Réalisation d`un fantôme de vérification des performances globales
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Réalisation d`un fantôme de vérification des performances globales
SETIT 2005 3rd International Conference: Sciences of Electronic, Technologies of Information and Telecommunications March 27-31, 2005 – TUNISIA Réalisation d’un Fantôme de Vérification des Performances Globales d’une Machine IRM Hatem BESBES et Ridha BEN SALAH Faculté de médecine de Tunis [email protected] Résumée : La multitude des appareils et la complexité de la technique d’imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM) ainsi que l’appareillage associé, ont exigé la mise au point de protocoles standard de contrôle de qualité. Ces protocoles sont réalisés généralement en utilisant un arsenal de fantômes. Ceci nécessite un temps assez long pour réaliser les opérations de contrôle de qualité. Pour abréger ces opérations, nous avons réalisé un fantôme multi-tâches. Nous l’avons fabriqué en polyamide et nous l’avons rempli d’une solution aqueuse de sulfate de cuivre (produit de contraste). Le caractère multi-tâches est garanti par plusieurs compartiments présentant des formes géométriques spécifiques. Ainsi, il permet la réalisation d’un bon nombre de contrôles suite à une seule acquisition 1 Introduction : L’IRM est devenu durant les deux dernières décennies un des piliers majeurs de l’imagerie médicale in vivo. C’est une technique d’imagerie qui fait appels aux propriétés magnétique de la matière. Les images sont formées à partir des signaux qu’on recueillie à la suite d’un échange d’énergie avec les moments magnétiques nucléaires. Les noyaux sollicités en IRM sont ceux de l’hydrogène (proton). L’imagerie par résonance magnétique est considérée comme un repère pour la précision et la bonne qualité d’image. Cette qualité est acquise de la multitude de mode d’acquisition (T1, T2, écho de spin) (Kastler & al, 2000). 2 La machine d’IRM : Le dispositif d’IRM est composé principalement d’une bobine principale générant le champ r magnétique statique B0 à l’origine de l’apparition d’une aimantation induite, de bobine de gradient de champs selon X, Y et Z permettant la localisation spatiale et d’une antenne radiofréquence générant r un champ magnétique excitateur B1 radiofréquence (fig. 1) (Kastler & al, 2000). Le champ magnétique à l’intérieur du volume d’une bobine n’est pas uniforme. Pour obtenir une uniformité de champ, on ajoute d’autres bobines au voisinage de la bobine principale dites bobines de r Shim. Ainsi que le champs excitateur B1 est délivré par des antennes adaptées au volume de la structure à examiner (Kastler & al, 2000). L’association de ce grand nombre de bobines montre bien que la mise au point d’un dispositif d’IRM nécessite la vérification de la conformité d’un certain nombre de paramètres. Ceci est garanti par un ensemble de protocoles de contrôle de qualité. 3 Contrôle de qualité en IRM : Généralement, Le contrôle de qualité est l’ensemble des opérations visant l’amélioration ou le maintient des performances d’un système. En IRM, comme pour toutes les techniques d’imagerie médicale, les protocoles de contrôle de qualité garantissent l’obtention d’images décrivant avec un certain degré de fidélité les structures anatomiques internes explorées. Ainsi, les contrôles concernent la fréquence de résonance, le rapport signal sur bruit, l’uniformité de champ, la linéarité spatiale, la résolution spatiale, l’épaisseur de coupe, l’intervalle entre les coupes, la linéarité du gradient de champ et les temps de relaxation T1 et T2. Les contrôles sont réalisés par l’intermédiaire d’acquisitions faites sur des fantômes adéquats, remplis d’une solution aqueuse contenant un produit de contraste (paramagnétique) comme le CuSO4, le NiCl2 et le MnCl2. Les considérations fondamentales qui dictent le choix des matériaux de conception des fantômes sont les stabilités chimique et thermique avec une densité de proton dans la gamme biologique (Price & al, 1990). Bobine de gradient selon Y Bobine de gradient selon Z Antenne radiofréquence Bobine de gradient selon X Bobine principale générant un champ magnétique statique Patient Figure 1 : Schéma synoptique d’une machine d’IRM. 3.1 Fréqence de résonance 3.2 Rapport signal/bruit (SNR) la fréquence de résonance f0 d’un moment magnétique nucléaire est proportionnelle à l’intensité B0 