Doctrines et pratiques II (Intervenante Mme Cristiana Mazzoni

Transcription

Doctrines et pratiques II (Intervenante Mme Cristiana Mazzoni
Doctrines et pratiques II (Intervenante Mme Cristiana Mazzoni, ENSA Strasbourg).
- De la Tendenza italienne aux tendances de l’architecture urbaine française
A partir de la fin des années 1960 les écrits des architectes-intellectuels italiens connaissent une diffusion notable
partout en Europe et en Amérique. Attitude connue dans les milieux de l’histoire de l’art, l’italophilie
(J.L.Cohen) gagne les milieux d’architecture en France. En effet la formation de leurs approches théoriques,
leurs références (souvent françaises), leur ouverture aux sciences sociales (histoire, sociologie, géographie,
anthropologie, philosophie etc.), rompt avec les certitudes issues des mouvements modernes préalables à la
simplification fonctionnaliste des années 1950. Leur lecture des théories italiennes contribue à faire émerger des
tendances qui s’éloignent des thèses de la Tendenza et contribuent à en fausser les objectifs, les contenus, les
méthodes, les références.
Quel est exactement le contenu des textes des architectes-intellectuels italiens tels Aldo Rossi, Carlo Aymonino,
Vittorio Gregotti, Giorgio Grassi, Guido Canella ? Quels horizons nouveaux ouvrent-ils à l’architecture?
Comment perçoivent-ils la ville, le territoire, l’échelle métropolitaine, les « établissements humains » ? La
lecture critique de leurs textes inédits en français permettra, d’une part, d’explorer les innovations qu’ils
apportent à la pensée architecturale, et, de l’autre, de comprendre les raisons du grand rôle qu’ils ont joué dans le
renouvellement de la pensée architecturale en France. Elle permettra aussi, avec la distance du temps, de mesurer
les malentendus, les altérations et les incompréhensions dues à ce que couramment on appelle « transferts
culturels ».
- Aldo Rossi, L’architettura della città, Marsilio, Padoue, 1966, trad. franç. Aldo Rossi, L’architecture de la
ville, Livre et communication, Paris, 1990.
- Vittorio Gregotti, Il territorio dell’architettura, Feltrinelli, Milan, 1966 ; trad. franç. Vittorio Gregotti, Le
territoire de l’architecture, L’Equerre, Paris, 1982.
- Aldo Rossi, Etienne-Louis Boullée. Architettura, saggio sull’Arte, Marsilio, Padova, 1967, pp. 7-24,
introduction à la traduction italienne du manuscrit conservé à la Bibliothèque Nationale.
- Bernard Huet, « Formalisme-Réalisme », Architecture d’Aujourd’hui, n° 190, avril 1977 ; réédité in B. Huet,
Anachroniques d’architecture, AAM, Bruxelles, s.d.
- Jean-Louis Cohen, « La coupure entre architectes et intellectuels ou les enseignements de l’italophilie », In
Extenso, n° 1, Paris, EAPV, 1984
Henry Provensal, L’art de demain. Vers l’harmonie. Paris, Perrin, 1904
L’Esprit Nouveau. Revue internationale d’esthétique. 28 n°, 1920-1925
Gustave Umbdenstock, Cours d’architecture. Paris, Gauthier-Villars, 1930.
- Les esthétiques scientifiques de l’architecture. 1920-1950
L’ambition d’établir une esthétique scientifique de l’architecture croise à plusieurs reprises les réflexions sur
l’enseignement. Dans quelle mesure la place faite à l’esthétique, au carrefour entre théorie de l’art, approches
scientifiques de la perception et sciences de l’homme, a-t-elle contribué à modifier les contours de
l’enseignement de la théorie ?
Miloutine Borissavliévitch, les théories de l’architecture. Essai critique sur les principales doctrines relatives à
l’esthétique de l’architecture. Paris, Payot, 1926
Miloutine Borissavliévitch, Traité d’esthétique scientifique de l’architecture. Paris, Apprentis Orphelins
d’Auteuil, 1954
André Lurçat, Formes, composition et lois d’harmonie. Eléments d’une science de l’esthétique architecturale.
Paris, Vincent et Fréal, 1954-57
Doctrines et pratiques (Intervenant M. Pierre Chabard, ENSA Marnes-la-Vallée).
