Cazorla francés

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Cazorla francés
MATER AMANTISIMA DES
FLEUVES ET DES MONTAGNES
cAZORLA
Et son Parador
Oh Guadalquivir !
Je t’ai vu naître à Cazorla…
Un bouillonnement d’eau claire,
Sous un pin vert,
C’était toi, comme tu chantais bien !
Antonio Machado
O
n ne peut décrire Cazorla, ni comment, pourquoi et où, ni où vont
et viennent ses habitants. Elle jouit certainement de l’attribut de
mater amantisima, mais elle est aussi mater intemerata : c’est en fait une
déesse aussi généreuse qu’inflexible…
Cazorla et tous ou presque tous ses environs sont aussi insolites que bigarrés
: ils jouissent et pâtissent d’us et coutumes exagérément particuliers : à
cause de leur passé
inextricable, de
leurs origines complexes, de leurs
coutumes anciennes… à cause de
leurs gastronomies,
de leurs arts et de
leurs artisanats. Et
à cause de leurs
langages, peut-être
déformés, mais
bien à eux et
appropriés.
N’importe quel
visiteur – aussi peu
curieux soit-il –
découvrira dans
cette région et dans
ces montagnes
généreuses et
répandues, d’agréables surprises surprenantes et gratifiantes : dans l’art,
dans le paysage et les paysans. Dans les cultures ou dans le folklore et les
rites ancestraux.
Cazorla est un rendez-vous obligé pour tout voyageur pénitent et impénitent
: il ne le regrettera jamais. Ainsi l’ont voulu et continuent de l’exiger ses
habitants serrés dans des parages montant presque jusqu’aux cieux ; des
habitants à la vue superbe, toute-puissante, humble mais jamais humiliée,
aux coutumes sobres.
Montagnards de vocation et par nécessité. Et amants – forcés – de leurs géographies inhospitalières, bien souvent aussi belles que traîtres. Parfois inclémentes.
Sur ce massif rocheux imperturbable, dressé au-dessus de toutes les Jaéns
les plus vénielles, source de fleuves et de ruisseaux capables de faire naître
des eaux aussi notables que celles du Guadalquivir ou du Segura. Et d’au-
CAZORLA ET SON PARADOR
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tres ruisseaux à l’origine de bois de pins généreux si serrés et abondants
qu’on les a appelés la « Suisse espagnole ».
Ces terres sont et seront toujours des terres frontalières,
nécessairement isolées, cohabitant et partageant les «
coplas » et les plaintes, des
pleurs et des revendications
bien plus que justes…
Comme le dit la « copla » :
« Certains disent de Jaén
Que ma terre n’est pas
Andalouse…
Aïe, ma Jaén !…
Mais ces habitants de Jaén ne
sont pas des gens fiers et
encore moins orgueilleux. Ils
sont ainsi, comme le savent
et le disent les gens qui se
vantent simplement d’être ce
qu’ils sont : d’altiers cultivateurs d’oliviers
Mais c’est une fiction d’humilité cachée. Parce que trop
nombreuses sont ces terres
qui cachent puis montrent
des trésors plus que remarquables, surprenants : comme Linares, Ubeda,
Baeza…
Ces belles cimes abruptes ont donné naissance à des fleuves aussi seigneurs
que le Guadalquivir qui termine par nourrir et par se laisser nourrir par
l’Océan Atlantique, rien de moins ; ou les fleuves plus humbles mais non
moins orgueilleux de la Méditerranée.
En tout cas ces deux courants fertilisent de grands territoires qui ont élevé,
avec une fertilité surprenante, d’énormes bois de pins accompagnés d’une
flore et d’une faune plus que remarquables et spontanées.
Leur géographie s’étend sur soixante-seize mille hectares.
Sur ces parages généreux vivent des cerfs, des daims, des mouflons ; et des
chèvres des montagnes survivent encore. On peut aussi rencontrer des espèces végétales comme celle que l’on appelle la « violette de Cazorla » ou l’ancolie et la grassette.
Le marcheur curieux saura en découvrir et en trouver bien davantage.
