Exposition : "Intrusion"

Transcription

Exposition : "Intrusion"
Exposition : "Intrusion"
Dessins
Philippe Dubit
Du 14 au 29 novembre au 2015
Espace B – Haute Rue, 33A – 1473 Glabais
samedi et dimanche de 14 à 18 h ou sur rendez-vous 067.79.08.11 - [email protected] - www.espaceb.be
Philippe Dubit nous égare, sème le trouble, éveille nos sens et nous invite à nous « perdre » et c'est tant
mieux !
Lorsqu'on rencontre l'homme, on est frappé par la force de sa stature. Toujours vêtu de noir, il a un rire à la
fois doux et puissant qui éclate en ricochets. Il se dégage de lui bonhomie et douceur.
Philippe Dubit balaie, s'il en est encore besoin de le faire, les apparences. Il nous emmène dans son univers
« onirique ».
Si nulle présence humaine n'est visible dans ses dessins, celle-ci est sans cesse suggérée et l'artiste,
présent en deçà ou en delà. L'intervention humaine s'y manifeste au travers des architectures labyrinthiques
et la présence d'objets insolites dans des lieux improbables. L'artiste met en place le trouble dans ses clairsobscurs, l'entre chien et loup - veille et sommeil - l'heure de tous les dangers où tout peut « basculer ». Là où
interdits et désirs se mêlent. Ses dessins racontent des histoires fugitives ou plutôt, des histoires qui nous
fuient, ne nous appartenant pas dans des espaces clos qui gardent le souvenir et la mémoire d'une intimité.
Attirance - répulsion, regardeur - voyeur, caché - révélé, désir - interdit.
Nous voici en tête à tête avec nous-même.
Chaque détail y a son langage. Les escaliers sont-ils le lieu de fuite, de course-poursuite, de fausse issue ou
de délivrance ? Les cailloux semés gardent-ils la trace du chemin salvateur du Petit Poucet ou sont-ils ceux
qui lapident l'accusée d'ignominie ? La fenêtre en perspective lointaine emprisonne ou délivre-telle ?
Dans ces oeuvres, le silence prend corps, devient palpable. L'instant est suspendu, figé dans l'attente de ce
qui va se révéler ou se jouer sur cette scène. La suggestion est encore renforcée par la technique utilisée
depuis des années par Philippe Dubit. Tous ses dessins sont exécutés au fusain et à la pierre noire dans
parfois de grands formats (106x76). L'artiste use d'une mythologie toute personnelle nourrie de ses lectures
(Gombrowicz,...), Le cinéma a certainement lui aussi une influence sur son travail tel le film expressionniste
allemand de 1920 « le cabinet du docteur Caligari ». Philippe Dubit y a peut-être trouvé ses mises en
abîmes, la perspective faite de plans courts et serrés qui nous happent comme attirés dans un entonnoir.
L'influence de l'observation attentive de l'architecture est elle aussi manifeste. Les contes initiatiques
classiques sont également sous-tendus dans ces dessins. On songe qu'Alice au pays des merveilles semble
passée dans ces dédales. Les épouses de Barbe bleue seraient-elles derrière la porte où ne peut manquer
de conduire l'escalier. De ses dires, Philippe Dubit s'approprie et transcende également des faits, récits,
souvenirs biographiques, bribes de vie qui lui sont révélés dans le quotidien et lui nourrissent son imaginaire.
Ces oeuvres ne sont pas absentes d'un rapport au corps et on y détecte un certain érotisme. L'artiste opère
une transmutation. Ainsi par exemple dans un dessin, le bois de l'escalier devient peau dans lesquelles
buttent les marches où l'on distingue la présence incongrue de dents-crochets, de clous. Ce sont les
éléments qui s'humanisent.. Dans ce matériaux-chair, un orifice semé d'objets pointus apparait
fréquemment. La psychanalyse pourrait y voir un sexe de femme dont nous laisserons à tout un chacun la
liberté de l'interprétation.
La puissance des dessins, la force de ce qu'ils racontent et la grande maîtrise technique de l'artiste ne
peuvent laisser indifférents. Une fois le regard accroché par une oeuvre, l'oeil y vient et revient sans cesse,
cherchant à percer le mystère et l'étrangeté qui l'habite. Si visuellement, la topographie de cet univers paraît
clos, celui-ci ouvre une brèche béante dans notre inconscient qui glisse ensuite vers un questionnement.
De nombreux poètes, écrivains (Marcel Moreau, Eddy Devolder,...), amis, critiques (Guy Gilsoul,...), ... se
sont plu à le confronter à leurs écrits.
Philippe Dubit (1945) qui vit et travaille à Charleroi, expose en Belgique et à l'étranger depuis 1969. Ses
oeuvres font partie de collections privées et publiques (Musée MUHKA à Anvers, Musées Royaux d'Arts et
d'Histoire de Bruxelles, Musée des Beaux-Arts de Charleroi, Musée de Louvain-la-Neuve, Musée Marthe
Donas à Ittre, Province du Hainaut et du Brabant wallon, California college for Arts and crafts San Fransisco
U.S.A) . Il a reçu le Prix de l’Oeuvre Nationale des Beaux-Arts 2009.
Chantal Bauwens
Glabais, août 2015

Documents pareils