Les visons et le putois - Reseau
Transcription
Les visons et le putois - Reseau
4. Autres mammifères aquatiques • Les visons et le putois • La crossope et le rat d'eau • Les exotiques introduits : - le rat musqué, - le ragondin, - le raton laveur extrait de : Lafontaine, Lionel Loutre & autres mammifères aquatiques de Bretagne [Texte imprimé] / Lionel Lafontaine,... ; avec la collaboration de professeur Bryony Coles,... et Didier Montfort, Thierry Lodé... [et al.] ; dessins et illustrations, P. Hamon, A. Jean, S. Montfort... [et al.] ; [publié par le Groupe mammologique breton]. Mèze : Biotope, 2005 (05-Gap : Louis-Jean impr.) - 1 vol. (160 p.-[8] p. de pl.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 24 cm. - (Les cahiers naturalistes de Bretagne, ISSN 1624-1398). Autre forme de titre : Loutre et autres mammifères aquatiques de Bretagne. -Bibliogr. p. 153-157. Webliogr. p. 157. Glossaire. - DLE-20050609-28282. - 599.176 0944 (21) . - ISBN 2-914817-10-X (br.) : 20 EUR. Loutre commune -- France -- Bretagne (France) Mammifères aquatiques -- France -- Bretagne (France) BN 39985779 05-42456 Numéro 18/2005 590. zoologie 4. Autres mammifères aquatiques 4.1. Les visons et le putois 4.1.1. Le genre Mustela Le genre Mustela englobe actuellement en France cinq espèces différentes : la belette (M. nivalis), l’hermine (M. erminea), le putois (M. putorius) et sa forme domestique le furet (M. putorius berberii = M. furo), le vison d’Europe (M. lutreola) et enfin, seule espèce allochtone, le vison d’Amérique (M. vison), échappé d’élevages. Les critères distinctifs permettant de différencier visons et putois sont détaillés ci-après. Les taxonomistes s’accordent pour distinguer quinze sous-espèces chez Mustela vison (Linscombe et al. 1982). Ce sont principalement trois sous-espèces originaires de l’Alaska, du Québec et du Labrador (M.v. ssp vison, ssp melampeplus et ssp ingens) qui ont contribué à la sélection du vison standard d’élevage, Mustela vison Peale et Beauvois ; leur croisement en captivité implique que les visons américains retournés à l’état sauvage présentent des caractères intermédiaires. Le vison d’Amérique est génétiquement éloigné de ses “cousins” de l’Ancien Monde (ci-dessous), et aucune possibilité de croisement n’a jamais été scientifiquement attestée avec. le vison d’Europe (ce dernier peut en revanche s’hybrider occasionnellement avec le putois, comme cela a été observé notamment en Europe de l’Est). C’est au contraire le principe de l’exclusion compétitive, favorisant généralement l’espèce colonisatrice, qui semble prévaloir entre les deux visons lorsqu’ils sont confrontés dans le même biotope (Maran et al., 1998). vison d'Amérique (2n=30) belette (2n=42) putois (2n=40) vison d'Europe (2n=38) Evolution supposée des caryotypes au sein du genre Mustela (entre parenthèses, nombre dechromosomes, 2n = x). hermine (2n=44) ancêtre commun (Mustela paleoerminea) Le vison d’Europe, Mustela lutreola, est, avec le phoque moine (Méditerranée) et le lynx pardelle (péninsule ibérique), l’une des espèces de mammifères d’Eurasie les plus menacées d’extinction. La France possède, en commun avec l’Espagne, la seule population de visons d’Europe occidentale mais celle-ci connaît un déclin rapide. Sa sauvegarde constitue un des principaux enjeux de conservation du patrimoine naturel de notre pays. En 1999, le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement a mis en œuvre un Plan national de Restauration pour cette espèce. L’essentiel des informations ici reprises sur cette espèce sont issues des bulletins d’information de ce Plan, vison infos, diffusés par la MISSION VISON D’EUROPE depuis 2002 ([email protected]). 99 Comment différencier visons et putois ? VISON D'EUROPE (Mustela lutreola) femelle : 400 à 650 g., mâles : 600 à 1200 g. poil de jarre (robe) uniformément brun chocolat poil de bourre brun-gris museau : présence de blanc à la lèvre supérieure et sur le menton ; pas de masque facial VISON D'AMÉRIQUE (Mustela vison) d’après Groupe de Travail “Vison d’Europe”, 2003 - Photos E. Barbelette et V. Sidorovic femelle : 550 à 1000 g., mâles : 800 à 2000 g (ou plus) poil de jarre (robe) de couleur variable poil de bourre brun-gris museau : jamais (ou presque) de blanc à la lèvre supérieure taches variables (voire absentes) sur le menton et le poitrail ; pas de masque facial PUTOIS D'EUROPE (Mustela putorius) femelle : 500 à 900 g., mâles : 700 à 1600 g. poil de jarre (robe) noir, poil de bourre jaunâtre masque facial jaunâtre entre yeux et oreilles contour des oreilles blanchâtre museau : présence de blanc à la lèvre supérieure et sur le menton Au siècle dernier, le vison d’Europe était signalé dans la majeure partie de l’Europe à l’exception de la péninsule scandinave, des îles britanniques et des pays méditerranéens. Depuis, il n’a cessé de régresser. Actuellement, il ne subsiste que des noyaux de population dispersés qui présentent pour la plupart des effectifs réduits. Le plus important, estimé à environ 40 000 individus, est situé en Russie centrale et orientale. Le noyau occidental, localisé dans le sud-ouest de la France et le nord de l’Espagne, est le plus isolé, à plus de 2000 km des visons les plus proches de l’est de l’Europe. En France, la régression a été très rapide. Au début du XXe siècle, il était signalé dans 38 départements et semble avoir été relativement commun. Dans les années 50, il ne se rencontre plus que dans la moitié occidentale du pays, de la Bretagne aux Pyrénées occidentales. Dans les années 80, il n’est plus signalé que sur un peu plus du dixième du territoire national. De 1991 à 1997, une étude fine de sa distribution a été menée par le groupe de travail sur la réparti- 100 4. Autres mammifères aquatiques Présence du vison jusque : début XX e siècle (répartition maximale) 1950-1980 1980-1990 1990-1997 0 50 100 km Régression historique de la présence du vison d’Europe en France (synthèse diachronique, d’après “Groupe de Travail Vison d’Europe”, 2003) tion du vison d’Europe. Les campagnes de capture réalisées dans 17 départements de la façade atlantique ont montré que la situation du vison d’Europe en France était particulièrement préoccupante puisque de nos jours, sa présence effective n’est confirmée que dans sept départements du sud-ouest de la France, soit une régression d’aire de plus de moitié en moins de 20 ans. Le nombre d’individus restants se compte en centaines plutôt qu’en milliers. Le vison d’Europe a-t-il définitivement disparu du nord-ouest de la France ? Le nord-ouest de la France, et particulièrement la Bretagne, figure parmi les “bastions” historiques du vison d’Europe : l’espèce n’a été décrite pour la première fois en France qu’en 1839 et la première mention dans l’ouest par Lesson en 1842 (Chanudet et al., 1966). Souvent dénommé putois des marais, le vison d’Europe était donné comme commun par Lapouge (1896) dans les Arrondissements de Rennes, Redon et Vitré. Il fut également plusieurs fois signalé dans les années 1960 dans le Finistère, ainsi qu’à Plussulien dans les Côtes d’Armor. 101 C’est pourquoi, de 1991 à 1997, nous avons contribué au Groupe de Travail “Vison d’Europe” mis en place au plan national (17 départements) sous l’égide du Ministère de l’Environnement. En Bretagne, plus d’une cinquantaine de sites ont été inventoriés au total (soit moins de 1% du linéaire hydrographique régional). Aucun vison d’Europe n’y a été capturé (de même qu’en Basse-Normandie et Pays de la Loire). Après six ans, tous les visons d’Europe capturés l’ont été au sud de La Rochelle... François Cloarec, d’Irvillac (cf. § 3) montre ici un “tour de cou” confectionné à partir de deux visons d’Europe qu’il avait piégés près de sa ferme dans les années 60. Deux visons taxidermisés, exposés dans une crêperie du centre Bretagne, dont l’un d’eux ressemble fort à un vison d’Europe. (photos L. Lafontaine) Photo J.C. Zuliani La tentation a donc été grande de conclure, peut-être un peu hâtivement, à la disparition de l’espèce dans le nordouest, et notamment en Bretagne. Mais déjà Th. Lodé (1992) a identifié formellement en 1992 un cadavre de vison d’Europe sur un affluent de la Vilaine, à la limite Morbihan / Loire atlantique. C’est pourquoi, compte tenu d’un très faible échantillonnage qui repose sur un nombre limité de visons d’Europe capturés, et des enjeux patrimoniaux en cause, il semble encore aujourd’hui prématuré, au plan scientifique, de conclure à une disparition définitive de l’espèce dans le nord-ouest de la France. Ainsi, à l’occasion de l’annonce du démarrage du Plan de Restauration du Vison d’Europe, sous l’égide du Ministère de l’Environnement, un nouvel appel à témoins dans la presse régionale, en janvier 2003, a permis de recueillir plusieurs témoignages encourageants, notamment en provenance de l’ouest du Morbihan. Ainsi le Président de l’Association des Piégeurs Agréés du Morbihan a écrit avoir capturé deux jeunes visons d’Europe sur le bas-Scorff en 1996 ! Malheureusement, ces spécimens ne semblent pas avoir été conservés, ou auraient disparu. Quelques photos (ci-contre) sembleraient plutôt accréditer le fait qu’il s’agirait de jeunes putois... En l’absence des cadavres, il est difficile de trancher, mais cela confirme en tous cas le bien-fondé de continuer encore à rechercher l’espèce et multiplier les contacts, aussi en Bretagne ! 