « Beauté qui m'es d'Oscar suis les si chère, pas incertains >. obéit: sous des arbres voisins tous deux: Sais-tu, dans le « « Nina: loi dit-il; Ils s^arrèteat o corps dans le farouche joie éclate dans ses yeux: Sais-tu « Regarde cette pierre; tombeau, qui dort en ce moment? que ma main meurtrière En immolant Dermide immola ton amant? o Nina! charme heureux d'une trop courte vie, Mon Ombre va s'unir à son fantôme errant ». Il se frappe à ces mots, et sur l'herbe rougie Son sang coule, et se mêle aux ondes du torrent. LES CHANTS DE SELMA, SUJET. Les Bardes s'assembloient tous . chef auquel ils les poëmes. Le roi nommoit ceux d'être conservés ans dans étoient attachés. , et on les Ils le palais qu'il jugeoit dignes apprcnoit avec soin aux en- Ce fut une de à Ossian le sujet de fants poiu- les transmettre à la postérité. ces fêtes solemnelles qui fournit ce pocme. (jOMPAGNEdela Qui, sur Imprimes de tes nuit, étoile radieuse l'azur pas du firmament, la trace lumineuse^ Astre paisible, en ce Que moment regardes-tu daus L'aquilon est muet, la la plaine? cascade lointaine Ne murmure que du récitoient leurs foiblement, Les insectes du soir font retentir à peine Un triste et sourd bourdonnement ; Au bord de l'horizon tes clartés s'obscurcissent, Tu descends dans le sein de l'océan fougueux. POESIES D'OSSIAN. Les flots bruyants Et baignent l'or de tes cbeveux; Mais ton dernier rayon a lui sur la bruyère Astre charmant, adieu. Que mon Se rallume, Je le et succède à i5 se réjouissent, vive lumière ta : génie éteint : sens qui renaît dans sa force première, Et des coups du malheur lui seul n'est pas atteint. Je vois à sa clarté se rassembler encore Les nobles compagnons de mes jeunes travaux. Sur le Mora.1 qu'éclaire un pâle météore, Fingal briUe, entouré des Bardes mes rivaux Aux L'harmonieux Rino, Et le ; accents de sa voix s'empressent de se rendr* sombre Carril^ Et Minona^ O mes amis, si le belliqueux Ullin^ et le brûlant Alpin^ plaintive çt que vos si traits tendre. sont changés Depuis ces jours de bonheur On Selma nous voyoit, dans De la harpe et du chant Pareils Qui Ce futnn de caressent de gloire murs ombragés, disputer la victoire ! une onde pure, le un doux murmure naissant gazon. ces jours, à jamais Qu'on et aux zéphyrs du vallon Et viennent tour-à-tour avec Agiter ses rit s'avancer mémorables. Minona^ POESIES i34 Cliantant tes amours déplorables Et de Salgar et Snlgar avoit promis à De de Colma. sa Colma venir la rejoindre avant la fin fidèle du jour : Déjà l'ombre est universelle, Et Salgar n'est point de retour ; Flottante entre l'espoir, et le doute , et la crainte, Colma sur la colline , et seule avec sa voix, Oe ses cris douloureux fait retentir les bois. Ecoutons sa tendre complainte. CHANT DE MINONA; Colma. LiOiN de moi Salgar eH errant; Par-tout règne la nuit profonde Sous mes pieds mugit Sur ma tête la me délaisse et Je suis seule sur Que O la le ; torrent. foudre gronde Pas un asyle où Tout me le cacber ; ; m'abandonne; rocber sombre mer environna. lune, sors du sein des monts; Paroissez, étoiles nocturnes, Paroissez, et que vos rayoni^ D'OSSIAN. Eclairent i3'5 mes pas taciturnes mon amant; Conduisez- moi vers ma voix Qu'il entende : plaintive : OSalgar, songea ton serment. Rejoins une amante craintive; Le rocher, Sont les l'arbre, le ruisseau, témoins de t'attendent sur Ils Et répondent à Nos ta le ma promesse : coteau. tristesse. pères furent désunis. ma Mais nous, seul objet de flamme, Nous ne sommes point ennemis , La haine Ah ! la lune paroît enfin Mais , à Qui dans notre anig. n'est point l'éclat s'élève ; de sa lumière du mont Qu'apperçois-je sur voisin la , bruyère ? Hélas! deux guerriers teints de sango.. La mort a Le glaive Que O fermé leur paupière. est vois-je ! encor dans leur Salgar et mon flanc. frère.' mes amis, répondez-moi; Qu'avez-Tous fait dans mon abience .'' POESIES i>36 Parlez, dissipez mon effroi. cruel silence Ils se taisent .... Mes yeux de Salgar^ mon frère, quelle haine L'un par l'autre vous frappés? a Pourquoi dormez- vous dans Combien vous Faut-il , ! larmes sont trempés. hélas ! la plaine ? m'étiez chers tous deuxi vous perdre ensemble ! Mes amis, exaucez mes vœux. Qu'un même tombeau nous rassemble Dans O ses flancs je veux me cacher. Salgar! Ombre que j'implore, Près du ruisseau, près du rocher. Tu m'entendras gémir encore. Au sein des nuages Quand la mouvants , nuit versera son ombre, Je viendrai sur l'aUe des vents Attrister la colline sombre Ma douceur voix aura de la En plaignant deux ; ; guerriers célèbres Trctnblant et charmé , le chasseur L'écoutera dans les ténèbres. Ainsi cbantoit la tendre Minona : i : D'OS SI AN. i37 tîne aimable rongeur couvroit son bean visage; Et nos larmes couloient en songeant à Colma. JJllin chante à son tour: dans la force de l'âge Ullin nous embrasoit an feu de ses accords. Il entendit un au retour de soir, chasse, la La voix du vieux ^//7in , chantre illustre des morts Rino^ dont vainement nos yeux cherchent la trace, Etoit alors auprès de ce vieillard Ils déploroient Minona fut sa sœur. Nous Semblable à la Cache Quand la harpe plaintive redit sous les doigts A'Ullin Les plaintes de Ritio Qui prévoit : chute de Morar. la , désespoir à' Alpin : le la lune cralutive tempête, et dans l'épais brouillard sa tète radieuse jVf/nowa disparut, triste, silencieuse. Et jetant sur Ullin un douloureux CHANT J_iE ciel est pur, regard. D'ULLIN. l'air est tranquille. Le nuage s'étend en rézeaux lumineux; Le soleil, sur le De son ehar éclatant roc stérile. fait rejaillir les feux ; ; POESIES i38 Le torrent, moins impétueux A travers les ravins roule O murmure; torrent, j'aime ton Mais je préfère encor la douce voix n Tombe en s'avance ; , une onde plus pure. à' Alpin : sa chevelure flocons de neige éparse sur son sein Par les ; aus sa tête est courbée, Son œil creux est rouge de pleurs Dans les ennuis et les douleurs Son ame paroît absorbée. Roi des harpes, pourquoi sur le ; mont ténébreux comme un flot qui mouille le rivage, Ou comme un doux zéphyr dont le souffle amourenx Gémis-tu S'égare et meurt dans Ai. p I le feuillage ? w. Mes pleurs sont pour les morts superbe, belliqueux. : Aujourd'hui Tu le plus beau des enfants de triomphes , jeune Peut-être le homme, et la plaine. demain sur l'arène trépas viendra fermer tes yeux. Comme toi Morar fut célèbre, Comme toi Morar fut vaillant; Il n'est plus, sur son lit funèbre L'étranger s'assied en pleurant. Morar Le ^ brave chasseur, guerrier plus brave encore. cerf de nos forêts fut moins léger que toi ; D'OS SI AN. La tempête en courroux, Dans nos climats Que moins dans ton glaive dans les lig brûlant météore. déserts répandoient L'éclair brilloit Et le moins combats, les phalanges éperdues Disparoissoient devant tes pas Mais lorsque Que ton : avoit conduit tes armes. la victoire visage étoit riant Des vaincus tu séchois Moins pur d'effroi nues les les ! larmes; de l'Orient, est le soleil qui part Moins doux l'astre des nuits quand sur unchar d'argent A nos regards, sans voile, Tes attraits il offre tous ses charmes.' maintenant dorment ensevelis Au fond de la demeure O toi qui fus si obscure : grand, en trois pas je mesure L'espace étroit que tu remplis ; Un arbre, qui n'a plus qu'une feuille tremblante, Aux bords de ce ruisseau quatre pierres sans art. Un gazon qui frémit sur sa tige mourante, Indiquent au chasseur Mais quel Par l'âge et le malheur Tantôt De sa la est ce \-ieillard il garde tombe de Morar. qui lentement s'avance ? ses traits bouche tantôt sortent de C'est ton père, ô De Morar l ses jours semblent flétris ; le silence. le foibles cris : bruit de ta vaillance charmoit le déclin; POESIES 140 Hélas ! il n'a Ni pu voir les éclairs de le trait ta qui perça ton sein lance ^ ! Pleure sur ce héros, gémis, malheureux père; Morar s'est endormi pour des siècles entiers; Des rayons du matin l'amoureuse lumière N'ira pas dans la tombe ouvrir ses yeux guerriers. Rassure-toi, chevreuil timide, L'arc du chasseur est détendu. Adieu, conquérant intrépide. Adieu, jeune héros que nous avons perdu : Le son des harpes frémissantes Fera voler ta gloire au-delà du Lubar^ Et dans mes hymnes touchantes les siècles futurs Ajiprendront Aux doux le sort de Morar. accords d'Ullin une douleur secrète Se réveille au fond de nos coeurs; Mais de tous les héros rassemblés à la fête Nul plus qvLylrmin ne répandit de L'image de son fils tombé dans pleurs. sa jeunesse Se retrace à son souvenir. Carmor., touché de « Pourquoi, « Pourquoi de tes « Armin que de nos chants , « Soit lui dit sa tristesse. chagrins toujours t'entretenir.' pour ton ame ainsi la douce mélodie qu'une vapeur D O ' « Qui « £t du Ah ! s'élevc Lis du s s I A N. lac, s'étend sur la prairie, abattu ranime la fraîcheur. ensemble et mou je regrette lils " et ma fille : Trop fortuné Carrnor! tu peux voir chaque jour Fleurir les rejetons de ta jeune famille, Et les enfants A'Armiji l'ont quitté sans retour. O ma chère Danra! sur un lit froid et sombre De quel sommeil tu dors Roulez, fougueux torrents ! ; Levez-vous,vents d'automne,et rugissez dans l'ombre; Forêts, remplissez-vous de fantômes errants; Lune, verse par intervalles Tes rayons languissants Rappelez cette nuit Cette nuit, dont si et pâles ; féconde en malheurs, mes yeux trouvent par-tout l'image, Où mon cher Arindal tomba sur le rivage. Où ma chère Daiira s'éteignit dans les pleurs, ./^/•/nar, De ma Il jeune guerrier plein de force fille Danra recherchoit la et d'adresse, tendresse : l'obtint; et déjà l'on attendoit le jour Qui devoit par l'hymen couronner leur amour, Quand Erath^ pour venger le trépas de son frerc Qui sous les coups à'Armar avoit péri uaguere. Forme un affreux dessein, prend d'un vieux matelol POESIES 142 Les vêtements connus, laisse sa barqne à flot, ma fille, et dit: « Beauté charmante, aimable Annin^ sur la mer écumante S'approche de « Fille ai! « Non loin d'ici s'élève un rocher sourcilleux OÙ croît un arbre immense aux fruits délicieux, C'est là que ton Armar attend sa bien -aimée « Viens, de ce court « n ; trajet ne sois point alarmée. » La crédule Dnura sans hésiter Elle arrive Aux Et : soudain regards de fait d'un ris Daura pousse ma le fille offre moqueur des cris; Le seul écho répond le suit. Erath lâche s'enfuit, son noir visage. retentir le rivage. du rocher ténébreux à ses cris douloureux: Elle élevé la voix, elle appelle son frère. Son père, son époux. Oh Si Daura vous venez, sauvez-moi de ce rocher ! est chère. fatal. Sa gémissante voix vient frapper Arindal: Il revenoit alors d'une chasse lointaine; Cinq dogues sur Son ses pas accourent arc est détendu, bord, se présente à ses Et déjà sur le Mon reconnoît, De fils le cent hors d'haleine; quand Erath ^ tout joyeux. le yeux. renverse, l'entraîne. nœuds redoublés le lie S'élance dans l'esquif, et, la au tronc d'un chêne, rame à la main. S'ouvre jusqu'à sa sœur un orageux chemin. D'OSSIAN. Armar ea moment ce 143 descendoit sur la rive; Il avoit de sa belle ouï la voix plaintive; 11 apperçoit O mon Il mon tombe, Armar le un croit fils, le un cher Arindall trait ravisseur... perça ton cœur... se débat, expire... Plein de rage voit tomber; se jette à la nage. il Et fend les flots bruyants de ses bras vigoureux. Soudain de l'aquilon le souffle Retentit dans les airs, et sur la impétueux mer profonde Daiira voit son amant qui lutte contre l'onde Elle lui tend les mains... à ses ; yeux éperdus L'infortuné s'abyme, et ne reparoît plus. Seule sur A ^on Il le rocher que tout son désespoir ma foudre environne la fille père l'entendoit toute la s'abandonne; nuit en pleurs languit sur la rive en proie à ses douleurs Le tonnerre grondoit; Répandoit sur l'éclair vif et les flots J'entrevoyois alors la un jour tremblante sa Et premier rayon vint l'offwr à le Pâle et sur Ah ! s'éteignit le ; rapide pâle et livide; Mais voix Daura; enfin elle expira ma vue rocher tristement étendue. depuis cette nuit, chaque fois que Descendent en courroux sur Chaque fois #e viens, : ; que l'éclair triste et les flots déchire le les vents mugissants. nuage, rêveur, m'asseoir sur le rivage, 144 POESIES D'OS SI AN. Et gémir à l'aspect du funeste rocher: Je vois de mes enfants les Ombres s'approcher ; Elles versent des pleurs, traversent l'onde amere. Et passent tristement sans regarder leur père. O ma lille! mon fils! ô vous que j'appelle en vain, N'aurez-vous point pitié du malheureux yérmin? renommées Tels à nos fêtes Eclatoient dans Selma les chants mélodieux. Ces chants l'appui de nos armées Et Tout Et la la harpe sonore, Au On et la brillante voyoit accourir et Mon ame Et des Brille ; les chefs et les rois. ma langue est glacée, siècles détruits l'image retracée le à ma voUe de Ossian^ finis tes Barde décrépit! « On triste la pensée douleur au fond de secrète voix crie « O voix n'a plus de chaleur, confusément Sous Une : bruit de sa douce harmonie Maintenant « nos aïeux gloire de alors A'Ossian célébroit le génie, la t'attend : mon ame : accords; tombe te réclame, au palais des morts, r. MORNI L'OMBRE DE CORMAL. Mos P I, ÉA u des boucliers , habitant des tempêtes Toi qui lances Contre Dois-je O ton foudre et décbaînes les vents, Morni! du fijs Cesse de La la Dunscar mes phalanges sont prêtes: effacer ce roi du nombre des vivants ? le fier père de De te l'aigle Le chêne sein de tes orages bien-aimé daigne entendre jouer sur ces de VArven est ébranlé Ton approche la voix. tristes rivages; environne mes bois. bataille sanglante Mais ir-i. , s'envole frémissante; l'éclair luit à la fois dans me charme et les cieux . ... m'épouvante. Roi des sombres brouillards, viens-tu combler mes vœux l'Ombre. Quelle vois me réveille au sein de mon nuage ? !3 r DO S SI AN. POESIES 146 MORN I. Un ennemi jaloux Ose jusqu'en ces lieux défier mon courage. Vaillant chef de Clora^ seconde mon courroux; C'est celle de ton fils. Ordonne , tu peux tout. l'Ombre. Que Mo R N veux-tu? I. Ton A l'heure Dans un du péril qu'elle brille fleuve de sang que, par Des murs où tu naquis pour moi épée : ; mes mains trempée elle écarte l'effroi. Lorsque tous ces héros, Gémiront sur l'orgueil qui les avoit conduits. trompés parla victoire, Je jure par ce glaive, instrument de ma gloire. De le rendre au tombeau. l'Ombre. Prends , combats , et détrui MORT LA D'AGANDECCA, •RAGMENT DU POEME DE FINGAL. Or A R N o , long-temps Taincu par le brave Fingal^ JMéditoit contre lui des projets de vengeance Mais du roi de Morven qui Uu jour enfin, cédant Il à (i) : fut jamais l'égal? son impatience, appelle Snivan^ vieillard dont les accords Enflamment les héros d'une ardeur dévorante, Jusqu'au palais des vents réjouissent Et dans les tt champs les morts, guerriers font voler l'épouvante, Vieillard , lui dit Starno , va sur les rocs à'Arve?i « Que de ses noires eaux baigne la mer profonde Va trouver de ma part cet astre de Motven^ « Cejeaneetbeanguerrier,vainqueurdesroisdu monde. « Je lui donne <t ma fille, espoir de mes vieux ans, « Ma fille Agandecca la première Un azur lumineux brille dans ses « Son « , sein a la blancheur de mes des belles ; prunelles; flots écumants. ; POESIES 148 « Dis aa roi dn désert que • A cet I Qu'il vienne, mon ame charmëe henrenx hymen Ta devoir accompagné de ma le repos; ses vaillants héros M Recevoir de mes mains a Elle sera le prix de ses nobles travaux. Au palais de Selma fille le vieillard se Fingal impatient ouvre bien-aimée présente le sein des eaux Et son cœur, que l'amour, que la gloire Devance sur <• <* les mers Enfant de le : » ; tourmente, vol de ses vaisseaux. l'isle solitaire, Salut, lui dit Starno: vous qui suivez ses pas, de vos combats « Illustres chefs, « Puissent mes fêtes vous distraire ! o Troisjoups vous poursuivrez les cerfs de mes forêts * Trois jours vous remplirez H Consolera Starno de ses tourments secrets. « la coupe hospitalière; Trois jours votre splendeur guerrière Ainsi parla le Roi des neiges. Et, sous les pas d'un chef si Le Mon père cependant Couvert d'or En renommé, lâche^alloit tendre des pièges. ne et d'airain secret le s'est il point désarmé s'assied à la fête. meurtre s'apprête,.. : » ; D'O s s I A Les regards de Fingal troublent N. 149 les assassins : Léclat de sa beauté, son front plein d'assurance. Les glacent de terreur; et, loin de sa présence, lis vont tramer encor de Déjà les sinistres desseins. cent barpes frémissent ; Les Bardes chantent tour-à-tour Les héros et les morts, les combats et l'amour, Et nos braves leur applaudissent. Ullin alors, Ullin^ le Barde de Selma^ Elevé cette voix tendre et mélodieuse Dont La fille si long-temps la douceur nous cbarma, de Siarno , belle et silencieuse, L'écoutoit, célébrant les exploits paternels. Quelques larmes brilloient sous ses longues paupières. Elle avoit vu s'enfuir les Et connoissoit , hélas A l'aspect de ! hordes meurtrières, leurs complots criminels. Fingal une subite flamme Avoit brûlé son jeune cœur Elle Pour les Mais la fit des vœux : dans son ame jours d'un héros, son