etude d`entretien et de restauration des berges de la dordogne entre

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etude d`entretien et de restauration des berges de la dordogne entre
Etablissement Public Interdépartemental DORdogne (E.P.I.DOR)
en coordination et avec le soutien de la Communauté Européenne (FEOGA)
ETUDE D’ENTRETIEN ET DE RESTAURATION
DES BERGES DE LA DORDOGNE
ENTRE MAUZAC ET BERGERAC
Cahier de recommandations
Silène
Rapport Technique
Bureau d’études en génie de l’environnement
5, allée du Levant - “Le Rivet” - 38315 BOURGOIN-JALLIEU Cedex (France)
Document n° 99-55.3
Avril 2000
0 - TABLE DES MATIERES
1.
PREAMBULE
2
2.
RAPPEL DES DIFFERENTES INFLUENCES PHYSIQUES
DES DIFFERENTES FORMES DE VEGETATION EN RIVE
3
2.1.
2.2.
2.3.
PLANTES HERBACEES SEMI-AQUATIQUES (HELOPHYTES)
VEGETATION LIGNEUSE BUISSONNANTE ET ARBUSTIVE
VEGETATION LIGNEUSE ARBORESCENTE
3
3
3
3.
DIRECTIVES PRATIQUES D’ENTRETIEN
DES FORMATIONS VEGETALES RIVERAINES
5
MODALITES GENERALES
GESTION DES EMBACLES VEGETAUX
GESTION DE LA VEGETATION HERBACEE
GESTION DE LA VEGETATION LIGNEUSE
GESTION DES ESSENCES INVASIVES
TRAVAUX SIMPLES DE VEGETALISATION
5
6
6
8
11
12
3.1.
3.2.
3.3.
3.4.
3.5.
3.6.
2
1 – PREAMBULE
Outre l’élaboration d’un projet d’exécution sur quatre sites riverains de la Dordogne visant à
engager plusieurs chantiers d’entretien à vocation démonstrative des abords du cours d’eau,
la seconde phase d’étude confiée devait aboutir à l’élaboration d’un cahier didactique de
principes de gestion des formations végétales riveraines entre Mauzac et Bergerac.
Le présent document constitue ce second volet de la deuxième phase de la mission et
regroupe une série de directives simples et pratiques devant permettre de favoriser une
gestion équilibrée du cours d’eau et de ses formations végétales riveraines, tout en
satisfaisant au mieux le plus grand nombre d‘intérêts.
Ces recommandations et consignes sont le fruit des observations effectuées en parcourant
l’ensemble du secteur d’étude et pourront, bien entendu, être complétée à l’avenir par la
poursuite d’investigations de terrain au-delà du tronçon de cours d’eau limité par les
barrages de Mauzac et de Bergerac. S’ils ne sont cependant pas exhaustifs, les principes
énoncés au cours des pages suivantes n’en fixent pas moins des règles claires, susceptibles
de participer au développement d’une culture commune en matière de gestion des abords de
la rivière.
Fruits de l’expérience acquise, ces consignes de gestion reposent, au final, sur l’idée que la
flexibilité et réversibilité des interventions sont primordiales dans un but général de protection
des milieux, puis que toute intervention d’entretien doit être réalisée en pleine connaissance
des fonctions biologiques et techniques assurées par la végétation et ne doit en aucun cas
en restreindre les capacités.
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2 – RAPPEL DES INFLUENCES PHYSIQUES DES
DIFFERENTES FORMES DE VEGETATION EN RIVE
2.1 - PLANTES HERBACEES SEMI-AQUATIQUES
Effets positifs :
- fixation du sol à l’aide des réseaux racinaires et des rhizomes, au
dessous et au dessus du niveau d’eau ;
- formation d’un rideau perméable par les tiges aériennes, freinant par
frottement l’énergie du courants ;
- formation d’un tapis protecteur lors des crues par plaquage des tiges
aériennes au sol.
Réserves :
- l’effet protecteur des végétaux semi-aquatiques diminue lors de la
période de repos de la végétation, mis à part pour le roseau commun
qui se lignifie bien.
