Droit de réponse Dr Broussalian

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Droit de réponse Dr Broussalian
Le Docteur Édouard Broussalian, uniciste français des plus connus, a demandé un droit de
réponse à mon dernier article « Homéopathie : la confusion se dévoile ».
La longue réflexion qu’il a consacré à mon article m’honore d’autant plus qu’elle permet de
préciser certains points, qui ne pourront qu’éclairer davantage ceux développés
précédemment.
La lecture de son exposé aussi fourni que brillant suscite cependant certaines remarques.
La passion, sinon la violence qui anime certains de ses propos et ce qui émane de certains de
ses points de vue ou allusions convaincues, nécessitent en effet certaines précisions.
C’est donc au Docteur Broussalian, lui- même que je m’adresserai directement après avoir
livré le texte argumenté de son droit de réponse.
Cher Monsieur Halm,
Puisque vous me faites l’honneur de me citer dans l’un de vos récents articles, je me suis cru
autorisé à émettre quelques commentaires. J’ai en effet trouvé vraiment trop d’interprétations
de votre part sur les travaux de Hahnemann et de trop nombreux poncifs sur l’homéopathie en
général pour les passer sous silence.
La situation dramatique de la médecine à l’heure actuelle n’autorise pas la moindre querelle
entre ceux qui s’intéressent à la démarche homéopathique. Aussi, veuillez recevoir ma
démarche comme une simple réflexion pour apporter ceux des éclaircissements qui me
semblent les plus nécessaires. Je ne peux que respecter une personne de votre érudition,
déclarée libre de tout intérêt partisan, et qui cite volontiers mon épistémologiste favori Karl
Popper.
Chacun pourra mesurer la difficulté de votre tâche, en tant que trésorier du GIRI, pour
conserver votre « totale neutralité », notamment quand on sait que le laboratoire Boiron est le
sponsor du symposium 2012 de votre association1. Je tiens aussi à vous féliciter pour vos
qualités de communiquant hors pair, qui ne me permettent pas de rivaliser avec vous. Nos
vues convergent beaucoup, notamment dans le rejet des « unicistes » chercheurs d’une sorte
de Saint Graal ésotérico-mystique et des grotesques caricatures de l’homéopathie qu’on
trouve dans les modes lancées par Sankaran et Scholten. Vous écrivez avec raison et
j’applaudis :
L’approche plus ou moins « ésotérique » présente sous des formes diverses dans les nouvelles
théorisations, ne peut que faire retourner l’homéopathie dans le monde obscur des médecines
dites « traditionnelles » et la rejeter hors du monde de la médecine
Le problème est malheureusement que l’industrie, que vous avez tendance à présenter en
victime à mon goût, présente bien d’autres vues que de seulement faire du marketing :
Et si les laboratoires partout dans le monde font de la publicité pour certaines formules
complexes, où est le mal ? Et, en 2013, quel industriel désireux de survivre, peut se passer de
marketing ?
Leur volonté inexorable consiste à détruire l’homéopathie de Hahnemann, par tous les
moyens possibles : enseignement, contrôle des publications, poncifs éculés sur ce que vous
appelez « l’unicisme ».
Votre position sur la disponibilité des dynamisations est incompréhensible et semble dictée
par le seul fait de garder une présence moléculaire dans la préparation afin de cadrer avec
votre compréhension. Libre à vous, mais comprenez que les hommes sur le terrain ont besoin
des médicaments bien plus hautement dynamisés, seuls capable de faire taire une affection
aiguë un peu important ou une affection chronique installée. Vous qui êtes scientifique, il est
clair que d’ici peu d’années les germes multi résistants feront une percée que rien ne
contiendra sauf les rares homéopathes compétents encore en circulation. Il me semble bien
imprudent de les laisser ainsi sans munitions.
De fait, vous concluez à mon sens trop vite pour justifier la réduction du nombre des souches
disponibles.
Belladonna et bien d’autres médicaments classiques ne se trouvent plus ni en 200 ni en 1m. Il
ne s’agit pourtant pas de médicaments sortis de l’imagination débridée de ces faiseurs de
système. Je prends donc ici la défense de l’excellent Dr. Grandgeorge quand il parle de fastfood de l’homéopathie : au rythme ou vont les choses, ne seront bientôt plus disponibles que
les médicaments choisis par le laboratoire Boiron, selon ses propres critères. Et ce dernier
aurait donc le monopole de la représentation de l’homéopathie auprès des instances officielles
? Si nous médecins ne dénonçons pas maintenant cette outrageante simplification de la
pharmacopée, les générations futures nous dénonceront comme complices. Nous sommes
donc dans la position de passer pour des mécontents aujourd’hui ou des lâches demain, alors
que nous nous battons dans le seul intérêt des malades, comme ils ont été nombreux à le
comprendre.
Votre article résume en soi toute la difficulté de faire coexister la médecine et la recherche
scientifique. Nos buts ne sont pas les mêmes : nous médecins sommes constamment « au front
», dans les tranchées, confrontés à la détresse sans nom de la multitude de malheureux sous la
coupe de la médecine classique, ballotés souvent d’un charlatan à l’autre en tentant de sortir
du système.
L’homéopathe véritable est avant tout celui qui souscrit au texte du premier paragraphe de
l’Organon. Victor Hugo a décrit mieux que tout autre dans ses vers immortels l’exemple que
nous a donné Hahnemann :
Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front.
Ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d’un but sublime.
1 Voir 26ème symposium annuel du GIRI
http://www.feg.unesp.br/~ocs/giri/giri2012/GIRI2012_program.pdf.
Notre but sublime, Hahnemann l’a décrit, consiste à rétablir la santé des gens malades de sorte
que « l’esprit doué de raison qui habite cet organisme [puisse] ainsi librement se servir de cet
instrument vivant et sain, pour atteindre au but élevé de son existence. » [Organon 9]
L’exploration scientifique, quant à elle, vise à nous éclairer dans notre compréhension de
certains mécanismes.