aimable vainqueur. troisième aurore éclaire enfin la chasse : Le sombre roi, suivi de féroces guerriers, Part : mon père le suit; et déjà, plein n perce les noirs sangUers. Agandecca^ soudain se d'audace. présente à sa vue: POESIES i^;© Le Tent frémit dans Un effroi Tremblante " M ses cheveux épars ; coflvulsif se peint dans ses regards... et d'une voix émue : Fuis, aimable étranger, Starno veut ton trépas: « La mort t'attend dans cette forêt sombre; « Les ennemis environnent Je connois ta valeur Mon père, furieux, .... appelle ses héros. Les assassins surpris, à mille Tombent ; tes pas... mais ils sont en grand nombre. traits en butte, leur sang au loin fume , coule à longs flots. Et l'immense forêt retentit de leur chute. Starno se réfugie au sein de sou palais; Ses yeux roulent sanglants sous des sourcils épais Il Qu'on amené, Il L'aimable 1 dit-il, qu'on amené à son père Agandecca : Fingal doit en Recevoir de mes mains une épouse si ce jour chère. Agandecca^ dans le fond d'une tour, Soupiroit loin du choc des armes. Les ordres de Starno redoublent ses alarmes.... Elle parut EUe , le sein parut.... le Et de la baigné de pleurs pointe de sa lance Perce ce sein d'albâtre.... Elle ; barbare s'élance. O mortelles douleurs! tomba , comme du roc sauvage ; DO s Tombe un Troublent Fingal s I A N. flocon de neige à l'heure le i5r où calme du feuillage De leurs lugubres sifflements. Un horrible combat s'engage et ses amis, comme Dévorent de Slarno la Mon père entre emporte à ; ' des feux vengeurs, tribu pâlissante. ses bras vainqueurs Enlevé Agandecca sanglante Il mille vents Morçen son : corps inanimé, Le dépose, en pleurant, dans une grotte obscure Et chaque soir, de regrets consumé. Vient gémir sur sa tombe où le zéphyr murmure. NOTE (i) Quoique dans mon Discours parlé sans pi'éliminaire j'aie ménagement du poème de Fingal^ je ne disconviens pas qu'il ne s'y trouve des beautés; mais elles sont bien moins fréquentes que dans les autres marche du chants du Barde écossois. Eu poème souvent interrompue par est désordonnée, des épisodes et des faits et général la absolument étrangers à l'ac- tion principale. J'ai cru cependant pouvoir en extraire le min et chant qu'on vient de Galvina. Ces trois Yivc, Evelina^ et Ar- fragments m'ont paru avoir assez d'intérêt pour être conservés dans ce recueil. LA BATAILLE DE TEMORA, POEME EN SIX CHANTS. SUJET. Càirhar^ roi A'Atka, avoit assassiné lâchement jeune Corniac dans son propre palais , le jeune roi, Tons deux armée. Fingal la famille chargea son et son Témora^ nom du environs de de de remettre Cairbar famille. Il attaqua lande. et fit le Cathmor aux palais des rois d'Irla défaite de leur Clommal ,, seul rejeton de Cormac^ au palais de Téniora^ fils le par sa mort, sceptre dans sa frère périrent après conduire , Fingal résolut de avoit usurpé le trône de l'Irlande. venger et et Ossian de ce noble soin. On ne trouve dans aucun poème connu de plus beau caractère que celui de Cathmor: son humanité, générosité, en font chement pour est le seul le sa bravoure, sa un héros accompli; et soi^ atta- lâche Caïrl/ar, son indigne frère reproche qu'on puisse lui faire. CHANT PREMIER. SOMMAIRE. matin. Caïrbar est éloigné desou commence au L'action année, et déchiré par ses remords. avoit envoyé à la découverte vée de Fingal. conseil , Il différent d'opinion. à'Ossian il Lena, la , pour s'élève entre et Foldath Il fait , , qu'il annoncer l'arri, deux de ses chefs préparer une fête dans députe un Barde à Oscar, et l'inviter à s'y Caïrbar un et tient et lui rendre. Oscar fils arrive une dispute au , la : de sujet lance (\o^Oscar avoit reçue jadis du malheureux Cormac vient , et dont il étoit aux mains. L'un de Fingal entend cours à! Oscar. à son frère. La le bruit perdent la vie. du combat , Cathmor qui nuit vient, On armé en ce moment. et l'autre en L'armée et vole L'armée de Cairbar-çvenà. va s'unir à celle de le Morannan vient lui assemble ses guerriers où Malthos plaine de , au la fuite se, etAlthan raconte à Fingal meurtre de Cormac. iJ É JA Sous la l'aile mer d'Ullin., du zéphyr, et accouroit se joindre aux rayODS d'un jour pur, rouloit ses flots d'azur; POESIES D'OSSIAN. îo6 les monts voisins brilloient d'une douce lumière: Les chênes secouoient leur épaisse crinière. Et l'aigle matinal planoit au haut des cieux. Deux coteaux, couronnés de pins audacieux Qui balancent dans Dominent une Là coule un l'air leur tète échevelée. étroite et riante vallée: clair ruisseau. Caîr/mr sur bords, ses Tel qu'une ombre échappée au noir séjour des morts Pâle, les yeux hagards et chargés de tristesse, en proie aux remords qui le rongent sans cesse. Veille, L'image de Cormac^ par sa main massacré, Tout-à-coup Le fantôme se présente à son œil égaré est couvert de blessures : profondes Plus foible qu'un zéphyr qui souffle sur les ; ondes Sa voix d'un sourd reproche alarme l'assassin. Et des torrents de sang jaillissent de son Le roi à'Atha Veut repousser en valu Il agite sein. (i), saisi d'horreur et d'épouvante, cette Ombre menaçante ; au hasard ses gigantesques bras, Et d'une voix troublée appelle ses soldats Leurs rangs autour de lui se pressent, se ; confondent, Et les échos des bois à leurs clameurs répondent. Là sont Clonor, Dunscar, des braves redoutés, Et le jeune Hidallan , cher à tant de beautés. Sous son casque de fer, Cormar^ aux "Voile uu traits farouches, front téméraire, et roule des yeux louches. LA BATAILLE DE TEMORA. Le regard de Malthos A leurs côtés, Foldath brandit Homicide guerrier, Et le il iSj est plus terrible encor. a soif sa lance d'or; du carnage dédain toujours perce dans son langage. non moins fameux, environnent leur roi. Quand soudain Morannan^ pâle, glacé d'effroi, D'autres, Des bords de l'océan accourant hors d'haleine « " Eh quoi! Rrin et son armée attendent mon retour le déclin du jour « Aussi calmes qu'un bois vers « Fingal est sur la côte >< « A peine de : ses pas l'œil il s'avance, peut suivre comme un Ses héros roulent-ils ti Dont la course écumante ébranle « Leve-t-il conti'e « Ou — 1 menace ! ; la trace, As-tu vu ce guerrier? interrompt Caîrbnr. « t! n il Et mille bataillons lui servent de rempart. — " : eh quoil dans une oisive plaine dit-il, « veut-il Non, que j'ai II est la « Elle « Que et vieux; mais pend près de rivage? le lance des combats, sa main gronde à même fierté la !a paix règne dans ces climats la vu dans Sa voix éclate Et nous torrent sauvage les la l'égal ? lance delà guerre du tonnerre; ans respectent sa vigueur, fait tressaillir son cœur. lui cette fatale cpée mort accompagne et n'a jamais trompée. 14 ; POESIES D'OSSIAN. S8 Ossîan (2) de Et ce fils Et léger le , si fameux par Morni (3) Connais du S'élèvent à côté Fillan bande son fils sa harpe voix, et sa funeste à tant de rois et l'aimable Dermide^ vieillard intrépide. mais quel est ce héros are.... Dont la jeune valeur C'est le , s'indigne du repos ? d'Ossian, Oscar; son beau visage A l'éclat d'une étoile, ou d'un soir sans nuage; Ses longs cheveux, jouets des zéphyrs du matin. Volent abandonnés à leur souffle incertain; A chacun de ses pas ses arnïes retentissent; Sa cuirasse est d'or pur, O — Caîrbar! " et des je fuis ses regards feux eu jaillissen Quelle indigne terreur s'empare de "DïtFoldalh (4) en courroux; enfant de Au tes ruisseaux va cacher bord de Cet Oscar ^ que la crainte N'ai-je pas autrefois Né du , il sens? tes la mollesse, ta foiblesse. exagère aujourd'hui, combattu contre sang des héros est brave , lui ? sans doute Mais peux-tu bien penser que Foldalh C'est à toi, Caîrbar^ de remplir tous le connois Est an ma foifcle valeur, et tu sais rcseau que le si ; redoute? mes vœux. Laisse-moi m'opposer à ce torrent fougueux Tu V. menaçants. ma lance zéphyr balance ; LA BATAILLE DE TEMORA. -^ ira-t-il seul iSg combattre l'étranger? Répond Malthos; Foldath, ignorant le danger, donc oublier que la mer turbulente « Peut-il « i< Foldath « A vomi sur ces bords une foule vaillante, main « Que n Du meurtre de Swaran (6),vainqueur même d'Erin? « Présomptueux Foldath , apprends-nous la victoire, ses chefs ont jadis ensanglanté leur « Et que Malthos de loin applaudisse à « Je pourrois à " Mais — < < « c'est mon au Barde seul de compter mes exploits. Guerriers , mettez On craignez que Dit le un terme à ces débats frivoles, Fingal n'entende vos paroles, sage Cathol; et, sans vous outrager, drapeaux A^Erin accourez vous ranger; « Sons " Et que Fingal, contraint à céder « Pleure dans ses vieux ans les Comme on voit la la victoire, perte de sa gloire. Une lueur rougeâtre la » au sommet du Cromla sonrcilleax Se former lentement l'orage ténébreux Par ta gloire. tour faire valoir mes droits ; éclaire la vallée foudre bientôt la : ; roche est ébranlée; Les esprits en courroux s'enveloppent d'éclairs, Et sur le char des vents se heurtent dans les airs .Ainsi le roi B.oule A'Atha, dans un morne silence, an fond de son coeur des projets de ve : POESIES D'OSSIAN. i(io « « Qu'on prépare une fête en ces lieux. Mes Bardes, commencez vos chants harmonieux Dans la plaine aujourd'hui faisons régner la joie; Demain sur l'ennemi que la mort se déploie « Toi , Dedgal^ prends maliarpe, et va trouver Oscar; « Au Mais soudain « " : ; ! festin de ton roi qu'il vienne prendre part '< Ses exploits sont connus des chefs de « Moi-même, je « Il « En -> « chéris sa haute ose cependant, sans égard Du renommée pour ma discours insultants éclater contre meurtre de Demain Cormac il mou noircit : foi, moi mon ; courage son sang versé lavera cet outrage Mille cris à ces mots ; armée; ». s'élèvent jusqu'aux cieux. Nous (6) cependant, surpris de ces transports joyeux, Nous crûmes que le roi, suspendant sa colère, Célébroit le retour de son généreux frère. Tous deux doivent leur sang Mais combien eu vertus L'ame de Caïrbar étoit la nuit Et l'ame de Cathmor^ Sous ses aux plus nohlesaienx; différent tous ils heureuses le lois deux jour qui brille Atha goùtoit au monde. la paix. Sept routes conduisoient à son vaste palais Sept tours le couronnoient ; et les fils , des tempêtes, (7) Par sept chefs introduits, prenoient place à ses Dedgal inyhcOscar ; mou ! profonde, fils fêtes. arme son bras. LA BATAILLE DE TEMORA. i6r Part^ et trois cents guerriers accompagnent ses pas. Les dogues devant lui bondissent dans Fingal Il sait suit mon Oscar : que Caïrbar peut ourdir des complots, Et tremble pour A la plaine. d'une vue incertaine les jours du premier des héros. (8) l'approche d'Oscrtr, les cent harpes frémissent; Les cent Bardes A'Erin par leurs chants l'applaudissent; Les guerriers et les chefs sa beauté; admirent Et dans leurs yeux se peint une douce gaité C'est le rayon mourant de : l'astre tacitucne Prêt à cacher son front dans l'orage nocturne. La lance de Cormac A ce fatal aspect , Fronce ses noirs le brille la Oscar. Ôl harpes se taisent. même instant s'appaisent. lointain entonne le main sourcils"; les cent Et les transports joyeux au Dedgal dans en sombre Caïrbar un chant de mort. Mon fils mon cher Oscar déjà prévoit son , Mais de ses ennemis il brave Oscar ^ « L'orgueil de mon palais « Mes aïeux la levoient — « a Moi, répond Dont le jeune le , et la mort des guerriers. aux combats meurtriers. héros, moi te céder Cormac honora ma 1 Crois- tu qu'il l'ait sort; puissance. cede-moi cette lance, •< loi dit le roi, la la lance vaillance.' remise en de timides mains? 14. POESIES D'OSSIAN. i(i2 a Que m'importent ta rage et tes chants assassins ? « Me vois-tu frissonner au bruit de ton armure? Me crois-tu le jouet de ta lâche imposture? « Que " Je n'en suis point surpris.... Oscarest un rocher. « — le foible te Cesse, « fils « /^jrtg^a/ a-t-il « A-t-il « Fingnl^ voie et coure se cacher, A'Ossian^ une vaine menace. nourri ton impuissante audace? mis dans ton cœur ces dédains orgueilleux roi décrépit « Ne Cl Qu'il vienne; et telle « S'évanouir aux feux d'un « Tel s'évanouira — « « combattit jamais que bientôt ton le guerrier timide: on voit une vapeur humide le débile Si jusqu'à toi Que Fingal soleil matinal, Fingal. abaissoit son courage, Erîn deviendroit son partage! Cormac^ respecte ce vieillard; « Assassin de Cl II est « Marchent avec respect les « Insulte-moi plutôt nos forces sont On comblé de interrompt Chacun gloire la fête, a revêtu ? de cent monts sourcilleux, , on sous son étendard et nations rivales. se levé , soudain et son armure d'airain égales. ; Tous fondent sur O^crtr... Pourquoi verser des larmes, LA BATAILLE DE TEMORA. AiuiaLle L;' MaU'ina? modère destin, tromper son est vrai, doit il JMais avant de mourir il i&3 tes alarmes. donnera effort; mort. la Cent héros sous ses coups ont mordu la poussière: sa pesante paupière. Connacliar ferme au jour Et Clochai se débat dans son sang répandu. A ce spectacle affreux Cairbar éperdu Fuit derrière un rocher L'œil fixé sur Le frappe; Ciiancelle Il se et ; ; et là, brûlant de rage. mon fils, il l'attend au passage, mon héros, percé d'un trait mortel, mais, plus prompt que Et le glaive vengeur de son corps Mais il tombe lui-même Font retentir les airs Fingal entend « I. dit-il; Erin de leurs ces cris Peut-être loin de Nous ; nous il ; la foudre du ciel, du baibare. redresse, atteint la tète la sépare. et ses enfants triomphants. cris pâlit, il soupire.... mon jeune Oscar expire, mes héros, volons à son secours. Tels qu'on voit des torrents,déchaînés dans leur cours^ Rouler avec fracas leurs ondes turbulentes A travers les ravins et les roches tremblantes, Tels on nous voit franchir La plaine de Lena Quel cœur, même se le mont audacieux. découvre à nos yeux. d'acier, eût bravé Quel courage eût vaincu le ma colère? courage d'un père POESIES D'OSSIAN. 164 En proie au désespoir, de fureur enivré...? Erin cède, tout fuit, ou tombe massacré. Nous trouvâmes Oscar sans force, sans haleine; Lan^issamment couché, son cœur battoit à peine. Nous pleurons; mais Fingal^ retenant ses sanglots, Se penche sur mon fils, et prononce ces « Quelle main de nos pleurs pourroit « Ce bel « Quelle sombre douleur va régner dans astre s'éclipse au milieu de mots tarir la sa : source ? course ! Selma! « Oscar ^ est-d éteint le feu qui t'anima.' « Fingal restera-t-il le dernier « L'âge a blanchi n Privé de tons les a Dans mon palais désert attendre le trépas? se tait soupirs se pressent dans sa bouche. Il : les ma Seul à l'écart, je garde Et Luath et de sa race .'' ma gloire s'efface miens, me faudra-t-il, hélas tète, et un silence farouche ; ! : Branno^ dogues reconnoissants Poussent aux pieds fCOscar de Quand mon fils apperçoit la hurlements. tristes foule gémissante. Il soulevé à regret sa tète languissante « Ce deuil , dit-il ,ces chauts qui viennent jusqu'à moi, « Ce mélange inconnu de tendresse et « Les pleurs de ces vieillards, de ces dogues fidèles • Font à ce cœcr si fier : d'effroi, des blessures eiuelles. LA BATAILLE DE « TEMORA. Osslan^ porte-moi sur mes côteanx chéris « Roi des concerts, élevé une tombe « Du « Entraînera « Et « Dira, où le sable chasseur, sur morne O mon fils, sera elle braveras plus iils, l'écits un regard, seul appui qu'attendoit de la mer secondés par la gloire ma cI'Çs^qslX. » ma vieillesse. tendresse ; les timides poursuivras plus D'autres Des épée, (9) J^oilà le fer L'inexorable mort t'enlève à Tu ne Tu ne mon attachant et pensif, fils. un jour l'onde échappée roc voisin, peut-être, le à ton iG5 ; chevreuils; et ses écueils; les destins prospères. attendriront leurs pères ; Seul je n'entendrai plus les accents de ta voix. Plus douce qu'un zéphyr soupirant dans Quatre pierres sans art, Attristent de leur deuil Là repose à jamais le et les bois. de mousse couvertes. mes collines désertes; plus grand des guerriers. Nous pleurâmes Oscar durant troisjours entiers. Mais Fingal^ repoussant une longue K .< Enfants des moûts, Des regrets dit-il, tristesse : point d'indignefoiblesse; éternels et des larmes d'amour « Au « Nous naissons pour mourir;mais,entourésd'hommage « Conquérons en mourant brave qui n'est plus ne rendent pas le palais le jour. de nuages. POESIES D'OSSIAN. i66 « « Selma le corps inanimé Dubéros que je pleure, et que j'ai tant aimé Ullin, porte à ; « Anx .. Et qu'un voile funèbre enveloppe leurs cbarmes. I « .< filles de Mon'en va demander des larmes Nous , restons dans ces lieux, et combattons Erin. Mes jours, vous le savez, penchent vers leur déclin; Mes aïeux, fatigués de me voir sur la terre, •» M'appellent dès long-temps au séjour du tonnerre; a Ma '1 Guerriers, je touche enfin à Tl autour de moi répand assez vie se tait. mon d'éclat. dernier combat. Cependant, taciturne, voilée, La nuit roaloit son char dans la plaine étoilée. On prépare la fête. An pied d'un ebène assis. Mon père s'abandonne à ses mornes soucis. Le vénérable Allhan Et du jeune « Cormac^ o) (i commence un chant de gloire Cormac nous dit-il, raconte l'histoire. régnoit sur les peuples A' Erin; comme » Sa jeunesse • Qui semé d'un or pur « Et baigne ses rayons dans l'onde matinale a J'habitois avec lui l'antique brilloit l'astre serein la rive orientale, : Temora; hauteurs du mont de Slimora « Mais un jour des o Roule et se précipite » Par voix de son chef au carnage animée. ^ Cairbar la la conduit. une puissante armée, Tranquille en son palais ^ LA BATAILLE DE moment TEMORA. 