Livret 5

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Livret 5
SOMMAIRE livret 5
Ames sensibles s’abstenir …
Ballade pour un rouston
Mon pot’ le bougnat
Cerbère (catalan)
Cerbère (Français)
Amen
Dans les yeux de Charlie
Exhib
La grotte des martinets
Les vieilles barques
Métamorphose
Mon pot’ l’espingo
Il était une fois …Finucci (Français)
Il était une fois …Finucci (Catalan)
Réserve de Cerbère
Ballade pour un rouston
« Tant d’amertume contenue
Et de colère engrangée
Entre nombril et poils du cul
M’avait rendu bien déprimé.
Depuis longtemps je n’ vivais plus
Exposé à ces vents mauvais
Qui soufflaient souvent impromptus.
Au fond de ce slip confiné
Je m’étouffais je m’étiolais.
Voilà- t-il pas que de la mer
Vint un parfum de vent du large
Moi qui rêvais de grands voyages
L’envie me prit de prendre l’air »
On vit ainsi sur les pontons,
Alors que le soir déclinait,
S’aventurant un peu à tâtons
En regardant de tous côtés,
Pointer d’abord le bout d’un nez,
Puis sortant droit de sa prison,
Devant ces dames aguichées,
On vit passer un fier rouston
C’était celui de Bentouré
Francis Blanchon sept 2011
Mon pot’ le bougnat
1
Mon pot’ le bougnat tient un petit bouiboui
En plein dans l’rond point d’un quartier pourri.
Sa boutique est grande comme deux noix d’ coco
Et les clients d’ici c’est pas des bobos :
Des p’tits gens du coin qu’ont pas les moyens,
Et qui viennent chez lui ach’ter leurs radis,
Mon pot’ l’arménien, il les connait bien,
Ils disent bonjour ils sont très polis.
2
Mon pot’ l’algérien, il voudrait s’casser,
Aller voir ailleurs si l’air est meilleur.
Mais c’t ici sa vie et il est coincé ,
Peut pas les laisser ça f’rait du malheur.
Sa femme andalouse te mijote des plats
Qui sentent l’Espagne et le flamenco,
Et quand tu as gouté à sa fideoa,
C’est pire que la chnouf tu deviens accro.
3
Il croule sous les taxes, on l’ prend pour Fauchon
Mais chez lui c’est mieux, même sans le rond.
Pourtant tu trouves tout ce dont tu as besoin,
Et la femm’ du roi chaque jour y vient.
Ses heures il compt’pas, il sait pas compter
Et quelquefois quand il t’ rend la monnaie,
Y en a un peu plus que ce qu’t’ as donné,
Mon pote le gitan c’est Pierre l’abbé.
4
Portos, algérien, arménien, gitan,
Il pourrait venir mêm’ du Sénégal,
Mais l’ est bien français et mêm’ catalan ,
Et ce bougnat là il s’appelle Pascal.
Par l’ursaf l’assedic, il s’fait truander,
Comm’on l’a entubé dans une autre vie,
Mais il est chez lui et c’est lui le tôlier
Le reste il s’en fout, il s’est fait son trou.
5
Va y fair un tour, tu f’ras ta BA,
Le sandwich ici est long com’ le bras
Et l’ jambon vient pas, du lidl du coin,
C’est du serrano que tu sens de loin.
Mon pot le bougnat tient un petit boui-boui,
En plein dans le rond point d’un quartier pourri,
Sa boutique est grande comme deux noix d’ coco,
Et les clients d’ici c’est pas des bobos.
Francis Blanchon 8/04/2014
Cerbère (Sur l’air du Plat Pays)
3 Amb el cami de ferro que nos pasa pel
mig,
1 Amb un camí torcit i retorcit com cal
Qu’un enginyer va fer, ell o al seu cavall
Amb un món de revolts qu’al cap te fan
girar
I que te donen pas ganes de somiar,
Amb el seu cementeri amb el seu
campanar,
Sort que s’ha fet moderna i s’ha acabat
el trepig,
Amb el Riberal que tan manyac pot ser ,
P’ro quan fa temporal, nos pot negar
també ,
Amba la plaça fresca y amb el seu café,
Amb la vora de la mar on passejar fa plè.
Amb l’un que s’en va plé i l’altre sin
capella.
Aquí t’as sentes i tot va bé
Es un pais de fi del mon.