102 4. Autres mammifères aquatiques Les visons sont des mustélidés de taille moyenne, semblable à celle d’un furet, au corps long et serpentiforme, aux pattes et aux oreilles courtes. Ce sont les seuls du genre Mustela à posséder des pieds postérieurs sub-palmés, soulignant une adaptation à la nage. La forme sauvage est dotée d’une fourrure uniformément brun foncé, y compris le poil de bourre, à la différence de celui du putois, généralement jaunâtre. La sélection des visons d’élevage fait apparaître des colorations très variables du pelage, du blanc pur aux divers tons de gris et de brun (White, Pearl, Silverblue, Pastel, Platine, Saphir... etc.). Ces variétés survivent rarement longtemps à l’état sauvage. Si en captivité certains mâles peuvent peser plus de trois kilos, la corpulence des visons américains est dans la nature sensiblement plus faible. Les mâles sont nettement plus gros que les femelles, et la queue mesure en moyenne 30% de la longueur totale de l’animal. Il y a peu de différence entre la morphologie externe du vison d’Amérique et celle du vison d’Europe : ce dernier est plus petit et moins corpulent, son poids n’excède pas 1,2 kg. La seconde différence tient à la présence d’une tache blanche localisée sous le menton chez le vison américain alors qu’elle fait le tour des lèvres chez le vison européen. Ce critère ne s’avère pas toutefois totalement fiable puisque certains visons américains peuvent avoir également des taches blanches à la lèvre supérieure (Birks, 1988). Ajoutons également que celui-ci peut être parfois pourvu de taches pectorales ou abdominales de configuration très variable ; rares ou absentes chez Mustela lutreola en France. Enfin, certains putois, dont la livrée peut être très sombre et le masque facial très estompé, ont parfois été pris pour des visons d’Europe : dans le cas du putois, le rebord des oreilles est (presque) toujours blanc. Le vison d’Europe présente une morphologie typique de mustélidé : corps élancé, pattes courtes, cou peu différencié, tête légèrement aplatie, museau assez court, oreilles peu saillantes. Les mâles adultes pèsent de 600 à 1200 g. et les femelles de 400 à 650 g. On le reconnaît essentiellement à son pelage brun-chocolat, uniforme, avec un poil de bourre gris. L’extrémité de la queue et les pattes sont plus sombres, presque noires. Seuls le menton et la lèvre supérieure présentent une tache blanche. Il peut facilement être confondu avec des putois sombres ou noirs (dits mélaniques) chez qui le masque facial a totalement disparu. Le critère de distinction le plus constant est alors la couleur jaune du poil de bourre chez le Putois. On peut également le confondre avec le vison d’Amérique, élevé en France pour sa fourrure depuis l’entre-deux-guerres et qui s’est implanté dans de nombreuses régions à partir d’individus échappés des élevages. Les deux espèces ont la même couleur et la même allure générale, mais le vison d’Amérique est nettement plus gros. Le critère de distinction le plus utilisé est la forme de la tache blanche du museau qui n’est presque jamais présente sur la lèvre supérieure chez le vison d’Amérique. Ces différences morphologiques externes, très subtiles, justifient la plus grande prudence pour une identification de terrain : un examen détaillé des os crâniens permet de se forger une certitude pour distinguer plus particulièrement le vison d’Europe du vison d’Amérique. Trois éléments principaux permettent une diagnose : • Les bulles tympaniques sont plus longues et plus aplaties chez le vison d’Europe ; de profil, leur extrémité antérieure forme un angle aigu avec la base du crâne (dessin page suivante). • Le rapport entre la longueur totale du crâne (condylobasale) et celle de la bulle tympanique est inférieur à 3,6 chez le vison d’Europe et supérieur à ce chiffre chez le vison d’Amérique. • Le foramen infra-orbital est ovoïde chez le vison d’Europe, celui du vison d’Amérique est pourvu d’une crénelure sur son bord interne. 103 Dessins d'après Mazak, 1963. Vison d’Europe Vison d’Europe 4.1.2. Vison d’Amérique Vison d’Amérique Habitats - indices de présence Les visons colonisent un large spectre de milieux aquatiques : marais, rivières, étangs, estuaires, côtes marines. Ils semblent avoir une prédilection particulière pour les rives pourvues d’une végétation dense à saules et à aulnes, où les potentialités de gîte sont plus nombreuses (Mason et Macdonald, 1983). L’espèce peut toutefois aussi être trouvée assez loin de l’eau, particulièrement pendant le rut (févriermars), époque durant laquelle les mâles se déplacent beaucoup, ou à la fin de l’été, quand les jeunes visons sont en quête d’un domaine vacant (Birks, 1986). Les gîtes sont d’une part des terriers généralement creusés par d’autres espèces (lapin, rat musqué, ragondin, castor...). Mais le vison peut utiliser toutes sortes de cavités au voisinage de l’eau, excavations naturelles dues au courant dans le système racinaire d’arbres riverains, anfractuosités dans des tas de bois ou des amas rocheux. Ce type de gîtes est particulièrement prisé en bord de mer, ainsi que les terriers de lapin dans les falaises maritimes. Une ou plusieurs galeries aboutissent en général à une chambre unique d’une vingtaine de centimètres de diamètre en moyenne. A l’entrée de ces gîtes, on peut trouver fréquemment de nombreux restes de proies capturées par les visons, particulièrement en été durant l’élevage des jeunes. Ceci constitue un premier indice de présence, relativement spécifique. Les traces de pieds sont constituées de cinq pelotes inscrites dans un ovale, celles des mâles adultes sont plus grandes que celles des femelles adultes (plus de 2,75 cm de long). Les risques de confusion sont toutefois importants car il est très difficile de distinguer les empreintes d’un vison d’Amérique de celles d’un vison d’Europe ou d’un putois (cf. ci-dessus). Les traces de loutre sont sensiblement différentes et ne sont semblables en taille avec celles d’un vison adulte que pour de très jeunes loutres qui ne quittent sauf accident jamais leur mère. Cette particularité est également valable pour les observations directes (dites “par corps”). 104 4. Autres mammifères aquatiques 1 1 2 2 3 3 Différences d'aspect des traces (à gauche) et des "voies" (à droite) de vison d'Europe (1), de vison d'Amérique (2) et de putois (3). (d'après V. Sidororovic, 1994). Pour le naturaliste, les crottes sont donc sans nul doute l’indice de terrain le plus fiable, bien qu’il ne soit pas là encore possible de distinguer vison d’Amérique et vison d’Europe. Leurs crottes sont cylindriques, bien compactes, longues de quelques centimètres et d’un diamètre inférieur à un centimètre. Elles peuvent, aux abords des gîtes, former des crottiers importants et sont en général déposées sur des supports - pierre émergeante, tronc d’arbre - placés bien en évidence, comme le fait aussi la loutre. Mais ses épreintes sont de forme plus irrégulière et nettement moins consistantes, leur odeur caractéristique est également plus doucereuse. Les laissées de putois ont enfin un aspect nettement plus torsadé. Il faut toutefois préciser que ces critères distinctifs dépendent de l’état de fraîcheur du matériel, de ce que les animaux ont mangé, ou des conditions mété orologique s (l e s intempéries altérant leur forme ou leur odeur). Différences d’aspect des crottes de vison (à gauche) Comme beaucoup de musde celles de putois (à droite). Photos L. Lafontaine. télidés, les visons sont des animaux territoriaux dont les sexes vivent séparés la plus grande partie de l’année. Chaque adulte, mâle ou femelle, défend son territoire contre les individus de même sexe. Comme pour la loutre, les dépôts de laissées semblent jouer un rôle prépondérant dans la délimitation des territoires. Le vison est doté de glandes anales qui renferment des composés protéiniques de poids moléculaire élevé, dont principalement le 2,2-diméthylthiétane, un composé sulfuré (Brinck et al., 1983). Ces sécrétions ont un rôle informatif qui 105 renseigne chaque animal sur l’identité et le statut de ses partenaires. La territorialité ne semble se manifester qu’à certaines périodes de l’année. Les mâles et les femelles ne se rapprochent qu’au moment de l’accouplement qui se déroule essentiellement en janvier-février. La reproduction du vison a fait l’objet de nombreuses recherches en captivité et, dépendant du photopériodisme, elle est probablement très similaire pour les populations sauvages. Elle est caractérisée par le phénomène d’ovulation provoquée et celui d’ovo-implantation différée. Il n’y a qu’une seule portée par an, dont la taille varie en moyenne de quatre à six jeunes. La période des accouplements, déclenchée par un photopériodisme de “jours courts qui s’allongent”, s’étend de fin février à la fin mars . Durant cette période, la femelle présente plusieurs cycles œstriens et peut ainsi être couverte à plusieurs reprises, par plusieurs mâles différents. L’ovulation est provoquée par la copulation et la gestation dure de 38 à 76 jours. A une première phase où l’œuf fécondé reste à l’état libre dans l’utérus, succède le développement embryonnaire proprement dit (27 à 33 jours). La durée de la gestation dépend de la date et du nombre d’accouplements successifs : plus ceux-ci sont tardifs, plus la gestation est courte et plus le nombre de jeunes vivants à deux jours est important (Martinet et Allain, in Guégan et Rougeot, 1987). En avril, la femelle s’installe dans un site de mise-bas, qui aura lieu fin avril / début mai. Les nouveaunés, qui pèsent environ cinq grammes, sont nus, sourds et aveugles. Agés d’un mois, leurs yeux s’ouvrent, et ils commencent à ingurgiter des aliments solides. La croissance est rapide et en juillet la différence de taille entre jeunes mâles et jeunes femelles, atteignant environ la moitié du poids des adultes, est déjà bien accentuée. Ils sont totalement sevrés à l’âge de huit semaines et commencent à apprendre à chasser. Fin août, ayant presque atteint une taille adulte, ils s’émancipent pour conquérir chacun leur propre territoire. Cette dispersion, qui peut se prolonger jusqu’en décembre, ne s’étend pas au-delà de cinq kilomètres du site natal pour les femelles mais peut dépasser dix kilomètres chez les mâles (Birks, 1986). Les jeunes sont allaités pendant une dizaine de semaines et se séparent de la mère à la fin de l’été. La maturité sexuelle est atteinte vers l’âge d’un an. 4.1.3. Utilisation de l’espace et du temps Chaque vison résident exploite, en rivière oligotrophe, un domaine individuel de plusieurs kilomètres de cours d’eau. Ceux des mâles sont plus étendus que ceux des femelles. Mais leur taille respective et leur degré de chevauchement dépend aussi d’autres paramètres qui sont la richesse du milieu en proies, les potentialités en gîtes, la densité d’individus et l’intensité des opérations de régulation par l’homme. C’est ainsi qu’en étang eutrophe et sur les côtes marines, où la disponibilité en