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Identités
japonaises
CYCLE DE CINéMA DU BAL HORS LES MURS
CINéMA DES CINéASTES
Du 4 juin au 30 juillet 2011
Une programmation de Philippe Azoury
Traquer son identité. L’interroger. La confronter à la
nation, aux maîtres, à toutes les influences susceptibles
de la déplacer, la faire changer, la bousculer. Se voir dans
le regard de l’autre. Aller ailleurs voir si on n’y est pas…
La série de documentaires présentée durant ce
cycle fait écho de façon intime à ce Japon en plein
bouleversement que le BAL expose jusqu’au 21 août,
à travers les photos de Keizo Kitajima, Yukichi Watabe
et Yukata Takanashi.
Ces huit documentaires appartiennent à un segment
de l’histoire qui va de la fin des années soixante au
début des années 2000 et qui aura vu au Japon
le cinéma documentaire devenir à la fois un moyen
de passer les règles à tabac (sous l’impulsion des
enragés Shohei Imamura, Masao Adachi, Kazuo Hara)
et un médium de rêve pour une écriture introspective
(Shinji Aoyama, Naomi Kawase).
Les historiens du documentaire japonais parlent d’un
choc tellurique à propos de la projection, en 1973,
pour la première fois au Japon, de Reminiscences
of a Journey to Lithuania de Jonas Mekas : toute
une génération qui avait assisté à la politisation
et à la radicalité d’une nouvelle vague nippone d’une
richesse inouïe (Oshima, Imamura, Yoshida, Wakamatsu)
comprit qu’elle pouvait désormais associer
la protestation et le portrait de soi.
On verra ici que ces transformations profondes de
l’écriture documentaire ont commencé encore plus tôt,
dès la fin des années soixante, lorsqu’Imamura fit
raconter l’histoire du Japon par une prostituée,
lorsqu’ Adachi repartit sur les traces d’un tueur en
série pour un grand balayage urbain et politique,
qui renvoyait la ville à son indifférence, semblable
à celle qui émane du portrait de la gigantesque
station de métro de Shinjuku par Jonouchi Motoharu.
Une séparation avec une femme induit un dispositif
où celui qui filme (Kazuo Hara) est analysé en retour,
avec pertes et fracas (Extreme Private Eros: Love Song
1974, l’un des chocs de l’école documentaire japonaise).
Vingt ans plus tard, un jeune cinéaste (Shinji Aoyama)
se lance dans le paysage du poète qu’il admire le plus,
Kenji Nakagami, pour tenter de percer le secret de
sa création. Une cinéaste (Naomi Kawase) qui passe
sans s’en apercevoir de l’essai à la fiction et de la fiction
au journal intime, cherche à renouer avec un père yakusa
en se faisant comme lui tatouer la peau : ma chair
est toujours la chair de ta chair.
Par eux tous, nous devrions mieux comprendre,
à terme, ce que le photographe Keizo Kitajima,
compagnon lointain de ces cinéastes, appela longtemps,
pour qualifier son travail, « the un-identity ». Où l’identité
est toujours à construire, dans sa confrontation à l’autre.
Impossible alors de ne pas confronter, à notre tour,
ces cinéastes japonais au regard aigu de deux Européens : Chris Marker et Wim Wenders, deux grands
voyageurs qui, au fond, n’ont jamais rien compris au
prétendu exotisme japonais, se sentant au Japon
comme chez eux…
Que Tokyo semble familier à ceux qui ont la passion
du détail et des visages…
Philippe Azoury
L’Histoire du Japon d’après-guerre
racontée par une hôtesse de bar
Shohei Imamura, 1970, 105’
En demandant à Akemi, ancienne hôtesse du bar
« Madame Onboro » (littéralement « Madame Déglingue »)
de raconter ce qu’a été sa vie, au Japon, puis aux USA,
où elle s’est exilée, et de confronter sa parole à des
images d’archives qui retracent la capitulation du Japon
en 1945, son redressement économique, et ses troubles
politiques récents (l’émergence, dans le sillage de 1968,
de la Fraction Armée Rouge japonaise), Imamura
invente un dispositif provocateur et salutaire, dans
lequel se mêlent la grande histoire et la petite histoire,
la Nation et la Putain, le cynisme politique et une survie
plus terre-à-terre.