4 Amb els barcos que venen quan els dies
s’allarguen,
2 Amb les seves cases penjades del cel,
Y que tenen bé, ben aggarrats els peus,
Dins aquesta roca dura que bo al vi nos
fa
I quan se fan les veremes que tan nos fa
buffa,
Quan l’istiu prou calent arriba i s’instal.la,
Amb una mar tan blava i un sol tan valent,
Quan la platja s’estira, i qu’ hi ha pas cap
vent ,
Quan la sardana fa sortir tota la gent,
Amb els seus carrers que fan pena à
pujar
I quan la nit s’apropa els minyons son
contents
Amb els seus carrers cal s’hi acostumbra
.
Aqui segur mai morirem.
Aquí ho saps hi sun nascut
5 Amb una dynastia qu’ ha durat molt de
temps
Que s’ ha guanyat prou sous fesant
treballa gent,
Aqui ho saps tindrem pas fred
Quuan el juves s’en van y cuan vells nos
s’han tornan,
F. Blanchon ([email protected])
Y quan tot a l’entorn al teu treball
s’atura
Amb un hivern tan dulc i al llevant
dolent
Amb una mar que fa mala cara quan ven
Al meu pais es sol i ven
6 Amb al darrer cami que tindré que
pujar
Per ‘quet cami ho sé podré pas
caminar
Amb al darrer jardi on podré descansar
Dins aquet hort bonic on vindré reposar
Amb una marinada que me refrescara
I amb la tramontana ja pot sempre
buffar
Cerbère (français)
1/
Avec une route en lacets, comme plus on n’en fait,
Qu’un énarque a pensée, que son âne a tracée,
Avec tous ces virages qui donnent la nausée,
Qui ne vous laissent pas un moment pour rêver,
Avec son cimetière, l’église et son clocher,
L’un affichant complet et l’autre sans curé,
C’est un pays du bout du monde.
2/
Avec toutes ses maisons, au ciel bien accrochées,
Et qui résistent à tout, avec les pieds ancrés
Dans cette roche dure qui fait un vin musclé
Mais au temps des vendanges qui tant nous fait souffler,
Avec toutes ces rues qui font peine à monter,
Avec toutes ces rues qu’il faut apprivoiser,
Dans ce village moi j’y suis né.
3/
Avec la voie ferrée qui nous le coupe en deux,
Quand les locomotives le sol faisaient trembler,
Avec le Ribéral, à sec sous le ciel bleu,
Mais qui lors des orages, peut aussi vous noyer,
Avec sa place fraîche et son petit café,
Avec le bord de mer où il fait bon muser,
Ici, tu peux t’assoir et voir le temps passer.
4/
Avec tous les bateaux qu’on ressort aux beaux jours,
Quand le port fait peau neuve, au temps du doux muguet,
Avec la mer si bleue et le soleil si lourd,
Quand la plage s’endort, quand le vent est tombé,
Quand la sardane fait sortir les estivants,
Et quand la nuit s’en vient, les jeunes sont contents,
Ici tu sais on ne meurt jamais .
5/
Avec un temps béni où le commerce roi
Apportait l’abondance, le travail et la joie,
Quand les jeunes s’en vont et quand vieux ils reviennent,
Et quand autour de nous tous les magasins ferment,
Avec des hivers doux et des vents d’est violents,
Qui font fumer la mer, emportant les passants,
C’est un pays de soleil et de vents.
6/
Sur le dernier chemin qu’il me faudra monter,
Sur ce chemin tu sais, je ne pourrais pas cheminer,
Dans le dernier jardin où je m’endormirai,
Dans ce lopin de terre où je reposerai,
Avec la marinade qui viendra m’éventer,
Et avec la tramontane , elle peut toujours souffler,
Ici tu sais je n’aurai plus froid.
F Blanchon Traduc de Juillet 2014
Amen
C’est fini j’ai perdu la foi,
On pourra faire ce qu’on voudra,
Je n’assisterai plus à leur messe,
L’évangile c’est plus pour moi,
Je veux plus aller à confesse
Ni écouter les beaux sermons,
Ni les « Faut que » ni les « Y a qu’à »
Qui nous prennent pour des couillons,
Pour des toutous qui font « oua oua »,
Et qui leur lèchent les arpions
De nos jours tous leurs beaux discours,
Sont dépassés et n’ont plus cours
Que pour tous les « béni oui oui »,
Qui disent amen, disent merci,
En avalant de belles couleuvres.
Il suffit de les voir à l’œuvre,
Qui s’agitent de tous cotés,
En émettant de belles idées,
Qu’ils veulent faire appliquer
Par des sous fifres de bas étage,
Que l’on va mettre en avant,
Pour assurer le matraquage
De leurs émules et de leurs fans.
Et eux, ils restent spectateurs,
Se gargarisent de conseils,
Jouant les moralisateurs,
Vous promettant mille merveill’.
