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La Fédération de judo lance un concurrent
dans les jambes du MMA
La puissante Fédération française de judo constate avec
impuissance le développement des Arts Martiaux Mixtes
en France. Sa parade ? Le "Mixed Jujitsu Arts".
Le projet est frappé du sceau "confidentiel". La Fédération française de judo et disciplines associées
(FFJDA), 4e fédération sportive nationale avec plus de 570.000 licenciés, envisage de créer une nouvelle
discipline, le "Mixed Jujitsu Arts". Autrement dit, MJA. Un acronyme qui fait inévitablement penser au
MMA (Mixed Martial Arts), le sport de combat le plus sulfureux du moment, qui autorise des frappes au sol
en plus des techniques de boxe, de lutte, de judo et de grappling. Et ce n'est évidemment pas un hasard.
Depuis des années, la FFJDA s'oppose à la reconnaissance fédérale du MMA, qu'elle considère comme
une pratique dégradante portant atteinte à la dignité humaine. Une vision que réfutent catégoriquement
les pratiquants français. Ils dénoncent un amalgame avec une forme de "combat libre" qui n'est plus
pratiquée depuis une quinzaine d'année en Ultimate Fighting Championship (UFC), la Ligue des
Champions du MMA, très règlementée.
Le club de Thouars visé
Ce projet de MJA est en fait une réaction à la mise en place d'une section de "MMA éducatif", accueillant
enfants et adultes, dans un club de judo à Thouars, dans les Deux-Sèvres. Cette initiative a d'abord été
condamnée par la FFJDA, avec menace de radiation à la clé. Mais loin de rentrer dans le rang, le club s'est
alors placé sous une bannière multisports avec une section judo affiliée à part. Imparable juridiquement!
Une réunion convoquée en septembre au siège de la fédération de judo à Paris semble même consacrer la
victoire du club par forfait. "Tout ce qui est fait en dehors de la FFJDA ne nous concerne pas nous" aurait
en effet dit Jean-Luc Rougé, président de la FFJDA, selon des propos rapportés par Yann Leroux,
directeur du club de Thouars.
D'où la surprise de celui-ci, un mois et demi plus tard, lorsque le président du Judo Club Thouarsais reçoit
le compte rendu de cette rencontre. Car la fédération française de judo y dévoile sa contre-attaque et la
naissance implicite d'une nouvelle discipline, le MJA. "Suite à cette réunion nous avons considéré que
votre approche en tant que discipline éducative joignant plusieurs pratiques pouvait être compatible avec
la pratique de judo, jujitsu et de disciplines connexes rassemblée dans le Mixed Jujitsu Arts (...) puisqu'il
s'agit à la basse de disciplines pour lesquelles nous avons délégation", est-il écrit dans la lettre.
Courrier FFJDA publié par LExpress.fr
Et le courrier d'ajouter: "Une commission au sein de FFJDA sera, à court terme, chargée d'assurer le
développement du MJA, de sa pédagogie et de la formation des enseignants".
Interrogé par L'Express, l'auteur du courrier, le vice-président et secrétaire général de la FFJDA Jean-René
Girardot, assure que "ce n'est pas une façon de reconnaître le MMA sans le dire", tout en précisant que le
MJA doit "aider les clubs à intégrer à nos activités fédérales du MMA éducatif", expression contradictoire
à ses yeux. Dans quels délais ? "Ce pourrait être présenté en comité directeur au mois de décembre et, si
cela se fait, ce ne sera pas avant mai-juin prochain", précise Jean-René Girardot.
Le MJA, discipline "gadget"?
A Thouars, il n'est pas question de remplacer la section de MMA par du MJA. Notamment parce que le
club est engagé auprès de l'association Commission française de MMA (CFMMA) pour la reconnaissance
du MMA au niveau national. "Ce MJA est une discipline qui sort d'on ne sait où, cela sonne comme un
gag, ils changent une lettre et nous font croire à une nouvelle discipline avec des profs agréés, fustige
Bertrand Amoussou, président de la CFMMA. Or les enseignants de judo n'ont pas les compétences pour
être prof de jujitsu, même s'ils en ont les diplômes. Il ne faut pas croire que le jujitsu, c'est du judo avec
une clé au poignée".
Il a été recensé plus de 700 associations proposant du MMA par le ministère des sports et les estimations
du nombre de pratiquants varient de 7000 à 40.000. Il paraît peu probable que ces derniers décident de
rejoindre la Fédération de judo, qui considère leur sport comme une pratique barbare. Construction
purement théorique, le MJA ne risque-t-il pas de rester à l'état de pur gadget fédéral? "C'est possible",
convient Jean-René Girardot.

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