My life in the bush of ghosts

Transcription

My life in the bush of ghosts
Brian Eno + Talking Heads :
My life in the bush of ghosts (1981)
Disque vynil : février 1981 ; ré-édité en CD en mars 2006
My life in the bush of ghosts : album composé en studio en
1979 et 1980, par Brian Eno et David Byrne (Talking
Heads). Inspiré par une nouvelle éponyme du Nigérien
Amos Tutuola, lue en 1952 (publiée à Londres en 1954).
Morceaux :
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Effectifs :
Side One:
"America Is Waiting" (arr. Eno, Byrne, Bill
Laswell, Tim Wright, & David Van
Tieghem) [3:36]
"Mea Culpa" [3:35]
"Regiment" (Eno/Byrne/Busta Jones) [3:56]
"Help Me Somebody" [4:18]
"The Jezebel Spirit" [4:55]
Side Two:
"Qu'ran" [3:46]
"Moonlight In Glory" [4:19]
"The Carrier" [3:30]
"A Secret Life" [2:30]
"Come With Us" [2:38]
"Mountain of Needles" [2:35]
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• David Byrne and Brian Eno - guitars, basses,
synthesizers, drums, percussion, found
objects
• John Cocksey - drums
• Chris Frantz - drums
• Dennis Keeley - bodhran
• Mingo Lewis - bata, sticks
• Prairie Prince - can, bass drum
• Jose Rossy - congas, agong-gong
• Steve Scales - congas, metals
• David van Tieghem - drums, percussion
• Busta Jones - bass
• Bill Laswell - bass
• Tim Wright - click bass
• Rooks on "Help Me Somebody" courtesy April
Potts, Eglingham Hall
Emprunts vocaux :
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Side One
"Unidentified indignant radio host, San Francisco, April 1980."
"Inflamed caller and smooth politician replying, both unidentified. Radio call-in show, New York, July
1979."
"Dunya Yusin, Lebanese mountain singer. (From The Human Voice in the World of Islam, Tangent
Records TGS131)"
"Reverend Paul Morton, broadcast sermon, New Orleans, June 1980."
"Unidentified exorcist, New York, September 1980."
Side Two
"Algerian Muslims chanting Qu'ran. (Same source as 3 (Tangent Records, above))"
"The Moving Star Hall Singers, Sea Islands, Georgia. (From The Moving Star Hall Singers, Folkways
FS 3841). Produced by Guy Carawan."
"Dunya Yusin. (See 3 (Tangent Records, above))"
"Samira Tewfik, Egyptian popular singer. (From Les Plus Grandes Artistes du Monde Arabe, EMI)."
"Unidentified radio evangelist, San Francisco, April 1980."
Au début des années 70, Brian Eno joue avec Roxy Music. Il apporte des idées révolutionnaires
en matière d’utilisation des synthés et des techniques d’enregistrement. On lui attribue la
paternité du sample et de l’ambient music.
En 1979, Brian Eno est très intéressé par les chants d’Afrique du Nord, dans lesquels les
mélismes vocaux apportent des informations redondantes, ajoutent de la variété et de la couleur à
la conversation. Il imagine que ces dialectes sont déjà de la musique. Il s’intéresse au timbre luimême, plutôt qu’à la mélodie ou qu’au signifiant.
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Il utilise :
- la collection de disques du label français Ocora (nombreuses publications en 1979),
- « Music in the world of Islam », 6 disques vynil LP enregistrés par Jean Jenkins et Poul
Rovsing Olsen, paru en 1976
- des voix enregistrées au téléphone,
- des émissions de radio
Ses motivations sont :
- utiliser du matériau sonore déjà existant,
- rendre l’ordinaire intéressant,
- trouver la musique là où elle n’est pas supposée être,
- utiliser un matériau pré-existant et l’insérer dans un autre contexte, afin d’en changer le
sens, la perception : le contexte permet d’amplifier certains aspects du sens.