Comme toute connaissance, elle est bonne en soi, mais un médecin, pour réussir dans la voie
royale de l’homéopathie doit souscrire à ce que demande Hahnemann [Organon 1] en
définissant notre travail :
Sa vocation n’est pas de forger de prétendus systèmes, en combinant des idées creuses et des
hypothèses sur l’essence intime du processus de la vie et de l’origine des maladies dans
l’intérieur invisible de l’organisme (ambition qui fait gaspiller à tant de
médecins leurs forces et leur temps).
Sa vocation ne consiste pas non plus à chercher par d’innombrables tentatives d’expliquer les
phénomènes morbides et la cause prochaine des maladies, etc., qui leur est toujours restée
cachée.
Son but ne vise pas davantage à se prodiguer en paroles inintelligibles et en un fatras
d’expressions vagues et pompeuses, qui veulent paraître savantes afin d’étonner l’ignorant,
tandis que les malades réclament en vain des secours !
Nous en avons assez de ces savantes rêveries que l’on appelle médecine théorique et pour
lesquelles on a même institué des chaires spéciales et il est grand temps que ceux qui se disent
médecins cessent de tromper les pauvres humains par leur galimatias et commencent enfin à
agir, c’est-à-dire à secourir et guérir réellement.
En somme, pour étudier les phénomènes morbides du vivant, Hahnemann nous demande de
renoncer au réductionnisme. C’est exactement l’opposé de votre démarche. Vous écrivez
vous-même en préambule de votre article sur « Les premiers travaux » :
Ce n'est que par l'expérimentation pharmacologique de laboratoire, en acceptant la
simplification de son approche, que l'on est capable de démontrer et d'étudier l'activité
biologique de ces remèdes. La notion de maladies chroniques engendrée par des
miasmes et celle de l'énergie vitale sont des interprétations théoriques établies à partir
d'observations empiriques qu'il est impossible de vérifier aujourd'hui par l'expérimentation
scientifique induite par une explication mécanistique des phénomènes.
Cette dénaturation, aussi bien réductionniste que mécanistique, porte en elle les échos
lointains des dissections d’André Vésale, et de toute la médecine qui lui a emboité les pas : le
vivant ne saurait s’extrapoler à partir du cadavre.
Ni l’organe, ni la cellule ne nous donneront les clés pour comprendre le vivant. Si la
démarche peut s’appliquer aux atomes inchangés depuis la création, le réductionnisme s’avère
être une dangereuse illusion quand on l’applique au monde du vivant, fruit de plusieurs
milliards d’années d’évolution constante. Votre position mérite donc d’être
précisée car vous ne détenez pas non plus le monopole de la science : on est soit chercheur
(comme le Pr. Montagnier par exemple), soit soignant, et il est difficile en étant dans un camp
de prendre position au sujet de l’autre. En ce qui me concerne, je me garderais bien de
m’exprimer sur les travaux de recherches publiés : je sais pertinemment que je n’ai en rien les
compétences pour le faire.
D’approximation en simplification, on aboutit finalement à des recherches de plus en plus
nombreuses comme la suivante que vous citez, ni allopathique ni homéopathique :
Binsard, Guillemain et coll., de 1978 à 1980, étudient l'activité de type anxiolytique de
Gelsemium et Ignatia sur le rat. Les deux remèdes sont confrontées à trois produits
allopathiques de référence: chlordiazepoxide, diazepam, méprobamate.
On y retrouve le jargon de l’allopathie, et purement la démarche allopathique qui consiste à
prescrire ceci contre cela.
Où est passée l’homéopathie ? Faut-il renoncer à l’homéopathie pour étudier l’homéopathie ?
Une démarche qui consiste à sélectionner puis dénaturer les phénomènes qu’elle prétend
éclairer mérite-t-elle encore l’épithète de scientifique ?
Si vous voulez faire de la recherche dans l’homéopathie, alors il me semble essentiel d’étudier
correctement l’enseignement de Hahnemann. Ainsi que vous le faites justement remarquer,
tout le monde –même vous– se réclame de celui-ci. Il est pourtant très simple de déterminer la
véracité de ces positions : l’Organon comprend un peu moins de 300 aphorismes. Combien de
ces aphorismes sont-ils respectés par celui qui déclare parler au nom de Hahnemann ? En
procédant ainsi, on réalise bien vite que peu nombreux sont ceux qui se rapprochent des
100%. La plupart des praticiens qui exercent n’ont même jamais lu l’Organon. Sans
connaissance claire des principes et des lois, des stratégies de prescription, on est conduit à
des résultats médiocres, lesquels poussent à toujours chercher « ailleurs » des solutions
absurdes comme les lamentables errements à la Scholten ou Sankaran.
Les contresens dans votre texte sont simplement trop nombreux pour être tous corrigés : il
paraît difficile de croire que vous ayez étudié l’Organon. Or il me semble que si les prémisses
sont faussées, il y a peu de chance de parvenir à un résultat exact, ou alors autant renoncer
tout de suite à toute science inductive.
Vous parlez de la similitude en homéopathie comme du « pilier de la théorie hahnemannienne
», ce qui est un propos totalement incongru et même insultant envers Hahnemann qui a rejeté
toute hypothèse durant l’ensemble de sa carrière. Bien au contraire, dès le §1, toute son
attitude –et il ne fait rien de moins que de réformer entièrement la thérapeutique– est fondée
sur la démarche purement expérimentale et le renoncement à toute théorie (rappelons
qu’il a été le premier a introduire l’expérimentation comme base de toute connaissance en
médecine, bien avant Claude Bernard).
Vous déclarez qu’il « serait donc plus raisonnable ici, de parler de principe de similitude. » Si
tel était le cas, alors nous médecins homéopathes mériterions vraiment l’appellation de
charlatans. Il n’y aurait donc aucune loi médicale, tous les coups seraient permis, toutes les
extravagances autorisées, toutes les opinions seraient égales.