Le parc naturel de Cazorla, Segura et Las Villas invite le voyageur à d’opulentes surprises, à d’agréables promenades en montagne ou au plaisir de la
nature qui laissera dans son âme l’inflexible volonté de revenir. Chaque époque de l’année garde, mais ne cache pas, d’indescriptibles et surprenantes
beautés : l’hiver prépare la terre aux éclats de couleurs annonçant l’arrivée
du printemps avec envie. C’est pendant cette saison qu’arrivent les petits des
animaux, les fleurs et les fruits. En été naissent les fêtes, les joies, les lumières, les nuits éternelles et aimables. En automne les paysages se couvrent de
mélodies aux sons ocres, jaunes et bruns : les bramements des cerfs se réveillent…
On dirait que la nature a voulu bénir le voyageur pour une meilleure contemplation de ce massif compliqué et de cette orographie surprenante, avec
le vert de sa végétation brusquement interrompu par les seuls rochers escarpés aux roches chaudes contrastant avec les superbes terrains rocailleux et
rouges des terres plus basses.
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CAZORLA ET SON PARADOR
Cette géographie est tourmentée, les lits des fleuves et des ruisseaux
creusent les roches et les rochers à l’origine de cascades à la beauté incomparable capables de courir,
domestiquées, entre les gorges des défilés.
Ces parcs magiques dominent une surface de plus de
deux mille hectares : les
montagnes s’étendent sur les
Sierras de Cazorla, Segura et
Las Villas. Le plus grand et
peut-être le plus beau des
espaces naturels protégés de
toute la péninsule domine et
s’impose de long en large de
cette province.
Le parc jouit et souffre de
nombreuses chaînes montagneuses : ces montagnes s’ouvrent à d’autres comme la
Sierra del Pozo, la Sierra del
Castril, celle de la Cabrilla,
celle d’Almorchon, et bien
d’autres à la beauté enviable. Les unes et les autres
naissent du plus haut du
Guadalquivir et leur climat a
voulu dessiner un relief
capricieux et baroque. Les nombreux rochers escarpés et les bras des rivières
constituent une géographie insolite dès leur naissance à Cañada de las
Fuentes et depuis le fleuve Segura.
Le visiteur excursionniste curieux profitera du privilège de voir en liberté
d’innombrables espèces comme des sangliers, des chèvres des montagnes,
des cerfs, des daims, des genettes et bien d’autres espèces…
Au patrimoine historico-artistique de cette province s’ajoutent les trésors
paysagers s’appropriant ces montagnes. La Sierra Morena veut marquer la
transition entre les terres hautes de la Manche et les Andalousies et la Sierra
Magina, cachée, où s’élèvent les cimes les plus hautes de la province, garde
de nombreux recoins inexplorés. N’importe quelle escapade est plus que gratifiante.
Avec tout ceci, ces hauteurs gardent un excellent patrimoine culturel souvent
ethnologique et architectonique. Et un typique andalou particulier dans les
villages des environs, Huelma et Belmes de la Moradela. Sur le chemin
ouvert entre les montagnes du Campillo et de La Cabrita on évite le précipice profond du fleuve Salado grâce à un spectaculaire viaduc en fer digne
d’Eiffel.
Sur le même chemin la géographie se fait encore plus accidentée.
Immédiatement apparaît le grand trésor de La Magina avec le puisant château des Albuquerque et la glorieuse église paroissiale de l’Immaculée.
Sur ces contours les constructions humaines sont rares, à l’exception de «
cortijos » ( les fermes typiques) très isolés.
LE DEBUT DES TEMPS
R
arabes, toutes propres à la région, méritent un intérêt spécial. Il expose
aussi des peintures rupestres trouvées dans la grotte de la Granja de
Jimena ou les Lions ibériques d’Alvarsanchez de Ubeda de Torres et la
ferme Recena ou Requena, appelée la Déesse d’Espona.
éécoutons Antonio Machado :
« Mettez sur les champs,
Un charbonnier, un savant et un poète…
Vous verrez que le poète admire et se tait,
Que le savant regarde et pense…
Certainement le charbonnier cherche des mûres ou des champignons.
