Tosca » en clair-obscur à lâ opéra de

Transcription

 Tosca » en clair-obscur à lâ opéra de
Une « Tosca » en clair-obscur à l’opéra de Marseille
13.3.2015 г.
S'abonner au bulletin
Une « Tosca » en clair-obscur à l’opéra
de Marseille
Les derniers articles
de Jean-Luc Vannier
Carlos Almaguer (Scarpia). Photographie © Christian Dresse.
Marseille, 12 mars 2015, par Jean-Luc Vannier ——
Une nouvelle production de Tosca, l’un plus célèbres opéras de Giacomo Puccini
créé au Théâtre Costanzi de Rome le 14 janvier 1900, est toujours un événement.
La cité phocéenne présentait, mercredi 11 mars, la première d’une version mise
en scène par Louis Désiré avec une note d’intention particulière : « il s’agissait du
dernier jour, des dernières heures des quatre personnages principaux. Vivre ses
derniers instants sans le savoir, a ouvert mes yeux sur une vision particulière ».
D’où la volonté du metteur en scène de faire évoluer les protagonistes dans des
ambiances lumineuses de clair-obscur signées Patrick Méeüs. Lesquelles
accentuent l’inquiétante pénombre des décors glaçants : « Comme si le présage
de sa puissance – celle de l’abominable Scarpia – allait tout écraser ». Les
rutilants costumes censés magnifier la puissance de l’Eglise dans le superbe
chœur « Adjutorium nostrum » du premier acte cèdent la place à des sinistres
chasubles gris-bleus, le cabinet privé de Scarpia au second acte baigne dans
l’obscurité et Mario Cavaradossi chante à l’acte III son désespoir entre les grilles
serrées d’un cachot. Seule l’ingénieuse présence d’un balcon à l’acte II apporte,
comme un filet d’air frais dans l’été irrespirable de Rome, un mince espoir
salvateur.
Louis Désiré gagne effectivement son « p a r i d’une Tosca
« Une tragédie florentine » et
« Pagliacci » : le drame de
la jalousie immortalisé à
l’opéra de Monte-Carlo (20
fév. 2015)
Rencontre avec Marc Adam,
directeur artistique à l’opéra
de Nice : « mon travail à
Nice n’est pas terminé ». (13
fév. 2015)
M a r i o n Cotillard
et
l’orchestre philharmonique
de Monte-Carlo sous la
direction de Kazuki Yamada
transcendent « Jeanne d’Arc
au bûcher » (8 fév. 2015)
cinématographique, comme vue par une fenêtre indiscrète, avec de soudains
gros plans et des mouvements montrant plusieurs angles du même endroit ».
Certes, le concepteur avait déjà travaillé sur une Tosca niçoise sous la direction du
Maria et Natalia Milstein
célèbrent avec talent le
Nouvel An russe à la Villa
Ephrussi de Rothschild (24
janv. 2015)
metteur en scène Paul-Emile Fourny en janvier 2008. Peut-être regretterons-nous
qu’autant d’investissements féconds pour un éprouvé d’atmosphère puissent
s’exercer aux dépens du dynamisme scénique : un reproche que nous avions déjà
formulé pour son travail dans U n ballo in maschera à Monte-Carlo en janvier
2010.
Ro s s i ni et les voix de
« Guillaume Tell » magnifient
la liberté à l’opéra de MonteCarlo (23 janv. 2015)
http://musicologie.org/15/une_tosca_en_clair_obscure_a_l-opera_de_marseille.html
1/4
Une « Tosca » en clair-obscur à l’opéra de Marseille
13.3.2015 г.
Après la Méthode rose, la
Méthode Elvira & Natalia ?
« Faust » de
JeanChristophe
Maillot
au
Grimaldi Forum : damnation
ou rédemption de Bernice
Coppieters ? (31 décembre
2014)
Un « Elisir d’amore » frais et
tonique à l’opéra de
M a r s e i lle (28 décembre
2014)
Adina Aaron (Tosca), Giorgio Berrugi (Mario Cavaradossi), Carlos Almaguer
(Scarpia). Photograpahie © Christian Dresse.
La réussite de la direction musicale ne nous surprendra guère : Fabrizio Maria
Carminati avait brillamment dirigé cette œuvre à l’opéra de Nice, s’essayant pour
la première fois en 2008 au répertoire de Puccini, lui qui était plutôt un habitué de
Donizetti. Outre une bonne coordination des chœurs et d’un orchestre de l’opéra
dont les percussionnistes ont envahi jusqu’aux loges latérales, les rythmes sont
équitablement tenus et les nuances interprétatives s’adaptent efficacement aux
artistes. La distribution appelle en revanche des remarques contrastées. Le rôletitre déçoit : que s’est-il donc passé avec la soprano américaine Adina Aaron,
réputée « en grande forme » lors de la générale et qui, malgré de très belles
envolées dans les médiums, bloque systématiquement dans cette première sur
ses notes aiguës qu’elle rend voilées ? Elle réduit l’intensité lyrique de son « al mio
dolor / d’amor » pendant son duo avec Mario à l’acte I lorsqu’elle implore son