Ville et évolution : les origines hétéronomes de l’urbanisme
Patrick Geddes, Cities in Evolution: an introduction to the Town Planning Movement and to the
Study of Civics. Londres, Williams & Norgate, 1915
Cities in evolution est un ouvrage singulier dans le champ de la théorie urbaine. Au cours du vingtième siècle, il
a progressivement acquis le statut de classique. Depuis sa première parution au début de l’année 1915, Il n’en
existe pas moins de six éditions différentes, et de quatre traductions (en Espagnol, Italien, Français et Portugais),
ce qui est très rare pour un ouvrage de ce type. Plus que tout autre écrit du penseur polygraphe Patrick Geddes
(1854-1932), celui-ci jouit d’une large reconnaissance dans les domaines du savoir et de l’action dont la ville est
l’objet : principalement l’urbanisme et son histoire, la sociologie et la géographie urbaine, mais aussi l’écologie,
l’environnementalisme, ou les théories de la participation. L’importance généalogique que ces traditions
savantes accordent au livre se traduit dans l’intensité de ses usages éditoriaux. Ce sont d’abord l’identité et la
forme de cet objet éditorial qui seront questionnés, sa place dans l’œuvre du penseur écossais. Ensuite, bien au
delà de la question de la “réception”, ce sont les usages, les manipulations – dans tous les sens du termes – dont
il a fait l’objet qui seront examinés, et resitué dans ses successifs contextes d’apparition depuis le Town planning
movement des années 1900-1910, jusqu’aux problématiques de l’écologie urbaine au tournant des années 1970,
en passant par l’émergence du regional planning dans l’Angleterre de l’après-guerre.
- Crises du modernisme : l’architecture sans les architectes ?
Bernard Rudovsky, Architecture without Architects, A short introduction to non-pedigreed
architecture, New York, Doubleday, 1964
Ce livre de Rudovsky est le catalogue d’une exposition itinérante du MoMA (New York) aussi minuscule que
retentissante. Après avoir été présentée au MoMA du 9 novembre 1964 au 7 février 1965, cette collection de 122
photographies d’architectures vernaculaires, sera montrée dans 84 musées et galeries du monde entier (aux EtatsUnis, en Europe, notamment à Paris en hiver 1969, en Australie, dans les Pays de l’Est) et rencontrer un
immense succès bien au-delà des architectes, parfois méfiants quant au titre. Organisée par Bernard Rudovsky,
architecte moderne formé à Vienne, grand voyageur, passionné d’ethnologie, ayant exercé mille métiers
(architecte, ingénieur, designer industriel, scénographe, éditeur, musicien, acteur, styliste, archéologue,
photographe et typographe), cette exposition est un symptôme des critiques internes au modernisme d’aprèsguerre, qui se déploient notamment dans les architectures radicales du tournant des années 1970.
- De la barre à l’îlot : les retours à la ville
Philippe Panerai, Jean Castex, Jean-Charles Depaule, Formes urbaines. De l'îlot à la barre,
Paris, Dunod, 1977.
Rare sont les livres d’architectes, surtout en français qui, à l’instar de Formes urbaines : de l’ïlot à la barre,
deviennent des classiques. Lorsque l’on regarde de l’îlot à la barre de loin, il peut apparaître comme le cheval de
bataille d’une génération contre une autre : les jeunes enseignants-chercheurs issus de 68, revendiquant le “retour
à la ville”, contre les mandarins, leurs grands patrons d’ateliers de l’Ecole des Beaux-Arts. Mais, pour peu qu’on
s’en rapproche, le livre, à travers ses différentes éditions, révèle d’autres lignes de front, à l’intérieur même de
cette génération des baby-boomers. En 1975-1977, il s’agissait avant tout de prendre une position originale dans
le contexte effervescent de la fondation des Unités pédagogiques d’architecture et de la recherche architecturale.
En 1997, c’est plutôt dans le champ de l’urbanisme que l’ouvrage venait faire entendre la voix singulière de
Panerai, à un tournant critique de sa carrière, définissant une pratique idéale du “projet urbain”. L’histoire du
livre ponctuent ainsi non seulement la vie de ses auteurs mais l’histoire récente de l’architecture, depuis les
débats autour de la sémiologie urbaine à la fin des années 1960 jusqu’à la mise en pratique du « projet urbain »
dans les années 1980, en passant par les avatars de l’architecture urbaine dans les années 1970.