À côté de son œuvre fictionnelle, deux fois récompensée
par la Palme d’or à Cannes (La Ballade de Narayama
en 1983 et L’Anguille en 1997), Shohei Imamura
(1926-2006), grande figure de la Nouvelle Vague
nipponne, est un documentariste subversif, qui scrute
l’histoire japonaise et la met face à ses tabous.
Mardi 31 mai – 20H (soirée de lancement du cycle)
Samedi 23 juillet – 11H
Going Down into Shinjuku Station
(Chika ni oriru Shinjuku suteshon)
Jonouchi Motoharu, 1970, 15’
Plongée sensorielle dans la plus grande station
de métro de Tokyo. Entre documentaire et cinéma
expérimental underground.
Jonouchi Motoharu, documentariste expérimental né
en 1935, plasticien contre-culturel, a été à la tête de
plusieurs groupes « anti-art » (dont le néo Dada club).
Ses films de la fin des années soixante interrogent la
place de l’humain au Japon depuis Hiroshima et en
sondent la dévastation.
Samedi 4 juin – 11H / Samedi 16 juillet – 11H
Aka Serial killer
Masao Adachi, 1969, 86’
Norio Nagayama tue quatre personnes entre octobre
et novembre 1968. Lorsqu’il est arrêté, il n’a que 19 ans
(en prison, il deviendra un écrivain à succès). Masao
Adachi marche sur ses pas, et filme un à un les lieux
qui furent les siens. Une façon d’aborder, par l’absence,
la figure du serial killer à la fois politique, comme
situationniste, et voisine de ce qui serait aujourd’hui
un projet d’artiste contemporain.
Artiste expérimental né en 1939, cinéaste indépendant,
combattant révolutionnaire (aux côtés de l’Armée Rouge
Japonaise), prisonnier politique (au Liban), Masao Adachi
fut dans les années soixante un proche collaborateur de
Koji Wakamatsu et de Nagisa Oshima.
Samedi 4 juin – 11H / Samedi 16 juillet – 11H
Kya Ka Ra Ba A
(Dans le silence du monde)
Roji-E
Sans Soleil
Un des films les plus beaux et les plus secrets de Shinji
Aoyama, où il part sur les traces de Kenji Nakagami,
un écrivain qui a été son maître et dont les romans
expriment l’attachement pour sa région natale, Kishû,
une région montagneuse avec d’impressionnants rivages
qui donnent sur l’océan Pacifique. Les ruelles sont aussi
l’un des motifs récurrents de l’écrivain. Aoyama combine
les images tournées par Kenji Nakagami en personne,
dans ces venelles aujourd’hui disparues, avec ses
propres images, en revenant à son tour sur les lieux
laissés vides par l’écrivain disparu en 1992.
Du Japon comme théâtre du destin des images du
monde… Dans Sans Soleil, Chris Marker part sur les
traces d’un ami caméraman et fait le lien entre
la mémoire mécanique, sa passion pour les visages,
la profusion des images et l’amnésie qui guette.
Un des plus beaux films jamais tournés sur le Japon.
Shinji Aoyama, 2000, 64’
Shinji Aoyama, né en 1964, ancien critique aux Cahiers
du Cinéma Japon, est le chef de file d’une nouvelle
génération de cinéastes, apparue à la fin des années
quatre-vingt-dix. Eureka, Desert Moon, Elli Elli, Sad Vacation, ont été sélectionnés à Cannes et Venise. Le Festival
d’Automne à Paris lui a rendu hommage en 2009.
Samedi 18 juin – 11H / Samedi 30 juillet – 11H
Naomi Kawase, 2001, 49’
En septembre 1999, Naomi Kawase apprend la mort
de son père par un message téléphonique. Elle cherche
à en savoir plus sur sa naissance, sur les sentiments
qui ont animé à son sujet sa mère naturelle, sa mère
adoptive et son père. Elle prend enfin la décision de
se faire tatouer, comme son père, dont elle découvre
le passé de Yakusa.
Née en 1969, auteure de six longs métrages, Caméra
d’or au Festival de Cannes en 1997 avec Suzaku, Naomi
Kawase, qui suit également une veine documentaire
purement introspective, représente le Japon à Cannes,
cette année, avec La Femme mystérieuse.
