Pas de crocodile dans la piscine

Transcription

Pas de crocodile dans la piscine
Rm 6.1-11
11e dimanche après la Pentecôte
24/08/2014
Pas de crocodile dans la piscine
Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous
tous ! Amen.
Qu’est-ce qui te pousse, t’incite, te motive à progresser dans la vie ? Ecoutez comment un homme a cherché
à pousser ses élèves à se presser.
Les autorités ont renvoyé un maître-nageur qui voulait utiliser un crocodile pour inciter ses jeunes
élèves à nager plus vite.
Mark Biggles, qui forme des nageurs âgés de sept à vingt ans à Darwin, en Australie, avait imaginé
emprunter un crocodile — la mâchoire solidement attachée — à un parc voisin. On se représente
l’impact d’un crocodile dans une piscine — Mark comptait là-dessus pour aiguillonner ses élèves.
« Les piscines sont faites pour les gens, pas pour les crocodiles, déclara un responsable politique. Et
pour le crocodile, être plongé dans une eau chlorée serait une source de stress. »
Et pour les nageurs, alors ? (Buckeridge, John. 100 Sujets de Discussion, p. 202.)
Tu n’as pas besoin d’être chrétien depuis longtemps pour comprendre que ta conduite a une grande
importance pour Dieu et aussi pour les autres personnes autour de toi. Dieu veut que tu te comportes d’une
certaine manière, en fait, que tu sois parfait ! Les autres chrétiens veulent que tu te comportes en chrétien.
Même les non-croyants s’attendent à ce que tu mènes une vie exemplaire. Du coup, nous sommes souvent
préoccupés — voire inquiets — par notre comportement. Pensons-nous que Dieu aurait mis un crocodile dans
la piscine pour nous faire nous presser ? Nous menace-t-il pour nous faire progresser dans la sainteté ? Notre
réponse à cette question est très importante parce qu’elle peut conditionner notre regard entier sur la foi
chrétienne. Ecoutez donc une parole de Dieu qui traite de la question.
Que dirons-nous donc ? Allons-nous persister dans le péché afin que la grâce se multiplie ? Certainement pas !
Nous qui sommes morts pour le péché, comment pourrions-nous encore vivre dans le péché ?
Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés
? Par le baptême en sa mort nous avons donc été ensevelis avec lui afin que, comme Christ est ressuscité par la
gloire du Père, de même nous aussi nous menions une vie nouvelle. En effet, si nous avons été unis à lui par
une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable à la sienne. Nous savons
que notre vieil homme a été crucifié avec lui afin que le corps du péché soit réduit à l’impuissance et qu’ainsi
nous ne soyons plus esclaves du péché. En effet, celui qui est mort est libéré du péché. Or, si nous sommes
morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, car nous savons que Christ ressuscité ne meurt
plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. Christ est mort, et c’est pour le péché qu’il est mort une fois pour
toutes ; maintenant qu’il est vivant, c’est pour Dieu qu’il vit. De la même manière, vous aussi, considérez-vous
comme morts pour le péché et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur. Rm 6.1-11.
Par le baptême, nous avons été unis à Christ, et nous avons commencé une vie nouvelle qui aboutira à la
résurrection des morts. C’est justement cette bonne nouvelle qui est la motivation et la puissance pour mener
une vie nouvelle dégagée du péché et agréable à Dieu.
Dans sa lettre aux chrétiens de Rome, l’apôtre Paul vient d’expliquer comment la grâce de Dieu a surmonté
le péché du monde entier. Tandis que, par la seule faute d’Adam, le monde entier a été rendu pécheur, tous
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seront rendus justes par l’obéissance et la vie juste de Jésus-Christ. C’est-à-dire, Dieu pardonne toutes les fautes
et tous les péchés de tout être humain à cause de Jésus-Christ. En effet, le salaire du péché, c’est la mort, mais
le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. Rm 6.23.
Waouh ! Puis-je donc faire n’importe quoi dans la vie ? Paul anticipe cette pensée : Allons-nous persister
dans le péché afin que la grâce se multiplie ? Certainement pas ! Deux torts ne font pas un bien. De même,
continuer à pécher après avoir été pardonné ne fait pas multiplier la grâce de Dieu. Christ a traité le péché du
monde une fois pour toutes. Et maintenant, cet acte d’amour domine notre vie.
Jésus nous donne une vie nouvelle et éternelle à la place de la condamnation et la mort. C’est le fond de
l’Evangile, de toute la Bible en fait ! La Bible commence par le récit de la rébellion d’Adam et la conséquente
venue de la mort dans le monde ; elle prend fin par la promesse du retour de Jésus pour ressusciter les morts.
