La force des « auctioneers » « Un bel objet parle de lui

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La force des « auctioneers » « Un bel objet parle de lui
10/23 JUIN 11
biMensuel
21 RUE LERICHE
75015 PARIS - 01 48 42 90 00
Surface approx. (cm²) : 532
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ANALYSE
La force des « auctioneers »
S'il est une catégorie de po- tioneers sont-ils plus aptes à
pulation que marchands capter ces acheteurs ? «L'utvut
et maisons de ventes se dispu- des maintins de ventes, c'est le
tent, ce sont bien les fameux grand nombre d'objets proposés
«nouveaux acheteurs», russes, aux enchères en quatre ou cinq
chinois ou moyen-orientaux. jours, par exemple trois mille en
Très volatiles, ces derniers peu- mai fl Hongkong, et leur variété.
vent émerger lors d'une vente C'est aussi laccès aux spéciale
publique, pour disparaître lors de tes, lu réputation internationale
la session suivante, avant de re- d'une maison comme Christie's,
faire à nouveau surface. Les mai- qui rassurent les acheteurs. Autre
sons anglo-saxonnes sont pour facteur : les estimations publiées
l'heure les plus aptes à attirer dans les catalogues, alors qu'un
ces nouveaux intervenants. Les nouvel acheteur potentiel peut se
acheteurs chinois représentent sentir intimidé en entrant dans
ainsi 20 % du chiffre d'affaires une galerie pour demander des
de Christie's dans le monde, et prix. Enfin, Hy a le phénomène
84 % de ses ventes organisées de séduction des enchères, avec
à Hongkong. Pourquoi les auc- ['émulation et l'adrénaline qui en
D
ENTRETIEN
demak », égrène François Curiel,
responsable delà branche Asie dc
Christie's. En véritable entreprise,
les auctioneers ont développé
une infrastructure de service
avec laquelle les galeries peu
vent difficilement rivaliser. Ainsi
Christie's dispose-t-il de trente
collaborateurs dans ses bureaux
de représentation à Shanghai' et
Pékin, et de nombreux collaborateurs chinois à Londres et à New
York pour faciliter les transactions avec les clients asiatiques.
Or, dans le meilleur des cas, les
galeries font appel à un autochtone pour assurer la traduction
sur les stands de foires...
Du coup, sans la force de frappe
des salons, les galeries peuvent
difficilement attirer les amateurs étrangers. « Les foires sont
capables d'organiser une plateforme éducative à une échelle
que les galeries seules ne peuvent se permettre, souligne Will
Ramsay, cofondateur d'Art HK
(lire p. 33). Par exemple, sur la
foire de Hongkong, nous indi
quons les œuvres inférieures h
5 DOO dollars par cinq étoiles
rouges. Nous avons aussi publié
des fascicules expliquant les différentes techniques et médiums.
Les foires sont également plus
démocratiques, on peut marcher
dans les allées, rester anonyme ou
se faire connaître. Sur les salons,
les galeristes sont concentrés sur
les clients, alors que, lorsque vous
poussez la porte de leur enseigne,
ils sont en train de téléphoner ou
d'envoyer des courriels. C'est
tout juste si vous ne les dérangez
pas. » Néanmoins, aussi efficaces
soient-elles, ces manifestations
peinent à garder fraicheur et
nouveauté pour leurs exposants.
« On va constater un important
roulement de ces derniers car, au
bout d'un moment, ils ont fait le
tour de la clientèle que drainent
ces événements», confie Peter
Nagy, directeur de la galerie
Nature Morte (New Delhi).
Roxana Azimi
JEAN-EDOUARD CARLIER,
spécialiste en art d'Océanie, galerie Voyageurs & Curieux, Paris
« Un bel objet parle de lui-même »
Spécialisé en art océanien, vous
fêtez cette année vos dix ans de
présence assez discrête dans le
quartier de Saint-Germain, à
Paris. Comment avez-vous démarré î
Je ne vois que de l'art océanien
à présent...
Rapidement, j'ai abandonné les
livres et l'histoire naturelle pour
me recentrer sur les objets d'art
océanien. Et, depuis, je suis spécialisé dans les objets de cette
région du globe, allant de la
Nouvelle-Guinée à l'île de Pâques
et comprenant la Mélanésie, la
Micronésie, la Polynésie et l'art
aborigène d'Australie.
J'ai évolué dans un milieu d'antiquaires. Mes parents ont repris la galerie parisienne Brimo
de Laroussilhe, spécialisée dans
l'art du Moyen Âge et de la
Renaissance et qui est à présent
dirigée par ma sœur, Marie
Amélie. J'ai toujours été pas- Peut-on vous croiser dans les
sionné par l'Océanie, d'abord à foires et salons ?
travers les récits des premiers Je participe au Parcours des monexplorateurs, à l'image de Louis des [salon parisien dédié aux
Antoine de Bougainville, du arts premiers] depuis le début.
comte de La Pérouse, d'Antoine Cette manifestation draine un
Bruny d'Entrecasteaux parti à la bon dynamisme, même si, in
recherche de ce dernier, ou en- fine, on travaille essentiellement
core du capitaine James Cook. avec les clients habituels. Hy a
À l'origine, la galerie recréait quèlques années, j'ai participé
une véritable ambiance de ca- à plusieurs reprises à Bruneaf
binet de curiosités. J'y mêlais [Brussels Non European Art
alors l'art océanien, l'histoire Pair], mais avec la création du
naturelle, d'autres objets de cu- Parcours, il m'a semblé plus juriosités, mais aussi les ouvra- dicieux de me concentrer sur
ges relatant les premiers récits Paris. L'an dernier, j'ai été inde voyage dans cette partie du vité de la section « Tremplin »
monde.