Samedi 11 juin – 11H
Tokyo-Ga
Wim Wenders, 1985, 92’
Tourné entre Paris-Texas et Les Ailes du désir, Tokyo-Ga
documente le voyage à Tokyo de Wim Wenders, sur les
traces de Yasujiro Ozu, le cinéaste qui incarne pour lui
l’essence même du cinéma. C’est aussi le portrait d’une
ville en pleine explosion économique. On y croise un
certain Chris Marker au bar « La Jetée ». Ou comment
le cinéma d’Ozu, en nous rendant Tokyo si familier,
a permis à Wenders de se sentir au Japon comme dans
ses propres images.
Né en 1945, Wim Wenders, le plus célèbre des « jeunes
cinéastes allemands » depuis 1970, a reçu la Palme
d’or à Cannes en 1984, pour Paris-Texas. Il est aussi
photographe.
Samedi 25 juin – 11H
Chris Marker, 1983, 100’
Chris Marker, né en 1921, cinéaste, écrivain, photographe, est le maître de l’essai au cinéma. La Jetée, Sans
Soleil, Le Fond de l’air est rouge, Level Five, A.K., sont
quelques-uns des titres les plus fameux d’une filmographie engagée, à la poursuite de l’Histoire, et toujours en
avance d’un temps.
Samedi 2 juillet – 11H
Extreme Private Eros: Love Song
Kazuo Hara, 1974, 90’
Miuyki est l’ancienne compagne du cinéaste Kazuo
Hara. Lorsqu’il décide de la filmer, au début des années
soixante-dix, elle vit avec une femme, puis elle trouve
un emploi d’hôtesse dans un bar du quartier rouge
d’Okinawa, s’amourache d’un soldat noir américain
et en attend un enfant. Dans le même mouvement
perturbant qui accompagne les photos de Keizo Kitajima,
Kazuo Hara se sert de sa caméra pour percer le secret
de l’autre, mais ne récolte, en retour, qu’une dissolution
lente de sa propre identité. Ce film culte n’a quasiment
jamais été montré en France.
Kazuo Hara est né en 1945. Documentariste, il est
connu pour deux autres films, tout aussi frontaux :
The Emperor’s Naked Army Marches on (1987) et
A Dedicated Life (1994)
Samedi 9 juillet – 11H
Programmation susceptible de modifications
CINéMA DES CINéASTES
7, AVENUE DE CLICHY - 75017 PARIS
MÉTRO PLACE DE CLICHY
TARIFS
SÉANCE : 6 EUROS
SÉANCE + EXPOSITION AU BAL : 8 EUROS
PASS CYCLE COMPLET (7 PROGRAMMES) : 30 EUROS
BILLETS DU CYCLE EN VENTE AU BAL
ET AU CINÉMA DES CINÉASTES
RENCONTRE AU BAL
MERCREDI 8 JUIN – 20H
« Le cinéma documentaire
japonais des années 70 à nos jours ».
Rencontre avec Go Hirasawa
et Philippe Azoury, critiques de cinéma
Conférence en anglais
Entrée libre
Réservation : [email protected]
LE BAL
6, IMPASSE DE LA DÉFENSE
75018 PARIS
WWW.LE-BAL.FR
[email protected]
T - 01 44 70 75 50
HORAIRES D’OUVERTURE
Mercredi au vendredi
12H-20H
Samedi
11H-20H
Dimanche
11H-19H
Nocturne le jeudi
jusqu’à 22H
les partenaires du bal Ville de Paris
Agence nationale pour la cohésion sociale
et l’égalité des chances / PRéFECTURE DE
PARIS - DIRECTION DéPARTEMENTALE DE la cohésion sociale /
Conseil régional d’Île-de-France
Ministère de l’Éducation nationale / Ministère
de la Culture et de la Communication
Alcatel-Lucent / Avenance / FONDATION BNP PARIBAS /
Fondation Culture et Diversité / Fondation de France /
Fondation France Télévisions / Fondation du Patrimoine grâce
au mécénat de la fondation Total / PMU / SFR /
Suez Environnement / Vinci
ACL / Circad / Dupon / Fot imprimeurs /
Fuji Film / Iguzzini / Sedp
Cinéma des cinéastes / L’École des hautes
études en sciences sociales / La Fémis / Play Bac /
Sciences Po
ART PRESS / POLKA MAGAZINE / ZOOM JAPON
TOKYO-e BÉNÉFICIE DU SOUTIEN DE LA COMPAGNIE AÉRIENNE ANA
Le Bal est un projet de l’Association des Amis de Magnum

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