museum 02.03 - Musée des Confluences

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museum 02.03 - Musée des Confluences
Département du Rhône - Muséum, Lyon
LA
COLLECTION DES PALETTES PRÉDYNASTIQUES ÉGYPTIENNES
DU
MUSÉUM (LYON)
Étude des objets (traces de fabrication et d’utilisation) et présentation des palettes et
du fard prédynastiques dans leur contexte historique, archéologique, social et funéraire
Nathalie BADUEL*
RÉSUMÉ
L’étude des palettes à fard prédynastiques du Muséum
permet plusieurs types d’analyses : sur la technique de
fabrication, sur les traces d’utilisation consécutives au
broyage des pigments, et sur la présence ou non d’un
dépôt de matière. L’étude technique montre que la
réalisation des palettes ne répondait pas à des règles
strictes ; l’épaisseur, les dimensions, le traitement des
surfaces, des bords et de la décoration sont variés. Les
traces d’usinage final n’ont pas été masquées et leur
état de conservation dépend du degré d’utilisation de
l’objet. Les palettes sont fonctionnelles sur les deux
faces et les traces de broyage sont caractérisées par
des petites cupules (piquetage) et des stries d’écrasement du minéral. Des vestiges de pigments sont souvent rencontrés : pigment vert à base de minerai de
cuivre, pigment rouge (ocre, hématite ou limonite), ou
pâte blanche à brune malaxée au doigt (traces d’empreintes digitales) sur la surface de la palette. En
dehors des traces de pigment ou de broyage, des vestiges d’usure par suspension sont observables dans les
trous parfois prévus à cet effet et indiquent que l’objet
était conçu non seulement pour la peinture corporelle
mais également comme un objet de parure destiné à
être porté sur l’individu qui en était le dépositaire.
Nous savons maintenant grâce aux actuelles fouilles
du site d’Adaïma que ces objets, longtemps considérés comme uniquement funéraires, sont avant tout
caractéristiques du monde des vivants. L’étude de leur
contexte archéologique dévoile qu’ils sont identitaires
et se rapportent à la peinture corporelle et à toute une
symbolique complexe qui diffère en fonction de la
couleur utilisée.
La palette à fard évoluera jusqu’à devenir le support
d’une iconographie en rapport étroit avec la propagande royale. Les palettes ornées, bien plus qu’un
ABSTRACT
The study of the slate cosmetic palettes of the
Museum allows more than one piece of analysis :
about technique of manufacture, about traces of utilization resulting from grinding pigments, and about the
presence or not of a deposit of substance. The technical analysis reveals that the realization of palettes did
not respond to precise rules : the thickness, the size
and the treatment of the surface, of the edges and of
the decoration are diversified. The traces of final
manufacturing were not hidden and their state of preservation is subordinate to the utilization degree of the
objects. The palettes are functional on the two faces
and the grinding traces are characterized by small
cupules (staking out) and scratches of mineral crushing. Remains of pigments are frequently observed :
green pigment from copper ore, red pigment (hæmatite, ochre or limonite), or white or brown paste mixed
with fingers on the surface of the palettes (traces of
thumb-prints). Beyond the pigment or grinding traces,
remains of wear by suspension are sometimes observed in the holes allowed for that purpose and reveal
that the palette was conceived not only for tegumentary paint but also like an adornment intended to be
weared on the individual.
Actually, we know thanks to the current excavatings
and discoveries at el Adaïma that palettes, considered
since a long time only as funerary objects, are characteristic of the lifetime world. The study of their
archaeological context reveals that they are protective
and identification objects. They relate to tegumentary
paint and to a many-side symbolic which differs in
function of the colour used.
Slate palette evolved so far to become the support for
an iconography closely linked to the royal propaganda. Those adorned palettes, being far more than a
Photos : Patrick Ageneau-Muséum.
*Doctorante à la Maison de l’Orient, Université Louis Lumières Lyon II.
Cahiers scientifiques - Département du Rhône - Muséum, Lyon - N° 9 (2005)
5
p. 5-63
Cahiers scientifiques n° 9
Centre de Conservation et d'Etude des Collections
support, signent avant tout la mort d'un groupe d’individus investis d'un certain pouvoir récupéré par la
monarchie naissante. L’intérêt de ces objets porte
ainsi bien au-delà du simple maquillage, d’autant plus
qu’un certain nombre seulement d’individus en possédaient. L’utilisation de pigment fait référence à
toute une gamme d’interprétation : prophylaxie,
médecine, protection fonctionnelle ou magique ; la
palette s’avère être bien plus qu’un simple outil et
l’acte même de broyer a été valorisé. Elle se définit
comme une marque individuelle et sociale. Les objets
qui lui sont directement associés dans les sépultures et
les décorations qu’elles présentent indiquent que leur
fonction est en relation avec la pratique de la magie.
La palette et le fard expriment des notions directement liées au système social, magico-religieux et
politique de la communauté. Bien plus qu’un outil, la
palette est un objet de culture en lui-même, écartant
une unique interprétation fonctionnelle. Esthétique,
médecine, prophylaxie, magie et pouvoir sont autant
de relectures possibles des significations anciennes.
mere support, show the end of life of a group of
individuals whose granted power has been taken over
by the arising monarchy. Therefore, the importance of
those objects goes much beyond their use in makingup, all the more since only a limited number of people would own them. The use of pigments refers to a
whole range of significance : disease prevention,
medicine, functional or magical protection ; the palette happens to be far more than a simple tool and the
very use of grinding has been highlighted. It is defined as both an individual and a social indicator. These
objects wich are closely related to it in the burial places and the adornments that are shown suggest that
there is a connection between their function and the
pratice of magic.
Through the palette and the paint, the notions that are
expressed have a direct link to the social, magical/religious and political system of the community. Far
more than a tool, the palette is a cultural object, dismissing the idea of an exclusively functional signifiance. Through aesthetics, medicine, prophylaxis,
magic and power, there are different potential ways of
interpreting ancient forms of significance.
Mots clés : palettes, fard, peinture corporelle prédynastique
Keywords : Palettes, eye paint, predynastic tegumentary paint
(basalte ?), plus récent que les autres, toutes les palettes sont taillées dans la même roche, la grauwacke1,
matière première presque exclusive des palettes à fard
prédynastiques. Un grand nombre d’objets présente
une teinte naturelle verte (n°3, 5, 9, 10, 17,19, 20, 21,
24, 35). Certaines anomalies naturelles se retrouvent
sur plusieurs pièces de la collection. Des incrustations
d’une roche cubique, parfois oxydée, sont observables
sur 7 d’entre elles (n°2, 21, 24, 25, 27, 32, 33) provenant de divers sites archéologiques (Khozam,
Gebelein, Abydos), gisements relativement éloignés
les uns des autres. Ce type d’anomalie a déjà été observé sur une palette en grauwacke découverte dans
une sépulture d’Adaïma2. Cette particularité pourrait
être un critère de détermination pour la recherche du
gisement d’origine de la matière première3. Il est intéressant de voir qu’un même type de roche est présent
en divers lieux géographiques, démontrant que les
objets étaient confectionnés dans des centres spécialisés et redistribués ensuite sur le territoire en fonction
des besoins inhérents à chaque installation humaine.
Les objets de la collection sont majoritairement
zoomorphes (26 cas) ou géométriques (18 cas).
P RÉSENTATION
Quarante-cinq palettes à fard prédynastiques égyptiennes en grauwacke, appartenant à la culture de
Nagada (quatrième millénaire avant notre ère), sont
conservées au Muséum de Lyon ; les objets sont en
bon état de conservation (un seul est fragmentaire,
n° 40 du catalogue). Ces palettes relatives à la cosmétique proviennent de Haute Egypte et, majoritairement, du site de Khozam au Nord de Louxor. La
répartition géographique des objets de la collection est
la suivante :
• Khozam, 20 pièces (1, 2, 3, 4, 10, 12, 13, 17, 18, 19,
26, 27, 28,36, 38, 39, 40, 41, 42, 43)
• Abydos, 7 pièces (7, 11, 14, 15, 16, 31, 33)
• Gebelein, 2 pièces (6, 21)
• Karnak, 2 pièces (37, 44)
• Roda, 1 pièce (22).
• On ne connaît pas l’origine des autres palettes. Trois
proviennent d’Egypte (23, 24, 25), deux de HauteEgypte (1, 20) et huit sont de provenance inconnue (8,
9, 29, 30, 32, 34, 35, 45).
À l’exception d’un spécimen (n°45) en pierre noire
Ce terme n’est plus accepté par les géologues qui lui préfèrent « métapélite ». Martinet 2004.
Sépulture S9, palette ovale. Crubézy, Janin, Midant-Reynes 2002 : 41. Midant-Reynes, Buchez 2002 : 470. Anomalie non signalée dans la publication.
3
La grauwacke est présente dans le désert de l’Est égyptien.
1
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Département du Rhône - Muséum, Lyon
Le poisson reste le thème le plus prisé (12 cas) et,
ceci, indépendamment de la provenance géographique4. Le deuxième thème privilégié est l’oiseau
d’eau, soit seul en silhouette (n°35), soit en élément
décoratif sur trois autres types de palettes : pendeloque (n°11), anchor-bird (n°10, 12, 13) ou scutiforme
(n°19, 20, 21,27, 30, 32). Le dernier élément zoomorphe concerne la tortue trionyx, tortue d’eau douce des
régions chaudes (n°16, 17, 18). D’autres types zoomorphes existaient au prédynastique5, mais ne sont
pas représentés dans cette collection. Ces types sont
par ailleurs assez rares, et le poisson, l’oiseau et la tortue restent les thèmes les plus répandus. Les formes
géométriques sont simples : losangiques (n°7, 8, 9,
14, 15), circulaires (n°37, 39, 40), ovales (n°28, 36,
38), quadrangulaires (n°41 à 45), scutiforme sans la
stylisation des oiseaux (n°30). Un exemplaire n’appartient à aucune des deux catégories d’objets présentées. Il s’agit de l’objet n°6 du catalogue6 qui apparaît
sous une forme similaire aux peignes allongés parfois
retrouvés dans les sépultures7. Les « dents » du peigne figurent des têtes humaines avec deux yeux ronds
anciennement incrustés. Un quart de ces palettes présente une décoration interne par incision ou relief
visant soit à détailler l’animal représenté ou souligner
un des éléments de l’objet, soit se distinguant totalement de son support. Les deux pièces présentant un
décor sans relation directe avec la forme du support
sont losangiques, ce qui était habituellement le cas au
prédynastique8. Un autre cas est plus singulier ; la
décoration a été réalisée postérieurement à l’utilisation de l’objet, et remonte à l’époque pharaonique
(n°24).
La moitié des palettes présente une patine (22 cas). Une partie des objets a été abîmée par un
accrochage muséographique moderne mal approprié
(9 cas) : 6 cas montrent trois larges marques d’oxydation correspondant probablement à un ancien système de présentation (n°1, 3, 4, 16, 21, 23) ; dans un
cas, il s’agit seulement d’une large tâche d’oxydation
(20) et, pour deux cas, des traces vertes (n°27, 29)
douteuses sont probablement des vestiges d’un ancien
système d’accroches en laiton.
En dehors des considérations iconographiques, trois types d’observations peuvent être faites :
sur la présence ou non d’un dépôt de matière (le plus
souvent coloré), sur la technique de fabrication ou de
façonnage de l’objet et sur les traces d’utilisation laissées par le broyage ou le concassage du minerai.
Les dépôts sur les objets
Outre des colorations de la roche résultant vraisemblablement des divers phénomènes taphonomiques, certains dépôts indiquent que des pigments
colorés ont été broyés sur la surface des palettes, parfois sur les deux faces, et que des mélanges de pâtes
ont été effectués. Deux pigments sous forme de poudre adhérant à la roche ont été observés : un pigment
vert obtenu par broyage d’un minerai vert d’oxyde de
cuivre9 (n°19, 21, 22, 34, 38, 39, 41, 42, 43), et un
minerai rouge (n°25, 34, 42, 45) pouvant être de l’ocre, de l’hématite ou de la limonite. Sur les quatre cas
de poudre rouge ou rosâtre rencontrés dans la collection, trois sont retrouvés sur des palettes présentant également des traces de minerai vert sur la face inverse.
Aucun minerai noir n’est présent sur
ces objets. La galène (minerai de plomb provenant des
gisements miocènes du désert oriental) servait pour la
confection d’un cosmétique noir applicable à l’œil,
mais restait relativement rare comparativement à
l’emploi important du cosmétique vert, ce qui
explique son absence sur les palettes de la collection.
En revanche, un autre type de dépôt se
rencontre à sept reprises. Il s’agit d’une pâte blanche
ou brune parfois liquide qui a été malaxée sur la surface de certaines palettes et qui est devenue solidaire
de la roche (n°10, 13, 19, 23, 37, 44). En l’absence
d’analyses, nous ne pouvons pas savoir à quoi correspondaient ces produits, mais il est possible qu’ils
aient servi pour la cosmétique, compte tenu du support sur lesquels ils ont été découverts. Le mélange
C’est en effet l’animal le plus représenté sur l’ensemble des palettes prédynastiques retrouvées en contexte funéraire sur l’ensemble du
territoire égyptien.
