ouvrir le document - Union Wallonne des Entreprises
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Discours de clôture de Jean-Pierre Delwart, Président UWE, à l'occasion de l'Assemblée Générale de l'UWE le 2 octobre 2012 La Wallonie doit réussir Il y a 3 ans nous étions dans le cadre magique de Pairi Daiza, je venais de terminer mon discours inaugural, la réception allait commencer lorsque j’ai surpris une discussion entre mon épouse et Vincent Reuter. Celui-ci expliquait son désarroi à chaque changement de Président, car aucun nouveau Président ne lui demandait son avis, ni ne l’informait sur ce qu’il allait dire. Pauvre Vincent ! un cours moment de culpabilité passé, je me suis dit qu’il fallait que cela change, il faut que l’UWE ait un programme pour le long terme ! Sur quel thème ? J’avais eu l’imprudence de parler du manque d’ambition et même de suggérer la création d’un groupe de travail «Ambition 2020» : «Mon engagement en tant que Président de l’UWE s’articulera principalement à donner (ou redonner) de l’Ambition aux entrepreneurs wallons. Créer un groupe de travail Ambition 2020 pour jeter les bases des stratégies à mettre en place afin que dans 10 ans nous ayons plus d’entreprises et des entreprises plus grandes, branchés sur le monde et performantes.» LA WALLONIE DOIT REUSSIR ! Mon credo est : quel que soit le scénario, la seule réforme de l’Etat qui sera constructive pour la Belgique, c’est de faire ou de refaire de la Wallonie une des régions les plus dynamiques d’Europe afin qu’elle gagne son autonomie financière. Après un démarrage trop lent à mon goût, des groupes de travail se sont mis à l’ouvrage, avec l’apport de consultants externes (Bain et Deloitte par la suite). Le point d’orgue a été l’Université d’été organisée en août 2011 lorsque 80 chefs d’entreprises se sont réunis pour fixer les priorités de notre programme. Nous avons ainsi défini trois objectifs bien spécifiques : Rendre la Wallonie indépendante financièrement. Tendre vers le plein emploi. Renforcer la cohésion sociale. Voici nos objectifs, ils sont clairs, et vont guider l’action de l’UWE (du moins je l’espère) au cours de ces dix prochaines années. Mon approche personnelle est, que si on veut donner des leçons, il faut commencer par balayer devant sa porte. C’est pourquoi j’ai voulu faire évoluer l’UWE d’un syndicat revendicateur vers un centre de propositions positives (avec s). Alors balayer devant sa porte, cela veut dire : constater que bon nombre d’entrepreneurs manquent d’ambition. Et malheureusement, certains ne souhaitent pas vraiment développer leur entreprise, pour toute une série de bonnes ou moins bonnes raisons. Nous devons les aider à reconnaitre le potentiel de leur entreprise et à l’exploiter au maximum. Si nous voulons des entreprises en croissance forte, plus nombreuses et plus grandes. La seule ambition des entrepreneurs de faire croître leur entreprise ne suffira pas. Il faudra aussi combattre les nombreux freins à la croissance, donner de l’air aux entreprises. Favorisons l’accès à l’innovation, le travail en réseau et l’exportation. Mais cette croissance n’a de sens que si nous avons un marché du travail efficace et une main d’œuvre en adéquation avec la demande des entreprises et correctement formée. Car dans le contexte de nos objectifs (Tendre vers le plein emploi) il ne sert à rien de développer des entreprises si elles doivent recruter à l’étranger. Nous devons aussi revaloriser le travail par la suppression de ce qu’on appelle les pièges à l’emploi. Nous devons rendre la fierté des métiers techniques et mieux préparer la jeunesse à travers un enseignement de meilleure qualité. Tout cela va de pair avec un climat social serein. Nous devons nous attacher à sa construction et le favoriser. Il faudrait notamment que tous les partenaires sociaux reconnaissent les réalités de l’économie de marché, respectent les conventions existantes mais aussi visent à optimiser le temps du dialogue social. Enfin, sans tabou, osons la modernisation de l’appareil public. Que les hommes politiques comprennent qu’il faut légiférer et réglementer à bon escient, avec ordre et méthodes et non dans l’émotion d’une situation, ni dans la précipitation. Concentrons les structures, simplifions les processus, informatisons au maximum. Dans ce domaine, il faut une réelle rupture par rapport à ce qui existe. Jean-Pierre Delwart | Assemblée Générale UWE | 2 octobre 2012 1/3 Ce ne sont pas des réformettes de façade qui vont atteindre l’objectif voulu, à savoir, une réduction significative du coût de fonctionnement de l’appareil public. Voici les quatre défis que nous relevons, les quatre défis que les organisations entrepreneuriales de Wallonie vont relever ensemble. En effet, comme nous préconisons entr’autre une rationalisation des structures, nous avons voulu montrer l’exemple du travail en commun et c’est