2.2 - VEGETATION LIGNEUSE BUISSONNANTE ET ARBUSTIVE
Effets positifs :
- fixation du sol par les réseaux racinaires, particulièrement développés
et efficaces chez les espèces pionnières du genre Salix (saules) ;
- les parties aériennes réduisent en temps de crue la vitesses du courant
par frottement et, de ce fait, sa force d’érosion ;
- contrairement à la végétation arborescente, la végétation
buissonnante, par les peignes denses que forment les tiges aériennes,
oppose une résistance souple et efficace, qui ne provoque pas trop de
turbulences.
2.3 - VEGETATION LIGNEUSE ARBORESCENTE
Effets positifs :
- stabilisation efficace de la berge par les réseaux racinaires.
Réserves :
- des troncs d’important diamètre en pied de berge et dépourvu de
végétation périphérique peuvent être à l’origine de turbulences qui
activent les phénomènes d’érosion ;
- de par leur poids et leur taille, les sujets arborescents sont
susceptibles de connaître en vieillissant des phénomènes de
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déchaussement accompagnés de phénomène d’arrachement de
matériaux de la berge (effet de bras de levier lors de grands vents) ;
- sur des talus riverains pentus, forte concurrence entre les sujets dans
la recherche de la lumière entraînant certains à se développer en
surplomb du cours d’eau.
En synthèse de ces paragraphes, il apparaît que les formations végétales riveraines
jouent des rôles positifs et de manière significative en terme :
- de dissipation de l’énergie hydraulique (essentiellement par leurs parties
aériennes) ;
- de maintien de berges et de protection contre l’érosion (armature interne de la
berge constituée par les systèmes racinaires).
Cependant, pour que l’effet global de la végétation soit largement positif, il convient
dans les secteurs où les enjeux sont importants d’en maîtriser la densité, la hauteur et
la répartition spatiale.
Le second enseignement est que la partie inférieure du talus riverain colonisée par
une végétation buissonnante et arbustive constitue le cas le plus favorable.
L’enchevêtrement très dense des réseaux racinaires forme une protection optimale.
La densité également élevée des parties aériennes, qui de surcroît sont souples,
oppose une résistance efficace aux courants lors des crues, sans provoquer de
turbulences aux conséquences malheureuses.
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3 – DIRECTIVES PRATIQUES D’ENTRETIEN
DES FORMATIONS VEGETALES RIVERAINES
En guise d’introduction et en préalable à la prescription de toute règle, il semble
important de préciser que les travaux d’entretien ou de restauration des formations
végétales riveraines aux abords de la Dordogne ne peuvent trouver leur justification,
entre les barrages de Mauzac et de Bergerac, que dans les seules volontés :
- de limiter les phénomènes d’érosion aux abords des bourgs construits et voies
publiques ou cheminements existant en rive ;
- de limiter la prépondérance et le développement des essences invasives
(xénophytes) en bordure de cours d’eau;
- de favoriser une plus grande typicité des formations végétales riveraines dans un
souci à la fois écologique et de mise en valeur paysagère ;
- de « rattraper » des travaux de gestion malencontreux des abords du cours d’eau ;
- de valoriser l’insertion paysagère des fronts bâtis sur la Dordogne ;
- de prévenir la formation éventuelle d’embâcles végétaux dérivant (bois flottant).
En dehors de la poursuite de ces objectifs, toute intervention serait vraisemblablement
inopportune et susceptible de remettre en cause l’évolution naturelle des milieux biologiques
riverains.
3.1 - MODALITES GENERALES
-
Lors de la réalisation de travaux forestiers, l’ensemble des produits de coupe doit être
rassemblé et stocké en recul du cours d’eau puis exporté ou brûlé sur place. En aucun
cas les résidus de fauche ou produits de coupe ne doivent être laissés à l’abandon en
rive. Outre la production de bois flottant à laquelle peuvent conduire les branchages
dérivant, il est important de rappeler que ce type de substrat ne peut permettre à une
végétation naturelle adaptée de se développer et d’exercer pleinement son rôle de
protection et stabilisation des berges. Au contraire, ce genre de matériaux, sans
cohésion, stérilise le sol et favorise le développement d’une végétation généralement de
décombres et d’essences rudérales.