5
Antilope, mouflon, bouquetin, hippopotame, éléphant, crocodile, scorpion…
6
Celui-ci n’a pas été étudié. Il a été momentanément sorti de la collection pour être exposé.
7
En revanche, certains peignes de forme haute sont décorés du même motif figuratif sur leur sommet. Friedman, Watrall, Jones, Fahmy, Van
Neer, Linseele 2002 : 64.
8
Les deux seules palettes décorées du site d’Adaïma, que ce soit en contexte domestique ou funéraire, sont de forme losangique. L’une d’entre elles est publiée : Midant-Reynes , Bavay, Buchez, Baduel 1998 : 280-281.
9
Des analyses réalisées en 2000 sur le site d’Adaïma, par Philippe Walter du Laboratoire de Restauration et de Recherche des Musées de
France (Le Louvre) et sur certains objets de la collection du Musée des Antiquités nationales de Saint Germain en Laye, ont montré que ces
minerais verts sont de différentes natures. Il s’agit soit de malachite, soit de chrysocolle, soit d’atacamite. Ces résultats seront publiés ultérieurement. L’étude en cours des résultats (thèse de Nathalie Baduel) indique que des choix ont prévalu dans la recherche de la matière première en fonction de la destination de celle-ci. L’étude révèle qu’il existe une différence dans la pureté du minéral en fonction des zones
domestiques ou funéraires.
4
7
Cahiers scientifiques n° 9
Centre de Conservation et d'Etude des Collections
retrouvé sur l’objet n°44 révèle des empreintes
digitales indiquant que les mélanges et les diverses
préparations étaient effectuées à la main sans outil. La
peinture corporelle devait donc être principalement
appliquée au doigt, comme c’est souvent le cas dans
de nombreuses sociétés traditionnelles contemporaines ou sub-contemporaines.
sation de la pièce. Les traits d’usinage final de l’objet
restent encore visibles sur la presque totalité de la collection. Seules deux pièces n’en présentent pas (n°37
et 42) en raison d’une utilisation couvrante des surfaces. La conservation de ces traces de façonnage
dépend du degré d’utilisation pour le broyage et non
pas d’une volonté préalable de l’artiste. Toutefois,
dans deux cas, les traits de traitement de la surface ont
été volontairement polis dans la partie centrale avant
la décoration interne par incisions (n°2 et 3). Ces traces de façonnage se caractérisent par une multitude de
rayures parallèles qui peuvent s’entrecroiser. Ces
traits peuvent être parallèles aux bords de l’objet ou
obliques et la surface d’un même objet est parfois traitée différemment d’une face à l’autre (n°19 par exemple). Les traits peuvent parfois être très courts et partir dans toutes les directions, ce qui a pour effet d’obtenir un meilleur rendu plastique (n°20).
La recherche artistique ne répondait pas
à des critères réalistes rigoureux, puisque la proportion des différents éléments de représentation d’un
animal n’est pas toujours respectée, même sur des belles pièces, comme le n°13 du catalogue, où la tête de
l’oiseau reste disproportionnée par rapport au corps.
De même, pour les formes simples losangiques, où les
coins formant les losanges ne sont pas nécessairement
symétriques ni identiques (n°9 et 14). L’effet recherché ne résidait pas dans un canon artistique au sens où
nous l’entendons actuellement, mais bien dans la symbolique de la forme. Par ailleurs, bien des objets étudiés à Lyon et dans d’autres collections13 indiquent
que la notion même d’objet « fini » n’est pas claire.
Un certain nombre de ces palettes apparaît non terminé, avec des anomalies, parfois sans bords travaillés,
parfois avec une seule face aménagée ou des éléments
décoratifs manquants, peu soignés14, ou simplement
ébauchés15. Les éléments de préparation de l’objet
(entailles visant à découper la pierre pour dessiner un
élément figuratif ou fonctionnel) n’ont parfois pas été
masqués (n°4, 19, 31), même sur des très belles pièces16. Pourtant, ces objets restent des objets de
« valeur ». Ils sont confectionnés dans une roche particulière provenant de gisements éloignés et par des
artisans spécialisés. Par ailleurs, ils sont complets et
ont été retrouvés en contexte funéraire, donc préalablement choisis. Le soin accordé à la décoration était
ainsi relatif et n’enlevait rien à la valeur ni à la fonc-
La fabrication des palettes. Étude technique.
Il ressort de l’étude technique que la
réalisation des palettes ne répondait pas à des règles
strictes. Si les thèmes sont récurrents, la manière de
les réaliser diffère. Ces objets sont difficilement classables en terme typologique puisqu’ils sont uniques.
La typologie de Petrie10, à laquelle nous nous référons encore souvent, visait à classer les objets en fonction de leur forme. Mais, après l’étude (bibliographique) de plus de 1500 palettes11 et l’examen technique de 250 objets12, il apparaît que les types totalement identiques sont rares. Les dimensions, l’épaisseur et les éléments de décoration diffèrent d’un objet
à l’autre. En revanche, certains éléments de décoration sont identiques d’un objet à l’autre sans que ceuxci aient nécessairement la même forme. Par exemple,
le poisson n°2 et la tortue n°17 du catalogue provenant du même site (Khozam) présentent la même
décoration corporelle en zigzag. Le style et l’exécution des incisions nous autorisent à penser que l’artiste pouvait être le même.
L’examen des objets révèle les traces de
fabrication et de façonnage final. Il apparaît qu’un
même objet pouvait être façonné de manière hétérogène. Dans certains cas (n°3, 16, 19, 22, 27, 31, 35),
le traitement des bords des éléments décoratifs (tête,
queue, bec…) est différent du traitement du corps de
l’animal, répondant ainsi à des contraintes techniques.
Par ailleurs, l’épaisseur des bords peut apparaître plus
fine dans la zone du trou de suspension (n°3, 19, 26).
Mais, parfois, les bords d’une même palette, en dehors
de la décoration et de la suspension, peuvent être
facettés, effilés, arrondis ou droits (n°2, 7, 8, 9, 16, 38,
39, 42, 43).
Le traitement de la surface même de
l’objet pouvait être différent d’une face à l’autre avec
souvent une face plane et une autre plus convexe ou
plus irrégulière (n°5, 12, 13, 25, 30, 32, 34, 36, 37, 38,
39, 40, 41, 42, 43) sans aucune recherche d’uniformi-
Petrie 1921.
Thèse qui sera présentée en 2005. Baduel Nathalie.
12
Matériel du Muséum (Lyon), du Musée des Antiquités nationales de Saint-Germain en Laye et matériel du site d’Adaïma.
13
Collection du Musée des Antiquités nationales et matériel du site d’Adaïma.
14
Comme certaines incisions dépassant les limites imposées par l’artiste sur le modèle n°17 ou des essais de perforation avortés (n°17, 31).
15
Ainsi le poisson n°4 : traits ébauchés, à peine incisés, pour la tête et l’œil alors que le traitement du dos et de la queue de l’animal est soigné avec des incisions claires et profondes.
16
Ce constat est valable pour d’autres collections, notamment la celle du Musée des Antiquités nationales, où beaucoup d’entailles de
préparation de l’objet ont été laissées apparentes.
10
11
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8
Département du Rhône - Muséum, Lyon
tion de la palette.
scribes sont probablement l’aboutissement final de la
palette à fard prédynastique. Elles sont confectionnées
dans la même matière et étaient formées de deux
godets pour l’encre noire et rouge. Le personnage
porte sur lui les attributs de son activité et de sa fonction, le trou de suspension de l’objet est utilisé à cet
effet20.
L’utilisation des palettes. Les traces d’usures.
Des traces d’utilisation par broyage ou
écrasement du minéral sont visibles sur l’ensemble de
la collection, à l’exception des pièces n°11 (petite pendeloque), n°28 (objet n’étant peut-être pas une palette
à fard) et n°35 (moulage interdisant l’observation des
traces). L’utilisation est caractérisée, d’une part, par
des cupules plus ou moins importantes (40 cas) laissées soit par un broyage léger et régulier, soit par un
concassage matérialisé par de petits arrachements de
roche et, d’autre part, par des stries désorganisées en
éventail (35 cas17) signant un geste d’écrasement du
minéral partant généralement d’une zone où les cupules sont présentes. Ces aires d’utilisation sont à plusieurs reprises entourées d’une zone polie. Toute la
surface de la palette peut avoir été utilisée ou, parfois,
seulement quelques secteurs. La zone centrale, pour
des raisons fonctionnelles, est majoritairement usée
mais pas uniquement. Seuls cinq objets (n°2, 18, 28,
29, 40) présentent des traces d’utilisation exclusivement centrales. En outre, la partie utilisée n’est pas
nécessairement concave mais peut être convexe (n°20
par exemple). Les palettes sont fonctionnelles sur les
deux faces (38 cas), l’utilisation unifaciale restant
exceptionnelle (n°2, 14, 18, 29). Deux cas présentent
une utilisation particulière vers le bord de l’objet,
indiquant un geste par raclage vers l’extérieur de la
palette (n°9, 25). Le degré d’utilisation varie d’un
objet à l’autre.
En dehors des traces d’utilisation par
broyage, des restes d’usure par suspension (n°1, 3, 16,
24, 26, 27) nous autorisent à penser que les palettes,
indépendamment de leur taille ou de leur poids,
étaient portées sur les individus et étaient destinées
non seulement à broyer mais aussi et surtout à être
vues. Elles étaient des objets de parure comme les
couleurs auxquelles elles se réfèrent et devaient être
investies d’un pouvoir symbolique similaire18. Des
documents iconographiques dynastiques concernant
la tenue vestimentaire et sociale des scribes de
l’Ancien Empire nous permettent d’imaginer que ces
éléments étaient probablement portés sur l’épaule. À
la III ème Dynastie, des documents en relief attestent
que la palette du scribe19était portée ainsi avec le sac
de pigment et le calame. Ces premières palettes de
Les palettes et le fard prédynastiques dans leur
contexte historique, archéologique, social et
funéraire.
Premières découvertes et interprétations
Il faut remonter à la fin du dix-neuvième siècle pour
retrouver les traces, dans le matériel archéologique
publié, des premières palettes à fard. Dès les premières publications de fouilles de nécropoles prédynastiques, on observe que les palettes à fard sont une
composante caractéristique du mobilier de la culture
de Nagada. Comme nous avons pu le constater pour la
collection du Muséum, la plupart des objets porte des
traces d’usure dues au broyage et, dans un certain
nombre de cas, des restes de pigments. Ces traces
révèlent la fonction initiale de l’objet, qui n’a pas toujours été lue ainsi lors des premières découvertes. Par
exemple, Lortet et Gaillard ont cru voir, dans la palette scutiforme n°21 du catalogue, une pointe de
lance21. Quant aux palettes découvertes sur le site
d’Abydos par Amélineau, elles ont été interprétées
comme des substituts d’offrandes22. Ces objets zoomorphes en pierre représentent des animaux qu’on ne
pouvait se permettre d’offrir au mort et sont pour cet
auteur un signe de pauvreté. On a par la suite tenté de
classer les palettes en trois catégories en distinguant
celles qui étaient d’utilité pratique, magique ou votive. Les critères de détermination sont les dimensions
et la décoration. Or, avec l’étude des palettes de Lyon,
il s’avère que la dimension ou la décoration de l’objet
ne peuvent constituer un indice de classification. Les
palettes décorées ou de petite dimension ont été fonctionnelles. De plus, le fait d’être suspendues et portées
en parure corporelle n’enlève rien à la fonctionnalité
première de l’objet.
Historique
Les palettes sont en réalité les plus
anciens objets cosmétiques retrouvés sur le territoire
Parfois presque imperceptibles.
Baduel 2002a : 80.
19
Panneau de bois du mastaba d'Hésirê. Corteggiani 1979 : 36-37.
20
Baduel 2002b.
21
Lortet et Gaillard 1909 : 235, fig.170 : « … une grande pointe de lance en schiste verdâtre, pointe votive probablement, car je ne pense pas
qu'un instrument de cette dimension puisse jamais servir. (…) ».
22
Amélineau 1905 : 373 : « Il me paraît bien plus simple de croire que ces susdites palettes ne sont autres que de pauvres et rudes pièces
d’offrandes qu’on ne pouvait ou qu’on ne voulait offrir réellement. Il suffisait pour déterminer l’espèce d’offrande qu’on voulait faire de donner au morceau de schiste ardoisier qu’on déposait la forme du quadrupède, de l’oiseau ou du poisson qu’on voulait offrir. “ " (…) (les palettes) ne sont pas autre chose que la figure des offrandes que l’on ne faisait pas ».
