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12. Brest. Le dossier du jour Jeudi 27 juin 2013 Le Télégramme De Brest à Haïphong. 14.300 km à vélo... été reconduits en pick-up à leur point de départ, les Chinois payant le gîte et le couvert. Plutôt en forme, après 14.300 km dans les jambes, à vélo. Guillaume Dantec, de Plougastel, 28 ans, et Félix Burgos Tena, de Madrid, 27 ans, ont fait une bonne pause à Haïphong. Méritée. Retour en Transsibérien Guillaume et Félix se gardent bien de dresser un hit-parade entre les pays traversés. Tout juste font-ils remarquer que l’hospitalité a été très grande en Iran. Et plus largement, ils observent : « Nous avions peut-être le préjugé de croire que notre culture était la meilleure. Mais, après avoir traversé tant de pays, nous constatons qu’il y a beaucoup d’autres façons de vivre qui sont aussi bonnes. Et il y a des bonnes personnes partout dans le monde ». Les deux jeunes gens comptent descendre dans le sud du Vietnam puis repartir par le Cambodge, la Thaïlande, le Laos et la Chine, histoire de rajouter 4.000 km supplémentaires. Avec, ensuite, un retour par le Transsibérien. Ils se donnent environ six mois pour revenir. Pas belle la vie à deux roues ? Des élèves du lycée de Tran Phu, qui a des liens avec celui de La Croix-Rouge, ont accueilli les cyclistes. L’idée un peu folle d’un long périple a germé entre les deux garçons, en Roumanie, alors qu’ils étaient bénévoles dans deux associations. Guillaume, dessinateur industriel, est parti à vélo de Brest le 29 avril 2012. Félix, animateur socio-culturel, l’a rejoint. Une préconisation liée à la santé de ce dernier a induit le choix du vélo couché, ce qui est harmonieux aussi pour le corps. L’aventure est également liée au décès du meilleur copain de Guillaume, des suites d’une mucoviscidose, avec l’idée de collecter des fonds pour la recherche. Des enfants malades, soignés à l’hôpital Morvan, ainsi que des jeunes du centre de soins de Perharidy, à Roscoff, les suivent avec des bénévoles sur Inter- Un honorable déplacement Alain Boulaire a envoyé une sélection de 30 photos : 23 ont été retenues par les autorités vietnamiennes, dont celle d’un mandarin en palanquin. L’historien brestois Alain Boulaire est le commissaire de l’exposition de photos actuellement accueillie à l’Institut d’échanges culturels avec la France (Idecaf), d’Ho Chi Minh Ville. Cette expo est issue du fonds d’Armand Rousseau, né à Tréflez en 1835 et qui, 60 ans plus tard, est nommé gouverneur général d’Indochine. Ce polythechnicien, qui a participé à la construction du premier pont tournant de Brest, effectue un grand voyage à partir d’août 1896 dans cinq provinces. C’est durant ce périple que les clichés ont été pris. Il rentrera toutefois malade et mourra à Hanoï, fin 1896. Ces photos ont été prêtées par Jacques Rousseau, son arrière petit-fils. net. Et les deux cyclistes récoltent le long de leur périple des rêves d’enfants, couchés sur papier, pour une expo au retour. Seize pays déjà À l’arrivée à Haïphong, où ils ont croisé la délégation brestoise, les deux hommes comptaient déjà 16 pays à leur compteur. Et beaucoup de satisfactions : « Dans tous les endroits, nous avons trouvé des gens pour nous aider, c’est impressionnant ». Leurs souhaits n’ont pas été grandissimes : « Après une journée de vélo, on apprécie de manger, de prendre une douche et de dormir. Ce peut-être un coin de jardin ou un coin de salon. Une sécurité aussi contre les vols. Finalement, la peur est plutôt celle des voitu- res et des camions…. Les deux compères roulent plus ou moins vite, composent avec les montées, les faux plats, les descentes, les cailloux, la géographie en fait et les États. Ils sont rentrés au Tibet sans le quitus nécessaire. 