Les quatre Evangiles aboutissent tous à la résurrection de Jésus. En effet, la résurrection et la vie sont le but de
la Bonne Nouvelle. Paul y insiste lorsqu’il écrit aux Corinthiens que s’il n’y pas de résurrection, alors notre foi
en Christ est une folie.
Quand même, « Souvent, les interprètes de Paul appuient trop sur sa déontologie… comme s’il voulait dire
que la raison pour laquelle Dieu le Père avait envoyé son Fils Jésus-Christ à Bethléhem et au Calvaire était pour
que les gens aient une meilleure conduite sur la terre. Ce n’est pas la raison ! Dieu envoya son Fils dans le
monde pour faire revivre les pécheurs éternellement avec lui. La façon dont les croyants se conduisent entre le
baptême et la délivrance mérite notre attention et nos efforts, mais ce n’est pas la question la plus importante. »
(Grothe, Jonathan F. The Justification of the Ungodly, pp. 313-314.)
La question la plus importante est celle-ci : nous avons été unis à Christ de façon que sa mort pour le péché
compte pour notre mort pour le péché. Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est
en sa mort que nous avons été baptisés ? Par le baptême en sa mort nous avons donc été ensevelis avec lui.
Voilà le nœud de l’affaire. Quant à Dieu et son jugement, étant unis à Christ par le baptême, nos péchés
sont déjà payés. Paul dit « que notre vieil homme a été crucifié avec lui afin que le corps du péché soit réduit à
l’impuissance et qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. En effet, celui qui est mort est libéré du péché.
» Ainsi, nous ne serons plus jamais condamnés. Du plus, nous avons maintenant l’assurance de vivre à jamais
avec lui parce que si nous avons été unis à lui par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une
résurrection semblable à la sienne. Toute autre vérité de la vie nouvelle est conséquence de celle-là.
Au début de sa lettre aux Romains, Paul dit que l’Evangile est la puissance de Dieu pour le salut de tout
homme qui croit, parce qu’il révèle la justice de Dieu par la foi et pour la foi, comme cela est écrit : Le juste
vivra par la foi. Rm 1.16-17. On peut traduire et comprendre la phrase, « Le juste vivra par la foi », de deux façons.
On peut traduire, « Celui qui est juste, vivra par la foi ». Là on appuie sur la mode de vie, une conduite
conforme à la foi. On peut également traduire, « Celui qui est juste par la foi, vivra ». Là on appuie sur la
promesse de vie à cause de la foi. En fait, les deux optiques jouent un rôle dans cette lettre. Dans notre texte
aujourd’hui, c’est le fait que le juste vivra. Et c’est pourquoi on cherche à mener une vie agréable à Dieu. Ce
n’est pas parce que Dieu a relâché un crocodile dans la piscine, mais parce qu’il nous donne la promesse de la
vie !
Or, pour que cette promesse soit concrète et non abstraite, nous avons été baptisés. Le baptême est l’action
par laquelle Dieu concrétise, matérialise, réalise sa promesse à vous et moi. Par le baptême en sa mort nous
avons donc été ensevelis avec lui afin que, comme Christ est ressuscité par la gloire du Père, de même nous
aussi nous menions une vie nouvelle.
Pour certains, cette idée est difficile. Ils regardent le baptême comme un beau symbole du lavement de nos
péchés, mais ils ont du mal à le voir comme un acte qui effectue quelque chose en nous. Ils pensent que, quand
même, ce petit rite ne pourra être le vrai moyen par lequel Dieu nous fait revivre avec Christ ! Dieu est-il donc
limité ?
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Pensez à l’argent. Qu’est que c’est ? Des feuilles de papier et des petites pièces rondes en métal. Ces billets
et jetons, ont-ils vraiment une valeur en eux-mêmes ? Quand le marché mondial fixe la valeur de l’euro par
rapport aux autres monnaies, considère-t-on que les billets sont beaux et que leur papier est d’une haute qualité
? Est-ce cela qui donne la valeur à l’euro ? Bien sûr que non ! Sa valeur dépend de la solidité de l’économie de
l’Europe. Mais vous et moi ne pouvons pas porter un morceau de cette économie dans nos portefeuilles.
L’économie et trop abstraite. Du coup, nous avons des billets et jetons qui représentent et remplacent
l’économie.
Toutefois, quand tu vas dans un magasin, personne ne se plaint que ton argent n’est que symbolique et sans
valeur ! A part le retentissement d’une chute de l’économie, ces billets et jetons gardent une vraie valeur. Cette
valeur n’est pas celle du papier et du métal de l’argent, mais la valeur que le monde attribue à la solidité de
l’économie européenne. C’est là la vraie valeur de ton argent. Mais si tu penses que ton argent n’est que
symbolique et n’a pas de vraie valeur, tu peux me le donner !