Et du haut de leur suffisance,
Se prennent pour le Roi Soleil,
Pour le bon dieu, dont les apôtres
Acquiescent à tout ce qui est dit,
En récitant les patenôtres,
Que dans la tête on leur a mis.
Avant eux, il n’y avait personne.
Rien n’était fait ou bien si peu,
Un peu partout ils fanfaronnent,
Pleins de morgue et bien vaniteux,
Qu’on est des nuls, des empaffés,
Parc’qu’on ne pense pas comme eux,
Parce qu’on n’ partage pas leurs idées.
Quand tout va bien, c’est les meilleurs.
Ils crient bien fort Cocorico,
Se glorifient avec lourdeur
En se dressant sur leurs ergots.
On les retrouve à l’affiche,
Des quotidiens spécialisés,
En se parand je vous en fiche,
De titres ronflants et très sérieux.
Ils s’exposent comm’ les potiches,
Jouent les gourous, les mecs branchés,
En se prenant parfois pour Dieu.
Quand c’est le souk, ce sont les autres
Qui ont fait foirer tout de travers,
L’on y re-va des patrenôtres,
A la gloire du bien aimé Saint Père.
A l’écart des chants des sirènes,
Qui ne me font plus trop rêver,
N’aimant pas trop qu’on me promène
Là où je ne veux pas aller,
Moi j’ vais tranquille dans mon coin,
Bien dans mes pompes, j’ suis l’ ch’min
Qui n’ croise pas celui des autres,
Des adeptes des bons apôtres,
A qui je laisse dire amen.
Une p’tite fleur entre les dents,
Au coin des lèvr’s un p’tit refrain,
J’ tiendrai le cap au près du vent,
Mais je n’en penserai pas moins.
Ara Cal i na
Francis Blanchon 4 Aout 2012-2014
Dans les yeux de Charlie
Dans les yeux de Charlie,
Jaillit une étincelle
Qui allume la vie,
Comme une ritournelle,
Et elle rit et sourit,
Et puis gazouille aussi,
Comme l’eau des fontaines
Quand le givre est parti.
Dans les yeux de Charlie,
Y a l’espoir de dimanches,
Ensoleillés fleuris,
Et des fruits plein les branches.
Dans les yeux de Charlie,
Il y a l’amour qui monte,
Comme la mer en furie,
Et les vagues qui grondent.
Dans les yeux de Charlie,
On se noie en silence,
On retombe en enfance,
Et c’est le paradis.
Dans les yeux de Charlie,
Y a un bateau en partance,
Sur des airs de romances,
Vers des îles jolies.
Quand les yeux de Charlie,
Se froncent de chagrin,
Une perle de pluie,
Se cherche son chemin.
Mais déjà le soleil,
Eclaire son visage,
Efface les nuages
De son bel arc en ciel.
Dans les yeux de Charlie,
Il ya mes yeux d’avant,
Quand j’étais tout petit,
Quand j’avais des rubans.
Dans les yeux de Charlie,
Je me noie en silence,
Je repars en enfance,
Et c’est le paradis.
Francis Blanchon 24/12/2012
Exhib (Sur l’air de Polnareff : Je suis un homme)
Je suis passé /de l’autre côté /y a bien des années,
Alors j’ai goûté /au fruit défendu,
Par un’ société /un peu arriérée /qui m’ traitait d’pédé,
Je vous racont’ pas/ ce que j’ai entendu.
Les temps aujourd’hui/ ont évolué /comm’ les mentalités,
On peut se montrer /et mêm’ se marier,
Il n’y a jamais eu /marchant dans les rues /autant de pédés,
Jamais on n’aurait/ pu l’imaginer.
C’est vrai j’suis gay, /c’était dur pour,
Pouvoir se montrer au grand jour,
C’est pas facile/ je le sais bien /de paraître viril.
Maintenant que c’est /devenu monnaie/
Courante dans notr’ société ,
Si t’en es pas /presque on/ te montrerait du doigt.
A mes 18 ans /j’ai bien assumé /cet état de fait
Pendant des années/ je me suis éclaté/
J’ai tout essayé,/ j’ai fait des partouzes, /j’ai même tourné,
Dans des films pornos/ pour de la monnaie.
Malgré tout ça /j’ai pas touché /aux saloperies,
Qui font voyager/ sans être parti,
J’ai pu échapper /durant ces années/ à la maladie,
Je ne me plains pas / car j’ai plein d’amis.
