Passion de dents, passion dehors

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Passion de dents, passion dehors
TALENTS
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Passion de dents,
Dental Tribune Édition Française | Août/Septembre 2016
passion dehors
Un confrère en Or…
par le Dr Marc Revise
Breton d’origine, Pierre Le Coq a grandi au milieu d’une famille de « voileux ». Ce n’est donc pas un hasard s’il se passionne pour la planche depuis sa tendre enfance. Il court après les médailles et
en décroche au cours de ses jeunes années. Sélectionné pour les Championnats du Monde Jeunes il termine avec 3 podiums. Mais les études appellent Pierre à abandonner les compétitions. Le concours de médecine en poche, il choisit “dentaire“ et cela ne semble pas dû au hasard non plus, mais plutôt à un atavisme familial puisque ses parents et ses deux sœurs sont également dentistes...
Démarrant la deuxième année dentaire, Pierre se décide à remonter sur la planche, reprend les entraînements en catégorie sénior et se place au Championnat d’Europe. Puis les succès s’enchaînent
avec un objectif, et pas des moindres : les Jeux Olympiques ! En 2015, sacré champion du monde à Oman, pari gagné, il se qualifie pour les JO 2016 dans la discipline RS:X. Nous retrouvons Pierre le
jeudi 18 août pour une interview exclusive qu’il a bien voulu accorder à Dental Tribune.
qui permet de me surpasser dans certaines
conditions.
Et la veille ?
Je me concentre afin de gérer les imprévus,
comme les conditions météorologiques, la
marée, les courants... J’ai pris l’habitude de visualiser mentalement mes objectifs et de
cette façon, je peux me concentrer sur les procédures et des routines rassurantes…
Marc Revise : BRAVO Pierre pour cette performance ! Tu es sur le podium ! Quel souvenir
marquant garderas-tu de cette aventure ?
Parce que venir à Rio participer aux J.O. est un
rêve que tu chéris depuis longtemps, qui plus
est, seul pour représenter la France sur cette
discipline !
Pierre Le Coq : J’aurais aimé l’Or, mais le
Néerlandais van Risselberghe et le Britannique Dempsey ont été intouchables tout au
long de la semaine, ils n’ont pas volé leurs places. La bataille avec le Polonais Myszka et surtout avec le Grec Kokkalanis a été difficile,
mais j’ai gardé la patate et je suis resté dans la
course jusqu’au bout, ce qui m’a permis de
gagner le Bronze.
Félicitations, on peut parler d’un exploit. Mais
quel mental faut-il avoir pour résister à la pression de ces épreuves que l’on dispute avec les
meilleurs et devant le monde entier ?
Pour moi, la pression est nécessaire, j’en dégage un stress positif, ça me permet de rentrer dans ma bulle et de ressentir l’adrénaline
De G à D : Dempsey,Van Rijsselberghe, Le Coq.
Pas de cauchemars, d’angoisses ?
Oui, ça m’est arrivé. Toujours le même
rêve : je casse le mât quand tout le monde
part… Mais ce n’est que le fruit de mon imagination, comme dans tout sport matériel, l’angoisse de la casse est présente, mais cela reste
rare, je croise les doigts avant les compétitions !
Dans la famille Le Coq à Saint-Brieuc je demande la mère et le père : Florence et Lionel,
et... tes sœurs ?
Oui, en effet, Clémence et Margaux, mes
sœurs, ont suivi les mêmes études.
Quelle famille ! Ta sixième année en poche, tu
ne t’es vraiment consacré qu’à la planche ?
En effet, cette année fut « sans dents » car il
m’était absolument impossible de gérer la
préparation aux J. O. et la fin de mes études.
Je peux comprendre… As-tu déjà choisi le sujet
de ta thèse ?
Absolument, je collecte des statistiques sur
l’état bucco-dentaire des sportifs de haut niveau en collaboration avec l’INSEP (Institut
National du Sport, de l'Expertise et de la Performance)...
Peut-on rêver plus bel endroit que cette baie de
Rio où nous avons été nombreux à t’encourager sur place ou derrière nos écrans ?
C’est certain, je rêvais d’une médaille, et
c’est mission accomplie !
C’est évident. Maintenant, il te reste une décision à prendre pour septembre : le cabinet ou la
planche à voile...
Je dois en priorité terminer ma thèse et retourner au cabinet, c’est un métier très manuel et il va falloir que je retrouve mes repères. Je pense que j’aurai besoin de faire un petit break au niveau sportif, donc à partir de
septembre je vais pouvoir me replonger dans
les dents et valider ma thèse très rapidement.
Merci, Pierre, pour ce moment de bonheur et
d’exaltation que tu as accepté de partager avec
tes confrères. Au nom de tous les lecteurs du
journal, je te souhaite “bon vent“ pour les routes qui s’ouvrent à toi, qu’elles soient maritimes ou professionnelles.
Photos de Rio :
© Sailing Energy/World Sailing
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