Les cousins germains de Plick et Plock

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Les cousins germains de Plick et Plock
Les cousins germains de Plick
et Plock
Beaucoup moins connu que les autres albums de Christophe
(Fenouillard, Camember et Cosinus), Les Malices de Plick et
Plock (1893-1904) s’adresse à des enfants plus jeunes que ces
derniers. François Caradec regrette que les aventures de
ces deux lutins, qui s’ingénient à faire des farces dont ils
sont du reste les premières victimes, soient si mal connues :
« Ici point de jeux de langage sinon ceux que se permettent
les auteurs de contes de fées (c’en est un), point d’allusion
à des études que n’ont pas ou à peine commencées les enfants.
(…) Plick et Plock réalisent avec une louable constance toutes
les bêtises dont rêvent les enfants. Ils touchent à tout,
tripotent et brisent ce qu’ils approchent, enfreignent tous
les petits tabous de l’enfance. Les Malices de Plick et Plock,
ces nains, ces inférieurs auxquels s’identifient les derniersnés, constituent une véritable pompe à défouler ((François
Caradec, Histoire de la Littérature enfantine en France,
Albin Michel, 1977, p.199-200.)) ». Une véritable pompe…
L’expression ne pouvait pas mieux se prêter à ces deux lutins
quand on connaît les précédentes apparitions de cette faune
féérique dans le Fliegende Blätter, dès 1884, soit dix ans
avant ceux de Christophe :
« Ein Schreckschutz », Fliegende Blätter, vol. 80, n° 2006, 1884. Source : Universitätsbibliothek
Heidelberg – digi.ub.uni-heidelberg.de
Cette planche anonyme intitulée « Ein Schreckschuß » (Coup de
semonce) n’est pas sans rappeler le tout premier épisode des
Malices de Plick et Plock paru dans Le Petit Français du 23
décembre 1893 :
Christophe, Les Malices de Plick et Plock, Le Petit Français n° 252, 23 décembre 1893. Source :
gallica.bnf.fr
A partir de 1885, Lothar Meggendorfer, que nous avons déjà
rencontré ici pour ses personnages en fil de fer, signe
plusieurs planches mettant en scène des gnomes facétieux :
Lothar Meggendorfer, « Die schlauen Zwerge », Fliegende Blätter, vol. 82, n° 2080, 1885.
Source : Universitätsbibliothek Heidelberg – digi.ub.uni-heidelberg.de
Lothar Meggendorfer (1847-1925), illustrateur et écrivain né à
Munich, signa plus d’une centaine de livres pour enfants. Mais
il est surtout connu aujourd’hui pour ses ingénieux livres à
système et à transformations
((A ce sujet, voir Kristin
Knipschild, « Movable magic », Friends of the Library
Magazine, University of Wisconsin-Madison, 2006, p. 8-11. Des
livres à systèmes de Meggendorfer ont été numérisés sur le
site de la Stichting Geschiedenis Kinder- en Jeugdliteratuur :
http://www.hetoudekinderboek.nl/beweegbare%20boeken/Lothar%20m
eggendorfer.htm.)). Il participa aux revues Fliegende Blätter
et Münchener Bilderbogen mais aussi au Chicago Tribune en
1906 ((Le rédacteur en chef du Chicago Tribune, James Keeley,
fit un voyage en Europe en 1906 et embaucha des dessinateurs
allemands pour réaliser le supplément dominical de son journal
: Lothar Meggendorfer donc, mais aussi Karl Pommerhanz, Victor
Schramm, August von Meissl et surtout Lyonel Feininger. A ce
sujet, voir : Eckart Sackmann, « Das amerikanische Abenteuer
», Deutsche Comicforschung 2005, Comicplus+, 2004, p.
22-30.)). Meggendorfer créa également sa propre revue Die
Meggendorfer Blätter (1888-1944)dans laquelle se retrouvent
aussi ses lutins.
On remarquera combien les lutins de Meggendorfer, parfois
prénommés Lack et Luck, ressemblent en tous points à ceux de
Christophe. De plus, l’auteur de Plick et Plock reprend sans
vergogne les histoires sans paroles de l’Allemand :
« Das Katzerl und der Kobold », Fliegende Blätter, vol. 88, n° 2322, 1888.