proies est plus importante, les domaines sont plus restreints et se chevauchent davantage (Dunstone et Birks, l985) Le vison d’Europe exploite tous les types de zones humides, y compris dans des espaces très artificialisés. Les milieux utilisés peuvent être regroupés en cinq grandes catégories : les cours d’eau forestiers, les boisements inondables, les marais, les prairies humides et les ruisseaux traversant les zones agricoles. Afin de mieux connaître le mode d’utilisation de l’espace et les exigences écologiques du vison d’Europe, un programme de suivi par radiopistage a été conduit de 1996 à 1999 dans les Landes de Gascogne. L’ensemble des résultats a montré que : • le vison d’Europe apparaît exigeant en espace : les domaines vitaux peuvent s’étendre de 2 à plus de 13 km de cours d’eau, 106 4. Autres mammifères aquatiques • les animaux utilisent presque exclusivement les milieux inondables de fond de vallée (boisements hygrophiles principalement), • le degré d’inondation semble un critère dominant dans le choix des habitats, quatre d’entre eux sont préférentiellement fréquentés par les visons au cours de leurs périodes de repos (gîte), comme au cours de leurs phases d’activité : - les aulnaies-saulaies à sous-étage clair - les aulnaies-saulaies à grands carex - les marais ouverts - les étangs et cours d’eau La majorité des gîtes sont situés à même le sol, à l’abri d’une végétation dense, constituée le plus souvent par des grosses touffes de carex paniculé ou de molinie, mais également de ronciers. Les autres gîtes sont situés dans une cavité entre les racines d’un arbre, dans un terrier, sur une souche d’arbre recépé (généralement d’aulne), sous un tas de bois, dans un tronc creux ou sous le plancher d’une cabane. 90% des gîtes se trouvent à moins de cinq mètres d’une zone d’eau libre (ruisseau, étang, marais). Près d’un tiers des gîtes est totalement entouré d’eau et seulement 30% des gîtes se trouvent en zone totalement sèche. Les exigences du vison d’Europe en matière d’habitats sont donc essentiellement de disposer de milieux aquatiques fortement productifs (marais, plans d’eau peu profonds, cours d’eau lents) et d’une superficie au moins équivalente à celle des domaines vitaux (bassins hydrographiques). La présence d’une mosaïque de différents types de milieux humides constitue par ailleurs un atout important puisqu’elle permet la diversification des types de proies accessibles et qu’elle augmente ainsi la probabilité de trouver des ressources suffisantes à chacune des périodes de l’année. 4.1.4. Régime alimentaire Les études menées dans le sud-ouest ont montré que le régime alimentaire du vison d’Europe est dominé par quatre types de proies fortement liées au milieu aquatique : • les amphibiens, essentiellement des grenouilles, • les mammifères essentiellement rats ou campagnols amphibies, • les oiseaux et les œufs, • les poissons parmi lesquels dominent les cyprinidés. En revanche, le vison d’Amérique est un prédateur typiquement opportuniste et sa plasticité alimentaire, qui n’exclut pas des possibilités de spécialisation locales et/ou temporaires, explique en partie son aptitude à s’implanter dans les milieux naturels. L’espèce apparaît comme un compromis évolutif entre les mustélidés terrestres d’une part et la loutre d’autre part. Doté de palmures interdigitales et de vibrisses, le vison nage et capture des proies aquatiques comme la loutre, mais son acuité visuelle et sa rapidité sont nettement plus faibles, de même que son aptitude à la plongée. A l’inverse de la loutre qui imprime à son corps un mouvement d’ondulation générale, le vison nage à la manière d’un chien par un simple battement alternatif des membres. Ça n’est véritablement qu’en plongée que la propulsion est assurée simultanément par les quatre membres (Dunstone, 1981). L’espèce déploie en fait dans l’eau deux tactiques de chasse : la première consiste à rechercher les proies sous l’eau mais, ses capacités pulmonaires étant limitées, la plongée ne peut, d’après une étude expérimentale en bassin, se prolonger au-delà de dix secondes. Le vison ne cherchera alors, alternativement, 107 à plonger qu’une fois une proie détectée depuis la surface de l’eau (Dunstone et O’Connor, 1979). Dans ce cas, 70% des plongées ne durent pas plus de cinq secondes (contre 22% dans le premier cas). Morphophysiologiquement plus performante, la loutre est connue pour se focaliser, en nombre de proies capturées, sur le poisson. Le vison, dont les capacités de poursuite sont limitées, est un prédateur éclectique qui prélève alternativement dans le milieu des proies aquatiques et terrestres. Son régime est donc tributaire des disponibilités alimentaires locales et saisonnières, il est également sujet à une variabilité intraspécifique. D’une manière plus générale, l’étude des relations prédateur-proies montre que le vison agit comme un régulateur apte à se reconvertir rapidement dès que les densités d’une espèce-proie tendent à diminuer sensiblement. Le cas du rat musqué semble, à ce titre, significatif : cette espèce constitue une proie préférentielle du vison, tant en Amérique du Nord qu’en Europe de l’Est (elle n’apparaît pas dans les études anglaises puisqu’absente des Iles britanniques). Errington (1954) observe que la prédation du vison sur le rat musqué s’exerce les années ou l’espèce tend à pulluler et seulement à 28% sur des animaux vivants les plus vulnérables (jeunes, adultes surnuméraires repoussés vers les secteurs les moins humides ou soumis à des conditions de sécheresse prolongée). Le reste est constitué de rats musqués déjà morts (épizooties, chasse, collisions routières, etc.). Une modélisation mathématique, s’inspirant des statistiques annuelles données par le marché des peaux de visons et de rats musqués en Amérique du Nord, suggère une alternance mutuelle dans la dynamique des deux espèces (Chan et Wallis, 1978). En bord de mer, les mammifères représentent paradoxalement une part importante du régime, dont principalement les lagomorphes. Viennent ensuite, par ordre décroissant d’apparition, divers poissons littoraux dont la blennie, aisément capturée dans les trous d’eau à basse mer, et le crabe vert. Les visons mâles capturent davantage de grosses proies, d’origine terrestre (les lagomorphes), tandis que les femelles, de moindre taille, exercent leur prédation sur les poissons, les crustacés et les oiseaux (essentiellement passeriformes et petits limicoles). Leur régime respectif ne se recouvre en fait, tout au long de l’année, qu’a 40%, sauf en été lorsque les femelles capturent également de jeunes lapereaux. Les mâles ont un spectre alimentaire globalement moins large que les femelles, le dimorphisme sexuel contribuant à amoindrir la compétition alimentaire. 4.1.5. Quelles menaces sur le vison d’Europe ? La régression générale du vison d’Europe a fait l’objet de plusieurs analyses qui sont interprétées différemment selon les spécialistes. A ce jour, il n’a pas pu être mis en évidence une cause unique qui pourrait expliquer à elle seule le déclin de l’espèce. Il est probable que celui-ci soit dû à la conjonction de plusieurs facteurs agissant en synergie. Quatre causes principales sont généralement évoquées : • La destruction des habitats La destruction des zones humides, qui s’est considérablement accélérée dans la seconde moitié du XXe siècle, a sans aucun doute été très défavorable au vison d’Europe. La dégradation récente de nombreux milieux naturels (pollutions, artificialisation de la végétation,…) s’est par ailleurs traduite par une baisse globale de leur capacité d’accueil pour l’espèce. • Les destructions directes Au cours du XXe siècle, le piégeage pour la fourrure a joué un rôle majeur dans la régression du vison d’Europe. L’espèce est protégée depuis 1976, mais dans certaines régions, des animaux ont continué à 108 4. Autres mammifères aquatiques être détruits accidentellement, par confusion. En Bretagne par exemple, les campagnes massives de destruction de visons d’Amérique ont probablement joué un rôle important dans la disparition du vison d’Europe. Dans les départements où le putois est classé juridiquement « nuisible », il existe également un risque d’erreur d’identification de la part des piégeurs. Certaines infrastructures routières peuvent également être meurtrières. Même si le nombre total de visons victimes de collisions est difficile à estimer, tout facteur supplémentaire de mortalité s’exerçant sur des populations fragiles peut conduire rapidement à une situation irrémédiable. Enfin les campagnes d’empoisonnement des rongeurs déprédateurs par anticoagulants constituent également une menace bien réelle. En effet, ces rongeurs constituent des proies potentielles du vison d’Europe et des intoxications secondaires par consommation d’individus empoisonnés ont largement été mises en évidence chez les carnivores. • La compétition avec le vison d’Amérique Le vison d’Amérique tend à s’étendre de plus en plus en France et il est probable que, si rien n’est fait, il colonisera à terme la totalité des réseaux hydrographiques encore occupés par le vison d’Europe. Sa présence n’est pas souhaitable car il occupe la même niche écologique que le vison d’Europe et il a un effet indirect très défavorable sur celui-ci, du fait de son impact dans les piscicultures et les élevages agricoles. Dès qu’il est présent, des campagnes de destruction sont organisées et il y a alors un risque important de confusion entre les deux espèces. • L’action d’agents pathogènes Depuis quelques années, émerge l’idée que la chute des effectifs de visons d’Europe pourrait résulter au moins en partie de problèmes pathologiques. Une des hypothèses serait que le vison d’Amérique aurait introduit un agent infectieux auquel il résisterait lui-même relativement bien, mais qui décimerait les populations de visons d’Europe déjà fragilisées. La maladie aléoutienne est en particulier bien connue pour affecter les élevages de visons d’Amérique mais de nombreuses autres pathologies peuvent également être incriminées. Le plan national de restauration du vison d’Europe Face à l’urgence de la situation, le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement a mis en place un Plan national de Restauration. Son ambition est non seulement de stopper le déclin actuel, mais également de permettre la recolonisation d’au moins une partie des territoires perdus ces dernières années, par quatre grandes catégories de mesures : • Assurer la protection et la restauration de ses habitats • Poursuivre et développer les recherches en cours afin d’approfondir les connaissances relatives à ses exigences écologiques et aux causes de sa régression • Combattre les causes directes de mortalité et les facteurs de déclin pressentis • Sensibiliser le public, informer les usagers des zones humides et former les gestionnaires des milieux 4.1.6. Le vison d’Amérique en France Mustela vison occupe la totalité de son continent d’origine, l’Amérique du Nord, à l’exclusion du Mexique, du sud-ouest des États-Unis et des terres situées au nord du cercle polaire arctique. Les premières tentatives d’élevage y apparurent dès 1867, puis en Europe à partir de 1925, du fait de la 109 raréfaction du vison européen et que son homologue américain était plus prolifique et pourvu d’une fourrure de meilleure qualité. Mammifères : Son implantation dans les milieux naturels en Europe tient à trois raisons principales (rat musqué & campagnols) 33% • une série d’introductions volontaires dans les pays de l’Europe de l’Est, où plus de 3000 visons, des années 1930 aux années 1950, furent libérés dans la nature afin de renforcer le potentiel de fourrures sauvages, Mollusques Arthropodes • des évasions volontaires en provenance d’élevages en faillite, du fait de l’instabilité du cours des 6% Amphibiens peaux, en particulier durant la seconde guerre mondiale, • des évasions accidentelles en provenance d’élevages insuffisamment hermétiques. Oiseaux de visons, alimentées périodiquement En dépit d’un piégeage parfois intensif, des populations férales (passeriformes) Poissons 29% par de nouvelles évasions de sujets captifs, ont réussi à se maintenir et à accroître leur extension dans (anguilles le milieu naturel. Le vison d’Amérique est actuellement présent à l’état sauvage en Europe de l’Est, & cyprinidés) 31% en Scandinavie, en Islande, au Danemark, au nord de l’Allemagne, dans la quasi-totalité des îles britanniques et en Irlande, en France et enfin en Italie et en Espagne. Lancé en France en 1926 dans les Alpes et dans les Vosges, l’élevage du vison américain a pris son véritable essor vers la fin des années 1950, à partir d’élevages industriels implantés en Bretagne. C’est à ce jour la seule région, produisant chaque année plus de la moitié du cheptel national, où le vison d’Amérique ait réussi à coloniser la quasi-totalité des réseaux hydrographiques. Mammifères (rat musqué & campagnols) 33% Oiseaux (laridés) 4% Mammifères (lapin de garenne) 12% Mollusques (moules) 3% Mollusques Arthropodes 6% Crustacés (crabe vert) 25% Amphibiens Oiseaux (passeriformes) 29% Poissons (anguilles & cyprinidés) 31% Poissons (gobies) 56% Régime alimentaire du vison d’Amérique en Bretagne : eaux douces (à gauche, d’après Gachet, 1990) et bord de mer (à droite, d’après Lafontaine, 1987). Pour chaque catégorie alimentaire, l’espèce majoritairement consommée est entre parenthèses. Une récente enquête réalisée auprès de différents Mammifères de dresser une carte de l’état de la partenaires a permis (lapin de garenne) colonisation du vison12% d’Amérique. Actuellement, trois popuMollusques (moules) 3% Oiseaux (laridés) 4% sont identifiées en France : lations férales • la première a fait souche, à partir de la Bretagne, sur le Massif Armoricain, Crustacés • la seconde est localisée dans le nord du département de (crabe vert) la Charente, 25% • la troisième occupe plusieurs secteurs du sud de l’Aquitaine, en contact avec un noyau de visons d’Europe. Poissons (gobies) 56% Populations férales de visons d’Amérique dans le nord-ouest de la France : situation en 1999 (par communes) d’après ONCFS-DER/UTI 09/02 110 4. Autres mammifères aquatiques 4.1.7. L’élevage du vison © L. Lafontaine Le marché actuel du vison représente plus de 70% du chiffre d’affaire mondial de la fourrure et, comme environ une cinquantaine de peaux sont nécessaires pour confectionner un manteau de vison, la production mondiale s’est fortement accrue en l’espace de trente ans : un million de peaux en 1955, 21 millions en 1967, 40 millions en 1987. A l’heure actuelle, les principaux pays producteurs sont les pays d’Europe de l’Est (15 millions de peaux par an) et le Danemark (10 millions). En France, en 1959, on comptait 600 Bâtiments d'élevage de visons dans élevages artisanaux produisant annuellement le Morbihan 40.000 peaux de visons ; la majorité d’entre eux ont ensuite cessé leur activité du fait de la baisse du cours des peaux et c’est à partir de cette période que l’espèce a colonisé le milieu naturel. La production s’est ensuite restructurée à partir d’élevages plus performants, particulièrement en Bretagne du fait de l’abondance de sous-produits d’abattoirs et de ports de pêche. Les quatre plus gros élevages, dont trois sont implantés dans le Morbihan, détiennent de 10.000 à 50.000 femelles reproductrices et assurent les deux tiers de la production française actuelle (un élevage de visons se compte en nombre de femelles reproductrices et chaque femelle équivaut à 5,25 visons : 4 jeunes pour une femelle, un mâle pour 4 femelles). A la fin du XXe siècle, le cours moyen d’une peau brute de vison s’élevait à environ une trentaine d’euros sur le marché français et une cinquantaine d’euros sur le marché scandinave. En France, toute création ou extension d’un élevage de plus de 2000 visons (soit 380 femelles reproductrices) est soumise à une procédure d’autorisation comportant la réalisation d’une étude d’impact et l’ouverture d’une enquête publique, ainsi qu’un avis favorable de l’inspection des installations classées et du conseil départemental d’hygiène. Ces élevages doivent être situés à plus de 35 mètres des cours d’eau et dotés, si les bâtiments ne sont pas clos, d’une clôture externe d’au moins 1,50 m de hauteur et équipée de portes à fermeture automatique. Toute fuite de visons doit être signalée à l’Inspection des installations classées. Les textes en vigueur prévoient également un plan d’épandage des lisiers (avec tenue d’un cahier), excluant tout rejet direct dans les eaux superficielles ou sur des terres situées à moins de 35m d’un cours d’eau. Espèce carnivore, le vison a des besoins importants en protéines animales, et ses déjections sont riches en éléments organiques et minéraux : leur teneur en phosphore est ainsi de quatre à cinq fois plus élevée que celle du lisier de porc et un élevage de 1500 femelles libère chaque année dans l’environnement 120 tonnes de lisier, dont plus d’une tonne de phosphore (d’après Nasi, 1977, in Guégan et Rougeot, 1987). 4.1.8. Gestion des populations férales Le vison d’Amérique ne semble pas faire l’objet, de manière directe, d’une pression significative de prédation, bien que la loutre soit signalée en Europe de l’Est pour consommer occasionnellement des visons. Concernant la loutre, c’est davantage en terme de compétition que le problème se pose : en Suède, Erlinge (1972) observe qu’en hiver, quand seuls les cours d’eau rapides ne sont pas gelés et que le poisson constitue la principale source de nourriture, la compétition alimentaire entre vison et loutre 111 est la plus vive. Cette compétition tourne à l’avantage de la loutre, morphologiquement plus adaptée que le vison pour capturer le poisson. Erlinge souligne ainsi, que, d’après l’observation du nombre respectif de marquages déposés par les deux espèces, la loutre, lorsqu’elle est bien cantonnée et en densité suffisante, constitue un frein à l’implantation du vison d’Amérique. Cela signifie également que la raréfaction historique de la loutre, tant en Europe qu’en France, ainsi que celle du vison d’Europe, qui a laissé une niche écologique vacante, ont probablement facilité l’installation du vison d’Amérique dans le milieu naturel. Antérieurement considéré comme espèce domestique (c’est-à-dire d’élevage), le vison d’Amérique ne fait partie, selon la loi, de la faune sauvage française que depuis le 26 juin 1987, date à laquelle un arrêté ministériel l’a inclus dans la liste des espèces chassables. Cette décision est intervenue à un moment où l’espèce avait suscité de vives polémiques en Bretagne, suite à plusieurs attaques spectaculaires dans des volières ou des parcs zoologiques. L’arrêté ministériel spécifique du 23 décembre 1987 précisait que, sur proposition des préfets, l’espèce peut être classée nuisible mais restreint sa destruction à l’utilisation exclusive de boîtes-pièges et autres engins similaires permettant la capture des animaux vivants (Article 21 de l’arrêté du 23 mai 1994 sur le piégeage). Il précise en outre que l’article 15 (destruction au fusil) ne concerne pas le vison d’Amérique. Cette disposition restrictive s’articulait sur le risque de destruction non sélective d’espèces protégées telles que le vison d’Europe ou la loutre, et l’article 14 de la loi du 23 mai 1984 stipule qu’en cas de capture accidentelle, ces animaux doivent être aussitôt relâchés. Ces dispositions ont été rendues obsolètes l’année suivante, avec l’arrêté ministériel fixant la liste des espèces susceptibles d’être classées nuisibles par les préfets dans chaque département. En Grande-Bretagne, où le vison d’Europe est absent, des dépenses importantes ont été engagées par le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de l’Alimentation pour tenter d’éradiquer le vison d’Amérique ; plusieurs dizaines de milliers de visons ont ainsi été piégés en l’espace de 20 ans, sans compter les 700 à 800 prises annuelles d’anciens équipages à loutres reconvertis à la chasse à courre du vison. Non seulement, ces efforts sont restés vains et l’extension de l’espèce n’a cessé de s’accroître, mais encore ont-ils contribué à porter davantage atteinte à la loutre, dont la présence oblitère l’expansion du vison (Birks, 1988). Si le vison est certes facile à piéger, ses populations se reconstituent rapidement et il faut une pression de