-
Hormis la dévitalisation de souches d’essences indésirables, l’usage de produits
phytosanitaires doit être proscrit en raison du manque de contrôle de ces produits dans
l’environnement, la proximité de l’eau ajoutant un facteur de dispersion et de transport
rapide.
-
Les opérations d’entretien des formations végétales riveraines doivent respecter une
période propice correspondant à la période de repos de la végétation, s’étendant
globalement entre les mois de septembre et d’avril.
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-
Privilégier une programmation des travaux par étape, hiérarchisée dans le temps, en
évitant de conduire une action d’entretien de la ripisylve sur un trop grand linéaire en une
seule fois afin de ne pas bouleverser et appauvrir définitivement le milieu.
3.2 - GESTION DES EMBACLES VEGETAUX
-
Seuls les troncs, arbres et souches, entravant considérablement les écoulements et
pouvant être assimilés à un risque d’érosion accrue doivent être évacués. Ceux, souvent
de faible incidence hydraulique, bien ancrés, induisant une diversification des paramètres
physiques des écoulements (hauteur d’eau, vitesse, etc.) ou contribuant à la stabilité du
lit par leur présence, doivent être conservés car ils favorisent la diversité du milieu et
créent des conditions d’habitat propices au développement de la faune aquatique. Ils
peuvent, enfin, jouer un rôle bénéfique en période de crue en favorisant le piégeage des
matériaux transportés par l’eau.
-
On veillera à éviter l’élagage systématique des branches se développant en surplomb ou
au plus proche du fil d’eau dans l’objectif de préserver l’attractivité du milieu pour les
populations notamment piscicoles (régulation de la quantité de lumière qui pénètre dans
l’eau ; régulation de la température de l’eau ; source de matière organique colonisée par
des peuplements d’invertébrés aquatiques, eux-mêmes consommés par des prédateurs
tels que les poissons ; source de nourriture, en outre, pour les peuplements piscicoles
par la masse d’insectes qu’ils attirent).
3.3 - GESTION DE LA VEGETATION HERBACEE
-
De manière générale, les travaux de tonte ou de fauche des formations herbacées aux
abords du cours d’eau doivent être proscrits car ils amenuisent l’effet protecteur de ce
tapis végétal vis à vis des courants et phénomènes de ruissellement.
-
Lorsque la destination des terrains riverains ou certains usages spécifiques les imposent
(abords de fronts bâtis, abords de route et chemin piéton, camping ou espace public en
bord d’eau, etc.), on veillera à ne mener ces types d’intervention que deux (première
quinzaine de juin, seconde quinzaine de septembre) à trois fois l’an (mi-mai, fin juin,
début septembre) lorsque les terrains sont soumis à un piétinement régulier afin de ne
pas amoindrir les capacités de protection du sol de ces plantes.
-
Lorsqu’il est souhaité de maintenir un talus riverain ou une portion de rive ouverte, c’est à
dire exempte de tout végétaux ligneux, un minimum d’une fauche annuelle est
nécessaire. Afin de ne pas favoriser une repousse trop importante et par respect des
cycles biologiques de la faune et de la flore locale, une intervention tardive (début
septembre) sera privilégiée.
-
En aucun cas, les travaux de tonte ou de fauche de la strate herbacée ne doivent
être effectuées jusqu’au pied de berge : une frange de végétation se développant
naturellement au contact du niveau moyen des eaux sur une bande de un à deux
mètres doit être conservée.
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Figure 1 : Les essences herbacées protègent les berges des phénomènes de
sapement et de lessivage induits par les courants en formant
notamment un revêtement dense et protecteur par plaquage des tiges
aériennes contre le sol .
