Fourt IV - Fancy-fair. - Dérives autour du cinéma

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Fourt IV - Fancy-fair. - Dérives autour du cinéma
Fourt IV - Fancy-fair.
Dérives autour du cinéma
http://derives.tv/Fourt-IV-Fancy-fair
Fourt IV - Fancy-fair.
- constellation - Q-Z - Tenret -
Description :
Roman inédit d'Yves Tenret.
Dérives autour du cinéma
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Bande salauds, on est. Le laisse marcher, comme ça, au moins pendant vingt minutes, avant de lui sauter dessus.
Pour le fouiller, l'attache à un arbre avec nos ceintures. Ne râle pas beaucoup. Trop content de nous revoir. Le
cachottier ! A deux billets ! Maria en a filé second derrière notre dos.... Michel en confisque un.
Te le rendrai. Papa te remboursera. Lui dirai ai été obligé de t'emprunter de l'argent.
Arrête. Crois plus au Père Noël depuis longtemps. Me voles, c'est tout. Pourrais au moins avoir honnêteté le
reconnaître.
Détache-le, intime Michel à Guy.
Détache-le toi-même, lui répond le morveux.
Qu'est-ce qu'on fait ? s'inquiète Yves.
Ai faim, se lamente Bob.
Retournons en ville, propose Guy.
Non, avançons. Y a sûrement un caberdouche au village suivant, spécule AA.
Et si on se perd ? craint Yves.
En suivant la Meuse, on ne peut pas se perdre, lui explique Michel.
Mais à la campagne, même si on trouve brasserie déserte, ne voudront pas nous servir, remarque Alex.
Pourquoi ? demande Robert.
Sommes trop jeune. Ont pas le droit...
Robert, faufilé derrière AA, se met à quatre pattes. Michel le pousse un bon coup. Chute. Nous ruons tous. Chacun
se saisit d'un membre. Le balançons au-dessus de l'eau. Braille comme porc qu'on égorge. Robert trébuche, le
lâche. Plonge. Enlacés, roulons le long du talus. Yeeeeeh ! Buisson nous arrête juste au-dessus de l'eau.
Pusillanimes, êtes, constate-il. Sans aucun remord, moi, vous aurais foutu au jus.
Repartons bon pas, dissimulé derrière barrière d'arbres et fougères denses, tramées d'arbustes. Marche, parfois,
entravée par profonds fossés, saules pleureurs ou champs de houblon mais faim et automatisme aidant
maintenons rythme bon coureur de fond.
Est un peu anarchique, je crois. Il faut dire que je me plie très peu. On n'est pas toujours satisfait parce qu'on pense
qu'on pourrait faire mieux. C'est peut-être un peu prétentieux de le dire. Dans mon cas, c'est presque une situation
idéale dont je serai mal venu de me plaindre.
Après une heure ayant paru en durer dix, percevons dans le lointain rumeur, plainte d'un accordéon, éclat de
voix. Long quart d'heure plus tard, distinguons corps auxquels appartiennent voix. Une fancy-fair ! Pas de scène,
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pas d'estrades mais lampions multicolores partout et nombreuses baraques, annonçant sur ardoises, vente truites
grillées, pommes de terre robe des champs, vin blanc luxembourgeois et bières wallonnes.
Robert comprend pas pourquoi restons si longtemps cachés, observant tout ça comme si préparions mauvais
coup.
Qu'est-ce que ça sent bon ! Allons-y, insiste-t-il. Sont quand même pas ces sodomiseurs de diptères qui vont
nous égorger, non ?
Les pêcheurs disent dit "dégorger" et non pas « égorger », lui rappelle Alex.
Est pas estomac sur pattes qui va nous dire que faire, s'indigne Michel.
Si moi suis un estomac sur pattes, toi t'es une courante...
Savons pas qui sont ces gens. Michel a raison. Observons d'abord, approuve Guy.
Observer quoi ? demande Yves.
Ai tellement faim que n'ai plus faim du tout. Leur propose envoyer émissaire neutre portant drapeau blanc.
Discutaille encore un moment. Pierre-Al s'intéresse pas à tout ça. Fait celui ne comprend pas notre fébrilité. Se
croit au-dessus faiblesses vulgaires comme sommeil ou faim. Chiqueur ! Yves veut remontions sur route pour
arriver innocemment, comme par hasard, entrée de devant. Robert défaille, tremble, sue comme jamais. Alex et
Michel profitent pour l'asticoter à mort. Yves supporte pas. Pour faire diversion, sans prévenir, court au
cantonnement retranché. Frangin lui emboîte le pas. Suivons... Sur centaine personnes, y a à vue de nez au
moins nonante-six mecs. Aucun ne fait attention à nous. Michel brandit son billet. Fils de commerçants, connaît la
musique.