piégeage aussi intensive que prolongée pour éliminer temporairement l’espèce d’un secteur donné, ainsi que Gerell (1971) l’a montré : sur le nombre de visons capturés durant 16 jours dans un secteur de 30 km de long, 80% sont capturés en 8 jours et il faut un effort supplémentaire de 4 jours de piégeage pour en capturer 10 de plus ; et à partir du 12ème jour, le nombre de juvéniles capturés recommence à croître... Doit-on se résigner à ce que le vison d’Amérique fasse désormais partie intégrante de la faune française, tout en déplorant les perturbations écologiques qu’elle peut causer ? Un programme expérimental dans le sud des Landes Le vison d’Amérique constitue une réelle menace pour le vison d’Europe. Dans le département des Landes, sa progression est très rapide et il menace maintenant directement le cœur de l’aire de répartition du vison d’Europe. Un programme mis en place en 2001 a eu pour objectif d’expérimenter la mise en œuvre du contrôle de l’espèce américaine sur un territoire géographique limité. La zone de contrôle a été établie sur le bassin de l’Adour afin de stopper la progression du vison d’Amérique vers le nord. Des campagnes de piégeage spécifiques ont été réalisées par un 112 4. Autres mammifères aquatiques réseau de piégeurs sur environ 10 km de cours d’eau. Le contrôle de la population est assuré par la stérilisation chirurgicale des individus capturés. Les animaux font l’objet d’un dépistage de la maladie aléoutienne et ceux qui sont positifs sont euthanasiés. Les autres sont stérilisés, marqués individuellement et relâchés sur leur lieu de capture. Les comportements territorial et sexuel des animaux étant conservés, leur maintien sur le site limite l’installation de nouveaux individus. Au cours de l’hiver 2001-2002, les campagnes de piégeage ont permis de stériliser et de relâcher 22 individus (11 femelles et 11 mâles), les autres ayant été détruits. Le bilan de cette expérimentation confirme l’intérêt des piégeurs ainsi que leur efficacité sur le terrain. (d'après Vison infos n°2, novembre 2002). 4.1.9. La maladie aléoutienne du vison d’Amérique Les conséquences d’une pathologie font partie des hypothèses pouvant expliquer la régression du vison d’Europe. En réduisant les effectifs des populations, elles pourraient être un facteur de déclin supplémentaire, susceptible d’expliquer l’accélération brutale de la régression de l’espèce. L’hypothèse la plus souvent émise est qu’avec le vison d’Amérique aurait été introduit un agent infectieux, et plus particulièrement le virus de la maladie aléoutienne, dont les caractéristiques et les symptômes pourraient avoir une influence sur les populations de visons d’Europe déjà fragilisées. Cette pathologie virale contagieuse est connue pour sévir dans les élevages de visons d’Amérique. En France, les premiers cas sont reconnus en 1967. L’attention de l’éleveur est généralement attirée par une baisse de productivité de son élevage. Dans les élevages où la maladie sévit sous forme peu grave, le nombre de nouveau-nés paraît normal mais la mortalité avant l’âge de six semaines est très légèrement augmentée. Lors des épisodes plus aigus, la mortalité néonatale et juvénile peut approcher 100% de l’effectif des jeunes. Un bilan sanitaire de la population française de visons d’Europe a donc été réalisé à partir de deux sources de données : • sur les animaux vivants : un prélèvement sanguin permet un dépistage systématique des pathologies les plus sévères des carnivores. Ces manipulations sont étendues à l’ensemble des petits carnivores sauvages (vison d’Amérique, putois, martre, fouine, genette) de manière à faire des études comparatives et à mieux cerner le volet épidémiologique des pathologies. • sur les animaux retrouvés morts, est réalisée une autopsie détaillée afin d’établir les causes directes de la mort des animaux et de faire un bilan sanitaire le plus exhaustif possible. Les analyses ont donc porté en priorité sur le dépistage de cette maladie. Le diagnostic comprend deux étapes : une recherche des anticorps pour mettre en évidence le contact avec le virus, puis, sur les sérums positifs, un dosage de gammaglobulines, un taux supérieur à 20 % caractérisant une évolution pathologique de la maladie. Les premiers résultats montrent que le virus est présent chez toutes les espèces testées. La prévalence est assez élevée : 25% chez les visons d’Amérique, 12 % chez les visons d’Europe et 11 % chez les putois. Des individus positifs sont observés dans les sept départements de l’aire de présence du vison d’Europe, témoignant de la diffusion géographique du virus, ce qui laisse supposer que la transmission par le vison d’Amérique est déjà ancienne. Des analyses complémentaires et la consultation de scientifiques étrangers experts de la maladie devraient permettre d’évaluer plus précisément le niveau d’implication du virus dans la régression du vison d’Europe. 113 • Recommandations pour l’aménagement et la gestion des habitats du vison d’Europe : Il paraissait indispensable que les gestionnaires des milieux naturels puissent disposer de recommandations techniques qui leur permette de mettre en œuvre les actions de conservation essentielles pour le maintien du vison d’Europe. Une brochure technique, basée sur les acquis des études récentes, a été rédigée par le Groupe de travail “Vison d’Europe”. Quatre thèmes sont abordés : • la protection et la restauration des zones humides, • l’aménagement et l’entretien des cours d’eau, • l’aménagement des infrastructures de transport, • la régulation des animaux classés nuisibles. • Dans le sud-ouest, des trous pour sauver les visons ! En période estivale, des femelles de vison d’Europe allaitantes sont régulièrement capturées dans des pièges-cages destinés à la lutte contre le ragondin et le rat musqué, compromettant alors la survie de la portée. Le percement d’un trou de 5x5 cm dans la paroi des pièges, permettant aux visons de s’échapper, a été expérimenté grâce à des groupements de piégeurs. Le suivi a montré que ce type d’aménagement ne réduisait pas l’efficacité du piégeage, que les ragondins et rats musqués ne s’échappaient pas par l’orifice et qu’aucune détérioration n’était constatée. Des modèles de pièges-cages à trous « spécial vison d’Europe » sont donc désormais disponibles chez les principaux fabricants. Enfin, les bilans annuels fournis par les piégeurs dans chaque département devraient permettre : • un suivi régulier des effectifs captures, des fluctuations et des mouvements éventuels, • un contrôle scientifique attentif des captures accidentelles, notamment “douteuses” (visons d’Europe, putois mélaniques, loutres...) afin de mieux réajuster, localement, les modalités de régulation. • une utilisation scientifique du matériel biologique régulièrement prélevé : diagnoses spécifiques, écotoxicologie génétique et analyse du régime alimentaire des espèces. 4.1.10. Le putois d’Europe Avec une fourrure brune à brun sombre, le putois d’Europe Mustela putorius L. 1758 présente généralement une zone de couleur claire très caractéristique sur la gueule donnant l’impression d’un masque. Les putois se caractérisent par un important dimorphisme sexuel de la taille : les mâles sont en moyenne 1,75 fois plus corpulents que les femelles. Il existe trois espèces de putois, en Eurasie le putois d’Europe Mustela putorius et le putois des steppes Mustela eversmanii (Europe centrale), et en Amérique du Nord le putois à pieds noirs Mustela nigripes. Les putois d’Europe s’hybrident avec le putois des steppes (M. eversmanii) ou avec le vison d’Europe. Le furet M. putorius furo, souvent complètement albinos, est une forme domestique dérivant du Putois de Berbérie (M. putorius berberii = furo), qui, échappé en nature, donne des croisements (“métis”) avec le putois, et de multiples formes intermédiaires. Les populations naturelles de putois montrent une importante variabilité de la couleur du pelage, des formes claires aux formes sombres, voire noires (mélaniques), ce qui leur vaut d’être éventuellement confondues avec le vison d’Europe. © X. Grémillet © L. Lafontaine 114 4. Autres mammifères aquatiques Répandus à travers toute l’Eurasie, les putois exploitent principalement les habitats boisés, les bocages et les marais. Les putois possèdent des mœurs essentiellement nocturnes et individualistes, fréquentant un domaine vital de près d’une centaine d’hectares. Ils gîtent dans des cavités, sur les rives des cours d’eau ou entre les racines des arbres. Inféodés aussi aux espaces forestiers, c’est en Bretagne un bon indicateur du bocage. L’espèce peut se reproduire une fois par an entre la mi-mai et la mi-juin, et après une gestation de 42 jours, 3 à 4 jeunes sont élevés par la femelle. Un important programme de recherches sur le putois dans l’Ouest de la France a été mené depuis 1984 par le Laboratoire d’Ecologie Animale de l’Université d’Angers (Pr Th. Lodé, http://sciences.univangers.fr/ecologie/Polecat_fr.html). L’objectif de ces recherches a consisté à caractériser l’influence des contraintes environnementales sur les populations naturelles de putois. • Génétique des populations Les populations naturelles de putois d’Europe montrent une importante variabilité de la couleur du pelage et de la taille, traits souvent associés dans le patrimoine génétique des Mustélidés. Outre des animaux présentant le phénotype typique avec un masque caractéristique, il existe des formes plus petites et sombres. Bien que ces deux formes se côtoient dans le milieu naturel, les putois sombres exploitent principalement les ruisseaux forestiers. Les femelles semblent prédisposées à préférer les mâles de leur propre phénotype. En dépit de la faible variabilité attribuée antérieurement aux Carnivores, les populations de Putois de l’ouest de la France présentent une assez forte variabilité génétique. Des menaces liées au croisement entre putois et furet domestique retourné à l’état sauvage (féral) ont été mentionnées. Le furet, probablement originaire du putois d’Afrique du Nord, présente des caractéristiques génétiques différentes des populations françaises de putois, amplifiées par la domestication. Le sujet est