Ainsi en est-il de ton baptême. Dieu ne va pas te faire retourner physiquement dans le passé au temps de
Jésus pour t’ensevelir dans son tombeau. Il le fait par le moyen du baptême. C’est la valeur du baptême, une
valeur aussi réelle que celle de l’argent que tu portes. En fait c’est plus réel parce que cette valeur dépend de
Dieu et non de l’économie européenne. Si donc, tu as été baptisé, tu es vraiment mort avec Christ et ton péché
est payé. C’est fait ; c’est fini. En conséquence tu ressusciteras corporellement et vivras avec Jésus.
C’est pourquoi Paul nous dit : De la même manière, vous aussi, considérez-vous comme morts pour le
péché et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur. Le verbe « considérer » ne signifie pas «
faire semblant ». Dieu ne nous dit pas de faire semblant d’être morts pour le péché et vivants pour Dieu. Paul
utilise le même mot en parlant de la foi d’Abraham plus tôt dans sa lettre. Il écrit, « En effet, que dit l’Ecriture ?
Abraham a eu confiance en Dieu et cela lui a été compté comme justice. » « Compter » et «considérer »
traduisent le même mot. Il va sans dire que Dieu n’a pas fait semblant de regarder Abraham comme juste. Il l’a
déclaré juste en vérité.
De même, considérez-vous comme morts pour le péché et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ notre
Seigneur. Nous ne faisons pas semblant d’être morts au péché et vivants pour Dieu. Jésus n’a pas fait semblant
de mourir et Dieu n’a pas fait semblant de le ressusciter des morts. Notre baptême n’est pas non plus pour faire
semblant. Tout cela est très sérieux et bien réel ! En conséquence, ne fais pas semblant et ne souhaites pas que
tes péchés te soient pardonnés. Sache qu’il en est ainsi ! Sache que tu es mort au péché et vivant pour Dieu
parce que tu as été baptisé en Jésus-Christ.
Voilà l’incitation à mener une vie nouvelle. Pas à cause d’un crocodile dans la piscine, mais en étant certain
que tu es passé de la mort à la vie. Tu es dans la même condition que le fils de la parabole dont il fut dit : « Mon
fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé. » Lc 15.24. Si tu saisi cette vérité, ta
vie sera transformée.
As-tu jamais failli avoir un accident de voiture, un moment où tu as à peine failli percuter quelque chose ou
quelqu’un ? Peut-être que tu as fait un dérapage qui t’a coupé le souffle et tu as dû t’arrêter un instant pour te
reprendre. Cela modifie ton comportement : tu ralentis et fais plus d’attention. A ce moment tu n’as pas besoin
d’une loi pour contrôler ta conduite routière. La réalité de la mort et la joie de vivre sont tout ce qu’il te faut.
Paul dit, « Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. »
Comprendre et croire cela, voilà tout ce qu’il nous faut pour vouloir mener une vie agréable à Dieu. Nous
n’avons qu’à comprendre que nous avons tout juste échappé au jugement de Dieu à cause du sacrifice de JésusChrist. Nous avons échappé à la mort parce que nous avons été ensevelis et ressuscités avec Christ par le
baptême. Si nous nous attardons sur cela, notre gratitude nous poussera à faire le bien et à éviter le mal. Nous
aurons le péché en horreur et n’aurons pas besoin d’un complexe de culpabilité, d’un crocodile dans la piscine.
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Dans les récits bibliques des résurrections de Lazare, de la fille de Jaïrus et du fils de la veuve de Naïn,
Jésus ne leur recommande pas de faire désormais plus d’attention à respecter les 10 Commandements. La
reprise de la vie suffisait largement pour que ces personnes mènent une vie nouvelle. En effet, ce qui nous
incite, nous les chrétiens, à plaire à Dieu, à mener une vie juste et morale, c’est la vie en et avec Christ. Nous
avons échappé au jugement et à la condamnation à la mort à cause de Christ. Et Dieu promet que nous
partagerons la vie éternelle avec lui. Du coup nous menons maintenant une vie nouvelle. Aucune loi ni
obligation ni menace, aucun crocodile dans la piscine ne peut effectuer cette vie nouvelle. Seul l’amour de Dieu
en Jésus-Christ peut le faire.
Par le baptême en sa mort nous avons donc été ensevelis avec lui afin que, comme Christ est ressuscité par
la gloire du Père, de même nous aussi nous menions une vie nouvelle. Amen !
Que la paix de Dieu qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre, garde votre cœur et vos pensées en
Jésus-Christ, pour la vie éternelle ! Amen.
Pasteur David maffett
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