17
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Centre de Conservation et d'Etude des Collections
égyptien. Elles apparaissent dès le néolithique du
Fayoum et de Mérimdé Beni Salamé et se développent
jusqu’à l’apparition de l’écriture, sur près d’un millénaire. Si, à l’origine, on les voit seulement en contexte domestique, durant la culture tasienne, elles apparaissent comme offrandes dans les sépultures. Au
Badarien, la grauwacke devient la roche d’élection
pour leur confection et le restera jusqu’à leur disparition à l’aube des temps pharaoniques. L’artefact évoluera jusqu’à devenir le support d’une iconographie
en rapport étroit avec la propagande royale. La palette de Narmer23 représente le document orné le plus
remarquable. On voit, sur le verso, le roi dans une attitude triomphante, symbolisant sa force et sa victoire.
L’iconographie est en rapport avec la réunion des
deux Egypte, illustrant la création de l’État. C’est sur
ce type d’objet que les premiers signes hiéroglyphiques apparaissent, toujours en relation avec le roi
ou le territoire24. Sur l’autre face, au centre, se trouve
un godet sans trace d’utilisation, marque indéniable de
la signification première de l’objet. L’ancienne palette à fard - et ce qu’elle représentait pour les prédynastiques - est ici récupérée comme support de la propagande royale. Mais l’objet n’est pas seulement un support, il signe avant tout la mort d’un groupe d’individus investis d’un certain pouvoir récupéré par la
monarchie naissante. Ce groupe est représenté par un
ensemble d’individus dont les attributs sont ces palettes, ou les pigments colorés que l’on broyait dessus,
attestant une activité en rapport avec la peinture tégumentaire. Des figurines ont parfois été retrouvées dans
certaines sépultures révélant que le corps entier pouvait être couvert de motifs décoratifs. L’étude de l’ensemble de ces éléments démontre l’existence d’un
groupe particulier en rapport avec la peinture corporelle, mais dont la définition sociale reste difficile à
établir.
le de leur découverte. Si l’on a longtemps cru qu’ils
étaient spécifiquement funéraires, les fouilles récentes
du site d’Adaïma25révèlent que ces objets font partie
intégrante du mobilier caractéristique des zones à la
fois domestiques et funéraires. Les traces d’utilisation
retrouvées sur chacun de ces objets prouvent par
ailleurs qu’il s’agit bien d’une même catégorie d’artefacts. Les palettes et le fard prédynastiques ne nous
ramènent donc pas seulement au domaine funéraire,
mais nous invitent à entrer complètement dans le
monde des vivants, de ceux qui possédaient de tels
objets, les portaient parfois sur eux, les utilisaient, les
offraient aux morts. L’étude des objets du site
d’Adaïma éclaire cet aspect archéologique, jusqu’à
présent incompris. Les palettes ne sont pas, comme on
a souvent voulu les considérer, des objets funéraires.
Elles font partie avant toute chose du monde des
vivants et leurs fonctions et pouvoirs s’exerçaient
dans la vie d’ici-bas, comme nous le montre leur nombre relativement important dans les différentes zones
domestiques. Les objets retrouvés dans les tombes ne
sont pas fabriqués uniquement pour accompagner les
défunts. En revanche, ces palettes de la vie quotidienne sont transposées dans le monde des morts. Cette
transposition résulte d’un choix bien déterminé de la
part de la famille du disparu ou de la communauté.
C’est par ce choix, lisible dans l’étude anthropologique26 des défunts, dans la répartition du mobilier
autour du squelette et dans les associations d’objets,
que l’on peut tenter de comprendre l’utilisation des
palettes et du fard. L’analyse archéologique met en
évidence une véritable mise en scène dans le dépôt du
mobilier funéraire et permet de voir que les palettes ou
le fard27 caractérisent un groupe d’individus (hommes, mais surtout femmes et enfants) qui ne se différencie pas de l’ensemble de la société28. On ne constate pas d’environnement préférentiel, la tombe peut
être riche ou pauvre, simple ou multiple, primaire ou
secondaire. En revanche, l’étude indique des différences entre les possesseurs de palettes et les possesseurs
de minerais. L’offrande du minerai vert est notée dans
tous les groupes sociaux, même les plus pauvres et
ceci dans tous les cimetières où l’étude de la répartition horizontale des tombes a pu être réalisée. La pratique de l’offrande du fard vert est donc beaucoup plus
démocratisée que l’offrande de la palette. De plus,
certaines sélections ont prédominé dans le système
des offrandes et la lecture de ces choix révèle plusieurs significations possibles des dépôts.
Intérêts et questionnement relatifs aux éléments cosmétiques
L’intérêt de ces palettes ou des pigments qui s’y réfèrent porte ainsi bien au-delà du simple maquillage, d’autant plus qu’un certain nombre
seulement d’individus en possédaient. La problématique principale de ces objets concerne leur définition
sociale durant cette période où se forme une société
fortement hiérarchisée qui donnera naissance à l’État.
La compréhension du rôle qu’ils jouaient au sein de la
communauté peut être entrevu par l’étude contextuel-
Asselberghs 1961 : 339.
Vernus 1993 : 86-87.
25
Midant-Reynes, Buchez 2002 ; Crubézy, Janin, Midant-Reynes 2002.
26
Anthropologie à la fois biologique et sociale.
27
Celui-ci n’étant pas nécessairement déposé sur une palette mais pouvant être l’unique offrande d’une sépulture.
28
Baduel 1997.
23
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Département du Rhône - Muséum, Lyon
Les dépôts de pigments : nature et interprétations.
L’offrande du fard vert se traduit sous
quatre formes : traces de couleur sur la palette, minerai concassé seul ou dans un contenant, poudre déjà
préparée dans une coquille ou une cuillère en ivoire,
ou bien coloration verte des os dans la zone oculaire.
La couleur noire est essentiellement offerte sous
forme de petits morceaux de minerai, très rarement en
trace sur les palettes29, et exceptionnellement dans un
coquillage. Le pigment rouge est retrouvé sur les
palettes, rarement seul en offrande et, parfois, sous
forme de teinture du crâne. Les couleurs jouaient
respectivement un rôle différent et, surtout, ont suivi
une évolution qui varie géographiquement et chronologiquement.
En ce qui concerne le fard vert, l’utilisation est essentiellement liée à l’œil mais pas uniquement. D’après
les traces archéologiques et les figurines peintes de
femmes dansantes, les yeux étaient largement soulignés en vert30 par un large trait qui suit les bords du
nez, formant ainsi une sorte de bec d’oiseau. Sur le
reste du corps, d’après ces figurines, des motifs figuratifs étaient également peints mais d’une autre couleur. La pratique de la cosmétique prédynastique ne
s’applique donc pas seulement au visage mais à l’ensemble du corps.
En dehors de l’aspect tégumentaire, esthétique et
magique en rapport avec l’expression corporelle lors
de cérémonies dansées, le maquillage de l’œil répond
à des besoins prophylactiques liés aux problèmes oculaires souvent rencontrés dans ces régions chaudes.
Par extension et par comparaisons ethnographiques,
on peut supposer que le pigment vert servait également à des soins médicaux31. Le rôle thérapeutique a
été récemment mis en évidence dans le cas d’une
application sur un abcès d’un sujet prédynastique
atteint de tuberculose osseuse (Mal de Pott)32. Ce rôle
protecteur s’exprime de façon claire dans de nombreuses sépultures d’enfants morts en bas âge où une
grande quantité de ce minerai a été retrouvée dans les
mains du défunt ou près du visage. Parfois, un minuscule nodule de moins d’un millimètre a été déposé
sous le crâne d’un bébé et suffit à exprimer symboliquement sa fonction.
Le maquillage des yeux du défunt pouvait en outre
jouer un rôle rituel lors de la cérémonie funéraire. En
effet, les premières momies de l’Ancien Empire montrent des exemples où seuls les yeux du mort sont
peints en vert par-dessus les bandelettes. Les textes
religieux relatifs à cette pratique relatent que ce geste
était indispensable pour que les yeux du mort puissent
s’ouvrir dans l’autre monde. Le rite entre ainsi dans
un programme de renaissance complexe.
Les offrandes de palettes : contexte et fonctions.
Les palettes, avec ou sans traces de pigment, sont le plus souvent déposées dans la tombe
près des mains et du visage. Un petit galet brun jaune
servant à moudre le minerai en poudre les accompagnait parfois. Les formes des palettes évoluent au
cours du temps pour devenir, à la fin de la période prédynastique, simplement rectangulaires (comme la
palette n°44 du catalogue) avant de disparaître. Les
palettes, de par leur nature, ont dû être à la fois fonctionnelles, identitaires et magiques. Si la fonction première de l’objet se rapporte à la peinture tégumentaire et au maquillage de l’œil en particulier, il se révèle
être bien autre chose qu’un simple outil. Il se définit
avant toute chose comme un bien directement lié à
l’individu qui le porte et à son prestige. L’acte même
de broyer les pigments a été valorisé, d’autant plus
qu’une roche particulière provenant de gisements
éloignés a été sélectionnée comme support, alors que
n’importe quel autre type de roche aurait pu être utilisé. La fonction allouée à l’outil se définit comme une
marque individuelle (parure) et sociale (prestige et
rang social). Il peut être associé dans le système des
offrandes à plusieurs types d’objets, d’une part des
éléments de parure (perles, pendeloques, amulettes)
et, d’autre part, à des objets pourvus d’une signification en rapport avec le pouvoir (armes, massues). Le
pigment rouge ou noir a parfois été directement relié
à certaines armes comme des pointes de lances ou des
couteaux. Par ailleurs, la décoration des palettes dans
la dernière phase de la culture de Nagada indique que
les thèmes iconographiques abordés sur ce type de
support se réfèrent soit à la chasse et à la guerre, soit
au pouvoir royal, renvoyant ainsi à la force, au prestige et au pouvoir. L’association des pigments ou des
palettes dans les sépultures avec des armes donne à
penser que la peinture corporelle et le rite qui lui était
attaché pouvaient être mis directement en relation
avec les activités guerrières, qu’il s’agisse de guerre
proprement dite ou de chasse. Il apparaît évident que
le sens de l’objet restait lié à sa décoration.
Ces éléments, relatifs au fard, sont ainsi des signes
d’affiliation à un groupe, ils précisent l’identité individuelle et surtout sociale de leurs détenteurs. Ces
individus (hommes ou femmes) ont été investis d’un
pouvoir au sein de la communauté, probablement en
Deux seuls cas ont été recensés à Minshat Abou Omar et Hiérakonpolis. D’autres palettes présentent des traces de minerai noir, mais elles
ont été découvertes en contexte domestique à Adaïma.
30
Tradition qui perdurera au début de l’Ancien Empire, époque à laquelle appartiennent plusieurs rondes-bosses dont les yeux sont ainsi
soulignés.
31
Cette pratique du soin de l’œil mais aussi d’autres parties du corps est par ailleurs attestée par les textes à l’époque pharaonique.
32
Crubézy 2003 : 32.
29
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Centre de Conservation et d'Etude des Collections
relation avec la magie qui devait s’exercer dans certaines circonstances particulières comme le départ à la
guerre ou la chasse pour les hommes ou la danse des
femmes au cours de certaines cérémonies33. La palette a été récupérée à l’aube des temps pharaoniques par
une élite qui s’est octroyé cet objet de prestige pour la
mise en place du nouveau pouvoir politique en gestation. Cette récupération matérielle et idéologique permettait d’éloigner de la sphère politique un groupe
social qui aurait pu devenir gênant dans l’établissement de la nouvelle société. Le pharaon se devait de
régner sur l’ensemble des communautés prédynastiques et a eu besoin, pour se proclamer souverain
unique, de ne plus dissocier le politique du religieux.
La palette jouera un rôle majeur de soutien dans la
mise en place du pouvoir royal central. Celui-ci une
fois établi, aucune palette en grauwacke ne sera plus
jamais réalisée, signant ainsi la naissance d’une structure sociale totalement nouvelle.
La palette et le fard expriment donc des
notions directement liées au système social, religieux
et politique de la communauté. Bien plus qu’un outil,
la palette est un objet de culture en lui-même, écartant
une unique interprétation fonctionnelle. Esthétique,
médecine, prophylaxie, magie et pouvoir sont autant
de relectures possibles des significations anciennes.
Les figurines de femmes dansantes ont les yeux maquillés et le corps peint. Ce type de représentation se retrouve dans des scènes peintes
sur la panse de certains vases en céramique.
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CATALOGUE DES PALETTES DU MUSÉUM (LYON)
(Face 1 correspond à la face avec le numéro d’inventaire)
1.
q Inventaire : 90000041
q Provenance : Khozam
q Collection : -
q Forme : pisciforme
q Dimensions : 20,3 x 10,7 x 0,6 cm
q Couleur : gris
q Suspension : oui
q Description : Proche du type 38M de Petrie. Poisson aux bords effilés avec figuration de l’œil par double perforation (0,8 cm à l’ouverture). Figuration de la bouche par une encoche (ébréchée). Le dos est décoré d’une
série d’incisions parallèles, tout comme l’extrémité de la queue. Les incisions sont interrompues dans la zone
du trou de suspension. Ces incisions sont en partie précises, en partie sous forme de traits peu profonds et repris.