Z'ont peut-être moeurs bizarres, s'alarme Alex, mal à l'aise.
Odeur est à mourir. Graillonne, grésille, fume de tous côtés. Michel étudie à fond tarifs. Rediscutons. Vrai soviet.
Sauce ou pas sauce est la question...
Pompez l'air avec votre légalisme de mes couilles, s'irrite Bob qui se tient la panse à deux mains. Gargouille
là-dedans.
Calme, calme. Mâchons recueillis, en silence. Robert, pour se faire bien voir, dans l'espoir d'avoir un rab, interview le
cantinier : A fait bonnes prises, derniers temps ? Zobi, la mouche ! Est parti. Taquineurs de goujons se ruent sur
nous. Tous ont réalisé exploits plus fantastiques uns que autres. Saumons lubriques et énormes, truites qui font
des bonds trois mètres de haut, nuits verglacées passées à se battre contre brochets géants.
Cosse sérieuse. Imaginaire épuisé. Chaleur dense. Retiré. Vertrokken zonder adres op te geven. Des volatiles
courent le long de la berge. Arrachement. Un homme les frôle. Le brouillard. Des grues en V passent dans le ciel.
L'homme marche la tête penchée. Il foule de jaunes pousses ; un hululement. Une trouée. Une braise rougit sa face.
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Nuit tombée. Sa voix est rauque.
Non ! tonne AA à Bob qui allait engouffrer d'un seul coup toute une patate.
Pourquoi ? La veux
Fais pas ça, malheureux ! Serait cannibalisme !
Atterrant. Bide total.
Ça barde en ville ? se tracasse l'un des pêcheurs.
Quelle ville ? hasarde Alex.
Jette un froid. Doivent tous venir Dinant ou bleds encore plus lilliputiens. Popeye, chasseur de grenouilles, cherche
avec obstination, à me faire déguster bestiole recouverte d'ail et grillée. Mords dans une. Brûle ! Recrache. Se
bidonne. Robert en redemande. D'après lui, est comme poulet et ail pique pas plus que moutarde de Dijon.
Brouillard monte. Bouteilles circulent. En pique une. Déplaît à trouillards de jumeaux. Types grognent en bourrant
sol coups de pied. Méfiants, restons groupés. Aucun des peïs ne nous en tient rigueur. Michel achète encore sept
grosses gaufres liégeoises couvertes épaisse couche sucre brûlé.
Ça goûte ? charrie un des asticotiers.
Et comment ! Sont carbonisées, amères, goudronneuses. A s'en arracher la peau des doigts.
Cruchon de pequèt tourne plus en plus vite. Frénétique, leur bourrée prend allure sabbat d'enfer. Voudrais piquer
un roupillon mais avec tout ce boucan... C'est d'un lourd ici ! Doivent pas bouffer que maigre, ces sardiniers. Alex se
place, nonchalamment, au bout une ligne de danseurs. N'importe quoi !
Risqué. Présage rien de bon, s'alarme, triceps déjà hyper tendus, Pierre-Al.
Sautillent pour se chauffer. Trente tocards face à trente tocards. Brrrrrroum ! Lèvent épaule gauche puis droite. Un
genou, l'autre, et en avant ! Ni vu, ni connu, je t'entubercule.
Grand barbu, à faux air de Sainte Nitouche, approche de Michel.
T'es bien restauré m'fi ? Et ton banc de petites fritures, aussi ?
Ça va, ça va, répond placidement Michel.
Ouh ! Quelle haleine ! As de la viande morte dans le claque-merde ! Dégage, toi et tes mendiants. Maintenant !
Tout de suite !
On a tout payé ce qu'on a pris. On porte l'uniforme de l'Athénée de Bouillon. Pourquoi vous nous traitez comme
des mendiants ?
Écoutez, escadron d'ailerons de poulets anémiques, est un club privé ici. Pas le droit de vous servir. Est
seulement pour ceux qui sont à jour de leur cotisation. Partez sans faire d'histoires. Romanichels, avec ou sans
uniforme, on n'en veut pas.
Outre piscicole pleine de pets puants, clame Alex, arrivé à distance raisonnable pour être sûr de ne pas savoir
être ratrappé, en dégonfle une tous les matins !
