D - Stud`Ant STAPS

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D - Stud`Ant STAPS
2. L'éducation physique et la guerre des méthodes (1900-1939)
Quelle est la meilleure méthode pour éduquer physiquement la jeunesse? Mise en place d'un jeu de
concurrence de différents promoteurs de l'éducation physique qui va contribuer d'une certaine manière à
structurer un espace de débat. Qui sont les premiers acteurs de ces méthodes en concurrence ?
I.
Des méthodes en concurrence
A. L'implantation des sports anglais en France : GROUSSET- DE COUBERTIN
1 ∗ Le premier acteur est PIERRE DE COUBERTIN avec une réforme de l'éducation physique à l'école.
∗ Il fait une formation supérieure en sciences politiques et va se passionner sur la question de la
formation des élites à la suite de la défaite de 1870.
∗ Il va donc se rendre en Angleterre et observer le sport dans les public schools à une époque où
l'Angleterre est première puissance économique mondiale. Il va retenir de ce système d'éducation la
place des sports et le rôle que jouent les élèves dans l'organisation de leurs propres activités. Il va y voir
une explication de la supériorité mondiale de l'Angleterre. Pour lui, c'est grâce à la confiance laissée aux
élèves qu'il existe ce goût de l'initiative.
→ Ce qu'il veut, c'est mettre en place dans les lycées les principes de la pédagogie des publics schools.
er
∗ Il va crée le 1 Juin 1888 à Paris un Comité pour la propagation des exercices physiques. Il va
s'appuyer sur ce comité pour organiser des sociétés sportives que les élèves ont commencé à créer de leur
propre initiative, il va les structurer avec comme perspective une réforme de l'enseignement qui
déboucherait sur l'introduction de la pratique sportive. Il perçoit dès les années 1890 cette résistance de
l'instruction publique face à la pratique sportive et va se ré orienter vers la structuration du sport
international avec la création du CIO en 1894.
∗ Une autre initiative parallèle à celle de Coubertin est celle de PASCAL GROUSSET.
∗ Pascal Grousset s'est mobilisé pour la Commune de Paris et sera exilé un certain nombre d'années en
Angleterre. Lorsqu'il revient au début des années 1880, il va prendre une initiative comparable à
Coubertin et promouvoir en France un certain nombre des pratiques des publics schools.
∗ Grousset ne veut pas appliquer, ne pas copier à l'identique le modèle des public schools. Il est plus
favorable au maintient dans l'enseignement des jeux traditionnels français.
→ Il va y avoir une tentative pour rapprocher Pierre de Coubertin et Pascal Grousset, mais finalement,
Coubertin se refusera à toute affiliation pour des raisons politiques et finalement leurs démarches
perdent de leurs efficacités et vont échouer. Grousset va s'orienter vers une activité politique et
abandonnera le débat pédagogique.
B. La gymnastique suédoise du docteur TISSIE
∗ Quand on analyse la trajectoire de ce médecin (née en 1852) il y a deux orientations successives dans
sa manière de concevoir l'éducation physique.
− Dans un premier temps, il va se rallier à l'initiative de PASCAL GROUSSET et Tissié va reproduire le
principe de sa ligue à Bordeaux en créant la ligue Girondine d'éducation physique qui adopte la
même approche, c'est-à-dire l'élargissement de l'éducation physique à d'autres activité que la
gymnastique en réservant une place aux sports anglais et le maintient des jeux traditionnels
français. Il va convaincre le recteur de l'académie de Bordeaux et va faire des regroupements de
représentant différents lycées en organisant des concours.
→ A partir de 1889, des Lendits sont organisés et permettent aux lycéens de se rencontrer ; cette initiative
va prendre de l'ampleur et va contribuer à sa réputation en France. Coubertin viendra à Bordeaux pour y
assister et sera impressionné par le succès de cette initiative.
− Dans un deuxième temps, en 1898, il réalise un voyage d'étude en Suède et va découvrir la
méthode de gymnastique suédoise élaborée par LING. Il s’agit d’une méthode analytique, on
mobilise les segments de manière isolés les uns des autres. Il va alors devenir un promoteur de la
gymnastique suédoise en France, au fur et à mesure Tissié devient de plus en plus intransigeant et
critique à l'égard des autres méthodes (gymnastique militaire notamment) au profit de la gymnastique
suédoise. Il privilégie la gymnastique de développement, éducation physique de base et à l'issue de
cette formation gymnique, qui aboutit à un développement harmonieux du corps (16-18 ans), on
pourrait envisager une pratique sportive plus spécialisée.
