BR 225:Mise en page 1.qxd - Diocèse d`Aire-et-Dax

Dossier
Délivre-nous du Mal
e diable est mort ! Ah
bon ! Toutes mes condoléances ! » écrivait finement Jean-Paul Ier . Terreur des anciens
et mythe des modernes, le démon est
revenu. Bon produit pour les médias,
la réussite assurée en amour ou en
affaires !
L’engouement suscité par cette réapparition inquiète les polices des nations.
Le retour du religieux est en fait un foisonnement du paganisme ramenant
l’angoisse et la peur avec tout un cortège d’emprises maléfiques.
L’Église a dû prendre en compte l’attente de tous ceux qui, sentant qu’elle
représente un autre qu’elle-même, sentent aussi qu’elle a une parole capable
de confirmer la réalité de la souffrance
qui les submerge et, par des paroles de
vie, les libérer d’une emprise mauvaise.
Consciente que « nous traversons des
jours mauvais », l’Église a restauré le
ministère d’exorciste. Avec un Rituel
renouvelé, elle a affirmé la victoire du
Christ et le pouvoir de l’Église sur les
démons . « Quand l’Église demande
publiquement et avec autorité, au nom
de Jésus Christ qu’une personne ou un
objet soit protégé contre l’emprise du
Malin et soustrait à son empire, on
parle d’exorcisme » (Catéchisme de
l’Église catholique). ■
«L
Jésus, le libérateur de l’homme
Jésus ouvre sa mission par un combat
spirituel
Jésus, en venant manifester la profondeur
de l’amour du créateur pour sa créature,
rend visible la puissance de Dieu qui vient
nous chercher dans les ténèbres pour nous
faire accéder à son admirable lumière (1 P
2, 9). Saint Jean, dans le Prologue de son
évangile, présente l’affrontement de la
lumière avec les ténèbres ; les évangiles
de Matthieu, Marc et Luc affirment d’entrée l’autorité de Jésus, avec un cas d’exorcisme qui attire l’attention. (cf. Mc 1, 23-28).
Il domine le mystérieux adversaire de la
Bible : Satan
Jésus l’affronte aux étapes décisives de sa
mission. Chaque affrontement marque un
progrès dans l’annonce de sa Bonne Nouvelle jusqu’au moment où il dit : « Le prince
de ce monde va être jeté dehors » (Jn 12, 31).
Les exorcismes sont liés à la proclamation
de la Bonne Nouvelle
Jésus envoie en mission les apôtres et les
disciples en son nom, en leur donnant
d’abord « puissance et autorité sur tous
les démons » (Mc 6, 13 ; Mat 10, 1-2 ; Lc 9, 1).
Ceux-ci sont surpris de l’efficacité de ce
pouvoir dont la dimension est, pour Jésus,
toute spirituelle. « Réjouissez-vous plutôt
de ce que vos noms soient inscrits dans
les cieux ».
Dans la finale de Marc, parmi les signes
accompagnant la prédication de la Bonne
Par sa
résurrection,
« il a tout
mis sous
ses pieds »
(1 Cor 15, 25)
Carmel
d’Airesur-l’Adour
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Nouvelle, la mission d’exorciser est citée
en premier : « En mon nom, ils chasseront
les démons (Mc 16,17) ». Par ce signe, le Seigneur va agir en eux et confirmer la Parole.
En conclusion
La victoire du Christ a été de libérer les
hommes du péché et de ses conséquences, mais aussi de l’auteur du premier
péché, « homicide dès le commencement
et père du mensonge » (Jn 8,44). Jésus a partagé la condition humaine afin de « réduire
à l’impuissance, par sa mort, celui qui
détenait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire
le diable » (Hb 2, 14). Père Claude Lestage
Exorciste diocésain
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Parmi les signes de l’autorité de l’Église dans la mission :
l’exorcisme
Dans l’Église apostolique
Les apôtres témoignent de la puissance de Jésus conférée
par l’onction de l’Esprit Saint : « Il a passé partout en faisant le bien et il guérissait ceux qui étaient au pouvoir du
démon » (Ac 10, 37). Leur témoignage soulève des manifestations chez les possédés. Ils ont l’occasion de prouver
la puissance de l’invocation du Christ Jésus auprès d’eux,
mais aussi en face des magiciens et voyants. « Les démons
sont soumis au Nom de Jésus » (Saint Justin).