167 Cormac^ en ce « Cent Bardes lui chantoient les exploits u Et, « Et reprend, au matin, <> U « D'homicides guerriers, poussés par la vengeance, ic Inondent tout-à-coup « comme un jeune lis se livroit à ia paix. qui s'ouvre à la vie et la de son père ; la lumière fraîcheur, sentoit à nos chants s'épanouir son cœur. le palais sans défense. main, « Caïrl/ar, l'œil farouche, et le glaive à " S'élance sur Corniac, et lui perce le sein. « Mon jeune ic Adresse an meurtrier une plainte touchante. roi chancelle, et de sa la voix mourante « Témoin de son « Fils « Va « Avec « Sois « Cormac^ paix à ton ombre, et mort à l'assassin. n Le lâche Caïrbar de ma plainte murmure à'Artho , trépas, et, tout haigné de pleurs m'écriai-je, objet de miheu des orages, rejoindre tonpere au toi : nos douleurs, de nos cœurs emporte les hommages; du moins consolé par les larmes à'Erin ; ; m'enferme aussitôt dans une tour obscure; it II « Et cependant son bras, au meurtre accoutumé, « N'osa verser « Là « Mais Çathmor M Emn « Et jetant sur son frère un regard de courroux « Caïrifir, lui dit-il, ton cœur impitoyable le sang d'un Barde renommé. (11) je chantai long- temps arvïvA, par mes accents mon malheur déplorable Ce héros secourable, si plaintifs et si doux, : : POESIES i68 D O S S • « De « Tu promenés ' Mais Cat/imorest ton frère; « Ta Lassesse obscurcit t< Que « Rends A I N. larmes et de sang est donc insatiable ; la gloire par-tout ravage et le l'effroi le toi : flamme mon fond de : pour comliattra cette immortelle alluma dans à la liberté ce il Barde malheureux ame. : " Nous mourrons, Caîrbar;mais ses chants généreux, Que le lâche dédaigne, et que le brave implore, " Dans « « « On les siècles futurs retentiront encore. détache mes « Nous « Il allons le revoir. accourt pour venger Qu'il vienne, dit Contre tous Des braves Il Ma voix d'un mon libérateur. les Enflammé de le colère, trépas de son frère. Fingal ; j'aime un tel ennemi : dangers son cœur est affermi ; et des rois vécut pour chant flatteur fers. Paya l'humanité de Cathmor est le modèle ; la gloire, et lui sera fidèle. La nuit sur nous encore étend son Des hauteurs du Mora rien ne voile épais trouble la paix ; : Craignons que l'ennemi ne vienne nous surprendre. Sur O le penchant du mont bâte-toi de descendre, Fillan^ à mon fils, veille Et du premier péril donne Songe que la vieillesse jusqu'au matin, un signal certain. affoibUt mon audace, Et que tu dois veiller à l'honneur de ta race. LA BATAILLE DE TEMORA. Il dit: Fillan s'éloigne, Sous de sombres sapins Moi seul, le veille, et 169 nos mille héros se livrent Mon père au doux sommeil Je et au repos ; s'abandonne lui-même: cœur rempli d'un désespoir extrême. de Fillan^ au bas du mont allier. J'entends de loin en loin frémir le bouclier. CHANT DEUXIEME. SOMMAIRE. Ossian l'Ombre de Tremnor, s'adresse à recevoir son fils Oscar dans le bruit ile Cathmor qui son frère qui vcilloit sur , et la prie le palais aérien. Il s'avance. Il de entend va trouver /''///an, la colline , et y allume un grand feu. Cathmor l'armée de Fingal réprimande sévèrement Foldath , trop généreux pour surprendre , qui avoit conseillé l'attaque de nuit. Les chefs de l'armée à'Eri'n se livrent au sommeil. Mais Catfirnor veille encore. Ossian lui qu'il fera (le le rencontre , tant celle une hymne au ; il la lui RF.MNOR, le ordonne de chautci roi des héros, père des tourbillons, (i) l'éclair en tortueux sillons, ouvrir les Des Bardes décédés rassemble les palais Que tombeau trouve montagne en chan- de Caïrbar. Toi qui roules Du soleil obtient de le Cathmor, Caïrbar. Ossian , en quittant Barde Carril qui descendoit de 1 Cathmor et chanter l'hymne fuiiebre sur orageux fais cent portes: cohortes; leurs chants solemnels arrivent jnsqu':i moi LA BATAILLE DE TEMORA. In monte point vers guerrier inconnu ne C'est O mon fils, Oscar: Toile ses traits toi 171 ; quelle pâleur soudaine charmants que Morven vit à peine I Ton père, loin de toi, pleure en ces froids déserts.... Mais les vents courroucés t'emportent dans les aii.s. Ûssian, pourquoi donc ce funèbre nuage Qui pesé sur ton ame Songe au Ne levé roi de et glace Mon'en: qu'à regret la il ton courage.*" est seul, et son bras lance des combats... voit tous ses enfants s'éteindre à leur aurore.... Il Mais, non... me levé Je Ne il n'est pas seul... à ces mots, Ossian et j'écoute : vit encore. nul bruit m'arrive à travers le calme de la nuit. Inquiet ponr Fillan^ troublé de son silence, Du sommet du Mora^ furieux, je m'élance. A la pâle clarté des astres incertains .Te vois mon frère... Un glaive arme ses jeunes m'entend, « l'ils « D'un héros de Morven « Quel — .< <- de la et bientôt, Nuit, dit-il, A'aillant fils de C'est aux seuls : (2, dont l'audace impuissante affronte le courroux, t'amène et fol espoir mains: d'une voix menaçante I] Clatho te livre à mes coups ? (3), méconnois-tu ennemis que tu dois ton frère? ta colère. POESIES DOSSIAN. 172 « Hélas! la solitude (4) environne Fingal: « Les ans de son repos ont donné « Ce « C'est à — « ic « « vieillard le signal; généreux compte sur notre nous de O mon frère zèle : servir la cause paternelle. à , mon Le Barde consacroit âge Oscar étoit fameux. ses exploits belliqueux Et moi, foible guerrier, moi, perdu dans la ; foule, Obscur comme un ruisseau qui dans l'ombre s'écoule d'un héros, par mes <> Frère et u Je n'ai point de — « Va, iîls mon faits éclatants père honoré les vieux ans. tu n'as pas besoin de prouver ton courage. u Mais pourquoi « Pourquoi du me nom tenir ce sinistre langage d'Oscar accabler .>* ma douleur.' u Ah « Entends-tu danslesbois de sourds et longs murmures « Le cliquetis des fers, et le Il La bataille s'ébranle, et s'avance Je ! plutôt excitons notre oisive valeur me penche à ces Cathmor, qui choc des armures ; : à sa clarté soudaine s'avançoit, s'arrête dans ressemble au torrent que Suspendent dans les airs Fuldath de est près .^ en grondant. mots ma main d'un cliêne ardent Attise encor la flamme Il : les la plaine. noirs aquilons en chaînes de glaçons. lui: plein d'une aveugle rage, , LA BATAILLE DE TEMORA. Et, brûlant de hâter le Cathmor ce II adresse à « Frère de Cairbar^ la 173 moment du carnage féroce discours : nuit presse son cours « Le superbe étranger repose sans défense; « A la faveur de l'ombre, et sur-tout du ; silence, « Laisse-nous pénétrer dans ces rangs endormis, « Et ce glaive, baigné du sang des ennemis.... « Quoi! « Les guerriers de Morven sont-ils en si grand nombre « Un « i^i'ra^fl/ « Il « Qu'environnent » Demain je combattrai — « lui répond Crt//iwor, veux-tu frapper dans l'ombre.? héros doit combattre d'ailleurs, veiUe sur Fils de f*'«§«/ n'a point fermé ses yeux; mont comme un aigle le les rapide vents sur son rocber aride. suivi de Bobar Ditthul^ ne mes tribus. te souvient-il « Que Foldath compagnon « "Vit « Mais C«?r^«r m'aima, d'une étroite amitié , toujours « A « Hélas j'ai vu tomber son audace mon cœur ce roi plus des héros de ta race le soleil éclairer son cœur belliqueux ! .' des cieux. à la clarté si étoit lié. redoutable languit près de nous, étendu sur le .? ; sable, a II > Et des pleurs, cependant, n'ont point baigné son corps « On n'a point « Nul Barde de la harpe entendu n'a chanté les accords ; son départ delà vie; ; POESIES D'OSSIAN. 174 « Et Foldaih laisseroit au gré de son envie « Se reposer dans l'ombre un barbare vainqueur « A son « Entouré de « Et lui-même « Sans que l'hymne du Barde éternise leur nom. roi décrépit je percerai le ses lils il mordra la !... cœur; poussière; et ses fils quitteront la lumière, — « « Présomptueux guerrier, l'esperes-tu? Non, non; Le père A'OssianJxe peut mourir sans gloire. <c Les Bardes, malgré toi, béniront sa mémoire. >< Et leurs chants de triomphe à ses vertus offerts ame errante dans les airs. <c Réjouiront son « Foldath , à ton trépas , « Mais pourquoi dans mon cœur réveiller la vengeance ? i< Puis-je oublier - Se mouillèrent souvent de pleurs délicieux, .< Quand, vainqueur fortuné, du milieu des batailles, .1 Je regagnois Tl dit : à' crains plutôt leur silence.... mon freie ? Atha les il m'aimoit : et ses yeux antiques murailles. mais chaque chef dans la plaine étendu Se livre au doux sommeil sur ses yeux descendu. Des étoiles du soir les clartés vacillantes Font au loin resplendir Mais les L'Ombre de Caîrbar, De les armures brillantes yeux de Cathmor ve&lenX. encore errante en ces déserts, soupirs douloureux afflige son oreille ; ouvci-ts. : LA BATAILLE DE TEMORA. 175 Inquiet, à travers la foule qui sommeille, Il s'égare, eu frappant son large bouclier. Ce bruit vient jusqu'à nous •< : « Invincible guerrier, Dis-je au jeune Fillan (5), reste dans ce passage. « Je vais à l'étranger opposer « Mon frère, si je mon meurs, cours courage. éveiller Qu'il songe à sa mémoire, et punisse Je francbis Se soufflent L'airain Si mon torrent le deux Pareils à au Catlimor : esprits qui, la tempête oeil, s'offre à rival. ma vue ; penchés sur leur nue, et les même instant Fingal; un vents en courroux. eût gémi sous nos coups, égaré dans d'épaisses ténèbres, N'eût reconnu Catlimor à ses armes célèbres, A son casque ombragé par un panache d'or. D'où l'aigle, vers les cieux, semble prendre l'essor. « Est-ce le roi à'Eriji qui m'apparoît dans l'ombre « M'écriai -je « Ossian de ; ta mort peut-il s'enorgueillir A ces mots, à ce nom, je Et, "< ? étranger, que ton aspect est sombre me tendant la main : « le » ? ! (6) vois tressaillir; Roi des chants mémorables Qui promets au héros des triomphes durables, « Chef des Bardes vantés , je bénis « Sais-tu « Charmé de combien de tes fois , le destin. dans son palais lointain, vertus et de ta bienfaisance, POESIES D'OSSIAN. 176 « Catkniork « Mais, avant de combattre, attendons qu'à nos yeux ses banquets désira ta présence? « Brille du jour naissant un rayon lumineux, « Et guerriers futurs remarqueront la place les « Où jadis nous « Tremblants « Ainsi, l'aspect des lieux par les ombres peuplés , aurons signalé notre atidace; ils songeront aux « Dans l'ame du chasseur, muet « Yerse un — effroi et solitaire mêlé d'un cbarme involontaire. Oui, dans ces mêmes lieux « siècles écoulés. les fils Des antiques combats viendront « de l'avenir s'entretenir: K Cette piei're grisâtre à leurs regards offerte, a Par •< Leur les siècles noircie, et dira Ossian .< et , de mousse couverte, qu'autrefois, dans ce climat lointain Cathmor se donnèrent la main... — Nous quitterons « Mais pourquoi me fuis-tu ? " Et, promis l'un et l'autre au palais du tonnerre, « Des accords belliqueux y conduiront nos pas. Ossian , j'eus un frère... il ne nous suivra pas; « son partage, la terre et ce guerrier célèbre u La honte « Erre autour de ces bois, prive du chant funèbre. — « est Rassure-toi, Cathmor (7) .• à l'ennemi vaincu u La haine A'Ossian n'a jamais survécu; * L'Ombre de Caïrbar entendra ses louanges. ; LA BATAILLE DE TEMORA. « Cûtkmor pousse un 11 177 Et joindra dans les airs les mobiles phalanges. brilloit dans Comme un la soupir, et s'éloigne à l'instant. nuit, sous l'acier éclatant. pâle fantôme à travers la fougère Le voyageur, perdu sur L'apperçoit, prend Du la : rive étrangère, la fuite, et, caché dans les bois, spectre solitaire entend la foible voix. Mais qui vient tout-à-coup du sein de Son regard Sur » la Et des naissante aurore la vallée i' démarche troublée; est pensif, sa il attache les yeux. de rosée humectent ses cheveux. flots C'est le Barde Carril ; sa voix mélodieuse Entonne du matin l'hymne i< A l'aspect du soleil les religieuse. ténèbres ont fui. (8) épouvantés reculent devant « Les « Héros du firmament, flots les étoiles voix sous lui : honteuses mers écumeuses « Se cachent à a Dans a « Que j'aime, roi du jour, ton éclat effrayant Quand ton disque, couvert de vapeurs enflammées, « Dans « Ou ta main les sur ta étincelle champs de les la un les glaive flamboyant mort roule sur monts déserts amasse les ; : armées, les brouillards! doux rayons enchantent mes regards « Mais que tt Quand, vainqueur, tu jaillis du sein des noirs orages, tes LA BATAILLE DE TEMORA. 17» « Et que tes cheveux d'or flottent sur les nuages ! « Le chasseur consolé, sur M Poursuit « O « Soleil, dois-tu sans cesse éclairer le carnage? « Barde,dis-jeà Cwatz'/, tes accords sont touchants a Mais cejour qui nous luit n'est point propice aux chants c> La « toi le cerf dont le gazon naissant rapide et le daim bondissant. les bienfaits s'accroissent d'âge bataille et la Debout sur mort environnent mon père la colline, s'apprête au combat, et ses yeux t II Comptent les flots guerriers dans •' Au « Sous " Une tombe, ô " Là , du sommeil sans « C'est le frère d'un roi digne de nos les : enflammé de colère, " sein de ce en âge, la vigilants plaine roulants. vaUon qu'arrose une onde pure, rameaux flétris d'un chêne sans verdure, Carril^ se présente à tes yeux. fin dort un chef belliqueux ; hommages. « Son ombre « Ouvre-lui a Et qu'on n'entende plus ses douloureux soupirs. désolée attriste ces rivages le palais, ; objet de ses désirs, (9) CHANT TROISIEME. SOMMAIRE. Aussitôt que le joiirparoît, i^/>/g'a/ harangue sou armée, commandement et en remet 11 se retire avec le cliamp de Ossian sur bataille. Gaul donne la à Gaul Mora le , fils àeMorni. qui dominoit Tullamin à et à d'autres chefs moins considérables. Cathmor gai, avoit donné commandement de son armée le : traite; i^'/Wg'a/ Sulmala suivre côté , , qui , pleure s'est Cathmor renouvelle la la le , à l'exemple , fait cor de Fingal sonne à la guerre. La férocité de querelle qui s'étoit élevée entre son autorité d'une manière obscure Discours de uR Pans les sa la re- mort de Connal. Episode de armée. L'ombre de son frère Caïrbar Sulmala à plusieurs actions , Foldath Malthos et fait cesser la va se reposer à quelque distance de son Il lui prédit de Fin,' déguisée en jeune guerrier pour et lui. Ca//"rao/' interpose dispute. le Description de Taction générale mort Foldath qui de son d'éclat. La nuit survient Î5 , : Cathmor : il monologue de lui l'issue découvre le apparoît, et de la guerre. déguisement 4e cette belle étrangère. bords du Lnbar quel est doac ce héros nerveuse main brillent deux javelots; ? POESIES D'OSSIAN. i8o C'est le roi de Debout, tel Son armure « Alorçen; l'âge a blanchi sa tète. qu'un rocher qui brave étincelle tempête la aux feux purs du matin. Mes guerriers, levez- vous!., des bataillons iVJ£ri?t champs de Lena l'étendard « Sur « Dans l'ame de Fingal luit un rayon de joie « J'aime que l'ennemi soit « Si la ti Dans « Mais, parmi tant de chefs connus de les mort me la saisit se déploie. nombreux ; et puissant. de son bras menaçant, tombe du moius j'emportei'ai ma gloire : la victoire, « Lequel doit en ce jour vous conduire aux combats ? « Fingal^ vous le « Ce btiller fer ne doit savez, ne peut guider vos pas qu'en un péril extrême, mes aïeux volonté suprême ; (i) « Telle est de « Instruit par leur exemple et soumis à leurs lois, « Fingal n'enfreindra point la la coutume des : rois. » Tous les chefs, à ces mots, se penchent vers mou père Tous briguent en Tous vantent secret une faveur si leurs exploits... Le seul fils de Gaiil, demeure à l'écart; muet et recueilli, ïl repasse en son cœur ; chère; ses actions vaillantes, Et contemple l'acier de ses armes brillantes. Trois fois, de ces héros audacieux rival, Fillan voulut parler au sévère Fingal; Morni. LA BATAILLE DE TEMORA. Sur Trompa Il i3i ses lèvres trois fois la parole arrêtée le vœu ne pouvoit secret de son citer ame agitée; nul combat glorieux. Accablé de douleur, morne, silencieux, Il s'éloigne à grands pas, sur les Hots solitaires Se penche, et sent couler des pleurs involontaires Quelquefois de sa lance Ou fait effleure les : eaux. voler an loin la tête des roseaux. Son généreux dépit, Attendrissent De son il mon qui l'enflamme, le zèle père et pénètrent son bien-aimé Fingal voit fils les ame ; douleurs, Et sous ses cheveux blancs nous cache quelques pleurs; Mais, détournant de les yeux : « Rocher indestructible, Morni^ dont bras invincible « "Vaillant « Promené « Va, guide « Le « Et ton ame « Obéis avec joie à ce chef redouté, « Fillan; il « Vois ce fer fils la le terreur sur les rangs ennemis, ces héros à mes ordres soumis glaive entre tes mains est l'égal tressaille à la est couvert de voix de Vous Il Que mon guerre. mon autorité qu'au retour ton père Ossian, près de moi, reste sur <i la : du tonnerre, : te destine. la colline. tous, de vos aïeux gardez le souvenir: dernier combat étonne l'avenir. Les enfants de Morven pressent •> leurs pas rapides iG : POESIES D'OSSIAN. i82 Un Ils noble espoir se peint sur leurs fronts intrépides; marchent, plusnombreux que les sables mouvants, Ou les roseaux d'automne agités par De son Cathmor conduisoit côté Cent Bardes réunis entonuoient Mais quand il vit Fùigal sur Son indomtable cœur s'enfla le les vents. ses phalanges ; ses louanges. roc du chevreuil, d'un noble orgueil : Hé quoi! dit-il, Cathmor combattroit en personne Quand le roi de Mon<en au repos s'abandonne! « « a VaillantchefdeA/or««(2), conduis mes bataillons, « Et sois pour eux un astre aux propices rayons. Il se tait; et » Foldath, comme un sombre nuage Qui porte dans ses flancs les esprits de l'orage. S'avance furieux, et voit autour de lui Se presser les tribus dont il devient l'appui. Sa longue chevelure, en flammes ondoyante, Semble rouge de sang: d'une voix foudroyante Magnanime Il appelle Collan: « • Au bas du mont serpente Que cache, et que !