→ Cette intransigeance va se retourner contre lui avec un courant favorable, l'éclectisme, qui va le couper
des promoteurs d’autres méthodes. Il devient sectaire et sera marginalisé : les lendits vont être
supprimés. Il va conserver une rancœur contre Coubertin et d'autres promoteurs.
C. GEORGES DEMENŸ et la méthode rationnelle
∗ Il est née dans le Nord (chtimi) et va suivre des études de médecine sans devenir médecin lui-même,
2 mais en se spécialisant dans la recherche en physiologie.
∗ Proche de la philosophie positiviste pour améliorer la vie de l'ensemble de l'humanité, il a donc une
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approche très rationnelle de la méthode d’éducation physique qui pourrait être la meilleure pour
éduquer physiquement un individu. Il cherche une sorte d'équilibre entre les facultés physiques et
intellectuelles, c'est par cet équilibre que l'individu serait à même de faire face aux situations les plus
inattendues de la vie quotidienne.
Il va devenir un collaborateur du PROFESSEUR MAREY à Paris. Il est efficace car il invente une série
d'appareils pour mesurer l'exercice physique des sujets observés dans ce laboratoire et participe à la
commission Marey.
Finalement il va rentrer en conflit en 1894 avec Marey sur des questions de brevets d'inventions, il y a
des contestations sur les bénéfices des inventions.
Il sera finalement recruté par l'école de Joinville après s'être séparé de Marey pour diriger le laboratoire
de physiologie physique.
Il réalise également un voyage en Suède, mais reproche à la méthode suédoise d'être beaucoup trop
statique et abstraite (pas assez globale), ce qui aboutit à un manque de motivation des élèves.
Il va donc réaliser une méthode rationnelle qu'il synthétise en 1902 : Les bases scientifiques de
l'éducation physique. Ce qu'il cherche à définir dans cet ouvrage est une forme de gymnastique globale
qui permettrait à l'individu de réaliser un exercice musculaire avec le maximum de rendement et le
minimum de fatigue. Il recherche le geste physiologiquement juste et ajoute le mouvement complet
continu et arrondi. Dans cette méthode rationnelle il y a quatre effets recherchés:
⇨ effet hygiénique par la mobilisation des grandes fonctions physiologiques
⇨ effet esthétique, forme arrondie
⇨ effet économique par le rendement maximal efficace qui évite la fatigue
⇨ effet moral par une formation virile mais aussi sociale (solidarité entre les membres)
Contrairement à Tissié il n'est pas hostile aux autres méthodes à condition qu'elles restent
progressives et qu'elles soient modérées aux âges scolaires.
Finalement il disparait en 1917, sans contribuer au débat de l'entre deux guerres.
D. La méthode naturelle de GEORGES HEBERT
∗ Hébert a un profil différent car il appartient à une autre génération, pleine notoriété à partir de 1913-
1920. Il appartient au corps de l'élite de l'armée de l'époque qui est la marine.
∗ Il est amené à voyager et va pouvoir observer les populations de zones restées à l'écart de la civilisation
et va être stupéfaits face à leur beauté corporelle et leur force. En 1902, il fait escale en Martinique au
moment d'une explosion volcanique et constate qu'ils sont démunis face à ce drame sans réflexes ni
réactions.
∗ A partir de ces différentes expériences, il va élaborer une méthode d'éducation physique lorsqu'il sera
nommé dans une école de formation de la marine en 1903 à Lorient. C'est dans ce cadre qu'il va
former les fusillés marins qui passent par cette école et qu'il va obtenir des résultats qui vont attirer
l'attention.
→ En 1913, il y a un grand congrès d'éducation physique à Paris avec des représentants des différents
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courants de l'époque, et ce sont les fusillés marins qui font la présentation la plus spectaculaire et la plus
appréciée.
Il va être sollicité par le BARON DE POLIGNAC, en préparation des JO de 1916, avec un collège
d'athlètes qu'il installe à Reims. Il confie la direction de ce collège à G. HEBERT, conquis par l'efficacité
de cette méthode. Malheureusement l'affaire se termine mal, il perd un bras, c'est le début du déclin et
deviendra de plus en plus critique.
Les principes fondamentaux de sa méthode est que la vie au contact de la nature -la vie des
populations primitives- leurs garantit un développement physique harmonieux et une santé
excellente.
Hébert va en déduire deux conséquences :
− d'une part il faut revenir à un retour raisonné à la nature, favoriser la confrontation de l'organisme
aux états naturels, pratiquer les exercices au grand air et se rapprocher d'activités dans la nature elle
même.
