Ses années reggae… Peut-être pour s`évader de cette nouvelle

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Ses années reggae… Peut-être pour s`évader de cette nouvelle
Ses années reggae…
Peut-être pour s’évader de cette nouvelle notoriété, et aussi pour continuer à innover
et à surprendre, Gainsbourg dorénavant, et jusqu’à sa mort, va puiser son inspiration
de l’autre côté de l’Atlantique. Sans le savoir encore lui-même, il entame une trilogie
où d’une certaine manière il va annexer les musiques noires : le reggae, le funk, et
le blues, ce dernier épisode hélas n’ayant pas abouti puisque Gainsbourg meurt
quasiment la veille de son départ pour les Etats-Unis.
Ce sera d’abord l’époque reggae, qui durera de 1979 à 1984, et qui avait été
introduite par le « Marilou reggae » sur « L’homme à tête de chou » en 76… Et là,
comme d’habitude, Gainsbourg ne fait pas les choses à moitié. Il part enregistrer à
Kingston, et avec l’aide des contacts de Chris Blackwell le fondateur et patron
d’Island le label de Bob Marley, de Third World et de Burning Spear (entre autres) il
engage Sly Dunbar et Robbie Shakespeare qui sont la rythmique phare de la
Jamaïque, ainsi que les choristes de Bob Marley pour enregistrer « Aux armes et
caetera ». Gainsbourg est vraiment celui qui introduit le reggae en France.
N’oublions pas que nous sommes en 79 et que si Bob Marley est déjà une star le
mariage punk et reggae a tout juste eu lieu à Londres avec des groupes comme les
Ruts et les Clash.
Deux ans plus tard, en 81, il part à Nassau dans les fameux Studios Compass Point
qui ont vu défiler pas mal de grosses pointures de l’intelligentsia pop rock disco du
moment, de Robert Palmer à Grace Jones en passant par les Talking heads. Sous le
ciel des Bahamas, il enregistre avec Jean-Pierre Sabar « Mauvaises nouvelles des
étoiles ».
Ces deux albums ont forcément un format plus international que jamaïcain, ils ont
même parfois ce grain de sophistication qu’on trouve dans le reggae anglais comme
chez Steel Pulse. Chacun des deux disques possède son point culminant. Pour
« Aux armes et caetera », ce n’est ni sa recyclage de « La javanaise » ni ce « Des
laids des laids » où Gainsbourg se décomplexe une bonne fois pour toutes de la
relative laideur dont il s’est toujours senti un peu victime. Non, c’est évidemment « La
Marseillaise », grande réussite commerciale de cette période qui va l’entraîner sur le
terrain politique qu’il ne maîtrise pas très bien. Pour l’anecdote, signalons que
Gainsbourg avait déjà fricoté avec l’hymne national dans la bande originale du film
« Mister Freedom » de William Klein en 1968.