Ecologie, développement, migration, genre Problématique des cas

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Ecologie, développement, migration, genre Problématique des cas
Femmes en mouvement
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Ecologie, développement, migration, genre
Problématique des cas
des sociétés agraires traditionnelles
Valentina Liakhova
Parmi les nombreuses pistes de réflexion qui peuvent être soulevées
en liaison avec l’écologie, j’ai décidé de vous présenter une réflexion
sur l’interaction entre les projets de développement, l’écologie, la
question du genre et la migration dans les sociétés basées sur l’agri culture traditionnelle, telles souvent les sociétés africaines.
L’agriculture traditionnelle est basée sur une technologie qui utilise
les ressources biotiques. Le but de cette technologie est d’assurer la
reproduction de l’ensemble de plusieurs cultures. Ce qui est important, c’est que non seulement ces cultures assurent la satisfaction des
besoins physiologiques fondamentaux (nourriture), mais qu’elles représentent aussi des éléments importants dans la structure des valeurs
culturelles d’une société traditionnelle. Afin d’assurer la reproduction
de telles cultures, l’agriculture traditionnelle essaie d’imiter un écosystème naturel où différents types de cultures sont en étroite interrelation, ce qui assure d’un côté la satisfaction des besoins de plusieurs
niveaux de la société et, de l’autre, la protection naturelle de processus
de reproduction contre différentes agressions extérieures.
Ce qui nous intéresse dans ce cas, c’est que le travail sur les différentes cultures dans le système agraire traditionnel entraîne aussi
une division sexuelle du travail, avec une définition précise de qui
s’occupe de quelle culture et à quelle fin. Notamment, dans une organisation qu’on peut appeler « j a rdin tropical », les diverses culture s
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sont cultivées les unes à côté des autres à différents niveaux vert icaux. Les cultures vivrières se trouvent au niveau inférieur et re p r ésentent traditionnellement l’occupation principale des femmes.
Au-dessus il existe aussi d’autres niveaux de plantes – moyens et
supérieurs –, qui fournissent également des fruits variés et du bois
pour le foyer et pour la vente. Ce sont traditionnellement les hommes
qui s’occupent de ces strates supérieures. En plus, sur le plan écologique, ces strates supérieures protègent les niveaux inférieurs contre
les forts changements saisonniers du climat, par exemple contre le
rayonnement trop intense du soleil pendant la période de sécheresse
ainsi que contre l’érosion du sol provoquée par les précipitations
abondantes durant la saison des pluies.
Envisageons à présent ce qui arrive à cette organisation du travail
lorsque les projets de développement introduisent les nouvelles technologies dans la société traditionnelle. Il s’agit de technologies modernes,
qui permettent d’augmenter considérablement la production de certaines cultures, ce qui d’après les experts fournira plus de nourriture
aux sociétés concernées. Il s’ensuit qu’une seule culture sera privilégiée, au détriment des autres cultures traditionnelles, et sera protégée
par des pesticides. Comme il s’agira ici de satisfaire uniquement les
besoins fondamentaux en nourriture, le fait d’avoir de l’argent deviendra encore plus important pour que la population puisse acheter
ailleurs les autres produits nécessaires.
Ainsi, sur le plan écologique, les populations vont faire face à la destruction des écosystèmes construits dans le cadre de l’agriculture traditionnelle, du fait de l’introduction des pesticides. Cela entraînera
aussi des modifications en termes d’occupation des femmes et des
hommes. L’introduction des nouvelles technologies impliquera davantage les hommes que les femmes. Comme les hommes travailleront
moins sur les cultures réservées pour eux dans l’écosystème local traditionnel, et plus sur les cultures commerciales, les conditions favorables aux cultures vivrières – celles réservées aux femmes – seront
détruites, et les femmes perdront leur occupation principale. En outre,
comme les cultures traditionnelles étaient également les porteurs de
certaines valeurs culturelles, l’identification d’une femme dans cette
nouvelle société sera mise en question, avec le risque de générer un
processus de marginalisation des femmes.
Que feront alors les femmes?
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Quand il s’agit d’une famille avec des parents et des enfants, les
femmes – les mères – vont probablement revenir à la maison pour
s’occuper d’avantage du foyer, car leurs maris auront toujours leur
emploi dans le domaine agricole exploitant les nouvelles technologies.
Par contre, on peut envisager que les filles partiront travailler ailleurs
pour gagner de l’argent et avoir accès aux différents produits et services. Ainsi, ce processus de modification des écosystèmes locaux
pourrait provoquer l’exode rural des jeunes femmes.

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