− Deuxième aspect, il cherche à identifier ce qu'il appelle des qualités foncières primordiales. Il
identifie trois qualités importantes :
⇨ vitesse
⇨ adresse
⇨ énergie
Mais sa méthode a aussi une dimension morale : l'altruisme, le sens de la solidarité et de l'entraide
mais aussi de la virilité (courage, cran).
Du point de vue de l'éducation physique, la méthode peut s'appliquer dans deux types d'espaces :
− soit sur le plateau d'évolution au grand air avec toute une série d'agrès, airs de sauts, zones de
lancés… Avec espace au milieu pour le principe de vagues, les élèves sont regroupés par aptitudes
physiques et réalisent les exercices au commandement du maitre d'éducation physique (méthode
naturelle)
− soit la nature elle-même, quand les conditions s'y prêtent, les élèves sont amenés sur un parcours
(nager, grimper sur des rochers..).
Conclusion :
A la veille de la Première Guerre Mondiale, le jeu de la concurrence entre ces différents promoteurs
contribue à structurer le champ de l'éducation physique avec un espace qui se différencie en fonction de
deux principes:
⇨ principe d'intensité : opposition des méthodes de Coubertin et les sports anglais (intensité
maximale) qui s'oppose à la méthode suédoise de Tissié.
⇨ rapport à l'environnement : soit standardisé (leçon dans la cours de récréation, la salle de
gymnastique), une étape intermédiaire avec le stade en plein air, et enfin la nature où se positionne
Hébert.
II.
L'influence des idées eugénistes
nde
∗ Après l'hécatombe de la 2
Guerre Mondiale avec plus d'1M de morts, la question de l'hygiène, la
préservation de la santé et de la race revient au premier plan.
∗ Parallèlement à cette nouvelle mobilisation hygiéniste, la physiologie de l'exercice physique fait des
progrès importants, notamment dans le domaine de l'exercice intensif au moment du 1er décollage du
sport, avec les premières grandes manifestations médiatiques du jeu international (JO).
∗ Dans cette période, les médecins qui étaient jusque là hostiles à la pratique sportive vont commencer à
se diviser sur cette question : on a une première génération de médecins eux-mêmes sportifs. Les
Fédérations spécialisées à la performance vont se tourner vers des médecins sportifs parce que la
pratique, même intensive, peut être bénéfique si elle est bien contrôlée.
∗ Dans l’entre-deux guerres, on va voir émerger une nouvelle démarche qui consiste à promouvoir le
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sport comme une méthode possible pour l'éducation physique dans les années 1930 en revendiquant
une dimension pédagogique aux élèves scolarisés.
Dans ces débats, finalement, c'est la philosophie de l'éclectisme qui va se développer, portée par le
philosophe V. COUSIN, avec le but de retenir les meilleurs éléments de chacune des méthodes en
concurrence en faisant des synthèse pour trouver « la » méthode française.
C’est dans ces débats que les idées eugénistes commencent à prendre de l'ampleur en France. Elles se
distinguent de l'hygiénisme par l'idée de sélection des meilleurs individus dans la perspective de
l'amélioration de la race. Ce sont des idées largement influencées par les techniques d'amélioration des
races animales (comme les chevaux, les meilleurs étalons) et donc un certain nombre de médecins vont
commencer à réfléchir à l'application de ces techniques à l'être humain. Sa définition est la
détermination des facteurs susceptibles de favoriser le perfectionnement des races.
Pourquoi ces préoccupations prennent une plaine ampleur?
C'est l'idée que la 1ère Guerre Mondiale a fait disparaître les jeunes gens les plus aptes à assurer une
bonne reproduction de la race française car ceux qui étaient physiquement aptes aux services ont été
mobilisé pour cette guerre et donc cette population des meilleurs géniteurs a disparu à la guerre =
déclin potentiel pour l'avenir de la race.
Il y a eu un premier congrès international à Londres autour de l'eugénisme en 1912 avant la 1GM
avec des pays qui dans l'entre deux guerres vont adopter des positions radicales : stériliser les mauvais
géniteurs. En France la position qui va dominer n'est pas une mesure aussi autoritaire, mais une mise à
l'écart des populations concernées dans des hospices pour handicapés et des asiles pour les aliénés.
L'autre grand mouvement qui va contribuer à alimenter les campagnes eugénistes va être le fait
d'améliorer la santé des jeunes générations. Si on améliore les qualités physiques des individus,
lorsqu'ils vont se reproduire, ils vont transmettre ces bons gènes à leur descendance. Parmi les
promoteurs proches de ce courant pour l'éducation physique il y a deux personnages clés : le DOCTEUR
TISSIE et le DOCTEUR BOIGEY.
