Le pouvoir du son

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Le pouvoir du son
Le pouvoir du son
Emilie Esther
Le pouvoir du son
Essai
Editions Persée
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© Editions Persée, 2014
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Table des matières
Introduction .......................................................................... 7
I – Expériences ..................................................................... 13
II – L’oreille : Audition versus Écoute.. . 19
III – La place et le rôle du son
à travers l’histoire ........................................... 33
1. Présentation ................................................... 33
2. Utilisations négatives
possibles du son.. ........................................ 44
IV – Les effets du son .................................................. 51
Conclusion ................................................................................ 69
Bibliographie ......................................................................... 73
Revue et Magazines ........................................................ 75
Sitographie ............................................................................... 77
Introduction
Cette analyse s’articulera autour de quatre parties principales
dans lesquelles nous tenterons de répondre à l’affirmation : « le
pouvoir du son ».
Nous étudierons les implications de ce dernier ainsi que l’impact qu’il peut avoir sur l’individu et voir de quelle manière il peut
être un moyen, représenter une possibilité, un chemin d’accès à
l’Être pour celui ou celle se trouvant sur une voie de recherche
spirituelle.
Le son est défini comme suit1 :
« Le son est, dit Littré, ce qui frappe l’ouïe par l’effet de
mouvements vibratoires rythmiques. C’est sous cet aspect
que l’Inde en fait un aspect fondamental. Le son est à
l’origine du cosmos. Si la Parole, le verbe (Vâk), produit
l’univers, c’est par l’effet des vibrations rythmiques du
son primordial (nâda). Nâda est la manifestation du son
(shabda), de la qualité sonore, qui correspond à l’élément
Ether (âkâsha). Tout ce qui est perçu comme son, disent
les textes, est shakti, c’est-à-dire Puissance divine. Ce qui
est dépourvu de son est le Principe lui-même. Le son peut
être, quant à lui, non manifesté (parâ), subtil (pashyantî)
ou articulé (vaikharî). Le son est perçu avant la forme,
l’ouïe est antérieure à la vue. De shabda naît le bindu,
1. Jean Chevalier et Alain Gheerbrant. Dictionnaire des symboles. Édition Robert Laffont/
Jupiter. 2008.
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ou germe de la manifestation. Par analogie, la naissance
individuelle est parfois désignée comme un son.
La connaissance n’apparaît pas seulement comme une
vision, mais comme une perception auditive (lumière
auriculaire, dit le Traité de la Fleur d’Or, où l’influence
tantrique est patente). C’est la perception des échos de la
vibration primordiale manifestée par les mantra, dont le
monosyllabe Om est le plus prestigieux, car il reproduit
lui-même le processus de la manifestation. Les mantra ou
formules mentales, dont l’origine est rapportée à Manu, le
Législateur primordial, sont chargées de toute la puissance
de la shakti, puissance qui s’exerce sur le même plan
physique. Mais ils permettent surtout d’obtenir l’audition
dans le cœur (anâhata) des sons inaudibles, ce qui correspond à la vision de Brahmâ par l’œil du cœur. Il existe
de nombreuses techniques hindoues de perception du son
intérieur, comparé au son de la cloche, de la conque, etc.,
et même un yoga du son (shabda-yoga). De telles auditions sont aussi liées à la pratique musulmane du dhikr
[…]. »
Cette définition est vraiment très importante pour notre travail
de réflexion car grâce à cette dernière, nous comprenons que le son
est vibration. Nous pouvons ajouter à cette définition, celle du mot
« vibration » qui nous sera utile par la suite et qui nous est donnée
par Alfred Tomatis :
« La vibration se manifeste en fonction du milieu dans
lequel elle se transmet, puisque c’est elle qui génère et
constitue toute chose, en même temps qu’elle l’active et
l’anime. Mais elle ne peut le faire que par l’intermédiaire
d’obstacles qu’elle s’impose à elle-même : il lui est nécessaire de se confronter à la résistance de la matière qu’elle a
créée selon ses besoins. Elle peut alors moduler et modeler
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le cosmos comme elle l’entend ; elle l’« in-forme », le met
en forme.2 »
Pour notre développement, il est aussi nécessaire de comprendre
que la matière n’est en fait que de l’énergie densifiée, que la matière
est aussi du son. Comme le dit Alfred Tomatis : « la matière est un
“matériau sonique” diversement orchestré3 », que celle-ci soit minérale ou organique. Le terme « sonique » signifiant tout ce qui est de
l’ordre de la vibration en rapport avec le monde de l’inaudible.
Nous avons rencontré le pouvoir du son lors du tout premier
stage d’Euphonie Vocale, technique psychocorporelle vocale
et artistique créée par Mireille Marie et qui s’intitulait « Libérez
sa voix ». Nous avons ressenti son pouvoir au niveau purement
physique. Notre corps ayant été accidenté et se trouvant dans un
processus de récupération et de guérison, nous avons eu l’impression physique, à travers des ressentis intenses dans les jambes allant
jusqu’à la douleur, de faire une semaine de rééducation intensive,
simplement en ayant chanté. Nous avons été très surpris et cela
nous a donné envie d’investiguer un peu plus pour découvrir ce
qui se cache derrière le mot son et de voir jusqu’où peut aller son
pouvoir.