naturellement que l’Union des Classes Moyennes et les Chambres de Commerce et d’Industrie de Wallonie nous ont rejoint pour unir nos forces et lancer ce programme. Nous souhaitons nous engager ensemble pour œuvrer au renouveau de la Wallonie et au bien-être de ses habitants. Nous avons une vision mais cette vision passe par une stratégie claire du lien Wallonie-Bruxelles. La Wallonie a besoin de la vitrine bruxelloise pour attirer les investisseurs, et bénéficier des services de hautes qualités disponibles dans la capitale de l’Europe, et Bruxelles a besoin de plus d’entreprises dans son hinterland pour augmenter son offre de services et offrir du travail à ses nombreux demandeurs d’emplois. Si on veut être VRAI, et je l’ai toujours voulu, le message à délivrer sur l’état de la Wallonie aujourd’hui est complexe à donner. Pourquoi ? D’une part parce que on doit constater que la Wallonie se redresse économiquement, et d’autre part parce que le retard sur les régions les plus dynamiques d’Europe est encore énorme. Si on a pratiquement rien fait pendant 25 ans pour remplacer notre industrie lourde qui périclitait. Depuis 1999 les efforts de la Wallonie ont été bien réels, depuis notamment le lancement du «Contrat d’Avenir». Et grâce aux deux plans «Marshall», des progrès significatifs ont été réalisés. Ainsi, l’emploi privé a augmenté de 1,7% par an, plus vite que dans le reste de la Belgique. Les exportations ont augmenté de 4,5% par an, soit mieux que les meilleurs pays européens. Quant aux investissements en «Recherche et Développement», ils se montent à 2,2% du PIB, contre 2,1% pour la zone Euro. MAIS, malgré ces progrès, nous avons toujours à faire face à des indicateurs économiques préoccupants. Le taux de chômage n’est jamais descendu en-dessous de 9,5% et le taux d’emploi est de 62%, à peine. Le PIB wallon par habitant (indicateur de richesse) est égal à seulement 79% de la moyenne de la zone Euro. Nous avons donc besoin d’aller plus vite que les autres régions pour rattraper notre retard, or cette urgence au point de vue économique va se trouver accentuée maintenant du point de vue institutionnelle, puisque les transferts de compétences seront une réalité demain, et que ces transferts ne s’accompagneront pas nécessairement par un transfert des moyens financiers qui y sont liés, mais aussi et surtout par une révision de la Loi de financement qui sera moins favorable à la Wallonie. Il est grand temps d’avoir le «SENS OF URGENCY» Est-ce enfin le moment tant attendu que j’appelais de mes vœux il y a 3 ans en disant : «Allons-nous atteindre le moment salutaire où une prise de conscience générale que notre système n’est plus tenable, provoquera chez tous une réaction énergique permettant des réformes structurelles importantes afin de pouvoir soutenir efficacement les embryons de reprise dans le contexte difficile des importants efforts budgétaires qui sont nécessaires ?» Que dire du plan «Horizon 2022» ? Comme le dit le Ministre Président, c’est une matrice qui intègre divers plans d’actions transversaux. J’ai dit que je voulais que l’UWE soit un centre de propositions positives, je note donc avec satisfaction que pour la 1ère fois, le pouvoir politique wallon semble vouloir s’attaquer aux carences de l’enseignement et au fonctionnement de l’appareil public. ENFIN ! De plus le gouvernement a prévu un recadrage du plan Marshall 2.vert visant à une réallocation des moyens vers les actions les plus porteuses. En effet il ne suffit pas d’avoir un plan il faut le mettre en œuvre, et à mi législature les sommes consacrées au plan Marshall 2.vert ne sont engagés qu’à 23%. A part cela je n’y vois pas de grandes nouveautés, surtout pas de rupture avec le passé, rien d’énergisant, de mobilisateur à ce stade. Tout cela manque de pragmatisme : on essaie de ne fâcher personne et d’avoir un large consensus. Ce n’est pas comme cela qu’on fera bouger les lignes. Si je me réjouis que le GFWB ait décidé de s’attaquer aux carences de l’enseignement, je ne voudrais pas qu’il commence par déclencher une nouvelle guerre scolaire, il y a plus efficace à faire ce niveau que de viser au décloisonnement des réseaux scolaires, notamment en s’attachant à revaloriser le statut de l’enseignant, et à simplifier la structure des programmes. Le coût de fonctionnement de l’appareil public est de 54% en Belgique, 47% en Allemagne et la moyenne européenne est à 50%. Je me réjouis d’apprendre que le GW va réorganiser les outils para régionaux, mais Jean-Pierre Delwart | Assemblée Générale UWE | 2 octobre 2012 2/3 je ne voudrais que sous ce prétexte on croit bien faire en fusionnant quelques outils en un grand machin pas nécessairement plus efficace. C’est rapprocher la tête de la réalité de terrain qu’il faut faire en supprimant des couches de la lasagne. Il faut aussi s’attaquer aux problèmes de fonctionnement de l’administration. Celle-ci