A. Le docteur TISSIE
∗ Il affirme que l'éducation physique est le moyen essentiel pour assurer le relèvement de la race
française. Les finalités qu'il fixe à l'éducation physique pour assurer cette régénérescence sont définies
en 3 dimensions :
− La santé physique : tous les facteurs morphologiques, physiologiques pour le rendement du corps
humain, c'est-à-dire la réduction de la fatigue provoquée par l'effort.
− La santé morale : éducation morale qui éloigne l'individu de toutes les formes de perversion
(alcoolisme, oisiveté..) et l'amour de la patrie.
− La santé intellectuelle : dimension compensatrice, l'exercice physique repose les activités
intellectuelles, elle évite le surmenage et la névrose.
∗ C'est dans le domaine de l'éducation des jeunes filles que le Dr Tissié affirme le plus ses idées
eugénistes, puisqu'il fait un lien direct entre les qualités physiques et la santé de leurs progénitures
qui se transmettraient à travers la gestation pour produire des enfants plus sains et des maternités plus
fécondes (Cf doc citations n°1)
B. Le docteur BOIGEY
∗ C'est un médecin, professeur de physiologie et qui va succéder à DEMENŸ.
∗ Il va publier L'élevage humain : dans cet ouvrage il alerte l'opinion publique sur le fait que si les
principes de l'hygiène ne sont pas respectés, c'est l'avenir de la nation elle même qui est menacée (Cf doc
citations n°2).
∗ Il défend le rôle du médecin dans le suivi de l'éducation physique à l'école.
∗ C'est dans le domaine de l'éducation des jeunes filles là aussi que les positions eugénistes se trouvent
exprimées de manière significative (enjeu majeur des futures mères). Il reconnaît la nécessité de
l'éducation physique pour les jeunes filles, mais en même temps, ajoute des restrictions sur les types
d'exercices adaptés à leur physiologie. Il faut préserver les organes reproducteurs de la jeune fille de
tout ce qui pourrait les mettre en danger comme les exercices intensifs, pouvant être source de chocs,
avec une dimension très affirmée du rôle de la femme : « la femme n'est pas construite pour lutter mais
pour procréer ».
III. Les évolutions institutionnelles de l'Education physique
A. Un rattachement institutionnel disputé
∗ A l'issue de la grande guerre, le prestige de l'armée ressort renforcé de la victoire. Dans cette période ou
le rattachement institutionnel de l'éducation physique est mal défini, une rivalité va s'installer entre le
Ministère de l'instruction publique et le Ministère de la guerre pour savoir qui avait l'autorité sur
cette discipline.
5 ∗ Cette rivalité est illustrée sur le plan institutionnel par la création de deux services concurrents (créés
en quelques semaines d'écart) qui est une affirmation de sa tutelle sur la discipline.
− Le ministère de l'instruction publique créée le 29 Juillet 1921 , avec un service provisoire de
l'éducation physique qui est confié à G.VIDAL
− et le 26 Septembre 1921, c'est le ministère de la guerre qui crée un Sous secrétariat d'Etat à
l'éducation physique confié à H. PATE.
∗ Ce n'est qu'en 1928 que le conflit sera tranché avec gain de cause du ministère de l'instruction
publique : il y a la création d’un Secrétariat d'Etat de l'éducation physique.
Le 10 février 1934, ce service est rattaché au Ministère de la santé.
➔ Ces incertitudes institutionnelles manifestent de la concurrence qui se joue entre les différentes forces
en présence (militaires et médecins) et finalement, dans cette période de l'entre-deux guerres, les
médecins ont gain de cause.
B. Les instructions officielles de l'Ecole élémentaire de 1923
∗ Ce sont des instructions qui s'appliquent à l'instruction primaire et tout un volet concerne l'éducation
physique en faisant d'elle une discipline éducative importante aux côtés des autres disciplines et en
donnant une orientation inspirée de l'école nouvelle.
∗ Dans ces instructions officielles, la dimension eugéniste est prédominante, avec un double objectif :
− Corriger les attitudes défectueuses
− Développer les qualités physiques qui se déclinent en différentes manières : force, adresse et
agilité.
∗ Une leçon doit être donnée chaque jour en plein air et identique pour les filles et pour les garçons.
∗ C'est l'éclectisme qui prévaut, et on renvoie les maîtres du primaire à un règlement général d'éducation
physique qui sera publié prochainement, en 1925.
