Vivre sous le regard de Dieu
Transcription
Vivre sous le regard de Dieu
Vivre sous le regard de Dieu L’objet de notre foi, c’est par-dessus tout la sainte et adorable Trinité dont nous faisons aujourd’hui la fête, le Père, le Fils, et le Saint-Esprit, que nous connaissons par notre Seigneur Jésus-Christ, Dieu et homme tout ensemble, notre chef, notre Rédempteur, qui nous dit si souvent dans son Évangile que toutes ses paroles sont les paroles du Père. Ce qu’il dit, il ne le dit pas de lui-même. Celui qui l’écoute, écoute la parole de Dieu. C’est évident, puisqu’il est Dieu lui-même ; mais c’est aussi la parole de la très sainte Trinité. La grande dévotion des religieux d’autrefois était de vivre toujours attentifs sous le regard de la très sainte Trinité. Nous vivons dans des temps troublés : on nous menace de méchants projets. S’accompliront-ils ? Dieu seul le sait ; mais au milieu de toutes ces incertitudes, nous puiserons une grande force dans cette habitude de vivre toujours en présence de Dieu. Vous le savez, il est dit dans le Psaume : Pourquoi ce tumulte des nations, ce vain murmure des peuples ? Les nations se sont agitées ; mais il y en a un plus puissant qu’elles et il les brisera, comme le potier brise le vase d’argile qu’il tient entre les mains. Que sont les projets des hommes devant la volonté de Dieu ? L’attention à Dieu, l’habitude de vivre sous le regard de Dieu est une force toute-puissante pour traverser l’épreuve et pour obtenir le secours. On dira beaucoup de choses au-dehors, on vous répétera les menaces, les méchants projets qui peuvent alarmer. Ne vous arrêtez pas à cela. Que la fête de la sainte Trinité vous fasse entrer dans ces deux dispositions : haïr le mal, s’éloigner de la moindre offense de Dieu, garder l’âme très pure, la vie religieuse très fervente. Nous tomberons, car nous sommes fragiles. Au moins relevons-nous tout de suite, et ne conservons au fond de notre âme rien que Dieu ne puisse regarder avec plaisir. Donnons-nous à lui dans une confiance sans bornes, dans un abandon parfait, dans un délaissement complet de nous-mêmes entre ses mains, disant : « Puisque je suis son enfant, il est mon Père. » Quel appui plus grand peut-on avoir que le Père, le Fils et le Saint-Esprit ? Quand, dans les conseils de la sainte Trinité, tout est réglé pour une pauvre petite créature, quelle folie pour cette petite créature d’avoir encore une sollicitude et une inquiétude pour elle-même, de ne pas s’abandonner de tout cœur à ce conseil si saint et si paternel ! Nous devons désirer posséder un jour la bienheureuse Trinité. La sainte Trinité sait ce qu’il nous faut pour arriver à la vision bienheureuse, et nous ne le savons pas. La sainte Trinité sait ce que nous pouvons porter, et nous ne le savons pas. La sainte Trinité sait la mesure de grâce qui nous est nécessaire pour porter ce qu’elle nous envoie, et nous ne le savons pas. De sorte que, si nous nous abandonnons entièrement à elle, il ne nous restera qu’un souci : être saintes, l’être le plus que nous pourrons, être le plus fidèles que nous pourrons. Sainte Marie-Eugénie de Jésus Extraits d'une instruction de chapitre du 23 mai 1880 pour la fête de la Trinité