Amenez-les au théâtre et le charbonnier sera le seul à ne pas bailler.
Il préfère le vivant aux choses peintes, c’est l’homme
Qui pense, chante ou rêve.
Le charbonnier a la tête pleine de fantaisie. »
Toute cette province est la fille et
la petite-fille des
montagnes de la
Sierra Morena. Par
ces défilés sont
passés les
Phéniciens, les
Romains, les
Arabes et autres
envahisseurs bien
souvent raisonnablement volontaires : c’est pour cela
que viendront par
ici des religions,
des cultures, des
habitudes, des
champs cultivés
par les mains
bénéfiques des
mondes arabes qui
perfectionnèrent l’irrigation. Les cultures arabes et juives et les religions se
mêlèrent. Un pacte fut passé avec les Chrétiens : …ils partagèrent les arts,
les artisanats et les coutumes. De ces « envahisseurs » la péninsule a
appris les arts et les habitudes mudéjars ; elle hérita de mosquées, de casbahs, de norias, de l’irrigation…
La ville de Jaén montre et démontre l’impressionnant legs que la culture arabe a laissé à la ville. Comme les bains arabes, que l’on peut encore
visiter, et d’autres choses historiques bien que postérieures, ainsi que des
champs de batailles comme Las Navas de Tolosa. Les chroniques légendaires racontent que le célèbre Miramamolin fut vaincu au combat,
symbole de la conquête chrétienne de l’Andalousie, et Bailén fut la première grande victoire militaire des troupes espagnoles dirigées par le
Général Castaños contre les troupes napoléoniennes de Dupont au début
de la Guerre d’Indépendance.
Cazorla est une ville étroite coquette levée à l’ombre de la Peña de los
Halcones. Elle naquit au XVIe siècle av. J.-C. sous le nom de Castaon, puis
deviendra Carcesa pour les Romains avant que les arabes conquérants ne
la nomment Medina Cuasturra.
C’est Ferdinand III « le Saint » qui signa à Salamanque en 1231 le don
à perpétuité à Santa Maria de Tolède des territoires qui, une fois conquis,
constitueraient celle que l’on appelle désormais Cazorla. Sa juridiction
dure jusqu’à 1811, quand les Cortes de Cadix abolissent les « señoríos ».
Pendant la Guerre d’Indépendance les habitants de Cazorla se distinguèrent par leur patriotisme
dans une féroce lutte contre
l’envahisseur. En récompense
à de si grands services, les
Cortes de Cadix donnent à la
ville de Cazorla le titre de
Ville Très Noble et Très
Loyale (Ciudad Muy Noble y
Muy Leal).
C’est finalement Alphonse
III qui récompensera la fidélité de Cazorla à la couronne
lors des Guerres Carlistes en
l’élevant à la catégorie de
Mairie Excellentissime
PROMENADES A CAZORLA ET
DANS SES HAMEAUX
lacée sur le flanc de la Peña de los Halcones, elle montre,
orgueilleuse, un délicieux ensemble d’architecture populaire
délicieusement assortie à son cadre naturel. Ceci, ajouté à sa richesse
monumentale, lui valut d’être déclarée Ensemble Artistique Historique en
1972.
P
Sur l’avenue de la gare se trouve le Musée Provincial, installé dans un
superbe bâtiment de 1914 au portail Renaissance ajouté à l’ancien grenier.
Ses monuments méritent une promenade attentive : le « castillo de la
Yedra » (château du lierre), aussi connu comme celui de « las Cuatro
Esquinas » (les Quatre Coins), d’origine romaine puis reconstruit et fortifié par les Arabes.
Il accueille aujourd’hui le Musée des Arts et Coutumes Populaires.
L’autre château, celui de Salvatierra, à l’accès difficile, se trouve sur un
sommet appelé « Pecho de Salvatierra ». Il est d’origine arabe et joua un
rôle très important pendant la Reconquête.
Le musée provincial garde d’importants fonds des anciens musées
d’Archéologie et des Beaux Arts, aujourd’hui disparus.
