COURANTS PARASITES: OOR161N ES À VÉRIFIER OU À BANNIR :1

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COURANTS PARASITES: OOR161N ES À VÉRIFIER OU À BANNIR :1
dossier
‘
EXPLOITATIONS QUAND LES COURANTS PARASITENT VOTRE VIE
I
COURANTS PARASITES: O OR 161 N ES VÉRIFIER OU BANNIR
À
ment (un ô six mois suivant le
constructeur), il est nécessaire
d’effectuer une pression sur le
bouton test permettant la
vérification du bon fonctionnement et le décollement de la
bilame. À la suite d’un orage
par exemple, cette bilame peut
rester collée. Lors du diagnos
tic électrique, sa valeur et son
temps de déclenchement sont
mesurés.
Les courants parasites s’immiscent facilement dans les élevages
et peuvent y faire beaucoup de dégâts. Pour s’en débarrasser,
toutes les origines doivent être vérifiées et aménagées le cas échéant.
«
N TAUX CELLULAIRE ANOR
MALEMENT ÉLEVÉ sans
explication apparente,
U des vaches agitées lors
de la traite, des résultats faibles
par rapport ô la ration... Les
courants parasites sont souvent
difficilement identifiables mais
peuvent avoir un impact très
important sur l’élevage. Après
avoir contrôlé l’alimentation, le
logement, la santé, ils peuvent
être suspectés. Un électricien
réalisera un diagnostic qui
confirmera ou infirmera cette
piste. Quatre éléments princi
paux sont ô examiner.
j’.
La brasure assurera une décharge
des courants vers la prise de terre de
O ÀLALAPRISE
TERRE
1 I L(leveur laitier
Toutes les pièces métalliques
en contact avec les animaux
doivent être reliées ô la terre.
Une liaison inférieure ô
2 ohms est impérative, 0,5 Q
est considérée comme parfaite.
Les connexions par soudure
ou par brasure sont ô privilé
gier car pérennes. Les cosses
et les colliers finissent toujours
par s’oxyder! lance Jean-Paul.
Ces liaisons permettent une
décharge à la terre efficace.
«
»
recherche de panne et la protec
tion des utilisateurs.
La norme de protection
individuelle en milieu humide
impose une protection par
un disjoncteur différentiel de
30 mA en tête de chaque ligne.
Ce dispositif permet de détec
ter un défaut électrique et dc
couper le courant. Régulière-
‘ç
»
1
«
30 I octobre 2016 I num o
»,
LES L !AlSOi
ÉQUIPOTENTIELLES
manière pérenne.
La prise ô la terre a pour fonc
tion d’évacuer dans le sol les
fuites accidentelles de courant.
Ces courants ne devront pas
dépasser 5 mA, seuil de per
ception et de changement phy
siologique de l’animal compte
tenu de sa faible résistance.
Pour être efficace (moins
de 18 Q), une prise de terre
doit être conductrice avec le
sous-sol et placée dans un
sol absorbant les courants dc
fuite. Une très bonne terre mal
placée peut capter ou diffuser
des champs électriques dans
le sous-sol, signale Jean-Paul
Thuard, diagnosticien élec
trique au Clasel. En effet, les
courants prennent toujours le
chemin le plus facile et peuvent
ainsi remonter dans le bôtiment
certains éleveurs sont tentés de
débrancher la terre afin de tester
une éventuelle amélioration.
Non seulement c’est in terdit
(norme NFC 15-100), mais
surtout c’est dangereux. car le
disjoncteur différentiel ne protège
À
plus en cas de défaut électrique.
Les animaux et les hommes
peuvent alors être électrisés.
Théoriquement, la prise dc
terre doit être vérifiée au moins
une fois tous les cinq ans en
cas d’emplois de salariés ou
encore de stagiaires, ou si
l’installation est classée ICPE
(installation classée pour la
protection de l’environnement)
ou soumise autorisation. En
cas de problème, un contrôle
annuel peut être utile.
»
L’INSTALLATION
ÉLECTRIQUE
La section et la qualité des
côbles d’alimentation élec
trique peuvent ne plus être
adaptées ô l’exploitation. Cette
mesure est effectuée pendant le
diagnostic électrique. «Lors de
l’agrandissement d’un bôtiinent,
ils sont rarement contrôlés et
adaptés, observe Jean-Paul. La
logique de distribution de l’élec
tricité de la ferme est egalement
à reconsidérer afin d’ami liorer la
LA.1ÔTURE
ÉLECTRIQUE
La clôture peut elle aussi
générer des courants parasites.
Pour les limiter, il faut instdler
l’électrificateur le plus loin pos
sible du bâtiment d’élevage en
LqSe de terre doit être
de qâalité et bien placée
pour évacuer les courant
OBSERVATION
Les signes qui doivent éveiller les soupçons
• Le bâtiment: les animaux
refusent d’aller à certains
endroits ou d’emprunter certains
passages. Des abreuvoirs,
des logettes ou des cornadis
sont boudés. Les animaux se
répartissent mal sur la zone de
couchage.
e L’alimentation: les animoux ne
répondent pas comme attendu
par rapport à la ration distribuée.