Vous parlez de « la similitude telle qu’elle est définie par Hahnemann » sans
malheureusement jamais nous préciser
quelle est justement la similitude telle qu’il l’a définie. Vous ne cessez de citer Aristote qui
n’a rien à faire dans l’homéopathie, et vous confondez similitude et quantité de symptômes
similaires, ce qui vous fait ensuite quelque peu divaguer sur des notions d’analogie dont
il n’a jamais été question non plus en homéopathie :
Les symptômes d’une personne saine ayant reçu une substance à étudier, sont recueillis pour
être comparés ensuite à ceux d’une personne malade : la présence des points de
correspondance suffisamment nombreux, amène à ce qu’elle puisse être considérée
comme en similitude avec le trouble présenté.
Parler de loi d’analogie n’a, en fait, pas de sens ; mais peut-être peut-on pardonner aux
homéopathes, cette imprécision de langage : ils ne sont pas contraints à la précision absolue
des terminologies, imposée aux chercheurs pour leurs travaux
En somme, selon vous, la similitude proviendrait d’une simple adéquation comptable entre la
correspondance de nombre de signes et symptômes pathogénétiques et ceux du malade.
Or Hahnemann écrit dès le §136 que le médicament est appliqué à un malade dont les
symptômes principaux sont semblables à ceux qu’il possède. Ce qui implique que notre
travail n’est pas de couvrir une totalité théorique mais bien les symptômes principaux.
C’est tellement fondamental que vous me pardonnerez de prendre un peu de temps pour
clarifier.
Dans le fameux §153 Hahnemann résume toute la démarche homéopathique :
153.— Dans cette recherche du médicament homéopathique spécifique – établie par la
comparaison de l’ensemble des symptômes de la maladie naturelle avec la liste des
symptômes des médicaments connus afin de trouver parmi ceux-ci un agent
morbifique artificiel correspondant par similarité à l’affection à guérir – ce sont les signes et
symptômes les plus frappants, singuliers, rares et particuliers (caractéristiques) dont il faut
tenir compte principalement et presque exclusivement. C’est particulièrement à ces
symptômes que doit correspondre très précisément la liste des symptômes du médicament
sélectionné afin qu’il soit celui convenant le mieux pour effectuer la guérison. …
Bien que vous ne soyez pas prescripteur, il est utile pour saisir le concept de noter la
contradiction apparente entre l’aphorisme 18 et le 153. L’un parle de l’ensemble, l’autre
demande de se focaliser sur une partie. En effet, nous lisons :
18.— En dehors de la totalité des symptômes, et c’est là une vérité indubitable — en tenant
compte des circonstances concomitantes (§ 5) — il n’y a vraiment rien d’autre à découvrir
dans les maladies qui puisse nous apporter de plus amples indications thérapeutiques.
On peut affirmer irréfutablement, que l’ensemble de tous les symptômes (§ 6 et 7) et
circonstances observés dans chaque cas individuel, est la seule, l’unique indication qui puisse
guider dans le choix du remède.
La claire compréhension de cette apparente opposition est l’une des clés pour maîtriser
l’homéopathie et prescrire efficacement, c’est à dire rigoureusement. Il est souvent impossible
de couvrir avec un seul médicament tous les symptômes du cas que l’on peut recueillir à
l’examen clinique et lors de l’entretien avec le malade. C’est justement le
prétexte à la polypharmacie, qui a conduit à la triste situation de l’homéopathie française.
Toute la médecine est construite sur la notion de syndrome : c’est parce qu’il existe une
ensemble particuliers de symptômes chez tous les patients atteints de la même maladie chez
qui on va poser un même diagnostic. La nature a le bon goût de se présenter à nous sous les
mêmes aspects dans chaque maladie.
Et même dans le cadre du diagnostic des maladies, est-il seulement possible de découvrir
l’absolue universalité, la « totale totalité » des symptômes présentés par le patient ? La
réponse est évidemment non. En raisonnant ainsi il devient clair qu’il y a une sorte de quantité
minimale de symptômes à partir de laquelle la description commence à devenir pertinente.
Cela se rapproche de la notion de résolution telle que l’informatique nous a habitués à gérer
depuis une quarantaine d’années. La question se ramène à ceci : quelle image devons nous
composer avec précision ?
Si nous lisons l’aphorisme 1, la réponse est évidente : c’est bien l’image du malade qui va
importer le plus et non celle de la maladie, partagée par tous ceux qui souffrent du même
syndrome.
En réalité l’aphorisme 18 a été écrit pour représenter une notion générale, à savoir que
lorsqu’on tombe malade c’est bien un ensemble de symptômes qui apparaît, reflétant le
désaccord de la force vitale. Que pouvons nous connaître de la maladie ? Seulement les
symptômes nous répond l’aphorisme 18. Les symptômes représentent tout ce que nous
pouvons et devons connaître de la maladie.
C’est la solution au problème posé en note du §1 : nous ne pourrons jamais comprendre
l’intérieur de l’organisme humain, comment il est maintenu en état de vie, ce qu’est la vie,
etc. Notre seul travail, c’est de nous focaliser sur ce qui est compréhensible pour nous : les
symptômes et non pas les différents systèmes inventés par une approche réductionniste qui
viole la notion élémentaire d’intégration des entités biologiques. L’aphorisme 18 nous invite
en somme à regarder le patient comme une totalité indissociable, maintenant le 153 va nous
expliquer comment y parvenir dans la pratique.
Il y a donc un monde entre vos vues de la similitude, et le raisonnement de Hahnemann. Il est
très grave de déclarer que la similitude n’est qu’un principe et pas une loi universelle.
Voudriez vous me citer un autre « principe » en médecine qui procure des guérisons véritables
? La seule et unique définition de la loi des semblables se trouve au §26 et elle repose
uniquement sur la vision dynamique des pathologies en tant que désaccordement de la force
vitale.
Retirez la notion fondamentale de force vitale et l’homéopathie s’écroule, sans colonne
vertébrale, véritable mollusque de la médecine comme peut l’être le pluralisme :
26.— L’expérience nous apprend encore que tous les médicaments guérissent, sans exception,
les maladies dont les symptômes se rapprochent le plus possible des leurs, qu’aucune ne leur
résiste2.
