214 - dazibao sud

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214 - dazibao sud
Dazibao
Bulletin d’information du syndicat SUD du Crédit Agricole
REVENIR A L’HUMAIN
En est-on vraiment arrivé à l’anesthésie générale ?
Est-on véritablement sûr que la rivière s’est rendormie
dans son lit ?
Nous avons parfois l’impression d’évoluer tels des zombies au milieu de zombies, en mode pilotage automatique.
Nous mettons notre cerveau de côté, partons au boulot au
radar, mettons un sourire sur notre visage, et encaissons
toute la journée. Difficile de se concentrer pour ne pas
faire un faux pas sur sa posture, ses procédures, ne pas
répondre au chef, ne pas s’embrouiller avec ses collègues, ses clients, ses interlocuteurs…
Le soir, tellement vannés par la tension accumulée, nous
finissons par mater la télé avec des présentateurs aux
coupes playmobils laquées et brillantes comme l’acier, qui
distillent l’information étatique au mépris total de ce qui se
passe réellement dans la rue, dans nos villes et nos campagnes.
Mais méfions-nous de l’eau qui dort … Les manifs du 9
avril quasiment tues dans les médias, ont regroupé en
France près de 300 000 personnes, pour dire NON à
l’Austérité et NON au projet de loi Macron.
Les ZAD (Zones à Défendre) continuent leur travail de
reprise de terres fertiles envers et contre tout.
Des collectifs se montent un peu partout, contre
l’Austérité, contre le TAFTA (en français Traité de libreéchange Transatlantique)…. Une autre voie est possible.
Mai 2015
Nos journées de formation “Et voilà le travail” courant avril
ont regroupé de nombreux militants pour se former aux
problématiques de santé au travail, trouver ensemble des
solutions d’actions pour étendre les luttes, rassembler,
élargir et ouvrir la voie pour une autre société.
Non, nous ne sommes pas des zombies. OUI, nous
sommes des êtres humains doués de raison et nous
entendons être traités comme tels. Oui, une autre société
est possible, oui, une vie meilleure est possible. Et oui, il
existe des alternatives au tout financier, à la loi du plus
fort, aux actionnaires qui encaissent toujours plus. Depuis
le temps que l’on rend le travail flexible, à coup de lois
venant tout droit du MEDEF, y-a-t’il eu des embauches
massives en France ? NON, on a même perdu des centaines de milliers d’emplois !
SUD s’engage pour lutter avec vous pour une entreprise
meilleure, respectueuse de ses salariés et des valeurs
qu’elle prétend défendre. SUD s’engage pour une alternative, pour une autre vision du monde, autorisons-nous
l’espoir!
«Nous déclarons notre droit sur cette terre... d’être un être
humain, d’être respecté comme un être humain, d’avoir
les droits d’un être humain dans cette société, sur cette
terre, en ce jour, que nous entendons faire naître par tous
les moyens nécessaires» n ( Ndlr Malcolm X)
N° 214
Vas-y Francky !
Notre DGA est passé dans certains services du siège bordelais. Chaud comme la braise, il a foutu l’ambiance en
expliquant aux salariés que, tant au siège que dans le
réseau, c’était fini la glandouille, le confort et le cul dans
la graisse. La maxime du crédit agricole n’est plus « le bon
sens a de l’avenir » mais « l’avenir est à la productivité
plus, avec iso moins. ». Et attention ! Notre chef de guerre
ne veut ni pleureur, ni chafouin, faut travailler dans l’inconfort, ça motive ! Pour être performant, il faut avoir faim...
S’il y a des malades, pas question de les remplacer, les
présents feront le job. Et au lieu de se poser en rassembleur, il n’hésite pas à opposer le réseau au siège. Quant
aux organisations syndicales, qu’elles donnent leurs avis
en instance, (puisque la loi le permet encore) de toute
façon, la direction n’en a rien à battre. Allez ! Vas y
Francky vas y Francky c’est bon ! Vas y Francky c’est bon
bon bon ! Allumes nous quelques mèches et on se charge
de foutre le feu !!
Alternative Economique :
et si on embauchait ?
Pour faire simple et binaire, quand les volumes à produire
et l’activité augmentent on peut soit embaucher pour traiter le surplus soit réorganiser, optimiser, mettre des processus sous surveillance…
C’est marrant, parce que les points de vue divergent.