du champ magnétique principale. Le signal est défini comme l valeur moyenne des pixels dans une région d’intérêt (ROI) moins l’offset. Alors que le bruit est défini comme une variation aléatoire de l’intensité des pixels (Price & al, 1990 ; Edelstein & al, 1986). f0 = γ B 2π 0 Pour la détermination du SNR, on peut réaliser deux acquisitions consécutives sans changement des paramètres d’acquisition. La soustraction pixel par pixel des deux images donne une image de différence. Alors que le signal est mesuré sur une ROI de l’une des deux images, le bruit est défini comme l’écart type (déviation standard (DS)) dans la même ROI sur l’image différence. Ainsi : Avec γ : rapport gyromagnétique caractérisant le noyau résonant. Ce paramètre doit être vérifié à chaque mise en marche de l’appareil. Le fantôme utilisé est un cylindre produisant un signal uniforme (fig. 2). Ce fantôme est également utilisé pour le contrôle du rapport signal/bruit ainsi que l’uniformité du champ (Price & al, 1990 ; Brateman & al, 1986). D SNR= S 2 DS 3.3 Uniformité de champ D ≤ 80% champ de vue. elle exprime la capacité du système à produire une réponse uniforme tout le long du volume à examiner quand le matériau présente des caractéristiques de résonance magnétique homogènes . En pratique, on évalue l’uniformité sur des images présentant un SNR supérieure à 80:1. En effet, on détermine les valeurs maximales et minimales du signal Smax et Smin (Price & al, 1990 ; Condon & al, 1987 ; O’Donnell & al, 1987 ) L ≥ 2 épaisseurs de coupe L Figure 2 : fantôme utilisé pour le contrôle de la fréquence de résonance, le rapport signal/bruit et l’uniformité du champ. 2 ∆= S= S max −S min 2 2 S max +S min 1,5 2 1,25 L’uniformité intégrale : 1 U Σ = 1− ∆ .100% S 0,75 3.4 Linéarité spatiale 0,5 ce terme décrit le degré de distorsion géométrique produit par tout système d’imagerie. Cette distorsion est liée soit à un déplacement des points dans l’image par rapport à leurs positions réelles, soit à une distance incorrecte entre les points sur l’image. Figure 4 : fantôme utilisé pour la résolution spatiale à haut contraste. Le motif consiste en une alternance de régions productrice et non productrice de signaux avec une distance de séparation égale au diamètre du trou (fig. 4). Le fantôme utilisé consiste en une matrice régulière de motif unique (trou, rainure, baguette ou tube) (fig. 3) (Price & al, 1990). L’image sera évaluée visuellement et l’analyse consiste à dégager la plus petite rangée de motifs identifiable (Price & al, 1990). Le pourcentage de distorsion spatiale est donné par : 3.6 Epaisseur de coupe dimension réelle - dimension observé .100% dimension réelle Elle est définie comme la largeur à mis hauteur (FWHM) du profil de coupe. Par ailleurs, le profil de coupe est défini comme la réponse du système à une source ponctuelle en mouvement à travers le plan de reconstruction (Price & al, 1990 ; McRobbie & al, 1986 ; Selikson & al, 1988 ). Plusieurs fantômes peuvent être utilisés pour évaluer l’épaisseur de coupe, la plupart utilisent des variantes de surfaces inclinées. Le fantôme typique est celui à rampe (fig. 5) . La paire de rampe doit garder un angle d’inclinaison θ constant. coupe θ = 90° (Vue de face) (Vue de côté) Figure 3 : fantôme en rainures orthogonales dans une plaque d’acrylique 3.5 La résolution spatiale à haut contraste cette qualité décrit la capacité d’un système d’imagerie a distinguer les différents détails d’une structure en absence de bruit significatif. Image acquise et profil du signal Les fantômes usuels de la résolution spatiale sont composés soit de motif en barreaux ou d’une matrices de trous (fig. 4) (Price & al, 1990).Les trous peuvent avoir une section carré ou circulaire. Figure 5 : fantôme utilisé pour le contrôle de l’épaisseur de coupe. 3 3.7 Position et intervalle entre les coupes 3.9 Temps de relaxation T1 et T2 la position d’une coupe (offset) est définie comme le point milieu du FWHM du profil du signal. Alors que l’intervalle entre les coupes est définie comme la distance entre deux positions successives. T1 et T2 sont respectivement les temps de relaxation longitudinal et transversal. Ils constituent des constantes caractéristiques d’une substance donnée. La vérification de ce paramètre est faite par la réalisation de mesures sur des substances standard de temps de relaxation connus (Kraft & al, 1990). Généralement, on utilise le même fantôme que celui utilisé pour le contrôle de l’épaisseur de coupe (fig. 6) (Price & al, 1990 ; McRobbie & al, 1986). 