-
ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE PARIS LA VILLETTE État-nation, villes de fondation, villes de création.
Idéologies et pratiques de l’urbanisme aux 19e et 20e siècles
Yannis Tsiomis, dir. d’études EHESS et ENSA Paris-la-Villette. Courriel : [email protected]
Mmes Isabelle Grudet, ENSA Paris-la-Villette, Estelle Thibault, ENSA Paris-Belleville,
M. Pierre Chabard, ENSA Marnes-la-Vallée.
1er et 3e Mercredi du mois de 19h à 21h. EHESS, 105, Bd. Raspail. Salle 8.
Contenus et bibliographie des séminaires du Cycle II
Disciplines et pratiques (Intervenante Mme Isabelle Grudet, ENSA Paris-la-Villette).
- L’histoire des villes, les débats sur l’aménagement et les visions de l’histoire.
En 1926, l’historien d’art Pierre Lavedan (1885-1982), commence la publication d’une série d’ouvrages sur
l’histoire des villes, série intitulée Histoire de l’urbanisme. Cette publication étalée dans le temps permet de
suivre parallèlement les évolutions des visions de la ville au sein de l’œuvre avec celles des contextes et des
débats scientifiques, doctrinaux et politiques des années 1920 aux années 1960. Durant cette période, les
rapports des disciplines comme l’histoire et la géographie à l’action urbanistique ont changé, en même temps
que celle-ci prenait, après la guerre, une place prépondérante au sein de l’Etat. L’étude de la production et de la
réception de l’œuvre de Pierre Lavedan permet de suivre ces déplacements de position au plus près des débats
épistémologiques et sur les stratégies d’action.
Pierre Lavedan, Histoire de l’urbanisme. Paris, Henri Laurens,1926-52
Pierre Lavedan, Géographie des villes. Gallimard, 1936
- Les débats sur le grand Paris et sur la rénovation des quartiers historiques de Paris. Années 19301940.
Comme le note Henri Sellier en 1937 dans une revue éphémère, Paris et la région capitale, « le problème
clinique du grand Paris, [résume] en lui, l’ensemble des données générales entrevues par des spécialistes de
toutes catégories ». De fait, le développement en France au début du 20ème siècle de la discipline urbanistique, la
création des premières revues, des premiers enseignements, par les personnalités qui y enseignent, les étudiants
qui suivent les cours ou les exemples étudiés ont un rapport privilégié au territoire parisien. Le suivi des débats
sur les îlots insalubres dans les quartiers historiques comme sur l’approche globale du territoire, profondément
articulés, permet de saisir les différentes stratégies d’actions en même temps que les formes de compréhensions
des structures urbaines.
Paris et la région capitale, n°1-3, 1937
GUERARD (A), L’avenir de Paris. Payot, 1929
LATOUR (F), Le plus grand Paris : problème d’autorité. Paris, édition nationale, 1931
MORIZET (A), Du vieux Paris au Paris moderne. Haussmann et ses prédécesseurs. Paris, Hachette, 1932.
LE CORBUSIER, Destin de Paris. Paris / Clermont-Ferrand, F. Sorlot, 1941
PILLEMENT (G), Destruction de Paris. Paris, Grasset, 1941
COLLECTIF, Destinée de Paris. Paris, Les éditions du chêne, 1943
RAVAL (M), Histoire de Paris. Paris, PUF, 1942
COLLECTIF, Destinée de Paris. Paris, Les éditions du chêne, 1943
Théories (Intervenante Mme Estelle Thibault, ENSA Paris-Belleville).
- Les sciences naturelles, un imaginaire architectural.
Au milieu du XIXe siècle, les débats entre Georges Cuvier et Geoffroy-Saint-Hilaire offrent aux architectes un
vivier d’analogies et de métaphores : autour des notions de « conditions d’existence », de « type » ou
d’« évolution », ils s’approprient durablement des références conceptuelles, un univers formel, une imagerie
visuelle ou des modes de représentation. Ces emprunts multiformes illustrent le rapport ambivalent entre les
théories architecturales et l’horizon contemporain des sciences, entre rationalisme et imaginaire.