D’excellentes collections de céramiques ibériques, grecques, romaines et
Les églises : celles de Santa Maria, du Carmen, de San Francisco et de
San José. Celle de Santa Maria fut sans doute le monument le plus important. Il se trouvait sur le fleuve Cerezuelo. En 1694 un déluge balaya et
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détruisit ce bijou de monument. L’église du Carmen se compose d’une nef
et d’une demie croisée du transept avec des chapelles latérales. Son tracé
très harmonieux date de la fin du XVIIe siècle.
La « Fuente de las Cadenas » (la source des chaînes), de style
Renaissance, occupe l’un des coins les plus caractéristiques de la place
Santa Maria.
La « Casa de las Siete Fuentes » (la maison des sept sources), les restes
d’un nymphéa romain près de la place Santa Maria.
Et bien d’autres bâtiments intéressants que le visiteur trouvera s’il dispose
du temps suffisant pour profiter d’une promenade attentive.
Seul le sage marcheur intuitif devra choisir, sans aucun risque, l’itinéraire
qui l’attire le plus ; n’importe où dans les alentours naissent de surprenantes coïncidences comme l’art, le folklore, la gastronomie, les usages particuliers et les particularités linguistiques ; ou les artisanats, les curieuses
habitudes de l’habitat. Un monde végétal insoupçonné qui, en plus d’arbres, se compose d’une multitude de végétaux apparemment insignifiants
qui feront les délices de n’importe quel voyageur, aussi peu curieux soit-il.
Comme l’oseille, humble plante entrant dans la composition d’excellentes
salades, comme le cresson, ailleurs appelé « maruja » ou « pamplina »,
PETITES BETES BENIES
PROTECTRICES
Cette ville appelée animal n’est pas, loin de là, un danger ou une décoration : elle accueille les gardes forestiers les meilleurs et les plus experts, la
garantie de l’équilibre de tout cet écosystème compliqué.
D’ici, des panoramas magnifiques offrent au voyageur impénitent une certaine cohabitation, ou au moins une contemplation d’espèces spéciales,
insolites, sauf en de très rares géographies : la chèvre Montés est la
Reine Mère de tous ces rochers,
en compagnie bien sûr du
cerf, du daim et du sanglier,
inexorable et indestructible
envahisseur là où il décide
de s’installer.
Les oiseaux, depuis toujours, furent, sont et
seront les rois des cieux. Sur
ces rochers abondent des
bijoux comme le vautour
fauve, l’aigle de Bonelli,
l’autour des palombes, le
grand duc… Ou le martinpêcheur, le cincle plongeur, la légendaire
chouette hulotte, les loriots d’Europe au plumage prétentieux…
Ils cohabitent avec des reptiles comme la vipère de Lataste, la couleuvre
vipérine, la couleuvre de Montpellier, les lézards.
Et dans les fleuves et les rivières nagent sans danger des truites, des barbeaux, des crabes, des perches…
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CAZORLA ET SON PARADOR
favori de ces ruisseaux nerveux dont les bras accueillent poissons et plantes. Et au-dessus, à deux pas et dans une symbiose indissoluble, on partage les terres alimentant de nobles arbres et arbustes comme le chêne vert,
le genévrier, les pins bien souvent exclusifs à la région. A côté, des fourrés
de sabine. Et en descendant, des troènes, des épines-vinettes, des noisetiers, du chèvrefeuille, de la sauge, des pivoines.
Le voyageur curieux verra encore de l’alfa, des lentisques, des arbousiers,
de la mousse… Ou la particulière violette de Cazorla. Et par-dessus tout,
des oliviers, miraculeuse industrie artisanale aussi appréciée sur ces terres
que peu commercialisée. La culture, l’exploitation et la commercialisation
de l’industrie d’une huile qui se vante d’être parmi les meilleures de bien
des géographies.
“CARNETE, SACA Y METE Y MOJA SOPICAS EN EL ACEITE”
« …Les yeux de ma brune
Ne sont ni petits
Ni grands ;
Ce sont deux olives noires
D’oliviers gordal… »
José Chamorro, Chroniqueur officiel de la province.
P
endant la préhistoire les habitants grillaient la viande sur le feu.