-
Lors de toute fauche de formations herbacées (même lorsqu’elle s’effectue sur la
seule emprise d’un chemin à proximité du cours d’eau), l’ensemble des produits
de coupe doit être ramassé et évacué.
-
Tout secteur mis à nu lors d’intervention en bordure de cours d’eau doit être
immédiatement l’objet d’un ensemencement au moyen d’un mélange grainier adapté afin
de ne pas favoriser la venue rapide d’essences indésirables (xénophytes) ou rudérales.
Figure 2 : Les interventions de débroussaillage brutales aux abords du cours
d’eau non suivies de travaux d’ensemencement et de plantation des
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surfaces mises à nues et accompagnées d’actions de dépôt des déchets
de coupe sur le talus riverain doivent être proscrites.
3.4 - GESTION DE LA VEGETATION LIGNEUSE
-
Dans le cas de talus riverain relativement pentus, les arbres situés en pied de berge et
dépourvus de végétation périphérique herbacée ou buissonnante capable d’amoindrir les
remous autour des troncs en période de crue, doivent être tronçonnés à la base si leur
éventuel déracinement peut entraîner la mise en péril de biens particuliers et de valeur.
-
Si les essences à port arbustif ou buissonnant doivent être privilégiées en partie basse
des talus riverains, éventuellement en favorisant, de manière réfléchie et en certains
secteurs, le tronçonnage à la base et au plus proche du sol des sujets ligneux arborés et
d’essences indigènes susceptibles de rejeter de souche (saules, aulne, etc.), on veillera
à éviter toute intervention de recépage systématique des arbres sur le talus riverain afin
de participer à la diversification des âges et des strates végétales.
Figure 3: Banalisation des abords du cours d’eau et perte de diversité dans les
âges des sujets ligneux et strates végétales à la suite de travaux de
recepage complet et en une seule fois des arbres en rive.
-
Les travaux de débroussaillage ou de coupe d’éclaircie aveugles, visant à nettoyer
un boisement riverain ou mettre à nu un secteur riverain doivent être bannis. De
telles interventions appauvrissent en effet le milieu naturel, exposent
généralement le talus des berges à de plus vifs problèmes d’érosion, entraînent la
disparition de sources de nourriture et de refuge pour la faune terrestre, diminuent
le rôle de frein aux courants joué par la végétation riveraine et conduisent à une
progressive banalisation des paysages d’abords de cours d’eau en leur donnant
un caractère de « jardin public ». Ils entraînent en outre l’élimination des jeunes
ligneux qui pourraient à terme se substituer aux plus vieux sujets. Qui plus est, de
tels travaux s’avéreront avec le temps tout à fait malheureux car ils favoriseront
sans nul doute, sur ces surfaces en friche, l’installation et la prolifération des
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essences indésirables (xénophytes) qui colonisent actuellement les abords de la
Dordogne.
-
Lorsqu’un travail de coupe sélective doit être mené à travers les boisements riverains, on
privilégiera l’élimination par tronçonnage à la base et la dévitalisation des souches des
essences non indigènes et non typiques des formations végétales riveraines, en veillant
à ne pas trop éclaircir le milieu.
-
Les arbres présentant des risques de déchaussement et de chute doivent être
généralement éliminés par tronçonnage à la base, notamment en partie basse de la
berge. Leur souche doit être alors découpée et façonnée de manière à n’offrir
aucune possibilité de prise aux courants. Dans le cas de risque de glissement ou
d’effondrement d’une partie des matériaux du coteau ou talus riverain dû au poids
ou à la position défavorable d’arbres, il ne sera procédé à un tronçonnage à la
base à titre préventif que lorsqu’il existe de réels enjeux (risque de déstabilisation
d’une voie publique, d’une construction en surplomb, etc.), ces phénomènes
d’effondrement représentant une source de diversification du lit de la Dordogne.
Dans tout les cas de figure, seuls les sujets ligneux se développant au niveau
même et en amont immédiat des cicatrices d’arrachement se dessinant à flanc de
talus seront tronçonnés.
