1470 louis xi au mont saint-michel
Transcription
1470 louis xi au mont saint-michel
1470 LOUIS XI AU MONT SAINT-MICHEL Vers la fin de juin 1470, Louis XI quittait le château d’Amboise pour se rendre à Tours puis à Angers. Il arrive le 6 août pour y recevoir la reine Marguerite, le prince de Galles et Warwick, le fameux faiseur de rois. Le 22 août, il était au Mans et se disposait à entreprendre un voyage en Normandie et visiter le Mont Saint-Michel. C’était surtout un pèlerinage qu’accomplissait ce roi, dont la piété était voisine de la superstition. Il s’acquittait ainsi d’un vœu fait à l’occasion de la naissance du fils que venait de lui donner Charlotte de Savoie. Du Mans au Mont Saint-Michel, la distance, à vol d’oiseau, est d’environ 100, 120km ; deux routes s’ouvraient au roi ; il choisit celle qui, en remontant par Domfront, le menait à Ambrières et le Passais. Louis coucha à Domfront dans la nuit du 26 au 27 août ; le lendemain, il quitta la ville et s’arrêta vers trois heures du soir, dans une modeste auberge de Paindavaine (Isigny-le-Buat). Deux heures après son départ d’Isigny, le roi arrivait à Avranches où il était chaleureusement reçu par son confesseur et aumônier, Jean Boucart de la Vaucelle ; à l’évêché d’où le roi pouvait voir, au travers des lucarnes, le Mont Saint-Michel. Le cortège fit ensuite une courte halte à l’endroit où paissaient de nombreux moutons. Les chiens du roi, qui couraient constamment sur les flancs de l’escorte, étranglèrent plusieurs moutons et une demi-douzaine d’oies qui s’ébattaient avec les brebis et les béliers ; les faits n’étaient pas rares et le roi ordonna de les indemniser. Louis XI était bien attendu au Mont, non en roi mais en pèlerin. Louis s’intéressa vivement aux travaux de construction du chœur et monta dans la tour. Sur le parvis, le roi rencontra des scrofuleux ; ils touchèrent les vêtements du roi, qui avait le don de guérir les écrouelles, le roi leur fit de larges aumônes – N’était-il pas venu incognito ? Dupont, Etienne. Les prisons du Mont-Saint-Michel, 1425-1864. 1913./Gallica-BNF 1470 LOUIS XI AU MONT SAINT-MICHEL Bref ; il visita les fondations, les couloirs obscurs et les cachots qui semblent l’avoir fort intéressé ; pensait-il déjà y enfermer quelque ennemi politique ? Il est certain qu’une cage y fut transportée par son ordre et elle était attachée au mur supérieur. La cage du Mont avait fait impression sur un gentleman anglais qui avait visité le château en 1776, il décrit cette cage comme faisant 4,23m pour un volume de 27m3 ; ce qui devrait donné une hauteur de plus de 6m ; si on considère qu’un prisonnier eût le privilège de pouvoir s’y tenir debout, elle ne devait donc pas dépasser 10m3 ce qui est déjà très raisonnable. Ces cages étaient parfois en fer, parfois en bois bardés de fer ; elles pouvaient être relativement confortables ou si exiguës que l’on ne pouvait ni s’y tenir debout, ni s’y allonger. Il semble que les cages ne furent jamais posées à même le sol. Elles étaient parfois suspendues, alors elle oscillait au moindre mouvement du prisonnier ; mais le plus souvent, elles étaient maintenues au-dessus du sol par des fixations latérales dans la muraille. En 1473, Louis XI revint au Mont apporter sur l’autel de l’archange une pierre qui avait failli le tuer alors qu’il visitait le château d’Alençon. On avait cru d’abord à un attentat criminel, mais une enquête démontra que la pierre s’était détachée d’un parapet sur lequel s’appuyait un page et sa paillarde. Dupont, Etienne. Les prisons du Mont-Saint-Michel, 1425-1864. 1913./Gallica-BNF