Viollet-le-Duc, Entretiens sur l’architecture. Paris, Morel, 1863-72
Viollet-le-Duc, Histoire d’un dessinateur. Paris, Hetzel, 1879
Gottfried Semper, Du style et de l’architecture, écrits 1834-1869. Marseille, Parenthèses, 2007.
- Construire les émotions. Architecture et théories de l’influence, 1900-1930
Autour de 1900, différents théoriciens de l’architecture mobilisent un horizon de sciences aux frontières mal
définies, articulant théories de l’expression, physiologie sensorielle, psychologie sociale, dans l’objectif commun
de mieux cerner les réactions émotionnelles de l’observateur face aux édifices. Entre exploration scientifique et
fiction théorique, ces domaines appuient une tentative de codification du langage formel de l’architecture, au
service de stratégies politiques et sociales variées.
ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES ECOLE NATIONALE SUPERIEURE D’ARCHITECTURE DE PARIS LA VILLETTE ÉCOLE DOCTORALE « Ville, Transports, Territoires », ED 528, PRES « Université Paris‐Est ». État-nation, villes de fondation, villes de création.
Idéologies et pratiques de l’urbanisme aux 19e et 20e siècles
Yannis Tsiomis, dir. d’études EHESS et ENSA Paris-la-Villette. Courriel : [email protected]
Mmes Isabelle Grudet, ENSA Paris la Villette, Estelle Thibault, ENSA Paris-Belleville,
Cristiana Mazzoni, ENSA Strasbourg, M. Pierre Chabard, ENSA Marnes-la-Vallée.
Panayotis Tournikiotis, Ecole Polytechnique d’Athènes, (NTUA)
1er et 3e Mercredi du mois de 19h à 21h. EHESS, 105, Bd. Raspail. Salle 8.
Les mutations de la ville au 20e siècle. (Sécond cycle) Nous nous interrogerons sur le passage de la ville consolidée à la
métropole à partir des théories sur la ville et la place spécifique du projet des architectes-urbanistes. Les ruptures et
continuités de la pensée architecturale et urbaine seront étudiées à partir des théories (Les sciences naturelles, un imaginaire
architectural, les esthétiques scientifiques de l’architecture 1920-1950), de l’histoire (les débats sur l’aménagement et les
visions de l’histoire-Pierre Lavedan) ; la prise de conscience de la grande échelle et de son contraire, le patrimoine : les
débats sur le grand Paris et à propos des îlots insalubres entre 1930-1940) ; les doctrines et pratiques de l’urbanisme (des
origines hétéronomes de l’urbanisme à la crise du modernisme dans les années 1960-1970 en Italie et en France).
2 mars : L’histoire des villes, les débats sur l’aménagement et les visions de l’histoire : P. Lavedan. Mme
Isabelle Grudet, ENSA Paris-la-Villette.
16 mars : La ville de Le Corbusier, M. Panayotis Tournikiotis, professeur NTUA d’Athènes.
6 avril : Les débats sur le grand Paris et sur la rénovation des quartiers historiques de Paris. Années 19301940. Mme Isabelle Grudet.
4 mai : Ville et évolution : les origines hétéronomes de l’urbanisme. Le cas de Patrick Geddes.
M. Pierre Chabard, ENSA de Marnes-la-Vallée.
18 mai : De la Tendenza italienne : Aldo Rossi, Carlo Aymonino, Vittorio Gregotti, Giorgio Grassi, Guido
Canella. Mme Cristiana Mazzoni, professeur ENSA Strasbourg
1 juin : De la Tendenza italienne aux tendances de l’architecture urbaine française. Mme Cristiana
Mazzoni.
15 juin : Crises du modernisme : l’architecture sans les architectes ? De la barre à l’îlot : les retours à la
ville des années 1970. M. Pierre Chabard. Conclusions du séminaire.
N.B. Séminaire pour doctorants et étudiants inscrits en Master 1 et 2 (TES et Histoire). Obligatoire pour les étudiants en DSA option « Projet urbain » de l’ENSA Paris la Villette. Ouvert aux autres options du DSA et aux doctorants de l’École Doctorale « Ville, Transports, Territoires », VTT, ED 528, PRES « Université Paris­Est ».