L`habit ne fait pas le moine, le voile ne fait pas la femme
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L`habit ne fait pas le moine, le voile ne fait pas la femme
CONCOURS ANTIGONE VOILÉE Écrire une carte blanche L’habit ne fait pas le moine, le voile ne fait pas la femme ! Élise Bouvier, 5e secondaire, Institut de la Providence, Champion « Ils nous appellent sauvages car nos manières sont différentes des leurs » Comme l’a dit Benjamin Franklin, il est possible de considérer que nous sommes par nature catalogués et catalogueurs dans nos relations avec les autres. Tout ce qui nous est étranger, inhabituel ou inconnu nous amène à remettre en question nos propres mœurs et donc à diverses réactions, positives ou négatives. Dans le cas – très controversé – du port du voile dans les écoles, sommes-nous réellement certains que la solution pour laquelle nous optons soit la meilleure ? Et puis, la question doit–elle seulement se poser ? Sommes-nous si bien placés pour juger ? C’est encore un autre problème. Certains nous diront effectivement qu’avant de regarder la paille dans l’œil de notre voisin, nous ferions mieux de fixer notre regard sur la poutre dans le nôtre, et d’autres nous répliqueront que ceci est parole d’évangile, et que la religion chrétienne ne fait pas l’unanimité jusqu’à preuve du contraire. Autre débat, autre problème, alors tâchons d’abord de songer à cette première interrogation. Notre solution est–elle idéale ? Nous souhaitons imposer à des femmes de se dévoiler, alors que certaines ne le souhaitent pas, c’est un fait. Et la plupart des gens trouvent cela normal, faisant le parallèle avec l’idée que nous serions ainsi des héros qui sauvent les pauvres musulmanes parce qu’elles ne se rendent pas compte de leurs problèmes. Bien, c’est un point de vue. Mais trouverions-nous normal, ou simplement juste, d’empêcher un masochiste de se faire fouetter parce que, à sa place, nous aurions mal ? Cette comparaison a de quoi faire sourire et vous semble peut-être absurde, mais y a–t–il vraiment une différence ? De plus, une interdiction ferme et nette n’est-elle pas trop radicale ? Certes, les arguments ne manquent pas, d’un côté comme de l’autre, et le débat ressemble énormément à une histoire sans fin. Alors dans ce cas, si nous ne pouvons opter ni pour l’un, ni pour l’autre, pourquoi ne pas chercher un juste milieu ? Un des arguments proposés est celui qui explique que, si n’importe quel élève peut arborer un pendentif en croix pour symboliser sa croyance en Dieu, pourquoi une musulmane ne pourrait-elle pas faire pareil avec son voile ? Ma réponse serait que le pendentif de l’élève ne l’empêche pas d’assister à certains cours. Pareil pour ceux qui prônent leur liberté ; s’ils viennent dans notre pays, ne pourraient-ils pas juste faire quelques concessions comme nous en faisons également ? Je serais donc d’un avis mitigé, partagée entre l’idée de laisser aux jeunes musulmanes le droit de choisir et de porter le voile, et l’idée qu’elles doivent s’adapter un minimum à nos mœurs. Ne pourraient-elles pas porter le voile le plus simple, l’hijab – qui est déjà révélateur de leurs croyances et qui respecte leurs doctrines – mais assurer une participation à tous les cours ? Les concessions doivent venir des deux côtés, il est grand temps d’en prendre conscience.