Cellulosic Ethanol as a Second Generation
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Cellulosic Ethanol as a Second Generation
BIOTECHNOLOGIE Éthanol cellulosique BIOTECHNOLOGIE INDUSTRIELLE DOCUMENTATION Page 1 de 5 ÉTHANOL CELLULOSIQUE – FAIRE DU BIOCARBURANT À PARTIR DE RIEN La grande majorité de biocarburants à l’éthanol du Canada sont actuellement faits à partir de maïs et de blé. La longue histoire de la fermentation du sucre à l’échelle industrielle a permis à cette technologie de partir sur les chapeaux de roue. L’éthanol de maïs a des avantages environnementaux, mais le détournement de cultures alimentaires pour la production de carburant a fait l’objet de nombreuses critiques (voir la documentation sur l’éthanol de maïs pour plus de détails). Mais les choses pourraient changer pour le carburant à l’éthanol. La recherche scientifique et l’innovation industrielle s’engagent dans un virage qui les éloigne des matières biologiques céréalières pour les rapprocher des matières biologiques cellulosiques non alimentaires telles que les tiges de blé, les cannes de maïs (tiges et feuilles) et les résidus forestiers. Un rapprochement moléculaire entre la cellulose et l’amidon La cellulose est la molécule organique la plus abondante sur Terre. Les végétaux la produisent pour être plus forts. L’amidon et la cellulose sont tous les deux des polymères polysaccharidiques constitués de longues chaines de deux unités de glucose liées par covalence. Les liaisons alpha-1,4 glucosidiques relient les molécules de glucose pour faire de l’amidon, mais la cellulose utilise des liaisons bêta-1,4 glucosidiques. C’est peut-être une infime différence, mais elle a d’énormes conséquences. Les polymères d’amidon sont solubles dans l’eau, fortement branchés, constitués d’entités granulaires et hydrolysés par un enzyme nommé amylase. Les polymères de cellulose ne sont pas solubles dans l’eau, sont constitués de chaines linéaires très serrées les unes contre les autres et sont hydrolysés par un enzyme nommé cellulase. La différence moléculaire entre l’amidon et la cellulose est illustrée par la figure 1. Puisque les chaines de cellulose sont très serrées, elles sont très solides – on peut penser à la solidité du bois, des fibres de coton, des rafles de maïs ou des tiges de blé. Chez les végétaux, les fibres de cellulose sont tissées serrées avec deux autres grands polymères biologiques : l’hémicellulose et la lignine. L’hémicellulose est un autre polysaccaride branché, mais il a une composition variable. Il contient un mélange de sucres à cinq atomes de carbone (pentoses : xylose et arabinose) et de sucres à six atomes de carbone (hexoses : mannose et galactose) fixés les uns aux autres par des liaisons alpha et bêta. La lignine, un polymère complexe à composition variable, relie les parois cellulaires et les vaisseaux des végétaux et est responsable de la dureté et des caractéristiques ligneuses des troncs d’arbres et des tiges. De la cellulose à l’éthanol, les avenues biochimiques et thermochimiques L’éthanol produit à partir de matière cellulosique est exactement le même que celui qui est produit à partir de céréales. Chimiquement parlant, de l’éthanol, c’est de l’éthanol. Cependant, c’est beaucoup plus compliqué de partir de la cellulose parce qu’elle est emmêlée à l’hémicellulose et à la lignine. Il existe deux façons de procéder pour transformer la matière biologique cellulosique en éthanol : la conversion biochimique et la conversion thermochimique. Voici les principales étapes de la conversion biochimique (également illustrée à la figure 2A de la page 3) : 1. Broyage : La matière biologique est broyée mécaniquement en petits morceaux. 2. Prétraitement : La cellulose, l’hémicellulose et la lignine sont démêlées à l’aide de traitements physiques (explosion à la vapeur) ou chimiques (acide ou alcalin). Parfois, ce prétraitement libère des sucres libres à partir du polymère hémicellulosique. www.explorecuriocite.org © Parlons sciences 2013 BIOTECHNOLOGIE Éthanol cellulosique BIOTECHNOLOGIE INDUSTRIELLE DOCUMENTATION Page 2 de 5 3. Traitement enzymatique (saccarification) : On ajoute de la cellulase pour lancer la décomposition des chaines de cellulose en glucose. On peut également utiliser de l’hémicellulase si la décomposition a échoué. La cellulase et l’hémicellulase se trouvent dans des champignons et parfois dans des bactéries. 