Puis ils découvrirent que c’était plus facile de la cuire sur des
pierres posées sur les braises…
La cuisine de Jaén est fondée sur le potage et la basse-cour. Partout on
cuisine tout type de légumes : ceux du potager et les fruits des bois, des
prés et des rives : le pissenlit, le carnillet, le pourpier, la truffe blanche (la
marraine de la « camuña ») ; et quelque fois, « l’esconzonela »…
Tellement de luxes aussi sylvestres qu’exquis.
Ces habitants de Jaén, modestes mais altiers, se flattent de profiter et
d’offrir au moins deux cuisines de saison : une pour l’été et l’autre pour
les climats hivernaux. Les deux sont extrêmes.
Comme les gaspachos ou les salades froides ; ou au contraire, les gaspachos et les salades chaudes. Les uns de la plaine, les autres de la ville ou
du village.
Tout est savamment confondu et partagé : les « gachas », les « migas »
(de la mie de pain frite), le « cocido » (pot-au-feu) aux pois chiches (garbanzos) presque par décret, et bien sûr par besoin ; toujours cuit sur des
bûches de bois d’olivier : « …le père s’asseyait toujours au bout de la
table…il éteignait sa cigarette du talon de sa botte et il nous regardait
tous comme un patriarche satisfait de sa famille… » (“...El padre se sentaba siempre a la cabecera de la mesa...apagaba el cigarrillo en el tacón
de la bota y nos miraba a todos como el patriarca satisfecho de su
grey...”).
Depuis les temps les plus anciens – très probablement depuis les sages
et généreuses coutumes arabes – des recettes et des plats arabes voient
donc le jour : comme les « andrajos » ou « calandrajos ». Ou les « gachas
», héritières de la polenta italienne. Les « gachas migas », les « hormigos
», le « ajoharina ».
Mais le monde arabe a voulu nous offrir bien d’autres mets exquis. Il
apporta la saveur aussi étrange qu’exquise de l’artichaut (« alcachofa » ou
« alcaucil »), et la douceur des sucres d’orge et des pains d’épices. Ou les «
almoronias ». Tout ceci sans oublier la touche magique aujourd’hui universelle de l’huile d’olive. Et le jus d’orange et de citron.
En ces temps prolongés de la communion musulmano-chrétienne cohabitèrent des cultures, des religions, des arts, des coutumes, des langues et
des artisanats inévitablement perméables. Les uns et les autres furent
envahisseurs et envahis, les frontières étaient discrètes et changeantes.
De ce mélange surgirent des conquêtes et des légendes aussi contradictoires que celles-ci :
« …Au cours d’une trêve du combat, Miramamolin se maria et invita les
rois de toutes les Espagnes. »
Il s’agissait sans doute de montrer la perméabilité volontaire et la tolérance entre les peuples, les cultures, les coutumes et les religions. Le menu
se limita obligatoirement à un plat de fèves sèches nécessairement accompagnées d’aubergines généralement sylvestres. Et la légende continue : « le
plat plut beaucoup au roi Don Alphonse VIII, qui voulut en connaître le
nom… Comme la recette était le fruit de l’improvisation, le monarque voulut connaître le nom du cuisinier. Pour s’en sortir, le roi maure répondit
que le plat avait été cuisiné par une de ses épouses appelée Almoronac. Le
monarque admiratif voulut alors baptiser ce plat si excellent « Almoronia »
LES RECETTES SECRETES
LE GASPACHO ET LES GASPACHOS
On sait bien qu’il n’y a pas qu’un seul gaspacho ; mais il est aussi notoire qu’il y a des « gaspachuelos » et des gaspachos, qui exigent des étoiles
et de la catégorie. Qu’ils sont tous ou presque consacrés aux goûts et aux
usages de chaque région et même de chaque pays.
Sur tous ces paysages, sur ces parages même, ces miraculeuses soupes
froides sont savamment décorées de la créativité des habitants et des géographies, parfois coutumes, parfois besoin.
Quoi qu’il en soit, le gaspacho – dit-on – doit se préparer dans un récipient en bois (aujourd’hui très peu utilisé). Toujours ou de préférence en
période estivale. Et toujours le plus froid possible.