est trop politisée. Les marchandages entre partis ont pour conséquence qu’une série de nominations sont bloquée depuis longtemps déjà. Cela empêche la simplification de son fonctionnement. Je souhaite vivement que la phase de travail des «experts», étant terminé, celle avec les interlocuteurs sociaux soit plus énergisante, beaucoup plus concrètes dans ses actions. Un maître mot, il faudra être PRAGMATIQUE. Oser des ruptures par rapport à ce qui existe aujourd’hui. Oser casser ce qui existe et ne fonctionne pas de façon efficiente, pour reconstruire plus simple et plus efficace. Je constate une convergence forte dans l’analyse avec les organisations syndicales, mais pas nécessairement dans les moyens d’actions. A ce moment, il faudra laisser l’idéologie et les objectifs partisans au vestiaire, si on veut avancer. Il est important que tous comprennent, et à ce sujet je déplore les récentes campagnes de presse dénigrant les grandes entreprises, que nous avons besoin de grandes entreprises, comme de PME. Sait-on que plus de 50% de la valeur ajoutée généré par une entreprise va à l’Etat, aux régions et aux pouvoirs locaux. Il n’y a pas que l’impôt des sociétés ! La TVA sur le chiffre d’affaires, les précomptes professionnelles et cotisation ONSS sur les salaires payés, plus les diverses taxes et redevances communales et provinciales. Voilà, j’en arrive au volet remerciement de mon discours. A tout seigneur, tout honneur, je voudrais commencer par mon épouse dont le visage mi-figue, mi-raisin le jour où je lui ai «demandé son avis» pour accepter la fonction, laissait présager qu’elle ne savait pas bien ce que cela impliquerait, mais qu’elle en avait l’intuition. Anne, merci pour ton sourire constant malgré les longues absences, ton soutien indéfectible dans les moments plus difficile. Merci aussi à mes grandes filles, Valentine et Charlotte, on ne s’est pas vu beaucoup, ces 3 dernières années. Monsieur le Ministre Président, cher Rudy, et vous tous les membres du gouvernement, je voudrais vous remercier pour la qualité du dialogue que nous avons eu au cours de ces 3 dernières années. Certes nous n’avons pas toujours été d’accord sur tout, mais ce qui est important c’est qu’il y a eu une écoute attentive à nos points de vues. Et même des répercussions dans vos propres discours, j’entends de plus en plus souvent dans ton discours Rudy, le mot Ambition. Merci à tous de l’accueil intéressé que vous avez réservez au programme Ambition 2020, puissiez-vous l’intégrer largement dans Horizon 2022. Monsieur l’administrateur délégué, cher Vincent, qu’aurais-je pu faire, sans ton intervention efficace, ta maitrise des dossiers, ton engagement énoooorme vis-à-vis de l’entreprise, et ton humour décapant pour détendre l’atmosphère. Il faut dire que tu n’es pas seul, tu es entouré d’une équipe fantastique. Une connaissance des dossiers irréprochable, un sens de l’organisation, une efficacité remarquable. Parce qu’il faut reconnaître qu’avec peu, vous faites beaucoup. Merci, j’ai très fort apprécié de travailler avec vous tous, pour votre amabilité et votre efficacité. Merci à Mounia, mon assistante qui a accepté une charge supplémentaire de secrétariat de direction en plus de sa fonction au sein du département des ressources humaine d’Eurogentec, et qui l’a remplie avec maestria, anticipant les situations de façon à ce que je n’ai plus à penser aux soucis d’organisation. Merci aussi à Assunta qui l’a remplacé tout aussi efficacement lorsqu’elle est partie pouponner. Merci à mes amis et collègues du bureau de l’UWE, pour leur soutien, leurs avis, et surtout pour leur participation active à l’élaboration du programme «Ambition 2020». Ici je voudrais remercier tout particulièrement Thierry Huet pour son implication dans le chantier sur la croissance des entreprises alors qu’il était fort occupé à faire croître la sienne, Laurent Levaux qui avec l’énergie qu’on lui connait s’est attaqué au chantier de la gouvernance publique, et aussi Marcel Miller qui a mis au service du chantier du marché de l’emploi, toute son expérience en matière de formation professionnelle. En fin merci à vous tous d’être là ce soir et de soutenir l’UWE dans son œuvre de contribuer au développement économique de la Wallonie. Je terminerai Jean-François, en te remerciant d’avoir accepté de reprendre la Présidence de l’UWE. Ainsi je laisse la Présidence à un homme qui a démontré ses grandes qualités de meneur d’hommes, son attachement à sa région, une grande efficacité dans l’action que tu mènes depuis quelques années déjà à la tête d’AGCGlass et qui sera bien nécessaire à l’UWE pour mettre en œuvre le programme «Ambition 2020». Je vais emprunter au poète Guillaume Appolinaire le mot de mon dernier message, Jean François : «il est grand temps de rallumer les étoiles». Jean-Pierre Delwart | Assemblée Générale UWE | 2 octobre 2012 3/3