L’abreuvement: il n’est pas
suffisant. Les vaches ne boivent
pus en sortie de traite, mais se
précipitent sur les abreuvoirs
en pâture. Certaines vaches
direction du parcellaire, avec
une bonne prise de terre bien
placée. Les éleveurs ont ten
dance à augmenter la puissance
de l’électrificateurpour com
penser des pertes électriques
remarque Jean-Paul Thuard.
Cela ne résout pas le problème
et même engendre encore plus
de courants parasites. Si la ten
sion de la clôture est beaucoup
plus faible qu’au départ, c’est
qu’il y a soit des fuites (contact
avec de la végétation, passage
souterrain fuyant...), soit des
pertes en charge. Ces dernières
peuvent être dues à des mau
vais raccords, à la qualité ou à
l’état des fils. Pour le transport
du poste vers le parcellaizr l’uti
lisation de fil blindé s’impose»,
précise Jean-Paul.
Pour rappel, le défaut d’une
clôture revient toujours au
piquet
du poste (terre) par
le sous-sol. Parfois, la solution
idéale est d’utiliser deux élec
trificateurs avec une terre plus
proche de chaque parcellaire,
évitant ainsi le retour sous les
bâtiments. Dans tous les cas,
il faut couper l’élcctrificateur
quand le parcellaire n’est pas
utilisé. u
lapent l’eau aune s’abreuvent
qu’accompagnées d’une
congénère.
• La traite: les vaches sont
agitées et bousent beaucoup.
Elles entrent mal sur les quais ou
retiennent leur lait. L’utilisation
d’ocytocine est fréquente.
Les griffes se décrochent
régulièrement, entraînant une
traite agressive (trayons irrités)
et une baisse de production. Les
vaches piétinent et/ou ne veulent
pas toucher les deux barres en
méme temps. Leurs muscles
tremblent au niveau des épaules.
Les animaux s’agitent subitement.
• La reproduction: des
problèmes de fertilité,
d’avortement et de nondélivrance ne trouvent pas
d’origine flagrante.
Aucune explication à un troupeau
sous-performant.
• Autres: l’éleveur ressent
parfois des poignées de
«châtaigne e. Beaucoup
de mammites subcliniques
surviennent sans explication
évidente. Les veaux subissent de
nombreuses diarrhées ou ont un
déficit immunitaire.
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dossier
EXPLOITATIONS QUAND LES COURANTS PARASITENT VOTRE VIE
1
I
«SEULEMENT 12 LITRES DE LAIT
POUR UNE RATION ÉQUILIBRÉE À 20 »,
T
n.
“.
.4.
Pendant des années, les vaches d’Achille Foubert, installé à Bannes, en Mayenne,
produisaient moins de lait dès qu’elles étaient dans le bâtiment. Après avoir tout remis
en question, plusieurs sources de courants parasites ont été identifiées.
1
—
—.- -
p
L’arthrite o commencé
â atteindre le5
veaux au début
des années 2000.
En dix ans, sept
animaux ont ainsi
perdu en mobilité, sans
qu’aucune explication
évidente soit apportée.
d’électricité, se souvient-il.J’ai
même augmenté la puissance
du compteur. » Puis il se souvint
que quelque temps aupara
vant, des techniciens EDF
étaient venus contrôler la terre
EDF. Elle était è 67 ohms au
lieu d’être inférieure è 15 0.
«UNE FUITE DE COURANT
SE DISSIPAIT DANS LE SOL.
JUSQU’À LA SALLE DE TRAITE »
« comme c’était l’été et que je
ne comprenais pas les consé
quences, je n ‘avais pas fait le
lien avec les problèmes de mon
troupeau. » Achille Foubert a
corrigé la terre ainsi que les
liaisons équipotentielles qui
s’étaient oxydées. Cependant,
les problèmes persistaient.
Lors du diagnostic électrique
réalisé par Jean-Paul Thuard,
du Clasel, un défaut d’isole
ment du cêble d’alimentation a
été décelé. Une fuite de courant
se dissipait dans le sol. Il était
transporté par un passage
d’eau jusqu’è la salle de traite
de travail. «Je ne perds plus
de veau du fait de diarrhées ou
d’arthrite. Les vaches sont plus
calmes en salle de traite et bou
sent beaucoup moins. Surtout,
elles produisent du lait! Pour
une ration équilibrée d 20 kg,
j’en produis
nurserie. Cette
18. J’ai encore
d’arrêter la
fuite n’était pas
quelques aîné
visibleèl’œil
production laitière nagements ô
nu, probable
réaliseî; comme
la la clôture dont
ment une zone
de micropos’échappe du
corde au cou»
rosité qui a
courant.J’q vais
permis è l’eau d’entrer dans
étapi par étape. Mais rien ô voir
la gaine. « Après le changement
avec ce queje vivais il g a encore
de ce cdbie, dans la semaine,
quelques mois. Maintenant, je
la production laitière a décollé! »
dois corriger quelques défauts
s’exclame Achille.