cependant mal documenté en France et mériterait d’être plus sérieusement évalué (Lodé, in litt.) • Tactiques alimentaires Le régime alimentaire des putois reste flexible et le prédateur peut intégrer une grande variété de ressources dans son alimentation, comme les oiseaux ou la charogne. C’est un prédateur généraliste dont le régime reste principalement fondé sur l’alternance de proies de Rongeurs en automne et hiver, et d’une exploitation assidue des grenouilles et crapauds au printemps. Ce sont principalement des espèces comme la grenouille agile ou le crapaud commun, et leur prédation intensive coïncide avec les rassemblements reproducteurs des batraciens sur les sites de pontes. Selon les régions d’Europe, la consommation des grenouilles et crapauds peut varier de manière très importante atteignant plus de 50% du régime alimentaire notamment lorsque le putois exploite les grenouilles rousses. Ce sont principalement des mâles de grenouilles ou de crapauds qui sont consommés et l’impact du putois peut même rééquilibrer les sexes (Lodé 1998, Lodé et al. 2004). En fait, le putois élabore une stratégie de prédation particulière sur les rongeurs et les grenouilles avec changement de proies. Les putois emmagasinent grenouilles ou crapauds dans des réserves alimentaires et montrent une prédation sélective sur les mâles probablement plus facilement détectables à cause de leur chants. Germain Courtay, ancien chasseur de loutres finistérien (cf. § 3.3.2), avait observé que « le terrier permanent du putois se compose d’une salle à manger, chambre et “toilettes”. Dans la salle à manger (parfois assez loin des autres parties de la demeure) on trouve des grenouilles, crapauds ou salamandres, tous les reins cassés, aucun n’est mort de telle sorte qu’ils se conservent et qu’ils ne soient tués qu’avant d’être consommés. ». Le régime d’automne et d’hiver est plus diversifié, bien qu’il se fonde essentiellement sur les petits rongeurs aquatiques (fruits et oiseaux sont peu consommés). Prédominent en général les campagnols, les souris et les rats surmulots (jusqu’à 65% du régime sur des putois vivant près d’exploitations agricoles ; Birks et Kitchener, 1999) et parfois les rats musqués, voire aussi le campagnol amphibie (cf. § 4.2). Une 115 relation saisonnière de prédation du putois sur le lapin de garenne a été avancée (Roger, 1987), mais cette corrélation apparaît partielle et dépend principalement d’une très forte abondance du lapin comme en Camargue par exemple. En fait, le lapin de garenne ne représente qu’une proportion de l’alimentation (au maximum 10 à 30%) et on observe toujours une corrélation entre la consommation du lapin et le pic de myxomatose en été. En soustrayant les animaux malades, le putois agit ainsi en réduisant la prolifération du virus et comme de nombreux prédateurs, participe à l’équilibre des peuplements. • Conservation du putois Le piégeage, la mortalité routière et l’altération des habitats ont entraîné un déclin du putois partout en Europe. En Grande Bretagne et en Italie, les populations sont cantonnées à certaines régions seulement. Personne ne peut prédire comment l’extinction d’une espèce peut affecter l’organisation des écosystèmes naturels, le déclin met en évidence l’altéra- Putois victime d'une collision routière tion des habitats naturels. En fait, le putois est l’un des carnivores les plus victimes des collisions routières et les populations sont souvent morcelées en petites unités isolées. Petit prédateur terrestre, le putois explore particulièrement toutes les cavités et couloirs, et peu farouche, il est souvent le carnivore le plus facile à capturer. Des auteurs ont souligné la sensibilité de ce carnivore au piégeage, mais pour le moment aucune étude n’établit réellement cet impact. La conservation du putois nécessite une volonté pour une meilleure connaissance de l’espèce. Les futurs projets impliquent un développement des connaissances à une échelle locale/régionale, pour les mettre en perspective avec le statut juridique de l’espèce. Des questions telles que l’impact réel du putois sur certaines espèces-gibier comme le lapin, l’impact effectif du piégeage, de même que les causes de sa possible régression, restent posées, et impliquent la mise en œuvre d’études finalisées. Le putois reste une espèce chassable (arrêté ministériel du 26 juin 1987), figurant sur la liste des espèces susceptibles d’être classées nuisibles (arrêté du 30 septembre 1988) ; il a été retiré de cette liste nationale en mars 2002 (avec la martre et la belette), pour y être réinscrit en novembre suivant (en 2001, ces trois espèces étaient classées nuisibles dans 46% des départements français ; Ruette et al., 2002). Ces auteurs remarquent que si la cause première du déclin d’espèces-gibier est à rattacher à l’évolution de l’agriculture et aux modifications du paysage qu’elle a engendrées, celle-ci pourrait avoir favorisé les petits prédateurs opportunistes capables de s’adapter aux modifications du milieu et augmenté la prédation sur les espèces-gibier. Pour autant, il n’existe pas de règle générale pour prédire à coup sûr l’impact particulier de tel prédateur sur une espèce-gibier. 116 Photo L. Lafontaine • Domaine vital L’utilisation d’habitats différents correspond directement à la disponibilité des proies. La présence des campagnols roussâtres dans le régime est associée avec la fréquentation des milieux boisés tandis que celle des grenouilles et crapauds dépend de l’exploitation assidue des marais ou des étangs. L’utilisation successive d’habitats différents révèle l’importance de l’hétérogénéité des paysages pour ce mustélidé. L’aire d’activité atteint en moyenne une surface mensuelle de 38 hectares pour les mâles et de 19 ha pour les femelles mais dans l’Ouest de la France, le territoire total représente environ une centaine d’hectares. L’organisation sociale est caractérisée par une exploitation particulièrement individualiste de l’espace. Les animaux développent une stratégie d’évitement même entre mâles et femelles et concentrent leur prédation sur des zones à fortes potentialités alimentaires. L’activité est principalement nocturne et le taux d’activité reste modéré et stable toute l’année. Fiche-espèce n°6 Ordre des Carnivores fissipèdes, Famille des Mustélidés Le vison d'Europe Mustela lutreola (Linné, 1761 ; Finlande) anglais : European mink • espagnol : visõn europeo • breton : vizon Europa allemand : Europäischer Nerz • italien : visone europeo • gallois : minc Ewropeaidd Etymologie • Mustela = belette, en latin • lutreola : petite loutre, du latin lutra = loutre, avec un diminutif ol • vison : mots bas-latins visio = pet, et vissio = puanteur Description Corps allongé, pattes courtes, doigts en partie palmés, queue touffue assez longue. Pelage uniformément brun foncé, sauf tache blanche du menton jusqu'à la lèvre supérieure. Le vison d'Amérique, légèrement plus grand, n'a généralement pas de blanc à la lèvre supérieure, le vison d'Europe toujours. Longueur : 45-59 cm, dont 12-18 cm pour la queue. Poids moyen : femelle : 400 à 650 g, mâles : 600 à 1200 g. © SEM 1999 Distribution et habitat Tardivement décrit (XIXe siècle), le vison d'Europe était autrefois présent dans toute l'Europe moyenne et septentrionale. Actuellement, il ne subsiste que des noyaux de population dispersés qui présentent pour la plupart des effectifs réduits. Le plus important, estimé à environ 40 000 individus, est situé en Russie centrale et orientale. Le noyau occidental, localisé dans le sud-ouest de la France et le nord de l’Espagne, est le plus isolé, à plus de 2000 km des visons les plus proches de l’est de l’Europe. Sa présence historique en Bretagne est attestée, mais n'a pas été confirmée récemment. La dernière donnée certaine date de 1992, à la limite Morbihan-Loire Atlantique. Dans le sud-ouest de la France, le vison d’Europe exploite tous les types de zones humides, y compris dans des espaces très artificialisés. Les milieux utilisés peuvent être regroupés en cinq grandes catégories : les cours d’eau forestiers, les boisements inondables, les marais, les prairies humides et les ruisseaux traversant les zones agricoles. Statut biologique Espèce classée EN (en danger) au plan mondial (IUCN, 2001 ; http://redlist.org) et national, et espèce déterminante en Bretagne. Statut juridique Espèce protégée sur l'ensemble du territoire français (A.M. du 17/04/1981), figurant à l'annexe 2 (protection stricte) de la Convention de Berne (1979), figurant aux annexes 2 et 4 de la Directive Européenne Faune-FloreHabitats (CEE 92-43 1992) 145 A. Jean Fiche-espèce n°7 Ordre des Carnivores fissipèdes, Famille des Mustélidés Le vison d'Amérique Mustela vison (Schreber, 1777 ; Canada et Pennsylvanie) anglais : American mink • espagnol : visõn americano • breton : vizon Amerika allemand : Mink (Am. Nerz) • italien : visone americano • gallois : minc Americanaidd Etymologie cf. vison d'Europe. Description Corps allongé, pattes courtes, doigts en partie palmés, queue touffue assez longue. Pelage uniformément brun foncé, sauf tâche blanche du menton jusqu'à la lèvre supérieure. Le vison d'Europe, légèrement plus petit, a toujours du blanc à la lèvre supérieure, le vison d'Amérique presque jamais. Longueur : 45-59 cm, dont 12-18 cm pour la queue. Poids moyen : femelle : 550 à 1000 g, mâles : 800 à 2000 g (ou plus). Distribution et habitat © SEM 1999 Le vison d’Amérique, élevé en France pour sa fourrure depuis l’entre-deux-guerres, s’est implanté dans de nombreuses régions à partir d’individus échappés des élevages. Il se reproduit à l'état sauvage, et a colonisé la plupart des cours d'eau et zones humides de Bretagne, ainsi que plusieurs secteurs du littoral et des îles (cf. carte chapitre 4). Statut biologique (espèce non autochtone) Statut juridique Espèce chassable (arrêté ministériel du 26 juin 1987), figurant sur la liste des espèces susceptibles d’être classées nuisibles par arrêté préfectoral, après avis du Conseil Départemental Chasse et Faune Sauvage (arrêté du 30 septembre 1988). A. Jean 146 Fiche-espèce n°8 Ordre des Carnivores fissipèdes, Famille des Mustélidés Le putois Mustela putorius (Linné, 