4 Réalisation du fantôme de contrôle des performances générales coupe 2 coupe 1 coupe 3 La multitude des protocoles de contrôle de qualité en IRM fait qu’ils nécessitent un certain nombre de fantômes et différentes modalités d’acquisition. Ceci implique que la vérification des performances globales demande beaucoup de temps. D’où la nécessité de réduire le nombre d’acquisitions. Ceci passe impérativement par la réalisation d’un fantôme qui peut jouer le rôle des différents fantômes évoqués précédemment. Ainsi nous avons réalisé un fantôme qui rempli le maximum de ces caractéristiques. θ = 90° O2 O3 4.1 Choix des matériaux de conception : D3 D2 Coupe 1 Coupe 2 Pour la réalisation de notre fantôme nous avons utilisé comme matériau de conception de l’enceinte du fantôme du polyamide car c’est un matériau non magnétique (fig. 7). Alors que le remplissage de l’enceinte est réalisé par l’intermédiaire d’une solution paramagnétique de sulfate de cuivre (CuSO4) 20 mM. Coupe 3 Figure 6 : fantôme utilisé pour le contrôle de la position et de l’intervalle de coupe. Pour un angle θ quelconque entre les deux rampes l’offset de la coupe est donné par : O= D tg( θ) 2 Figure 7: Les différentes composantes de l’enceinte du fantôme. Les mesures sont faites par rapport à l’isocentre et par rapport au entre de l’image. 3.8 Linéarité du gradient de champ Le fantôme, comme le montre la figure 7, est composé de plusieurs compartiments remplissant chacun un rôle propre dans les opérations de contrôle. Il est composé d’un couvercle et d’une base constituée de quatre compartiments différents : - Un modèle en étoile sur un secteur d’angle 120°. - Deux rampes à escaliers tournants sur deux secteurs symétriques d’angle 60°. - Six tubes sur un secteur d’angle 60°. - Un modèle comportant une succession de trous de diamètres variables (60°). pour la localisation spatiale, on additionne au champ excitateur un champ colinéaire de module proportionnel à la position selon les direction X, Y et Z avec des coefficient de proportionnalité Gx, Gy et Gz. Ces coefficients doivent rester constants dans le long du volume d’acquisition (Condon & al, 1987). Pour la vérification de ce paramètre, on peut utiliser le même fantôme à rampe. On réalise plusieurs acquisitions tout en changeant l’orientation du fantôme à chaque acquisition 4 même profondeur (9mm) mais de diamètres variant de 0,5 à 1,5mm (fig. 11). L’analyse visuelle de l’image d’acquisition transversale au niveau des trous permet d’évaluer la résolution spatiale. 4.2 Le couvercle Le couvercle est constitué de trois segments coniques concentriques et de même angle au sommet (30°). Il permet de vérifier l’homogénéité du champ magnétique statique et la linéarité du gradient de champ ainsi que l’uniformité de l‘épaisseur de coupe (fig. 8). 9° x8 φ 23 1 6 φ 0,6x6 5,2 1,5 1,2 30° 1,2 3 Figure 9 : Vues en coupe du modèle en étoile. Figure 8 : Vue en coupe du couvercle. 4.3 Modèle en étoile 4.6 Secteur de calibrage de T1 et T2 La section qui contient le groupement en étoile est répartie sur un secteur d’angle 120°. Elle est constituée de 9 plaques de longueur 6 cm et de hauteur 3 cm déviées l’une de l’autre d’un angle de 9° (fig. 9). Ce secteur permet la vérification de la résolution spatiale axiale et transversale ainsi que l’épaisseur, la position et l’intervalle entre les coupes pour les coupes longitudinale et sagittales. Ce secteur comprend normalement trois tubes étanches de volume interne 10cm3 et de hauteur 45mm (fig. 12). Ces tubes seront remplis par des substances de T1 et T2 connus et tabulés. 5 Mise en œuvre du fantôme : La mise en œuvre du fantôme nous a permis la mise en évidence de nos prévisions en ce qui concerne ça fonctionnalité. Faute de disponibilité de l’appareil, nous n’avons pu réaliser que des acquisitions transversales avec des épaisseurs de coupes de 3mm qui vont servir, en première étape, à quelques appréciations qualitatives. 4.4 Rampes à escaliers tournants Les deux rampes à escaliers tournant sont constituées chacune de 36 marches de pas 1mm (fig. 10). Elle sert à contrôler l’épaisseur de coupe, l’orientation des coupes et l’intervalle entre les coupes pour les coupes transversales. 