à la Biennale des antiquaires [à
SNA
3321658200503/CLA/OTO/2
1961], le seul objet de cette provenance encore sur le marché...
Paris]. J'essaie surtout d'encou
rager les amateurs à venir dans
les galeries. Des événements de
quartier autour de plusieurs ver
nissages, comme Rue Visconti,
dont c'était la troisième édition
cette année, vont dans ce sens.
Qu'est-ce qu'un bel objet océanien ?
Comment se situe le marché de
l'art océanien dans celui des arts
premiers?
L'art océanien constitue un mar
ché bien plus petit en volume que
celui de l'art africain. Toutefois,
depuis l'ouverture de la galerie,
j'ai vu se multiplier les publications et expositions sur l'art
d'Océanie. Ce dernier a acquis
aujourd'hui une reconnaissance
complète dont témoigne entre
autres sa présence au sein du
Musée du Louvre depuis maintenant plus de dix ans.
Quel est votre programme d'exposition ?
J'ai réalisé ma première exposition thématique en 2002 sur les
îles Salomon, puis trois autres
sur les archipels Fidji, Tonga et
Samoa en 2005, la Micronésie
Jean-Edouard Carlier, ©photo A M
et la Para-Micronésie en 2007,
et l'art de Papouasie NouvelleGuinée en 2010. Pour les dix ans
de la galerie (I), j'ai sélectionné
trente-cinq pièces que j'aime
particulièrement. Entre autres,
seront présentées une fourchette cannibale des îles Fidji,
une pointe de lance en os des îles
Cook collectée lors du voyage de
V Astrolabe sous le commandement de Dumont d'Urville entre
1837 et 1840, une boîte à trésor
Waka Huia maori de la collection
du capitaine A. W. K Euller [1882-
Un bel objet parle de lui-même.
Mais il faut avant tout qu'il soit
ancien et qu'il ait servi, tout en
étant aussi une belle réalisation
esthétique. La notion d'ancienneté dépend du contact entre
les naturels et les occidentaux.
C'est pourquoi, par exemple, un
objet du fleuve Sépik en NouvelleGuinée collecte au tout début du
XX e siècle restera intéressant,
car sa découverte remontera à la
fin du XIXr siècle, alors que pour
d'autres régions polynésiennes,
1850 sera déjà trop tardif, les
techniques ancestrales ayant évolué depuis les premiers contacts
avec les occidentaux.
Propos recueillis
par Armelle Malvoisin
(I) « Art d'Océanie », jusqu'au 9 juillet,
galerie Voyageurs & Curieux, 2, rue Vis
conti, 75006 Pans, tél. OI 43 2614 58,
tlj sauf dim., lundi et mardi 14h 19h
Eléments de recherche : CHRISTIAN DEYDIER : président du SNA ou Syndicat national des Antiquaires, toutes citations
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EN BREF
Réforme de la loi
sur les ventes
aux enchères (suite)
PARIS • Votée en seconde
lecture par les sénateurs le
26 avril, la proposition de loi
de libéralisation des ventes
volontaires de meubles aux
enchères publiques a été
soumise aux députés en
seconde lecture, le 31 mai.
Certains articles restant en
discussion, une commission
mixte paritaire prendra le
relais. Le principal point de
désaccord porte sur l'activité de
ventes volontaires réalisée par
les huissiers : à l'Assemblée,
on défend son caractère
« accessoire », tandis qu'au
Sénat, on souhaite la plafonner
à 25 % du chiffre annuel brut
de l'office.
Le Salon annulé,
débat au SNA
PARIS • Le Salon, nouvel
événement organisé par
la Société d'organisation
culturelle (SOC), qui devait se
tenir du i^ au 18 septembre,
a été annulé en raison
d'« éléments extérieurs ». Sur
les 70 exposants requis pour
l'équilibre économique de la
> ART PREMIERS
L'Afrique sera à l'honneur
des ventes d'arts premiers
organisées par Christie's et
Sotheby's, mi-juin à Paris
manifestation, seuls w auraient
confirmé leur participation.
Cette surprenante annulation
se produit dans un contexte
de débats houleux au sein
du Syndicat national des
antiquaires (SNA), organisateur
de la Biennale des antiquaires.
En témoigne cet extrait d'une
lettre ouverte (dont nous avons
pu obtenir une copie) rédigée
par Olivier Delvaille, membre
du conseil d'administration (CA)
du SNA, et adressée le u mai au
président du syndicat, Christian
Deydier : « Le CA est divisé sur
plusieurs points : organisation
ou non d'un deuxième salon,
choix des dates et d'un
lieu, annualisation de la
biennale... »
Droit dè suite :
Christie's conforté
Le tribunal de grande instance
(Tui) de Paris a rendu, le 20 mai,
un jugement très attendu dans
le procès qui oppose le Syndicat
national des antiquaires (SNA) à
Christie's, le premier reprochant
au second de faire payer le droit
de suite aux acheteurs. Selon
le TGI, il n'y a pas concurrence
déloyale et peu importe qui
paye le droit de suite, acheteur
ou vendeur. Le SNA a annonce
son intention d'interjeter appel
de ce jugement.
SIÈCLE
Estimations raisonnables
pour les œuvres d'Otto Wols,
chez Aponem et Sophie
Renard, à Paris, le 15 juin
00
OI
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03
Ok
05 06
157 DOO euros
tel est le prix atteint pour la photographie
Le Petit Jardinier - Didier, pièce unique réalisée
en 1993 par Pierre et Gilles, le 30 mai à Paris
chez Christie's, soit un record aux enchères pour
le duo d'artistes
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Eléments de recherche : CHRISTIAN DEYDIER : président du SNA ou Syndicat national des Antiquaires, toutes citations
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