« t ta tribu s'y Elle-même Bardes « i « < , se livre guerrier, un tortueux aux coups de ton épée. que nul de vous n'ose élever Des amis de Fingal oubliez sentier; Morven trompée voix sa les exploits ! : Je veux qu'autour des lacs , marécageux et sombres, Ceintes d'un noir brouillard, errent leurs pâles ombres; LA BATAILLE DE TEMORA. Et que < Ecoute en frissonnant leurs Il a dit le Collan^ que et ; S'enfonce dans Mais Gaitl " Tu le les rocs troupe accompagne. sa qui bordent yeux suit des stériles regrets. « ; la montagne: appelle Fillan il : ... vois quel lâche espoir ose nourrir Collan Mon héros « iS' -voyageur, perdu dans les forêts, " va combattre et vaincre Gaul ne peut s'éloigner des phalanges qu'il guide. Déjà la mort frémit, Vole et pleut en sifflant une grêle de dards. Fingal de déjà de toutes parts ses guerriers admire mont opposé Cathmor Et du : le perfide; le courage ; suit le carnage. Ainsi quand deux esprits, errants au sein des airs. Ont vomi Quand les la tempête et soulevé les mers. vagues en feu, de l'abyme élancées, Retombent à grand bruit et roulent entassées. Tranquilles, au-dessus et des vents et des flots, Sur leur char nébuleux ils goûtent Mais quel rayon soudain vient C'est le fer de Morni (3) ; le repos. briller à ma vue.^ d'une atteinte imprévue Gaul a déjà frappé les bataillons à'Enn. Tu meurs dans ton printemps, ô jeune Tiillamin! Hélas ! si loin de toi ton épouse chérie Sommeille au bruit des eaux de la verte prairie, POESIES D'OSSIAN. ï84 Et, dans le songe hcnreux qui vient Entre ses bras dalbâtre la caresser, elle croit te presser.... Ne te réveille pas, épouse infortunée! Ton époux accomplit sa triste destinée Tu ne l'entendras plus, noble enfant des Des accords de Tu ne le sa harpe attendrir concerts tes déserts; verras plus, au retour des conquêtes. S'asseoir auprès de toi dans la salle des fêtes. Foldalh de son côté Du se malheureux Connal baigne dans sa sang , le main perce le flanc. Ami des étrangers, voici ta dernière heure; Tu roules dans le fond de l'étroite demeure. Connais paix Quel à ton Ombre! au sein de ton palais silence et quel deuil vont régner désormais! Jadis le voyageur, fatigué, hors d'haleine, Venoit s'y reposer de sa course lointaine : Près d'un chêne enflammé tranquillement assis, Son ame par degrés Il se réjouissoit De la bise Et, du banquet des A la écartoit les soucis au funèbre ; murmure des nuits, sifflant sur la verdure ; rois partageant la faveur, reconnoissance abandonnoit son cœur. Plus d'asyle pour lui: Connais hélas! succombe. Et le torrent Ganl a bourbeux va rugir sur vu son Un invisible trépas... Il s'élance... trait sa tombe. soudain ensanslante sa main. BATAILLE DE TEMORA. LA La fureur de Morven à cet aspect redouble Pressé de toutes parts, Voldath Peut-être Sur le il alloit fuir; champ de Les accents de Tous On le tribus de loin se font entendre carnage, et le cor de Fingal Mon'en donne un même la fête, la forêt on s'assied ; signal. voisine la colline: et le roi Après de longs soupirs qui nous glacent « Qu'est devenu Connal, l'ami de « Dont u Je ne l'apperçois « Mais avant de tomber le glaive : voix s'empressent de se rendre. S'allument à l'instant au haut de prépare se trouble; étend un crêpe noir. bataille Cent chênes abattus dans On même retour du soir le Cathmor au les chefs à sa suspend Aux mais i8S : vengeur pas... brilla d'effroi: mon enfance, pour ma défense ? sans doute, mon héros il vécu a : a vaincu. ^ Bardes , creusez sa tombe, et que des chants funebre« « Accompagnent son ame ic Elevé dans la « Que •< Rends l'Ombre de « Et pleure tous la à travers les ténèbres. nuit ta consolante voix; harpe, ô Carril^ frémisse sous tes doigts Co/z/zfl/ à les chefs Le vieux Barde obéit à des ordres Et du chant des tombeaux Mais Filin n vient s'offrir ; jamais fortunée, morts dans cette journée, il si chers attriste les airs. aux regards de mon pore; i6. « POESIES D'OSSIAN. i86 A ses traits belliqueux, à sa démarche altiere, Le grand cœur de Fingalhat de joie Tel que du haut des cieux sourit Quand l'arhre, Sur le lac Tel mon i< De « Lui c< Pour « M tes dont ses et d'amour. du jour l'astre feux ont hâté le feuillage. du vallon verse un naissant ombrage père sourit à son jeunes exploits dit-il fils mon amour mes aïeux répondent ; ; bien-aimé. à est charmé, ma joie : comme eux tu suis la même voie. La prudence, mon fils, doit conduire tes pas Ne fuis point les dangers, mais ne les cherche pas. l'illustrer : Comme on voit au-dessus des vagues d'Inistorc (4) Les nuages rouler autour du météore Dont la flamme Ainsi près de Non La Dans roulent ses bataillons loin de lui, timide et les belle Fille brillante éclaire leurs flocons. Calhmor Suhnala veille yeux : pleins de larmes, au sein des alarmes; aimable des rois, son jeune et tendre cœur le vaillant Du palais de Cnthmor a trouvé son vainqueur. Lnmon par sa flamme arrachée. Déjà, depuis trois jours, sous ses armes cachée, A l'insn du héros, par-tout Tandis que, Sous le toit Debout solitaire, paternel il efle le suit an milieu de la : nuit croit qu'elle respire, à ses côtés elle veille, et soupire. LA BATAILLE DE TEMORA. Oui, Cathmor^ le voilà cet Mais un casque jaloux Auprès du le 187 objet de les feux; dérobe à tes roi d'Erin (5) le vieux yeux. Fonar s'avance : ' Les ténèbres, dit-U, ramènent « Les âmes des guerriers sollicitent des chants « Cathmor^ occupons-nous de ces devoirs touchants; le silence, : « Ordonne que « Commence pour « Qu'ils restent dans l'oubli, dit le sombre Foldath, la harpe au loin retentissante les morts l'hymne compatissante. perdu combat « Qu'ils restent dans l'oubli « Ma « Le sang que j'ai versé fume encor dans « Mais de foibles guerriers accompagnoient mes « Abandonne, Fonar^ ; j'ai valeur cependant n'a point trahi le ma la plaine; pas... ces belliqueux climats. « A la K Va, cours " Foldnth auprès de " Roi du puissant Erin , interrompit Malthos^ vierge timide et de fleurs couronnée faire applaudir lui ta voix efféminée. ne veut que des héros. 8 Arbitre de nos jours et de nos « Dans « De renommées leur sang confondu tu roules les armées tes rayons sereins nos yeux sont éblouis a Les braves devant « Et, du sein des combats ramené par « Qui toi se sont évanouis : haine, ; ; la gloire,. t'entendit jamais parler de fa victoire ? ; POESIES DOSSIAN. i88 « M<iis le guerrier farouche, '< S'applaudit hautement « Sourit au nom au carnage exercé, du sang qu'il a versé, de mort, et contemple avec joie succombe et Le « Folclath a « Mais il est d'autres chefs non moins vaillants que lui Et 1 Ijrave qui si Morven en proie. valeur aujourd'hui : ; sur eux obtint quelque avantage, Qu'il accuse le " à ses douleurs fait briller sa nombre et non pas le courage. » Les deux chefs à ces mots agitent leurs poignards, Et se lancent déjà d'homicides regards. Cathmor^ le glaive Téméraires, a en main, s'élance, dit-il, ne troublez point et les arrête ma : fête; ic Retirez-vous dansrombre,ou craignez que mon bras " Ne mette enfin un terme à ces Les chefs intimidés dans Cependant des guerriers Et le sommeil les Le seul CatJnnor rend les honteux débats. nuit disparoisseut. la paupières s'affaissent. songes chéris. à leurs veilloit: à ses regards surpris Un fantôme apparoit... Hélas c'étoit son frère Du miheu de sa nue inconstante et légère ! Il semble Que ; lui sourire, et ses foibles accents Arrivent jusqu'à lui sur .1 » la joie, les ailes des vents : ô Calhmor ^ t'accompagne sans cesse ! LA BATAILLE DE TEMORA. « L'hymne augnste du Barde a calmé ma i8y tristesse; « A tes pieux n Et « Léna-^ quels sons plaintifs tes déserts font entendre <! Fils de Tl/ori'é'rt... quel « " désirs Ossian s'est rendu , des morts ne m'est plus défendu... le palais ? sang brùler.-vous de répandre? Vous frappez... ô douleur!., ô regrets superflus!.. Cnthmor^ hélas Cathmor bientôt ne sera plus'. ! L'Ombre mots, fuit à ces et le front du vieux chêne Se balance ébranlé par sa fuite soudaine. Cathmor lance saisit sa ; à pas précipités Il marche, n C'étoit de " Enfant des tourbillons, dans « Crois-tu verser « D'un héros « Cathmor et jette au loin ses regards irrités... Caïrbarla voix accoutumée le trouble et détourner les pas d'un roi formé pour et doit : mon ame alarmée, donc périr... d;ins les combats.' sou dernier asyle donc descendre. ..Ombre informe et débile, « Crtr/(7«o/- va « Qui t'apprend « Fais, coule dans K Et ne « La gloireest tout pour moi combattre est mon partage. « Inutile à « Le lâche seul a Et me à régler le destin la lasse plus des mortels.'' moments étemels, paix tes d'un sinistre présage. ; , lui-même, étranger aux exploits, quand la vieillit au milieu de ses bois, mort descend sur sa tête blanchie. POESIES iQo <t Son OmLre du Légo D'OSSIAlSf. (6) ne peut être affranchie. « Elle erre tristement sur les flots paresseux, « Et ne monte jamais au séjour nébuleux. Ainsi parla CaUimor dans Mais déjà l'Ombre » sa noble colère ; fuit, et l'horizon s'éclaire: Le chef d'^;/i« contemple avec étounement Ses guerriers au sommeil livrés tranquillement Tel qu'un esprit du ciel qui plane sur les : ondes, Qui voit les vents captifs dans leurs grottes profondes, Inquiet et jaloux du silence des flots, Commande aux aquilons de troubler leur repos Tel Cathmor^ appelant ses phalanges guerrières, Repousse le Sous un Aux sommeil qui ferme leurs paupières. feuillage épais l'amante de Calhmor charmes du repos s'abandonnoit encor; Mille songes heureux, égayant sa pensée, La reportoient aux jours dune gloire passée. L'aimable Sulmala revoit ses verds coteaux, Ses rocs silencieux, ses bondissantes eaux, Le palais de Lumon , et ses Précipitant leurs pas au jeunes compagnes sommet des montagnes. Et d'un père chéri tous les chefs valeureux Contemplant sa beauté d'un regard amoureux. Le destin de Cathmor Sous son déguisement il le conduit auprès reconnoît sa belle; d'elle : LA BATAILLE DE TEMORA. Il donx voit ce Du consume immortels feu qui le Que doit-il faire? hélas! Cathmor Et s'éloigne... 191 souris, ce front, ces traits charmants il aliments. verse quelques larmes, (7), dissipe tes alarmes: Redoutable ennemi, ce n'est point en ce jour Qu'un héros tel La guerre sous que tes toi peut écouter l'amour; pas furieuse, sanglante. Roule comme les flots Rientôt à'Atlia frappe son bouclier: le roi A ce bruit imprévu Sulmala d'une mer turbulente. frémit chaque guerrier. se réveille; et faible, pâlissante, Couvre d'un casque lourd Elle tremble sa tète languissante : en songeant qu'un regard indiscret Peut-être au jour naissant a surpris son secret; Timide, elle s'enfuit Et là, seule, à A l'abri au fond de la vallée; d'une roche isolée, travers les soupirs, les pleurs et les sanglots. Sa gémissante voix laisse échapper ces mots : « Le songe du bonheur « Des yeux de Sulmala des pleurs coulent encore « Mon amour, je » La robe de c De nos ;i Peuvent ravir une ame la s'enfuit avec l'aurore; t'appelle, et tu ne reviens pasi guerre embarrasse tes pas pères, dit-on, les Ombres à ses maux : secourables déplorables. : 192 LA BATAILLE DE TEMORA. faut que mon liéros périsse <t S'il << Viens emporter u O mon <« S'égare avec la mienne au père, et qu'au moins Cathmor dans sous mes yeux, palais ta fille lumineux, consolée la plaine étoilée. » CHANT QUATRIEME. SOMMAIRE. Ossian, après une courte invocation à le de valeur de Fillan; il voyant ce héros expirant ses secours. lais, et mor, line , tue oublie sa liaLue , , et lui offre L'ame de Foldath s'envole dans son pa- va s'offrir aux regards de sa Nina. Cath- fille qui a vu tomber Foldath, descend de raUie son armée , recommence le combat taque Fillan avant l'arrivée A'Ossian envoyoit au secours de son frère. Ossian combat. et harpe, décrit sa du Lubar. Prodiges Foldath. Malthos, en cojnbat qui a lieu sur les rives Fillan à arrive s'étoient battus : La l'endroit il , la col- et at- , que Fingal nuit termine le où Cathmor trouve son frère mortel- lement blessé après sa mort il le porte dans une caverne ; voisine. Fingal , en apprenant la mort de son décide à combattre lui-même. Le chant finit fils, se par uu monologue de Cathmor, que l'aspect de tantde tombes récentes enflamme d'une nouvelle ardeur. loi qui dors suspendue auprès des boucliers, Toi qui charmas souvent roreille des guerriers, 17 i'OESlES D'OSSIAN. 194 Eveille-toi , ma harpe Descende avec Ne me la ! et que paix dans ta mélodie mon ame engourdie. refuse pas tes accords inspirants : Hélas seul, accablé de soucis dévorants, ! Privé de son Oscar, privé de Ossian n'a que toi Tout repose ou se taît; le Murmure foiblement dans Voici l'heure des chants... Silence... Le passé la pour calmer lumière, sa misère. zéphyr amoureux. les hois ténébreux mon ame se retrace À ma vne. Les rayons du matin serpentoient dans A la voix de Cathmor les chefs : s'est émue... les cieux audacieux Guident leurs bataillons. Une épaisse poussière Yoile le roi L'intrépide du jour entré dans Foldath Moissonne en Il I '< 't '1 " « '< même temps se livre à l'excès sa carrière. est par-tout, et son bras les chefs et les soldats : d'une barbare joie: Bientôt, dit-il, Fin gai ^ à sa douleur en proie, Va pleurer ses états, sa gloire et ses amis. Compagnons de FoldaLh^\e vous l'avois promis. L'Ombre de Càirbar triomphe dans sa nue Fin gai même, frappé d'une atteinte imprévue Tombera, comme on voit sous les noirs aquilons Tomber un haut sapin, vieux monarque des monts. Dermide cependant : s'oppose à son passage ; : LA BATAILLE DE TEMORA. Mais 11 le destin trahit est blessé. igiï son généreux courage Foldath veut redoubler Quand un jeune héros Mon frère, accourt, brandit Et du sein de Foldath ses coups ; bouillant, plein de courroux sa lance étincelante, la retire sanglante. Puis vole sans retard à de nouveaux exploits, (i) Foldath tombe : la terre a gémi sous son poids ; Mais Mrt/r/f05(2), à l'aspect du guerrier qui succambe: « Où « Sera-ce dans Vllin, « Qui de Nina, ' veux-tu, lui dit-il, que j'élève ou sur ta fille, ont vu ta tombe? bords riants les les premiers ans Pourquoi, répond /^o/t/ai/t d'une voix courroucée « Pourquoi verser « Veux-tu me rappeler que je « Qui venge mon le trouble en trépas sur n'ai mes point de fiers fils ennemis? ma mémoire. ma gloire: Va, « Assez d'exploits sans doute attesteront « Entasse autour de moi ces superbes rivaux " je n'ai , mon ame oppressée? « « ? pas besoin qu'on venge Que mon glaive plongea dans la nuit des tombeaux ; Que je dorme, entouré de victimes sans nombre, •; Cet aspect tout de sang réjouira Il dit, et mon Ombre. meurt son ame, errante dans ; S'envole vers des lieux qui lui furent Elle s'offre à Nina: seule » les airs si cliers. aux bords d'une eau pure, POESIES D'OS igfi Nina Son livroit SI AN. sa noire chevelure est se montre son œil éperdu à couvert de sang, et le brouillard Vole autour de son front menaçant La belle pousse un cri; : humide et livide. l'Ombre lance un éclair. comme un feu léger s'évanouit dans l'air. Cathmor a vu tomber le chef de son armée Et De II ; arc à ses côtés reposoit détendu. Le fantôme Il aux vents haine et de courroux son ame est : enflammée; se levé, et saisit le fer de ses aienx. Incertain et troublé, Fingalle suit des yeux: « Cathmor, « Fillan touche peut-être • Dérobez à s'apprête à combattre lui-même; dit-i), ma vue un son heure suprême. à spectacle d'effroi; « Sombres forêts des monts,courbez-vous devant moi « Ossian, suis ton « Cher Fillan, de « Ne « Meurs, mais t'affligera J'obéis à , et jours reçois mon père; les flancs Les de et lui, Vole et trépas glorieux. baigné de larmes, du roc nous cacher la bataille, à tel tendresse occupée du moins un qu'un ses alarmes. mes regards tremblants Roulent impétueux, rapides Mon frère, cache ton épée. ma point d'un doute injurieux. Va dans flots frère tes aigle et sanglants. aux ailes déployées chasse d'Erin les tribus effrayées : > LA BATAILLE DE TEMORA. Il s'ouvre dans leur sang L'éclair est dans ses yeux Mais Caihmor Trois fois II un tortueux l'air fait briller la Rassemblent la ; foudre est dans sa main. son glaive redoutable retentit de sa appelle les chefs Honteux de , les chefs voix formidable obéissants à leur tour la foule dispersée L'ordre se rétablit ; et sous Mes : : terreur qui raaîtrisoit