5.1 Acquisitions au niveau du couvercle 4.5 Secteur d’évaluation de la résolution spatiale Vu la profondeur des motifs coniques (15mm) et l’épaisseur de coupe choisie (3mm), nous avons pu réaliser 5 images de coupes transversales à ce niveau (fig. 13). Les images obtenues sont sous forme d’anneau concentrique de diamètre variables. Ce secteur permet l’évaluation de la résolution spatiale en faisant des acquisitions transversales sur une plaque comportant quatre séries de trous de 5 L’artéfacts enregistré sur les images est dû à une fuite de solution lors de l’acquisition. 1 +0.1 x 35 1 Figure 12 : Vues de face et de profil en coupe de la plaque à trous de diamètres variables. 1 C1 C2 C3 C4 Figure 10 : Vues de face et de profil de la rampe à escaliers tournants. C5 φ 1,5 φ1 φ 0,8 φ 0,5 Figure 13 : Acquisitions de coupes transversales au niveau du couvercle. Nous avons réalisé une analyse quantitative des images en mesurant les diamètres intérieurs et extérieurs des différents anneaux (tableau 1). Nous avons constaté une certaine régularité de variations (fig. 14). Ce qui montre une linéarité du gradient. Figure 11 : Vues de face et de profil en coupe de la plaque à trous de diamètres variables. 6 Tableau 1 : diamètre intérieur et extérieur des différents anneaux de chaque image de la figure 1. C1 C2 C3 C4 C5 D1 87 86 82,5 81,5 78 D2 75,6 74,5 71 70,5 67 D3 65 64 61 60 56,5 D4 54 53 50 49 45,5 B1 B2 B3 B4 B5 B6 B7 B8 D5 44 43 40,5 39,5 35,5 90 80 Diamètre 70 60 50 40 30 0 1 2 3 4 5 6 Coupe Figure 14: Courbe de variation des diamètres des anneaux en fonction des coupes. Figure 15 : Acquisitions de coupes transversales au niveau de la base. 5.2 Acquisitions au niveau de la base du fantôme 5.3 Acquisitions au niveau de zone homogène Les acquisitions au niveau de la base du fantôme (fig. 15) nous ont donnés des résultats intéressant surtout en ce qui concerne l’épaisseur de coupe et la résolution latérale. En effet, nous avons pu confirmer une résolution latérale optimale au niveau du modèle en étoile (fig. 15-B1-7). Alors que sur la figure 15-B3,6 on peut distinguer distinctement quatre marches de la rampe ce qui montre qu’à ce niveau l’épaisseur de coupe est bien supérieure à 3mm. Pour la résolution spatiale, nous avons pu observer les traces des différents trous sur la figure 15-B5. Ceci ne nous permet pas de lancer des conclusions à propos de la résolution spatiale du moment que ce facteur dépend également de la qualité du film utilisé. L’acquisition au milieu du fantôme au niveau de la zone homogène ne contenant que la solution de CuSO4 (fig. 16) montre une image d’une homogénéité acceptable. 6 Conclusion : Les différentes acquisitions, bien que leur nombre soit relativement faible, ont montré un degré très avancé de la fiabilité de notre fantôme malgré un certain manque au niveau de l’étanchéité. Mais ce problème est facile à résoudre. Entre autre, notre fantôme est actuellement entrain de subir une mise à jour en apportant des amélioration au niveau de la majorité des compartiment. 7 Edelstein WA, Glover GH, Hardy CJ, Redington RW. The intrinsic signal-to-noise ratio in NMR imaging. Magn Reson Med 1986; 3:604–618. Kastler B, Vetter D, Patay Z, Germain P. "Comprendre l’IRM" : Collection d’imagerie radiologique, ISBN 3ème édition : 2-294-00059-5, Masson, 2000. Kraft KA, Fatouros PP, Clarke GD, Kishore PRS. An MRI phantom material for quantitative relaxometry. Magn Reson Med 1987; 5:555-562. McRobbie DW, Lerski RA, Straughan K. Investigation of slice characteristics in nuclear magnetic resonance imaging. Phys Med Biol 1986; 31:613–626. O’Donnell M, Edelstein WA. NMR imaging in the presence of magnetic field inhomogeneities and gradient field nonlinearities. Med Phys 1985; 12:20–26. Figure 16 : Acquisitions de coupes transversales au niveau de la base. Référence Price RR, Axel L, Morgan T, Newman R, Perman W, Schneiders N, Selikson M, Wood ML, Thomas SR. Quality assurance methods and phantoms for magnetic resonance imaging. AAPM Report #28. Med Phys 1990; 17(2):287-295. Brateman L, Jennings LW, Nunnally RL, Evaluations of magnetic resonance imaging parameters with simple phantoms. Med Phys 1986; 13:441–448. Selikson M, Fearon T. Averaging error in NMR slice profile measurements. Magn Reson Med 1988; 7:280284. Condon BR, Patterson J, Wyper D, et al. Image nonuniformity in magnetic resonance imaging: its magnitude and methods for correction. Br J Radiol 1987; 60:83–87 8