pardon pour sa jalousie obsessionnelle. Elle manque son puissant contre-ut au
deuxième acte dans sa confrontation avec Scarpia et compense la surprenante
faiblesse de son « vissi d’arte, vissi d’amore » par une note filée terminale. Elle
reproduit d’ailleurs un « symptôme » identique lors de son ultime duo avec son
amant au troisième acte. La presse spécialisée a récemment rendu compte de
son interview polémique au Chicago Sun Times sur « les chanteurs qui ne font
pas d’exercice…si on prend trop de poids…si l’on n’est pas en forme ». Sa
silhouette très amaigrie interroge : ses longs joggings quotidiens sur la Canebière
nonobstant les représentations et les contraintes auto-imposées de son régime
alimentaire auraient-ils eu des conséquences néfastes sur son équilibre vocal ?
Le Ballet du Théâtre Bolchoï
et
«
La
mégère
apprivoisée » de J.C. Maillot
ouvrent brillamment l’Année
de la Russie à Monaco (20
déc. 2014)
Emanuel Gat et sa vivifiante
« plage romantique » au
Monaco Dance Forum (19
dcéc. 2014)
L
a matière
humaine
interrogée par Compagnie
La Veronal au Monaco
Dance
Forum (18 dcéc.
2014)
Cadavres
chorégraphiquement exquis
de Sidi Larbi Cherkaoui et
Yabin Wang à l’opéra de
Monte-Carlo (13 déc. 2014)
S u p e r b e s « Variations
Goldberg » par le Trio —
monégasque — à cordes
Liza Kerob, Thierry Amadi et
Cyrille Mercier (7 déc. 2014)
Mimoza Koïke, Bruno Roque
et Gaëtan Morlotti des
Ballets de Monte-Carlo
dansent « Ma vie » de Marc
Chagall (6 déc. 2014)
L e ténor José Cura à cœur
ouvert à l’opéra de MonteCarlo (3 déc. 2014)
E s c a p a d e brésilienne en
pleine année russe pour
l’orchestre philharmonique
d e Monte-Carlo (1er déc.
2014)
Carlos Almaguer (Scarpia), Adina Aaron (Tosca). Photographie Christian
Dresse.
Le jeune chef ouzbek Aziz
Shokhakimov « dompte »
l’orchestre philharmonique
Ses deux partenaires masculins se révèlent, en revanche, irréprochables. Giorgio
http://musicologie.org/15/une_tosca_en_clair_obscure_a_l-opera_de_marseille.html
2/4
Une « Tosca » en clair-obscur à l’opéra de Marseille
13.3.2015 г.
Ses deux partenaires masculins se révèlent, en revanche, irréprochables. Giorgio
Berrugi campe un admirable Mario Cavaradossi : la tonalité chaude, très intimiste,
de ses accents lyriques accentue la fragilité tourmentée du personnage. En
témoigne son « Il mio solo pensiero, Tosca sei tu ! » au premier acte où le ténor
romain privilégie l’insouciante légèreté de l’artiste amoureux tout comme son « E
lucevan le stelle » de l’acte III se termine par un « E non ho amato mai tanto la
vita ! » pétri d’un cruel désespoir et ponctué par une ovation légitime du public
marseillais. Dans l’interprétation de Scarpia, Carlos Almaguer n’est pas en reste
dans l’estime des mélomanes : le baryton mexicain conserve l’indispensable
puissance vocale — graves bien charpentés, projection imperturbable et
modulations fièrement maitrisées — qu’il sait agrémenter, soit des justes
intonations sadiques au premier acte où sa ruse perfide « Scarpia a lâché le
faucon de la jalousie » domine aisément les chœurs, soit des perverses
délectations libidinales au second « Si je dois trahir la foie jurée, je veux un autre
salaire ». Mentionnons pour terminer les bonnes prestations de Jacques
Calatayud (Le sacristain), d’Antoine Garcin (Angelotti) et de Loïc Félix (Spoletta).
Lesquels, avec la Maîtrise des Bouches-du-Rhone, justifient l’enthousiasme pour
cette Tosca dont l’œuvre, comme le rappelle Louis Désiré, « n’a jamais cessé de
plaire depuis cent quinze ans ».
de Monte-Carlo avec une
athlétique « Shéhérazade »
(24 nov. 2014)
Tout
Giorgio Berrugi (Mario) , Adina Aaron (Tosca). Photographie Christian Dresse.
Marseille, le 12 mars 2015
Jean-Luc Vannier
http://musicologie.org/15/une_tosca_en_clair_obscure_a_l-opera_de_marseille.html
3/4
Une « Tosca » en clair-obscur à l’opéra de Marseille
À propos
Contact
Statistiques
Recherche dans le site
S'abonner au bulletin
Liste musicologie.org
Collaborations éditoriales
13.3.2015 г.
Biographies
Encyclopédie musicale
Articles et études
La bibliothèque
Analyses musicales
Colloques & conférences
Universités françaises
Flux rss
Soutenir musicologie.org
Actualités musicales
Nouveaux livres
Nouveaux cédés
Agenda
Petites annonces
Téléchargements
Presse internationale
ISSN 2269-9910
© musicologie.org 2014
Jeudi 12 Mars, 2015 20:39
http://musicologie.org/15/une_tosca_en_clair_obscure_a_l-opera_de_marseille.html
4/4

Documents pareils