Côté salarié : on opte pour la 1ère solution car c’est immédiat et ça soulage là où ça fait mal, ça fait du boulot pour
ceux qui n’en ont pas, ça crée de la consommation et de
l’espoir, c’est citoyen. En plus, à coup de 120 millions d’€
de bénéfices par an, on peut bien toucher à la cagnotte, il
en restera encore…
Côté patron : c’est toujours la 2ème option qui est retenue, c’est plus long, parfois coûteux, c’est les salariés qui
s’y collent, ceux dont la coupe est déjà pleine, mais, plus
durable, quoique, y a les accros du changement. Et puis ,
on ne veut surtout pas utiliser le CICE (Crédit D’impôt
pour la Compétitivité et l’Emploi) pour embaucher et on ne
veut pas non plus toucher au trésor accumulé !
Je suis le 4ème ...
Un MUST
C’est le nom de code du programme de réduction des
charges prévu jusqu’en 2016. Tout ça pourquoi ? Ben
pour gratter quelques points au coefficient d’exploitation…puisqu’il parait qu’on n’est pas au niveau des cousins d’outre manche. MUST le programme qui nous permet entre autres, NICE. Fabuleux n’est-ce pas ? En terme
d’économie, à part celles faites sur le dos des emplois, on
ne peut pas dire que l’informatique nous ait fait gagner en
productivité. Un Must quoi ?
L’aNODe ou la Cathode
Les principes basiques de l’électricité ne sont pas forcément connus de tous. Petit rappel la NODe, ne pas
confondre avec Nouvelle Organisation Distributive, est
une réaction chimique d’oxydation qui émet des électrons
: nous l’appellerons ici “boulot”. La cathode, c’est celle qui
reçoit les ions. Ici pas question de parler d’argent, les
seuls ions que vous recevrez, c’est toujours plus de boulot, quand cela ne sera pas des reproches. Rien ne se
perd, rien ne se crée, tout se transforme n
Dazibao
L'an dernier, nous avions demandé à la DRH, combien de
salariés du CA Aquitaine avaient souscrit au PERCO. La
réponse avait été 3 !
Il faut savoir que ce placement pour la retraite a été
adoubé par la CGC et notre DRH. Autant dire que ces
messieurs dames nous vantent les avantages de se
constituer une retraite au cas où le système de répartition
serait devenu obsolète ou trop ringard. Mais 3 salariés
quand même, ça sent le : faites ce que je dis mais pas ce
que je fais !!
SUD n'était pas favorable au PERCO, car nous trouvons
que la retraite financée par les cotisations sociales, c'est
mieux. De plus, créer un support de placement bloqué
jusqu'à la retraite alors que nos salaires ne nous donnent
pas les moyens d'épargner, c'est sans intérêt ! Augmentez
nos salaires, nos retraites augmenteront !
Mais voilà, je n'ai pas lu attentivement mon bulletin CAELS. Croyant que sans réponse de ma part, le montant de
ma participation serait viré sur mon compte rémunéré,
j'eus la surprise de la retrouver pour moitié, dans le PEE
et pour l'autre moitié, dans le PERCO. J'ai pas lu jusqu'au
bout, ma vue m'a trahi pour lire les petites lignes sur mon
bulletin qui me l'indiquaient ! Ok, j'aurais dû être plus
attentif et ne pas cliquer trop rapidement, car j'étais ric-rac
au niveau du délai mais, de là à me positionner une partie des fonds dans le PERCO, ça fait un peu "vente forcée" !
Voilà comment on se retrouve le 4ème souscripteur d'un
PERCO n
Réunionite
Vous avez tous remarqué que nos directeurs et chefs de
services sont très souvent en réunion, prêts à nous organiser une nouvelle fois notre travail. Parfois même, nous
nous demandons où ils sont et ce qu'ils font ...Cela me
rappelle une citation qui n'est pas de moi :
«Les réunions de travail : La meilleure façon de ne pas le
faire» n
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Respirez !
Le MEDEF et nos patrons sont verts de rage quand ils
comptent le nombre de jours fériés qui tombent en
semaine dans ce mois de mai 2015 :
«Il y a trop de jours fériés dans ce pays»; «Il faut en supprimer» ; «C'est néfaste pour l'économie»; «On ne peut
plus mobiliser les équipes avec des semaines de quatre
jours».
Mais contrairement à ces phrases toutes faites, étude
neurobiologique à l'appui, le psychiatre Michel Lejoyeux
nous explique que : « L'interruption dans le temps de
travail permet de revenir avec plus d'idées, de productivité et de créativité. Ces jours fériés ne sont ni
tout à fait des vacances mais bien plus que des weekends, ces moments chômés se glissent dans les
semaines comme une faveur. On a besoin de ces
jours étonnants qui nous décalent et qui sont un peu
comme un chèque en blanc ».