600 km plus loin, les autorités chinoises les ont arrêtés. Finalement, après quelques palabres, cela s’est assez bien réglé. Ils ont > À noter Site Internet pour suivre le périple www.voluntour.eu Vidéo et diaporama www.letelegramme.fr Accueil d’urgence : l’implication d’un médecin 43 dans le même temps à Paris. La médecine d’urgence a pas mal de chemin à faire au Vietnam. C’est le sens de l’implication du docteur David Tran dans l’association Afravietmur, créée en 2009, à Plougastel. David Tran a des origines « migoudènes- mivietnamiennes ». Son père, vietnamien, qui a exercé comme médecin à Lesconil, avait rencontré auparavant une Bigoudène de Plonéour-Lanvern. David Tran, médecin à l’hôpital de Morlaix, a connu, en tant que praticien, les services d’urgence d’un hôpital vietnamien entre 2009 et 2012. Et mesuré ce qui pouvait être amélioré, entre les balbutiements sur place d’un système qui associe en France les pompiers, le Smur et les ambulanciers, et un numéro d’urgence vietnamien qui n’est que peu utilisé. En regard, pourtant, l’accidentologie est importante. Il suffit de regarder les essaims de mobylettes qui serpentent dans les rues d’Ho Chi Minh Ville pour se douter que rien n’est simple, d’autant que les voitures sont en nombre croissant. Dans cette ville, près de 800 personnes ont trouvé la mort en 2010 lors d’accidents routiers, pour Prendre appui sur les taxis Les blessés sont souvent placés à bord de taxis qui les conduisent dans les hôpitaux. David Tran s’est dit qu’il y avait là une possibilité d’appui pour améliorer le système, en proposant aux chauffeurs une formation à la prise en charge, avec quelques « premiers moyens » (colliers cervicaux, atteles, pansements, brancardage). Pour l’instant sans succès, la compagnie de taxis contactée ne souhaitant pas s’impliquer financièrement. L’association Afravietmur, qui a obtenu le statut d’ONG par le Vietnam, continue ses actions de sensibilisation et s’intéresse aussi à la formation. C’est le cas autour d’un centre de simulation, en lien avec une des facultés de médecine d’Ho Chi Minh Ville, l’UBO et la faculté Paris V Descartes. > Contact http://blog.afravietmur.com Pêcheurs-plongeurs : des combinaisons par solidarité La pêche en plongée est largement pratiquée au Vietnam. C’est un moyen de subsistance pour les familles mais aussi l’occasion de gagner de l’argent, à travers la vente des produits pêchés. Dès 17 ans, le jeune plonge mais dans des conditions très rudimentaires, avec souvent un compresseur à peinture et un tuyau pour descendre. Le plongeur remonte quand… il a faim ou froid, d’où de nombreux accidents. Cet ex-voto, parmi les centaines de la cathédrale d’Ho Chi Minh Ville, n’a pas échappé aux Brestois, dotés d’un tramway depuis un an et qui ne déplorent, pour l’heure, aucun accident grave. Merci donc. La cathédrale abrite aussi deux vitraux dédiés à sainte Anne (avec une inscription en breton) et saint Yves. Formation de plongée pour 45 Vietnamiens Alain Gastrin, de Daoulas, et qui est d’origine vietnamienne, essaie de diminuer ces risques, fort de son expérience de 25 ans dans Alain Gastrin (à gauche), aux côtés de Dominique Cap, vice-président de BMO en charge des relations internationales. la avec Marine nationale, 10.000 plongées dont 6.000 en opérations. Du 18 au 20 juin, à l’Institut de médecine maritime de Haiphong, il est intervenu comme formateur en sécurité plongée auprès de 45 Vietnamiens, en grande majorité des pêcheurs, mais aussi du personnel de santé de plusieurs îles. La venue de la délégation brestoise a aussi été l’occasion de marquer un geste de solidarité, grâce à Aqua-Lung pour les équipements fournis et BMO pour l’acheminement. Plus de 80 combinaisons et 40 paires de palmes ont été remises à des pêcheurs, visiblement très contents et parfois facétieux (photo ci-contre). Alain Gastrin souhaite aller plus loin et espère qu’il sera possible de monter un centre national de plongée, avec une piscine et une fosse.