Fusion GDF-Suez : ce que cache le projet de loi

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Fusion GDF-Suez : ce que cache le projet de loi
Fusion GDF-Suez :
ce que cache le projet de loi
La fusion GDF-Suez fait débat, on ne peut que s'en féliciter . Mais le projet de loi sur l'Energie, qui sera soumis au vote du
Parlement en septembre, comporte un autre volet étrangement passé sous silence malgré son importance : l'ouverture des
marchés du Gaz et de l'Electricité aux particuliers.
Les conséquences de la fusion GDF-Suez
La fusion entre GDF et Suez scellerait le divorce entre EDF et GDF, obligeant les 60 000 agents "mixtes" à se séparer en
équipes concurrentes au détriment de la coopération et de la complémentarité construite depuis des décennies.
Dans une situation de crise énergétique, cette fusion, qui privatiserait GDF, priverait l'Etat d'un outil essentiel à l'orientation
de sa politique énergétique.
La fusion ne garantirait en rien l'avenir de Suez, et étendrait à GDF les risques d'OPA. Au contraire, la question d'un
contrôle de Suez par l'Etat se pose puisque cette entreprise intervient dans des secteurs d'intérêt général comme l'Eau,
l'environnement et l'Electricité.
Enfin, le prétendu intérêt à constituer un champion national est un leurre : le partage du marché entre grandes
multinationales ne s'est jamais fait dans l'intérêt des usagers.
L'ouverture des marchés de l'Energie aux particuliers
Aujourd'hui, toutes les entreprises et les professionnels peuvent choisir leur fournisseur d'Electricité et de Gaz. Ils peuvent
décider de rester au tarif régulé par l'Etat, ou bien de "profiter" des prix de marché. Dans ce cas, leur décision est
irréversible : ils n'ont plus la possibilité de revenir au tarif régulé.
Ceux qui ont fait ce choix ont vu leur facture s'envoler, et paient aujourd'hui en moyenne le double du tarif régulé, sans
avoir aucune garantie sur l’évolution des prix.
Un bilan très négatif de l'ouverture des marchés pour les entreprises
Quel bilan tirent les dirigeants d'entreprises, eux qui étaient parmi les plus chauds partisans de cette ouverture des
marchés?
⇒ M. Aghetti, président de l’Union des industries utilisatrices d’énergie (grands clients), dénonçait en 2004 l’absurdité de
la déréglementation : «L'iceberg est devant nous, on va droit dessus et rien ne bouge ».
⇒ Les critiques se sont multipliées parmi les des industriels électro-intensifs (chimie, aluminium, papier, etc …), certains
menaçant même de mettre la clé sous la porte ou de délocaliser, telle l’entreprise Alcan/Pechiney.
⇒ « La volatilité des cours sur la Bourse de l'électricité est "incompatible" avec la visibilité dont les industriels ont
besoin ». M.Guérin, directeur de l’usine d’équipement automobile Cooper Standard
Triste bilan, largement partagé. Devant l'évidence de cet échec, nombre de députés de la majorité gouvernementale
hésitent aujourd'hui à poursuivre dans cette voie. Mais cela ne semble pas suffire …
D'autres conséquences néfastes
Les prix ne sont hélas pas les seules conséquences de l'ouverture des marchés du Gaz et de l'Electricité. La qualité de
service, la sécurité, l'égalité de traitement, la construction de l'avenir sont également mis à mal. On constate aujourd'hui :
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des fermetures d'agences au détriment d'un service public de proximité pourtant essentiel au maintien du tissu social
une multiplication des interlocuteurs pour les usagers
des disparités énormes de prix sur le marché, laissant présager un "malus" pour les clients "normaux"
l'augmentation des délais (pour les rendez-vous et les dépannages)
la multiplication des services payants, en remplacement des services gratuits
des suppressions de poste et la recherche de gains de productivité à tout prix, mettant en danger la sûreté des
installations et la qualité de service (particulièrement dangereux dans le secteur nucléaire)
hypothéquant l'avenir, et contrairement à la campagne publicitaire d'EDF, des budgets de recherche en chute libre
(-30% pour EDF, -50% pour GDF),
et toujours des coupures d'électricité pour les familles démunies
Ce processus d'éclatement des entreprises de service public donne jour à un système extrêmement complexe et de moins
en moins contrôlable, tant du point de vue de la production que des offres faites aux usagers.