Les légumes secs ne manquent jamais, comme les salades de légumes
assaisonnées de vinaigre, d’huile et de sel. Comme les salades de laitue, de
tomate, de chardon, de haricots verts, de concombre, ou de melon, de perdrix, de porc. Plat à part, la « pipirrina », plat secret ou au moins exclusif
de ces régions de Jaén.
Et des ratatouilles élaborées à base de légumes : des courgettes, des poivrons, des aubergines.
Mais il y a un temps et une saison pour tout et pour tous. Pour l’automne, les grenades, mères de punchs, les coings… Et surtout les champignons, les lactaires et les « cardonchas ».
CAZORLA ET SON PARADOR
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En aucun cas les soupes chaudes ne pourront manquer : celle que l’on
appelle la « sopa boba », un surprenant bouillon de pot-au-feu aux
saveurs étonnantes, presque exclusives des Villares. Ou la « sopa de picadillo ». Et les « ajos de habas », « ajos de patata », « ajos de pepino ».
MYSTERIEUSES TRICHERIES
Ces terres et ces habitants ont su, grâce à la pression de l’histoire et aux
impératifs de leurs géographies, faire de nécessité vertu : ils ont su tirer le
meilleur ou le plus pratique de leurs rares héritages. Ils furent, sont et seront
des villages et des personnes créatifs ; en culture, en musique, en art et aussi
en artisanat culinaire.Nous citerons seulement quelques unes des recettes
magiques, insolites mais habituelles. Comme ces recettes de Manuel García
Otega.
FRITURE DE RADIS DES ENVIRONS
Ajoutez les tomates pelées et quelques gouttes de vinaigre.
Enfin ajoutez l’œuf dur en mélangeant le jaune à la sauce.
AJOBLANCO
On a seulement besoin d’une poignée d’amandes pas trop sèches, d’ail,
de tomate, d’huile, de vinaigre et de sel.On pile les amandes avec l’ail cru
et la tomate pelée. Cette variété de gaspacho courant se compose ainsi.
SAUCE AUX LACTAIRES
On la prépare avec quelques lactaires frits, un peu d’ail, une cuillère de
farine, un verre de vin blanc et un peu de thym.On passe les lactaires au
presse-purée. On frit l’ail pilé avec du sel dans un mortier.
Dans une grande casserole on prépare une pâte légère avec le vin, les
lactaires, l’ail et le thym ; la sauce sera au goût du cuisinier si on la laisse
cuire à petit feu.
Pelez avec soin les radis et faites des lanières d’environ un centimètre
avec les pelures.Plongez-les dans l’eau froide puis égouttez.Roulez-les dans
une pâte de farine, d’œuf, de lait, de sel et d’un peu de bicarbonate.
Faites frire immédiatement dans une huile d’olive très chaude.
PETITS OISEAUX
Plumez et nettoyez les oiseaux.
Fourrez-les avec un peu de jambon
pas trop sec.Faites-les frire dans l’huile d’olive jusqu’à ce qu’ils soient bien
dorés.
PIPIRRANA
La pipirrina est une cuisine aux
origines inconnues et un plat des
anciens temps de survie.
Certains avancent que le plat fut
baptisé par les bandits de la Sierra
Morena.
La recette serait la suivante :
Un peu d’ail, de poivron vert. Des
tomates bien mûres, un peu de pain.
De l’huile d’olive, du sel et un œuf
dur.
Dans un mortier en bois pilez l’ail
et un poivron vert.
Ajoutez lentement à la pâte obtenue
une huile crue.