Eh oui, n'en déplaise au MEDEF il n'y a pas que le boulot
dans la vie !
Nous avons aussi besoin de ces jours fériés qui sont
nécessaires à notre équilibre physique et psychique. Un
peu plus de temps pour faire du sport, pour s'occuper de
ses proches, pour se rapprocher de la nature ou pour
prendre le temps de ne rien faire, c'est bien aussi !
Chers Collègues
Vos élus SUD travaillent actuellement sur le
dossier de la réorganisation. Il nous est communiqué en instance des éléments de travail.
Nous souhaitons mettre à votre disposition un
outil de communication direct et confidentiel
où vous pourrez nous poser vos questions et
partager avec nous votre expérience sur la
réorganisation de notre CR.
Voici l'adresse email où vous pouvez nous
contacter librement :
[email protected]
Très conscients que toutes vos contributions
nous permettront d'avancer dans notre analyse et de répondre au mieux à vos intérêts.
Bien solidairement à tous
Vos élus SUD
L’instant président !
« Nous ne ferons aucun commentaire sur ce sujet », c’est
ce qu’a répondu l’un de nos directeurs adjoints, lorsqu’un
élu SUD au CE de mars dernier a posé la question de
savoir si M BOUIN était pressenti pour remplacer M
BRASSAC à la tête de la fédération. Bé pour le coup, les
commentaires, nous les avons reçus aujourd’hui par messagerie, signés du président. Bien ! Nous voilà soulagés.
En voilà un qui va peut-être s’en sortir financièrement
avec son nouveau boulot ! Jusqu’à présent, il était tellement dans la mouise, que nous étions obligés de lui payer
le gîte, une partie de la gamelle et la voiture de fonction.
Nous voilà rassurés pour lui mais pour nous aussi car,
comme le souligne M GARUZ, dans son message, la priorité de M BOUIN, c’est la CR d’Aquitaine. Nous en
concluons que celle du président, c’est de se foutre de
notre gueule n
Quand les chefs utilisent des jolis mots pour le dire
Pour briller en société (ou à l’apéro), on est parfois tenté d’afficher un peu de culture. Alors on vous propose la
crème, la tapenade ou encore la mousse à étaler sur les toasts de la culture d’entreprise, à la manière d’un glossaire
pour les Nuls.
Collaborateur : salarié, employé, soumis, maillon faible, pion, quantité négligeable,
Optimisation : faire plus et mieux avec iso moins de moyens et surtout en limitant ton libre arbitre = ton emploi est
en danger,
Processus : morceau de ton boulot, découpé façon boucher,
Groupe de travail : méthode participative pour réfléchir soi-même à la solution d’un problème, comme si tu créais la
cage dans laquelle il faudra que tu sois content de t’être enfermé, tout seul comme un grand,
Simplification : façon de réduire tes espaces de liberté pour t’empêcher de faire les choses comme tu penses
qu’elles devraient être faites,
Changement : outil de déstabilisation induit par la perte de ses repères, pour t’empêcher de revendiquer des trucs
légitimes,
Satisfaction client : mesure de ta performance déportée entre des mains externes,
Amélioration continue : moyen de te faire comprendre à quel point tu peux faire mieux et que la solution est en toi,
alors cherche-la !
Journée de convivialité : illustration de la schizophrénie. Journée pas (toujours) synonyme de détente, où tu
marches sur des œufs pour avoir l’air dans le moule et heureux de l’être.
Chut…ils ne le disent pas mais, ça s’appelle le Lean Management (Cure d’amincissement du travail) n
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Tout lasse, tout casse, tout passe !
Accrochez vos ceintures, vos dentiers, vos harnais, vos médocs et/ou séances de psy car, le changement, c’est pour
demain et vous risquez de le sentir passer. La bascule NICE à peine digérée, vous savez de nouveau comment faire
votre travail. Mais, les projets en cours à la Caisse d’Aquitaine, issus du projet d’entreprise ou de NICE ou encore de
projets nationaux vont bousculer cette fragile maîtrise de votre environnement professionnel.
En 2015 on teste, en 2016, on applique !
Au menu des réjouissances, ça donne :
• La NOD (Nouvelle Organisation Distributive) : de nouveaux métiers, de nouvelles pesées de poste, un nouveau
management direct et indirect, changement de portefeuilles clients, redimensionnement des portefeuilles, le périmètre
de vos activités évolue, des mobilités géographiques ou fonctionnelles à la clé, comme ça vous aurez en plus, de nouveaux collègues.