leurs sens, La plaine en un moment de dards S'élancent de 19 cliemia; nouveau : s'est hérissée; un mur d'airain les bataillons à'Erin. regards de Fillan suivoient au loin la trace: Tout-à-coup, emporté par sa fougueuse audace, Il marche sur Cathmor. La foule au S'ouvre , et livre un passage à ce Cathmor^ calme et serein Voit accourir Fillan^ le Leurs glaives renommés Descend... fier même comme en un jour contemple, les On interrompt la se croisent.... mais et les Les heures se pressoient, et deux camps sous un nuit le bruit. à peine agitoit ; le feuillage avoit suspendu les horreurs ; du carnage, do Comlial. fatigué des combats. ; respirent. ciel glacé La nuit rouloit son char de frimas hérissé F.t le fil.s la , ; vaincus à pas lents se retirent mort, Le vent d'au tomme de fête et s'arrête du choc affreux je n'entends que Les vainqueurs, L'Ombre instant combattant. POESIES D'OSSIAN 198 A la fête du soir appeloit ses soldats. Loin deux, d'un pas rapide à traTers la bruyère, Mes yeuxcherclioient Fillan Fillan monjeune frère; , Long-temps contre Cathmor avoit combattu: il Enfin je l'apperçois pâle, morne, abattu. Appuyé sur le roc, et respirant « Jeune chef de ikforfew , que « Lui « Fingal prête « Il « Sur « Tu dis-je : à fis harpe l'oreille à leurs à la plaine? chants glorieux; commencer ton tour viens chanter trembler Cathmor; o Ont arraché des pleurs Fingal^ impatient, près de son « Dans cœur du à sa tes exploits « le : dans environné de ses Bardes joyeux, n'attend plus que toi pour la peine fais-tu mes yeux vieillard viens fils la fête. conquête ; immortels fraternels. m'envoie; répandre la joie. >! Lorsqne tout fuit ou meurt sous leurs coups triomphants Uu père aime à revoir ses généreux enfants; sont vaincus, quand la honte leur reste , Mais quand ils Doivent-ils l'affliger de leur aspect funeste.' Ossian^ de Fingal pour jamais exilé Je ne Mon le verrai bouclier , mon casque est mutilé meurtri, mon armure sanglante; plus ; Et ce glaive émoussé çese à ma main tremblante. . LA BATAILLE DE TEMORA. ig(5 O s s I AN, O mon fiere N'es-tu pas ! bannis cette sombre douleur; un rayon dont la douce chaleur Réchauffe de Fingal Loin du A lils Rien de ce noble Mais ton père Je ne la fleur mon il ! fut toujours aimé; roi ne lui ravit l'estime gémit.... tout retard est Ossian^ plains te suivrai pas. mon Déjà, déjà A débile vieillesse? ton âge Ossian étoit moins renommé. De Fingal cependant Et la des héros cet excès de foiblesse sang est glacé par crime. mon mort sort. ; de mes ans je suis tombé sans gloire. premier combat a Ah du moins ! Mon frère, les ma mémoire. honneurs du tombeau : réunis mes armes dispersées. Près de moi dans le flétri sauve-moi d'un reproche nouveau Je ne mérite pas Et puisse la : un le roc qu'elles dorment placées; chasseur, en ces bois égaré, Ignorer que Fillan mourut déshonoré! OsSlAN. Il expire!.... 6 douleur!.... Son ame courageuse ! POESIES D'OSSIAN. 200 S'envole sur les vents dans la nue orageuse; y goûte déjà le Lonheur et la paix. Ombres de mes aïeux, ouvrez-lui vos palais; Elle Préparez, au milieu de vos brillants pbospbores, Sa robe de vapeurs, son fer de météores. A. mots, dans ces Je dépose le les flancs du rocher ténébreux corps du guerrier malheureux. Soudain la sombre nuit redouble Des tonnerres lointains les Sèment de tout côté l'épouvante Mais, bravant la tempête ses ténèbres. roulements funèbres et l'horreur; et le ciel en fureur. Tout plein du souvenir qui déchire mon ame. Je donne un libre essor au courroux qui m'enflamme. combattrai ce héros inhumain « Oui i< Qui d'un » Ni X Ne pourront le <• Fantômes de la nuit, , je le frère chéri vient de percer le sein; ses mille guerriers, ni soustraire son mâle courage, aux efforts de ma rage. allumez vos éclairs, " Guidez mes pas errants au sein de ces déserts « Guidez-moi vers Cathvior; que ma main vengeresse., « Malheureux! où m'emporte une juste tendresse u Voilà donc " Héros en cheveux blancs, entouré d'ennemis, « Si je l'abandonnois « Qui les ; secours qu'à Fingal yai promis ! ! en ce péril extrême, veilleroit surlui.' Sonbrasn'estplus le même; LA BATAILLE DE TEMORA. n Dans les champs de « Volons la Supporter tout « L'entendre « Non, jamais .... me le poids de crier il , voix que m'apportent lesvents? Mais n'est-ce point Il « J'obéirai, « Je revole vers toi, seul avec mes ennuis, <• fils.... sa ses fils par Fingal : Le cœur gros de soupirs, Mon père rage impuissante ! la foudre des nuits. (3) appuyé sur ma lance, je gardois le silence. dans mes yeux lut Une sombre ! père, à ta voix menaçante. Comme un aigle blessé J'avois rejoint pâleur voile ses la mort de son fils ce héros ne voit plus : lumière, « Guerriers, « Une oisive douleur peut-elle le venger.-* Que le poids de la guerre accable l'étranger! tt « Sous vos coups réunis « Amis, qu'il la tombe dans la plaine... je combattrai; la victoire est certaine. » Vingt chênes abattus s'embrasent à l'instant, Et remplissent les airs d'un ; traits flétris: Mais bientôt, reprenant son audace première si ? ah! plutôt en ces cruels moments... « mon : sa juste colère, Qu'est devenu ton frère « appelle ses aoi n'est plus sans rival Qui, moi, revoir F/nga/.'' à ses côtés... « mort éclat pétillant. Fingal erre au milieu des ombres entassées , Et roule dans son cœur de sinistres pensées; Son large bouclier, son casque radieux (4) » POESIES DOSSIAN. 202 Brillent par intervalle à la clarté des feux; Le besoin des combats tourmente son audace Dans ses traits convulsifs respire la ; menace; Ses pas précipités s'égarent au hasard, Et de sa lance d'or Le noble roi Promené il frappe le brouillard. à'Atha^ du haut de ses regards sur les Là dorment, confondus , ses collines tombes voisines; les chefs des deux partis. Sa grande ame s'émeut; ses yeux appesantis Laissent tomber des pleurs.... « i< Brillants Ont lui comme l'éclair, < Les guerriers mémorables, comme lui peu durables, quelques instants pour s'éteindre à jamais; 11 Dans « Surpris par l'asyle des n'ont le morts qu'ils reposent en paix ! trépas dans leur course guerrière, pu des grands noms éclipser la lumière 11 Ils " Mais ces plaines du moins, ces torrents écumeux, 1 Instruiront l'avenir de leurs destins fameux. '< it 1 i< .1 •< Ah ! puisse ainsi Cathrnor triompher d'âge en âge, Et du sommet des airs, promis à son courage, De ses Bardes chéris entendre le concert Quand il voyagera sur les vents du désert, Quand de ses fiers aïeux il ornera les fêtes Ou ; qu'il se cachera sous l'aile des tempêtes ! » CHANT CINQUIEME. SOMMAIRE. Le poète dant fait la nuit la description du lac du brouillard qui de Légo. Ou s eleve pen- croyoit que les âmes des morts icstoient enveloppées dans ces vapeurs , jus- qu'à ce que les Bardes eussent chanté leur éloge funèbre. Apparition de l'Ombre de où étoit Fillan sur nor pour le avertir ses guerriers qu'il va du son de ce bouclier. Sulmala saut, et court éveiller demander lée paix. demain. Il de Cathmor. ro- les ar- ordonne de la bataille réveille Sulmala se réveille en sur- Elle veut l'engager à reste dans la résolution de conti- se retirer dans la val- qui devoit se livrer , et d'y le len- son armée en frappant sur son bou- Description du bouclier de paroît. prendre demeuroit un vieux Druide , la fin 11 Il lui Lena où attendre clier. la guerre. la de le bouclier de Trern- combattre en personne. Effets extraordinaires et nuer caverne son corps. Sa voix réveille Fingal sur cher de Cormul. Fingal frappe mes la se retire dans la Cathmor. \.e\çfax de Lena. vallée J_iORSQUE les vents du soir aux bords de l'occident Ont poussé du soleil le disque moins ardent, POESIES D'OSSIAN. 204 Des du Légo , de forêts ondes dormantes, ses S'élèvent tout-à-coup mille vapeurs fumantes. Noires exhalaisons qui voilent à nos yeux De la reine des nuits le char silencieux: C'est là que dont le guerrier harpe propice la N'a point encor chanté l'hymne consolatrice Choisit l'épais brouillard qui doit ceindre ses flancs mon Là emporté par frère, les rapides vents : , A déjà revêtu sa mobile ceinture. L'aimable et beau fantôme, errant à l'aventure, Cède aux jeux du zéphyr, et Les torrents répétoient Les vents frais de la l'or La au repos plainte de mon Eli « M'a-t-il frère donc oubUé dans « Moi, « Moi « Qui pourroit te Qui « Quel « Ton sang versé pour lui astre à mon effacer fils ! et le réveille. son père sommeillé! ses songes riants. répond Fingal^ brilloit ; son cœur troublé; en sursaut ! l'oublier, étoiles tristesse accablé. livroit quoi Fillan n'est plus, >i des bois. mouvant des nuit faisoient flotter ses voiles; Tout reposoit: Fingal, de Un moment mêle quelquefois murmure Ses douloureux soupirs au les yeux Eh de ! une image plus que toi dans si le étincelants, l'ame d'un perc chère ? feu du combat? son matin répandit plus d'éclat ? uoi fume encor dans la plaine... LA BATAILLE DE TEMORA. « Va, tu frappe par trois fois le pesant bouclier Jusqu'aux cieux étonnés mille Les ma 2<»d haine. » levé à ces mots, et de sou bras guerrier 11 se Il n'as pas besoin de rallumer flots Dans son éclairs : en jaillissent; roulent émus, les cavernes mugissent (i) lit de genêt le ; chevreuil étendu Se réveille en sursaut, de terreur éperdu; Et les morts, désertant les bois Regagnent, effrayés, leurs mélancoliques, palais fantastiques. Le sommeil, Suhnala^n'a point charmé Du boucher des Viennent glacer d'effroi ton Plus prompte que Elle fuit sons le tes sens. rois les sons retentissants le oreille attentive daim, ou la : biche craintive, chêne où son unique amour travaux du jour: Dormoit, appesanti par les A l'aspect tremble et frissonne. « Pourquoi troubler le calme on son cœur s'abandonne « Dit-elle. u Hélas! de Mais le du héros Un elle songe heureux l'occupe en ce moment Snlmala lui peint-il le tourment? son meurtrier et s'accroît et redouble : L'étrangère frémit; tout entière à son trouble, Elle veut s'éloigner, mais son casque d'airain i8 » ; : POESIES D'OSSIAN. 2o6 Tombe, Le héros roule, et bondit sur le rocher voisin. se réveille; et, d'une voix émue, qui t'amène à ma vue? « Enfant des nuits, K Es-tn l'Ombre d'un chef des temps qui ne sont plus M Pourquoi — " t'off'rir dit-il, soudain à mes regards confus? Ombre et fugitive et Je ne suis point une vaine, « Qui roule dans « Mais je viens " Frère de Caïrbar^ songe à sauver tes jours, « Entends ces sons de mort; vois quelle est la puissance « Du — .( t< l'avertir des dangers que tu cours. guerrier qui des nuits trouble ainsi le silence. Le bouclier sonore Que — o « l'espace et s'égare incertaine; le foible Illustre est la harpe des rois ; l'entende et tremble dans ses bois. chef â'Atha^ Ne manquoient, comme les héros de toi, ma race de zèle ni d'audace; « Cependant du trépas ce bruit avant-coureur « Malgré moi dans mes sens a jeté la terreur. ' La guerre aime Fingal : de sang toute trempée < Elle descend déjà sur sa fatale épée. • . Il s'avance, celui qui ne céda jamais. Cathmor, fais éveiller le Barde de la paix. (2) \ cet effroi naïf, à celle voix louchante, » LA BATAILLE DE TEMORA. L'intrépide Il se love, et des pleurs mouillent — « ™ Cathmor reconnoît son amante < O lille son oeil 207 : guerrier. de Liimon^ dès long-temps sous l'acier Mes yeux ont reconnu l'idole de mon ame Mais la guerre à mes pieds, comme un torrent de flamme, : ' Précipitoit sa course; et le devoir jaloux '< Défendoit à « Cesse de l'alarmer, et songe au jour prospère « » ma gloire un entretien si Où nous verrons tous deux le palais de ton père; Où Cathmor dissipant ton amoureux ennui , Séchera tous les pleurs que tu verses pour tempête gronde, « Mais la ti Sous ce rocher qu'habite « Vit un et le une paix sage vieillard, dont les éternelle, yeux pénétrants « Sondent Autour de « Sur « Dont « Voit bondir « C'est là qu'il vit, content d'être sans Va la lui. danger m'appelle. « ti doux. profondeur de l'abyme des temps; sa retraite sa grotte s'incline le front, le une eau pure serpente; une roche pendante, couronné de chênes toujours verds, chevreuil, hôte de ces déserts; trouver ce vieillard , cours , ô ma moment où renommée. bien aimée yeux M Attends auprès de lui « Reverront de Cathmor A ces mots, sur les traits de la belle étrangère le tes le front victorieux. » ! POESIES D'OSSIAN. 2o8 Se répand par degrés une rougeur légère Et plus le doux espoir se " Poursuis, 6 « On f Quand mon glisse suspendroit plutôt elle voit dans son sein. héros, ton généreux dessein. le un daim - Qu'on ne détourneroit « Du vol de l'aigle altiere errer sur la bruyère tes pas audacieux sentier de la gloire et des faits périlleux. marquoit •> Mais « Songe que Sulmala^ plaintive, abandonnée, " Loin d'un père cbéri, seule avec • Va — « « si le sort ta dernière journée, les dangers, languir désormais sous des cieux étrangers. Repousse undésespoirquini'étonneetmeblesse. mon cœur As-tu jugé capable de foiblesse? du il Mille fois j'ai bravé les flèches « Mille fois la tempête a grondé sous Il Et toujours mon épée Comme un éclair vainqueur qui perce •I Cathmor frappe à ces a trépas ; mes pas; chassé les orages, les nuages. mots son large bouclier; Sept étoiles du soir y brillent sur l'acier; On y voit Cauniathon dans l'ombre rayonnante; Au palais du midi Coldema flamboyante, Ulnicho perçant le brouillard ténébreux. Et Cathlln d'un feu pur doraut l'azur des cieus. Plus loin, de Reldurath la lumière mobile LA BATAILLE DE TEMORA. Se brise sur 209 de l'occident tranquille. les flots Berthin semble sourire au chasseur égaré Qui Au sort du sein des bois d'un pas mal assuré. milieu d'un ciel pur Lonthena Lonthena du nocher se déploie, l'espérance et la joie. Autrefois, quand Larthon^ le premier des héros Qui s'ouvrirent sans guide un chemin sur les flots, Dirigeoit vers Ullin sa course tortueuse, ïout-à-coup, descendant sur l'onde impétueuse, La nuit d'un voile sombre enveloppa Larthon livrant , aux les airs; humides déserts, Incertain, à travers ces flots sa fragile nacelle. Déjà ne tenoit plus qu'une route infidèle. Mais Lontliena sourit, Poursuivit son voyage à et le héros joyeux l'éclat de ses feux. Bientôt sur l'horizon, qu'un feu tremblant colore. Souffle un zéphyr léger, précurseur de l'aurore; Le ruisseau du vallon, dans son cours inégal. Brille et serpente Des chevreuils Commence Et aux yeux du chasseur matinal et des cerfs la à s'égarer sur la l'aigle, s'élançant du roc ; troupe vigilante mousse ondoyante. silencieux. Vole au-devant du jour dans les plaines des cieux. Les guerriers de Cathmor, à sa voix belliqueuse, Dissipent du sommeil Leurs cris la vapeur paresseuse ; frappent les airs .les rochers, et les bois: POESIES D'OSSIAN. 2IO Leurs nombreuses tribus se lèvent à la fois : Ainsi, lorsque les vents, de l'océan tranquille Agitent tout-à-coup surface mobile la L'un vers l'autre poussés, l'un sur S'amoncelent La Sitlmala, vers triste l'autre roulants, rapides et grondants. les flots la grotte enfoncée, Se retire pensive, et de crainte glacée Souvent tourne, elle se Suit encore des Mais quand La il ; dans l'éloignement et yeux son invincible amant; disparoît à travers la poussière, belle sent des pleurs rouler sous sa paupière, Se perd dans Du combat la caverne et , va près du vieillard qui s'apprête attendre le hasard. Approche, fils à' Alpin (3) du Barde qui t'implore; , Et si , Pour Oh! dans les le triste accords de Ossian il ta est harpe sonore quelque douceur. viens en pénétrer, en réjouir mou cœur. Hélas! autour de moi se pressent les alarmes; Aveugle, délaissé, dans Etranger à la gloire, à le deuil et les larmes. l'amour, Je foule, en gémissant, la terre à l'hymen. de Morvcti. Sur mes cheveux blanchis s'entassent Mon les orages père, mes amis ont peuplé les nuages D'un trépas glorieux tous ont suhi Et de tant de héros Approche, fils à! il ne reste : ; la loi, que moi. Alpin ^ (VOssian qui t'implore; LA BATAILLE DE TEMORA. Viens suspendre mes maux, O Barde, je te vois dans Mais plutôt interromps Pour l'ame d'Ossian^ Il nuit de la Bel arbre du vallon bonheur , de tes Nul zéphyr murmurant ne N'est-il point dans les airs Qui t'effleure, Quel silence mes yeux ; chants harmonieux tes à sa tristesse n'est plus ici-has de 211 tu le peux, encore. si : en proie. ni de joie. rameaux épais vient troubler la paix. quelque Ombre mensongère en passant, de en nos bois, et sa robe légère?.... sur nos monts glacés!... Ullin^ Carril ^ Rino^ Bardes des temps passés. Doux fantômes, venez ranimer mon génie: Je ne vous entends plus, enfants de l'harmonie; Quelle ardeur près de vous m'enflammoil autrefois, Quand, la harpe à la main, dans le palais des rois Nous faisions retentir de nos hymnes guerrières Ces voûtes où brilioient les armes de no.s pères ! CHANT SIXIEME. SOMMAIRE. Au travers du brouillard qui couvre rocher de le Cormul on apperçoit de temps eu temps Fingal. Description de sa descente de Dermide mal, , et colline la : au Barde Carril il en marchant à Teunemi, arrive à où étoit le l'entrée leur. ordonne corps de Fillan. de cette caverne Cathmor Il cette : la voit ; Gaul , à Lubar Branno couché à caverne de vue renouvelle sa dou- range son armée en tion de l'action générale à chercher ClomCormac. Fingal, d'aller seul rejeton de la famille de bataille. exploits de Desciip- Cathmor et de Fingal; tempête; déroute totale des Irlandais. Les deux rois se battent leur entretien après le combat. Cathmor expire. Fingal remet sa lance à Ossian. : L'ombre de Cathmor apparoît à Sulmala dans grotte où elle s'éloit retirée. L'arrivée annoncée par les de chants de cent Bardes. par un discours de Fingal. Quand la bise d'hiver, attristant la A chargé de glaçons le lac de la la Clommal est Le poème campagne, montagne. Le chasseur, dès l'aurore, ennemi du repos, finit LA BATAILLE DE TEMORA. 