DES EXCURSIONS MONTAGNARDES:
AGREABLES VISITES
Nous proposons ci-dessous au divin patient quelques escapades
raisonnables pour mieux savourer ces promenades presque aussi
inconnues qu’agréables, sur n’importe quels pics, montagnes,
havre de paix et de plaisir…
L
Voici quelques unes des visites les plus recommandées sur ce territoire surprenant :
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CAZORLA ET SON PARADOR
LA TOUR DU VINAIGRE (LA TORRE DEL VINAGRE). C’est une
tour de guet privilégiée pour commencer une visite de ces géographies magiques. Le musée de la Tour du Vinaigre est un centre d’interprétation basique
pour que le voyageur se fasse une composition du lieu où il est agréablement
installé. On y trouve le musée de la chasse. Plusieurs trophées sont exposés
aux côtés de l’histoire et presque de la préhistoire des goûts, des exploits et
des fictions de parties de chasse maintenant presque vieilles. Comme celle où
le général Franco reçut l’appui d’un généreux garde forestier. Un jardin
botanique survit également.
au XIIIe siècle. L’antique ville fortifiée conserve une tour appelée « el Torrito
», avec des blasons des Rois Catholiques.
De son époque de splendeur aux XVIe et XVIIe siècles, se distinguent la
place du marché (plaza del mercado), celle du Populo et les bâtiments de la
Alhondiga, le grenier, la boucherie et le
palais de justice ; la mairie et l’université.
BEAS DE SEGURA. Sainte Thérèse y vécut, au couvent des
Carmélites. Tout près se trouve un gisement archéologique.
SEGURA DE LA SIERRA. Certainement l’endroit le plus intéressant à visiter. Conquis vers l’an 1200, il possède un château
mudéjar, des bains arabes et une mairie à la façade plateresque. Et
la discutable maison natale de Jorge Manrique, car certains assurent qu’il naquit à Paredes de Nava.
La splendeur de cette ville date du XVIe siècle. L’exploitation
du bois y fut très importante.
JAEN, LA CAPITALE
S’il n’est pas pressé par le temps, le voyageur devra s’approcher de la cathédrale sur
la place de Santa Maria et des bains arabes
construits au XIe siècle, certainement par Ali, roi
maure de Jaén. Il devra s’approcher aussi des églises
de Magdalena, de Santa Clara et de San Ildefonso.
Du palais épiscopal, sans oublier les murailles.
Il ne faut pas oublier la visite du parador de Jaén, il est
spectaculaire.
Les amants de la bonne cuisine trouveront dans cette
ville de magnifiques plats faisant les délices des visiteurs.
QUESADA. Ceux que cela intéresse de connaître la
naissance du fleuve Guadalquivir doivent s’en approcher.
Dans tous les cas, si le voyageur a le temps il ne doit pas hésiter à s’informer à la réception du parador car nombreux
sont les villages intéressants : Hornos, La Puerta de
Segura.
VOYAGE VERS LA RENAISSANCE :
DESTINATION UBEDA ET BAEZA
UBEDA : Levée sur le flanc d’Ubeda
et entourée des montagnes du même nom,
c’est la capitale de la Renaissance andalouse. Elle atteignit son âge d’or au XVIe siècle. On conserve la tour de l’horloge (Torre
del Reloj), le donjon (Torre del Homenaje),
la tour de Cava et la tour du Rastro, toutes
du Moyen-Âge. De la ville Renaissance se
distinguent la place Vélasquez de Molina comme un ensemble monumental
avec la « Sacra Capilla del Salvador » (Sainte Chapelle du Sauveur), le
palais du Dean Ortega, qui héberge le parador de tourisme, le palais des
Cadenas, la mairie et l’église de Santa Maria.
Ubeda conserve de nombreux bâtiments Renaissance. Les amateurs d’artisanat sont à l’endroit idéal pour acquérir une céramique ravissante, des objets
en alfa et en fer forgé.
BAEZA : Un des sièges épiscopaux les plus anciens d’Espagne, du IVe
Parador de Cazorla
El Adelantado
Sierra Cazorla, s/n. 23470 Cazorla (Jaén)
Tel.: 953 72 70 75 - Fax: 953 72 70 77
e-mail: [email protected]
Centrale de Reservations
Requena, 3. 28013 Madrid (España)
Tel.: 902 54 79 79 - Fax: 902 52 54 32
www.parador.es / e-mail: [email protected]
wap.parador.es/wap/
Textos: Juan G. D’Atri y Miguel García Sánchez Dibujos: Fernando Aznar
CAZORLA ET SON PARADOR
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