Ceci repose sur la loi naturelle de l’homéopathie, loi parfois pressentie, mais méconnue
jusqu’ici, bien qu’elle ait été dans tous les temps la base de toute guérison véritable, à savoir
que:
Dans l’organisme vivant, une affection dynamique plus faible est éteinte d’une manière
durable par une plus forte, si celle-ci (différente d’espèce) lui ressemble cependant beaucoup
dans sa manifestation…
Le Fondateur déclare l’homéopathie universelle. En effet, l’homéopathie représente
l’ensemble des équations qui décrivent les phénomènes mis en jeu dès qu’une substance
active est introduite dans l’organisme. C’est l’unique voie qui permette la guérison avec
l’usage des agents médicamenteux.
Pourquoi l’homéopathie est-elle universelle, en agissant aussi bien sur les hommes, les
animaux que les plantes ?
Parce qu’elle repose sur une loi naturelle comme le dit Hahnemann : « parfois pressentie,
mais méconnue jusqu’ici, bien qu’elle ait été dans tous les temps la base de toute guérison
véritable. »
Avec Hahnemann, la médecine sort enfin des spéculations, des théories physiopathologiques
pour rentrer dans le domaine des sciences grâce à une loi thérapeutique.
Elle n’a plus besoin pour exister, de détourner les lois qui régissent le monde inorganique
comme la chimie, ou la physique. Elle repose enfin sur ses propres lois, déduites de la seule
observation d’un génie comme il en naît un par siècle. Elle n’a plus besoin d’appareillages
toujours plus sophistiqués et onéreux pour paraître efficace. Elle est parfaitement claire et
intelligible. Elle est accessible à tous. Elle ne coûte rien ; et c’est bien là son seul problème.
Dans sa préface à la seconde édition de l’Organon, Hahnemann écrit :
« Dans les pures sciences de l’expérience, en physique, chimie et en médecine, une raison
uniquement spéculative ne peut par conséquent être entendue ; ici, livrée à elle-même, elle
dégénèrent en spéculation creuse et fantaisie tout en ne produisant que des hypothèses
hasardeuses, qui sont par leur nature même, fausses et trompeuses. »
L’historien de l’homéopathie, Ameke3, souligne brillamment la lourde signification du
paragraphe qui précède, il dit :
« La grande différence entre Hahnemann et les écoles naturelles développés ensuite
s’exprime d’elle-même en un seul mot de deux lettres : ET. Hahnemann parle de physique,
chimie ET de médecine. On a déclaré que la médecine n’est rien d’autre que
2 C’est-à-dire quand la comparaison des effets d’un médicament avec ceux d’une maladie
montre une grande homéopathicité établie d’après les critères du §153 et que le cas répond au
§279.
3 Wilhelm Ameke ; History of Homoeopathy : Its Origin ; Its Conflicts.
la physique et la chimie appliquées, la médecine a été fondée sur ces deux sciences.
Hahnemann a fondé la médecine, non pas sur la physique ou la chimie, mais sur les lois
universelles de la vie et du mouvement. »
La médecine devient à la fois une science et un art ; la prescription devient rationnelle et quasi
mathématique, ce qui dérange les milieux industriels. Il n’est plus question de marketing ni de
publicité pour vanter telle drogue plutôt qu’une autre : seule la plus ressemblante avec le cas
pourra le traiter. Une science dans son développement consiste en
1) Une collection de faits observés avec exactitude
2) Une corrélation ou une généralisation des ces faits, formant un système
3) Une formulation de ces généralisations en tant que lois
4) Cette science se ramène à un principe ou une force qui permette de rendre compte de ces
lois.
Une loi, dans son acceptation la plus large consiste en l’observation d’ordre ou de relation
entre les faits ; elle permet d’établir un lien qui connecte deux séries de phénomènes, en
montrant leur relation mutuelle. Il y a deux tests de validité pour toute loi qui se déclare être
une loi naturelle :
1) Elle est capable de connecter et d’expliquer deux séries de phénomènes naturels
2) Elle est en harmonie avec les autres lois connues.
En optique par exemple nous avons le phénomène ou les propriétés des corps lumineux et le
phénomène des corps
recevant la lumière. Ces deux séries de phénomènes sont connectées et expliquées par la loi
de la diffusion de la lumière.
En physique les phénomènes du soleil, en relation avec la densité et le volume sont connectés
au phénomène de la terre par la loi d’attraction universelle.
En chimie, les propriétés du potassium sont connectées aux propriétés de l’acide sulfurique
par la loi d’affinité chimique à travers la formation d’un nouveau composé, le sulfate de
potassium4.
En homéopathie nous avons le phénomène des drogues connecté au phénomène des maladies
par la loi d’action mutuelle, la loi de similitude, et l’infinitésimalité. L’homéopathie repose
donc sur la méthode inductive et consiste en deux séries de phénomènes observés, colligés et
étudiés indépendamment, mais connectés par une loi sous-jacente ou si vous préférez un
principe de la nature :
1) Le phénomène de la maladie
2) Le phénomène produit par les drogues quand on les administre aux personnes saines
3) La loi générale d’action-réaction, la 3ème Loi de Newton, qui devient en médecine la Loi
des Semblables, et qui connecte les deux séries de phénomènes. Le phénomène de la maladie
constitue la Pathologie. Le phénomène des drogues, déduit expérimentalement, constitue la
Matière Médicale. L’application de la Matière Médicale en suivant les principes et les lois de
l’homéopathie constitue la Thérapeutique.
La définition de la loi ne requiert en rien que la cause de l’ordre ou de la relation soit connue.
Ceci nous montre la relativité de la question du pourquoi, car la science se contente surtout du
comment ou bien transforme les questions en d’autres. La loi de similitude, la loi de
gravitation, l’électromagnétisme, les forces nucléaires fortes et faibles appartenant à ce que
l’on appelle des théories de jauge6. Ainsi, en physique, les lois de Newton, formulées voici
trois
4 Exemples extraits de l’immortel Dunham, Science of Therapeutics.
5 Lévy Strauss disait que le rôle du scientifique n’est pas celui qui donne les bonnes réponses
mais bien celui qui formule les bonnes questions.