C. Le règlement général de 1925
∗ Ce règlement est donc une tentative de synthèse des différentes méthodes qui se veut être la définition
de la méthode française.
∗ C'est un programme d'éducation physique ambitieux puisqu'il prévoit une continuité de l'école primaire
au secondaire, mais aussi il prévoit une éducation physique adaptée à la formation professionnelle et
même une dimension de préparation militaire.
∗ Il a été signé en 1925 et est co-signé par les deux Ministères (guerre et instruction publique).
∗ Ces finalités sont influencées par des préoccupations hygiénistes mais aussi par une influence de l'école
nouvelle avec des références sur l'idée du plaisir d'apprendre étant des stimulants à l'investissement des
élèves.
− Du point de vue de l'hygiénisme, notion de recherche du rendement maximum, développement des
grandes fonctions (fonctions physiologiques) et dimension d'éducation morale avec une formation du
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∗
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6 caractère (courage, détermination) mais aussi dans le sens de la conduite de sa vie physique (mise en
garde contre les déviances).
C'est un règlement général qui présente une approche méthodique de la leçon, la composition préconisée
est précise, elle doit être continue, graduée (adaptée et progressive), disciplinée mais aussi attrayante
(intérêt des élèves). Elle comprend une montée en puissance de l'exercice et un retour au calme.
Cette éducation physique est caractéristique de par sa différenciation des contenus en fonction d'une
part des âges et des sexes.
Enfin il est prévu une évaluation concernant principalement l'état physiologique des sujets, le
contrôle est régulier et il est double par le médecin (examen clinique) et un examen pratique par le
professeur d'éducation physique.
En même temps que ce règlement de 1925 est publié, le décret du 19 Janvier 1925 vient rappeler
l'obligation scolaire de l'éducation physique et précise l'horaire obligatoire (5h/semaine avec 2h
pour la leçon et 3h pour la demi journée de plein air). Les préoccupations hygiénistes sont toujours
présentes. Elles viennent en complément en insistance sur la notion de plaisir, et de l’initiative des
élèves.
D. Le rôle des médecins dans l'organisation de la formation des
professeurs d'EPS
∗ Cette question est abordée en 1923 à l'occasion d'un congrès : congrès national et scientifique de
∗
∗
∗
➔
l'éducation physique.
Les médecins sont largement représentés et vont avancer une série de revendications du point de vue de
l'éducation physique, notamment pour revendiquer un contrôle plus étroit et régulier sur les élèves
scolarisés ; c'est d'autre part le ralliement des médecins à l'approche éclectiste.
Il y a les premières discussions sur la question de l'évaluation de la valeur physique des élèves. C’est
une préoccupation qui émerge dans les années 1920 mais aboutira dans les années 1950 pour trouver des
indices de robustesse. C'est à cette occasion qu'un médecin sportif, BELLIN DU COTEAU, va aborder un
critère de valeur physique, critère de la VARF : Vitesse, Adresse, Résistance, Force.
L'une des questions au cœur du débat est la formation des enseignants.
− En 1923 il existe déjà à Lyon un Institut d'éducation physique : c’est un embryon de formation.
− Le Décret du 10 Décembre 1927 crée le premier IREP à Bordeaux.
− Il y a transformation du CAEG en CAEP (Certificat d'Aptitude à l'Enseignement de l'éducation
Physique) le 12 aout 1931 : le terme gymnastique disparait.
Ce CAEP sera modifié à nouveau 2 ans plus tard = le CAPEP en 1933.
Dans ce mouvement de tutelle des médecins qui se renforce il y a une voix de contestation, celle
d’Hébert, qui manifeste ses critiques.
E. Une voix divergente : GEORGES HEBERT
er
∗ Dès 1927 (création du 1 IREP), Hébert critique la domination du pouvoir médical sur la discipline,
il conteste leurs compétences en s'appuyant sur le fait que l'éducation physique est avant tout une
méthode pédagogique = revendication d'une contribution des praticiens eux-mêmes.
∗ Il va critiquer le contenu de la formation notamment le déséquilibre entre la formation aux sciences
biologiques par rapport à la formation professionnelle : dimension pédagogique quasiment ignorée.
∗ Hébert parle d'un heureux changement à la direction de l'ENEP: LOISEL. Loisel a publié en 1935 Les
bases psychologiques en éducation physique, dans lequel il écrit « après l'âge militaire et après l'âge
médical de l'éducation physique doit venir l'âge pédagogique ».