Michel secoue jumeaux toujours endormis sur leur banc. Soirée privée dans un bois. Ce qui faut pas entendre.
Bande de vieilles tantouses, croasse AA, avant de s'encourir. Traînant les pieds, repartons dans futaies. Où
aller ? Alex est remonté à bloc. Peut plus l'arrêter.
Pour fête des mères, ai offert miroir peint, et elle, elle l'a cloué aux chiottes !
Quelle salope !!!!! Aux chiottes ! s'exclament les uns tandis que Pierre-Al propose de le noyer dans un coude de
la Meuse. Akerman, imperturbable continue à vanter vices et vertus égoïsme maternel.
Comme elle, n'espère rien donc aurai tout, dit-il.
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Chiée, cette logorrhée ! Au bout, d'un quart d'heure, comme personne ne l'interrompt, ni même ne l'injurie, avec un
air incroyablement las, dépité et triste, finit par débander et accepter dure loi grégaire. Se tait. Robert, toute à sa
digestion, traîne, se laisse distancer, renonce à nous adjurer de l'attendre. Nous continuons. Mutisme. Ça balise...
On entend de la volaille, toute sorte petits animaux, mochetés de fouines, saletés de gaspards, pies voleuses...
Brouillard va en s'épaississant. Vraie brandade de morue. Ne voyons plus à 50 centimètres devant nous.
Soudain, cri, raffut à n'en pas croire oreilles. Est Robert qui nous rattrape, vociférant.
S'agit de vous les agiter là ! Vite ! Dispersez-vous ! On est sui-sui-suivi par deux, pa-pa-pa-par deux
spé-spé-spectres !
Partons comme flèche. Tombons, glissons, écorchons mains et genoux, courons, dévalons pentes, escaladons
tranchées, durement frappés par nombreuses branches, glissant sur mousse, griffés par ronces, nous cognant
racines et autres saletés dépassant du sol inégal, disparaissons dans l' épaisse ouate qui étouffe les berges.
Entendons distinctement poursuivants. Jurent sans cesse et défoncent tout au passage. En sprintant devant moi,
Robert dit :
Couverts fourrure noire sont et ont cornes rouges.
Palpitant va lâcher. Bronches sifflent comédie musicale. Pas sur deux, trébuche. Guiboles tremblotent. Deux sortes
humaines natures : nobles et viles ?
Envisage d'engager un conseiller en authenticité. Perdre son pucelage est toujours remplacé par passer la rivière ou
expressions du même genre. Ça me branche ton truc. Gratte mon dos. Je sais que tu peux le faire. Il passe ses
journées à lire, à attendre. Ne sait pas vraiment quoi.
Une barque ! Michel se jette dedans. Pas le temps de se compter. Pierre-Al la détache. Courant est violent. Cric !
Crac ! Crouwww ! Poursuivants arrivés aussi à bitte amarrage. Ciao, bella ciao ! Avons échappé de peu. Robert
refait description pisteurs.
Avaient des sabots alors ? se gausse Alex.
Ai dit corne ? Voulais dire casquette.
Filons allure vertigineuse. Aux rames, Robert et Michel tentent de nous faire rester centre fleuve. Lune, pleine et
mauvaise, grosse tranche humide, molle, couleur de lait pas frais, jette lumière dure et drue. Enlacés long de la
proue, jumeaux pioncent. Est inouï ! Moi, même à mille francs minute, n'y arriverais pas. Bruit rivière
assourdissant. Malgré supplications Alex, Bob et Michel veulent pas passer les rames. Trop de tourbillons et nous,
ne pourrions pas faire, gambergent-ils. Par endroits, brume se lève. Entre arbres apparaissent formes biscornues.
Ferme les yeux. ELAAAH ! Appréhension terrible. Barque éclatée sur récif. Brusquement et sans aucun préalable,
me sens fortement dégoûté par Robert, corps éternellement suant, constante sensualité débordante, perpétuelle
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soumission.
Zobis de sportifs... Pierre-Al ronfle déjà. Wracht, clac, cric ! Virons, montons, descendons, virevoltons. Pense à
mère apprenant suis mort noyé ? La vois à enterrement. Regrets éternels. Sans maquillage, yeux cernés, nez
tout rouge... Blanche, farineuse. Plouf ! Me réveille en sursaut. Tangue sec.
Défense absolue est faite de porter des bijoux ou des insignes, apparents ou non, de se toucher sans permission, de
mettre quoique ce soit dans la bouche ou dans l'oreille, de rester immobile en plein soleil ou en plein froid, de courir,
de jeter des pierres, de se suspendre aux saillies des fenêtres, de franchir la ligne de démarcation dans la cour.
