L`abstraction géométrique : un jeune mouvement qui fête

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L`abstraction géométrique : un jeune mouvement qui fête
Lille, le 7 novembre 2014
L’abstraction géométrique :
un jeune mouvement qui fête son centenaire
Par Didier Vesse, directeur de la foire Art Up !
La très riche et très passionnante exposition Dynamo au Grand Palais à Paris, une
rétrospective de l’art géométrique belge au BAM de Mons, la collection permanente
d’Auguste Herbin et l’exposition de Dewasne au Musée Matisse du CateauCambrésis et plusieurs expositions sur la thématique au musée de Cambrai
Cette
dernière année, l’abstraction géométrique n’a cessé de faire parler d’elle, de se
montrer et de démontrer sa vitalité. Ce mouvement artistique qui vient de fêter son
centenaire est bien loin de s’essouffler, il semble même bénéficier d’une seconde
jeunesse
Il n’a en fait jamais vieilli, se nourrissant de chaque aspect de notre
époque pour évoluer et se réinventer.
Je considère pour ma part que l’abstraction géométrique est, par essence, l’un des
principaux mouvements de l’art contemporain. Dès 1910, des artistes tels que
Kandinsky, Kupka, Mondrian ou Malevitch ont renoncé à la figuration. A la recherche
d’une expression universelle, ils ont créé un nouveau langage formel, où la ligne, la
forme géométrique et la couleur devenaient par eux-mêmes signifiants. Comme le
disait si bien Van Doesburg, fondateur et rédacteur de la revue de Stijl, l’art abstrait
est devenu concret « parce que rien n’est plus concret, plus réel qu’une ligne, qu’une
couleur, qu’une surface ».
Un langage universel
Né dans le Nord de l’Europe
Si l’art abstrait est un langage universel, il a tout de même une origine géographique.
Historiquement, le mouvement prend naissance en Europe du Nord et de l’Est.
L’influence d’artistes pionniers de l’abstraction géométrique a dépassé les frontières
nationales et a rayonné dans les pays limitrophes comme par exemple Piet Mondrian
qui, bien qu’établi aux Pays-Bas, a influencé Pol Bury et Jo Delahaut en Belgique,
ainsi
que
Jean
Dewasne
à
Lille
ou
encore
Guy
de
Lussigny
et
Geneviève Claisse à Cambrai. Nous avons ainsi dans le Nord de la France un vivier
d’artistes, de collectionneurs et de galeristes qui continuent à réinventer chaque jour
l’abstraction géométrique. Un véritable patrimoine vivant dont nous pouvons être
fiers !
L’abstraction géométrique n’est cependant pas l’apanage unique des artistes
européens. Très vite, ce mouvement a reçu un écho dans le monde entier. Plusieurs
artistes sud américains s’en sont par exemple emparés et comptent toujours
aujourd’hui certains des principaux représentants de ce mouvement.
Du rôle déterminant des galeries et des musées
Le rôle des galeristes a été spécialement déterminant pour encourager cet art en
France et lancer de nouveaux artistes. Il y eut bien entendu l’incontournable Denise
René qui, dès la fin de la seconde guerre mondiale a défendu des artistes de l’op art
tel Vasarely. Dans son sillage, Lahumière fait partie de ces galeries « historiques »
qui a mis à l’honneur les « classiques » et les artistes de la plus jeune génération
Aujourd’hui, le rôle de ces galeries est plus que jamais déterminant : la galerie
Perrotin représente le grand vénézuelin Jesus-Rafael Soto et la galerie
Gimpel&Müller
rend
hommage
depuis
sa
création
en
2007
aux
artistes
contemporains émergents ou reconnus (comme Cruz-Diez) tout en continuant à
valoriser les « classiques » comme Léon Zach ou Guy de Lussigny.
Les collections publiques ne sont pas en reste. Encouragés par d’importantes
donations, mais également acquisitions, elles offrent une bonne visibilité à l’art
géométrique. Les collectionneurs, qu’ils soient scandinaves, allemands, suisses,
polonais, hongrois ou français n’ont de cesse de s’intéresser à ce mouvement et ils
peuvent parfois faire des donations des œuvres qu’ils ont pu acquérir à l’Etat. Le
marché reste plus que jamais dynamique, les classiques peuvent atteindre des prix
extrêmement élevés et tous, collectionneurs, galeristes ou musées sont à la
recherche du jeune artiste qui sera bientôt incontournable.
L’abstraction géométrique : l’art contemporain par excellence
Portés par les galeristes, soutenus par les collectionneurs, les artistes actuels de
l’abstraction géométriques se nourrissent des avancées de notre époque. Chaque
technologie devient pour eux un nouveau moyen d’expression, une nouvelle matière
qui vient agrandir leurs perspectives. Ils jouent avec les lumières variables et
programmables, utilisent des plexiglas qui leur offrent des possibilités de couleurs
inégalées, ont recours à des servomoteurs gérés par ordinateurs… Les nouvelles
technologies permettent à l’abstraction géométrique de s’étendre et d’explorer
encore et toujours de nouveaux territoires. Ce mouvement n’a de cesse de faire
évoluer notre regard sur l’art : parce qu’elles ne jouent pas sur des représentations
mais sur des lignes, des formes, du mouvement, elles amènent le spectateur à, à
observer, analyser, voire bouger… Le spectateur devient acteur de cette œuvre.
L’abstraction géométrique est un mouvement artistique qui, par essence, ne cesse
de se mouvoir et d’évoluer. Parce qu’il sait jouer avec les attributs techniques et
artistiques de notre époque, ce mouvement continuera à vivre avec elle et à nous
surprendre… A nous, acteurs du monde artistique, d’aller et d’emmener le plus grand
public à sa rencontre !