Des traces d’oxydation dues à l’accrochage moderne de l’objet sont visibles sur les deux faces. Face 1 : restes
de vernis moderne et patine qui paraît être moderne.
q Façonnage : Quelques traces de façonnage observables sur le pourtour de l’animal.
q Utilisation : Face 2 : la surface de la palette est utilisée presque en totalité. L’objet a été utilisé par piquetage
et concassage formant des petites cupules circulaires. Dans les différentes zones piquetées, la surface de la pierre est écaillée. Dans plusieurs de ces zones, des traits plus ou moins parallèles s’entrecroisant indiquent une utilisation aussi par écrasement (et raclage) du minéral. La partie supérieure du trou de suspension est légèrement
lustrée et indique une utilisation portée de la palette. Face 1 : des cupules de concassage sont observables à deux
endroits. Une ou deux zones montrent des incisions assez profondes probablement dues à l’écrasement du
minéral. L’observation est difficile en raison de la présence de vernis moderne. Dans la zone centrale du poisson, la pierre présente un aspect piqueté dû à une action par broyage.
2.
q Inventaire : 90000042
q Provenance : Khozam
q Collection : 1907 Lortet
q Forme : pisciforme
q Dimensions : 14,5 x 17,7 x 1 cm
q Couleur : gris clair avec variation de brun clair.
q Suspension : non
q Description : Palette épaisse en forme de poisson au corps décoré. Les deux nageoires ventrales, la nageoire
dorsale et la queue sont figurées. Ces éléments sont découpés par de longues encoches. Les bords sont arrondis, mais légèrement biseautés sur le dos de l’animal. La queue est fourchue avec des incisions à son extrémité. La séparation entre le corps et la queue est dessinée à l’aide d’une large incision en V (deux traits, qui dans
le cas de la face 1 ne se retrouvent pas en face l’un de l’autre). La tête du poisson est représentée par deux traits
courbes parallèles. Le souci d’équilibre a été recherché uniquement sur la face 2. La bouche est incisée (1,7 cm
de long). Sur la face 1, l’équilibre des divers éléments de la tête (bouche et œil) n’est pas respecté comme sur
l’autre face. L’ensemble du corps de l’animal est décoré par une série de 7 lignes en zigzag figurant les écailles.
(Sur la tranche de la queue du poisson, on note une incrustation naturelle d’un élément rocheux cubique).
q Façonnage : Les restes d’usinage de l’objet ne sont quasiment plus visibles. La tranche même de l’objet est polie.
q Utilisation : Face 1 : deux zones d’utilisation (broyage fin ?) : l’une centrale, l’autre entre cette partie centrale
et la tête de l’animal. Les incisions des écailles sont moins profondes. Au toucher : zones légèrement concaves.
C’est la face la moins soignée qui a été utilisée. Sur cette même face : peut-être usure sur la tranche de l’œil.
q Publication : De Cénival J.L., L’Egypte avant les pyramides. 4 ème millénaire. Grand Palais, 29 mai – 3 septembre 1973. Edition des Musées Nationaux. 1973 : 18, n°5.
3.
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90000041
90000042
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q Inventaire : 90000043
q Provenance : Khozam
q Collection : 1907 Lortet
q Forme : pisciforme
q Dimensions : 16 x 8,3 x 0,9 cm
q Couleur : gris vert
q Suspension : oui
q Description : Poisson au corps décoré. Queue du poisson très découpée. Incisions de petits traits parallèles à
son extrémité. Les bords sont effilés mais légèrement arrondis pour la tête. Bord beaucoup plus fin dans la zone
du trou de suspension. Aucune nageoire n’est figurée, mais le dos et le ventre de l’animal sont décorés de longs
traits parallèles obliques. La tête est dessinée par deux traits incisés courbes et parallèles. Entre ces deux traits,
des traits parallèles obliques ont été incisés. L’œil est situé très haut et est dessiné par deux cercles grossiers
incisés et imbriqués l’un dans l’autre. Sur la face 2, l’œil est situé plus haut. La bouche est figurée par deux
traits parallèles fermés entre lesquels s’insère une série d’incisions parallèles. Deux traits séparent la queue du
reste du corps. Le corps de l’animal est décoré sur la presque totalité de la surface (sur les deux faces) par une
trentaine de lignes d’écailles arrondies. Cette série d’écailles est séparée du dos du poisson par deux traits grossiers. On observe des traces d’oxydation dues à l’accrochage moderne. Patine sur l’ensemble de l’objet.
q Façonnage : Quelques traces de façonnage sont visibles sur le pourtour de l’objet en dehors de la décoration.
En revanche, sur la tranche, ces traces ont disparu (aspect poli).
q Utilisation : Face 1 : sous le trou de suspension, une petite zone concave a été créée par l’utilisation. Sous cette
zone et dans la partie centrale : traces d’utilisation par piquetage visibles sous la patine. Face 2 : partie centrale utilisée par piquetage (zone non concave). Contre l’œil de l’animal : creux créé par une utilisation intense
(par écrasement ?). Dans la zone du trou de suspension, le dos de l’animal est ébréché. La tranche supérieure
du trou de suspension est lustrée (l’objet a été porté par suspension).
q Publication : De Cénival J.L., L’Egypte avant les pyramides. 4 ème millénaire. Grand Palais, 29 mai – 3 septembre 1973. Edition des Musées Nationaux. 1973 : 30.
4.
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90000043
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q Inventaire : 90000044
q Provenance : Khozam
q Collection : -
q Forme : pisciforme
q Dimensions : 15,2 x 9,2 x 0,9 cm
q Couleur : gris mat
q Suspension : non
q Description : Poisson à queue fourchue. Les traits profonds correspondant au sciage de la palette pour dessiner la queue sont encore visibles sur les deux faces. L’artiste n’a pas cherché à masquer ce travail de préparation. Face 1 : chaque fourche de la queue est décorée par une série de 6 et 7 incisions parallèles obliques, le dos
du poisson par une série de 27 incisions. La tête du poisson est figurée à l’aide de deux traits incisés non réguliers, l’un a été réalisé en deux reprises. L’œil et la pupille sont représentés par une incision peu profonde (sur
les deux faces). La bouche est figurée à l’aide d’une incision franche beaucoup plus profonde, et paraît achevée par rapport aux autres éléments figuratifs de la tête. Face 2 :chaque fourche de la queue est décorée par une
série de 5 et 6 incisions parallèles obliques, le dos 26. Les détails du visage sont dessinés comme sur l’autre
face, au trait. Les deux lignes courbes qui dessinent la tête du poisson ne sont pas tout à fait parallèles et ont
été réalisées en plusieurs reprises (l’une en deux fois, l’autre en quatre). Les nageoires ventrales sont figurées
d’une série de trois encoches obliques sur la face 2 et deux sur la face 1. Les bords sont effilés et polis. Il existe un contraste entre la décoration du dos de l’animal et celle de la tête. La décoration semble inachevée.
q Façonnage : Traces de façonnage peu visibles. Sur face 1 : les traits parallèles sont horizontaux et très fins. Ils
sont verticaux sur la tête du poisson.
q Utilisation : Très peu de traces d’utilisation. Aucune strie très marquée ni arrachements de la pierre à l’exception
d’une zone minuscule entre les deux nageoires ventrales sur la face 2 où l’on observe par ailleurs des restes de poudre rouge. Ce dépôt de pigment minuscule est douteux car il est situé au centre de la zone brune correspondant à
l’emprise de l’accroche moderne au musée. De l’autre côté dans la même zone, on retrouve deux traces d’oxydation
(attache à trois crochets, remarquée sur d’autres objets du même musée). Peut-être broyage extrêmement léger dans
la partie arrière du poisson sur la face 2. Sur la face 1 : on observe une zone plus claire contre le dos du poisson.
5.
q Inventaire : 90000046
q Provenance : Haute-Egypte
q Collection : -
q Forme : « pelta »
q Dimensions : 16,4 x 8,9 x 0,4 cm
q Couleur : gris vert
q Suspension : oui
q Description : Palette « pelta34 » avec deux extrémités recourbées. L’une est plus petite que l’autre et moins
arrondie. Les bords sont effilés et réguliers. Une face (2) est plus plane que l’autre légèrement convexe (1).
Patine blanchâtre sur la face 1. La forme en “bateau” est asymétrique, un côté est plus large que l’autre.
L’appendice de suspension est central, régulier avec son extrémité en biseau. Le trou de suspension est formé
par perforation biconique (0,3 cm de diamètre à l’ouverture).
q Façonnage : Traces de façonnage légèrement obliques perceptibles sur le pourtour de l’objet.
q Utilisation : Face 1 : dans la partie centrale, on note une utilisation par concassage (arrachement de la pierre)
et par broyage (partie centrale rugueuse au toucher). Au-dessus de cette zone : quelques stries créées probablement par écrasement du minéral. Contre le bord supérieur droit : zone concave formée par l’utilisation. Le
minéral a dû être écrasé vers l’extérieur de l’objet (traits multiples en “éventails”). Face 2 : traces d’usure correspondant à un broyage léger dans la zone centrale.
D’après la terminologie de Petrie. Cette dénomination de « pelta » dérive de la ressemblance de l’objet avec la forme de certains boucliers
en forme de croissant de l’époque grecque.
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90000044
90000046
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6.
q Inventaire : 90000047 [1598]
q Provenance : Gebelein
q Collection : 1907 Lortet
q Forme : « palette-peigne »
q Dimensions : 8,7 cm.
q Couleur : -
q Suspension : oui
q Description : Objet non étudié.
q Façonnage : Traits parallèles obliques de façonnage.
q Utilisation : Objet non étudié.
q Publication : De Cénival J.L., L’Egypte avant les pyramides. 4 ème millénaire. Grand Palais, 29 mai – 3 septembre 1973. Edition des Musées Nationaux. 1973 : 46-47, fig.54 et 62. Lortet, Gaillard 1909 : 169.
7.
q Inventaire : 90000048
q Provenance : Abydos
q Collection : 1897 Lortet
q Forme : losangique
q Dimensions : 42,9 x 8,5 x 2,1 cm
q Couleur : gris
q Suspension : non
q Description : Type 90D de Petrie. Palette losangique très lourde et massive couverte d’une patine blanchâtre
sur toute la surface. Bords arrondis, facettés par endroits et droits vers une des pointes. Les quatre bords sont
courbes en leur centre pour donner la forme au losange. L’objet est épais et convexe avec les extrémités formées par trois facettes sur une face (face 1). Cassures modernes recollées.
q Façonnage : Traces de façonnage visibles près des extrémités malgré la présence de patine.
q Utilisation : Face 2 : présence d’une cupule centrale due à l’utilisation par broyage. En périphérie : arrachement de la pierre. Vers le bord d’une des pointes, autre cupule mais excentrée, formée par piquetage. Face 1 :
une zone non centrale semble avoir été utilisée. La pierre est arrachée. En périphérie, stries coupant une cupule probablement créée à l’écrasement d’un fragment de minerai.
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90000047
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8.
q Inventaire : 90000049
q Provenance : q Collection : -
q Forme : losangique
q Dimensions : 38,9 x 10 x 1,1 cm
q Couleur : gris brun
q Suspension : non
q Description : Type 92D de Petrie. Palette losangique de grande taille. Une extrémité est ébréchée, une extrémité cassée, mais la cassure a été refaçonnée (traits parallèles subsistants). Les bords sont réguliers, droits,
arrondis ou facettés. Patine blanchâtre sur les deux faces mais non couvrante. Présence de minuscules et nombreuses taches noires, probablement des lichens. Fissures sur la face 1 dues au clivage naturel de la pierre. La
plus longue a été en partie retravaillée pour être gommée. Vers l’extrémité cassée : écailles de la pierre, fissures semi-circulaires (action thermique ?).
q Façonnage : Traces de façonnage que l’on devine seulement car l’objet est poli, surtout sur les bords.
q Utilisation : Face 2 : zone centrale concave, utilisation par broyage. Face 1 : la zone centrale est également
concave. La dépression est moins prononcée, mais l’on remarque dessus et en périphérie une large tache brune
probablement due à un mélange de matière.
9.
q Inventaire : 90000050
q Provenance :q Collection : -
q Forme : losangique
q Dimensions : 20,4 x 4,9 x 1,2 cm
q Couleur : gris vert
q Suspension : non
q Description : Type 92D de Petrie. Une extrémité ébréchée. Bords arrondis, mais présence d’un léger méplat
vers les coins qui forment le losange. Trace de patine blanche sur une face. Aspect poli de l’objet. Une dépression longitudinale naturelle sur un bord de la face 1.
q Façonnage : Les traces de façonnage ne sont presque plus visibles. L’objet est poli.
q Utilisation : Face 1 : la zone centrale a été utilisée par broyage. Pas de cupule mais la surface est plus rugueuse au toucher. Sur un des bords, une dépression semi-ovale naturelle semble avoir été utilisée puis accentuée
(piquetage). Face 2 : la zone centrale a servi pour broyer (elle est plus rugueuse au toucher).
