L`inoubliable Hamina

Transcription

L`inoubliable Hamina
ASARU
Hommage
CINEMA
Festival de Cannes et l'IMA lui rendent un vibrant hommage
L'inoubliable Hamina
Deux importantes manifestations ont
mis à l'honneur l'œuvre
cinématographique de MohamedLakhdar Hamina. Le 56ème festival de
Cannes lui a rendu un vibrant
hommage avec la projection de
Chronique des années de braise,
précédée de la montée des marches de
l'auteur de la Palme d'Or. L'Institut
du monde arabe (IMA) a consacré,
pour sa part, toute une rétrospective à
ce cinéaste devenu presque une
légende dans le monde du 7e art.
«À l'étranger souvent, pour demander
des nouvelles du cinéma algérien, des
confrères journalistes demandent : Que
devient Lakhdar Hamina ?» Comme si lui
seul, comme une major company, la
succursale algérienne de la Twentieh
Century Fox… », a écris notre confère d'El
Watan, Azzedine Mebrouki, lui qui a
assisté ce jour-là à l'inauguration du cycle
Lakhdar Hamina à l'IMA. Voilà un témoignage aussi net et précis qui confirme la
place dont jouit cette personnalité dans
l'échiquier cinématographique.
Mohamed-Lakhdar Hamina, demeure
ainsi le seul réalisateur arabe et africain à
avoir arraché la fameuse Palme d'Or au
prestigieux festival de Cannes en 1975,
grâce à sa fresque historique au souffle
épique, Chronique des années de braise.
La consécration ne se limite pas à cette
distinction. Le réalisateur a remporté
d'autres prix et récompenses qui l’ont
propulsé au devant de la scène nationale et
internationale. L'œuvre du cinéaste est
connue presque de bout en bout par les
fans du cinéma. La vie de l'enfant de M'Sila
n'est pas aussi étrange auprès du public,
qui connaît les moindres détails de sa
biographie. Le sacrifie et le travail accomplis sont à ce prix. Et la médaille qu'il a reçu
le 25 mars au niveau de l'Institut du monde
arabe pour l'ensemble de son œuvre n'est
pas venue du hasard. Hamina dort sur un
parcours entamé bien avant l'indépendance de l'Algérie.
Après un parcours scolaire entamé en
Algérie et achevé en France, Hamina
découvre sa passion de cinéma au lycée
Carnot de Cannes, où il a partagé, selon
certaines biographes, le pupitre du fils
d'un directeur de la photo. Appelé sous
l'armée coloniale, en 1958, il déserte, pour
rejoin-dre les rangs de la révolution
algérienne à Tunis.
58 / Asaru Cinéma
C'est au maquis qu'il va commencer à
tourner ses premiers films. «Quand je suis
arrivé là-bas on m'a demandé ce que je
savais faire, j'ai dit que j'étais cinéaste" at-il confié à des journalistes. En 1959, il va
bénéficier d'une formation dans le domaine du cinéma. Il a été envoyé par le FLN à
Prague pour suivre des études à l'école de
cinéma, la FAMU, où il se spécialise dans la
prise de vue. Entre temps, il fait plusieurs
déplacements à Tunis, où il tourne avec le
pionnier du cinéma algérien, Djamel
Chanderli, les films Yamina, Le Voix du
peuple et Les Fusils de la liberté. Des
productions, dont la thématique portait,
entre autres, sur la révolution algérienne.
Après l'indépendance, il va prendre en
main les affaires de l'Office des actualités
algériennes, de 1963 à sa dissolution en
1974.
Considéré comme l'enfant de la révolution,
Mohame-Lakhdar Hamina n'aura de cesse
de filmer pour dénoncer les conditions et
l'histoire de ces hommes qui ont lutté pour
l'indépendance. En 1965, il tourne son
premier long-métrage Le Vent des Aurès,
FILMOGRAPHIE
1986 - La Dernière Image
1982 - Vent de sable
1975 - Chroniques des années de braise
1971 - Décembre
1966 - Vent des Aurès
1972 - Hassan Terro
1966 - Le Vent dans les Aurès (Rih al awras)
1961 - Les Fusils de la Liberté
1960 Djazairouna
une véritable odyssée d'une femme partie à
la recherche de son fils emprisonné pendant la guerre, une histoire inspirée de
celle de sa grand-mère. L'actrice Kelthoum
a interprété cette mère courageuse
devenue un symbole pour tous les
Algériens. Couronné du Prix de la première
œuvre au festival de Cannes en 1967, Le
Vent des Aurès est le premier film qui
consacre la présence du jeune cinéma
algérien sur la scène internationale. «Le
Vent des Aurès s'organise en poème de la
terre algérienne, à coup d'images larges et
simples», écrivait le critique de cinéma
Jean-Louis Bory.
L'année suivante, il tourne Hassen Terro,
devenu célèbre aussi. Dans cette production, Hamina passe à un autre genre cinématographique. Considéré comme film
comique, ce long-métrage relate les mésaventures de Hassen, entraîné malgré lui
dans le feu de l'action révolutionnaire.
Interprété par le talentueux Rouiched, ce
film va devenir un véritable phénomène
cinématographique en arrachant une
popularité sans précédent auprès des
spectateurs algériens. Décembre, est son
troisième long-métrage, sorti en 1972.
Hamina y aborde la torture en s'inspirant
de l'histoire de son père, mort sous les
sévices des militaires français.
Mais, c'est en 1974 que le film Chronique
des années de braise va révéler au monde
entier le grand talent d'un cinéaste algérien, ayant réussi à se frayer un chemin
parmi les grandes Nations du 7e art. Cette
grande fresque historique nous entraîne
dans ces terribles années d’avant l'indépendance. «Avec ce film, j'avais eu envie
d'expliquer pour la première fois
comment est arrivée la guerre d'Algérie.
Cette révolte, qui est devenue la révolution
algérienne, est non seulement contre le
colonisateur, mois aussi contre la
condition de l'homme», avait dit à l'époque
Lakhdar Hamina tout en ajoutant :«mon
film n'est qu'une vision personnelle même
s'il prend appui sur des faits précis».
En effet, ce chef d’oeuvre cinématographique est une magnifique épopée d'une
grande force visuelle. Avec elle, il remporte
haut la main la Palme d'or à Cannes en
1975, unique récompense attribuée à ce
jour à un film réalisé par un cinéaste arabe
et africain.
Mohamed-Lakhdar Hamina signe ensuite
deux films : Vent de sable en 1982, et La
Dernière Image en 1985.
Yacine Benyahia