6 Barrow, John. D., La grande théorie, Champs, Flammarion.
siècles, permettent de décrire avec quelle intensité deux corps célestes s’attirent : c’est la loi
de l’attraction universelle.
Personne n’explique pourquoi ces corps s’attirent7.
Bien qu’actuellement personne n’explique clairement pourquoi le remède guérit, la loi de
similitude de Hahnemann, formulée voici deux siècles, permet de déterminer le remède
curateur.
En dénaturant ainsi la loi thérapeutique pour la ramener à un simple principe, vous vous
permettez ensuite les interprétations les plus libres, qui me semblent étonnantes de la part de
quelqu’un dans votre position :
Le « Bon remède » est celui qui va agir sur l’énergie vitale ; c’est cela « la Vraie et Grande
homéopathie ». C’est là ; exprimé ou non de manière claire, le credo fondamental de tous les
« unicistes ».
Comme l’implique la loi, il n’y a malheureusement qu’un seul médicament à la fois qui
corresponde au patient dans l’expression de ses symptômes du moment. Je condamne
cependant comme vous les prétendus homéopathes qui nous font
dans bien des congrès, le « coup du bon médicament », prescrit après des années d’errance
(décidément les patients seraient bien patients…) et qui est supposé guérir le cas comme par
enchantement. Il s’agit ici d’une fraude manifeste car l’Organon nous enseigne –et la pratique
démontre– qu’il faut savoir appliquer le médicament, le doser correctement et le renouveler
au moment approprié pour obtenir un résultat. Je mets dans le même sac l’illusion de
croire qu’un malade demande toute sa vie un unique médicament supposé guérir tous ses
maux : on aura bien du mal à trouver une telle affirmation dans Hahnemann ou dans Kent ou
n’importe lequel des véritables homéopathes.
Autre contresens grave : il ne s’agit en rien d’un credo. Votre texte est en effet bien
tendancieux : il y aurait d’un côté les gentils « pluralistes » scientifiques, tandis que vous ne
cesser d’amalgamer « unicistes » et religion, avec un désagréable sous-entendu sectaire. Vous
citez la conférence de Kent sur le péché originel, tirée de ses Conférences de
Philosophie, en omettant de replacer cela dans le contexte d’un puritanisme américain typique
de l’époque et partagé tout aussi bien avec les allopathes du temps. C’est d’ailleurs le seul
endroit où Kent se permette de telles digressions, sans le moindre impact sur la pratique
médicale.
Qui empêchera de penser qu’il existe une forme de « merveilleux » chez les unicistes et une
forme de rationalité chez les pluralistes qui, de leur coté, n’attendent pas qu’un des
médicaments répertorié agisse par hasard, mais le choisissent parfois en
complémentarité avec d’autres, dont l’action est synergique et aussi à partir de ce qu’ils
tirent de leur bonne connaissance de la matière médicale !
Emerveillement chez l’homéopathe je n’en doute pas, oui les résultats sont merveilleux et
incroyables si l’on se donne la peine d’assimiler les principes de prescription. J’ai présenté
lors d’un congrès pluraliste des vidéos montrant les résultats quasi instantanés sur les patient
atteints du choléra en Haïti et j’ai été accusé de tricherie par des
supposés homéopathes ! Pourtant vous avez des masses de résultats semblables qu’il suffit
d’aller retrouver dans les textes de nos Maîtres, ce sont précisément ces résultats fulgurants
qui ont attiré le soutien sans faille des patients en faveur de l’homéopathie.
Vous remarquerez que l’enthousiasme d’un véritable homéopathe ne cesse de grandir au
cours de sa carrière tandis que curieusement on ne trouve pas cela chez les pluralistes et
encore moins chez les malheureux allopathes. Ainsi, puisqu’il vous vous autorisez à déclarer
qu’il n’existe pas de loi, il devient permis d’adapter ses traitements à ses envies, à ses
fantaisies. Comment est établie la complémentarité des médicaments ? Sur quelle base
détermine-t-on la synergie des médicaments ? Comment prouvez vous que leur action s’ajoute
et se complète ? Nous avons la preuve
dans la correspondance de Hahnemann et de Bönninghausen que ces derniers ont testé durant
des mois la prescription de plusieurs médicaments et ont reconnu que cela ne fonctionne pas.
Comment parler de rationalité quand on se permet d’interpréter de manière purement
arbitraire l’enseignement de Hahnemann ? Justement le même arbitraire que Hahnemann
a rejeté toute sa vie et qui fait le quotidien de la médecine classique que mime la
pluralisme.
Vient ensuite la caricature de « l’uniciste », tel qu’on pourrait le découvrir dans n’importe
quel texte issu de la littérature du laboratoire Boiron ou de mon défunt ami Max Tétau :
Un « uniciste » pur confronté à un rhume, des troubles digestifs ou des troubles nerveux se
doit d’attendre que le remède unique, basé au maximum sur ses signes mentaux agisse. Si
cela peut être efficace rapidement, avec une action à long terme, dès lors que
7 Par exemple, la relativité générale ramène « l’attraction » à une courbure de l’espace temps,
mais personne ne peut dire pourquoi la matière en déforme les géodésiques.
le médicament couvre des symptômes autres - dont, le rhume, les troubles digestifs ou nerveux
ne sont qu’une des expressions - cela peut aussi être long ; ceci d’autant plus si le
médicament choisi n’est pas « le Bon médicament » qui, de plus est souvent
choisi par les « puristes » sur des critères mentaux parfois bien difficiles à évaluer
Le médicament n’est établi que d’après la concordance du maximum de signes
caractéristiques, selon la croix de Hering, et il n’a jamais été question de se baser
exclusivement sur les signes mentaux. Cette attitude centralisant le
mental représente une grave dérive de l’homéopathie que je combats depuis toujours. Cela
repose sur une incompréhension de la valeur des symptômes et sur l’oubli du §15 qui nous
rappelle que nous sommes une intégration d’énergie et de molécules pesantes.