Figure 4 : Phénomène d’effondrement du talus riverain (sans enjeu vis à vis de
l’occupation et des activités humaines) à l’origine d’une diversification
de la morphologie du lit et par là même des écoulements en période de
crue.
-
Le dessouchage d’arbres est une pratique qui ne doit s’effectuer que de manière
ponctuelle et si cela ne remet pas en cause la stabilité du talus riverain. L’arasement des
souches pouvant provoquer des turbulences est, quant à lui, impératif. Ces coupes
doivent être alors franches puis effectuées au plus proche du sol et parallèlement à la
pente du talus.
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Phénomènes de tourbillons érosifs
Niveau de crue
Niveau moyen des eaux
Coupes inappropriées
Arasement des souches au ras du sol
et de manière parallèle à la pente
Niveau de crue
Niveau moyen des eaux
Coupes appropriées
Figure 5 : Coupe d’abattage en pied de berge.
-
De manière générale, l’élagage ou la taille des sujets ligneux est tout à fait inutile. De
telles interventions annihilent l’effet protecteur des tiges aériennes lors des crues et
diminuent la capacité des végétaux buissonnants ou arbustifs à freiner les courants par
leur rôle de peigne.
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Figure
6:
Exemple
de
travaux
de
coupe
et
d’élagage
participant
à
l’appauvrissement et à la banalisation du milieu riverain.
3.5 - GESTION DES ESSENCES INVASIVES
-
De manière générale, le développement de xénophytes ou essences indésirables aux
abords de la Dordogne telles que les renouées du Japon et de Sakhaline, le buddleja de
David, l’ailante, la phytolaque d’amérique, le robinier faux acacia, l’érable negundo ou
encore les cultivars de peupliers, doit être contrôlé car elles représentent des concurrents
imbattables face à la flore indigène qui s’étiole et meurt au rythme de leur progression.
Parce qu’elles ont aujourd’hui colonisées d’importantes surfaces en rive, leurs
peuplements ne pourront être totalement éradiqués sur l’ensemble des secteurs où elles
se sont implantées. Leur expansion doit cependant être surveillée et les sujets
disséminés ou foyers de taille réduite éliminés.
-
En ce qui concerne les essences ligneuses, les sujets doivent être non seulement
abattus mais leur souche dévitalisée à l’aide d’un produit à base de glyphosates (agréé
dans le cadre de la protection des milieux aquatiques) appliqué en badigeon. Afin de
s’assurer de la réussite d’une telle intervention, celle-ci devra être menée en période de
sève descendante, soit entre les mois de septembre et mars.
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Figure 6 : Exemple d’un secteur où il est possible de lutter par tronçonnage à la
base et dévitalisation des souches contre la prolifération des érables
negundo (feuillage jaune sur le cliché) afin de préserver la diversité des
formations végétales riveraines.
-
En ce qui concerne les espèces herbacées telles que les renouées du Japon et de
Sachaline, le fauchage ou l’arrachage manuel des massifs doit être nécessairement
accompagné d’un dégrappage à l’engin sur une profondeur de 40 à 50 cm, d’un brûlage
des résidus de fauche et d’une évacuation des rhizomes dégrappés dans un lieu
d’incinération ou de décharge approprié.
-
Lors d’intervention sur des superficies importantes, l’élimination des foyers d’essences
indésirables devra être accompagnée de travaux de revégétalisation appropriés
(ensemencement, mise en place de boutures de saules ou/et plants d’essences
indigènes adaptées après couverture éventuelles des surfaces travaillées par un treillis
de géotextile biodégradable).
-
Afin de lutter efficacement contre la prolifération des xénophytes, les dépôts de déchets
existant en rive (produits de coupe, gravats, etc) parce qu’ils stérilisent les sols et
favorisent, plus que tout autre support, leur venue et développement devront être
nettoyés et proscrits à l’avenir.
