Des poules du diable dans les vignes

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Des poules du diable dans les vignes
Des poules du diable dans les vignes
Publié le 17/02/2015 Par Yann Tourbe
Montgueux et Buxeuil - La poule de La Flèche, qui doit son surnom de « poule du diable » à sa double crête
rouge, vient de faire son apparition dans les vignes de Vincent Couche. Rencontre…
Race ancienne, la poule du diable présente le double avantage d’être lourde (3 à 4 kg) et d’être une bonne gratteuse.
Depuis trois ans, Vincent Couche voulait introduire des poules dans ses vignes. C’est chose faite depuis la semaine
dernière. Une quinzaine de poules de La Flèche (Sarthe), plus communément appelées « poules du diable »,
grattent désormais le sol des galipes montgueuillates du vigneron en biodynamie. Nées en mai de l’année
dernière, elles proviennent de la ferme de La Ruchotte, non loin de Beaune, et sont certifiées Demeter.
Leur surnom diabolique, elles le doivent à une double crête en forme de cornes, discrète chez la poule, nettement
plus proéminente pour les deux coqs qui les accompagnent. Autrefois réputées comme les volailles de Bresse
pour la finesse de leur chair – on pouvait trouver des « poulardes du Mans » sur les meilleures tables de Paris au
début du XXe siècle –, les poules de La Flèche ont manqué disparaître au cours des années 70. Leur croissance
plus lente que celle d’autres races à chair fine a bien failli avoir raison d’elles. C’était sans compter sur quelques
éleveurs moins soucieux de rentabilité que d’originalité qui ont préservé la race.
• Elles tracent des cercles
Pour Vincent Couche, ces poules représentent un double avantage : elles sont lourdes (jusqu’à 3,5 kg pour une
poule, et un kilo de plus pour un coq), et sont donc moins susceptibles de s’envoler qu’une race plus légère
comme la gauloise dorée à laquelle il avait pensé un temps, et ce sont de bonnes gratteuses. Par contre, « ce ne
sont pas des grosses pondeuses », même si une d’elles choisit ce moment précis pour laisser un œuf à deux pas
de lui.
« Pour l’instant, ce n’est que du bonheur, » assure le vigneron. Non loin, les poules tracent des cercles autour de
l’équipe de taille, se faufilant sous les fils de palissage, grattant la terre au pied des ceps de chardonnay encore
en dormance. Vincent Couche se baisse et désigne un pied de vigne : « Vous voyez ? » demande-t-il. Et,
effectivement, les traces de grattage sont nettes autour du cep. Il ne s’agit pas simplement de faire joli, même
si la présence des poules est un agrément réel pour les personnes qui travaillent dans les vignes. « Elles aident
aux vignes. » Plus que de « poules du diable », Vincent Couche et son équipe préfèrent d’ailleurs parler de
« chicken team » quand ils se réfèrent à la petite troupe de gallinacées aux plumes noires avec des reflets bleutés
au soleil.
Le vigneron avait prévu de mettre en place des filets pour empêcher les poules de sortir de la parcelle de vignes,
mais cette précaution s’est révélée inutile. S’il est impossible de savoir pourquoi elles choisissent de rester dans
la parcelle de vignes en biodynamie, le fait est qu’elles n’en bougent pas. « Elles se sentent bien ici. »
• 0,7 unité d’azote par poule
Reste qu’un équilibre doit être trouvé entre l’aide apportée par les gallinacées et leur apport en azote, estimé à
0,7 unité par poule (même si ce chiffre suppose que toutes les fientes restent sur la parcelle, ce qui n’est pas le
cas ici). Le vigneron veut continuer les essais, même s’il ne faut pas « trop de poules à l’hectare ». En ceci comme
en beaucoup d’autres choses, le diable est dans les détails.

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