2i3 En vain prête l'oreille au murmnre des flots Tous les flots sont muets; leur surface glacée De touffes de gazon, de feuilles hérissée, Tremble au souffle des vents, et luit aux doux rayons Que verse un jour naissant sur la cime des monts : : Ainsi brille an matin notre vaillante armée. Le brouillard qui voltige en épaisse fumée Voile encor Du le Cormid front victorieux. le Mais bientôt, paroissant à travers Mon père des héros reçoit Tout Morven le yeux (i), et cache à tous les grand roi de Morven le nuage, un pur hommage: salue, et sa bruyante voix Fait retentir l'écho des vallons et des bois. Ossian et Dennide ^ appuyés Gardoient auprès du roi Nous n'avions pas vaincu sur leur lance, plus profond silence le Fingal : vit ; nos regrets : « D'où vient « Nous dit-il mes enfants, n'ètes-vous point ma gloire « La force de « Ossian, songe à vaincre « .Te « Quand aux mursde5e^« nous suspendrons nos armes, « Alors, ô n Chante les deuxhéros (2) que nous ne verrons pins: « Mais « Gatil, Derm/c^e, approchez cette tristesse empreinte dans vos traits? : connois la mon bras, tes mon guerre l'ame de et non douleurs et dois cher fils, laisse rugit... tes ma victoire.'' à t'affliger; les partager : couler tes larmes; pleurs sont superflus... : non loin de cette plaine POESIES D'OSSIAN. :ii4 « S'élève « An un mont sauvage où le Nord déchaîne se ; milieu de ces rocs, blanchis par les hivers, mousse » Et de ces vieux sapins que « S'étend une caverne au jour impénétrable; n Elle prête à " Depuis linstant la Clommal son ombre fatal a couverts, secourable. où son père frappé « Tomba dans son palais lâchement usuipé, Par un Barde soustrait au vainqueur sanguinaire, « Dans « Du malheureux Connac il « Quandlanuit dans les cicux vient régnera sou tour, n Et sur « A la foible clarté " Il parcourt I Y surprend quelquefois a Que K Je veux <» Compagnons de Fingal, •1 Que « Qu'il voussuiveencesUeux; et, grâce à < Qu'il aille resaisir son antique héritage. n le le il firmament tendre languit solitaire. a reçu le jour. ses sombres voiles , qui tombe des étoiles son arc ennemi les forêts, et le chevreuil endormi. puissent ses destins devenir plus prospères le rétablir ce fer II se tait Et caverne obscure sa : les pour sa les allez, et dites-lui cause étincelle aujourd'hui, deux chefs Barde Carril ! au trône de ses pères. mon courage, » s'éloignent à l'instant, précède en chantant. Mais l'aurore paroît du sein des mers bruyante» ; Jaillissent tout-à-coup des flammes ondoyantes; LA BATAILLE DE TEMORA. Le roi Verse du jour l'or monts s'élève, et sur les de son char emporté dans les Des braves de Mon'en Et de l'âpre 2i5 déserts airs. les bataillons s'étendent. Cormul en tumulte descendent. Fingal guide aux combats leur belliqueux essor; Un aigle Il sur son casque étend ses ailes d'or : s'avance couvert des armes paternelles, nud volent mille étincelles un rocher couronné de sapins Et de son glaive Tel s'élève Les orages fougueux, Le battent Il : ; à la t'ois les aquilons mutins. de leur courroux stérile... repose vainqueur sur sa base immobile. La grotte de Lubar frappe yeux du roi un morne effroi; les Cet aspect dans ses sens éveille Là repose Fillan: Branno^ dogue : fidèle. N'a point abandonné sa dépouille mortelle, Près du jeune héros il languit attristé; Autrefois, orgueilleux de son agilité, A son maître docile, il Et chassoit devant lui voloit dans la plaine, biche hors d'haleine; la Aujourd'hui, s'étonnant d'un aussi long sommeil. Du chasseur Mais Il ses qui n'est plus yeux semble par ses cris lui Et tourne vers Fingal il la grotte s'arrûte... il attend le réveil : mon père; demander mon fi'ere. vigilants ont reconnu un regard langoureux. pousse un soupir douloureux; POESIES DOSSIAN. 2i6 / Accablée un instant, sa grande aine sommeille... Mais la Et d'un Il guerre bientôt frémit à son oreille. bond vigoureux, par sa lance affermi, Lubar^ et vole à l'ennemi. franchit le Cathmor a déployé phalanges sans nombre ses Moins fougueuse est la mer , Parmi et Parmi tant de guerriers on distingue Maltlios, Morannan à l'épaisse et noire chevelure, Connar au front livide, à la Hidallan aux yeux bleus, à haute stature, l'aimable souris. Jusqu'aux cieux tout-à-coup s'élèvent mille On embouche Dans Déjà les ; par la le bouclier choque les La douleur les et la armée ; ; bouclier. flamme aux flammes de casques d'airain Les lances et le cris rage enflammée, la plaine s'ébranle et l'une et l'autre L'acier mêle sa Sur cors les glaives l'acier, rebondissent, dards se croisent, retentissent; mort volent dans tous les rangs : Ainsi, lorsque des mers deux rapides courants. Battus par la tempête et par des vents contraires. Et, rugissants autour des rochers solitaires. Se heurtent en courroux, De fantômes joyeux leurs funèbres voix épouvantent les cieux. Tourmentent De les la les forêts, cime des monts les ; moins épaisse est l'ombre. cette forêt de brillants javelots, déracinent leurs chênes, roulent dans les plaines. LA BATAILLE DE TEMORA. 217 Les poursuivent encor, dispersent leurs débris. Et parsemant les flots Ainsi brillent les chefs de feuillages au Par l'excès du péril l'audace Le sang au loin jaillit Mais le roi flétris. fort de la mêlée : redoublée ; est et rejaillit encor. de Mon'eti , mais Plus terribles cent fois que la le vaillant mer Cathmor^ et l'orage, Brisent les cbars roulants, sèment sur leur passage Les boucliers rompus dards émoussés: et les Ils marchent au hasard sur Et la morts entassés, les foule incertaine, entre leurs mains rapides Croit voir étinceler cent glaives homicides. Morannan^ sous les coups de Fingal furieux, Tombe dans le torrent; les flots impétueux Entraînent ce guerrier dont Heurte contre les rocs et la pesante armure rend un sourd murmure. Cronar tomboit; un pin qu'ont L'arrête et le saisit par ses incliné les ans cheveux flottants, Et sur son bouclier, que des liens suspendent, Ses larmes Mais et son sang goutte à goutte descendent. le jeune Son âge, Hidallan sa beauté, vient s'offrir à désarment mon mes coups; courroux: J'hésitois à frapper... Lui, dans sa folle audace, Me lance un foible trait qui meurt sur ma cuirasse; Je me retourne alors, de colère enflammé, Et levant sur sa tète un bras si renommé... 19 POESIES D'OSSIAN. 2i8 Oh ! Que mieux valu pour lui, pour son amante. qu'il eût tous deux, les Célébré sur la harpe Les roses de son Ne pourront le dans assis la plaine riante nous eussions tour-à-tour Pacifiques rivaux, et la gloire et teint, l'or l'amour! de sa chevelure , guérir de sa large blessure.... L'infortuné n'est plus une molle pâleur ; Couvre son beau visage ainsi : tombe une Qu'en son rapide vol l'aquilon A cet aspect touchant Mahhos a vu Furieux, il fleur a flétrie. mon ame est attendrie. de loin succomber Hidallan; accourt. L'intrépide Ossian S'apprête à repousser cet ennemi célèbre... Soudain l'air Enveloppe s'obscurcit; Le pin gémit, battu par Sur des un nuage funèbre les airs, et la plaine, et les ailes les monts ; noirs aquilons; de feu Tcclair vole et serpente; Le Lubar en fureur roule une onde écumante.... Mais où sont les Résonnant sous Sans doute ils coups du glaive meurtrier. sont aux mains: les tribus étrangères, Fuyant , comme A deux rois .•'j'entends leur bouclier les le daim sur Se cachent sous des rocs par Je les noires fougères travers la tempête et les feux redoublés. les la foudre ébranlés. poursuis au sein de leurs retraites sombres; Mes coups mal dirigés se perdent dans les ombres. LA BATAILLE DE TEMORA. 219 L'orage enfin s'appaise, et de son char d'azur Le soleil Mes recommence à verser un jour pur. mon père: regards inquiets cherchent au loin Je l'apperçois enfin; son front n'est plus sévère; A ses pieds étendu le fier Calhmor Pâle et presque sans voix, soulevé Fingal : k il est juste, sans « Tu « A son ombre « Mais je ne fus jamais inflexible m'as privé d'un fils, et plaintive en étoit Morven dans mon camp La Viens ; nos chants calmeront « Des plantes de nos monts je connois se Mes Viens , chef de Téniora , que ton cœur Moi te suivre!., la mon Des tours de Qu'habitent « Fais-y porter « Y se rassure. » mort est déjà dans mon sein. palais un rocher est voisin; vienne la fraîcheur, la nuit, et le silence ; mon corps, et qu'une amante en deuil quelquefois gémir sur mon cercueil. Non,non, qu'unautreespoir...Maislehérossitccombe, tombe: « La mort, d'un bras de fer, l'entraîne dans « Ainsi tout doit périr; ainsi moi-même un jour « Il : vertus, en ses flancs une caverne immense « « : secouraLles mains panseront ta blessure.... « Il recelé — prépare les « I : tes esprits abattus « « dû et barbare; « — : doute: ton sang répandu hommage « fête de mourant. ceil Jeune héros , écoute voulu ton trépas; J'ai < est attendri sanglant, un me faudra quitter le terrestre séjour. la POESIES D'OSSIAN. 220 rempli mes hautes destinées; « Ossian,, « Il « A leur voix qui me crie: j'ai temps de répondre est .< Toujours des « Ton cœur flots doit-il à la voix des années, Hé! quels sont tes desseins? de sang rougiront-ils toujours palpiter pour tes mains? la guerre? « Fingal « Voix puissante des temps, j'écoute « Fj«^fl/ne vaincra plus. Prends ma lance, ô mon fils! « Leve-la, M Tiendront de mes tribus insulter « Quand « Sans respect pour « Ossian , « Dans le n'est-il point quand des las mon nom Consumoit l'ennemi Mais « Sois « Et pour les opprimés De les bannières, mes main essuya pour les mots d'un père son pouvoir; du désespoir. un ardent météore, pleurs un rayon de sa lance entre l'aurore. » mes mains. leurs cris, répétés par les échos lointains. Nos tribus aussitôt remplissent les campagnes. Mais les ombres du soir descendoieut des montagnes, Et les fleuves rouloient des flots plus rembrunis. A la fête du roi tous les chefs réunis Cèdent aux doux transports d'une vive alégresse: I^n : feu de sa colère rebelle à les oppresseurs à ces le forêts, fera voler ses traits. suis l'exemple et les conseils jour des combats remet et j'obéis. guerrier superbe, au sein de le « Il la terre ? hordes meurtrières rois les « sa de ravager mélange confus de gloire et de tendresse LA BATAILLE DE TEMORA. Au roi victorieux arrachoit Fillan ne cliarmoit plus ses belliqueux Du tombeau dévorant Oscar étoit Leur destin de mon père 221 des soupirs. loisirs; la proie... empoisonnoit la joie. L'aimable Sitlmala^ que faisoit-elle alors? (3) Son oreille du Barde écoutoit Tout-à-coup le Eclate dans les chant cesse Sulmala, D'où • Le combat « Plein de gloire, M C'est Un Le naît, dit est fini; qui l'a ses solitaii-e... ta subite mon héros est douleur? vainqueur: revole auprès de son amante je l'appercois.,. fantôme à fer il les accords... uu trouble involontaire yeux du Barde « lui... ; yeux » O ; mortelle épouvante! se présente soudain ; percé brille encor dans son sein; Ses membres de vapeurs bientôt s'évanouissent, Et se La triste Siiltnala pâle, les mêlent aux vents qui dans l'ombre rugissent. S'élance et le poursuit yeux hagards, à travers les brouillards... Elle expira bientôt sur ce fatal rivage, Comme le Des vent du soir qui meurt dans le feuillage. voiles de la nuit déjà tout est couvert; Des sons harmonieux remplissent le désert : Dermide et Carril ont fini leur voyage, Et ramènent Cromnal fibre enfin d'esclavage. Gaiil^ Fingal avec transport « O jeune infortuné ! le serre dans ses bras je te : rends tes états, 19. LA BATAILLE DE TEMORA. 222 pour toi , pour ton malheureux père « Lni dit-U « Que Fingal a a Demain, dès que « Abandonne, ô Cromnal! « Retourne « Remettre entre « Nous, cependant, chantons « Peuple, chefs de Morven^ln paix est de retour; a. Dans « Demain que sur les mers mes « Mon peuple est nnrocher,d'oùj'ai pris vers les deux « De ; c'est à livré sa bataille dernière, le jour aura lui sur ce bord, Térnora: la félicité l'aigle, roi tes cette plaine de mon fils ira mort; lui-même mains l'autorité suprême. que tons les la gloire cœurs de cejour. se noient; voiles se déploient des monts, le vol audacieux. Fin du Pokme. « : NOTES. DU PREMIER CHANT. (i) Caïrbar. (2) On ne peut trop admirer avec quelle adresse Ossian place son propre éloge Oscar dans (3) (4) dans la et celui lils Gaul. Folclath, roi de la suite Morna^ joue un grand du poëme. Son passage du second chant, conspiration contre il paroît, par un con- beaucoup de part à la jeune Cormac. ne faut pas confondre re Il guerrier le : qu'il fut le principal fident de Caïrbar, et qu'il eut rôle caractère fier et in- flexible se soutient jusqu'à la fin (5) de son bouche d'un ennemi. Swaran avec le du même nom qui combattit contre Duro- math daus l'isle de Tromathon, et dont se souvient d'avoir lu Minona. l'histoire dans le le lecteur poëme de NOTES. 224 Le poète transporte (6) scène dans la camp de le Fin gai. C'est-à-dire les étrangers qui étoient arrivés (7) par mer. Ossian parle toujours avec complaisance de (8) son fils bien-aimé intéressoit ; tout ce qui lui son ame paternelle : il ses poésies de sa lance d'or, de ses Combien sur- tout cbere Quand un dogues la guerrier s'étoit rendu la fidèles, etc. lui être plupart de ses chants. placoit toujours son épée dans sa couche de sable appartenu veuve Malvina devoit aussi lui adresse-t-il ! (9) sa a voit parle souvent dans fameux, on tombe ; une seule recouvroit. Ainsi Oscar suppose avec raison qu'elle pourra frapper un jour l'œil du chasseur. (10) Althan étoit chef des à' Irlande^ aj)rès la dit Bardes X Artho mort du jeune Cormnc. auprès de Fingal 1 et fut Il ., roi se ren- reçu au nombre de ses Bardes. (11) Tel étoit, dans ces temps héroïques, le respect NOTES «jiii environnoit 225 Bardes, que les Cdirbar le féroce après tant de forfaits, n'osa se rendre coupable de la mort de l'un d'eux. NOTES DU CHANT DEUXIEME. (i) Il paroît, par la suite de cette apostroplie, qu'0««fl« s'étoit retiré loin pleurer en secret la du mort de son reste de l'armée fils pour Oscar. Cette nar- ration indirecte, et en quelque sorte dramatique, n'est pas rare (2) dans les poésies Le poëte commence de Fillan, qui joue poëmc. On (3) si à peindre ici le caractère grand rôle dans voit déjà son ardeur et l'impatience Fillan un A'Ossian. pour la suite la gloire, le du feu qui caractérisent un jeune héros. Ossianet Fillan n'eurent point la même mère étoit fils de la belle épousée après la , mort de Roscrana, mère d'Ossian et de Bosmina , dont de Lorma. : Clatho que Fingal avoit il est fait mention dans le poënre NOTES. 226 Cette expression peut paroître extraordinaire (4) au premier coup-d'œil ; Toutes les fois elle est très familière à que Fingal de lui, notre poëte dit qu'il est seul, dans tude, Ossian. n'a point sa famille autour la soli- etc. Le lecteur (5) pendant la nuit. qu'on avoit envoyé se souvient Fillan sur la colline de Mora pour observer l'enuemi Ossian, qui de ne point quitter le l'avoit joint, lui dit donc poste que Fingal lui avoit confié. (6) Ossian, par une fierté droit point se mesurer avec demande Cathmor s'il peut à bien entendue, ue vou- un le guerrier obscur , et combattre sans com- promettre sa valeur. (7) Quoiqu'05«rt?2 fût l'homme à qui Ca'irbar eût causé tué son les fils plus grands malheurs, puisqu'il avoit par la plus indigue des trahisons, notre poëte oublie son ressentiment aussitôt que son en- nemi n'est plus. (8) Carril chante l'hymne du soleU. (9) Cairbar. NOTES DU CHANT TROISIEME. (i) Ce n'étoit que dans un rois combattoient en ils : nairement sur nue hauteur d'où vus et voir toute l'armée. Si imminent que péril personne ils pouvoient être quelque bataillon ctoit repoussé ou commençoit à fléchir vers son chef les se plaçoient ordi- un Barde qui par , ils députoient des chants relevoit son courage; quelquefois leurs propres enfants remplissoient cette honorable fonction. Si la défaite de l'armée paroissoit inévitable, alors fois les -voix de la guerre , ils frappoient trois c'est-à-dire les bosses de leur bouclier, faisoient déployer le soliflamme, leur étendard accoutumé, (2) (3) et se portoient contre l'ennemi. Foldath. Gmtl^ dans la bataille, se servoit de l'épée dv son père Morni. (4) La scène se passe dans (5) Cathmor. le camp des Irlandais. NOTES. 