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90000049
90000050
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10.
q Inventaire : 90000051
q Provenance : Khozam
q Collection : 1899 Chantre
q Forme : « anchor-bird »
q Dimensions : 7,8 x 6,1 x 0,5 cm
q Couleur : gris vert
q Suspension : oui
q Description : Palette « anchor-bird35 » à une seule tête d’oiseau. L’extrémité de la palette est pointue. Les
bords sont très fins (0,15 cm). La palette est très fine et soignée. Une rondelle en coquillage sert d’incrustation
pour l’œil sur chacune des faces. Sur le pourtour de la rondelle et en son centre perforé, on perçoit la pâte noire
d’incrustation qui a servi de colle et d’élément figuratif pour la pupille et le tour de l’œil (photo détail). Le bec
de l’oiseau est figuré par une encoche. Le centre de l’appendice de suspension a été perforé par perforation verticale conique unifaciale (absence de système d’encoche pour passer les liens). La queue de l’oiseau est cassée.
Patine brillante sur l’ensemble de l’objet.
q Façonnage : Traces de façonnage sur l’ensemble de la palette. Les traits s’entrecroisent. Ils sont horizontaux
sous l’appendice de suspension de la face 1.
q Utilisation : L’ensemble de l’objet est poli, comme les bords. On ne note pas de traces spécifiques d’utilisation, mais un dépôt brun diffus sur l’ensemble de la palette (taphonomie ? utilisation ?).
11.
q Inventaire : 90000052 (T624)
q Provenance : Abydos
q Collection : 1897 Lortet
q Forme : pendeloque corne - oiseaux
q Dimensions : 5 x 2,9 x 0,4 cm
q Couleur : gris clair
q Suspension : oui
q Description : Pendeloque à double oiseau (antithétiques) formant un motif de cornes. La découpe du motif
entre les deux oiseaux a été réalisée par bi-perforation. La suspension est assurée par un système d’encoches.
Les bords sont plats.
q Façonnage : Traces de façonnage visibles. Traits parallèles très réguliers.
q Utilisation : Traces d’usure entre les deux têtes d’oiseau (liens ?). Vers le système de suspension (encoches),
on note une coloration blanchâtre de la pierre sur une face, que l’on retrouve en partie sur l’autre face. Cette
altération pourrait être due à la présence de liens ? Une des deux faces est moins lisible en raison de la présence de vernis moderne.
D’après la terminologie de Petrie. L’objet est en forme d’ancre dont les extrémités sont terminées par des têtes d’oiseau.
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90000052
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12.
q Inventaire : 90000053
q Provenance : Khozam
q Collection : 1899 Chantre
q Forme : « anchor-bird »
q Dimensions : 8,9 x 6,3 x 0,4 cm
q Couleur : gris brun
q Suspension : oui
q Description : Palette « anchor-bird » à une seule tête d’oiseau. Face 1 plus plane que l’autre. Appendice de
suspension entre la queue et la tête. Sommet plat, trou de suspension formé par perforation bifaciale. Les deux
trous n’étaient pas tout à fait en face et ont été rattrapés. La queue de l’animal est courbe. La tête de l’oiseau
est cassée. La cassure passe par cette perforation. Sur la face 2 : reste d’une pâte noire d’incrustation dans la
cavité de l’œil. Extrémité légèrement arrondie et ébréchée. Bords effilés.
q Façonnage : Traces de façonnage sur les deux faces, moins visibles au centre sur la face 2.
q Utilisation : L’objet présente un aspect poli. Piquetage probable sous le trou de suspension de la face 2. Usure
près d’un bord de l’objet, bord opposé au numéro d’inventaire. Minuscules cupules observables dans les zones
moins patinées avec quelques légères stries d’utilisations.
13.
q Inventaire : 90000054
q Provenance : Khozam
q Collection : 1899 Chantre
q Forme : « anchor-bird »
q Dimensions : 9,6 x 6,6 x 0,5 cm
q Couleur : gris brun
q Suspension : oui
q Description : Palette « anchor-bird » à une seule tête d’oiseau. La tête paraît démesurée par rapport à la taille
de l’objet. Proportion non respectée. Tête cassée et recollée. Biperforation de l’œil de l’oiseau avec restes légers
de pâte noire sur les deux faces. Perforation biconique du trou de suspension. Celui-ci est entouré des deux
encoches classiques de part et d’autre servant à passer les liens pour suspendre la palette. Le sommet de l’appendice de suspension est effilé et ébréché, rugueux. L’objet présente un aspect poli. Dépression naturelle contre un des bords, celui opposé à la tête (face 1). Face 2 : plus plane que l’autre.
q Façonnage : Traces d’usinage visibles malgré la patine, traits parallèles obliques qui parfois s’entrecroisent.
q Utilisation : Dans la zone de l’appendice et surtout sur la face 1, quelques cupules d’arrachement de la pierre
(action thermique ?). Quatre stries désorganisées (utilisation ?). Face 2 (plus plane) : au centre, petite zone altérée et tache brune due à la présence d’un liquide (?).
Cahiers scientifiques n° 9
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Département du Rhône - Muséum, Lyon
90000053
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Cahiers scientifiques n° 9
Centre de Conservation et d'Etude des Collections
14.
q Inventaire : 90000055 (T.622)
q Provenance : Abydos
q Collection : 1897 Lortet
q Forme : pendeloque losangique
q Dimensions : 4,6 x 1,7 x 0,25 cm
q Couleur : gris foncé
q Suspension : oui
q Description : Type 91L percé de Petrie. Pendeloque en forme de losange. Objet très fin et plat. Les deux extrémités pointues sont légèrement ébréchées. Les coins du losange ne sont pas identiques, l’un est pointu, l’autre
arrondi. Trou de suspension : perforation bifaciale biconique. Face non inscrite : décoration de l’extrémité non
perforée : trois traits parallèles incisés, obliques. La face inscrite est couverte d’un vernis moderne épais. Bords
plats et réguliers.
q Façonnage : Quelques traits parallèles s’entrecoupent. Ils sont visibles sous le vernis moderne.
q Utilisation : Quelques rayures extrêmement fines vers un bord de la face décorée avec quelques traces de
piquetage.
15.
q Inventaire : 90000056
q Provenance :Abydos
q Collection : 1897 Lortet
q Forme : losangique
q Dimensions : 6,7 x 2,8 x 0,2 cm
q Couleur : noir
q Suspension : non
q Description : Type 92P de Petrie. Palette minuscule losangique, comme une pendeloque mais absence de trou
de suspension. Objet léger, plat et fin. Les bords sont légèrement facettés, réguliers. Patine blanche sur une des
faces.
q Façonnage : Traces fines de façonnage : petits traits parallèles obliques mais peu visibles car l’objet est poli.
q Utilisation : Sous le vernis moderne : arrachement de la pierre, piquetage et deux stries d’utilisation par écrasement du minéral.
Cahiers scientifiques n° 9
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Département du Rhône - Muséum, Lyon
90000055
90000056
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Cahiers scientifiques n° 9
Centre de Conservation et d'Etude des Collections
16.
q Inventaire : 90000057
q Provenance :Abydos
q Collection : 1907 Lortet
q Forme : tortue
q Dimensions : 13,5 x 8,6 x 1,2 cm
q Couleur : gris clair
q Suspension : oui
q Description : Type 15L de Petrie. Palette en forme de tortue stylisée. Seule la tête et le cou sont figurés. La tête
présente un nez triangulaire et deux perforations borgnes pour les yeux qui sont décalés l’un par rapport à l’autre. Reste d’une pâte d’incrustation noire dans les deux cupules oculaires. Ce type de figuration est
retrouvé sur d’autres types de support et de parure. Une petite tortue de forme identique en coquillage a été
retrouvée dans une sépulture d’enfant de la nécropole d’Adaïma36, il s’agissait d’une pendeloque. Perforation
unifaciale conique (diam. ouverture : 0,5 et sortie 0,25 cm). Bords effilés avec léger méplat sur un côté. Les
bords de la tête de l’animal sont biseautés d’un côté, plus arrondis de l’autre. Patine blanchâtre sur les deux
faces. La pièce est très altérée surtout sur la face la plus patinée. La feuille de surface de la pierre est arrachée
et montre de nombreuses cupules circulaires, entre les deux yeux de l’animal notamment. Surface plane des
deux parties centrales. La perforation du trou de suspension est non centrale, mais décalée pour des raisons pratiques d’équilibre de l’objet une fois suspendu (épaisseur inégale de l’objet). Peut-être usure sur la tranche
supérieure du trou due à la suspension.
q Façonnage : Traces de façonnage visibles. Traits plus ou moins parallèles horizontaux dans la partie centrale
plus plane, et obliques sur le pourtour.
q Utilisation : Une zone d’utilisation visible près d’un bord de la tortue, là où se trouve une légère dépression.
Piquetage, mais surtout traits d’écrasement du minéral qui se croisent perpendiculairement. Oxydation de la
pierre dans cette zone d’utilisation. De l’autre côté, deux zones identiques d’oxydation et traces de fer (accrochage de l’objet en musée).
Objet non encore publié. Fouille de l’IFAO 2002.
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Cahiers scientifiques n° 9
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17.
q Inventaire : 90000058
q Provenance : Khozam
q Collection : 1907 Lortet
q Forme : tortue
q Dimensions : 11,8 x 7,4 x 0,6 cm
q Couleur : gris vert
q Suspension : oui
q Description : Palette en forme de tortue, dont le corps est détaillé sur une face. Face 2 : les plis de peau épaisse de la tortue sont dessinés par une série de 12 incisions parallèles légèrement courbes à la base du cou. Le
départ de la carapace est figuré par une bande formée de deux traits courbes plus ou moins parallèles dont l’intérieur est incisé d’une série de 16 traits obliques non soignés. Les quatre pattes sont repliées sur elles-mêmes.
Les deux pattes postérieures stylisent, l’objet une fois retourné dans le sens de la suspension, le profil d’un
oiseau. La carapace de la tortue est décorée de lignes brisées parallèles au nombre de 10, représentant les
écailles. Le trou de suspension situé entre les membres postérieurs de l’animal, est décentré et crée une impression d’asymétrie de l’animal. Il a été placé là probablement pour l’équilibre de l’objet, mais celui-ci une fois
suspendu est légèrement déséquilibré vers la gauche. Trou bifacial, vertical. Sur la face non décorée : petite
décoration sur le pourtour de la palette. Petites incisions parallèles sur une partie du pourtour de l’animal. Entre
les deux pattes d’un côté (face 2), un essai ou un ancien trou de suspension de faible diamètre (cassé en deux).
q Façonnage : Très peu de traits de façonnage visibles car aspect poli de l’objet. Les traces sont plus visibles sur
la face non décorée, sur le pourtour.
q Utilisation : Sur la face décorée, la zone centrale est usée avec effacement partiel des écailles décoratives.
Traces noires, piquetage. Près du trou de suspension, on note des stries d’utilisation qui coupent les incisions
décoratives des écailles. Sur la face lisse : la surface est totalement patinée. La zone centrale paraît avoir été
utilisée par piquetage mais l’ensemble est devenu lisse par lustrage.
q Publication : De Cénival J.L., L’Egypte avant les pyramides. 4 ème millénaire. Grand Palais, 29 mai – 3 septembre 1973. Edition des Musées Nationaux. 1973 : 19. Leclant J. éd., Les Pharaons : le temps des
Pyramides. Paris, Gallimard. 1978 : 48 [52].
18.
q Inventaire : 90000059
q Provenance : Khozam
q Collection : 1899 Chantre
q Forme : tortue
q Dimensions : 12,9 x 9,9 x 0,6 cm
q Couleur : gris avec patine brune
q Suspension : oui
q Description : Palette en forme de tortue stylisée. La tête est losangique avec un petit appendice plat pour le nez. Deux
yeux sont figurés sur une seule face (face 1) par perforation large, borgne. Traces blanches à l’intérieur, restes d’incrustations ? Les quatre pattes de l’animal sont stylisées. L’extrémité des deux pattes postérieures est cassée. Les pattes antérieures sont stylisées chacune en un oiseau vu de profil, du type des pendeloques-cornes. Bords effilés, très
fins dans la zone du trou de suspension. Le trou de suspension a été perforé par la face 2 (conique) et rattrapé légèrement sur l’autre face (diamètre : 0,4 cm et 0,25 cm). Patine brune, altération de la surface et arrachement de la pierre (action thermique ?) laissant apparaître des cupules dans lesquelles du carbonate s’est déposé.
q Façonnage : Traits parallèles obliques d’usinage visibles malgré la patine.
q Utilisation : Zone centrale de la face 1 : légèrement rugueuse et concave. Broyage fin. Restes possibles d’ocre clair. Rares stries légères d’écrasement du minéral. La pierre semble avoir été chauffée (elle se délite).
q Publication : Leclant J. éd., Les Pharaons : le temps des Pyramides. Paris, Gallimard. 1978 : 49 [53].
