(Benauge) - Dictionnaire de la palombe
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(Benauge) - Dictionnaire de la palombe
ESCOUSSANS Historique de la chasse à la palombe dans l’Entre-deux-Mers (précisément en Benauge) Historique rédigé par Jacques Gaye, paloumayre à Escoussans, dans le bois du Hayas (origine du nom : hêtre) En 1907, dans son ouvrage « La chasse à la palombe dans le Bazadais », Tristan Audebert II écrivait notamment : « Maintenant, elle (la chasse à la palombe) a enjambé la Garonne et s’est installée sur la rive droite, où elle fait rage avec ses fusils dans une multitude de jouquets… Et maintenant, elle est en Benauge, elle est en Périgord… » Pour un paloumayre landais, et même pour François Mauriac, un « jouquet » est une cabane en hauteur d’où l’on tire la palombe au fusil ; une palombière est une installation équipée pour chasser la palombe au filet. Nous pensons que la chasse à la palombe dans l’Entre-deux-Mers est apparue quand les chasseurs ont acquis les premiers fusils à piston (fin du XIXe – début du XXe siècle) et que ces mêmes chasseurs se sont appropriés le terme « palombière » des landais. Tristan Audebert se désolait quand il voyait la chasse à la palombe gagner du terrain, au nord des régions traditionnelles ; il écrivait même : « Elle ne tardera pas à atteindre les rives de la Seine… » C’est ce qui est arrivé récemment puisque l’arrêté du 4 novembre 2003 autorise, pour la chasse des colombidés, l’utilisation d’appelants vivants (pigeons ou palombes) dans plus de 80 départements français dont la Seine-et-Marne, les Yvelines, … En pays de Benauge, Albert Faure nous a déclaré, en 1990, que la première palombière de la région a été mise en place, vers 1870, à Cantois, sur la butte de Cachaou. Dans la première moitié du XX e siècle, les principales palombières de la Benauge étaient celles de la Forêt à Targon, Maroutine à Ladaux-Targon, le Parc de Benauge à Arbis, la Mazerolle et Cachaou à Cantois, les Moutes à Donzac. Puis, à partir des années 1950, chaque parcelle boisée a vu l’installation d’une ou plusieurs palombières. C’est ainsi que nous en avons recensé près de 100, en 1998, dans le canton de Targon (19 communes). La même année, nous avons recueilli le témoignage de Jeannine Berge-Guilhon : « Au début du XXe siècle, mon beau-père, Julien Guilhon, a chassé la palombe à Baigneaux (au lieu-dit Jean Roudier), avec M. Dubois-Challon (propriétaire du Château Ausone à SaintEmilion). En 1918-1920, il existait une palombière dans le bois du Vert, à Arbis. Là, M. Berge faisait venir un paloumayre de Grignols, M. Cardonne, pour garder l’installation et s’occuper des filets. Charles Berge prenait ses vacances, en octobre, pour chasser la palombe ; il a même passé sa lune de miel dans sa palombière… » PHOTO 1160 : Jacques Gaye consultant le livre de Tristan Audebert pendant que son compagnon de jouquet, Gilles Bougréau, scrute le ciel (dimanche 23 octobre 2016, journée de « gros » passage)