Je suis homo, /je suis homo /
Tu es peut êtr’/ mon alter ego/
Toi aussi tu ,/ pourrais croquer,/ dans le fruit défendu,
Ne ris pas de moi, /car tu ne sais pas/
Ce qu’un beau jour/ tu deviendras,
Il se pourrait,/ que toi aussi,/ tu vires ta cutie.
J’suis un homo/ je l’ revendique/
Jusque sur la /place publique/
Et je jubile /à la Gay Pride/ quand je défile/
Je suis homo j/e suis homo/
Si tu n’veux pas /mourir idiot ,
Toi aussi tu, / devrais goûter/, au fruit défendu
La lalalalalalala ….
Francis Blanchon Avril 2014
Les abattoirs
Il y aurait, parait t il, au cœur du vieux Cerbère,
Au pied des abattoirs, un trou profond et noir,
Une grotte sinistre qui s’enfonce sous terre,
D’où montent des soupirs lorsque tombe le soir.
Nul ne s’en approche, pas un oiseau n’y niche,
Et même les poissons, ces eaux ont désertées,
La lande qui s’étend autour de sa corniche,
Battue par les vents d’est, est à jamais pelée.
Cette grotte sous terre, cette caverne sombre,
Abriterait dit-on, des génies malfaisants.
Dans les eaux qui la baignent, parfois surgit une ombre,
Qui vous fait frissonner et vous glace le sang.
Certaines vous diront, le soir à la veillée,
Avec preuv’ à l’appui, l’histoire de ce géant,
D’une couleur d’ébène, au sexe imposant,
Qui par défi, un jour, voulut, nu, s’y baigner.
Infortune divine, il ressortit tout blanc,
Mais vieilli de trente ans, avec la peau ridée,
Au grand dam de ces dames qu’il faisait fantasmer,
Ses attributs virils plus que ratatinés.
Depuis ces temps funestes nul n’ose s’y risquer,
Si quelques goélands le survolent parfois,
Seuls les vents de la mer viennent s’y engouffrer,
Leurs oripeaux d’écume, maculant les parois.
Et les génies du Styx, autour d’un feu de bois,
Non loin du vieux Tartare et des Champs Elysées,
Tout au fond de cet antre, s’en donnent à cœur joie,
Et se tordent encore, du tour qu’ils ont joué.
Assis seul dans sa barque, Charon, l’humble nocher,
Compte encor’ et recompte au fond de sa sébile,
Les pièces de monnaie qu’il a pu récolter,
Et Cerbère dans l’ombre fait le guet, immobile.
Et quand l’orage gronde, et quand les cieux dépriment,
Niobé, statue de pierre par les dieux transformée,
Pleure toutes ses larmes au dessus de l’abîme,
Inconsolable mère pour toujours éplorée.
José Maria de Hérédia Blanchon Juillet 2014
L’empire des morts chez les grecs était gouverné par (Hades) Pluton et sa
femme
Perséphone
(Proserpine).
Le Tartare (qui n’a rien à voir avec le steak du même nom) et l’Erèbe
étaient 2 régions du monde souterrain dans lequel on pénétrait par
l’intermédiaire de grottes, cavernes et lacs profonds.
Un vieux Nocher immortel, nommé Charon, était chargé de faire traverser
sur sa barque le fleuve Achéron . Il ne prenait que les âmes et les ombres
des morts qui portaient dans la bouche le prix de leur passage et qui
avaient reçu une sépulture.
Gardien de la Porte des Enfers, Cerbère, le chien à 3 têtes et à la queue de
dragon, laissait entrer toutes les ombres mais ne laissait jamais ressortir
personne.
Les justes et les bons étaient aiguillés dans un lieu de délices, nommé les
Champs Elysées.
Le Styx, dans ce royaume souterrain était le fleuve des serments
irrévocables, alors que le Léthé était le fleuve de l’oubli.
Niobé, riche et puissante eut 7 fils beaux et courageux et 7 filles belles
entre toutes .Elle osa se moquer de Léto, à qui on vouait un culte à
Thèbes et qui était mère de 2 enfants, Apollon et Artémis. Ceux-ci pour
venger leur mère tuèrent tous les enfants de Niobé. Elle fut transformée
en pierre et ses larmes depuis coulent sans arrêt pour noyer son chagrin.
Les vieilles barques
(D’ après un texte de Joan Pau Giné)
(Photos internet et de l’auteur)
1/Elles s’endorment, là, sur la plage,
Ou sur un quai abandonnées,
Avec au cœur un vent du large,
Qui s’en viendrait les caresser.
Les vielles barques du temps passé
2/ Elles voudraient quitter le rivage
Et sur la mer partir voguer,
Ouvrir les barreaux de leur plage ,
Pour la vague aller taquiner.