4. Fermentation : Les cellules de champignon métabolisent le glucose en éthanol grâce à la fermentation, exactement comme dans la production d’éthanol de maïs. On peut également obtenir de l’éthanol en faisant fermenter les différents sucres d’hémicellulose à l’aide de divers microorganismes. 5. Distillation, déshydratation, dénaturation : L’éthanol obtenu des réservoirs de fermentation est traité exactement comme l’éthanol de maïs. 6. Utilisation de lignine : On peut faire fermenter la lignine pour produire de l’éthanol, mais on peut aussi la faire bruler pour générer de la chaleur et de l’électricité qui alimenteront les 7. bioraffineries d’éthanol cellulosique. Figure 1 : La différence moléculaire entre l’amidon et la cellulose L’amidon (A) et la cellulose (B) sont tous les deux des polymères de glucose, mais l’amidon a des liaisons alpha-1,4 glucosidiques alors que la cellulose a des liaisons bêta-1,4 glucosidiques. Les liaisons alpha de l’amidon constituent le substrat des enzymes amylase. Les liaisons bêta de l’amidon constituent le substrat des enzymes cellulase. Voici deux exemples de cellulases : les endoglucanases hydrolysent les liaisons bêta-1,4 glucosidiques à l’intérieur de la chaine de cellulose, et les exoglucanases hydrolysent les liaisons situées à l’extrémité de la chaine. www.explorecuriocite.org © Parlons sciences 2013 BIOTECHNOLOGIE Éthanol cellulosique BIOTECHNOLOGIE INDUSTRIELLE DOCUMENTATION Page 3 de 5 Voici les principales étapes de la conversion thermochimique (également illustrée à la figure 2B de la page suivante) : 1. Préparation de la matière biologique : La matière biologique est séchée, et la cellulose, l’hémicellulose ainsi que la lignine restent enchevêtrées. 2. Gazéification : La matière biologique séchée est brulée pour générer un gaz de synthèse principalement composé de monoxyde de carbone (CO) et d’hydrogène (H2). La gazéification se produit à des températures extrêmement élevées de 700 à 1000 °C. 3. Conversion du goudron et du soufre : Le goudron et le soufre sont deux sous-produits de la gazéification et sont chimiquement convertis en gaz de synthèse. 4. Nettoyage et conditionnement du gaz de synthèse : Tout sous-produit ou contaminant restant est retiré et le gaz de synthèse est comprimé. 5. Conversion catalytique vers l’éthanol : Le gaz de synthèse comprimé passe sur un catalyseur métallique pour que le CO et l’H2 soient convertis en éthanol (CH3CH2OH). Les catalyseurs métalliques généralement utilisés sont le rhodium et le cobalt. Certaines espèces de bactéries peuvent agir en tant que catalyseurs microbiens dans la conversion du gaz de synthèse en éthanol. Figure 2 : Production d’éthanol cellulosique : Les principales étapes sont illustrées pour la conversion biochimique (A) et la conversion thermochimique (B) de la matière biologique en éthanol. Voir le texte pour plus de détails. www.explorecuriocite.org © Parlons sciences 2013 BIOTECHNOLOGIE Éthanol cellulosique BIOTECHNOLOGIE INDUSTRIELLE DOCUMENTATION Page 4 de 5 Le procédé thermochimique transforme d’abord la cellulose, l’hémicellulose et la lignine en gaz de synthèse pour ensuite devenir de l’éthanol. Son rendement de conversion de la matière biologique cellulosique est donc plus grand. On peut aussi convertir le gaz synthétique en d’autres alcools (par ex., du méthanol) et hydrocarbures (par ex., de l’essence). Du point de vue environnemental, l’éthanol cellulosique bat l’éthanol de maïs L’éthanol cellulosique a les mêmes avantages écologiques que l’éthanol de maïs. C’est un carburant renouvelable, non fossile qui réduit les émissions de GES. Une analyse des cycles de vie réalisée au Canada en 2012 a révélé que l’éthanol de maïs E100 réduit les émissions de GES de 45 % par rapport à l’essence. L’éthanol cellulosique produit par conversion biochimique de canne de maïs a de meilleurs résultats : il réduit de 68 % les émissions de GES (pour du E100). C’est l’éthanol cellulosique produit par conversion thermochimique du bois qui obtient la meilleure performance, avec une réduction phénoménale de 93 % (pour du E100). Le même modèle a été utilisé pour calculer le bilan énergétique du cycle de vie de différentes technologies de production d’éthanol de première et deuxième générations. N’oubliez pas qu’un bilan énergétique positif signifie qu’on obtient plus d’énergie d’un carburant qu’il en a fallu pour sa production. On peut examiner