Et voila qui est fait

Transcription

Et voila qui est fait
Aïe, ça pique ! Aïe, j’ai mal aux pattes !
Voilà qui est fait : je peux désormais ajouter à ma collection des médailles de finisher celle du marathonien et pas n’importe laquelle, celle du marathon de Sydney.
Ce matin à 5h30 je prends un petit déjeuner classique, malgré la mise en garde de Pierre Convert qui a l’habitude de partir à jeun pour éviter l’hypoglycémie, je me dis que je ne tiendrai jamais 42 kilomètres sans rien
dans le ventre. A 7h15, à côté de la ligne de départ, des files d’attente de coureurs à n’en plus finir attendent devant une dizaine de toilettes mobiles. Je prends mon mal en patience pour m’alléger une énième fois de
quelques grammes et éviter une catastrophe sur le parcours. 7h27, je sors du chiotte en courant pour me glisser dans la foule près à en découdre.
7h30, le coup de pétard retenti, c’est parti !
Dès le début, le tracé emprunte l’Harbour Bridge d’où l’on domine toute la baie de Sydney et l’Opéra. Il fait déjà chaud à cette heure matinale et mon maillot bleu foncé de club de vélo (l’OCR) ne m’avantage pas. Mais
quand on aime, on ne compte pas…
Malgré quelques points de côté dû à la digestion de mon petit déjeuner et des verres d’eau pris à la volée, je suis dans les temps pour franchir la ligne d’arrivée en moins de 3 heures.
Le parcours est très vallonné, mais l’état de fraicheur permet de passer toutes les difficultés sans problème.
Au Centennial Park j’en termine avec le premier tiers de course et continue d’accroitre une légère avance sur le partenaire virtuel de mon Garmin. Sur un écran géant je visionne la vidéo qu’a enregistrée Chloé avant la
course pour m’encourager : « Keep running Chou ! I love you ! Run, run, run… ». Mes poils se dressent, ça résonne dans tout le parc, je prends comme un coup de fouet et continue de grappiller un peu de temps
malgré les longs faux plats montants au vent de face.
Au semi, le compteur affiche 1h26 soit un peu plus de trois minutes d’avance, c’est parfait et de bonne augure pour la suite. Mais au kilomètre 24 je suis seul sur la trois voies qui monte en direction du centre avec cette
saloperie de vent. J’ai les jambes qui piquent et accepte de perdre un peu de temps. Dans la longue descente qui suit j’en profite pour récupérer de tous ces effort et maintient un petit deux minutes d’avance sur mon
objectif.
Au 32ème kilomètre, il reste dix bornes à courir en 46 minutes. Facile à dire et en temps normal, facile à faire. Sauf que j’ai les jambes dans un sale état et que la fin du parcours réserve quelques coups de cul traitres.
Je sers les dents et y vais au moral.
La plupart des marathoniens vous diront que ça se complique sérieusement au 35ème kilomètre. Je confirme, je suis exténué !
A quatre kilomètres de la fin de ce calvaire, je vois toutes mes chances de finir en moins de 3 heures s’envoler. J’entends déjà les critiques dire : « Tu es partis trop vite ! ». Peut-être que oui ou peut-être pas : ma
stratégie était basée sur la régularité.
Borne 40. Il ne reste plus que deux kilomètres. Pour ma part, je dirais qu’il reste encore deux kilomètres : les plus longs de la course.
En entrant sur le port, j’aperçois l’Opéra, un sentiment de délivrance m’envahi. Sauf qu’à part Jésus, personne ne marche sur l’eau, il faut faire tout le tour des quais avant de repiquer vers le monument.
Entre la foule et le parasol d’un de ces bars qui bordent le port, je vois un petit « 3 » affiché au chronomètre. Maintenant c’est sûr Je suis bien en plus de trois heures. Zut !
3:03:50, 64ème sur plus de 3000 finishers, s’en est enfin terminé.
Allo maman bobo. J’avais oublié à quel point ça pouvait faire mal.
A la seconde tentative en 2010, je passais sous la barre fatidique des 10 heures à l’Ironman de Nice, il ne me reste plus qu’a bosser un peu plus pour passer sous la barre des 3 heures au Marathon. Laissez-moi juste
une deuxième chance, et un terrain plus rapide si possible.