1758 ; Europe) anglais : polecat • espagnol : turón • breton : pudask, piteoz • basque : prototxa allemand : Waldiltis • italien : puzzola • gallois : ffwlbart • occitan : cat puais Etymologie • mustela : cf. vison d'Europe • putorius : du latin putor = puanteur (odeur nauséabonde émise par l'animal en cas d'agression) • putois : du latin putidus = puant, à rapprocher de l'italien puzzola = puanteur • furet : du latin furo, qui dérive de fur = voleur • en anglais, polecat, du vieux français pol = coq, donc "chat des poules". Description corps allongé, queue touffue assez longue, pattes courtes. Pelage brun-noirâtre, plus ou moins jaune sur les flancs, presque noir sur le ventre, tâche blanchâtre ou roussâtre sur les joues et le front, bout du museau blanc. Longueur : 52-67 cm (mâle), 44-53 cm (femelle) dont respectivement 13-20 cm et 10-15 cm pour la queue. Poids moyen : 610-950 g (femelle), 720-1720 g (mâle). Le "furet" est une forme albinos, domestiquée, du putois. Distribution et habitat © SEM 1999 Espèce fréquente partout en Europe, mais en régression probable. Cas de figure semblable pour la France (absent en Corse). Inféodé aux zones humides et aux cours d'eau, mais aussi forestier, c'est en Bretagne un bon indicateur du bocage. Statut biologique statut "indéterminé" au plan national (Maurin (Dir.) et al., 1994), espèce déterminante en Bretagne. Statut juridique Espèce chassable (arrêté ministériel du 26 juin 1987), figurant sur la liste des espèces susceptibles d’être classées nuisibles par arrêté préfectoral, après avis du Conseil Départemental Chasse et Faune Sauvage (arrêté du 30 septembre 1988), et figurant à l'annexe 3 de la Convention de Berne (1979), figurant à l'annexe 5 de la Directive Européenne Faune-Flore-Habitats (CEE 92-43 1992) A. Jean 147 Bibliographie • QUELQUES RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ASSOCIÉES AUX CHAPITRES : Ces références sont listées par ordre de citation ; une référence déjà citée n’est pas reprise une deuxième fois. Les synthèses rédactionnelles ont été effectuées à partir de la compilation de plusieurs centaines de références, qu’il n’était pas possible, faute de place adéquate, de retranscrire ici telles quelles dans cet ouvrage. Nous prions les auteurs concernés et les lecteurs de bien vouloir nous en excuser. La liste complète de ces références peut être obtenue auprès du GMB ou des auteurs. CHAPITRE 1 Des Abbayes, H. et al. (1971). Flore et végétation du massif Armoricain. Presses Universitaires de Bretagne, St-Brieuc, 1226 pages. Robert Hainard : - Croquis de terrain. Editions PayotLausanne, 1975, 106 pages. - Le monde sauvage de Robert Hainard. Ed. Duculot, Paris-Gembloux, 1988, 113 pages. - Les mammifères sauvages d’Europe (2 tomes). Ed. Delachaux & Niestlé, 1948. (4 rééditions revues et augmentées) Penn ar Bed : - La Fouchardière, M. de (1960). Plaidoyer pour la loutre. Penn ar Bed, n°22 : 214216. - Le Berre, A. (1961). La loutre sur les côtes de Bretagne. Penn ar Bed, 27 : 4. - Duplaix-Hall, N. (1971). La Bretagne, un des derniers refuges de la loutre en France. Penn ar Bed, 64 : 8-16. Pénicaud P. (1986). Invisible, la loutre ? Bande dessinée, Parc Naturel Régional d’Armorique. CHAPITRE 2 Rouland, P., P. Migot & P. Landry (1997). Le castor dans le sud-est de la France. Ed. ONC, Paris, 52p. Véron, G. (1992). Histoire biogéographique du castor d’Europe. Mammalia, 56 : 87-108. Richard, B. (1971). Sur les traces des Castors de Bretagne. Penn ar Bed, 66 : 32-36. Lafontaine, L. (1985). Castors des monts d’Arrée, un bilan de la réintroduction de castors rhodaniens et de leur dispersion dans le bassin supérieur de l’Ellez de 1968 à 1985, rapport SEPNB / PNRA, 70 pp. Rouland, P. , Y. Léonard & P. Migot (2003). Le castor sur le bassin de la Loire et en Bretagne. ONCFS Publications, Paris, 52p. Lafontaine L. (Coord.) et al., 1997. Réactualisation du statut des populations de castors réintroduits dans les monts d’Arrée. in : Contrat-Nature régional : Identification et gestion conservatoire des Espaces Naturels régionaux prioritaires pour les mammifères d’intérêt européen. Rapp. Gr. Mammalogique Breton. Lafontaine, L. (1994). Mammifères sauvages remarquables du Parc naturel régional d’Armorique : inventaires, mesures de conservation, leur rôle respectif en tant qu’indicateur biologique, Cahiers scientifiques du PNRA, n° 1, pp. 41-61. Lafontaine, L. (1995). Gestion des zones humides et des habitats rivulaires en faveur des mammifères semi-aquatiques d’intérêt communautaire (Loutre d’Europe, Castor, Vison d’Europe) : Mesures agri-environnementales, Fonds de Gestion de l’Espace Rural, Loi sur l’Eau (SAGEs), Directive Habitats (Réseau Natura 2000). Programmes Européens objectif 5b / PNR d’Armorique / Conseil Général du Finistère. Jouventin P. et al. (1996) – Le ragondin. Biologie et méthodes de limitation des populations. ACTA (Association de Coordination Technique Agricole. Paris). Lafontaine, L. (Coord.) et al. (2000). Dispersion des populations de castors Castor fiber ssp galliae réintroduits dans les Monts d’Arrée (Finistère) : 1 - état d’occupation du haut bassin de l’Aulne (1997-98) ; analyse spatiale des corridors potentiels d’émigration ; cartographie des boisements potentiellement sensibles. Rapp. feoga 5b / diren-Bretagne, 30 pages. Lafontaine, L. (Coord.) et al., 2000. Dispersion des populations de castors Castor fiber ssp galliae réintroduits dans les Monts d’Arrée (Finistère) : 2 - impact de l’activité du castor sur les biocénoses aquatiques (synthèse bibliographique). Rapp. feoga 5b / diren-Bretagne, 31 pages. Collen, P. (1997). Review of the potential impacts of re-introducing Eurasian beaver Castor fiber L. on the ecology and movement of native fishes, and the likely implications for current angling practices in 155 Scotland. Scottish Review, 86 : 1-53. Natural Heritage Collen, P. & R.J. Gibson (2001). The general ecology of beavers (Castor spp.), as related to their influence on stream ecosystems and riparian habitats, and the subsequent effects on fish - a review. Rewiews in Fish Biology and Fisheries, 10 : 439-461. Plantain, P.H. (1975). Au pays des castors. Ed. Stock/nature, 245 p. CHAPITRE 3 Le Berre, A. (1973). Ichtyonimie bretonne, Thèse de doctorat, UBO Brest. Madeg, M. (1981, 1987). Leor lesanoiou Leon & Ur levrad lesnaueu a Vro-Gwened. Brud Nevez, Brest. Levître, J. (1911). Alphabet du piégeage. Ed. L. Laveur, Paris, 288 pages Levître, J. (1929). La loutre, piégeage et chasse. Ed . E. Nourry, Paris, 176 pages Pénisson, J.P. (1996). La pierre à la Loutre à Naux. Terres Ardennaises, 55, 16-22. Lafontaine, L. (1991). La Loutre en Bretagne : répartition par zones hydrographiques. Inventaire 1986-90. in La loutre et la route. Réseau SOS-Loutres / DIREN-Bretagne / PNR d’Armorique. Reuther, C., et al. (2000). Surveying and Monitoring Distribution and Population Trends of the Eurasian Otter (Lutra lutra). Guidelines and Evaluation of the Standard Method for Surveys as recommended by the European Section of the IUCN/SSC Otter Specialist Group. Habitat 12, Hankensbüttel (D), 148 pp. Bouchardy, C. et al. (1993). Évolution de la répartition de la loutre en France. SFEPM, Groupe Loutre, SFF-MNHN, 6 pp. Lafontaine, L. (Rapp.) et al. (1994). Directive Communautaire 92/43 FauneFlore-Habitats (Annexe 2 : désignation de Zones Spéciales de Conservation) : propositions préliminaires concernant les Mammifères sauvages de Bretagne). Rapport au Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel de Bretagne. Le Berre, A. (1961). La loutre sur les côtes de Bretagne. Penn ar Bed, 27 : 4. Mammalogie, SFEPM, Maisons-Alfort, 1999 : 113-119. Leeuwarden, Pays-Bas, 7-11 juin 1994. Bull SFEPM, 29 : 26-27. Lafontaine, L. (1986). Présence historique de la loutre sur les côtes de Bretagne. Rapp. SEPNB/WWF-France, 25 p. Hassani, S. et L. Lafontaine (2003). Impact de la marée noire de l’Erika sur les mammifères marins non pélagiques (phoques gris et loutres d’Europe). Rapp. MEDD/INERIS/IFREMER. Caroff, C. (Rapp.) et al. (1996). Espaces naturels régionaux prioritaires pour les Mammifères d’intérêt européen : évaluation des protections réglementaires et contractuelles existantes, hiérarchisation des besoins dans le cadre du XIème Plan État-Région. DIREN-Bretagne, Conseil régional de Bretagne, Conseils Généraux Côtes d’Armor, Finistère et Morbihan. Lafontaine, L. (1987). Un nouveau venu sur le littoral, le vison d’Amérique. Penn ar Bed, Beja, P.R. (1996). Temporal and spatial patterns of rest-site use by four females otters along the south-west coasts of Portugal. J. Zoology, 239 : 741-753. Libois R.M., Hallet-Libois C. & Lafontaine L. (1987). Le régime de la loutre en Bretagne intérieure. Terre et Vie, 42 : 135-144. Libois R.M. (1996). Régime et tactique alimentaires de la loutre en France : synthèse. in : la loutre et le vison d’Europe. Actes du XVIIème Colloque francophone de Mammalogie, Niort, 23-25 octobre 1993. Cahiers d’Ethologie, 15 (2-3-4) : 251-274. Lafontaine, L., E. Fortumeau et S. Mainsant (1998). Influence of habitat quality factors on otter Lutra lutra L. distribution in Brittany, NW France : a statistical approach for assessing recolonization probabilities. in Rozmberk Society (Ed.), 7th Int. Otter Colloquium, IUCN, Trebon, Czech Rep, 14-20 march 1998. Lafontaine, L., G. Joncour et P. Ménanteau (1990). Otters and bioaccumulating pollutants : first data for western France. IUCN Otter Specialist Group Bulletin, 5 : 51-60. Lafontaine, L. (1995). Contribution à la connaissance de la contamination des milieux aquatiques en France par les PCBs, les insecticides organochlorés et les métaux lourds, à partir d’un échantillon de 24 spécimens de loutre d’Europe originaires des Bassins Loire-Bretagne, AdourGaronne et Seine-Normandie. Min. Env., Agence de l’Eau Loire-Bretagne, 52 pp. Lafontaine, L., De Alencastro, L.F. (Dir.) et al. (1999). Contamination des biocénoses aquatiques par les pesticides et les PCBs : mise au point d’une méthode complémentaire d’évaluation par le biais d’un bio-indicateur intégrateur, la loutre d’Europe. Rapp. CORPEP / Agence de l’Eau Loire-Bretagne / Programmes Européens objectif 5b / Syndicat du