La première partie s’attardera sur des expériences survenues au
cours de la formation d’Euphonie Vocale que nous avons suivie
mais qui auraient pu tout aussi bien advenir dans d’autres contextes
privilégiant un travail autour du son.
La seconde partie parlera de l’oreille, de l’audition et de l’écoute.
Alfred Tomatis nous parle de l’importance de l’écoute : « Être
écoutant, c’est être chantant, c’est être vibrant, c’est être vivant.
Vivant pour soi. Vivant pour l’autre, vivant pour être à l’unisson du
2. Alfred Tomatis. Écouter l’univers. Du Big Bang à Mozart : à la découverte de l’univers où tout est son. Éditions Robert Laffont. 1996. Collection Réponses.
3. Alfred Tomatis. Écouter l’univers. Du Big Bang à Mozart : à la découverte de l’univers où tout est son. Éditions Robert Laffont. 1996. Collection Réponses.
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cosmos qui chante sans cesse sa présence.4 » L’homme doit tenter
de s’accorder en permanence à l’univers et à ses résonances.
Nous irons jusqu’à parler de l’écoute du son de l’inaudible dans
cette même partie. Pouvoir écouter le silence pour apprendre sur
soi-même, ce qui permet d’avancer dans la connaissance de soi.
Tout est son dans l’univers. En vérité le silence n’existe pas pour
ceux qui exercent leurs perceptions sensorielles, suprasensibles,
car tout chante, jusqu’aux étoiles et aux planètes. Tout est son, tout
est musique et harmonie. Et nous pouvons comprendre aisément
que le silence est musique suite à la beauté d’un chant dont les
ondes vibratoires planent encore dans l’atmosphère. Quelque chose
palpite subtilement et l’inaudible, pour nos oreilles non initiées,
devient presque audible.
Nous pensons nécessaire de commencer de parler du silence
avant de parler plus précisément du son car le son induit le silence
et le son provient aussi de celui-ci. Silence primordial, ce silence
qui est le son de l’inaudible, ce silence représenté par la « musique
des sphères » dont parle Pythagore. Ce son du silence est le son
premier donnant naissance au son que nous entendons et dont nous
étudierons les différentes manifestations plus loin.
C’est grâce à l’écoute que le son du silence peut devenir audible.
Le son peut aussi générer le silence, le silence habité prolongeant
souvent le chant. Il nous paraissait intéressant d’aborder le son
inaudible en même temps que l’écoute car ce son est l’ultime son, et
ne peut être perçu qu’à travers la réceptivité et l’audition, la téléacousie des mondes supérieurs dont parle Marie-Louise Aucher.
Parler de l’écoute de ce son inaudible pour nos oreilles en amont
de tout le reste permettra, nous l’espérons, de mieux comprendre
que le son n’est qu’une manifestation de quelque chose de
plus grand. L’être humain non initié ne peut que ­difficilement
4. Alfred Tomatis. L’oreille et la voix. On chante avec son oreille. Éditions Robert
Laffont. 1987.
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le ­percevoir. C’est pourquoi le travail sur soi est des plus importants,
et la pratique du son, à travers le chant par exemple, peut faciliter
cette écoute de l’inaudible, cela pouvant favoriser l’ouverture de la
conscience en laissant place à des états modifiés d’être. Ceux qui
se trouvent sur une voie spirituelle ou qui sont à la recherche d’un
sens profond à leur vie cherchent à rencontrer le son du silence qui
peut aussi bien se définir par le divin que chacun porte en soi ou
bien par l’Être dans lequel nous sommes tous immergés.
La troisième partie évoquera la place et le rôle du son à travers
l’histoire et parlera aussi des utilisations négatives possibles du
son.
La quatrième partie parlera des effets du son, tant sur la matière
visible qu’invisible, ainsi que les effets du chant dans la mesure
où celui-ci est un chemin direct vers soi-même, en même temps
qu’une voie d’accès à l’univers ainsi qu’une thérapie puisque
celui-ci agit aussi à un niveau purement physiologique.
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I
Expériences
Pour commencer nous parlerons de l’impact de la pratique du
son, et en l’occurrence de la pratique des chants sacrés sur notre
corps, dans le cadre de la formation d’Euphonie Vocale où nous
avons découvert le pouvoir impressionnant du son.
Nous avons eu un accident il y a plusieurs années et depuis
le début notre corps est dans un processus de récupération et de
guérison, retrouvant sa sensibilité ainsi que la motricité. Notre
corps est très réceptif aux différentes thérapies qu’il reçoit telles
le magnétisme ou le laser qui est de la lumière. Le son est de la
lumière aussi à une fréquence différente, tout comme la matière
qui est aussi de la lumière.