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90000058
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19.
q Inventaire : 90000452
q Provenance : Khozam
q Collection : -
q Forme : scutiforme
q Dimensions : 22,2 x 14,6 x 1,1 cm
q Couleur : gris vert
q Suspension : oui
q Description : Type proche du type 80L de Petrie. Palette scutiforme37 au sommet surmonté de deux têtes d’oiseaux antithétiques entre lesquelles est installé un large appendice de suspension rectangulaire plat. Celui-ci est
décoré d’incisions parallèles figurant de cette manière les plumes des oiseaux. Le bord de l’appendice est légèrement biseauté. Les décorations ont été gommées, polies, et ont disparu en partie par l’utilisation de l’objet. Le dos
de l’appendice est usé, légèrement ébréché. Le trou de suspension est légèrement décentré, mais correspond à l’équilibrage de la palette une fois suspendue, car l’épaisseur de l’objet n’est pas homogène. Le trou de suspension
a été réalisé par perforation biconique non verticale. Trace d’usure, bien visible sur la tranche supérieure du trou
(photo) sur les deux faces, due à l’utilisation par suspension. Les deux têtes d’oiseaux sont ébréchées. Bords légèrement facettés dans la partie supérieure à la base des oiseaux, puis effilés sur le pourtour. Extrémité arrondie.
q Façonnage : Des traits parallèles s’entrecoupent sur les deux faces de l’objet. Sur une face, ils sont longitudinaux et parallèles aux bords et, sur l’autre, ils sont obliques. Dans la zone des têtes d’oiseaux, les traits sont
courts et partent dans plusieurs directions. L’ensemble de ces traces est poli. La trace de sciage de la pierre, vestige de la confection d’une des têtes, est encore visible.
q Utilisation : Face 2 : zone centrale (8,2 cm de longueur) piquetée avec arrachement de la roche. Important
dépôt d’une pâte brune (photo) devenue solidaire de la palette. Au-dessous de cette importante zone de préparation, on observe une autre aire d’utilisation, moins intense, caractérisée par un piquetage léger et par quelques
stries d’écrasement du minéral. Face 1 : cupule centrale créée par le broyage avec fin dépôt de poudre verte.
Au-dessus de cette cupule : zone de piquetage avec dépôt de pigment vert relativement important.
20.
q Inventaire : 90000453
q Provenance : Haute-Egypte
q Collection : -
q Forme : scutiforme
q Dimensions : 23,7 x 10,3 x 0,8 cm
q Couleur : gris vert
q Suspension : oui
q Description : Type 80N de Petrie. Palette scutiforme surmontée de deux têtes d’oiseaux de profil. Entre les deux
têtes d’oiseau, on observe un appendice quadrangulaire qui a été perforé (perforation bifaciale) pour la suspension. Taches d’oxydation dans la partie supérieure de la palette. Les têtes d’oiseau sont ébréchées sur la tranche.
q Façonnage : L’appendice entre les oiseaux présente un poli parfait. Les traces de façonnage ont presque totalement disparu. En dehors de cette zone, les traces d’usinage sont visibles partout (traits parallèles longitudinaux et obliques). Vers le bord gauche de la face inscrite, un trait courbe dû au clivage naturel de la pierre a été
en partie “gommé” par l’artiste à l’aide d’une succession de petits traits parallèles. Sur l’autre face (2), les traits
parallèles de façonnage sont courts et partent dans toutes les directions, ce qui a pour effet d’avoir un meilleur
rendu (plus fin).
q Utilisation : La zone d’utilisation centrale (face 1) est légèrement concave, mais on ne sent pas beaucoup (au
toucher) les anomalies de la surface qui est patinée. Des piquetages légers délimitent une large zone (12,5 x 5,2
cm). Face 2 : la zone d’utilisation est plus petite (6,6 x 3,5 cm) et les traces sont encore plus légères. Piquetage,
broyage. Sur cette face, la zone d’utilisation est placée sur la partie convexe de la palette. Très rares stries.
D’après la terminologie de Petrie. Forme en écusson.
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900000452
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21.
q Inventaire : 90000454 (U625)
q Provenance : Gebelein
q Collection : 1909
q Forme : scutiforme
q Dimensions : 32,7 x 13,5 x 2 cm
q Couleur : gris vert
q Suspension : oui
q Description : Type 80N de Petrie. Palette scutiforme dont le sommet est décoré de deux têtes d’oiseau symétriques entre lesquelles on note un appendice rectangulaire. Celui-ci est perforé en son centre (biperforation,
oblique vers le haut : 1,1 cm à l’ouverture, diamètre interne 0,4 cm). L’extrémité de la palette est pointue. Les
yeux des oiseaux sont formés par des perforations borgnes, légèrement oblique pour l’une, verticale pour l’autre. Dans un œil : reste de pâte plus ou moins claire (incrustation ?). Dans l’autre : trace noire dans la partie
supérieure de l’œil. Face 1 : deux larges zones d’oxydation dans la partie supérieure de la palette. Au centre de
la face 1 : arrachement naturel de la pierre en forme de cube : oxyde de fer. Au-dessous : tache brunâtre probablement due aux conditions taphonomiques. Sur l’autre face, on retrouve des aires d’oxydation dans les encoches qui dessinent les oiseaux. Reste d’une pâte noire dans le trou de suspension (douteuse). Quelques petites
ébréchures sur le pourtour. Les bords sont effilés.
q Façonnage : Face 1 : les traces de façonnage sont lisibles sur les bords et dans la partie inférieure. Partie inférieure sous la zone d’utilisation : aspect poli de la pierre. Face 2 : traces de façonnage visibles sur toute la surface, parallèles aux bords verticaux sauf pour la partie supérieure où les traits d’usinage sont horizontaux.
L’oiseau de droite montre une irrégularité de la pierre (clivage) non récupérée par le polissage. Le poitrail de
l’oiseau de gauche est très poli, plus que celui de droite.
q Utilisation : Face 2 : une très large zone est délimitée par un piquetage intense avec décollement de la feuille
supérieure de la pierre. Une partie paraît patinée par l’érosion éolienne. Dépôt récent de poudre blanche dans les
écailles de la roche. Face 2 : zone réduite où l’on observe de petits décollements de la pierre par utilisation sans
arrachement avec présence de pigment rouge et de stries obliques coupant perpendiculairement les stries parallèles de façonnage. Quelques fissures, “écailles” de la pierre résultant du clivage naturel de la grauwacke.
q Publication Lortet, Gaillard 1909 : 235, fig. 170.
22.
Inventaire : 90000691
q Provenance : Roda (prés de Medamoud)
q Collection : 1907 Lortet
q Forme : pisciforme
q Dimensions : 17,1 x 9,3 x 0,9 cm
q Couleur : gris clair
q Suspension : oui
q Description : Poisson schématique avec figuration uniquement de la queue de l’animal. Perforation biconique
soignée. Face 1 : perforation légèrement oblique. Face 2 : perforation verticale. Belle finition de l’objet. Bords
effilés, bord plat pour la queue.
q Façonnage : Objet travaillé par facettes aplanies. Traces de façonnage visibles sur les deux faces et sur toute
la surface de la palette : séries de traits parallèles obliques qui se croisent parfois. Ces traces ont disparu uniquement dans la zone centrale de la face 2, correspondant à la zone d’utilisation.
q Utilisation : Face 1 : traces très légères de piquetage dans la zone centrale, zone marquée par l’utilisation (6,6
x 4,7 cm). Reste de pigment vert. Utilisation par écrasement du minéral : quelques traits fins non parallèles et
piquetage extrêmement léger.
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23.
q Inventaire : 90000692
q Provenance : Egypte
q Collection : -
q Forme : pisciforme
q Dimensions : 28,6 x 6,8 x 0,9 cm
q Couleur : gris foncé
q Suspension : non
q Description : Palette probablement losangique à l’origine (sans angles aigus) décorée en poisson. Une extrémité n’est pas pointue mais plate et non totalement polie sur la tranche. Les bords sont presque plats, polis, lustrés. Les deux faces de l’objet sont légèrement convexes. La tête du poisson est figurée par deux traits parallèles courbes. Sur la face 1, ces deux traits sont interrompus. Sur cette même face, une première ébauche de ces
traits avait été commencée, à moins que les incisions arrêtées ne figurent un serpent similaire au dessin sur l’autre face. Elles ressemblent effectivement plus au champlevé utilisée sur l’autre face qu’aux incisions simples
de la tête de l’animal. L’œil du poisson est une perforation borgne conique. Les deux yeux sur les deux faces
ne sont pas l’un en face de l’autre. Face 2 : à gauche de la tête une ligne double ondulée en S en relief semble
figurer un serpent. Sur la totalité de la surface de cette face, des traces de couleur rouge sont visibles, mais sont
à priori modernes. Traces d’oxydation dues au système d’accrochage moderne.
q Façonnage : Toutes les traces de façonnage ont presque totalement disparu. L’objet est poli. Les plus visibles
sont situées sur la tête de l’animal (face 2).
q Utilisation : Sur les deux faces : cupule centrale formée par une utilisation intense (piquetage et stries).
Face 1 : utilisation par petits piquetages entre la cupule centrale et la tête du poisson et entre la cupule et l’extrémité. Face 2 : utilisation légère entre l’extrémité droite de l’objet et la cupule. Dans la zone de la décoration
en relief : large utilisation (piquetage et stries). Entre le serpent et la tête : dépôt d’une pâte grise et blanche.
24.
q Inventaire : 90000693
q Provenance : Egypte
q Collection : -
q Forme : pisciforme
q Dimensions : 12 x 7,6 x 0,8 cm
q Couleur : gris vert
q Suspension : oui
q Description : Palette en forme de poisson. La queue est suggérée au moyen de deux encoches qui ne sont pas
situées l’une en face de l’autre. La bouche est indiquée par une minuscule entaille sur les deux faces (ébréchée).
Trou de suspension biconique. Biperforation oblique inversée (le diamètre interne de la perforation est deux fois
plus petit que le diamètre d’ouverture). Bord plat pour la queue, bords effilés pour le reste de l’animal. Profil
elliptique de l’objet et faces irrégulières. Objet poli. Trace de patine blanchâtre sur les deux faces. La face 1 présente deux zones de concavités marquées. Inscriptions pharaoniques sur les deux faces. Face 1 : animal incisé
au-dessus du n° 182 ; à droite, deux fois le signe de l’eau et une inscription (?). Contre le ventre du poisson :
autre signe. Face 2 : au-dessous du trou de suspension, incrustation cubique naturelle (noire) : elle a été entourée par des traits incisés. À gauche : inscription (?). Au-dessous de cette inscription, présence d’un cartouche38.
À gauche de cet ensemble : trois traits incisés profonds jusqu’à l’extrémité de la queue du poisson.
q Façonnage : Quelques traits parallèles de façonnages s’entrecoupant sont légèrement perceptibles en dehors
des zones d’utilisation, mais l’aspect général de l’objet est poli. Sur la face 2 : deux irrégularités de la pierre
ont en partie été gommées.
q Utilisation : Trace d’usure dans la tranche du trou de suspension (utilisation portée de l’objet). Face 1 : deux
zones concaves d’utilisation avec traces de piquetage et de stries marquées sur les deux tiers de l’objet. Face
2 : traces de piquetage dans une zone concave sous les inscriptions.
La présence d’un cartouche incisé a déjà été signalé : type 23D de Petrie (cartouche pharaonique incisé sur la surface d’une palette en forme d’oiseau).
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25.
q Inventaire : 90000697
q Provenance : Egypte
q Collection : -
q Forme : pisciforme
q Dimensions : 13,7 x 6,7 x 0,9 cm
q Couleur : gris clair
q Suspension : oui
q Description : Type 45Q de Petrie, sans œil. Poisson schématique avec figuration uniquement de la queue formée par deux encoches symétriques obliques. Le trou de suspension est formé par une biperforation. La palette est cassée à cet endroit ; elle a dû être fragilisée par la position du système de suspension trop proche du
bord. La tête du poisson est légèrement pointue. Une face (2) est plus convexe que l’autre (1) et est travaillée
par facettes. Patine blanche sur les deux faces, sauf dans la partie centrale de la face 2. Bords effilés et légèrement facettés.
q Façonnage : Traces de façonnage visibles sur les deux faces.
q Utilisation : Face 2 : petites zones de piquetages légers (vers la queue, sous le trou de suspension, vers la tête).