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Dans l’Église instituée
Peu à peu, l’évêque rattache cette fonction à son presbyterium. Il ordonne les exorcistes comme les prêtres et
les diacres. Cet ordre mineur deviendra une étape vers le
sacerdoce. Ces exorcistes ont une place reconnue parce
qu’ils assument une fonction libératoire, surtout auprès
des catéchumènes.
Au cours des siècles
Évangélisateurs, ermites et missionnaires connaissent les
assauts diaboliques et pratiquent l’exorcisme. Le rituel de
1614 veut pallier à des excès.
Le Prince
des
Ténèbres
livre des
damnés aux
monstres
infernaux
Hagetmau,
Crypte
Saint-Girons
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coup de chrétiens pratiquent alors l’exorcisme : « Dans
notre ville, beaucoup de possédés qui n’avaient pas été
guéris par tous les autres exorcistes, envoûteurs et sorciers,
ont trouvé et trouvent encore maintenant la guérison par
nombre de chrétiens qui font des conjurations au nom de
Jésus » (Saint Justin, vers 165).
Les Actes des apôtres évoquent le combat contre la
magie où Satan règne en maître pour en faire voir
les fruits.
• Le grand magicien de Samarie, Simon, subjugué
par l’efficacité du don de l’Esprit Saint opérant tant
de merveilles, veut acheter ce don. Pierre l’accuse
d’être dans les liens de l’iniquité. Menacé de mort,
il se convertit et l’évangélisation de la région en résulte (Ac 8).
• Le grand magicien de Chypre, Elymas, s’élève
contre la prédication de Paul.
Paul le traite de fils du diable et le rend aveugle sur
le champ. Le proconsul de l’île, impressionné devient croyant (Ac 13).
• A Éphèse, des exorcistes d’origine juive veulent
singer le ministère de Paul sur un possédé. Ils sont
malmenés et maîtrisés par l’esprit mauvais de cet
homme. La population, mise au courant de l’aventure, met sa foi dans le nom de Jésus (Ac 19).
• A Philippes, une servante-voyante prétend assister Paul de ses révélations. Il délivre cette femme
de cet esprit de voyance. Ses maîtres font emprisonner Paul et Silas. Ils convertissent le geôlier et
sa maisonnée (Ac 17).
Dans l’Église primitive
La pratique de l’exorcisme est purement charismatique,
mais liée à la communauté qui relève de l’apôtre. Beau-
Au XX° siècle
La pratique de l’exorcisme commence à tomber en désuétude, sauf dans les pays de mission. Les phénomènes présumés de possession sont réduits à des troubles
psychiatriques. À l’ombre des cloîtres et des sanctuaires,
des prêtres ou des religieux “qui ont du pouvoir” bénissent discrètement les tourmentés. La réforme liturgique
du Concile Vatican II supprime l’ordre des exorcistes.
En 1970, des vagues combinées de satanisme et d’occultisme déferlant sur le monde obligent les responsables à
ouvrir les yeux. « Quels sont les besoins majeurs de notre
Église ? … La défense contre ce mal que nous appelons
le démon constitue l’un des besoins majeurs... » (Paul VI,
en 1972).
En 1990, commence la révision du Rituel et les évêques
commencent à nommer des exorcistes diocésains qui ont
des réunions et des formations. Les papes reviennent régulièrement sur le sujet. Récemment, Benoît XVI a souhaité
qu’on nomme plus d’exorcistes compétents. Monstres
appelés
par la 5e
et la 6e
trompette
de
l’Apocalypse
(Apoc.9)
Saint-Paullès-Dax
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Il vaut mieux le savoir…
Témoignage
Satan, tout le monde
en parle.
L’Église en parle-t-elle
assez ?