Réponse à de mauvaises justifications
Les dirigeants des grands opérateurs électriques et gaziers tentent envers et contre tout de trouver des explications
rationnelles aux hausses des prix du Gaz et de l'Electricité.
Ils nous disent :
Cette augmentation serait due à l'envolée des prix du pétrole :
Comment croire à cela, quand 80% de la production électrique est d'origine nucléaire, et 15% d'origine hydraulique,
donc totalement indépendante de l'évolution des prix du pétrole.
Cette augmentation serait nécessaire à la prise en compte des coûts futurs de renouvellement du parc de
production, et les tarifs régulés actuels seraient trop bas
Pourtant, la DIRDEME (Direction de la Demande des Marchés Energétiques) publie sur le site du ministère de
l'Industrie un rapport qui conclut qu'un prix de vente de 32€/MWh est suffisant pour couvrir tous les coûts de
production des futures centrales nucléaires, y compris les coûts d'investissement et de traitement des déchets. Ce
prix est dans la fourchette basse des tarifs régulés actuels. Certes, cela ne vaut que pour le nucléaire, mais dans la
situation actuelle, rappelons qu'elle représente 80% de la production d'électricité, le complément hydraulique étant
encore moins cher.
Les résultats exceptionnels présentés par EDF et GDF, redistribués pour près de la moitié aux actionnaires, ainsi
que les primes et augmentations très généreuses reversés aux cadres dirigeants, prouvent d'ailleurs que les prix
pourraient être encore plus bas.
Peut-on les croire quand ils nous assurent que les tarifs régulés seront maintenus, protégeant les usagers contre
les hausses des prix ?
Si on les écoute bien, ils disent également que le maintien des tarifs régulés ne peut être que transitoire, et ne
perdurera probablement pas au-delà de 2010. Cette phase transitoire devrait permettre une "convergence des tarifs
régulés avec les prix de marché". Mais pourquoi y aurait-il convergence, et à quel niveau ?
A la fin de cette période, les usagers se retrouveraient "livrés" au marché, sans aucun moyen de défense.
A bout d'arguments, ils se réfugient derrière le parapluie des directives européennes. Mais comment admettre qu'une
démocratie ne puisse remettre en cause des choix manifestement mauvais, qui hypothèquent gravement l'avenir, et qui
n'ont jamais été soumis à l'approbation des citoyens ni même de leurs élus ?
Une nécessaire remise en cause de ce processus de libéralisation
Au lieu de s'entêter dans cette logique, il est plus que temps de tirer les conséquences de cet échec, et d'envisager d'autres
alternatives. Elles passent par une maîtrise de la politique énergétique, par une transparence dans les choix des énergies,
par la prise en compte de l'intérêt des usagers, par le respect de l'égalité de traitement, des principes de solidarité, par une
priorité aux économies d'énergie, à l'environnement, à la sûreté des installations, par un développement des énergies
renouvelables, par des investissements dans la Recherche, par le maintien d'un personnel qualifié.
Autant d'axes auxquels ne répondront jamais des entreprises privatisées en concurrence, entièrement tendues vers des
objectifs de rentabilité à court terme.
Il est au contraire nécessaire de construire un véritable Service Public de l'Energie, intégrant l'Electricité, le Gaz mais
également le pétrole. Nous vous invitons à agir avec nous.
Signez la pétition contre l’ouverture des marchés Gaz&Elec aux particuliers
sur
http://sudenergieedf.free.fr/petition /petition.php
Fédération des Syndicats Solidaires Unitaires et Démocratiques de l’Energie
93 bis rue de Montreuil – 75011 PARIS
06.83.55.10.47 – 06.70.52.76.39
http://www.sudenergie.com - [email protected][email protected]