• l’Agence collaborative (Nouveau format d’agence) : un nouvel espace de travail, d’organisation (salle commune
ou en bureau pour recevoir les clients), de mobilités (ce sera les chaises tournantes tous les jours), de nouvelles habitudes pour vos clients à leur faire comprendre.
• la gestion externalisée des valeurs : selon les agences, les secteurs etc… on ne traitera plus toute ou partie des
valeurs… on n’irait pas vers un dégraissage du réseau à terme ?
• la rétribution globale : de nouveaux métiers, donc de nouvelles REC et des nouveaux salaires ; de nouveaux
accords REC et Intéressement, histoire de réduire la part de rémunération variable.
• Le PUC : vous jonglerez bientôt avec 2 interfaces informatiques en phase transitoire à raison de 2 postes par agence
pour vous habituer progressivement avant migration.
Quand on vous dit que tout change … les toiles d’araignée n’ont décidément pas le temps de se poser !
3 QUESTIONS à Patrick Saurin SUD BPCE
SUD : Patrick, tu es membre du CAC (Collectif pour un Audit
Citoyen de la dette). Dans ses publications, le collectif explique
que la dette publique en France ne vient pas d’une croissance
excessive des dépenses publiques. Peux-tu préciser ?
P.SAURIN : Oui en fait, 59% de la dette publique proviennent de 2
causes :
- Le financement de l’Etat sur les marchés financiers à des taux
excessifs, au lieu d’emprunter directement auprès des banques ou
des ménages à des taux plus bas.
- L’exonération des ménages aisés, des grandes entreprises, la multiplication des cadeaux fiscaux et des niches.
SUD : Tu travailles aussi à un Audit sur la dette Grecque, tu te
déplaces souvent en Grèce. Quelle est donc la réelle teneur de
cette dette?
P.SAURIN : le niveau actuel de la dette grecque (plus de 320Md€
représentant 180% du PIB) provient de multiples facteurs, notamment l’héritage de la dictature des colonels qui a vu la dette multipliée
par 4 entre 1967 et 1974. Mais il y a aussi l’exonération fiscale dont bénéficie l’Eglise Orthodoxe et la fraude fiscale
pratiquée par les riches particuliers et les grosses sociétés en toute impunité.
Il est mensonger de dire que les Grecs sont tous des fraudeurs car il faut rappeler que la plupart des salariés (les fonctionnaires notamment) et des retraités ont leur impôt prélevé à la source. La Grèce a également des dépenses militaires très importantes, représentant près du double de celles des autres pays européens.
Il y a encore le poids des taux d’intérêt excessifs payés par la Grèce aux banques.
Ces dernières années, les banques privées ont emprunté à des taux très bas
Dazibao
auprès de la BCE (entre 1% et 0,25%) pour consentir ensuite des prêts à la Grèce
Mensuel édité par l’association
à des taux de l’ordre de 6%, voire de plus de 10% en 2010. Ces mêmes banques
Dazibao
ont transféré ensuite la quasi-totalité de leur risque sur le Fonds Européen de
40, rue Lombard 33300
Stabilité Financière (FESF)
Bordeaux
SUD : Si l’on annule la dette, est ce que les Français devront payer ?
N° ISSN : 1270 –5144
P.SAURIN : En réalité, sur les 42 milliards d’euros pour lesquels la France est
Directeur de publication :
engagée à l’égard de la Grèce, 11,2 milliards le sont sous la forme de prêts entre
Richard GÉRAUD
les deux pays, les 31 milliards restants, représentent une garantie de la France à
Rédacteur en chef :
la Grèce à travers le FESF. En cas de défaut, ces 42 milliards seraient intégrés à
Christophe LAGOGUÉ
la dette de la France et ne coûteraient que le remboursement des intérêts, soit
Composé et imprimé par nos
environ 15 € par an et par Français. Par ailleurs, il serait possible d’absorber facisoins
lement ces 42 milliards sur une seule année sans préjudice pour les contribuables
Prix du numéro : 1,5 €
en France si l’Etat décidait de s’attaquer à la fraude et à l’évasion fiscales qui coûAbonnement annuel : 15 €
tent chaque année entre 60 et 80 milliards d’euros à la France selon une étude
Site : www.dazibaosud.org
du syndicat Solidaires-Finances publiques n
Dazibao
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