L`essentiel Le ratio de capacité d`absorption des pertes du Conseil
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L`essentiel Le ratio de capacité d`absorption des pertes du Conseil
01 # Janvier 2015 7 Le ratio de capacité d’absorption des pertes du Conseil de stabilité financière : plus de peur que de mal pour les banques européennes ? YASMINE DE BRAY, THOMAS LAPEYRE, Analyse Actions – Paris ANH PHAM DUNG, STÉPHANE HERNDL, Analyse Crédit – Paris En novembre 2014, le Conseil de stabilité financière (CSF) a publié un document consultatif décrivant le ratio de Capacité d’absorption des pertes (Total Loss Absorbing Capacity - TLAC). Pour réduire les risques induits par les faillites bancaires et améliorer la stabilité financière mondiale, le CSF recommande d’imposer des volumes sensiblement plus élevés d’instruments d’absorption des pertes (capital et dette) aux institutions considérées comme des établissements bancaires d’importance systémique mondiale (EBIS). Ces établissements dits systémiques à l’exception de ceux domiciliés dans les Pays émergents (y compris la Chine) devront respecter ces exigences additionnelles à partir de 2019. La structure de financement des établissements bancaires américains est déjà conforme à ce nouveau cadre réglementaire tandis que les établissements d’Europe continentale devront s’y adapter. Les autorités mondiales de supervision du secteur bancaire ont l’intention d’au moins doubler les exigences réglementaires de fonds propres des EBIS par rapport à celles imposées par les normes mondiales de Bâle III, mises en place par le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire après l’éclatement de la crise financière. Le document confirme que les EBIS seront tenus de détenir l’équivalent de 16 % à 20 % de leurs actifs pondérés (risk-weighted assets - RWA) en instruments de capital ou de dette, susceptibles d’être liquidés pour contribuer à une résolution ordonnée. Les exigences de Bâle III concernant les volants de fonds propres s’ajouteront aux exigences du ratio TLAC. L’exigence relative aux actifs pondérés en fonction des risques sera également complétée par une contrainte sur le ratio de levier nominal de 6 % minimum (deux fois le ratio de levier minimal sous le régime Bâle III). L’essentiel Le TLAC « ratio de capacité d’absorption des pertes » est le nouveau ratio réglementaire introduit par le Conseil de stabilité financière en novembre dernier. Le conseil recommande ainsi que les banques d’importance systémique détiennent l’équivalent de 16 % à 20 % de leurs actifs pondérés sous forme d’instruments de capital ou de dette, susceptibles d’être liquidés pour contribuer à une résolution ordonnée. Si ce ratio a pu dans un premier temps faire peur (le capital et les dettes subordonnées ne représentant qu’environ 15 % des actifs pondérés pour la plupart de ces banques), l’intégration de certaines dettes senior dans ce ratio devrait permettre aux banques concernées de s’y adapter facilement. Le TLAC, de même que la proposition de ratio de levier minimum en Angleterre, témoignent selon nous d’une certaine modération dans le durcissement réglementaire connu depuis quelques années. Le TLAC n’est pas aussi contraignant qu’il n’y paraît et les banques d’importance systémique possèdent les ressources nécessaires pour y faire face Bien qu’il semble exigeant à première vue, le ratio TLAC (16 %-20 %) pourra être satisfait grâce à une gamme d’instruments financiers plus large que celle imposée par le ratio total de fonds propres de Bâle III (en particulier la dette senior), à condition que ces titres puissent être mobilisés sans entraîner un risque juridique important. Citons notamment la dette senior émise par les holdings bancaires, en général américains et britanniques. Seule une portion (équivalente à 2,5 % des RWA) de la dette senior non garantie émise par les banques d’Europe continentale (dont la majorité n’ont pas de holding) sera éligible. Cependant, jusqu’en 2019, ces banques pourront remplacer la dette senior non garantie existante par de nouveaux instruments de dette senior non garantis assortis d’une clause contractuelle d’absorption