Goût de l’étrange et engouement pour les phénomènes
dits “paranormaux”, succès des
salons de la voyance et des
magiciens ou marabouts de
tout genre prétendant enlever
ce que l’on appelle “le mauvais œil” ou “les mauvais
sorts”, attrait pour les films
gore, d’épouvante, vénération
pour des groupes ou des chanteurs ouvertement satanistes tel Marilyn Manson -, profanations de cimetières et de calvaires commises par des
jeunes se réclamant de sectes
satanistes : on a rarement
autant parlé de Satan et des
forces du mal qu’en ce début
de millénaire.
Récemment, une adolescente
de treize ans demandait à me
rencontrer. Je l’ai reçue,
accompagnée de sa mère.
Look gothique, elle se présente
comme sataniste pratiquante
de messes noires. Son but :
attirer dans le satanisme le plus
grand nombre possible de
copines et de copains. « Votre
Dieu est mort, Satan est vainqueur et dirige le monde ». Elle
a puisé son engagement sur
des sites satanistes d’Internet et
dans la lecture de la Bible sataniste d’Anton LaVey.
Bien des rencontres me font
comprendre le danger que
courent nombre de jeunes
aujourd’hui, les pressions mentales auxquelles ils sont soumis
par tous les moyens modernes
de communication. L
a fascination de Marilyn Manson entraînant des millions
de jeunes fans à la drogue, au sexe, à la scarification, au
suicide n’est pas due au hasard.
Le satanisme est porté à l’incandescence par des groupes qui
veulent banaliser le mal par de prétendues contre valeurs.
La violence des propos et les déséquilibres graves qu’ils induisent souvent ont conduit les Pouvoirs publics à comprendre
qu’ils doivent faire face avec détermination à un processus
de violence organisé. Il en va de même pour les Églises qui,
sans peine, reconnaissent “le grand séducteur” caché derrière ces dangereuses dérives mortelles. On peut avoir légitimement “froid dans le dos” à la lecture de ces lignes de
Marilyn Manson… Il faut savoir pourtant que – hélas ! – elles
sont facilement accessibles et largement répandues…
« Je crois seulement en moi-même. Dieu / le Diable, la gauche / la droite, le bien
/ le mal, sont autant d'antinomies propres à chacun. Pourquoi vouloir choisir
l'une ou l'autre ? Le christianisme rend coupable par rapport à certaines facettes
de la personnalité et le satanisme permet d'exprimer les désirs naturels de chacun en toute sérénité. J'incarne les contradictions de tout individu…
Beaucoup de gens ont mal interprété le message du Christ. Lui-même est devenu
un phénomène commercial. Pensait-il finir sur les murs de toute la chrétienté,
placardé en effigie ? Il s'est sacrifié. ... Je n'ignore rien de la Bible, je la réécris.
Depuis la mort du Grand Prêtre de l'Église de Satan, Anton LaVey, on manque
d'informations…
J'ai énormément appris de LaVey. Je crois que je serai toujours passionné par
l'histoire des religions et cette Église de Satan est un élément fondamental du
combat que nous allons mener…
Chacun interprète les choses comme il le souhaite. Pour moi, Dieu et Satan sont
des mots que les gens utilisent pour désigner le Bien et le Mal. Tout comme mon
nom : Marilyn Manson. Mon interprétation du satanisme est une théorie de l'évolution, la survie des plus forts, la préservation de soi, l'affirmation de son individualité et de ce en quoi tu crois. Dieu et Satan n'ont pas grand chose à voir avec
cette philosophie, je parlerais plutôt d'humanisme. Satan représente seulement
la rébellion car Dieu représente le statu quo. Le satanisme n'est pas, selon moi,
une religion, c'est une philosophie, une opinion…
En fait, je suis prêtre de l'église de Satan ! Le satanisme est une philosophie qui
me passionne, c'est l'ultime rébellion contre l'ordre établi et Dieu... ». BR 225
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Monstres de
l’Apocalypse
Beatus de
Saint-Sever
Père Michel Dubroca
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« C’est l’heure de la défaite pour le démon, et il le sait »
L
e Père Claude Lestage est exorciste
diocésain, nommé par notre évêque
pour exercer ce ministère. Il nous
partage ses convictions.