3.6 - TRAVAUX SIMPLES DE VEGETALISATION
-
Dans le cas de berge mise à nu ou dans un souci de diversification du milieu, il est
essentiel de mener des actions de revégétalisation au moyen d’ensemencement et de
plantation de boutures et de jeunes plants d’essences indigènes adaptées, en s’inspirant
de la zonation naturelle des formations végétales riveraines. D’après la nature des
abords de la Dordogne, de nombreuses essences ripicoles peuvent être favorisées et
notamment (liste non exhaustive) :
Alnus glutinosa
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Aulne glutineux
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Acer campestre
Acer platanoïdes
Cornus sanguinea
Corylus avellana
Crataegus monogyna
Evonymus europaeus
Fraxinus oxyphilla
Juglans regia
Ligustrum vulgare
Mespilus germanica
Ulmus minor
Prunus avium
Prunus spinosa
Quercus robur
Salix alba
Salix atrocinerea
Salix cinerea
Salix purpurea
Salix triandra
Salix viminalis
Sambuscus nigra
Sorbus torminalis
Tilia Cordata
Tilia Platyphyllos
Viburnum opulus
[…]
Erable champêtre
Erable plane
Cornouiller sanguin
Noisetier
Aubépine
Fusain
Frêne oxyphylle
Noyer commun
Troène
Néflier
Orme champêtre
Merisier
Prunellier
Chêne pédonculé
Saule blanc
Saule roux
Saule cendré
Saule pourpre
Saule à trois étamines
Saule des vanniers
Sureau noir
Alisier torminal
Tilleul à petite feuille
Tilleul à grande feuille
Viorne obier
-
Les plantations de sujets ligneux se feront en mélange, de manière à produire une
couverture végétale diversifiée au niveau des essences.
-
Les actions de bouturage doivent respecter des règles précises afin de connaître une
reprise optimale des végétaux. Ainsi, une bouture est un segment de branche (‡2 à 4
cm, longueur t 80 cm) ayant la capacité de rejeter (saules,…) que l’on plante isolement
ou en groupe et qui, en poussant, forme un nouveau buisson ou un nouvel arbre. Une
bouture doit être enfoncée (bourgeons dirigés vers le ciel) dans un trou préparé au
préalable à l’aide d’une pointe en métal (barre à mine) d’un diamètre légèrement plus
petit que le segment de branche. Une fois en terre, un peu moins du quart de sa
longueur doit dépasser à l’air libre et l’extrémité de la bouture doit être coupée
proprement (coupe nette), afin que son développement soit le meilleur possible. Si, en un
endroit, l’écorce a été abîmée ou écrasée lors de l’enfoncement, aucun rejet ne pourra se
développer de ces cicatrices.
Le prélèvement des boutures doit être fait effectué entre fin septembre et fin mars, durant
la période de repos de la végétation, de manière à ce que leur mise en place puisse
s’effectuer aussitôt le prélèvement réalisé.
-
La plantation de jeunes plants doit favoriser l’utilisation d’arbustes en racines nues, d’une
hauteur comprise entre 60 et 90 cm, issus de pépinières où ceux-ci auront été élevés en
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pleine terre et où les tailles de formation auront respecté le développement et le port
naturel d végétal.
-
L’ensemencement des berges mises à nu est incontournable. Il a pour but
d’immédiatement protéger la couche superficielle des sols des érosions de surfaces dues
à la pluie et au ruissellement, mais aussi de concurrencer les espèces indésirables et
plantes nitratophiles dans l’attente de la reprise des végétaux ligneux. Outre l’effet
protecteur de leur réseau de tiges aériennes qui, souples, se plient sur la berge au
passage de l’eau, certaines herbacées disposent de système racinaire relativement
profond et performant leur attribuant un rôle stabilisateur.
En vue d’obtenir une reprise optimale du mélange grainier semé, il est essentiel de faire
appel à des mélanges composés d’une relative diversité d’espèces (minimum 10) et, qui
plus est, de ne pas appliquer de mélanges composés à 100% de graminées.
L’introduction d’un certain pourcentage (entre 5 et 10%) de légumineuses renforce les
capacités techniques de protection. Le respect de cette règle se traduit notamment par
une meilleure couverture au sol des herbacées et un pouvoir stabilisateur plus
performant.
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