électriques au niveau de l’atelier
Aujourd’hui, Achille aborde
de poules pond uses avec lequel
plus sereinement ses journées
je n ‘ai pas le droit ô l’erreur »u
et dans la
«J’ai envisagé
ou de me passer
‘À Bannes (Moyenne)
L
ES ENNUIS D’ACHILLE
COMMENCÈRENT SOUR
NOISEMENTau début des
années 2000, celles qu’il
appelle des « années d’errance ».
Des travaux avaient été effec
tués sur la ferme pour accom
pagner son extension. « Au fur
et ô mesure des modifications,
la situation se dégradait»,
se souvient Achille. Jusqu’è
arriver au point où, quand il
rentrait ses vaches pour la nuit,
la production baissait de 15 %.
« Pour une ration équilibrée pour
20 litres, je n ‘en produisais que
10 ô 12 l’hiver avec un taux de
cellules normal. La perte de pro
duction atteignait 30 % quand
Iepdturage s’arrêtait, alors que
l4
octobre 2016 I nurniro 11
L’éleveur laitier
la répartition des vaches dans
les logettes était homogène. Les
vaches n ‘assimilaient que très
peu l’aliment, quel qu’il soit. Je
perdais aussi beaucoup d’an)maux du fait d’avortements
fjusqu ‘ô six par an pour seule
ment 30 vaches), d’ailhrite (sipt
en dix ans,) t ‘t de diarrhées sur les
veaux nes en bôtiment.
>
«JE ME SENTAIS
BIEN SEUL»
Achille passa sept hivers
éprouvants: « La production
n’était pci.s du tout ô la hau
teur En 2013, il m’est arrivé de
traire 27 vaches et de n ‘avoir
que 80 litres dans le tank.J’ai
envisagé d’arrêter la production
EARL â 2 associés
.23O 000 litres de lait bio produits
par 42 vaches
Atelier de 5000 pondeuses
55hadeSAU
laitière ou de mnipassi’rla corde
au cou. Parfois, il fallait queje
prenne le tracteur pour lever
jusqu’ô trois vaches li’ même ma
tin.J’civais beau in parler autour
de moi, tout le monde remettait
en cause la quantité de travail
que j’avais ô assumer ou la qua
lité des lourrages achetés. Dans
ces cas-k), on envisage toutes
les possibilités, y compris la
sorcellerie !Je n’en pouvais plus
de travailler dans ces conditions
psijchologiques et phqsiques. Je
me sentais bien seul maIgre les
différi ‘nts professionnels qui sont
passi s sur la femie. Ils ont appoi
ti: qui ‘Iques petites solutions mais
ils n’ont pas résolu le pro blème
de base. Je me fichais du prix des
rendez-vous car en dix ans, je
pensi’ avoir perdu entre 50000 et
100000 C » En parallèle,
l’atelier de poules pondeuses,
branché sur une autre ligne
électrique, ne donnait aucun
signe d’inquiétude.
L’alimentation électrique
géner;ile avait été refaite è neuf
en 1999. Achille avait donc
éloigné cette hypothèse. «Plus
ça allait et plus je consommais
LE REGARD DE...
«ÉLECT?CITÉ ET GÉOBIOLOGIE SONT INDISSOCIABLES »
-
JEAN-PAULTUARD.
diagnostic
électrique, Clasel
du com
persistent, on peut se
portement des animaux pencher sur l’électricité.
L,ost0n
pur les éleveurs est indis
Un diagnostic doit être
pensable pour suspecter
réalisé par un électricien
la présence et l’origine des d’élevage au l’installateur
courants parasites. Dans
de machine à traire. L’idéal
un premier temps, tous
est de faire intervenir un
les paramètres de l’atelier technicien couplant l’élec
doivent être revus: ali
tricité et la géobiologie
mentation, traite, contrôle car, à mes yeux, les deux
de la machine à traire.
sont indissociables (voir
logement, santé, qua
pages suivantes).
lité de l’eau... Ces étapes
Dans tous les cas, je
passées. si les probk’mes
préconise vivement de
taire appel à un pro
fessionnel. Évitons les
bricolages favorisant
certains courants de fuite.
De plus, les bâtiments
d’élevage sont des milieux
humides et corrosifs où les
animaux sont sensibles.
La prudence s’impose,
d’autant que la puissance
électrique des installations
est grandissante.
Sur le terrain, un défaut de
mise à la terre ou de clô
ture représente 50% des
cas de courants parasites
résul
problématiques.
tats ne sont pas toujours
visibles spontanément.
Les animaux ont lamémoire du lieu et peuvent
refuser d’aller aux endroits
où ils ressentaient un malêtre. La baisse de cellules
et autres conséquences
plus profondes s’expri
ment au bout de un ou
deux mois. »

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