∗ A partir des années 1930, on a un premier retour des travaux menés sur la psychologie de l'enfant dans
l'entre deux-guerres. Ce n'est que dans les années 1960 que la dimension psychologique prendra la
première place en éducation physique. Les critiques d'Hébert vont l'isoler et le couper des IREP.
IV. L'essor du sport et l'élaboration de la méthode sportive
A. Le développement remarquable du mouvement sportif
Spécialisation des fédérations sportives,
éclatement des USFSA,
augmentation massive des licenciés entre 1919 et 1938.
Mobilisation confessionnelle et politique des organisations sportives avec la réunion des
organisations sportive de gauche pour la création de la FSGT en 1936.
− Enfin, le début de l'émancipation des femmes dans la société française notamment à travers les
loisirs et le sport.
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−
−
B. BELLIN DU COTEAU et la méthode sportive
∗ La plupart des médecins sont sportifs, c'est le cas de BELLIN DU COTEAU.
7 ∗ Les sportifs vont s'attacher à corriger l'image laissée par Coubertin. Ils vont devoir lutter pour modifier
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➔
cette perception du sport pour la dimension pédagogique, en élaborant une méthode sportive. Il va
élaborer une méthode, éducation sportive saine physiquement et moralement pour autant qu'elle
s'appuie sur le sport épuré.
Dans sa méthode il présente une leçon en deux parties:
ère
− 1 partie : une éducation physique générale. Il intègre des exercices d'assouplissement, de
renforcement musculaire
ème
• 2
partie : il prévoit la pratique sportive multi activité
Ce qui pour lui constitue l'aspect éducatif c'est l'apport de différentes disciplines sportives, leur
complémentarité qui assure l'harmonie de l'individu, avec le fameux indicateur de VARF afin
d'évaluer la méthode.
Il prévoit dans cette méthode une formation adaptée aux différents âges des élèves scolarisés, la
spécialisation n'intervenant que pour les adultes.
Sa contribution est essentielle dans la légitimité de l'éducation sportive.
C. « Le sport contre l'éducation physique » de GEORGES HEBERT
∗ Critique le sport contre l'éducation physique : ses critiques concernent moins la dimension éducative des
sports que le dévoiement du sport. Il est dévoyé par une bureaucratisation avec des responsables
vieillissants ; de plus, il critique la professionnalisation sportive (l'argent, n'est pas moral et source de
scandales potentiel) et la « championnite », c'est-à-dire le culte de l'exploit sportif (perte du sens de la
solidarité). Il critique la spécialisation précoce dans la pratique sportive avec les effets qu'elle produit de
manière déséquilibrée et l'excès d'individualisme qui y est développé.
∗ Finalement, Hébert, dans sa méthode naturelle, inclut l'initiation sportive sous réserve qu'elle soit
soumise aux finalités des pédagogues, aux finalités éducatives par le biais des multi activités (il rejoint
BELLIN DU COTEAU).
V.
L'avènement du Front populaire: vers une éducation physique
et "sportive"
∗ Lors de la manifestation de février 1934, les partis de gauche vont se regrouper au sein d'une coalition:
le Front Populaire. A la suite de cette victoire politique, il y a signature des accords Matignon avec la
semaine de 40h, les deux semaines de congés payé…
∗ Sur le plan institutionnel, l'éducation physique est toujours rattachée au Ministère de la santé, il y a
un Sous secrétariat d'état à l'éducation physique et à la jeunesse et au sport confié à LEO
LAGRANGE.
→ Ce rattachement institutionnel sera de courte durée car l'année suivante, les deux sous secrétariats sont
fusionnés au sein d'un nouveau ministère : Le ministère de l'éducation nationale de JEAN ZAY.
→ En1937, un seul sous secrétaire d'Etat pour les sports, les loisirs et l'éducation physique confié à LEO
LAGRANGE.
A. Une mobilisation en faveur des sports et l'éducation physique
∗ LEO LAGRANGE va mener une politique très active de promotion à la fois des loisirs, mais aussi des
sports pour rendre ces activités physiques accessibles à tous.
∗ La démarche est associée à des préoccupations sanitaires, mais sa conception de l'activité physique est
→
8 ∗
∗
∗
large, notamment concernant la pratique sportive. La jeunesse française s’est orientée vers le sport, et
donc il y a une sorte de pragmatisme : « sauvegarde de la race par l'affirmation de sa santé ». Le front
populaire intègre donc la pratique sportive comme un vecteur de santé = processus de légitimation
politique de la fonction éducative du sport.