des pertes (bail-in), qui devront respecter la définition des instruments conformes au TLAC. Même si les banques devront modifier la composition de leur dette et que cela pourrait augmenter quelque peu leurs coûts, nous ne pensons pas que leurs bénéfices en souffriront démesurément. Si l’on fait l’hypothèse que les nouveaux titres senior non garantis afficheront un spread situé entre ceux de la dette senior et de la dette Tier 2, nous pensons que la dilution des bénéfices ne sera pas supérieure à 3-4 % en moyenne pour les banques européennes dans un scénario intermédiaire (exigence du Pilier 1 de 18 %). Notre calcul pourrait être révisé à la baisse en incluant les instruments de dette senior non garantis non éligibles, dans la limite de 2,5 % des RWA. Le ratio TLAC pourra être satisfait grâce à une gamme d’instruments financiers plus large que sous Bâle 3 Même si nous pensons que le ratio TLAC n’aura qu’un impact modéré sur les stratégies de pilotage des fonds propres des établissements 36 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 01 # Janvier 2015 Les exigences de fonds propres du TLAC sont nettement plus élevées que celles imposées par Bâle III 25 Volant contracyclique (de 0 % à 2,5 % - CET 1) Volant EIS /de risque systémique (de 0 % à 3 % - CET1) 20 Volant de conservation des fonds propres (2,5 % - CET 1) 15 Volant contracyclique (de 0 % à 2,5 % - CET 1) Volant EIS /de risque systémique (de 0 % à 3 % - CET1) 10 Volant de conservation des fonds propres (2,5 % - CET 1) Ratio de fonds propres total (8 % - T2/AT1/CET1) 5 0 Exigence TLAC (16 % à 20 % dette senior/T2/AT1/CET 1) Ratio Tier 1 (6 % - AT1/CET1) Ratio de fonds propres total (8 % - T2/AT1/CET1) Ratio Tier 1 (6 % - AT1/CET1) Ratio CET 1 (4,5 % - CET1) Ratio CET 1 (4,5 % - CET1) Basel III TLAC Source : Recherche Amundi européens d’importance systémique (compte tenu de leur recours fréquent au financement de marché), il pourrait néanmoins pénaliser les institutions riches en dépôts. Cette tendance pourrait malheureusement contraindre ces dernières à donner plus de poids au financement de marché, au détriment du financement, plus stable, par les dépôts. Cela étant dit, bien que le concept du TLAC ait été validé lors du sommet du G 20 à Brisbane, son étalonnage et son calendrier de mise en œuvre font encore l’objet d’une étude d’impact quantitative, pour veiller à ce que la proposition ne perturbe pas trop les banques et l’économie en général, qui reste fragile. L’imputation de pertes (bail-in) aux titres de dette senior émis par des banques ou des entités opérationnelles pourraient être contestés devant les tribunaux, ce qui pourrait les rendre inéligibles au ratio TLAC, d’où la nécessité de les assortir d’une clause contractuelle de bail-in Une version édulcorée du TLAC semble raisonnable et propice à la relance de la croissance économique européenne Le fait que le TLAC soit moins sévère que prévu montre que les autorités de réglementation européennes sont de moins en moins inquiètes de l’adéquation des fonds propres des établissements européens, mais qu’elles craignent de plus en plus l’extrême faiblesse de la croissance du PIB nominal de la région. Par exemple, la proposition finale relative à l’exigence de levier minimum au Royaume-Uni est finalement bien moins contraignante (env. 4 %) que le ratio initial (env. 5 %). Nous pensons que la réglementation bancaire sera ajustée durant l’année 2015 (sous la houlette du Comité de Bâle qui devra se pencher sur la variabilité excessive des RWA) ; un durcissement modeste est donc à prévoir mais dans de faibles proportions, dans la mesure où cela serait contradictoire avec les objectifs de relance de la croissance du PIB et d’augmentation des anticipations d’inflation. La mise en œuvre du TLAC n’était absolument pas nécessaire (étant donné le renforcement des bilans des banques) mais au moins son implication n'entraînera pas une surcharge financière importante pour les établissements européens. Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier 37 01 # Janvier 2015 > Vue d’ensemble des exigences du TLAC Cadre Obligation de détenir des instruments d’absorption des pertes équivalents à 16 à 20 % des RWA et, au moins, à deux fois le niveau du ratio de levier minimum (6 % des expositions de levier1). Les exigences de Bâle III concernant les volants de fonds propres s’ajouteront aux exigences du ratio TLAC (cf. graphique ci-dessus). Exemple : une institution avec un volant de 2,5 % au titre de son statut d’EBIS et un volant de conservation de 2,5 % devra afficher un TLAC entre 21 et 25 %, tandis qu’une institution avec une exigence supplémentaire de fonds propres de 1 % au titre de son statut d’EBIS devra atteindre un TLAC situé entre 19,5 et 23,5 %. Les volants contracyclique et de risque systémique seront ajoutés dès qu’ils auront été fixés par les régulateurs nationaux. L’étalonnage du TLAC sera examiné dans le cadre du Processus d’évaluation de liquidation mené par le CSF. Le non-respect des exigences du TLAC entraînera les mêmes sanctions qu’un manquement aux exigences en matière de fonds propres. L’exigence minimum du TLAC sera appliquée à chaque entité de résolution logée au sein d’un EBIS ; en d’autres termes, dorénavant, les instruments éligibles au TLAC seront probablement émis par plusieurs entités des 30 groupes concernés. Périmètre d’application L’exigence du TLAC sera appliquée aux 30 banques considérées comme des établissements bancaires d’importance systémique (EBIS). Dans un premier temps, les EBIS basés dans des pays émergents (Chine) ne sont pas concernés. La liste des EBIS du CSF comprend 16 banques basées en Europe, 8 en Amérique du Nord, 3 au Japon et 3 en Chine. Instruments éligibles au TLAC Le TLAC peut comprendre divers types d’instruments, à condition (1) qu’ils soient subordonnés aux passifs exclus (notamment les dérivés, les pensions livrées, les dépôts), (2) que ces instruments puissent absorber des pertes sans que cela ne soit un obstacle sérieux à une résolution ordonnée (action judiciaire), et (3) que ces instruments aient une échéance restante d’au moins un an. Les instruments de fonds propres Tier 1 et Tier 2 détenus par des tiers sont éligibles au TLAC externe. Les instruments senior émis par des sociétés holding sont déjà conformes à la définition du TLAC. Le bail-in des titres de dette senior non garantis émis par des banques ou des entités opérationnelles pourraient être contestés devant les tribunaux, ce qui pourrait les rendre inéligibles. Les instruments senior non garantis assortis d’une clause contractuelle de bail-in seraient néanmoins éligibles. Calendrier Les institutions financières qui devront respecter le TLAC devront être en conformité le 1er janvier 2019 au plus tôt, ce qui correspond à la mise en œuvre intégrale des exigences de Bâle III en matière de fonds propres. En fonction du résultat de l’étude d’impact quantitative qui sera menée en début d’année, ce calendrier pourra être modifié pour alléger le fardeau des EBIS. 1 Sur la base de la version actuelle, le ratio de levier minimum est fixé à 3 % (Bâle III). Ce ratio pourrait être augmenté en fonction des résultats de l’étude d’impact quantitative du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire sur le ratio de levier. 38 Document à l’usage exclusif des clients professionnels, prestataires de services d’investissement et autres professionnels du secteur financier MENSUEL Janvier 2015 # 01 Publications récentes Amundi Research Center Top-down Asset Allocation Bottom-up Corporate Bonds Fixed Income OK conference… a video, a a article, an Search for exchan ge modifi es its this have? e centra l bank The Chines What effects will rate policy… structur al impleme nt 14.03.201 THOUGHT 4 - Thought % March, On the 6th projectio ns. macroec onomic talk - Expert 4 in : What' s next Real Estate marke ts? g in 2H13… the Europ ean s improvin 11.03.201 of the Day projec tions ECB inflati on the ECB publishe d its new of 11, ever ywherefor the victims three On March sympathy ke and tsunami with renewed who offered ented earthqua unpreced Prime Minister Abe,centre of Tokyo, years ago. their souls at the unbearab le output… prayers for uncomfo rtable with industria l might feel weaknes s. 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