La partie centrale est aplanie et polie. Face 1 : utilisation sur la tête de l’animal. Série de stries en “éventail”
qui partent d’une toute petite zone brune avec minuscules piquetages. En dessous de ces stries : petit dépôt de
poudre rouge vif (ocre ? hématite ?) (1 cm de long par 0,3 cm de large). Dans la zone du numéro d’inventaire,
on note une concavité formée par l’utilisation : écrasement du minéral vers l’extérieur.
26.
q Inventaire : 90000700
q Provenance : Khozam
q Collection : 1907 Lortet
q Forme : pisciforme
q Dimensions : 15,5 x 8,6 x 0,8 cm
q Couleur : gris
q Suspension : oui
q Description : Type 38M de Petrie avec perforation. Poisson schématique avec figuration de la queue et de l’œil
de l’animal. L’œil et le trou de suspension sont formés par une perforation biconique. La perforation de l’œil
est plus large que celle de la suspension. L’œil est situé très haut par rapport à la tête supposée de l’animal. Les
bords sont légèrement arrondis. Dans la zone du trou de suspension, la palette est moins épaisse. Patine blanche sur les deux faces.
q Façonnage : Traces de façonnage de l’objet sur les deux faces. Pour la face 2, ces traces sont visibles uniquement sur le pourtour de l’objet.
q Utilisation : Face 1: une petite zone de piquetage (avec arrachement de la pierre) a altéré la patine. À gauche
de cette zone, aire où les traces de façonnage ont disparu (utilisation par broyage ?). La lecture est difficile en
raison de la patine et des numéros d’inventaire. Face 2 : zone centrale utilisée par broyage. Zone plane et polie
par utilisation. Les traces de piquetage sont patinées. Sous l’œil, la roche est arrachée postérieurement à la patine. Les écailles de la pierre, altérées anciennement, ont dû tomber récemment. Face 1 : partie supérieure du trou
de suspension lustrée par l’utilisation par suspension.
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90000697
90000700
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27.
q Inventaire : 90000701
q Provenance : Khozam
q Collection : -
q Forme : scutiforme
q Dimensions : (12,3) x 9,6 x 1,2 cm
q Couleur : gris foncé
q Suspension : oui
q Description : Proche du type 69B de Petrie, avec perforation et plus large. Palette scutiforme dont le sommet
est surmonté de deux têtes d’oiseau schématiques antithétiques. Trou de suspension central entre les deux
oiseaux. Perforation biconique bifaciale. Les têtes des oiseaux sont cassées, tout comme l’extrémité. Les bords
sont effilés. Le bord sommital est plus arrondi au-dessus du trou de suspension. Face 1 : incrustation naturelle
d’un fragment de roche cubique noir - rouille (oxyde de fer ?).
q Façonnage : Traces de façonnage obliques visibles sur le pourtour de l’objet.
q Utilisation : Face 1 : la partie centrale a été polie par l’utilisation, les traces de façonnage ne sont plus visibles.
Broyage très fin, pas d’éclatement de la pierre. Face 2 : la partie centrale a été utilisée par broyage fin, elle est polie
et les traces de façonnage ont disparu. Dans cette aire beaucoup plus lisse, on distingue une multitude de traits fins
désorganisés indiquant une utilisation par écrasement du minéral. Sur cette même face, sous l’oiseau de gauche, une
zone (concavité naturelle à l’origine ?) a servi au concassage. Sur le cou de l’oiseau de droite : dépôt vert mais douteux. Il peut être dû à un système d’accroches moderne en laiton39. Face 1 : trace d’usure du trou de suspension.
28.
q Inventaire : 90000702
q Provenance : Khozam
q Collection : -
q Forme : ovale
q Dimensions : 11,3 x 7,2 x 1,2 cm
q Couleur : noir et brun
q Suspension : non
q Description : Palette (?) ovale très épaisse. Traces d’oxydation sur l’ensemble de l’objet. Un des bords est légèrement facetté. Deux cupules ovales régulières, une sur chaque face. Cupules de polissage ? Ne ressemble en
rien aux cupules formées habituellement par le broyage des pigments.
q Façonnage : Traces de façonnage de l’objet sous la patine (traits parallèles).
q Utilisation : -
L’analyse de certains objets de la collection du Musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye, réalisée au Louvre au
Laboratoire de Restauration et de Recherche des Musées de France par Philippe Walter, a montré la forte teneur en zinc sur des restes de
traces vertes dont l’emplacement était douteux (tranche de l’objet).
39
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90000701
90000702
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29.
q Inventaire : 90000703
q Provenance : q Collection : -
q Forme : pisciforme
q Dimensions : 10,7 x 7,2 x 0,9 cm
q Couleur : gris brun
q Suspension : non
q Description : Palette pisciforme décorée. Queue fourchue. Le ventre et le dos du poisson sont décorés de longs
traits incisés profonds obliques. Le ventre est plat et le dos est angulaire. La tête est figurée par un trait courbe
incisé, l’œil par un cercle et la bouche par une incision qui passe de part et d’autre des deux faces. Deux narines sont dessinées à l’aide de deux points incisés. Le ventre et le dos sont séparés du reste du corps par une
incision profonde rectiligne. Le corps de l’animal est décoré d’un quadrillage régulier incisé. Toutes ces incisions sont rectilignes et régulières et se distinguent des décorations connues. Bords arrondis réguliers, polis.
Dans une des encoches formées par la queue : traces vertes. Probablement dépôt de laiton provenant d’un
accrochage muséographique40.
q Façonnage : Rares traces de façonnage, l’objet est totalement poli.
q Utilisation : Traces de piquetage et rares stries d’utilisation dans deux zones légèrement concaves, une sur
chaque face. On a l’impression, surtout sur la face 1 que les incisions sont venues après l’utilisation. On peut
se demander pour plusieurs raisons si la décoration de la palette n’est pas moderne : type de la décoration,
régularité des incisions et décoration post-utilisation.
30.
q Inventaire : 90000704
q Provenance : q Collection : -
q Forme : scutiforme
q Dimensions : 16,2 x 11,3 x 1 cm
q Couleur : gris clair
q Suspension : oui
q Description : Type 86 de Petrie. Palette scutiforme simple, en forme de goutte. Trou de suspension au centre
de la partie la plus large. La perforation est presque unifaciale (face 1), conique. Elle a été juste rattrapée sur
l’autre face. Palette ébréchée à gauche du trou de suspension et à l’extrémité blanche sur les deux faces. Une
face plane (1), une face convexe. La stratification naturelle de la roche est visible sur la face convexe (2).
q Façonnage : Traces de façonnage longitudinales presque invisibles sur la face 2. Sur la face 1, la patine est trop
épaisse.
q Utilisation : Face 1 : cinq petites zones où la pierre est arrachée par cupules avec traces de carbonates. Vers
l’un des bords, on distingue des traits désorganisés probablement dus à l’utilisation.
Voir note précédente.
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Centre de Conservation et d'Etude des Collections
31.
q Inventaire : 90000705
q Provenance : Abydos
q Collection : 1897 Lortet
q Forme : pisciforme
q Dimensions : 18,4 x 11,3 x 0,9 cm
q Couleur : gris clair
q Suspension : oui
q Description : Entre les types 46M et 45S de Petrie. Poisson schématique avec figuration uniquement de la
queue de l’animal. Celle-ci est formée par deux encoches marquées, avec pour l’une d’elles (face 1) les restes
légers des traces de préparation. Forme elliptique de la palette. Une face bombée avec une patine blanche et
une face irrégulière. Face 1 : concavité naturelle avec fissure de la pierre. Les traces de façonnage sont visibles
dessus. Bords effilés, mais facettés pour la queue. Trou de suspension formé par biperforation oblique. Face 1 :
à droite de la perforation, traces d’une première perforation abandonnée, qui devait être mal placée pour assurer l’équilibre de l’objet une fois suspendu. Face 2 : zone altérée à l’endroit le plus bombé de l’objet.
q Façonnage : Traits de façonnage obliques et plus ou moins horizontaux sur toute la surface de la palette, sur
les deux faces.
q Utilisation : Face 1 : Quelques zones éparses de piquetage avec arrachement de la pierre. La zone centrale n’est
pas la plus utilisée. À plusieurs reprises : petits dépôts d’une poudre blanche (douteux, modernes ?). Face 2 :
utilisation centrale, vers le ventre et vers la queue, mais difficilement observable à cause de la patine. Quelques
stries d’écrasement du minéral.
32.
q Inventaire : 90000706
q Provenance : q Collection : -
q Forme : scutiforme
q Dimensions : 23,7 x 10,1 x 0,9 cm
q Couleur : gris clair
q Suspension : non
q Description : Palette scutiforme dont le sommet est surmonté de deux oiseaux antithétiques. Un des oiseaux
est brisé. La tête de l’oiseau conservée est décorée d’un œil formé par perforation unifaciale verticale (face 2)
rattrapée légèrement sur l’autre face. Entre les deux oiseaux, un triangle décoratif sépare les dos respectifs des
animaux. Pas de trou de suspension. À la base des oiseaux, sur chaque côté : deux encoches. Cette zone est cassée sur l’un des côtés. L’objet aurait pu être suspendu par ce système d’encoches (?), en entourant la palette
avec des liens. Les bords sont très effilés. La partie sommitale de la palette correspondant à la figuration est
plus fine que le reste de l’objet. L’épaisseur de la palette est irrégulière. Elle est épaisse au centre et fine à l’extrémité pointue. Patine blanche sur les deux faces. Une face plus ou moins plane (1) et une plus convexe (2).
Face 2 : incrustation d’une roche noire cubique.
q Façonnage : Fins traits obliques dus au façonnage. Ils ont disparu dans les zones d’utilisation.
q Utilisation : Face 1 : la surface de la palette est difficilement visible à cause de la patine. Entre la base des deux
oiseaux, on note une petite zone concave formée par le broyage. Face 2 : zone centrale aplanie et polie par l’utilisation. En périphérie de cette zone, présence de quelques stries fines désorganisées dues à l’écrasement du
minéral. Juste au-dessus de l’extrémité pointue : autre zone de broyage, plus ou moins circulaire, non polie et
rugueuse au toucher.
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Centre de Conservation et d'Etude des Collections
33.
q Inventaire : 90000707
q Provenance : Abydos
q Collection : 1897 Lortet
q Forme : pisciforme
q Dimensions : 19 x 10,1 x 0,8 cm
q Couleur : gris clair
q Suspension : oui
q Description : Poisson schématique sans décoration. Seule la queue est dessinée par deux larges encoches symétriques. Trou de suspension à perforation biconique. Forme irrégulière de la plaque de schiste. Patine blanche
sur les deux faces. Face 2 : trois incrustations naturelles cubiques (oxyde de fer). Face 2 : un large éclat est parti
par impact à gauche du trou de suspension.
q Façonnage : Quelques traces de façonnage visibles sous la patine. Les traits partent dans plusieurs directions.
Face 2 : l’artiste a essayé de “gommer” une irrégularité naturelle de la roche. Les traits d’usinage sont plus profonds dans cette zone. Il peut aussi s’agir d’une utilisation dans cette cavité naturelle car les traits se présentent
en “éventail”.
q Utilisation : Face 1 : piquetage visible sous la patine en plusieurs endroits, notamment vers la queue de l’animal. Face 2 : piquetage dans la partie centrale avec minuscules stries. Utilisation plus intense par écrasement
du minéral dans la dépression naturelle créée par la fissure.
34.
q Inventaire : 90000708
q Provenance : q Collection : -
q Forme : tortue
q Dimensions : 9,6 x 10,7 x 1,3 cm
q Couleur : gris foncé
q Suspension : non
q Description : Tortue schématique avec seulement la tête figurée. Tête trapue au nez pointu. Trionyx. Le corps
de l’animal n’est pas rond, mais légèrement en goutte. Une face plane (1), une convexe (2). Quelques veines
de la pierre plus foncées sur la face 1. Quelques ébréchures sur les bords. Bords légèrement facettés.
q Façonnage : Les traces de façonnage sont plus visibles sur la face 1, sur le pourtour de l’objet. Elles sont visibles en partie sur les bords malgré l’aspect poli de ces derniers.
q Utilisation : La partie centrale des deux faces est usée par l’utilisation. Face 1 : vestiges de fard vert. Zone de
broyage (concave et rugueuse), piquetage, avec minuscules stries d’écrasement du minéral. Face 2 : zone centrale avec traces de piquetage et léger dépôt de poudre rosâtre dans les cupules. Une autre petite zone de piquetage est visible entre le centre et la tête de l’animal.