le bilan énergétique de deux façons. On peut tenir compte de toutes les sources d’énergie utilisées pendant la production de carburant, y compris l’énergie renouvelable. Dans ce scénario, l’éthanol de maïs présente un bilan énergétique total légèrement positif, libérant environ 60 % d’énergie de plus qu’il en faut pour le produire. En revanche, la conversion biochimique de canne de maïs et la conversion thermochimique du bois présentent toutes les deux un bilan énergétique total négatif. Dans ces deux cas, les processus de conversion sont très énergivores. Il faut cependant se rappeler que la biomasse cellulosique fournit elle-même de l’énergie quand la lignine est brulée. Quand on retire l’énergie libérée par la biomasse renouvelable des calculs de bilan énergétique, le bilan énergétique fossile de la canne de maïs est meilleur : le rendement est de 2,6 fois l’énergie consommée. Le bilan énergétique fossile de la conversion thermochimique du bois est encore plus impressionnant : le rendement est d’environ 50 fois l’énergie consommée. L’utilisation de cannes de maïs, de tiges de blé et de résidus forestiers comme matière biologique de l’éthanol cellulosique résout l’épineuse question du détournement des céréales alimentaires pour la production de carburant. L’un des chefs de file en matière de conversion biochimique de résidus agricoles dans le monde est Iogen, une entreprise canadienne (http://www.iogen.ca - Veuillez prendre note que cette ressource est disponible en anglais seulement). Il existe également des cultures spécialement destinées à l’éthanol cellulosique, telles que des herbacées et des arbres à croissance rapide comme le peuplier. Ces cultures, destinées à la production de carburant, utilisent parfois des terres qui pourraient être mises en valeur pour des cultures vivrières, ce qui nous ramène au débat qui oppose la nourriture et le carburant. Cependant, certaines cultures énergétiques peuvent pousser sur des terres « marginales » qui ne sont pas assez riches en nutriments pour des cultures vivrières. Une entreprise canadienne appelée Enerkem a optimisé sa technologie thermochimique pour produire de l’éthanol cellulosique à partir d’eaux usées municipales, en transformant les ordures en carburant (http://enerkem.com/fr/accueil.html). Partout dans le monde, on évalue le potentiel de production d’éthanol d’autres types de déchets. La commercialisation à grande échelle de la production d’éthanol cellulosique a été limitée essentiellement par le cout considérable de la construction et du fonctionnement des bioraffineries d’éthanol cellulosique. La route vers la faisabilité économique est encore longue. www.explorecuriocite.org © Parlons sciences 2013 BIOTECHNOLOGIE Éthanol cellulosique BIOTECHNOLOGIE INDUSTRIELLE DOCUMENTATION Page 5 de 5 En apprendre davantage : Aperçu de Transports Canada : http://www.tc.gc.ca/fra/programmes/environnement-etv-ethanol-fra-597.htm Aperçu intéressant de l’éthanol cellulosique de « How Stuff Works »: http://science.howstuffworks.com/environmental/green-tech/energy-production/cellulosic-ethanol.htm (Anglais) Brève vidéo de « How Stuff Works » : http://videos.howstuffworks.com/discovery/31916-howstuffworks-show-episode-3-cellulose-energyvideo.htm (Anglais) Davantage de détails sur la conversion biochimique : http://www.nrel.gov/biomass/biochemical_conversion.html (Anglais) Davantage de détails sur la conversion thermochimique : http://www.nrel.gov/biomass/thermochemical_conversion.html (Anglais) Références supplémentaires : Dashtban et al., Fungal Bioconversion of Lignocellulosic Residues; Opportunities & Perspectives. International Journal of Biological Sciences 2009; 5(6) : 578-595. Accessible au : http://www.biolsci.org/v05p0578.htm (Anglais) Tirado-Acevedo et coll., Production of Biofuels from Synthesis Gas Using Microbial Catalysts. Advances in Applied Microbiology 2010; 70 : 57-92. Accessible au : http://afuels.net/library/Chapter%202%20%20Production%20of%20Biofuels%20from%20Synthesis%20Gas%20Using%20Microbial%20Catalysts. pdf (Anglais) Technical report on GHG and energy balance of fuel ethanol, produit par Modèle GHGenius de Ressources naturelles Canada : http://www.ghgenius.ca/reports.php (Anglais) (source des émissions de GES et données sur le bilan énergétique, lien « Advanced Biofuel Update », inscription gratuite requise) www.explorecuriocite.org © Parlons sciences 2013