Les vieilles barques du temps passé.
3/ Elles ramendent, ces vieilles dames,
Leurs souvenirs un peu usés
Comme leurs voiles, comme leurs rames ,
Que les ans n’ont pas épargnées.
Les vieilles barques du temps passé .
4/ Tôt le matin, elles s’en allaient,
Le cœur vaillant par tous les temps,
Et leurs palangres , et leurs filets,
S’étiraient jusqu’au firmament.
Les vieilles barques du temps passé
5/Elles étaient, nos catalanes
De chêne dur, dures au métier.
Les survivantes sont bien malades
Quelque part au fond d’un chantier
A Paulilles ou bien à Canet
6/ Ni vent du nord ni marinade,
Rien ne pouvait les arrêter.
Elles rêvent d’encor’ une escapade
Antenne haute voile gonflée,
Les vieilles barques du temps passé.
7/ Elles reposaient, les vieilles barques,
Là sur le sable encore chaud.
Le temps a effacé les marques,
Le temps ainsi que les bourreaux.
Les vieilles barques du temps passé.
8/ Elles sont parties, ces vieilles dames,
Sur une plage, un soir d’été .
Quand j’ai vu s’élever les flammes,
Quand j’ai vu monter la fumée,
J’ai su qu’une page s’était tournée,
Celle des barques du temps passé
F Blanchon Aout 2014
Métamorphose
Un peu de rimel pour les yeux,
Du fond de teint sur le visage,
Des faux cils d’autres cheveux
T’es partie pour un autr’ voyage.
Des bas pour tes jambes épilées,
Le string qui rentre dans la raie,
Voilà qu’ tu m’fais fantasmer
L’envie m’ prend aussi d’ voyager.
Pas besoin de cocaïne
Pour pouvoir un peu t’évader,
Ça sert à rien d’s’fair’une ligne,
Je ferme les yeux, tu m’ fais rêver.
Un peu de rose sur tes pommettes,
Du rouge à lèvre pour un baiser
Te voilà sur un’autr’ planète
Te voilà métamorphosée
Pierrot, Robert ou bien Romain,
Tu es d’venue, Fleur de Vanille,
Plus rien ne compte, demain est loin,
Je ferm’les yeux, tu t’déshabilles.
Hector Vigo
Juin 2014
Mon pot’ l’espingo
Un beau jour il est arrivé,
Femme et enfants pour tout bagage,
On ne savait pas d’où il venait,
Il allait où vont les nuages.
Tout doucement mine de rien,
Comme fait le chat du voisin,
Il a marqué le paysage,
Il s’est installé dans le coin.
La nuit, tu l’aurais rencontré,
En le croisant sur le trottoir,
Avec son air de coupe jarret,
A sa démarche de loubard,
Sans qu’il ne t’ait rien demandé,
De peur qu’il te file un coup d’surin.
Tu lui refilais ton falzar,
Mais l’avait le cœur sur la main,
Aquarelle : F Blanchon
Et c’est lui qui aurait donné
Sa ch’mise et tout ce qu’il avait,
Pour un pote dans le besoin.
Un coup de main par ci, par là,
Deux trois sourires et puis voilà,
C’est comme si, toute sa vie,
Il avait vécu par ici.
Il a monté un’ p’tit’affaire,
Au crois’ment d’la rout’ forestière,
L’a ratissé tous les clients,
Des restaurants environnants,
Au grand dam de ces mandarins
Qui ont fait tout ce qu’il fallait,
Pour pouvoir l’ faire dégager,
Comm’ s’ il avait volé leur pain.
Moitié Français trois quarts ibère,
Œil malicieux, moustache altière,
Il trônait tel un hidalgo,
Devant son p’tit chiringuito.
Toujours un chiste à te lancer,
Toujours l’envie de rigoler,
Pour pas plus cher tu te marrais.
Il t’ mijotait des petits plats
Qui sentaient bon le flamenco,
La paella et la fiesta
L’ huile d’olive et l’chorizo.
Avec mes pot’s on n’craignait rien,
Nous étions les cobayes-copains,
On avait l’estomac blindé,
On s’rinçait l’gosier au rosé.
Un de pas bien immunisé,
Pouvait se choper la gastro,
Rien qu’en buvant un’goutte d’eau,
Grâce à dieu tous ont réchappé,
Y a mêm’ pas eu un macchabée.
Un beau jour il nous a quittés,
L’est reparti sur un nuage,
C’était peut être un soir d’été,
C’était sur’ment un soir d’orage,
Et nous on avait le cœur gros,
A l’enterr’ment de l’espingo.