Michel, à l'arrière, se sert d'une rame comme gouvernail. Robert, blotti à ses pieds, est endormi. Assis, côte à côte
sur banc central, Alex et moi chuchotons. M'a posé une main sur haut de la cuisse. Ça caille. On gèle. Passe son
bras autour de mes épaules.
T'as froid ?
Non ça va...
T'es content de rentrer ?
Ne sais pas. Peut pas être pire qu'à Bouillon, non ? Et toi ?
Grand-père va enlever son ceinturon...
Chaque vacances, tu vas chez eux ?
Ouais. Mère les paye pour ça...
Hibou hulule tout près de nous. Brouillard s'est levé. Alex me caresse. L'eau est très claire. On aperçoit des
poissons. Le cri revient. N'est pas un hibou. Trop fort. Stridule, écrase, gazouille, piétine, grince, piaille, aboie,
crépite, mille façons différentes. Me met mal à l'aise. Qu'est-ce que c'est ? Se rapproche. Là ! Là ! Une centaine de
chauves-souris ! Sont affreuses. Oreilles poilues, longues canines. Nous frôlent. Michel lève les bras pour se
protéger. Rame lui échappe. La rattrape ! On tourne sur nous-mêmes. Robert récrimine. Sans le faire exprès, Michel
lui a filé un grand coup de tatane dans le front. Chauves-souris sont passées. Calme revient. Pas pour longtemps.
Alex, totalement incapable de continuer à endurer ce lourd silence, se met à polémiquer, sans préavis ni raison, sur
mes gouts, présupposés mauvais si ce n'est débiles, en b.d.
T'aimes quoi toi en bandes dessinées, Suske en Wiske, Popol et Virginie, Modeste et Pompon, Jo et Zette ?
Du tout, Corentin beaucoup et aussi, mais moins, Johan et Pirlouit.
Corentin ! Dis la vérité. Te vautre dans Don Bosco. Ah ! Fanfreluche !
Comment un type comme toi, peut-il asséner sans arrêt des affirmations si carrées et passablement stupides ?
Bonne remarque. J'admets que plus c'est con, moins j'hésite...
Heu... heu... heu... heu... (Rires).
Exactement !
Don Bosco ! Tu rigoles ? Vis à Croquefredouille avec mulot, corbeau, lérot et Torpille, la loutre.
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Préfère pas être avec Gil Jourdan, sur petites routes françaises ? Bonne remarque. Pour le bluffer, je cite de
mémoire.
Maintenant dites-moi d'où sort cette note de frais ridicule de vingt kilos de beurre ? Ne le déstabilise pas du tout.
Il enchaîne :
C'était... pour... pour enlever le goudron, chef !! Donc, je conclu :
Vingt kilos de beurre sur un crouton !! Pouah !! C'est du gaspillage !!
Dans Les Cargos du crépuscule toutes les bagnoles sont françaises.
Ouais. Ça fait symptôme. Y a une Renault Dauphine, deux Peugeot, 203, 403 et l'habituel Citroën traction avant
des flics.
Et Alix ?
Enak !
Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil. Paupières lourdes,
lourdes, lourdes. Tempête. Étouffe, me noie, me débat, griffe, mord, recrache. Suis à Gembloux, année de mes six
ans, Jules Lejeune, ferme pensionnat. Joies grand air, travaux agricoles et instruction élémentaire le matin. Un
seul instit pour six années primaires ! Septembre, première semaine, viens d'arriver. Sommes quatre nouveaux en
chemise de nuit amidonnée. Un seul dortoir. Grands, en cercle autour de nous. Accroché à la poulie d'une lampe,
font monter au plafond, mon voisin de lit. Effarés, chialons. N'émeut personne, excite plutôt... Un des gaillards me
saisit, me secoue, me pince, me tire les cheveux et, comme résiste, m'enfourne, par surprise, queue dans la
bouche. Ha, ha, ha... Qu'est-ce qu'on s'amuse ! Compagnons gênés. Mecs sans humour. Violet, ne peux plus
respirer. Pas ça mais un pion. Nous réveille sans allumer lumière. A creusé une betterave sucrière et y a planté une
bougie. Me pisse dessus. Mère congestionnée. Quel affront ! Quel affront, lui fais ! Avais pourtant promis de bien
me tenir, d'être courageux. Se sacrifie pour moi, se saigne aux quatre veines pour payer ma pension et moi ne fais
que pleurer. Femmelette ! Me gifle. Elle aussi ! Mais pourquoi ? Le sais très bien ! Re claque. Cesse de taper avec
ta fourchette dans tes dents du haut quand tu bâfres ! Ce bruit me rend folle. Pif ! Paf ! Pouf ! Me retrouve en train de
vaciller dangereusement. Michel est passé par-dessus bord. Robert m'a estocadé tête avec rame. Coeur jaillit hors
poitrine. Tout se fige autour de moi. Alex me redresse. S'accélère. Robert se penche complètement en dehors. Va y
passer lui aussi. Longue giclée d'énergie pure. AA et moi maintenons bateau sur place. Frénétique, Robert délace
ses bottines. Michel lève le bras. Robert plonge. Choppe Michel. Ramons comme forcenés. Dérivent vers nous. Est
Michel qui remorque Bob ! Ouf... Y est. Agrippent la barque.