Cette démarche s’inscrit dans l’histoire :
1920 : Kurt Schwitter : Ur Sonata, poème sonore
d’ailleurs remixé par Brian Eno en 1978 sous le titre : Kurt’s Rejoinder
1948 : Paris, Pierre Schaeffer invente la musique concrète, en utilisant des machines qui
enregistrent le son sur disque, puis les rejouent, les transforment…
expérience du sillon fermé
1951 : John Cage (USA) compose Imaginary Landscape #4 pour 12 radios et deux interprètes
qui en contrôlent les paramètres
1965 : Steve Reich : It’s gonna rain : mise en boucle de la voix d’un prêcheur pentecotiste ou
come out, voix d’un manifestant battu par la police à Harlem en 1964
1966 : Karlheinz Stockhausen : Telemusic : collages de musiques indigènes d’Afrique,
d’Amazonie, de Hongrie, de Bali et du Japon. KS déclare : « je souhaitais aller plus loin dans
l’écriture ; ce n’est pas ma musique, mais la musique du monde entier, de tous les pays et de
toutes les races ».
Voir aussi : Gavin Bryars, Georges Adams
Idée fantasque de réaliser une série d’enregistrements basés sur une culture imaginaire et de les
faire circuler.
… des auteurs plus ou moins visibles…
Travail collaboratif entre Talking Heads et Brian Eno.
Les voix venues d’ailleurs évitaient la concurrence entre les divers chanteurs du groupe.
Travail en studio :
- boites en cartons en guise de pied de grasse caisse (kick drum),
- poile à frire en guise de caisse claire
- boîtes à biscuit en guise de caisse claire,
- guitares basses utilisées comme instruments de percussion,
- et tout ce qui pouvait traîner sous la main…
À l’époque : pas d’échantillonneur, pas de séquenceur MIDI, pas de studio numérique
Deux magnétophones qui tournent simultanément avec des boucles, des matériaux, des voix…
Après divers essais, avec un peu de chance, cela finissait par marcher et la prise était faite.
Aucune correction de temps ou de hauteur, comme dans les studios modernes… juste du temps,
du travail, des essais multiples…
Travail avec des mini-cassettes, bafouant les conventions de la haute-fidélité.
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Certaines voix semblent sorties de mégaphones, comme une transmission venue d’une planète
désespérée.
La construction repose sur le hasard et non pas sur l’intention musicale :
« Certaines pistes généraient de véritables réactions émotionnelles (à nos yeux) : C’était comme
si le « chanteur » répondait véritablement à la musique et vice-versa. »
En Occident, le lien causal entre l’auteur et l’interprète est très fort. Compositeur et interprètes
sont considérés comme responsables des émotions. Mais la musique aussi est responsable des
émotions !
Grâce au studio, on peut faire de la musique avec des chants que l’on a pas écrit, avec des sons
qui n’ont pas été fabriqués par un instrument.
…
Cette musique ne peut pas être jouée (ou rejouée) sur scène.
Cette démarche soulève la question de l’authenticité.
La musique est-elle plus réelle parce que le musicien apparaît sur scène ?
La musique en direct est-elle plus réelle que la musique enregistrée ?
Il y a aussi la question des emprunts et citations.
Cette question a été résolue 15 ans plus tard avec la musique électronique ou les artistes du
courant Hip Hop (plusieurs auteurs, collages, artistes invités, bricolages, citations…)
A sa sortie, le disque génère la confusion, essuie de nombreuses critiques et se voit refuser
certains droits. Certains morceaux devront être retirés.
www.bush-of-ghosts.com offre les 24 pistes de 2 chansons à télécharger et à remixer.
Sources :
Extraits de la pochette du CD / traduction : BM.
www.wikipedia.fr
ENO%20Bush%20of%20Ghosts/My_Life_in_the_Bush_of_Ghosts_(album).html
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