Le véritable médecin homéopathe est ainsi capable de prescrire la substance requise devant
l’épisode aigu, telle que les caractéristiques l’appellent. Que donne la « merveilleuse »
méthode pluraliste par exemple devant le choléra ? Où sont les cas guéris de pneumonie, de
paludisme, de polyarthrite rhumatoïde, d’hémorragies cérébrales, etc ?
S’ensuit la justification du viol en règles des principes, car on peut se demander pourquoi il
faudrait observer certains des aphorismes de l’Organon et pas les autres ? Selon quels critères
s’effectue la sélection ? En quoi cela constitue un progrès dans les résultats cliniques :
Moins coincé dans diverses contraintes d’ordre idéologique et plus adapté à la clinique au
quotidien, s’il reste tout à fait ouvert à la prescription d’un seul médicament -dans le cas où
un traitement synergique n’est pas nécessaire-, apparu peu à peu, le « pluralisme » soigne
des symptômes bénins, tout comme des problèmes plus profonds. Il utilise dans ce but des
remèdes agissant à différents niveaux. Ces derniers sont parfois strictement locaux, si aucun
autre symptôme ne le nécessite. Il n’est pas nécessaire de connaitre la mentalité du sujet pour
traiter chez lui une blessure ou une infection occasionnelle, sauf si celle-ci se
répète, traduisant sa fragilité…Cela peut ne justifier qu’un seul médicament, mais cela peut
aussi nécessiter un traitement plus complexe, avec divers médicaments donnés en alternance,
pour permettre à l’énergie vitale d’accomplir sa fonction.
La tragédie humaine qui se perpétue repose sur la méconnaissance des principes et des lois de
l’homéopathie. Il est ainsi facile de couvrir la paresse et l’incurie des prescripteurs en la
faisant passer pour de la tolérance et de l’ouverture d’esprit… En ce sens j’ai un esprit très
fermé puisque je me contente de suivre les lois incontournables de la nature,
et je tiens le vilain rôle du père fouettard en le rappelant à cette masse d’homéopathes malgré
eux :
Ils se refusent en fait à de se limiter à la connaissance des médicaments et d’appliquer le
principe de similitude, tel qu’il a été élaboré par Hahnemann
Comme c’est merveilleux ! On se refuse d’observer les lois ? Pouvez vous refuser d’observer
les effets de la gravitation ? A vos risques et périls si c’est au bord d’un précipice.
Toute cette glose nous fait oublier un fait incontournable : l’existence d’une totalité de
symptômes chez tout patient. Là où la médecine classique s’arroge le droit de tripoter tel ou
tel symptôme, l’évidence de l’observation montre une totalité, ce qui prouve aisément l’aspect
anti-scientifique de la médecine actuelle.
En amont de la totalité, l’intelligence déduit l’existence d’une force vitale désaccordée
responsable de l’ensemble des symptômes observés. En aval, il n’existe donc que deux
manières de s’adresser à la totalité : soit avec un médicament présentant une similitude avec
celle-ci soit avec une substance énantiomère.
Le pluralisme fait joyeusement abstraction du fait que c’est tout l’organisme qui ressent et
réagit à l’effet d’une substance. Le pluralisme est basé sur le même arbitraire de la médecine
classique, celui d’un prescripteur dont l’égo désire que le médicament agisse ici, et l’autre
ailleurs. C’est un fantasme, une pure illusion, que nous combattrons
farouchement.
Le pluralisme c’est la répétition insensée de tas de doses à tort et à travers : pourquoi en
prendre toutes les semaines, ou un jour sur deux ? Où sont les règles ? Avez-vous notion du
ridicule que cela soulève, à juste titre, chez les confrères allopathes qui se demandent en quoi
cette « soupe » peut avoir la moindre justification ?
Le pluralisme c’est oublier que deux substances proches par leurs effets, prescrites en même
temps vont donc s’antidoter (s’homéodoter) naturellement. Pourquoi sélectionner 5
médicaments et pas 3 ou 30 ? Pourquoi ne pas
mettre un globule de chaque médicament connu dans une fiole et administrer une goutte à tout
le monde ?
L’absurdité du pluralisme saute aux yeux dès qu’on a un minimum de culture homéopathique.
Votre cocorico final en parfaite contradiction avec la réalité qui fait des homéopathes français
la risée du monde homéopathique international ne peut que laisser pantois :
Notons que l’école française d’homéopathie s’est construite autour de cette conception
pluraliste et qu’elle a su s’imposer dans le monde, là ou l’homéopathie n’est pas
décriée…C’est elle qui assure sa pérennité. C’est donc à ce titre, qu’elle se doit de se
développer et refuser tout amalgame
Comment osez-vous écrire cela ? Où sont les guérisons de la méthode pluraliste ? Quel est le
niveau des prescripteurs ? Telle une moisissure qui progresse de proche en proche, le
pluralisme a été imposé dans tous les pays où le laboratoire Boiron a cherché à s’implanter, en
s’entourant à chaque fois de « penseurs » à sa solde pour faire
passer son message insoutenable d’homéo-allopathie.
Toute personne munie d’un minimum de bagage scientifique sera d’accord pour rejeter les
délires actuels de Sankaran et autre Scholten, fondés sur des illusions et la manipulation d’une
audience parfaitement étrangères aux connaissances de bases de l’homéopathie. Mais au final
c’est bien le même mal qui ronge le monde homéopathique,
en créant les fruits vénéneux du « déviationnisme. » Car la question finale est toujours : qui
guérit le maximum de malades, suivant des principes clairs et intelligibles, selon la voie la
plus rapide, et la plus sûre ?
Tout ce fiasco intellectuel justifie pleinement le magnifique propos du Dr. Philippe Servais,
dont je tiens à souligner ici la justesse, largement démontrée par vos propos, opinions et
préjugés :
« Deux tendances inconscientes ont toujours été présentes dans l’histoire de l’homéopathie :
une consistant en une totale harmonie avec une profonde compréhension de la similitude
vraie et une autre plus superficielle nous obligeant au retour vers lescientisme… »
Aussi, n’ayant pour ma part aucune envie d’être amalgamé ni avec les tenants d’une médecine
classique dont la dérive criminelle devient plus évidente chaque semaine, ni avec les supposés
homéopathes unicistes chasseurs de Graal mental, je maintiens avec fierté que :
Nous baptiser « unicistes », c’est laisser croire qu’il existe plusieurs tendances d’égale
valeur. Alors que nous seuls faisons vraiment de l’homéopathie en individualisant
complètement nos traitements. En somme, il y a un monde entre être homéopathe
et distribuer des produits homéopathiques.