On voit que les efforts des pédagogues promoteurs du sport éducatif ont commencé à porter leurs
fruits.
Création le 10 Mars 1937 d'un décret qui instaure le brevet sportif populaire, destiné à être accessible à
tous à 4 niveaux selon l'âge et le sexe et l'essentiel des épreuves sont des épreuves sportives (lancé de
poids, course de 100m, saut en hauteur...). C'est un réel succès : 400 000 brevets délivrés la première
année pour 500 000 participants.
Le Front populaire prend une série de mesures en faveur du sport amateur pour encadrer le sport
professionnel.
D'un point de vue philosophique, le front populaire est porteur d'une conception de la culture qui est
relativement novatrice pour l'époque, c’est à dire un projet de facilité d'accès pour la culture pour tous
avec une définition de la culture ouverte. C'est une culture globale incluant les loisirs mais aussi les
activités corporelles. On développe les auberges de jeunesses qui sont des hébergements dans des lieux à
des fins culturelles, mais aussi au contact de la nature. Le Front Populaire essaye de donner accès aux
jeunes aux vacances, à la nature, et dans ces auberges, il y a la découverte de la nature ainsi qu’une série
d'animations culturelles (musicale, théâtrale...), qui créent une sorte d'unité entre activités physique,
nature et culture.
B. Les instructions officielles en 1938
∗ JEAN ZAY va rester à son poste après la chute du Front populaire (de 1936 à 1939).
ème
∗ Sous la III
République, il y a une grande instabilité politique, il va avoir beaucoup de mal à faire
passer une grande réforme et va donc procéder par petites mesures.
− Une des premières mesures pour les enseignants c'est la loi du 5 Avril 1837 qui garantit la
substitution de la responsabilité de l'Etat à celle de l'enseignant dans l'exercice de son métier.
C'est une loi importante car elle est incitative à l'initiative pédagogique et notamment aux activités
qui sortent du cadre scolaire classique (en cas d'incident c'est l'état qui réparera les dommages, l'état
est garant des conséquences).
− Il y a également l'obligation de scolarité jusqu'à 14 ans.
− Enfin les instructions officielles du 11 Juillet 1938 dont l'ambition est faire le lien, relier étroitement
l'école et la vie. Ce sont des instructions qui concernent le 1er degré (école primaire) mais qui ont
pour ambition d'assurer la transition entre le 1er et le 2nd degré. Une des phrases qui nous intéresse
est celle qui précise dans ces instructions il faut « inspirer aux enfants le goût de la culture
corporelle et de la vie en plein air ».
− A côté de la demi journée de plein air, il y a 3h consacrées aux activités dirigées qui changent des
cours magistraux avec des excursions culturelles, sorties pédagogiques…
− En ce qui concerne l'éducation physique, avancées notables : pour la première fois, des instructions
officielles intègrent l'initiation sportive à l'enseignement de l'éducation physique pour l'école
primaire. A côté de la gymnastique fonctionnelle (respiratoire, d'entretien) il y a une sorte
d'équivalence qui est faire avec les grands jeux (scouts, éperviers, balle aux prisonniers...).
→ On voit bien que dans ces finalités, les préoccupations hygiénistes de santé sont toujours présentes, mais
la santé peut passer par la pratique d'initiation sportive en lui reconnaissant une dimension
proprement éducative. Une dimension forte que le prend philosophique également avec la notion de
désir, entretenir la curiosité de l'élève.
C. Les débuts officiels du sport scolaire : de l'OSU à l'OSSU
∗ L'implantation des sports en France est liée en partie à l'initiative des élèves de grands lycées de
∗
→
∗
9 ∗
∗
Paris en se basant sur les publics schools, mais c'est avec le soutient de COUBERTIN et SAINT CLERC
que ces activités vont être structurées.
Une première intervention est en 1890 : LEON BOURGEOIS qui dans une circulaire encourage les chefs
d'établissement à soutenir des initiatives, le ministère apporte une caution pour aider les élèves à
organiser leurs activités.
La structuration de ces sociétés scolaires débouche sur un championnat de France en 1892
Mais la véritable reconnaissance officielle sera la circulaire du 13 Janvier 1923 qui crée un comité
sportif académique sous l'autorité du recteur, qui regroupe les représentations de l'instruction publique
(chefs d'établissements...) mais aussi des représentants de fédérations sportives pour établir une
organisation du sport scolaire en relation avec les fédérations.
