Visite de l`Institut du cerveau

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Visite de l`Institut du cerveau
Bibliothèque Charcot et Institut du Cerveau et de la Moelle
Epinière
Fabrice Autane, qui remplaçait Pascal Payen-Appenzeller retenu au ministère de la culture
par Aurélie Filipetti, nous présente d’abord l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière : En 1656, Louis
XIV confia à l'architecte Libéral Bruant la construction d'un hospice à l'emplacement du
petit arsenal, où l'on fabriquait la poudre à canon et qui était surnommé la "Salpêtrière".
Entrée principale
C'était un établissement destiné à nourrir et à blanchir les pauvres (et à les contrôler). Des
bâtiments ont été construits un peu plus tard pour enfermer les femmes hystériques.
Géricault en a fait des portraits pour illustrer ses "monomanies" ou pour servir à la
composition du "Radeau de la Méduse". La vocation de soigner n'est apparue qu'après la
révolution. En 1911, l'hôpital de la Pitié fut installé sur un site jouxtant celui de la
Salpêtrière. L'architecture en est de style Napoléon III associé aux derniers feux de l'Art
Nouveau. Enfin en 1960 les 2 hôpitaux ont fusionné pour former la Pitié-Salpêtrière.
Au bout d'un quart d'heure de marche dans cette ville hospitalière nous arrivons devant
l'ICM (Institut du Cerveau et de la Moelle épinière) que madame Oliviero nous présente :
ce bâtiment consacré à la recherche fondamentale et à la recherche appliquée regroupe des
chercheurs de l'INSERM, du CNRS et de l'université Pierre et Marie Curie qui étaient
éparpillés auparavant dans tout l'hôpital. Le Bâtiment de 5 étages a été inauguré en 2011.
L'architecte en a été Jean-Michel Wilmotte. Ce bâtiment est en forme de H symbolisant les
hémisphères du cerveau et est construit en verre. Il occupe 22500 m2 et abrite 600
personnes regroupées en 26 équipes de recherche. Chaque hémisphère comprend en son
centre les laboratoires de recherche, entourés des bureaux, eux-mêmes entourés par un
couloir de circulation qui longe la façade pour "faciliter les échanges". Cet institut possède
des instruments de pointe en particulier une IRM à 7 Teslas (il en existe 3 dans le monde).
Bibliothèque Charcot
Le deuxième étage est consacré aux start-ups au nombre de huit. Cet institut est ouvert à
l'international : cinq équipes sont attendues cette année.
Nous sommes ensuite introduits dans la bibliothèque où Mme Sabathier, sa responsable
depuis 2011, nous attend. Cette bibliothèque regroupe le fonds personnel de Jean-Martin
Charcot (1825-1893), célèbre neurologue du 19ème siècle. Ce fonds se trouvait à l'origine
dans son hôtel de Varengeville situé boulevard Saint-Germain. Il a été légué par son fils
Jean-Baptiste Charcot aux hôpitaux de la Salpêtrière en 1907.
Il regroupe des ouvrages écrits par Charcot, ainsi que des ouvrages offerts par ses
collègues, des périodiques et des ouvrages anciens (du 16ème au 18ème siècle). Par la suite,
il a été complété de la collection des internes de médecine et de quelques professeurs qui
ont également fait des dons à l'hôpital. Il compte aujourd'hui 7300 ouvrages dans une
grande variété de langues : anglais, allemand, espagnol, russe, danois...
Parmi les ouvrages les plus consultés, "l'iconographie de la Salpêtrière", périodique écrit
sous la direction de Charcot, compile les photographies de la plupart des patients passés
dans son service. Les photographies étaient prises par Albert Londe (1858-1917). On voit
notamment la photo d'Augustine, qui était jeune et photogénique, et dont deux films ont
raconté son histoire en 2012.
Atlas de Vicq d’Azyr © UPMC
Charcot organisait des cours le vendredi matin pour les internes et le mardi matin pour le
beau monde de l'époque. C'est à cette occasion qu'il faisait des démonstrations de crises
d'hystérie quelque peu scénarisées. Enfin le mardi soir son épouse organisait des réceptions
dans leur hôtel de Varengeville.
Ainsi nous avons pu examiner la transcription des leçons du mardi matin qui pour rendre
les choses plus naturelles était imprimée en caractères cursifs !!!
On a vu un ouvrage sur l'hystérie écrit par Freud en allemand en 1885 et dédicacé en
français car Freud avait fait un stage de quelques mois dans le service de JM Charcot.
Nous avons eu en mains et pu admirer un très bel ouvrage de Vicq D'Azyr (1748-1794) :
traité d'anatomie et de physiologie contenant des gravures peintes à la main (aquarelle)
Ouvrage d’Albert Londe © UPMC
Un ouvrage de travail d'Albert Londe montre des gravures anciennes des 15ème et 16ème
siècles sur des personnes en crise avec des commentaires manuscrits, son tampon et sa
signature.
Enfin nous avons pu voir des ouvrages aussi variés que "Malus Malificarum" (le marteau
des sorcières du 15ème siècle) écrit par un inquisiteur pour aider les juges à déterminer les
caractéristiques des sorcières, "L'art du sport" de Hiéronimus médecin du 16ème siècle qui
a écrit sur les bienfaits du sport (antique) avec des gravures superbes, La somnambule pièce
du 18ème siècle ... D'autres fonds de peintures, sculptures et manuscrits sont conservés à
l'université Pierre et Marie Curie ainsi que des reproduction en cire de certaines pathologies
au musée de l' APHP (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris). Elles sont en cours de
réhabilitation.
Stéphane Chabrel (N70)