L’immense majorité des médecins pluralistes a subi un enseignement volontairement tronqué
et faussé. Ils sont rapidement désabusés devant les résultats pitoyables et deviennent de
véritables homéopathes passionnés dès qu’ils accèdent à l’étude de l’Organon. Boiron n’est
donc pas victime mais bien responsable d’avoir forgé cette caricature
d’homéopathie au nom de la rentabilité de la prescription. C’est une déviation insupportable
puisqu’elle contribue à perpétuer la souffrance du genre humain. Hahnemann et tous ceux qui
l’ont suivi réprouvent toute opinion pour se placer sous la stricte observance des lois.
Telle doit être l’humilité du véritable homéopathe.
Laissons le mot de la fin à notre grand Adolph Lippe8 :
La coupable négligence du grand nombre de médecins à ne même pas jeter un coup d'oeil sur
les découvertes de l’Organon peut seulement être mise sur le compte de l’indolence d’une
corporation se reposant sur la crédulité du malade et de l’humanité
souffrante. Ces hommes ont vu dans le dernier demi-siècle des gens voyager grâce à la
vapeur, parler grâce à l’électricité, peindre grâce au soleil ; les Arts et les Sciences ont connu
des progrès inimaginables ; les générations futures ne comprendront pas pourquoi ils ont
refusé la lumière qui leur était offerte, préférant rester des aveugles à tâtonner dans le noir
tout en infligeant une misère indicible aux malades.
8 Le premier paragraphe de « l’Organon de l’art de guérir », par Samuel Hahnemann, en
introduction à ce journal.
THE ORGANON, vol1, 1878.
En réponse au Docteur Edouard Broussalian.
Passé le malaise que j’ai ressentis en voyant une fois de plus l’Organon considéré comme un
texte quasi sacré avec des lois et des dogmes immuables, plusieurs points méritent ici d’être
précisés.
Le premier concerne le lien supposé entre le GIRI, les Entretiens internationaux de Monaco et
les Laboratoires Boiron.
Ils ne correspondent pas du tout à ce que vous supposez et avancez :
Le GIRI, tout comme les entretiens Internationaux de Monaco sont des structures crées par
votre serviteur et SAS la princesse Antoinette de Monaco. Le professeur Madeleine Bastide y
a apporté ensuite son concours pour que nous puissions, dès 1986, élaborer les statuts qui en
constituent la base. Une vidéo présentée dans la page d’accueil de ce site montre d’ailleurs la
Princesse expliquant elle même comment, pour que toute récupération puisse être évitée, nous
avons sollicité et obtenu une subvention de l’état monégasque.
L’équipe des Entretiens internationaux de Monaco et le GIRI n’ayant aucun lien d’inimitié
avec qui que ce soit- les laboratoires Boiron y compris- la seule contribution de ce laboratoire
n’a jamais été que de payer, lors des réunions du GIRI ou des Entretiens, les frais de
déplacement de ses propres chercheurs ; d’où la raison pour laquelle nous nous devions de
les citer sur notre site.
Nous ne pouvons en effet, qu’être sensibles à l’aide apportée par Boiron qui a permis aussi, à
des chercheurs français de contribuer aux travaux du GIRI.
Je me dois ainsi de préciser que, pour ce qui concerne ce groupement, la France est le seul
pays où les chercheurs travaillant sur les hautes dilutions de substances ne peuvent pas
compter sur des crédits universitaires. Alors que leurs homologues étrangers ( 21 pays
membres) sont aidés par leurs Universités - qui trouvent facilement le moyen de financer le
séjour lors de leurs déplacements- les chercheurs français puisent sur leurs fonds propres
.Cela laisse supposer l’intérêt d’une telle réunion et son indépendance.
Sur ce qui concerne ma connaissance de la vie et de l’œuvre d’Hahnemann.
Je dois préciser ici que je navigue depuis plus de 30ans le monde dans les milieux
homéopathiques de tous pays…Je suis d’ailleurs intervenu à la LMHI…
La rédaction de mon livre aujourd’hui épuisé « Comprendre l’Homéopathie » m’a ainsi
conduit à explorer la vie et l’ensemble des écrits d’Hahnemann ; donc tout ce qui touche à
l’infinitésimal.
L’âme et le but du GIRI consistent à réunir tous les chercheurs qui travaillent sur les hautes
dilutions de substances, y compris celles utilisées en homéopathie. Il y a bien longtemps que
nous avons conscience des limites du paradigme mécaniste et celles imposées par la
référence implacable au nombre d’Avogadro. La présence du moléculaire n’est pas une
limitation pour nous ; bien au contraire.
Mais il faut souligner aussi que nos travaux sont très limités, sinon réducteurs, par rapport ce
qui constitue la doctrine homéopathique dans son essence. Nous nous contentons de vérifier
l’efficacité des très hautes dilutions de substance ; et, aujourd’hui nous ne savons qu’observer
une certaine répétabilité de l’effet de ces dilutions. C’est tout !
Vous êtes resté hermétique à mes explications sur l’analogie, ce qui me fait comprendre que
mon discours doit manquer de clarté ou être lacunaire.
Depuis 1930 ; mais surtout depuis 1950, l’analogie et son rôle dans la science sont étudiés.
On parle de similarité lorsqu’un certain nombre de paramètres sont communs à deux entités
que l’on compare, et que l’on ne rencontre aucune dys-analogie entre eux (Cf. mes articles
précédents).
Il ne s’agit d’aucune loi ici ; et encore moins de loi d’analogie. Le raisonnement analogique
n’est qu’un outil au service de la science.