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35.
q Inventaire : 90000838
q Provenance : Khozam
q Collection : exposition 1977
q Forme : oiseau
q Dimensions : 13,2 x 8,1 x 0,7 cm
q Couleur : vert
q Suspension : non
q Description : Moulage (original en dépôt au Musée du Louvre) d’une palette en forme de canard (ou de cormoran ?). La tête est repliée sur le cou, les pattes sont figurées sous le ventre et le plumage est dessiné à l’aide d’incisions parallèles. Le corps est détaillé sur les deux faces (œil, bec, aile, plumes). Bord effilé, mais facetté sous le bec de l’oiseau.
q Façonnage : Quelques traces de façonnage visibles, traits parallèles.
q Utilisation : -
q Publication : De Cénival J.L., L’Egypte avant les pyramides. 4 ème millénaire. Grand Palais, 29 mai – 3 septembre 1973. Edition des Musées Nationaux. 1973 : 18, n°6.
36.
q Inventaire : 90000854
q Provenance : Khozam
q Collection : 1907 Lortet
q Forme : ovale
q Dimensions : 9,4 x 7,5 x 0,9 cm
q Couleur : gris foncé
q Suspension : non
q Description : Type 57M de Petrie, sans la perforation. Palette ovale plano-convexe, aux bords plats.
q Façonnage : Face 1 : traces de façonnage visibles sur toute la surface (séries de traits obliques). Face 2 : traces de façonnage visibles uniquement sur le pourtour de l’objet, en périphérie de la zone d’utilisation.
q Utilisation : Face 1 : quelques petits piquetages dans la partie centrale avec fines stries désorganisées qui coupent les stries de façonnage. Face 2 : utilisation plus intense. La majeure partie de la surface est polie par l’utilisation (aucune trace de façonnage persistant dans cette zone utilisée). Au centre, vestige de piquetage ou
broyage. En périphérie : minuscules stries désorganisées.
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90000838
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37.
q Inventaire : 90000856
q Provenance : Karnak
q Collection : 1898 mission Lortet, Karnak
q Forme : ronde
q Dimensions : 14,2 x 13,3 x 1,5 cm
q Couleur : gris brun
q Suspension : non
q Description : Palette ronde avec une face (2) plus plane que l’autre (1). Palette de forme régulière aux bords
effilés, et épaisse en son centre. La face la moins plane montre le feuilletage naturel de la roche.
q Façonnage : Face 1 : traces longitudinales parallèles de façonnage encore visibles mais peu marquées. Face 2 :
quelques traces de façonnage visibles uniquement sur le pourtour de l’objet. Le reste est poli par l’utilisation.
q Utilisation : Face 1 : large zone d’altération de la pierre (8,3 cm) avec arrachement de la surface. Le centre de
la palette est caractérisé par un dépôt important (3,5 x 3 cm) d’un produit blanc adhérant totalement à l’objet.
Dans cette zone, stries en éventails. Face 2 : surface polie, lustrée par l’utilisation. Au centre et dans quatre
autres zones : piquetage et stries fines d’utilisation. Au centre, petits dépôts de pâte blanche.
38.
q Inventaire : 90000865
q Provenance : Khozam
q Collection : Lortet
q Forme : ovale
q Dimensions : 8,8 x 7,2 x 0,8 cm
q Couleur : gris foncé
q Suspension : non
q Description : Forme plus ou moins ovale. Une partie des bords de l’objet est courbe, une partie est formée par
lignes brisées. Bords en partie plats, en partie arrondis. Une face régulière (1), une face plus irrégulière (2),
moins plane avec fractures naturelles de la pierre.
q Façonnage : Absence des traces de façonnage. L’objet est poli.
q Utilisation : Face 1 : partie centrale concave et marquée par l’utilisation et les restes de pigment vert. Petites
stries fines éparses d’utilisation. La surface est totalement polie par l’utilisation. Face 2 : la partie centrale présente des traces de piquetage léger. Stries fines éparses d’utilisation.
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39.
q Inventaire : 90000866
q Provenance : Khozam
q Collection : 1907 Lortet
q Forme : ronde
q Dimensions : 9,6 x 8,7 x 1,2 cm
q Couleur : gris
q Suspension : non
q Description : Palette grossière plus ou moins ronde. Elle a peut-être été rectangulaire à l’origine, car présence de deux bords rectilignes. Il peut s’agir également d’une palette non achevée, avec seulement deux bords
droits. Les bords courbes sont grossiers et non travaillés. L’épaisseur de l’objet est irrégulière. Une face (2) est
plane, une (1) est irrégulière, en facette et laissée brute sans travail de façonnage.
q Façonnage : Absence de traces de façonnage sur la face 2. Façonnage grossier visible sur la face 1. La face est
laissée brute, la face 2 est polie par l’utilisation.
q Utilisation : Face 1 : dans la partie centrale (numéro d’inventaire), zone polie par utilisation et présence de stries
en “éventails” formées par l’écrasement du minéral. Face 2 : la surface brute de la palette a été polie par l’utilisation. Important reste de poudre verte dans les cassures du pourtour de l’objet et traces vertes dans la zone de
broyage centrale (5 x 3,5 cm). En périphérie de la zone verte, présence de quelques stries fines désorganisées.
40.
q Inventaire : 90000867
q Provenance : Khozam
q Collection : 1907 Lortet
q Forme : ronde
q Dimensions : 10,9 x (7,6) x 0,6 cm
q Couleur : vert foncé
q Suspension : non
q Description : Entre les types 17W et 78P de Petrie. Demi Palette circulaire (brisée en deux) au bord décoré par
une série d’incisions profondes sur une face. Face 1 : décorée et plus plane que la face 2. La surface de la cassure est émoussée (érosion éolienne ?).
q Façonnage : Face 1 : aucune trace de façonnage, l’objet est poli. Face 2 : rares traces de façonnage à peine perceptibles sur le pourtour de la palette.
q Utilisation : Face 1 : traces de broyage dans la partie centrale et sous le numéro d’inventaire. La surface de la
palette est totalement polie. Face 2 : l’objet a été utilisé dans sa partie centrale (partie centrale de l’objet une
fois cassé). La partie centrale est concave et totalement lisse, avec des traces de piquetage. En périphérie de la
zone lustrée : stries nombreuses, fines, désorganisées (écrasement du minéral).
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41.
q Inventaire : 90000868
q Provenance : Khozam
q Collection : Lortet 1907
q Forme : carrée
q Dimensions : 7,1 x 6,3 x 0,7 cm
q Couleur : gris
q Suspension : non
q Description : Palette quadrangulaire presque carrée, relativement grossière. Bords effilés mais irréguliers, non
travaillés. Une face (2) est homogène, plane, l’autre (face 1) est travaillée par facettes (5) comme la palette
n°43. Deux de ces facettes sont brutes et naturelles, trois sont retravaillées. Un éclat par percussion a été arraché sur la face non régulière.
q Façonnage : Face plane (2) : traces de façonnage visibles sur le pourtour de la palette. Face 1 : traces de façonnage sur trois facettes, dont la partie centrale plane.
q Utilisation : Face 1 : partie centrale abîmée par le vernis et le numéro d’inventaire. Piquetage léger et stries qui
partent en éventail sous le numéro. Face 2 : toute la partie centrale est polie par l’utilisation. Quelques stries
fines éparses d’utilisation. En périphérie de la zone polie centrale : dépôt de pigment vert clair.
42.
q Inventaire : 90000859
q Provenance : Khozam
q Collection : -
q Forme : rectangulaire
q Dimensions : 16,7 x 7,4 x 2,2 cm
q Couleur : gris
q Suspension : non
q Description : Palette grossière rectangulaire, de la même matière et du même style que le numéro 39. Deux
bords rectilignes, plats. Une face plus ou moins plane et une face brute (1) très irrégulière. Les deux petits côtés
sont grossiers, bruts et arrondis. Faces 1 et 2 : taches brunes (modernes ? taphonomiques ?).
q Façonnage : Absence de trace de façonnage.
q Utilisation : Face 1 : face très irrégulière avec dans la partie la moins accidentée des traces d’utilisation et des
petites stries désorganisées. La partie la plus convexe est polie. Dépôts épars de poudre rosâtre. Face 2 : partie
centrale marquée par une utilisation intense par broyage et restes de pigment vert importants. En périphérie de
cette large zone (6,6 x 2,7 cm), présence de longues stries qui partent dans toutes les directions et qui correspondent au mouvement d’écrasement du minéral. Ces stries couvrent presque la totalité de la palette.
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Centre de Conservation et d'Etude des Collections
43.
q Inventaire : 90000860
q Provenance : Khozam
q Collection : -
q Forme : rectangulaire
q Dimensions : 9,7 x 6,9 x 0,6 cm
q Couleur : gris
q Suspension : non
q Description : Palette grossière rectangulaire. Bords et surface irréguliers. Bords effilés. Une des faces (1) est
travaillée par facettes (5) créant une partie centrale plane. Face 2 : large dépôt brun rouille (moderne ? taphonomique ?).
q Façonnage : Face 1 : quelques traces de façonnage sur les facettes, mais toutes les surfaces n’ont pas été travaillées. Face 2 : traces de façonnage plus ou moins parallèles horizontales.
q Utilisation : Face 2 : peut-être légèrement utilisée près de la fissure. Sous le dépôt brun-rouge la pierre semble
altérée. Face 1 : toute la zone centrale plane a été utilisée (stries). Restes de pigment vert. Piquetage dans la
zone centrale.
44.
q Inventaire : 90000696
q Provenance : Karnak
q Collection : -
q Forme : rectangulaire
q Dimensions : 13,8 x 8,3 x 0,8 cm
q Couleur : gris
q Suspension : non
q Description : Type 98M de Petrie, sans la perforation. Palette rectangulaire plate avec deux lignes larges et profondes incisées le long des quatre bords sur une face. Les traits se croisent perpendiculairement aux angles. Les
bords sont droits. Face 1 : large zone d’oxydation.
q Façonnage : Traces de façonnage visibles sur les bords et sur le pourtour de la face 1.
q Utilisation : Face 1 : légère utilisation sur presque la totalité de la surface. Petits piquetages et stries désorganisées. Face 2 : les deux tiers de la surface ont servi pour la préparation d’une pâte. Dépôt blanc et noir. Le
pourtour de cette zone est marqué par une auréole blanche claire indiquant la présence d’un liquide mélangé.
Vers l’un des angles, on perçoit les empreintes digitales de la personne qui a effectué le mélange. Dans cette
zone de préparation et en périphérie : léger piquetage. Deux types d’utilisation : broyage puis préparation d’un
produit.
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45.
q Inventaire : 90000855
q Provenance : q Collection : -
q Forme : rectangulaire
q Dimensions : (12,1) x 7,3 x 2 cm
q Couleur : noir
q Suspension : non
q Description : Palette massive en basalte (?), taillée et conçue un peu comme un récipient (premières dynasties
ou plus récente ?). La face logique d’utilisation (1) présente un creusement central quadrangulaire. Un des côtés
les moins larges est cassé. L’autre face est plane. Les bords sont en biseau régulier, formant une série de cinq
facettes planes.
q Façonnage : Face 1 : l’objet est poli. Face 2 : traces de façonnage horizontaux ou obliques visibles sur les quatre bords. La face plane en a conservé très peu en raison de l’utilisation de la surface pour le broyage.
q Utilisation : Piquetage et traces de frottement dans la zone prévue pour le broyage (face 1) et restes de poudre rouge. Mais le piquetage est également visible sur les bords plans de cette face et en partie dans la cassure
d’un des bords. La face qui correspond normalement à la face posée et invisible lorsque l’objet est utilisé, présente des traces d’utilisation similaires : piquetage avec reste de pigment rouge. Par ailleurs, des stries fines
d’utilisation désorganisées sont observables au cœur de la zone piquetée. Les bords obliques présentent également quelques traces de piquetages.
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Cahiers scientifiques n° 9
Centre de Conservation et d'Etude des Collections
Apports de l’étude
utilisé pour le broyage ou la préparation de produits
colorés, avant d’être offert au défunt.
La collection du Muséum est d’une
grande qualité et offre la possibilité d’observer un
grand nombre d’objets diversifiés (diversités des thèmes, du style, des dimensions). L’étude de ces objets
permet d’enrichir nos connaissances qui se basaient
sur le matériel provenant des fouilles du site
d’Adaïma (IFAO). Il était nécessaire d’avoir un plus
large échantillon de palettes étudiées précisément
pour comprendre l’utilisation de ces outils, d’autant
plus que le matériel d’Adaïma était majoritairement
fragmentaire. Nous constatons que tout type de palette (géométriques, zoomorphes, de petite ou de grande
dimension, simples ou décorées) était largement
Par ailleurs, la collection offre l’avantage de présenter des dépôts de matière sur les surfaces de certaines palettes. Nous constatons que la couleur rouge est souvent associée sur un même outil à la
couleur verte. De plus, certains objets présentent des
dépôts de matières dont la couleur diffère des trois
pigments « classiques » du prédynastique (élaborés à
base de minerais vert, noir et rouge), ce qui nous autorise à imaginer une plus grande variété dans la création picturale tégumentaire. Il sera dans l’avenir intéressant d’analyser ces traces afin de connaître leur
composition et leur éventuelle utilisation.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Département du Rhône - Muséum, Lyon
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Cahiers scientifiques n° 9

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