Lors des week-ends ou semaines d’Euphonie Vocale que nous
avons pu effectuer, à chaque fois nous avons ressenti l’impact du
son sur notre corps, comme si nous avions fait un week-end ou une
semaine de rééducation intensive si ce n’est que nous n’avions fait
que chanter et travailler sur les sons.
L’impact du son sur nos jambes était similaire à celui que peut
avoir le laser, le magnétisme ou le travail physique de rééducation
pur. C’est là que nous avons pu clairement expérimenter, et de ce
fait comprendre, à travers les sensations physiques intenses ressenties, que le son n’est pas quelque chose d’anodin et que celui-ci
a un pouvoir, un pouvoir de guérison pourrions-nous dire comme
nous le verrons un peu plus loin.
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— « Je fais la première semaine d’Euphonie Vocale intitulée
“Libérez sa voix”.
Ce soir j’ai fait une improvisation. Il y avait un premier cercle
constitué d’hommes autour de moi et un deuxième cercle autour
d’eux constitué de femmes. Je n’ai pas osé chanter tout de suite.
J’entendais mon cœur qui battait très, très vite et très fort aussi. Je
savais que l’unique solution pour vaincre ma peur était de chanter
et j’ai fini par lâcher prise. Je me suis laissée chanter. Plus rien
n’existait. J’ai ensuite ouvert les yeux sur un homme qui était en
train de pleurer. Il est venu me voir plus tard pour me dire qu’il
avait découvert que l’on pouvait pleurer de joie, que l’on pouvait
pleurer devant la beauté et que pour la première fois de toute sa
vie, il prenait conscience qu’il avait une âme, qu’en lui existait
quelque chose de plus profond que sa personnalité. »
L’expérience de cet homme montre jusqu’où peut nous emmener
le son, au plus profond de nous-mêmes. Le son peut vraiment nous
permettre de contacter une autre dimension à l’intérieur de soi.
— « À la fin de cette première semaine, le vendredi, nous
avons fait un massage du son sur le dos de la personne réceptrice.
J’ai reçu le massage dans un premier temps et puis je l’ai fait à
mon tour. Quand j’ai eu fini, l’homme qui recevait mon chant
était en train de pleurer. Il m’a remercié. Et un peu plus tard, il
est venu me parler en me disant qu’il était venu ici avec une blessure d’ordre psychologique profonde qu’il portait en lui depuis
des années et qui le faisait souffrir intérieurement très souvent,
quasi quotidiennement. Et il m’a dit qu’il repartirait avec une
cicatrice. »
Ces deux expériences sont les deux plus belles et les deux plus
grandes que le son ait pu nous offrir. Comment ne pas s’interroger
par la suite sur le pouvoir du son ? Et au cours de cette première
semaine, nous avons ressenti des douleurs intenses dans nos
jambes, signe de récupération. Le son agit sur le système nerveux
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et a effectué de véritables stimulations là où notre corps en avait le
plus besoin.
— « Une semaine d’Euphonie Vocale s’achève. Nous avons fait
de la peinture et j’ai remarqué comme avec le chant, l’influence
des couleurs sur l’être, sur mon être. Surtout le jaune en ce qui me
concerne. Il me met en connexion avec le centre hara ainsi qu’avec
ma respiration et depuis j’ai beaucoup plus conscience de celle-ci.
Les peintures que j’ai faites ensuite ont dévoilé la verticalité que
mon corps est en train de reprendre peu à peu.
Un soir de cette semaine, suite à une improvisation en petit
comité dans la chapelle jouxtant les bâtiments où a lieu la formation, j’ai ensuite expérimenté, alors que j’étais toute seule dans
le lit prête à m’endormir, le lien intime et profond de la lumière,
des couleurs et du son. Après ce bain sonore dans la chapelle lors
des différentes improvisations, j’ai senti dans le lit que mon corps
n’était que son et lumière, donc énergie. Impression si réelle et si
vraie. Je n’étais plus que son et lumière ! Et je ne suis en fait peutêtre que cela… »
— « Week-end d’Euphonie Vocale.
Nous avons travaillé sur les sons vibrants. En tant que récepteur
pendant l’exercice, j’ai senti une vague de chaleur puis de froid
et j’ai vu les couleurs vertes et violettes alors que j’avais les yeux
fermés.
Je suis ensuite allée me reposer. Je me suis allongée. À un
moment, j’ai ouvert les yeux soudainement et ai fixé un point. C’est
alors que j’ai vu naître une lumière bleue qui s’est transformée en
lumière violette et celle-ci a grandi en forme de cercles de plus
en plus grands jusqu’à occuper tout l’espace du plafond. Du violet
partout, un violet doux, chaud, apaisant, calme et cela pendant
toute la durée de mon repos les yeux ouverts ! Du violet comme
s’il en pleuvait. Cette couleur représente le monde spirituel. »
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