Or, le Docteur Grandgeorges écrit : "Si à notre époque c'est la vision purement mécaniste et
linéaire de la maladie qui fait foi, l'homéopathie s'appuie sur une vision radicalement
différente, globale, intégrant le corps, l'esprit et l'énergie vitale. Cette conception tire ses
racines dans les théories de la médecine grecque ancienne (Hippocrate, Gallien) et de la
médecine spagyrique (Paracelse)."
http://www.homeoint.org/articles/schmitt/enneagramme.htm
C’est là la raison pour laquelle je cite - ce qui semble vous étonner, Aristote.
C’est en effet lui, qui se trouve à l’origine de la définition de la pensée analogique
« métaphorique » ancestrale –et pas du tout scientifique- seule applicable dans ce contexte.
Tout ce que la science peut retenir de l’homéopathie qui, comme toute médecine, est un art de
guérir, est que, seul est acceptable, le fait de garder une similitude comportant des analogies
simples et multiples.
Je ne critique pas les autres approches que vous défendez, mais me dois simplement de dire
que- même l’on ne peut que souligner son côté réducteur-, l’on ne parle alors plus du tout de
science, mais de doctrine homéopathique, donc de médecine.
Je ne rentrerai pas dans la polémique uniciste/pluraliste qui dure depuis deux siècles …
Mais, je me dois de dire que vous êtes très dur, et peu respectueux de vos confrères pluralistes
qui ne partagent pas vos choix, puisque vous allez même jusqu’à utiliser le terme de
« moisissure »…
J’ai bien plus peur - et nous partageons ici le même avis- lorsque vous les évoquez, des ««
unicistes » chercheurs d’une sorte de Saint Graal ésotérique-mystique et des grotesques
caricatures de l’homéopathie qu’ils font ».
Je vous rejoins ici dans la mesure où de plus, ces gens remplissent bon nombre de Congrès et
structurent des enseignements très fréquentés à travers le monde, sans que personne ne
dénonce haut et fort leur approche. Georges Vithoulkas l’a fait, certes, mais cela n’a pas été
suffisant. Vu son importance actuelle, la propagation des points de vue qu’ils énoncent est, à
mon avis, bien plus dangereuse que celle des « moisissures » que vous évoquez.
L’intégration de la notion de « péché originel » liée aux références aux illuminations de
Swedenborg qui ont été à la base de la structuration de l’approche Kentiste, n’est pas,
contrairement à ce que vous semblez dire, sans importance. Hormis les « Masistes » qui s’y
réfèrent nommément, il semble bien paradoxalement, j’ai pu le vérifier à différentes
occasions, elle soit assez peu exprimée, sinon connue par bien des « Unicistes » français. Son
impact sur l’approche Kentiste ne parait pas évalué à sa juste valeur. Il a pourtant une
influence notable sur ce qui a pu être tiré de différentes manières de la théorisation de Kent,
pour lui donner les différents visages que vous dénoncez bien justement.
Par ailleurs, je dois souligner que, par moments, dans vos critiques, vous me semblez
confondre - involontairement j’espère- le pluralisme et le complexisme -que dans ma pratique
en officine, j’ai personnellement vu pratiquer essentiellement par des non médecins.
Pour ce qui est du pluralisme que vous dénoncez, il est important de souligner que si les
laboratoires Boiron en ont fait le choix pour leur enseignement, ils n’en sont absolument
pas à l’origine. Je citerai simplement ici une phrase du François Docteur Gassin :
« Pierre JOUSSET meurt en 1910, Léon VANNIER créé la revue l'Homéopathie Française
en 1912, autour de laquelle s'organise l'enseignement « à la française », éclectique, pluraliste
et « scientifique ». (Cf. L'homéopathie à la française, repères historiques 1830-1915. Par le Dr
François GASSIN)…
Or il n’y avait aucun laboratoire Boiron…Donc, si une récupération ou simple affinité de
pensée avec les frères Boiron dans les années 1937/38 a pu exister, ces derniers ne sont à
l’origine de rien…La « moisissure » existait déjà.
Tout comme vous, je trouve bien évidemment catastrophique, l’invraisemblable et
irresponsable réduction des souches et des dilutions. Il y a là un problème évident, qui grève
l’homéopathie dans son ensemble et mériterait de ce fait, de trouver solution…
Cependant le problème est complexe et comporte des paramètres à ne pas négliger, de façon à
permettre une issue compatible avec les obligations et choix de chacun.
Les laboratoires Boiron travaillent à la reconnaissance d’un certain nombre de souches quelques centaines semble-t-il. Je sais de par une discussion privée avec le précédent directeur
général que 40 personnes travaillent de manière continue sur ces dossiers. Comme je m’ai
déjà signalé, le coût en est exorbitant.
J’admets volontiers que certaines dilutions ou médicaments peu vendus, mais utiles et
comportant une action spécifique repérée dans la pratique clinique, ne sont pas demandées par
ce laboratoire. C’est, je le reconnais, très problématique. MAIS, je dois ajouter aussi que le
problème de choix trouve son origine dans une directive européenne et dans les contraintes
couteuses qu’elles imposent, et non pas dans un laboratoire en particulier. C’est un problème
franco-français que d’accuser les laboratoires Boiron de l’ensemble de ce problème.
Ά l’étranger – loin de l’hégémonie Boiron- les problèmes sont les mêmes, l’origine est
commune, et, oui, il faut dire, l’Europe ! L’Europe ! L’Europe !...
Je vous mets en pièce jointe la pétition envoyée à l’ensemble du gouvernement Italien par
l’ensemble des structures homéopathiques italiennes. Espérons qu’elle aura un impact ou
amorcera une réflexion…
Voici quelques remarques qu’il me semblait important de faire de façon à donner certains
éclaircissements utiles et poursuivre ce dialogue amorcé…Il mériterait un partage autour d’
une(longue) table ronde pour un échange d’idées en profondeur ou écrire un livre sur
l’homéopathie et ce qu’elle suscite d’intérêt passionné pour tous ceux qui, chacun à sa
manière en utilisent et en étudient les si précieux apports.
Bien cordialement à vous.
René-Philippe Halm
[email protected]

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