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Méditerranée N° 3.4 - 2006
COMPTES RENDUS
ATLAS : ÉVOLUTION DE L’AGRICULTURE DANS LE MASSIF DES ALPES DU SUD (1979-2000)*
par Philippe MOUSTIER
Cet atlas en quadrichromie comporte 89 pages et présente 76 cartes réparties en 36 planches. Les informations statistiques
tirées du RGA de 1979 et du RA de 2000 (chiffres avec*) fournissent la base de la cartographie et de la vingtaine de tableaux insérés
dans l’atlas. Les limites de l’étude sont celles retenues par la délimitation administrative du massif. Elles sont légèrement étendues sur
les marges sud et ouest car l’échelle cartographique cantonale choisie nécessite d’inclure quelques communes non intégrées à la zone
montagne. La cartographie a été réalisée par des étudiants en géomatique de l’IUT de l’université de Provence, site de Digne-lesBains. Les textes courts, mais denses, ont été rédigés par C. DURBIANO qui connaît bien les Alpes du Sud pour les avoir sillonnées
durant une trentaine d’années dans le cadre de ses activités d’enseignement et de recherches, comme en témoigne la vingtaine de
photos judicieusement choisies qui complètent l’atlas. De petits encarts précisent des définitions du recensement ou apportent de
précieuses informations.
L’atlas se décline en six parties. Après une présentation du cadre démographique et naturel, marqué par de faibles densités de
population et des influences climatiques méditerranéennes, les exploitations agricoles sont analysées exclusivement à partir des
données des recensements agricoles de 1979 et 2000. En déclin de 45% depuis 1979, les exploitations ne sont plus que 11 217, en
2000, et leur renouvellement pose problème. Elles s’agrandissent et se professionnalisent. Les facteurs de production sont ensuite
présentés, notamment l’irrigation, pour intensifier et diversifier la production sur ce territoire marqué par la sécheresse estivale, avec
la coexistence de petits réseaux gravitaires et de vastes périmètres sous pression. Elle concerne plus d’une exploitation sur deux. La
SAUée (autour de 400 000 ha) est caractérisée par l’importance des STH (3/5 des surfaces), liée au poids des landes et des parcours,
et leur progression au détriment des terres labourables et des cultures permanentes, qui sont concentrées dans les vallées et sur les
plateaux. Les céréales (53 187 ha*) sont localisées dans la moyenne Durance et les plateaux du Vaucluse, de Forcalquier et de
Valensole ; 55% sont en blé dur. Les PAPAM couvrent 13 951 ha*. Il s’agit surtout du lavandin emblématique des plateaux, tandis
que la lavande occupe les terres préalpines au dessus de 600 mètres. Les vergers (9 311 ha*) en légère progression sont concentrés
dans le val de Durance jusqu’à Tallard et dans la vallée du Buëch, avec un renforcement au fil des ans de la pommiculture (près de
50% des vergers) au détriment des autres espèces. Les surfaces en vigne ont régressé de 25% depuis 1979. Elle est surtout implantée
dans les cantons vauclusiens, tandis que l’oléiculture (3 741 ha*) stimulée par la mise en place des AOC maintient ses positions et
occupe les bordures sud et ouest du massif où elle grimpe jusqu’à 600-700 m d’altitude.
La partie consacrée aux productions animales souligne le poids dans ces montagnes sèches de l’élevage ovin, dont les effectifs
restent à peu près stables depuis 20 ans avec un doublement de la taille des troupeaux (451 700 brebis-mères*). Au-delà de l’aspect
économique, cet élevage joue un rôle majeur, à travers le pastoralisme, sur le plan environnemental. L’élevage bovin, en régression
(–11%), compte autour de 20 000 vaches. Le troupeau de vaches laitières diminue considérablement (plus de la moitié) et se concentre
dans le Champsaur, le Gapençais et le bassin de Seyne, tandis que celui des vaches nourrices a été multiplié par six en vingt ans.
L’élevage caprin (24 041 têtes*) en recul se professionnalise avec d’excellentes performances. Il en va de même de l’apiculture
(59 503 ruches*) bénéficiant de multiples floraisons, 2 ruches sur 5 sont localisées dans les Alpes-de-Haute-Provence. L’Atlas se
termine par une approche de la diversification des activités agricoles avec deux thématiques, l’agritourisme et la vente directe.
L’agritourisme se développe sur des terres pionnières, 5% des exploitations pratiquent cette activité contre 2,5% au plan national,
pourcentage qui grimpe à 11% dans les Hautes-Alpes. Enfin le développement des circuits courts permettant une valorisation de la
production est abordé à partir des ventes directes actuellement concentrées à proximité des stations de ski et de l’arrière-pays azuréen.
Le lecteur pourra regretter l’absence de cartes sur les terres labourables et les cultures fourragères, ainsi que sur la
transhumance évoquée par ailleurs. Quant à la réalisation cartographique, elle comporte des maladresses. Il est dommage que sur
quelques cartes comme celle de l’âge des exploitants, les informations fournies à l’intérieur des cercles soient parfois difficiles à
appréhender, que les seuils n’aient pas été toujours choisis de façon pertinente et que les légendes comportent des erreurs de signes.
Hormis ces remarques, cet atlas, met bien en évidence les grandes lignes de l’évolution de l’agriculture sudalpine depuis une vingtaine
d’années susceptibles d’éclairer les pistes de l’avenir dans un contexte incertain, mais avec des limites qui sont celles des informations
du recensement plus quantitatives que qualitatives. Il sera utile à tous les acteurs économiques des Alpes du Sud et aux étudiants. Ce
travail, publié avec le concours de l’IUT de Digne-les-Bains, du Conseil général, de la DDAF des Alpes-de-Haute-Provence et de
l’Université populaire ouverte, démontre la volonté d’insertion de l’IUT de Digne-les-Bains comme acteur de la vie économique et
sociale des Alpes du Sud.
* A. BARTHES, C. DURBIANO, J. MARTINEZ, (2006), Atlas « Évolution de l’agriculture dans le massif des Alpes du Sud de 1979 à 2000 », Coll. Les
atlas des Alpes de Provence, Ed. Université de Provence, Aix-en-Provence, 89 p.