Francis Blanchon 4 Aout 2014
Pas de macchabée mais ça a quand même laissé des traces chez le
percepteur et l’architecte !
Il était une fois …. Finucci
Avec l’accent qu’il a attrapé tout petit,
Dans le djebel de ses jeun’s années d’Algérie,
Avec un’ sort’ de rat qui tout le temps le suit,
Là devant le bureau il se sent mieux qu’ chez lui.
C’est toujours le premier à faire l’ouverture,
Il range un petit peu puis prépare le café,
Un œil de temps en temps sur son klebs miniature,
Qui cherche sur le quai où il pourrait pisser.
Le pinceau toujours prêt, le chapeau sur la tête,
Il bouge sans arrêt, ne support’ pas l’ennui,
A la main quatre outils dont la clé à molette ,
Que le soir, j’en suis sûr, il range au fond d’ son lit.
Ses soixant’ quinze balais, il les port’ plutôt bien,
Ne se plaignant jamais, mêm’ s’il a mal aux reins ;
Faut dire qu’dans son boulot, il s’est pas trop foulé,
Et qu’sa retrait’ il a pris, presque avant de bosser.*
Tous les jours tu le vois, sur sa mob fair’ le beau,
Le casque sur la tête, à la place du chapeau,
Le chien dans son cageot, ne moufte même pas,
Faut reconnaitre de fait, que ce chien c’est un cas.*
Il ne pens’ qu’à une chose, dès qu’ il saut’ de sa caiss,
C’est d’aller renifler le cul de tous les chiens
Mêm’ que son préféré, c’est d’ loin celui d’Hermes,
Qui soit dit en passant, est son meilleur copain.
ll fait comme son maitre qui se la joue beau gosse,
Fait la bise aux nanas et drague toutes les gonzesses,
Bien qu’il ait passé l’âge et n’soit plus trop véloce
Que pour le balai brosse et pour le pataquès .
Moi personnellement j’ m’en tap’rai le’coquillard,
Les don juan de quartier ne m’impressionnent pas,
Sauf que pas plus tard qu’hier, survenant par hasard,
J’ai cru r’connaître ma femme qu’il tenait dans ses bras.
Peut être bien qu’un jour, il va m’la débaucher,
Et comme pour son chien , lui apprendre à pécher,
Je ne m’en plains donc pas, ce sera l’occasion,
De faire plus souvent, un’ cure de poissons.
Faut dire une chose, que nul ne peut nier,
Pour la pêche à la ligne il n’y a pas photo,
C’est lui le plus doué ; quand le temps est sur beau,
Il saut’ sur son bateau et il s’en va pêcher.
Pas b’soin de GPS, de sondeur, d’instruments
Il ne met pas d’casier, palangre ni de filet,
Il connait tous les coins, rien qu’en r’niflant le vent,
Quand il revient il a, l’ panier plein à craquer.
Sa femme gentillette s’arrache les cheveux.
A la maison dit-elle: «Il n’en branle pas une.
A dix neuf heures trente, tous l’soirs l’est au pieu
Si tu peux l ’ réveiller, moi je te paie des prunes ! »
Sa mob je te dis pas, c’est une MBK
Qui date de Ramsès et la reine de Saba
Elle brille de mille feux entretenue nickel ,
A la voir tu croirais qu’ c’est un nouveau modèl’.
L’a mêm’ fait fait tatouer, dessus son réservoir,
La figure du Che, son idole de jeuness’.
Je n’en dirai pas plus, je ne veux pas savoir
Certains pensent qu’il l’a, dessinée sur ses fesses.
Si je mens que je meure, de tout c’ que j’dis ici,
Je n’ai rien inventé, j’ai les preuve’s à l’appui,
Ne m’faites pas un procès, n’ sortez pas les fusils,
Il était une fois, un certain Finucci.
F Blanchon 19/8/2015 (2014)
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Il s’appelle Inca
Retraité à 5O ans
Erase una vez…. Finucci de Cervera
Amb un accent de moros agafat de petit,
Amb companys d’escola que parlavan pas llati,
Avants dels ocellets se xequa cada mati,
I amb el seu gosset baixa ben axurit.
Per obrir la botiqua, al port, es al primer.
Cal creure qu’ al seu llit pas gaire l’hi convé
I de seguit avants que de fer el café,
Agafa l’escombra per natajar tot bé.
La seva dona crida perque n’en fot pas una
Cuan s’en torna a casa, i axo la fa patir.
