Editorial: Pourvu que ça dure - correze environnement

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Editorial: Pourvu que ça dure - correze environnement
Fédération Départementale
Corrèze environnement
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Ce sera dit...
Janvier 2007
Numéro : 77
Environnement... des milieux et des hommes.
POURVU QUE CA DURE !
Le 7 décembre à l'Hôtel de Région se
tient le Comité Régional au Développement Durable
autour du thème "Consommer et produire autrement".
Au fil des démonstrations et des propositions souvent très novatrices et très intéressantes au demeurant - une certitude quelque peu douloureuse
s'installe dans l'esprit des écologistes présents à ces
rencontres. Elle est la suivante: dans un libre marché
devenu incontrôlable, et dans lequel nous sommes
définitivement orphelins de l'État, qui a renoncé à toute
régulation, il ne nous resterait qu'une seule alternative,
composer, élaborer un compromis relativement durable avec les producteurs, les consommateurs, les
financiers. Le développement durable, sur de telles
bases, ne serait rien d'autre qu'une défaite en rase
campagne de la politique, de la raison, de la science,
de la morale et de l'écologie.
On ne fait ainsi rien d'autre que tout mettre en œuvre pour que le marché global, dur, ravageur, qui fait si
peu de cas de l'humain, perdure encore et encore. On
met ainsi une touche de "vert", très pâle, sur les objectifs socio économiques et les stratégies pour les atteindre. On donne un nouveau design, à grand coup
d'étude et de communication aux instruments financiers, politiques et réglementaires qui ont déjà, en
trente ans à peine, fait tant de dégâts.
Voulez vous quelques preuves ?
Travailler mieux sur la consommation de carburant,
sur la qualité des matériaux, sur la part de l'emballage,
sur la recyclabilité, sur la protection sociale des producteurs, sur le respect de l'environnement.
Telle est la liste des critères d'éco-responsabilité
proposés. Vous remarquerez sans peine que la protection du consommateur usager est absente de cette
séduisante énumération.
Il s'agit bien de produire, certes de manière plus
"soft" mais avec le même objectif désastreux: multiplier les biens, même inutiles, même si leur conception et leur consommation est fondée sur un besoin
créé de toutes pièces pour réalimenter l'appétit d'un
marché qui tout entier soutient désormais notre civilisation occidentale.
On nous propose encore un concept baptisé
"achat public durable" (touche de "vert") qui engage la
responsabilité économique, sociale et environnementale des partenaires dans le cadre des grands marchés publics. Un cahier des charges décline les engagements qu'impliquent ces trois volets. On pense alors
avoir réinventée l'eau chaude. Toutes les lois, tous les
règlements et prescriptions n'étaient ils pas déjà présents quand la puissance publique lançait un marché ?
Ces trois niveaux élémentaires de responsabilité
n'étaient ils donc jusqu'alors jamais mis en œuvre par
l'État républicain ?! Si tel était le cas, ce n'est pas une
disposition technocrate qui remettra à leurs justes places la dimension sociale et la dimension environnementale. C'est un problème d'éthique et rien d'autre où
l'État est, naturellement et avec pugnacité, garant de
l'utilité économique d'une transaction, de sa portée
bénéfique au plan social et de son innocuité environnementale.
On l'a désormais bien compris. L'État se saborde
pour que le libre marché triomphe. Il renonce à sa
mission et à ses prérogatives. Il participe même à
la dérégulation tout en appelant de ses vœux une
écologie calibrée, acceptable et peu militante ou
préfère une écologie du spectacle et de la communication à la Hulot.
La maison brûle et l'État n'enverra pas ses pompiers. Il laissera transmettre à la génération qui vient
un patrimoine altéré, une planète lourdement dégradée quant à ses sols, ses océans et son atmosphère.
Qu'y pouvons nous?
Mais l'Etat, c'est nous !
Nous tous citoyens électeurs qui la plupart du
temps choisissons valets et chambellans des grands
groupes aux intérêts très privés. Nous tous citoyens
électeurs qui laissons faire et ne donnons pas à la société civile sa vraie place dans les lieux de décision
dans le cadre de la démocratie participative. Faudra t il
effectivement aller jusqu'à des "jury populaires" pour
contrôler les élus alors même que les structures de
concertation et de débat existent et que les associations y sont régulièrement invitées ?
Daniel Soularue

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