Scorff, 75 pp. Lafontaine L. & L.F. De Alencastro (2002). Statut de la loutre d’Eurasie (Lutra lutra L.) et contamination des poissons par les polychlorobiphényles (PCBs) : éléments de synthèse et perspectives. “l’Etude et la Conservation des Carnivores”, Actes du 23e Colloque de R i d o u x , V. , L . L a f o n t a i n e , P. Bustamante, F. Caurant, W. Dabin, C. Delcroix, S. Hassani, L. Meynier, V.Pereira Da Silva, F. Simonin, M. Robert, J. Spitz & O. Van Canneyt (2004). The impact of the Erika oil spill on pelagic and coastal marine mammals : combining demographic, ecological, trace metals and biomarker evidences. “Colloque de Restitution Erika”, IFREMER Nantes, novembre 2003 ; Aquatic Living Resources, 17 : 379-387. Lafontaine, L. (1991). La loutre et la route. Réseau SOS-Loutres / DIRENBretagne / PNR d’Armorique, 115 pp. + annexes. Lafontaine, L. (1993). Distribution of otters in Brittany and first preventive measures against road traffic. IUCN Otter Specialist Group Bulletin, 8 : 37-39. Lafontaine, L., Grémillet, X., Joncour, G., Le Goff, Ph., Sourget, G., Ros, J., Raynaud, M., Cadiou, D. and Fortumeau, E. (1994). Taking into account the needs of otters Lutra lutra during habitat work schemes in Brittany, NW France, with reference to the costs. in : Conseil de l’Europe (Ed.) : Séminaire sur la protection de la Loutre d’Europe (Lutra lutra), Leeuwarden, Pays-Bas, 6-11 Juin 1994. Rencontres Environnement, 24 : 171-174 . Macdonald, D.W., Philcox, C.K. & Grogan, A. (1999). Patterns of otter (Lutra lutra) road mortality in Britain. Journal of Applied Ecology, 36 : 748-762. Lafontaine, L. et al. (1994). Passages à petite faune : perméabilité des ouvrages hydrauliques aménagés en faveur de la loutre d’Europe vis-à-vis de la faune semiaquatique ou terrestre. Min. Env., D.N.P. / SDAP. Lafontaine, L. & G. Liles (2002). Otter traffic mortalities and roadpasses : a database. IUCN Otter Specialist Group Bulletin, 19/1. Lafontaine, L. (1995). Directive Habitats : recommandations de gestion sur futures “ZSC Natura 2000” : prise en compte des mammifères d’intérêt communautaire (sauf pinnipèdes et cétacés). Rapport au Comité Permanent du CSRPN de Bretagne. Lafontaine, L. (1995). Séminaire européen sur la protection de la loutre, 156 Caroff, C., L. Lafontaine (Rapp.) et al. (1997/1998/1999). Identification et gestion conservatoire des espaces naturels r é g i o n a u x p r i o r i t a i re s p o u r l e s Mammifères d’intérêt européen. : Contrat-Nature régional. Programmes Européens objectifs 2 et 5b, DIRENBretagne, Conseil régional de Bretagne, Conseils Généraux des Côtes d’Armor, du Finistère et du Morbihan, Contrat de Baie Rade de Brest. Lévy-Brühl, V. (1995). La protection de la loutre d’Europe en France, un bon exemple de la nécessaire complémentarité des politiques. in : la loutre et le vison d’Europe. Actes du XVIIème Colloque francophone de Mammalogie, Niort, 2325 octobre 1993. Cahiers d’Ethologie, 15 (2-3-4) : 397-418. Guide juridique, DIREN LanguedocRoussillon. 2001. La déclaration d’intérêt général (D.I.G.) Andrews & Rebane (1993). Farming and wildlife, a practical management book. RSPB, National Grid Company, 355p. CHAPITRE 4 “Vison infos” . Bulletins d’information du Plan National de restauration du vison d’Europe. n° 1, 2, 3. Camby, A. (1990). Le vison d’Europe. Encyclopédie des Carnivores de France, SFEPM, n° 13 : 1-18. Chanudet, F., P.J.H. Van Bree & M.C. St-Girons (1966). Un mammifère peu connu de la faune de l’ouest : le vison. Penn ar Bed, 44 : 188-190. Lodé, Th. (2004). Sauvegarde du vison d’Europe. http://sciences.univangers.fr/ecologie/Mustelalutreola.html Maran, T. et al ; (1998). The continuing decline of the European mink : evidence for intraguild agression hypothesis. in : Dunstone & Gorman Eds., Cambridge Univ. Press, 297-323. Sidorovic, V. (1994). How to identify the tracks of the European mink, the American mink and the Polecat on water- Bibliographie bodies. Small Carnivore Conservation, 10 : 8-9. Pustoc’h, F. (1984). Petits mammifères de Bretagne. Penn ar Bed, 115 : 206-212. Groupe de Travail “Vison d’Europe” (2003). La gestion des habitats du vison d’Europe, recommandations techniques. Diren-Aquitaine, 64pp. Fons, R. (1985). Qui mange qui ? : la crossope. Ed. Balland, 185-186. Dunstone, N. (1993). The mink. Poyser Natural History, London, 232pp. Gachet, Ch. (1990). Etude de l’impact écologique et économique du vison d’Amérique sur une rivière de BasseBretagne : l’Aulne. Thèse vétérinaire, ENV Nantes, 105pages + annexes. Guégan, Y. et J. Rougeot (1987). Le vison, techniques d’élevage et rentabilité. ITAVI, 235pp. Lafontaine, L. (1988). Un nouveau venu sur le littoral : le vison d’Amérique. Penn ar Bed, 125 : 77-82. Lafontaine, L. (1989). Le vison d’Amérique. Monographie, Office National de la Chasse, 21pp. Maizeret, Ch. (1990). Le vison d’Amérique. Encyclopédie des Carnivores de France, Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères, n° 14 : 21-44. Lodé, T. (1999). Le putois d’Europe. http://sciences.univangers.fr/ecologie/ Polecat_fr.html Lodé, T. (1995). Convergence morphologique du putois et du vison américain avec le vison d’Europe. Gibier Faune Sauvage, 12 : 147-158. Lodé, T. (1993). Stratégies d’utilisation de l’espace chez le Putois européen Mustela putorius L. dans l’ouest de la France. Revue d’Ecologie Terre Vie 48 : 305-322. Lodé, T. (1991). Exploitation des milieux et organisation de l’espace chez deux Mustélidés européens, la Fouine et le Putois. Vie et Milieu, 41 : 29-38. R o g e r, M . , P. D e l a t t r e & V. Herrenschmidt (1988). Le Putois. Encyclopédie des Carnivores de France, Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères, n° 15, 38pp. Ruette, S. et al. (2002). Elements de réflexion relatifs au classement de la martre, de la belette et du putois en tant qu’espèces susceptibles d’être classées nuisibles. ONCFS, DER, 27 pages. Charissou, I (2001). Identification des Insectivores et Rongeurs de France : les Crossopes, Neomys fodiens et Neomys anomalus. Arvicola, XIII (1) : 6-9. Ros, J. (1998). La Musaraigne de Miller (Neomys anomalus) et le Campagnol de Gerbe (Microtus pyrenaicus) : deux espèces à rechercher en Bretagne. Elona, 1 : 61-64. Noblet J.-F. (2004). Sauvons le Campagnol amphibie. Polycopié, Nature et Humanisme, 22 pp. Strachan, C. et al. (1998). The rapid impact of resident American mink on water voles : case studies in lowland England. in : Behaviour and ecology of riparian mammals. Dunstone & Gorman Eds, Cambridge Univ. Press : 339-357. Berny, P. (2004). Utilisation de la bromadiolone contre les rongeurs nuisibles : Réseau d’épidémiosurveillance des mortalités des petits Carnivores en France. Projet, MEDD, 8pp. McDonald R.A., Harris S., Turnbull G., Brown P., Fletcher M. (1998). Anticoagulant rodenticides in stoats (Mustela erminea) and weasels (Mustela nivalis) in England. Environ. Poll. 103 : 17-23 Petterino C., Biancardi P. (2001). Toxicology of various anticoagulant rodenticides in animals. Vet hum. Toxicol. 43 : 353-360 Shore R.F., Birks J.D.S., Freestone P. (1999). Exposure of non-target vertebrates to second-generation rodenticides in Britain with particular reference to the polecat Mustela putorius. New Zeal. J. Ecol. 23 : 199-206 Moutou F. (1997). Mammifères aquatiques et semi-aquatiques introduits en France : risques et conséquences. Bull .Fr.Piscic., 344/345 : 133-139. Anonyme (2003). Note de service visant à organiser la mise en application de l’arrêté du 8 juillet 2003 relatif à la lutte contre le ragondin et le rat musqué. Ministère de l’Ecologie et du Développement durable, Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche et des Affaires Rurales, 34 pages. Fontaine, G.A & V. Michel (2004). La leptospirose et les Rongeurs sauvages. Faune sauvage, 261 : 69-71. Artois M. & Duchêne M.J., 1988. Les carnivores introduits : chien viverrin (Nyctereutes procyonoides Gray, 1834) et raton laveur (Procyon lotor Linnaeus, 1758). Encyclopédie des carnivores de France, n° 4 et 6. Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères, 49 pp. Léger F. 1999. Le raton laveur en France. Bulletin Mensuel de l’Office National de la Chasse, 241 : 16-37. Léger F. 2003. Observations du raton laveur en Bretagne. Penn ar Bed, 187 : 14-19. 157 QUELQUES SITES INTERNET (liste non exhaustive... et à remettre régulièrement à jour!... moteurs de recherche) • www.bretagne-environnement.org : portail du Réseau d’information sur l’environnement en Bretagne. • www.sfepm.org/groupeLoutre.htm : site de la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères • www.reseau-loutres.org : site «transversal» sur la loutre, qui a pour objet de mettre en ligne diverses informations et données opérationnelles sur cette espèce. • www.gmb.fr : site du Groupe logique Breton Mamma- • http://perso.wanadoo.fr/erb/art103.htm : reprise sur le site d’Eau & Rivières de Bretagne de l’article rédigé par Lionel Lafontaine dans le n°103 de la revue (pp. 2-4) : La loutre, sirène d’alarme pour la qualité de l’eau et des milieux aquatiques. • http://sciences.univ-angers.fr/ ecologie/Lutralutra.html : pages hébergées par le site du laboratoire d’écologie et de biologie animale de l’Université d’Angers. Elles détaillent la biologie et les problématiques de conservation de la loutre, notamment en Pays de Loire. Une bibliographie complète le texte (liens URL vers résumés). • www.otternet.com : site anglophone, néanmoins particulièrement intéressant puisqu’il traite de toutes les espèces de loutres dans le monde, à travers des rubriques très fouillées (recherche, conservation…, page “enfants”), et surtout, pour respecter l’esprit web, le renvoi via de nombreux liens vers un nombre très important de sites portant sur le sujet. • www.iucn.org/themes/ssc/ site de l’IUCN (notamment Groupe d’Experts de la Loutre : /osg) • www.nhbs.com : site (anglophone) du natural history book service, plus de 65.000 titres de sciences naturelles en vente par internet • QUELQUES PAGES SUR LE CASTOR : http://www.procastor.ch/ Association pour l’intérêt du castor en Suisse http://alsace.nature.free.fr/ANi38/Castor. htm http://www.nature.ca/notebooks/ francais/castor.htm