Al repic de les set ja dorm amb la lluna
I per al despertar te pots xicar mati
Amb al barret al cap i les eines a la ma
De dreta i d’esquerra mai no se pot para
Ten un ull al café i l altre sus al seu ca
Que sempre cerca un lloc a oun podra pixar
Tres quarts de segle ten i poc s’ ha prou cansat,
Un cop mal de caxals, un cop mal a l’esquena,
Ningun aqui pot dire qu un dia ha traballat
I tothom pensa que va naixer jubilat.
Cada dia s’en ven, amb la motocycletta
Al casque sul cap, als peus unes xanclettes,
El gos va ben modad, sentat aqui derrera,
Ben dret i ben quillat, amba la cua dreta.
Quan salta de la caixa, ja ten colcom al cap:
Anar sentir al cul de tots els seus companys,
Al que li grada mes, aqui tothom ho sap,
Es al cul de l Hermes un amic de vint anys.
Amb la cua dreta com al seu amo fa
Al maco sul muell, cuan pasen minyonetes.
Un poto per aqui, un poto per alla,
Pro amb els anyes que ten la seva es poc dreta.
N ‘em toca la cosa, jalos mai sun estat,
Els Matamoros saps, no m’impresionan gaire,
Pro l’altre mati, al muell cuan sun pasat,
He vist la meva dona amb aquet potonaire.
Balleu que la pesca un dia l’ hi ensenara,
Com a fet al seu gos qu’ es ell que ten la canya,
Cuan un fa un cloquet l’altre ten que pescar,
Cuan un se xeca d’hora ten pas manester de fanyar.
Te diré una cosa qu aqui tothom ho sap,
Par agafar peixos, com ell, no ni ha pas cap.
Que fagi bo, que hagi pluja que fagi temps dolent,
Ten al cistell ben ple i al gos ben content.
Ten pas mai manester d’ hosties ni punyetes
Per a trobar el lloc que tothom sempre cerca.
Quan sall amb al barco per anar à la pesca
Al seu nas li fa com si era un GPS.
Ten una una MBK que va naixer fa lluns,
Robada à Ramses o a l Alibaba,
T’espanta cuan la veues, llustrada de collons,
Un te diria que s’en ven de la comprar.
Sul deposit l hi va pintar del Che la cara,
Cal creure que de juves han fet les mil i una
Al mitg d’ els seues companyes que eran sindicats
I amb l’ amic Fidel que era ben tocat
Bastieses o mentires no n’hi a pas aqui,
Tot lo que sun escrit es pura veritat.
Dixa estar l escopeta dixar estar l’advocat
Aquet tio estragn es el bo Finucci
RESERVE NATURELLE DE CERBERE
Dans c’ petit coin de l’hexagone
Le grand vizir a décidé
Qu’une réserve d’autochtones
Se devait d’être implantée,
Sans plus tarder dès cet automne.
Après la fête de l’escargot,(1)
Les corridas où à Céret,
On met à mort quelques toros,
On a cherché, puis cogité,
L’endroit qui dans le paysage,
Peu de problèmes poserait.
Entre le parc naturel de Cerdagne,
Et la réserve de Banyuls,
De la mer jusqu’à la montagne,
Du Canigou jusqu’au Néoulous,
Tout le monde s’est désisté ;
Après la saison hivernale,
Chacun s’étant organisé
Des réjouissances estivales.
Un endroit déjà isolé,
Pouvait bien faire l’affaire.
On s’est donc tourné vers Cerbère
Par souci de commodité.
Vous parlez d’une belle aubaine
Pour c’petit coin qui s’endormait.
Après la perte soudaine
Et du gendarme et du douanier,
La suppression de la clinique
Et l’exil de notre curé,
Voilà-t-il pas que se posait
Le sort assez problématique
De la gare et des employés,
On parlait de fermer boutiques,
Celles du moins qui nous restaient,
Car les touristes désertaient
Ce coin jadis si idyllique
Le naufrage de la jetée,
Lors d’un coup d’est fort mémorable,
Un rude coup avait porté
Au moral de tous les notables,
Ainsi qu’à c’lui des plaisanciers,
Qui n’ savaient comment s’ dépêtrer
De la situation actuelle,
Que personne’ n’ voulait classer
En catastrophe naturelle.
A l’annonce de c’t nouvelle,
Un brin d’espoir naquit alors,
Et l’air devint bien plus léger.
Ceux qui déjà se croyaient morts,
Se remirent à respirer.
L’arrêté départemental
Emanant du grand timonier,
Expose à titre expérimental
Les grandes lignes du projet,
Que l’on apposa sur pancartes,
Aux quatre coins de la cité,
Afin de rédiger la charte
Et les habitants informer.