Bob va nous faire couler, ricane Alex qui n'en perd pas une. Michel, hissé en premier, nous aide à le tirer dans
frêle vaisseau. Ho-hisse ! Grelottent mais sont sains et saufs. Lèvres blêmes, verdâtres. Alex me tape du coude.
Regarde. Les chérubins n'ont pas bronché.
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N'en reviens pas et Robert et Michel encore moins que moi. Tout ce barouf a pas réveillé les jumeaux ! Sont
toujours à la proue, boule fermée sur elle-même, coincés yin et yang. M'approche d'eux. Guy, agité, Yves, rictus
débile. Laissez venir à moi les petits enfants...
Mon cher Ulysse, sirènes ont fait fort ce coup-ci, comment un AA, incrédule.
On ne peut pas dire grand-chose là-dessus. On finit toujours par se rallier à la majorité. C'est une question de
démocratie comme on dit. C'est un petit bocal. On étouffe un peu. Il faut dire que j'adopte une politique fausse. On
me le reproche souvent. On me le reproche toujours. On peut dire que je porte bonheur. Je le dis comme une
boutade mais il y a un fondement à cela. C'est une certaine lenteur à accepter, disons, la quotidienneté. Je ne parle
même pas de ce qui va venir.
Et comment, très cher Ulysse !
Ont chloroformé l'équipage, endormi le capitaine...
Après bien de difficiles manoeuvres, arrivons à planter avant de la barque dans rive et à sauter à terre. Sapajou !
Zippo fonctionne encore. Feu sans camp. En camisole, Michel et Bob sèchent vêtements au bout bâton. Fume
beaucoup. Pendant qu'apparaissent contours nets de l'aube aux doigts de velours, jumeaux écoutent encore une
fois, récit de notre épopée. Ça commence à avoir allure de légende.
S'enroulaient autour de moi ! Avec les dents, ai coupé les algues.
Houba ! Houba ! Houba ! Et pour piranhas a fait quoi ?
Post-scriptum :Aubette : Kiosque. Babeleir : Bavard. Babelle : Parle. Blinque : Astique. Babelutte : Sucre d'orge. Bobetje : Petit Bob. Boules sûres
: Bonbons. Bouquettes : Crêpes. Brusselaires : Bruxellois. Caberdouche : Café. Carabistouilles : Sottises. Chicons : Fric. Clachekop : Chauve.
Crollés : Bouclé. Drache : Averse. Dracher : Pleuvoir. Fancy-fair : Fête de bienfaisance. Flaches : Molles. Flupke : Quick. Fourt : Zut. Fricadelle :
Boulette. Frit-kot : Baraque à frites. Froebelienne : Institutrice. Gotteferdom : Nom de Dieu. Goulafre : Goinfre. Kicker : Baby-foot. Fanfrelucher :
Fleureter. Kikefred : Ketje de Bruxelles, mangeur de poulet. Maf : Fou. Peïs : Bonhomme. Pequèt : Genièvre. Platekeis : Fromage blanc.
Princesses à la liégeoise : Plat de haricots. Rammeling : Raclée. Smerlap : Salaud. Snul : Nul. Stinque : Pue. Stoefer : Vantard. Stouffer : Conteur.
Stoumelings : En catimini. Stoump : Purée. Tichke : Petite queue. Vidanges : Bouteilles consignées. Vogelpik : Jeu de fléchettes. Ya meneer : Oui
monsieur. Zatteculs : Ivrognes. Zivereir : Radoteur. Zot : Cinglé. Zoute : Poule. Zwanzer : Plaisanter.
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