Ces comités sportifs académiques sont très peu actifs, et finalement, ce sont les Fédérations qui vont
prendre en charge l'organisation des rencontres sportives dans le cadre de ces sociétés scolaires :
main mise des fédérations dans les années 1920 avec toutes les dérives qu'on peut imaginer (trucage de
licences...).
En 1931, l'UNEF (union national des étudiants de France), face à ces dérives et cette main mise, décide
de prendre en charge l'organisation de ces rencontres et crée l'Office du Sport Universitaire (OSU) lors
du congrès de Caen en 1931.
− L'UNEF manque de moyens et de compétences et demande dès 1932 à son ministère le soutient des
professeurs d'éducation physique qui sont formés dans les IREP.
− Ce n'est qu'en 1936 que l'UNEF obtiendra une réponse favorable du ministère avec le Front
populaire : dans sa politique de promotion de l'activité physique, il va apporter un soutient explicite
et va créer en le 23 juin1938 (JEAN ZAY) une nouvelle instance nationale : l'OSSU (Office du
Sport Scolaire et Universitaire) avec des subventions de l'état, un contrôle de l'Etat sur l'organisation
de ces manifestations et avec un conseil d'administration paritaire (représentants de l'Etat,
représentants d'étudiants, représentants d'éducations physiques et des représentants des fédérations
sportives).
Jean Zay va créee l'USEP (Union Sportive de l'Ecole Primaire) en 1938 pour étendre cette organisation
aux écoles primaires.
Conclusion :
∗ Il y a deux grandes évolutions ans l'entre-deux guerres qui vont avoir une influence sur l'éducation
physique :
• Le développement du mouvement sportif dans la société civile avec le ralliement d'une partie du
corps médical à la pratique sportive qui apporte une légitimité.
Le succès du courant pédagogique de l'école nouvelle, et l'importance de l'intérêt de l'élève qui
oriente les pédagogues vers des activités éducatives qui suscitent une adhésion des élèves. Il y a une
forme d'introduction du sport à l'école. Cette évolution de la pratique plus intensive montre qu'il y a
une évolution de la représentation collective de la notion de santé dans une approche plus
dynamique. L'exercice intensif peut être favorable à la santé sous réserve d'un certain nombre de
précautions.
• Création des IREP mais surtout la constitution d'un corps professionnel, qui vont avoir intérêt à
ce regrouper, à constituer un syndicat qui sera réalisé avant même la création des IREP, le 20
Novembre 1926 (le SNEP, syndicat national d'éducation physique) qui va regrouper 75% de la
profession. Il va donc avancer un certain nombre de revendications qui vont consister à essayer
d'obtenir un rapprochement statutaire des professeurs d'éducation physique aux autres
enseignants (alignement des salaires, légitimation et reconnaissance de l'importance de la discipline).
En 1930, étape qui marque l'influence de ce corps professionnel est l'intégration de deux
professeurs d'éducation physique au sein d'une inspection générale, pour la première fois ils sont
reconnus. Les enseignants eux-mêmes commencent à se mobiliser d'un point de vue statutaire puis
d'un point de vue pédagogique.
Le 26 Mars 1938, les professeurs d'éducation physique obtiennent l'alignement de leur traitement sur
les professeurs de dessins (corps de secondaire).
➔ Une structure ce met en place et va se pérenniser (cf schéma sur feuille)
10 2. L'éducation physique et la guerre des méthodes (1900-1939)
I.
Des méthodes en concurrence
A. L'implantation des sports anglais en France : GROUSSET- DE COUBERTIN
B. La gymnastique suédoise du docteur TISSIE
C. GEORGES DEMENŸ et la méthode rationnelle
D. La méthode naturelle de GEORGES HEBERT
II.
11 L'influence des idées eugénistes
A. Le docteur TISSIE
B. Le docteur BOIGEY
III.
Les évolutions institutionnelles de l'Education physique
A. Un rattachement institutionnel disputé
B. Les instructions officielles de l'Ecole élémentaire de 1923
C. Le règlement général de 1925
D. Le rôle des médecins dans l'organisation de la formation des professeurs d'EPS
E. Une voix divergente : GEORGES HEBERT
IV.
L'essor du sport et l'élaboration de la méthode sportive
A. Le développement remarquable du mouvement sportif
B. BELLIN DU COTEAU et la méthode sportive
C. « Le sport contre l'éducation physique » de GEORGES HEBERT
V.
L'avènement du Front populaire: vers une éducation physique et
"sportive"
A. Une mobilisation en faveur des sports et l'éducation physique
B. Les instructions officielles en 1938
C. Les débuts officiels du sport scolaire : de l'OSU à l'OSSU
Conclusion