« Dans le respect des traditions,
On veut faire l’éducation,
De notre homo touristicus,
Qui vient in naturalibus
Coloniser notre région
Durant la belle saison.
Foin de cette Septimanie
Qu’on a voulu nous imposer,
Sur ordre d’un Mamamouchi
En résidence à Montpellier.
J’en appelle à la rébellion.
Conservons notre identité!
Nous sommes presque une nation,
De part et d’autre des Pyrénées,
Le point levé nous nous battrons!»
Aussitôt dit aussitôt fait,
Les affiches sont placardées
Un peu partout dans les quartiers.
Et on ressort pour l’occasion,
L’crieur public et son clairon,
Pour annoncer dans les ruelles,
La mise en place, la création,
De cette idée providentielle.
« Avis à la population :
Nous recherchons nous recrutons
Catalans de souche authentiques,
Pour grand spectacle touristique.
Couvert et boissons sont compris,
Et le p’tit déj’ avec tartines
Vous sera offert lui aussi.
De la fache à la baratine
Le costume sera fourni.
Contre’ écus sonnants, trébuchants,
Chacun y trouvera son compte,
Et si l’affaire est féconde,
Comme l’Andorre, on vendra
Nos produits sans la TVA!»
Après l’entraînement d’’hiver,
Pour bien roder le spectacle,
Enfin eut lieu en bord de mer,
La répétition générale.
« Entrez, entrez, messieurs, mesdames!
Ici spectacle permanent!
Achetez vite le programme
Pour étudier les catalans,
La seule peuplade authentique
De part et d’autre des Pyrénées,
Qui émigra jusqu’aux tropiques,
Et chez les Papous de Guinée.
Venez, venez faire la fête !
Participer au numéro !
Vous y verrez sur la placette,
Où on a empilé les fagots,
Comment on grille l’escargot,
Avec saucisse et côtelettes.
On vous apprendra les recettes
Du barbuffat et d’l’ailloli,
On vous enseignera la sieste
Coutume au plus haut point digeste,
Et les vertus d’« un cop de vi »,
Pour effacer tous les soucis.
Le pourro n’aura plus d’ secret,
Quand vous saurez boir’ à galet,
Alors vous pourrez apprécier
De notre muscat les bienfaits.
Il vous fera tourner la tête,
Mais avec de l’entrainement,
Vous deviendrez un peu poète,
Et chant’rez mêm’ en catalan.
Vous y verrez sous les platanes,
Comment on danse à l’unisson,
Comment s’envole la sardane
La danse de notre région.
Chaussez, chaussez les bigatanes,
Et choisissez votre voisin,
Vous êtes presque catalane,
Vous êtes sur le bon chemin !
Au-delà de nos traditions,
Bien ancrées dans le Roussillon,
Vous pourrez vous faire initier
A tous les us, tout’s les pratiques,
Aux ficell’s de la politique.
Nos formateurs sont bien rodés,
Et d’un abord très sympathique.
Ils sont d’ailleurs tous diplômés
En stratégie et rhétorique,
Ainsi que dans l’art de durer
Dans l’engrenage politique.
Venant tout droit de Perpignan,
Où il régna pas mal de temps,
Vous verrez là not’ sénateur
BCBG présentant bien,
Qui fut l’premier à mettre au point,
Pour ratisser les électeurs,
Certain p’tit tour de passe-passe,
Qui consiste, mine de rien,
A glisser quelques bulletins
A l’intérieur de ses godasses.
Vous saurez tout sur la recette
De la fraude à la chaussette,
Mise au point tout spécialement,
Dans notre bon vieux Perpignan
Ici on va « sempre en d’avant ».
Il se pourrait que l’an prochain
Ils nous rejouent la chansonnette
Et nous ressortent leurs bulletins
Du plus profond de leur braguette. »
Depuis ce temps, on ne compte plus,
Du Ribéral, le nombre de crues,
Ni de voitures qui ont voulu
A la mer s’en aller voguer.
Bien sûr, Mamamouchi premier
Vers d’autres cieux s’en est allé,
Voir si la haut, on voudrait bien
Du tout premier septimanien.
Le grand Vizir lui a succédé
Sur son trône de Montpellier.
Depuis Cerbère est devenu
L’un des endroits les plus courus,
Fréquenté par les trous du cul
De la jetset du monde entier,
Qui viennent là, en toute saison,
Pour étudier les traditions,
Afin de faire perdurer,
De Tautavel jusqu’à maint’nant
Les coutumes et us enseignés,
Par notre premier Catalan,
Qui chacun sait « s’en deia Adam »
Francis Blanchon Terminé le « 31 Juillet 2014
(1) à Bompas fête de l’escargot