228 (6) IjC Légo, dont poèmes d'Ossian les comme les il , est si souvent question dan» étoit saines , et quelquefois mortelles que c'étoit le séjour des s'écouloit entre la lac et sans , marécageux : Bardes feignirent les âmes pendant l'intervalle qui mort et l'iiymne funèbre. Les âmes des guerriers pusillanimes ment un vapeurs qui s'en élevoient étoient mal- y séjournoient nul espoir de se réunir à éternelle- celles de leur» ancêtres. (7) Ossian suspend apostrophe à sa narration , et adresse cette Cathinor. NOTES DU CHANT QUATRIEME. (1) Le poète, pour douner une haute idée de la valeur de l'illan^ omet les détails de son combat contre (2) le redoutable Foldath. Les caractères de Foldath et de Maltlios sont bien soutenus: Foldath étoit impétueux et cruel; Malthos opiniâtre et méfiant. Leur attachement à la NOTES. Famille d.'Atha étoit égal bats étoit la Malthos généreux, et sa aag leur valear dans les même. Foldath d'ostentation; étoit ; étoit plein de vanité et n'étoit pas indulgent, mais (3) il conduite à l'égard de Foldath^ son ennemi, prouve qu'un caractère sombre n'exclut pas toujours com- la et dur bonté. La comparaison qui termine ce beau mono- logue à'Ossian paroit étrange au premier coup-d'œil ; mais où il les faut se souvenir hommes (4) que le poète habitoit un pays orages étoient fréquents, et qu'il parloit à des à qui ces images étoient familières. Les rois , avant de combattre en personne étoient dans l'usage de se retirer sur , une hauteur, pour réfléchir sur la bataille qu'ils alloient livrer, et con- sulter les ombres de leurs pères. NOTES DU CHANT CINQUIEME. (i) tèrent Les Bardes qui vinrent après Ossîan débi- beaucoup de fables sur ce bouclier, auquel Os- sian , par amour pour sou père , avoit attribué des ao NOTES, 23o surprenants. Dans effets si tous les exploits la suite à renchérir sur ce qu'en avoit dit un firent sur les fleuves les les autres le faisoient ; comme pour déclarer paix, etc. combat, ils ; et se avoient vu. son poste, la guerre la mou- marcher , de hé- , pour demander la ne prenoient jamais une part active au un Ueu de rethoient dans Quand un ils le sûreté d'où mettre en vers ce qu'ils et guerrier quittoit son rang ou diffamoient par des satires dont ja- mémoire ne se perdoit chez des peuples pas- sionnés pour les combats. tine à les défendre Il est uns en sur une terre solide, etc. pouvoient tout voir mais Ossian: Les Bardes servoient d'ambassadeurs (2) ils prit à la lettre colosse dont le bras d'airain faisoit voir une triple épée rauts on de Fingal, et chaque Barde se plut pendant Un la corps de troupes, des- mêlée, veilloit sur eux. naturel que les chefs se soient intéressés plus que personne à la conservation des poètes qui étoient dans leurs camps car ces poètes étoient seuls capables ; de faire passer leurs noms à la postérité. On ne noissoit pas encore l'histoire; et lorsqu'on mença à l'écrire Germanie, les la en Suéde , en Danemarck Bretagne, et la Gaule, chants des Bardes, que tout il le fallut , con- com- dans la rassembler monde savoit par NOTES. «eenr. On Nord on a tiré de ces des annales : poèmes aussi doit remplis de fables (3) 23i pent être certain que chez et les premiers chapitres les voir de fictions. Ossian, fatigué de décrire, poème pour peuples du -on peu s'étonner de et rappelé à lui sentiment de ses propres malheurs le les , par interrompt digressions, que des lecteurs français trouveront peu brusques, sont du célèbre le déplorer son infortune. Ces sortes de fils très fréquentes de Fingal: plaintes donnoient il lui dans un les poésies sembloit que des une nouvelle force à son ame , et plus de vigueur à son génie naturellement sombre et mélancolique. NOTES DU CHANT SIXIEME. (i) Le Cormiil étoit une roche de Mora^ où nous avons vu Fingal Premier chant. (2) Oscar et Fiîlan. la colline de s'asseoir dès le NOTES. 23a (3) On combattre n'a point oublié , que Cathmor, arant de avoit envoyé Siilinala l'attendre une grotte qu'habitoit un yjeux Barde. dam ARMIN GALVINA. ET Dans les combats les plus vaillants guerriers Aux pieds A'Armin tomboient froids et Dans de les forêts la L'ours expiroit sous ses De sans vie; Scandinavie traits meurtriers; cent ruisseaux les fugitives ondes Désaltéroient les troupes vagabondes Des daims Aux légers dans ces forêts nourris ; aboiements de ses dogues cbéris Retentissoient cent cavernes profondes. Le bel Armin Aimable Même brûloit pour Galvina^ fleur de ce triste rivage; désir vers Armin entraîna Cette beauté dédaigneuse et sauvage. Dans les vallons blanchis Dans les palais, par les frimas, au sommet des montagnes, Se montroit-elle auprès de ses compagnes? On n'admiroit que ses jeunes appas. L'arc pluvieux qui, dans l'or de la nue, Fait resplendir ses mobiles couleurs, L'astre du soir Du jour éteint dont les rayons flatteurs consolent l'étendue 20. POESIES a54 Ont un moins touchant éclat et moins pur Ses yeux charmants brilloient d'uu doux azur: En noirs anneaux flottoit sa chevelure Dès que De l'aurore, humectant la ; verdure ses rayons, éclairoit nos climats, L'arc à la main, précipitant ses pas Au fond des bois, témoins de son audace, Du sanglier elle suivoit la trace. Et lui lançoit les flèches du trépas. Le noir GrHma/ brùloit aussi pour Mais à Du elle; vœux Gal\>ina fut rebelle Armin son œil fut enchanté; ses seul : Et quel guerrier joignoit à plus de grâce Plus de vaillance, Un jour et sur- tout de beauté! tous deux, fatigués de la chasse. Le front couvert d'une noble sueur, Pour respirer le calme et la fraîcheur, S'étoient assis dans Grotte écartée, On y voyoit et une grotte sombre. bien chère à leurs yeux; étinceler dans l'ombre Les boucliers que portoient leurs aïeux. « Repose • Dit le ici sans crainte, héros. Sur la mon amie, roche noircie Je vois errer un chevreuil bondissant; « J'y cours... » — Soudain la belle en rougissant : D O s s ' I A 235 N, « Armin^ pourquoi me laisser sans défense? Ne sais-tu pas que Gnimal quelquefois « Rassasié de féroces exploits, « a Sous « Mon bien-aiiné Armin s'éloigne A chercher cet abri vient veille , et : Elle revêt D'un le d'airain ; nu charge sa foible Armln^ Voit resplendir à travers la bruyère, le formidable acier Saisi d'horreur, de rage, bande Vole , l'arc et se L'infortuné ; la flèche ! obéissante quelle douleur amere s'applaudit de la Mais de quel sang fatal mort d'un il a rougi O désespoir! ce sang noir et D'un sein de lis et jaillit et C'est Gahinn^ que Qui : d'épouvante, plonge au cœur dn faux guerrier. Doit expier ce triomphe Il main, la visière, roc profond sort d'un pas incertain. Bientôt Il » héros Et, de son casque abaissant Du repos. biche fugitive. la une armure glaive le silence? mon Gahina craintive son insu veut suivre Déjà pressant sur se présente la ! rival; la terre ! fumant bouillonne.... mort environne, aax yeux, de son amant. POESIES D'OSSIAN. 236 Armin^ penché sur la fleur qu'il moissonne, Ne peut donner l'essor à ses regrets.... Il Et pousse un le cri.... sa force l'abandonne, trépas se répand sur ses traits. Dormez tous deux sous Jeunes amants , Dormez en paix aux Au la pierre sauvage, dignes d'un meilleur sort; sifflements du Nord, bruit des flots tourmentés par l'orage; Mais, dans les airs, brûlez Et quelquefois , à l'heure de nouveaux feux, solitaire Où les brouillards enveloppent les Accompagnés de l'ombre De vos et cieux, du mystère. soupirs attendrissez ces lieux. LA GUERRE D'INISTONA, POEME. SOMMAIRE. Cormalo gendre Ae Normal , , roi à'Inistona, s'étoit révolté coutre lui, et vouloit le détrôuer. Fiiigal ea- Toya Oscar, son Cormalo tomba petit-fils au secours de , sous les coups du héros de Normal. Morven. Ossian pour faire briller davantage la valeur de son cher Oscar, suppose que c'est lui-même qui demande , à partir pour Inistona. Il est minait... tout repose, tout dort... Le hibou seul pousse des Le météore de Tremble sur Le voyageur, Cherche de Et le la cris nocturnes, mort les flots taciturnes; traînant ses pas douteux. l'oeil la tour hospitaUere ; chevreuil, dans son lit de bruyère. Frissonne au brnit des vents tumultueux. Descends de ta voûte guerrière, POESIES 238 O ma harpe ! et frémis sous les doigts Réponds aux tendres vœux, Ossian va parler Mon fils Il A' à la du -vieillard; douleur d'un père.... Oscar. revenoit de la chasse; entend célébrer les louanges du roi (i) ; Et sent redoubler son audace. « Chef de mille héros, « Le premier après « Vos deux noms « Mais Oscar ^ sans Cl Passera dans Moriteti « Héros comblés de gloire, ah ne permettez pas « Que Fingal, dit-il, et toi lui, roi des chants, ô illustrés vivront mon père! dans l'avenir; moindre souvenir, laisser le comme une ombre légère. ! votre fils, opprobre et fardeau de la terre, « Près de vous, sans honneur , attende « Inistona gémit sous « Laissez partir Oscar; qu'il aille, loin de vous, « Par de nobles travaux préluder à sa gloire ; « Et « A s'il le doit succomber, ses trop foibles poids de si le la le trépas! guerre : destin jaloux mains refuse la victoire, M De sa chute du moins le bruit injurieux Ne viendra point troubler vos moments belliqueux. Le Barde, appercevant ma tombe solitaire, Me paiera dans ses chants un tribut de douleurs, a Et peut-être « « « le soir, à l'heure du mystère. D'OS SI AN. 239 Quelque jesue beauté me donnera des * — « mon Héritier de sang et de pleurs. » ma renommée, répond F/"«^rt/,- que mes nombreux v:iisseaux « Pars, lui « Reçoivent dans leurs flancs une vaillante armée, « Et qu'à voix d'Oscar la Au Et le traversent les eaux. » sein des voiles frémissantes Déjà Sous ils le vent souffle et rugit; vaisseau d'Oscar l'onde en fureur mugit, les rocs sont battus des vagues blanchissantes. Aucun nuage épais n'enveloppe les airs: Enfin, après un long voyage. Du Mon Il fils d' milieu des bruyantes mers fnislona découvre arrive bientôt au palais de Lui remet son épée, Le et garde le rivage. Normal, le silence. vieillard reconnoîl le glaive de Fingai. Et ses larmes soudain coulent en abondance. Douces larmes de joie Mon père et Dans l'âge de la d'heureux souvenirs! gloire et des nobles loisirs S'étoient assis « et ce héros, au retour des conquêtes, Etranger, dit aux mêmes Normal, fêtes. l'âge affoiblit mon bras : POESIES a4« Plains -moi, plains un \ieillard dontla main incertain* < « Ne soulevé « La lance des combats. qu'à peine « Mon glaive suspendu depuis long-temps sommeille. « Hélas! j'avois trois Ne « « Sous « J'avois « Le <c Et des bords du « fils: réjouit plus leur consolante voix mon la pierre insensible ils A Connalo, chef des donné ma traître a fille , oreiUe ; reposent tous trois. tribus lointaines orgueil de mes vieux Lano s'avance vers ces plaines. « O vous, dont la vaillance égala mes exploits, O mes enfants, du fond de votre étroit asyle, « D'un déplorable père entendez- vous « Est-ce la vôtre, hélas « Soupirer à travers « — « « ! la voix? que j'entends quelquefois le feuillage mobile? Normal^lui dit Oscar, comment Ces héros, boucliers de ton sont-ils tombé» illustre race? « Comment à « Pour monter sur « Belliqueux habitants du nuage léger, • y poursuivent encore Le chevreuil fantastique et le daim mensonger, « « Leurs A la ans. rassemblé ses guerriers menaçants, tes regards se sont-ils dérobés les clarté vents , et rouler dans l'espace? du météore traits aériens (a) D'OS Corma/o, - « lui Dans mon c< De mes fêtes SI AN. s4i répond le vieillard tout en larmes, palais hospitalier, un jour vint pariagcr les charmes. Rien u'effaçoit alors cet aimable guerrier; Dans ces n II Mes Ma jeux que remporta la les paix inventa pour la gloire prix de la valeur guerriers à son bras cédèrent fille la ; victoire, à sa beauté livra son jeune cœur. Mes fils étoient absents. Au retour de la chasse, Quand ils eurent appris qu'un étranger heureux A voit de tous les miens domté la Des larmes de dépit coulèrent de Argon et Cor/na/o joiiterent à Qui pouvoit Cormalo résister noble audace. leurs yeux. la lance; au premier de mes fils? terrassé cacha ses noirs soucis. Mais nourrit dans son cœur des projets de vengeance. Mes généreux enfants l'accompagnoient un jour Au fond des bois, peuplés de biches vagabondes: Ses flèches fendent Ils tombèrent Le perfide revient; Il Et l'emmené avec Normal^ l'air.., les fils il lui dans ces forêts profondes que pleure enlevé ma mon amour. fiUe, dans ses états lointains ; délaissé de toute sa famille, Languit dans son palais , jouet des noirs destins. « Cependant l'ombre fuit : le jour qui lui succède 21 POESIES 242 c< Disparoit à son tour; et mes yeux éperdus (t Cherchent , mais vainement, les lils quej'ai « Rien ne soulage, hélas « « Runaro tout-à-coup entre dans le palais, Runaro, chien léger, bondissant, et lidele, Qui sur les monts déserts et dans les bois épais Aux ordres du chasseur ne fut jamais rebelle; « Sa langue s'échappoit de son gosier brûlant: « Il « Plein de trouble , après lui , je m'élance sur l'heure M Et jusqu'au fond « ti me ! la ma regarde, et sort de « O ce Retrouve désespoir! du bois Normal perdus. douleur qui m'obsède. me il sur triste , guide en hurlant. la terre ses enfants percés demeure. du sanglante trait mortel... « Dans ce tombeau,que baigne une onde murmurante, « Ils dorment tous — « « t< « S'écrie les trois Cnigal, Conor, chefs de Oscar; bataille à Rassemblez sur mes pas Nous Ils du sommeil mon mon élite le guerrière désert aride leur sein ténébreux s'échappe : du Lano. : Tels on voit s'entasser des nuages brillants De père, Cormalo! allons aujourd'hui sur les bords s'engagent soudain dans éternel. un jour ; livide, Et des tonnerres sourds résonnent dans leurs flancs. Déjà du cor guerrier les éclats reteatissenl ; D O ' s s Des Lois profonds Lano Les vagues du Et Cormalo A la A I palais frémit. voix de ses chefs s'élance chaque armée Le lâche Cormalo meurt sous Mon fils rend à Et regagne Normal sa Quand les traits fille Morven^ béni par Quelle fut A^Ossian Il 243 bondissent ^ son Ini-jnêine en N. l'écho gémit; : à Oscar: bien-aimée, le vieillard. surprise joyeuse la sur les flots lointains et d'écume blanchis apperçut les mâts du vaisseau de son Le voyageur, quand fils ! nuit ténébreuse la D'épais brouillards voile les monts déserts, Q uand les morts, s'échappan t des rochers entr'ouverts, Traînent en longs soupirs une voix sépulcrale. Avec moins de transport, Un doux voit briller dans les airs rayon de l'aube matinale. Nous conduisons Oscar au Autour de lui palais de Morven. chaque guerrier s'empresse Et moi sur ce héros, seul fruit de ; mon hymen. Je répands quelques pleurs de joie et de tendresse. Vous, qui voyez encor Conduisez Ossian sur la lumière des cieux, ses vertes collines ; Qu'assis au pied du roc, sous les ombres voisines POESIES a44 Du coudrier mobile, D'un D O ' S S I torrent éloigné j'écoute le tes Et console Qu'à ta doux accords les voix S'empare de soir, essayer le pouvoir. maux que ma le N. murmure. Aimable Malvina^ chante l'hymne du Tiens de A ou du chêne noueux. foiblesse endure; sommeil, descendu sur mes yenx, mon ame, et ferme mes paupières! Songes de ma jeunesse, ô vous, songes heureux Environnez mes sens de vos douces chimères.... Je vais m'entretenir avec tous mes aïeux. F NOTES. • (0 Fingal. (2) Ceci est conforme à l'opinion mythologiqnc des anciens Ecossais, qui pensoient qu'après les gueniers se livroient dans d'une chasse fantastique. les airs aux la mort plaisirs UTHAL. J-Jxîf s l'âge des combats, dans l'âge de l'amour, Des belles, des héros, triomphant tour-à-tour, Ronnan^ Contre son père un jour Uthal^ Il le fils de charge de fers, et Dans une le avoit un cœur barbaie: sa haine se déclare; plonge soudain humide, où jamais grotte le matin De ses rayons épars, sur la noire bruyère Ne fit briller la douce et joyeuse lumiei-e. Nul chêne, dans la nuit, n'éclairoit de ses feux La morne obscurité de Et les mugissements ce séjour affreux, (!es vagues courroucées Seuls du vieillard par fois y troubloient les pensées. Snitlio^ son vieil ami, les Arrive, et Fingal tremble Il saisit, et pâlit furieux, la : Il réveille ordonne Je pars : en son ame, à son fils trois fois dans sa colère lance de son père; Trois fois de ses combats Se yeux mouillés de pleurs, de ce roi nous apprend les pialheurs. le souvenir vainqueur et retient sa fureur. de déployer ses voiles ; déjà le soir, le front paré d'étoiles, Piépandoit sur les eaux son éclat incertain : POESIES D'OSSIAN. Tranquille, je voguois , 247 quand, d'un rocher lointain. Les accents d'une voix mélodieuse et teudie Jusqu'à u fond de mon cœur viennent se faire entendre. me Toscar, cette plaintive voi»? « Quelle est, « Est-ce l'Ombre d'un Barde? O^s/a/z, j'apperçois « Une jeune beauté « Ses cheveux sont épars « Repose sur son bras « Allons, Il dit : fils dit près de nous gémissante: ; sa tète languissante éclatant de blancheur.... des héros, consoler sa douleur. a la faveur de l'ombre. nous approchons Bientôt l'écho des mers et de Nous apporte une voix Les soupirs et » la ro< he sombre qui, parmi les sanglots, pleurs, laisse échapper ces mots; les murmurants, nuit « Flots « Rocher « Dans votre « Recueillez « Au « Je n'ai pas toujours habité « Long-temps « De mon « Mon solitaire, .sauvage et ténébreux voile funéraire mes pleurs douloureux. fond de l'autre d' s l'éclat palais père me de orua tempêtes ma , beauté les fêtes. voyoit fleurir POESIES 48 « « « « * Comme le lis de nos montagnes Ma douceur me faisoit chérir ; De mes innocentes compagnes. ]Sina fut l'amour des héros ; vœux iVmareheUe, « Mais « Sans aimer troubloit leur repos, « Et n'en paroissoit que plus « Tu « Brillant à leurs belle. mon cher Vthal^ comme un astre paisible; vins alors, « Nul brave " Je t'aimai; je « Tu promis « Et maintenant tu « Trop aimable n Trahir de « En faveur de les ennemis « Ma foible o Ingrat , quel crime ai-je n'étoit ton égal te : crus sensible. de n'aimer que moi, si « Pourquoi ne Me délaisses. douces promesses? main « me guerrier, pourquoi s'est -elle suis-jê plus voici seule au armée.' commis ? aimée? bord des eaux, ma douleur profonde, maux « Seule avec « Sans autres témoins de mes « Que la nuit, le léphyr, et l'onde. >• D O s s • A I N. De mes yenx *4g nos cœnrs; Elle dit. Sa complainte a déchiré malgré moi je sens couler des pleurs, Et ni'avancant vers elle: « O jeune infortunée! « A d'éternels ennuis tu n'es point condamnée ; Morvcn veillent sur tes appas. « Les héros de « Pour consoler « Feront-ils resplendir leur lance vengeresse.