Église dans les Landes : Pouvez-vous
dire quelques mots sur votre
ministère ?
Père Claude Lestage : C’est beaucoup de rencontres discrètes. C’est
la découverte de beaucoup de souffrances cachées. C’est la prise de
conscience que la vie de l’homme
est agressée dans sa profondeur qui
est la capacité à aimer. C’est la révélation d’un “génie” s’employant à la
détruire.
Croyez-vous au démon ?
Je crois à son existence à cause de l’Évangile, à cause de
l’histoire de l’Église et des hommes. Mais cette certitude
ne me donne pas de lumières précises. Je l’appelle habituellement le Mystère du mal que je comprends comme
un choix définitif d’un non-amour vivant personnifié.
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En avez-vous fait quelques expériences ?
Je me suis parfois trouvé devant des regards froids, d’un
orgueil et d’une haine absolus. J’ai accepté le défi avec
une prière silencieuse, jusqu’à ce que les yeux s’abaissent. J’ai alors retrouvé la personne. J’ai aussi observé des
personnes résister et s’adonner à de violentes perturbations que je distingue des agitations des exhibitionnistes
voulant attirer l’attention. La présence “démoniaque” ne
peut pas s’imiter. Froideur, orgueil, haine et cruauté tout
ensemble, c’est inique.
Vous avez donc rencontré des “possédés” ?
Très peu. Dès le départ, je savais que je rencontrerais beaucoup de personnes tourmentées ou malades. Certaines
croient à une agression extérieure alors qu’elles vivent une
évolution de santé, ou qu’elles subissent un désordre lié
à des facteurs très humains. Toutefois, il m’arrive de penser qu’un trouble est accompagné d’une part spirituelle
mauvaise. Nous avons des prières pour les personnes tourmentées.
Dans les cas sérieux, j’ai aussi remarqué qu’il y avait eu
quelque événement ancien qui avait donné prise à l’infestation maligne. Je ne sais pas pourquoi tel désordre de
vie peut créer une emprise chez telle personne et pas chez
une autre. Peut-être parce que, par là, le démon a pu l’atteindre à un centre vital.
La technique du démon ressemble à celle du toréador qui
d’abord amuse la bête avec une grande cape. Quand le
taureau ne voit plus qu’elle, il sort une fine dague et le
frappe mortellement. Le démon fait feu de tout bois : blessures, fautes, vies déréglées, curiosité, peuvent cacher le
dard du doute qui tue la foi, ou de la haine qui tue l’amour,
ou du désespoir qui tue l’espérance. Je trouve des troubles sur tous ces chemins.
Quelle est votre méthode pour combattre le démon ?
J’essaie d’accueillir les consultants et leur histoire. Je me
présente comme croyant. Ma foi, qui est l’arme absolue
contre les emprises, peut les aider à retrouver la leur. La
personne qui découvre ou reprend la pratique religieuse
retrouve des forces qui lui permettent de sortir de l’angoisse et d’envisager à nouveau l’avenir.
Je les invite à participer à diverses prières selon les besoins :
prières pour les malades, pour la guérison des blessures
de la vie, prières pour les tourmentés, très rarement des
prières réservées à l’exorciste.
La plus importante des prières, pour moi, est celle que
l’on n’entend pas car j’aime la faire en silence. Je la continue lors de la consécration, pendant les messes qui suivent. Jésus, par l’offrande de sa vie, a gagné la victoire sur
toute puissance et a reçu le nom qui l’emporte sur tout
nom. Je considère que c’est à moment là que je vis le plus
ce ministère, quand je demande que le Christ livré soit
tout en eux.
Pourquoi, d’après vous, ce “retour” du démon ?
Parce que c’est l’heure du Christ ! C’est l’heure de la foi
priée et vécue, l’heure de la conversion et de l’adoration.
C’est donc l’heure de la défaite pour le démon et il le
sait. Propos recueillis par
le Père Jean-Bernard Labeyrie
Daniel,
symbole
du Christ,
maîtrise
les lions,
symboles du
Démon
Saint-Sever
Abbatiale