Source : Universitätsbibliothek Heidelberg – digi.ub.uni-heidelberg.de
Christophe, Les Malices de Plick et Plock, épisode « C’est encore ce maudit chat ! », Armand Colin, 1904,
p. 39-41.
Un autre exemple de cette entreprise de « véritable pompe »
nous est donné avec cette histoire de château de cartes :
Lothar Meggendorfer, Die Gnomen und das Kartenhaus by Topfferiana
Lothar Meggendorfer, Die Gnomen und das Kartenhaus.
Extrait de Die Gnomen und das Kartenhaus. Das
lüsterne Wildschwein.
Der brave Karo : drei lustige Geschichten / von Lothar Meggendorfer. Mit Versen von Franz Bonn
.
Braun &
Schneider, München, [1910, La première édition a été publiée en 1893]. Source : Digitale Bibliothek
Braunschweig
Christophe, Plick et Plock, Château de cartes by Topfferiana
Christophe, Les Malices de Plick et Plock, épisode « Châteaux de cartes », Armand Colin, 1904, p.
185-187.
Nous n’avons pu consulter que quelques-unes des publications
de Meggendorfer et il existe sans doute d’autres cousins
germains de Plick et Plock.
En prime : Plus de lutins !
Ci-dessous d’autres histoires en images de l’Allemand mettant
en scène des lutins :
– « Aus dem Lagebuch des Gnomen Lugenschüppel », Fliegende
Blätter, vol. 87, n° 2189, 1887.
– « Bestraste Zudringlichkeit », Fliegende Blätter, vol. 89,
n° 2265, 1888.
– « Bilder ohne Worte », Meggendorfer Humoristische Blätter,
1890.
Lothar Meggendorfer, « Die Seifenblasen », Münchener Bilderbogen, n° 907, 1886.
Avant d’être publié en album par Armand Colin en 1904, Les
Malices de Plick et Plock ont paru dans Le Petit Français
illustré en 55 feuilletons, de façon ponctuelle entre 1893 et
1904. Une quarantaine de ces livraisons sont consultables sur
Gallica ((La version album de Plick et Plock est consultable
dans son intégralité sur le site de Pierre Aulas.)) :
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n° 252, 23 décembre 1893
n° 255, 13 janvier 1894
n° 293, 6 octobre 1894
n° 305, 29 décembre 1894
n° 407, 12 décembre 1896
n ° 412, 16 janvier 1897
n° 448, 25 septembre 1897 : « Les gnomes et la pomme »
n° 449, 2 octobre 1897 : « La pomme moralisatrice »
n° 450, 9 octobre 1897 : « Un drame dans la cave »
– n° 458, 4 décembre 1897 : « Plick et Plock font des
efforts vers le bien »
– n° 473, 19 mars 1898 « Plick et Plock ont du vague à l’âme
»
– n° 474, 26 mars 1898 : « Les dangers de la curiosité »
– n° 476, 9 avril 1898 : « Les dangers de la curiosité
(suite) »
– n° 477, 16 avril 1898 : « Les dangers de la curiosité
(fin) »
– n° 509, 26 novembre 1898 : « Une impudence de Plick et
Plock »
– n° 510, 3 décembre 1898 : « Une impudence de Plick et
Plock (suite) »
– n° 19, 7 avril 1900 : « Quelle est cette parole magique ?
»
– n° 25, 19 mai 1900 : « Plick et Plock et les artilleurs »
– n° 28, 9 juin 1900 : « Plick et Plock et l’abeille »
– n° 32, 7 juillet 1900 : « Plick et Plock et la tabatière »
– n° 35, 28 juillet 1900 : « Du danger qu’il y a à fouiller
dans les armoires »
– n° 119, 8 mars 1902
– n° 121, 22 mars 1902
– n° 126, 26 avril 1902
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– n° 175, 4 avril 1903
– n° 176, 11 avril 1903
– n° 180, 2 mai 1903
– n° 212, 19 décembre 1903
– n° 213, 26 décembre 1903
– n° 215, 9 janvier 1904 : « Fin »

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