-' « A « Viens, lumière d'amour; peut-être quelquefois peiue en quels lointains climats ton sort déplorable Ossian s'intéresse. d' Ossian t'ont « Tes Bardes n Viens donc, — ta « Qui ne te et suis les exploits. connoît pas, fils de la Le « O mon héros Nina ! être alarmée. renommé»? ton aspect sourit de son « foible à chanté mes pas sans en s'abandonne à effroi. ta foi. » Elle dit, et descend dans mon Un léger incarnat rougit son front timide; Et, bientôt emportés par Nous touchons ses pâles les flots à' Altheuta les L'aurore en ce De vaisseau rapide. moment bondissants, bords retentissants. répaudoit sur les plaines rayons les clartés incertaines. Les chasseurs, dispersés au fond des bois voisins, Poursuivoient des chevreuils Uthal les est à leur tète; entre ses rapides essaims. mains vaillantes Resplendissent deux arcs et deux lances Cinq do^es, l'ceii brillautc-s ; eu feu, marcheut devant .ses pas. POESIES 25o Rien n'égaloit, Ut fiai ^ Ta beauté, ton souris, force de ton bras, la tes yenx, ta chevelnre; Mais comme un noir brouillard ton ame Ut/ml nous appercoit , sur Les chasseurs près de Il s'arrête le étoit obscure. bord descendus lui s'arrêtent : éperdus. lui-même, eallammé de colère, Fait retentir les airs de sa voix téméraire. Jette un œil de courroux Et députe vers nous sur les chasseurs tremblants, un Barde en cheveux blancs. Barde, un destin déplorable « Etrangers, dit «t Vous a Uthal règne en « Ouvert aux étrangers son sauvage « Uthal qui ne « Ni préparer pour eux « Uthal qui s'applaudit de leur a Et rougit de leur sang ses torrents écumeux. le auroit-il jetés sur ce ces lieux; sait Selma vous bord redoutable? Uthal qui n'a jamais palais ; point jouir de leurs conquêtes, la salle vit naître, de ses fêtes; sort rigoureux, an sein de ses murailles, a Si « Envoyez « Qu'ils aillent , de ce pas , apprendre an \ien^ Fingal a Que son peuple a Peut-êtreqnelquejour/^jw^rt/ viendra lui-même....» — ï « Lui .' trois héros, s'écrie messagers des batailles; a péri sous Ossian dans Barde insensé, ton roi, la sa lance d'Uthal. fureur extrême comme un : timide daim. t) Au a O s s seul bruit de ses pas A I 231 N. disparoîtroit soudain. , quand il s'avance, « Connois-tu bien Fingal? « Que la guerre et la mort sout au bout de sa Que l'éclair de ses yeux embrase les béros, « sais-tu, a Et que son souffle au loin en CI Gloire au roi de Mon>en! de a Tu veux que trois « O Barde a Que Pareil ! s'ils fait rouler les flots? notre mort cruelle guerriers lui portent la nouvelle. y vont, Fingal saura du moins de notre valeur ces bords furent témoins. au sanglier qu'une blessure Ossian au combat vole Les guerriers Ossian et à' Altheuta ., près irrite, d'L'^f/ia/ Toscar marchent daus Allheuta cède, fuit, Loin du combat, vieux Bar e » et se précipite. rassemblés. S'opposent vainement à nos coups redoublés Du lance, le ou meurt sur assise le rivage. au bord des vastes mers, Lethmal écoutant T^ina pâle, tremblante, : carnage; et les les concerts, yeux pleins de larmes, Tout-à-coup aux clameurs, au tumulte des armes. Entendant succéder le calme des tombeaux: « Ah « Dit-elle, et sur la rocbe escarpée et lointaine a Où du « Mes yeux n'auroient pas vu ! que ne suis-je encor seule perfide au milieu des eaux, Uthal m'abandonna le la haine coup qui l'a .^ frappé. POESIES 25» Vthal! de tant d'amonr trompé, ï Cher « Malgré « Redoutables vainqueurs, prenez aussi et perfide ta trahison, je ne suis point guérie... Elle s'avance alors, et de Elle voit dans Eperdue elle fuit... Elle cherche... Le Je vie. » son lâche amant le bouclier sanglant... A travers la bruyère O douleur! privé de la lumière, sein percé d'un dard, le front décoloré, Vthal A mes mains ma s'offre bientôt à son œil égaré. ses côtés sans voix, sans haleine, elle tombe... les pleurai Ronnan tous deux, et j'élevai leur tombe. est libre enfin, et des hymnes de paix Escortent ce vieillard jusque dans son palais. Il n'est rien, dans l'excès de Ou Il que sa son joyeux délire. main ne touche, ou que sou œil n'admire; contemple sur-tout, avec ravissement, Ces armes, des héros antique monument. Ces arcs, ces boucliers que Suspendit autrefois On chanla à ces le bras de ses pères voûtes guerrières. devant lui nos exploits belliqueux Lui-même avec transport nous De son coupable fils : bénit; mais ses cherchoient encor yeux la trace. Nous lui dîmes qnUthal^ puni de son audace Perdu dans l'épaisseur des plus sombres forêts, D O ' Y cachoit loiu de nous s s sa I A honte N. Mais Uthal reposoit étendu sous la pierre, Froid, immobile, sourc^ aux accents de Nous fendîmes ses vaillantes guerre. la alors les flots de l'Océan, Nous gagnâmes Morven; Sur ! et ses regrets. mains, et l'heureux Ossian à la gloire fidèles, Sentit couler eacor les larmes paternelles. HYMNE LE DERNIER D'OSSIAN. \J de Lutha Roule impétueux , torrent dans tes flots d'azur le vallon tranquille ! Forêts, versez sur lui votre ombrage mobile. Et d'un jour trop ardent amortissez Nou loin croît Qui, balançant au Sa tête Semble a « souffle humide et dire avec les feux! fleur solitaire, la du zéphyr piintanniere, un soupir Zéphyr jaloux, dans la : rosée Laisse-moi rafraîchir mes attraits languissants; ma « Bientôt sur « Je serai « Aujourd'hui le tige brisée jouet des vents le « Des parfums qu'exhale « Hélas! « Demain j'aurai Demain il aussi, : chasseur s'enivre mon sein... reviendra demain... quand cessé de vivre la » ; nuit sur les bois Etendra son écharpe immense. Le chasseur à'Ossian n'entendra plus Epouvanté de Il mon silence. portera ses pas vers l'asyle des rois ; la voix; POESIES D'OSSIAN. Ma harpe Ma harpe, dont veuve les et 255 détendue, chants l'émurent tant de fois, Soudain viendra frapper sa vue. Et de sa tristesse imprévue Des pleurs soulageront Viens donc, ô MaUinal viens le poids. sous le chêne antique Qu'assiègent les vents et les flots. Elever de tes mains la tomhe pacifique Où va se reposer le dernier des héros. Viens.. Mais l'esprit des bois . Le fïls Owj'aTi, Un j'ai mort J'allois filles i ) répond seul à ma plainte. Alpin. passé près des murs de Littha; silence de Des ( d' du attriste leur enceinte. y chercher Mal\>i7ia.., palais la foule consternée Bientôt s'est offerte à mes yeux: Ses pleurs couloient pour une infortunée... L'épouse de ton fils a rejoint ses aïeux. Os SI AN. O toi que pleurent tes compagnes. Repose en paix dans ces Lois ténébreux ; Astre charmant, tes rayons amoureux N'ont pas long-temps brillé sur nos montagnes! Tes feux de mes vieux jours réchauffoient le déclin; Mais tu m'as De mes laissé seul au milieu des ténèbres. soupirs, de mes plaintes funèbres, Je ne lasserai pas l'écho du mont voisin. POESIES 256 Tn n'es pins, et dans Ne luit que la clarté nos campagnes du météore affreux... Astre charmant, tes rayons amoureux N'ont pas long-temps Repose en paix dans Mais, belle Tu Là de les flancs flotte et d'éclairs ta entourée, demeure azurée t'assieds sur An sommet Dont sur nos montagnes. prends un lumineux essor. Et dans Tu brillé ces bois ténébreux. VAnien un trône d'or. s'épaissit un nuage argentés s'élèvent jusqu'aux cieux sur les vents Là résident Fingal le palais de l'orage; et ses bx-aves aieux. Mon père, enveloppé de vapeurs éclatantes, Du glaive aérien arme son foible bras : Les Ombres des héros autour de lui flottantes Se rappellent encor leurs antiques combats; Il écoute d'Vllinln voix mélancolique. Le vieux Barde, au milieu des héros assemblés. Presse encor sous ses doigts la harpe fantastique, Et module les chants des siècles écoulés. La belle Mah'ina s'avance Une aimable rougeur peint son front ingénu ; Elle s'arrête, et De contemple en silence ses aïeux le visage inconnu. : : D O ' « s s I A N. aa: Pourquoi, lui dit F/nga/, viens-tu dans ma demeure? As-tu pu sans remords abandonner « Tes soins, de « Dévoient charmer mon fils ? ses jours obscurcis, la dernière heure : « Quel deuil dans son palais... Descendez , ô Zéphyrs « Allez, et portez-lui nos douloureux soupirs. » Mais du pâle occident, porté sur un nuage, Quel fantôme apparoit aux yeux de Malvina? Un sourire de joie anime son visage Que « « sombre mort sillonna. Je suis Toscar. Quelle noire vapeur « De tes « Ma fille, Eh Du la Astre d'amour, reconnois ton vieux père: jeunes rayons éteignit la lumière.»' d'OMJrt« pleures-tu le malheur? » quoi, Toscar^ ton ame généreuse plaintif Ossiaii garde le souvenir! Un jour De nos la renommée à l'aile impétueuse exploits rivaux instruira l'avenir: Notre jeunesse ardente et liera Plus d'une fois illustra ces déserts: A nos pieds mordoient la poussière Mille héros, de blessures couverts Dans leur sang confondu les collines ; trempées Retentissoient sous nos rapides pas... Gloire à ton nom, roi des épées, aa. ! POESIES 258 Suprême combats arbitre des ! Bientôt nos âmes consolées Voltigeront dans le Sous les la douleur, même palais. ans, et les regrets Je sens mes forces accablées. Conduis, ô fils dH Les sombres Retombent Alpin ^ flots à du lac le vieillard grand bruit sur leur rive écumaute.... Le Barde va chanter pour Sur le dans ses bois: que l'aquilon tourmente dernière fois. la un vieux chêne torrent se balance Que d'un souffle de glace ont blanchi les hivers; Ma est harpe suspendue à sa branche prochaine. Je l'entends qui frémit au sein de ces Est-ce le vent, Qui déserts... ma harpe, ou bien quelqu'Ombre vainc t'arrache en passant ces funèbres concerts? Quel transport m'agite Approche, fils à' Alpin] Accompagnez le O et m'enflamme.' mes chants, dans départ de La mort va mettre un terme à mon les ;iirs ame. mes longues douleurs. Rugissez, vents du nord, et déployez vos ailes; Portez jusqu'à Fingal mes plaintes solemnelles. O Fingal! je te vois, assis sur des vapeurs Tu n'es plus l'effroi des armées De tes prunelles enflimmées En rapides éclairs ne Qu'il est foible , jaillit plus ; la mort.... celui qui fut jadis si fort ! : D O s s ' Mais dans Et tu Le tonnerre les à ta I A semés sur tes 259 N. mains tu caches tes pas les tempêtes , (2) : Toix éclate sur nos têtes, Et des clartés du jour tu prives ces climats. Quand ta fureur est appaisée Le zéphyr du matin caresse Et sur le les ruisseaux. front des arbrisseaux Frémit en gouttes d'or une humide rosée. Le soleU du printemps Des parfums les plus Voit bondir Sur la Mais l'aquilon le la embaumée colline chevreuil joyeux verdure ranimée.... se tait; un S'est élevé de la Et meurt dans Un héros couronne de feux; se doux bruit sourd et confus bruyère chênes touffus. les m'apparoît sur son char de lumière; Il m'appelle et m'invite à m'élaucer vers « Oisian^ me ton dernier jour dit-il, « Rien ne manque « Tes chants, la gloire Frappent depuis long-temps « Réunis-toi , « Viens... Et » Le char comme un fils , oreille charmée, mots à ces se dérobe à ; ma vue, feu léger remonte dans la nue. O le plus grand des le de Selina^ mon à tou t ce qui t'aima Toi que j'ai tant chéri, Et goûter : ma renommée à « mon lui. a lui repos rois si ! toi qne j'ai tant pleuré, je vais te voir souvent désiré. encore , 26o POESIES Vents orageux du soir, De Ossian va La nuit dormir... ne le réveillez pas... S'empare de Ne implore : doit être longue... Et quel penser funèbre Réponds, Et ma bouche vous vos bruyantes voix retenez les éclats mon ame fils que sais-tn pas encor le guerrier et semble la flétrir.'' de Fingal , as-tu peur de mourir? le guerrier célèbre obscur doivent tous deux périr.' Pourquoi des chagrins qui t'obsèdent Par d'indignes terreurs augmentes-tu le poids* O débile vieillard! les hommes se succèdent Comme les flots des mers et les feuilles des bois. L'inexorable mort a-t-elle été touchée Des attraits Fillan^ Ne Et s'est-il point sur les bords du douleurs l'âge et les Meurs fleur de sa tige arrachée. flétri Barde insensé, tu voudrois fuir toi, Sous de Rino^ du courage A'Oscar? comme une : ta gloire vivra La verront Qni brave s'élever la tombe! succombe. nos derniers descendant» comme un chêne les assauts Et compte sans ; ta foiblesse Lubar? sauvage du ténébreux orage, vieillir et les jours et les ans. Fin des Poésies galliques. ; NOTES. ( vn I ) Les anciens Ecossois croyoient que l'écho étoit esprit qui se plaisoit à répéter les derniers sons. (2) Cette superbe description gal sur ses les mains , semble a dit dans du pouvoir de Fîn- vents, sur les tempêtes, qu'il cache la dans contradictoire avec ce qa'Ossian strophe précédente, où Fingal comme une Ombre vaine \ effroi des armées. Mais tout opinions de ces peuples : ils et il représente qui n'est plus cela est conforme aux croyoient que les fan- tômes commandoient aux éléments, mais qu'ils n'a- Toient plus de force pour combattre. Plusieurs écrivains avant le voici de moi s'étoient essayés dans genre A'Ossian. Leurs fragments sont connus. un qui l'est aussi, mais l'être Ossian ; davantage. Le sujet n'en est point pris dans mais l'auteur , le citoyen Coupigni , s'est emparé avec beaucoup de discernement de et En qui, selon moi, mérite de ses tours les plus familiers. ses images FRAGMENT DU CHANT D'ARMIN. ouRQUoi me I réveiller, ô souffle Vainement tu me Je verse les trésors Relevé vers De ces Qui dis : Sur du printemps? épuisée ta tige d'une fraîche rosée; le ciel tes rameaux languissants. rocs suspendus déjà descend l'orage doit frapper Des tempêtes ma déjà mon tête et sécher Ses rugissements sourds ébranlent Quelque jour sur feuillage. gronde l'avant-coureur les ; montagnes. ces Lords viendra le voyageur, Et pensif, inquiet, parcourant ces campagnes, cherchera II le lis dont son œil enchanté Admiroit autrefois Il l'éclat et la beauté : n'y trouvera plus qu'une fleur pâlissante, Sous des vents ennemis abattue O vous, amis des morts, Quand le voile Lorsque le et mourante. creusez-leur un tombeau des nuits couvrira ce coteau. vent du nord courbera Assise sur les vents, mon Ombre la bruyère. soh taire. Par d'amers souvenirs rappelant ses douleurs. Aux guerriers attendris demandera des pleurs : Tranquille dans sa grotte, au milieu des ténèbres, iae chasseur , éveillé par mes plaintes funèbres, ! FRAGMENT À la sombre Soudain rassemblera En ses dogues haletants ; vain les noirs frimas pèseront sur sa tête, Je le verrai Et le franchir et les ravins profonds. écumant fleuve dun Sous Tabri Il 2( quelques feux mourants, clarté de , entendra des morts Mêler leurs Mais les le les cris plaintifs à la la nuit qui le brille enfin Tremble voix des torrents. la plaine. cache à nos traits, ; sa et se réfléchit lumière incertaine dans la source prochaine. vain l'ombre au chasseur ramené Armin ne connoît plus que Je vais m'asseoir Quand Quand ; tempête. la fantômes errants cerf rapide a quitté les forêts. La lune En cime des monts ombres déjà descendent dans Rassuré par Déjà et la rocher, seul avec ici dans ma la le repos: paix des tombeaux. douleur profonde: l'aurore viendra rendre le jour au l'étoile Je pleurerai Le temps du ma et la fille, et les ma gloire. mon bras. jours de douleur ont affoibU Vous que jadis Armin De mes monde; soir brillera sur les eaux, instruisit aux combats. exploits passés conservez la mémoire ; mon tombeau l'hymne de la victoire. chantez aussi: mon cœur, à vos accents, Chantez sur Bardes, Du Je malheur et des ans ne ressent plus l'outrage. les revois ces jours, où, brûlant de cowrage. Je chassois devant moi mes ennemis sanglants DU CHANT D'ARMIN. 464 Ils fuyoient éperdus, ou tomboient L'Océan en fureur, soulevé par De flots expirants; l'orage. moins turbulents tourmente le rivage. J'étois puissant alors; je suis foible aujourd'hui; Le trait le plus léger pesé à Des roseaux du désert ma main la tête tremblante ; obéissante celle à'Arnun a besoin d'un appui. Vos accords cependant consolent mon ennui. Moins que Chantez, Bardes , chantez FIN. !